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LA CITE DES SPORTS Une piscine olympique couverte pour ... - EPFL

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TRAVAIL PRATIQUE DE DIPLOME<br />

ENONCE THEORIQUE<br />

<strong>LA</strong> <strong>CITE</strong> <strong>DES</strong> <strong>SPORTS</strong><br />

<strong>Une</strong> <strong>piscine</strong> <strong>olympique</strong> <strong>couverte</strong><br />

<strong>pour</strong> la ville de Lausanne<br />

Professeurs: Lamunière I.<br />

Marchand B.<br />

Maître <strong>EPFL</strong>: Bender S.<br />

Expert: Brauen U.<br />

Etudiant: Diaz M.<br />

Décembre 2002 <strong>EPFL</strong> - ENAC - AR


TABLE <strong>DES</strong> MATIERES<br />

INTRODUCTION p.01<br />

Définition de la question de recherche p.01<br />

Définition du champ d'étude p.01<br />

Motivation<br />

Pourquoi le choix de Lausanne<br />

et du site de la Blécherette ? p.01<br />

Formulation du problème théorique p.03<br />

Présentation des hypothèses et des objectifs p.03<br />

MONDE DE CONNAISSANCES<br />

ET THEMATIQUE p.04<br />

Introduction<br />

Quelles sont les idées qui me préoccupent<br />

et qui vont influencer le projet ? p.04<br />

Culture de la congestion<br />

Rem Koolhaas, le Downtown Athletic Club et La Villette p.05<br />

La quête du rythme<br />

Piet Mondrian, l'équilibre comme unité dans la diversité p.09<br />

Paysage et construction<br />

Construction d'un bâtiment ou d'un paysage ? p.16<br />

Exemples<br />

Piscines et Jeux Olympiques p.26<br />

ANALYSE p.31<br />

Le site au niveau de Lausanne p.31<br />

Le site et ses infrastructures p.34<br />

Topographie du site p.36<br />

Programme p.37<br />

INTERPRETATIONS ET OBJECTIFS p.38<br />

Proposition de développement du site p.38<br />

Implantation p.39<br />

Planimétrie et volumétrie p.40<br />

BIBLIOGRAPHIE p.41<br />

REFERENCES IMAGES p.43<br />

ANNEXES p.44<br />

00


INTRODUCTION<br />

Définition de la question de recherche<br />

Le projet de diplôme va se développer sur le sujet de la Cité des Sports<br />

en ville de Lausanne, plus précisément au nord de la ville entre le Stade<br />

Olympique et l'autoroute A9, dans le quartier de la Blécherette. Ce site<br />

est déjà composé de plusieurs installations sportives (football, tennis,<br />

athlétisme). Pour compléter cette cité, il faut implanter quelques activités<br />

extérieures supplémentaires (basket-ball, volley-ball), une salle<br />

omnisports et une <strong>piscine</strong> <strong>olympique</strong> <strong>couverte</strong> qui sera développée dans<br />

le cadre du projet. Cette cité comprendra également des logements et des<br />

commerces <strong>pour</strong> compléter la mixité existante dans le quartier.<br />

Définition du champ d'étude<br />

Comme toutes les villes, Lausanne cherche à s'étendre, à se développer.<br />

Mais avant d'utiliser tous les terrains à disposition, il faudrait densifier<br />

certaines zones qui se trouvent dans les limites de la ville.<br />

Cette densification doit conserver une qualité de vie élevée et travailler<br />

en harmonie avec le paysage existant, donc ne pas détruire les qualités<br />

existantes de la ville.<br />

Cette densité d'activités recherchée, doit arriver à la limite de la<br />

congestion donc étudier son développement maximal sans provoquer un<br />

étouffement de la ville et des habitants.<br />

L'interconnexion des réseaux, voiture - transports publics - piéton, devra<br />

être aussi examinée le mieux possible <strong>pour</strong> éviter une surcharge du<br />

réseau routier et améliorer les liaisons.<br />

Le développement du site va se faire par la mise en place d'une trame<br />

qui permettra une densification des terrains existants et du site encore<br />

"vierge" dans les limites de la ville. La mixité existante et celle réalisée<br />

doivent avoir un bon réseau de connexion dont la réalisation sera<br />

facilitée par la création d'une trame. Cette trame, qui doit être dynamique<br />

(liaisons, circulations), doit permettre d'exploiter au maximum les<br />

capacités du site et arriver à une congestion à la taille de la ville de<br />

Lausanne.<br />

Motivation<br />

Pourquoi le choix de Lausanne et du site de la Blécherette ?<br />

Actuellement le thème de la <strong>piscine</strong> <strong>olympique</strong> est revenu à l'ordre du<br />

jour dans les discussions politiques <strong>pour</strong> trouver un site approprié.<br />

Chaque association, politicien propose son site. Dans cette optique, je<br />

propose un nouveau site qui regroupe déjà des activités sportives.<br />

Comme sportif pratiquant, je trouve que le manque d'une <strong>piscine</strong>,<br />

répondant aux normes <strong>pour</strong> des compétitions de haut niveau, <strong>pour</strong> une<br />

ville comme Lausanne, qui se prétend être Ville Olympique, est<br />

inacceptable. En plus, l'unique <strong>piscine</strong> <strong>couverte</strong> existante, Mon-Repos,<br />

se trouve saturée entre l'influence du grand public et celles des clubs<br />

sportifs. La réalisation d'une nouvelle <strong>piscine</strong> est donc une nécessité<br />

<strong>pour</strong> toute l'agglomération lausannoise et <strong>pour</strong> compléter<br />

convenablement les infrastructures sportives de la ville.<br />

Le site choisi, le quartier de la Blécherette, a des terrains à disposition<br />

qui permettent une extension et une complémentarité entre les activités.<br />

Le regroupement des activités sportives permet de limiter la<br />

multiplication des mêmes constructions, d'économiser du terrain et<br />

d'éviter la dispersion des infrastructures à travers la ville. Ainsi, la ville<br />

de Lausanne aurait son anneau <strong>olympique</strong>, dans les proportions de la<br />

ville, digne <strong>pour</strong> une ville accueillant une grande partie des associations<br />

et des fédérations sportives et <strong>olympique</strong>s.<br />

01


La situation du site en ville de Lausanne<br />

02


Formulation du problème théorique<br />

Actuellement, le potentiel construit du site n'est de loin pas exploité, ce<br />

qui implique que l'on peut augmenter encore sa densification avant de<br />

devoir sortir des limites de la ville.<br />

Le manque de commerces dans le quartier est flagrant. En proposant des<br />

logements sur le site, il faut penser à augmenter les surfaces<br />

commerciales dans les proportions du quartier.<br />

Avec les infrastructures sportives existantes et celles projetées, il faudra<br />

mettre en place un réseau piéton efficace et qui permettra de relier le site<br />

avec les réseaux existants et en liaison avec les autres quartiers.<br />

Tous ces besoins, doivent permettre de densifier le terrain à disposition et<br />

d'exploiter convenablement le site. Mais ce développement, doit être<br />

réalisé de manière cohérente et organisée <strong>pour</strong> éviter de créer un chaos<br />

tant dans l'implantation des constructions qu'avec l'augmentation future<br />

de la circulation automobile. Cet aménagement doit être une proposition<br />

évolutive où les mutations de programme <strong>pour</strong>ront se réaliser sans<br />

modifier l'organisation générale.<br />

Ce site va permettre de mettre en place une densité programmatique tout<br />

en étant une "congestion invisible", étant donné qu'une grande partie du<br />

programme sont des infrastructures en plein-air.<br />

Présentation des hypothèses et des objectifs<br />

Les premières observations du site permettent de montrer qu'il y a un<br />

manque de densité et que son potentiel peut être mieux exploiter. La<br />

réalisation d'un plan de développement permettra de gérer la<br />

densification, <strong>pour</strong> éviter le chaos dans l'implantation des constructions,<br />

et d'arriver à une congestion programmatique tout en offrant la<br />

possibilité de mutations dans le futur sans affecter l'organisation générale<br />

du site.<br />

Sur le site, actuellement, il manque un bâtiment significatif servant de<br />

repère <strong>pour</strong> l'entrée en ville. Le Stade Olympique marque l'une des deux<br />

extrémités de la Cité des Sports par rapport à l'arrivée depuis la gare.<br />

Mais du côté de l'autoroute il n'y a rien, les limites de la ville s'étendent à<br />

perte de vue en direction de Romanel. L'implantation du bâtiment du<br />

complexe de la <strong>piscine</strong>, permettra de définir une "porte d'entrée" de la<br />

ville et de créer un deuxième pôle <strong>pour</strong> fermer la Cité des Sports. Il<br />

devra également respecter le paysage et s'intégrer en créant des relations<br />

visuelles <strong>pour</strong> les espaces intérieurs.<br />

La mixité, la cohabitation de différentes infrastructures, est déjà<br />

présente sur dans le quartier. Mais les proportions ne sont pas très<br />

équilibrées. Le manque de commerce est flagrant <strong>pour</strong> un quartier<br />

comme la Blécherette. L'intégration de la mixité, dans les limites de la<br />

Cité des sports, permettra de mieux gérer les relations et les transitions<br />

entre cette dernière et son voisinage.<br />

03


MONDE DE CONNAISSANCES ET THEMATIQUE<br />

Introduction<br />

Quelles sont les idées qui me préoccupent et qui vont influencer<br />

le projet?<br />

Les différents thèmes présentés dans ce chapitre seront les influences<br />

directes dans la réflexion et la réalisation de ce travail de diplôme. Ils<br />

sont analysés individuellement <strong>pour</strong> mettre en évidence leurs<br />

particularités et pouvoir en prendre les points les mieux adaptés à ce<br />

travail.<br />

Les théories et projets exposés me permettent d'étudier et d'analyser le<br />

site <strong>pour</strong> ressortir tout son potentiel de développement. Les projets<br />

présentés répondent à un idéal, à une étude des sens que l'architecture<br />

peut montrer et exprimer tout en respectant et en travaillant avec son<br />

environnement construit et naturel.<br />

Les théories et les réalisations, tant l'architecture que la peinture, seront<br />

appliqués ou non au projet selon la sensibilité ressentie sur le site. Même<br />

si elles ne sont pas toutes utilisées dans ce travail, elles restent des<br />

références <strong>pour</strong> les différents travaux déjà réalisés et <strong>pour</strong> les projets à<br />

venir.<br />

La coexistence de ces thèmes n'est pas toujours évidente, voir possible,<br />

mais le fait de pouvoir étudier les possibilités offertes permet de mieux<br />

connaître le site et de l'étudier sous tous les angles <strong>pour</strong> mettre en<br />

évidences ses qualités.<br />

04


Culture de la congestion<br />

Rem Koolhaas, le Downtown Athletic Club et La Villette<br />

Koolhaas a un intérêt particulier <strong>pour</strong> New York. Son livre "New York<br />

Délire" se veut un manifeste rétroactif <strong>pour</strong> Manhattan. Un bâtiment en<br />

particulier lui semble emblématique de ce qu'il nomme la congestion<br />

programmatique, il s'agit du Downtown Athletic Club. Dans la coupe<br />

de ce gratte-ciel, on retrouve à chaque niveau un autre programme et la<br />

seule liaison est l'ascenseur qui emmène directement au niveau souhaité,<br />

sans aucune transition. Un maximum de frontières entre les étages<br />

suggère la possibilité d'une contamination entre les programmes<br />

superposés. Le Downtown Athletic Club est l'instrument de la culture de<br />

la congestion.<br />

Cette coupe (congestion verticale) est une mise à plat par Koolhaas <strong>pour</strong><br />

donner la trame de base du projet <strong>pour</strong> le Parc de La Villette (congestion<br />

horizontale). Les étages deviennent des bandes programmatiques<br />

horizontales avec une frontière maximale à chaque fois. La liaison<br />

principale et directe du parc est un mail qui coupe les bandes<br />

perpendiculairement, de la même manière qu'un ascenseur coupe les<br />

plans dans un gratte-ciel.<br />

"Ainsi, les bandes qui traversent le site sont comparables aux étages de<br />

la Tour, chaque programme est différent et autonome, mais modifié et<br />

"pollué" par la proximité des autres. Leur existence est aussi instable<br />

qu'aucun régime ne le désire. Le seul élément de stabilité est alors<br />

l'élément naturel, les rangées d'arbres et la forêt circulaire - la machine<br />

forestière - dont la croissance assure seule l'instabilité. Ce que suggérait<br />

La Villette, c'était en fait l'exploitation pure de la condition<br />

métropolitaine: densité sans architecture, culture de la congestion<br />

invisible." "New York / La Villette" in L'Architecture d'aujourd'hui,<br />

Paris, n°238, avril 1985.<br />

Parc de La Villette<br />

Trame de base du projet<br />

Downtown Athletic Club<br />

Culture de la congestion<br />

05


On retrouve la même préoccupation de la part de Koolhaas dans le projet<br />

<strong>pour</strong> la Très Grande Bibliothèque de France (TGB): différents creux<br />

(salles de lecture, de recherche, etc.) sont accessibles au moyen<br />

d'ascenseurs directs qui emmènent le visiteur à destination, à l'intérieur<br />

du massif de livres, sans aucune transition. Des liaisons plus courtes par<br />

rampes et escaliers, entre les salles, court-circuitent le système de<br />

circulation principal. De la même manière, à La Villette, les promenades<br />

créent des passages intermédiaires, à plus petite échelle, entre les bandes.<br />

Nous obtenons une coexistence dynamique de séquences spatiales. Ce<br />

thème rappelle le passé de scénariste de Rem Koolhaas. Il propose ainsi<br />

dans chaque bande un scénario que l'utilisateur peut expérimenter.<br />

Cette idée de mise à plat d'une coupe se lie à une idée de paysage. L'art<br />

des jardins français classique est basé sur la perspective centrale et<br />

l'axialité. Versailles en est le meilleur exemple. La structuration en<br />

bandes parallèles des serres hollandaises, qu'on peut lire d'avion, est<br />

reprise <strong>pour</strong> le Parc de La Villette comme réponse à cette axialité<br />

classique.<br />

Ainsi la congestion programmatique de New York et du Downtown<br />

Athletic Club se métamorphose à l'horizontale dans une structure en<br />

bandes parallèles, inspirées également des paysages contemporains<br />

agraires.<br />

A La Villette, le résultat provient d'une superposition de couches :<br />

bandes parallèles est-ouest, grilles ponctuelles (installations atomisées<br />

sur le site), circulations (le Mail et la Promenade), couche finale (les<br />

éléments à la grande échelle), connexions. Dans ce processus, Koolhaas<br />

ne cherche pas à expliciter la manière dont ça a été fait. Au contraire, il<br />

cherche à complexifier suffisamment la règle de base afin que le résultat<br />

puisse être interprété soit comme une grille, soit comme un labyrinthe. Alignements de serres en Hollande La Villette: plan général<br />

En haut: TGB: creux accessibles au moyen d'ascenseurs directs et façades<br />

06


Afin de pouvoir décrire La Villette plus précisément, il faut la comparer<br />

avec deux autres projets d'OMA de congestion verticale. A Jussieu,<br />

Koolhaas utilise une typologie mille-feuilles qu'il déplie afin d'obtenir un<br />

boulevard qui traverse tout l'édifice : une sorte de "tapis social magique"<br />

qu'il déplie afin de générer la densité. Il place ensuite les différents<br />

éléments du programme le long de ce boulevard.<br />

La TGB est conçue comme un massif d'information creusé par des<br />

volumes, des vides contenant les espaces publics. Cette forme s'apparente<br />

à un morceau de fromage.<br />

A La Villette, Koolhaas crée un hybride entre le mille-feuilles et le<br />

fromage, mais en positif.<br />

Ce processus d'hybridation entre mille-feuilles et fromage est<br />

caractéristique de nombreux projets de Rem Koolhaas afin de générer la<br />

densité programmatique, la congestion et lui évite de s'enfermer dans des<br />

systèmes trop rigides.<br />

Le projet de La Villette reflète une certaine idée de la ville. Mais<br />

Koolhaas base sa réflexion avant tout au niveau programmatique.<br />

"Pour mieux comprendre ces projets, il faut que je remonte en 1976.<br />

Cette année là, j'ai fait avec Ungers un projet <strong>pour</strong> Berlin qui s'appelait<br />

"l'Archipel Vert". […] nous proposions de ne préserver que les îlots dont<br />

les qualités architecturales ou fonctionnelles étaient indéniables et de les<br />

isoler, de les laisser flotter dans un vide, dans un "rien", où <strong>pour</strong>raient<br />

être implantés tous les instruments de la modernité dont on ne peut plus<br />

se passer aujourd'hui : autoroutes, supermarchés, driving-cinéma,<br />

motels, campings, etc. de telle sorte que la séparation entre îlots<br />

d'urbanité et tissus métropolitains (que l'on peut appeler aussi la<br />

banlieue) soit claire et efficace.<br />

Les projets de La Villette et de l'expo 89 nous ont permis de définir ce<br />

que <strong>pour</strong>rait être ce vide en démontrant que même sans architecture,<br />

sans sa substance, on pouvait aménager <strong>pour</strong> le grand nombre des zones<br />

métropolitaines très vastes." "New York / La Villette" in<br />

L'Architecture d'aujourd'hui, Paris, n°238, avril 1985.<br />

2 exemples de congestion verticale: la TGB et la bibliothéque de Jussieu<br />

Exposition universelle de 1989 à Paris: site est et ouest<br />

07


Le projet de La Villette occupe dès le départ la totalité de la surface.<br />

Celle-ci étant traitée comme un vide auquel il s'agit de donner un<br />

nouveau contenu. Ce n'est donc pas un hasard s'il s'inspire de différents<br />

paysages non urbains (alignements de serres, systèmes de canaux en<br />

Hollande) <strong>pour</strong> définir cette surface, car il la considère comme une seule<br />

entité.<br />

La croissance n'est pas possible. L'évolution dans le temps se fait par<br />

mutation au sein même de sa substance, en donnant la possibilité à de<br />

nouveaux programmes de remplacer les actuels.<br />

Tous les éléments du projet sont traités avec la même valeur. Rien n'est<br />

mis en avant ni monumentalisé. Cette attitude n'est pas associée ici à<br />

l'idée d'homogénéisation totale. Au contraire, le projet revendique<br />

l'autonomie des parties et l'hétérogénéité. Ceci permet d'avoir des<br />

accents, des rythmes, des repères au sein du parc.<br />

08


La quête du rythme<br />

Piet Mondrian, l'équilibre comme unité dans la diversité.<br />

Mondrian (1872 - 1944) connut une grande évolution dans son œuvre. Il<br />

expérimenta beaucoup de théories <strong>pour</strong> pouvoir trouver les idées qui lui<br />

convenaient le mieux et les exprimer dans ces tableaux.<br />

L'époque qui m'intéresse le plus est celle qui débute à partir de 1914, à<br />

son retour de Paris en Hollande où il restera pendant cinq ans à cause de<br />

la Première Guerre Mondiale. Pendant cette période, il expérimente l'art<br />

de l'équilibre. Suivi de deux autres périodes, celle de son retour à Paris<br />

(1919) où il atteindra la maturité dans son œuvre et ensuite celle de son<br />

envol vers Londres (1938) et New York (1940) au début de la Deuxième<br />

Guerre Mondiale.<br />

Dans cette période, les œuvres de Mondrian permettent de mettre en<br />

évidence deux particularités: le choix des couleurs et la recherche du<br />

rythme dans l'équilibre des rapports.<br />

La couleur<br />

Dans les œuvres de Mondrian, nous pouvons ressortir l'importance du<br />

choix des couleurs et leur signification, ainsi que celle des lignes.<br />

Il considérait la ligne horizontale comme passive et la verticale comme<br />

active. Les forces contraires exprimées dans la croix signifiaient la<br />

création de l'univers. Le rouge, le jaune et le bleu seraient en fin de<br />

compte les seules couleurs existantes, puisqu'elles constituaient la base<br />

de toutes les autres couleurs, qui naissaient de leur mélange. Le jaune,<br />

expansible, évoquait le mouvement des rayons vers l'extérieur, et le bleu,<br />

fuyant, le firmament. Le rouge était entre les deux; il restait apposé,<br />

flottant, et à cet égard réconciliait l'opposition du bleu et du jaune. Tout<br />

cela rejoignait les convictions de Mondrian.<br />

Composition avec rouge, jaune et bleu 1921<br />

Huile sur toile, 80x50cm<br />

09


Dans ses tableaux, les couleurs donnent une sensation de mouvement. Le<br />

jaune paraît s'avancer, tandis que le bleu paraît reculer; et le rouge paraît<br />

être statique, ne suggère ni expansion, ni recul, le rouge crée l'équilibre.<br />

Ces couleurs étaient associées, dans les visions utopiques de l'époque, au<br />

corps <strong>pour</strong> le rouge, à l'intellect <strong>pour</strong> le jaune et à l'esprit <strong>pour</strong> le bleu;<br />

ceci <strong>pour</strong> révéler une harmonie ou chaque partie se trouve en équilibre et<br />

se place dans l'ensemble.<br />

Pour Mondrian, le vert, l'orange, le <strong>pour</strong>pre et le marron n'étaient pas<br />

universels, mais des unions particulières, ou mélanges, des qualités<br />

uniques du rouge, du bleu et du jaune, qui eux-mêmes étaient uniques,<br />

distincts, des forces de couleur pure, proches, par leurs pigments, des<br />

concepts idéaux.<br />

Rythme et équilibre<br />

Dès 1917, toutes les œuvres de Mondrian révélaient le rythme dans<br />

l'équilibre des rapports.<br />

Il suggère le mouvement et le rythme. Il examinait les rythmes de la<br />

vitalité urbaine. La peinture a un tempo, une vibration une vitalité, en un<br />

mot du rythme.<br />

Le rythme est l'aspect le plus riche des peintures apparemment simples.<br />

Dans cette période, encore imprégné par l'observation, ses compositions<br />

s'acheminaient vers la construction. La géométrie pouvait être considérée<br />

inhérente à la construction humaine, aux boulevards de Paris ou aux<br />

canaux rayonnant autour d'Amsterdam ou aux lignes des bâtiments. La<br />

géométrie pouvait être conçue comme une construction intellectuelle,<br />

avec les rapports entre les formes, le cercle et le carré, par exemple, qui<br />

gardent leurs proportions au-delà de la dimension particulière ou de<br />

l'application dans le monde de l'inobservable, immatériel, mais<br />

néanmoins réel des mathématiques. La proportion pouvait exister dans le<br />

vide ou dans l'esprit, et la proportion signifie le rythme. En adoptant les<br />

éléments géométriques, Mondrian pouvait présenter exactement le<br />

Composition n°1 avec bleu et jaune 1925<br />

Huile sur toile, diagonale 112cm<br />

Foxtrot B 1929<br />

Huile sur toile, 44x44cm<br />

10


ythme; étant peintre, il l'exprima en peinture, mais les principes, comme<br />

il le réitéra, s'appliquent et s'observent dans tout domaine d'activité:<br />

musique, architecture, poésie et urbanisme.<br />

Les peintures appartiennent au monde harmonisé en toute conscience par<br />

le peintre, <strong>pour</strong> que les relations entre ces fragments de matière et de<br />

couleur dévoilent le rythme caché qui anime le monde. Ils ne reflètent<br />

pas simplement la nature, ils illustrent son rythme: ce sont des exemples.<br />

Par conséquent, les formes universelles suffiront. Un carré est toujours<br />

un carré. Il ne peut être modifié sans devenir autre chose qu'un carré. De<br />

même, le rouge, le bleu et le jaune ne peuvent être modifié sans devenir<br />

plus vert, plus <strong>pour</strong>pre ou plus orange, et la couleur doit être composée<br />

non par le mélange mais par les rapports infinis de ces trois forces<br />

élémentaires. La composition est donc une rythmique et coïncide avec<br />

l'idée de cosmos de Mondrian. Il représentait graphiquement un concept<br />

de l'univers qui englobait la conscience humaine de l'univers. Il<br />

expliquait ses idées dans ses articles, mais présentait cet équilibre<br />

rythmique comme un fait visuel dans ses peintures.<br />

La mise au point d'une grille régulière place Mondrian en face d'un<br />

choix limité d'adaptations. Si la dimension d'un rectangle augmentait,<br />

l'espace disponible <strong>pour</strong> les autres formes diminuait; il fallait donc à son<br />

tour, l'ajuster. Les parties réellement liées les unes aux autres, et la toile<br />

formant un tout, était un système circonscrit dans lequel l'équilibre<br />

devait être trouvé. Cela traduit une économie et une discipline qui sont<br />

applicables à d'autres arts que la peinture. En conformité avec les<br />

objectifs du groupe De Stijl, ce concept était indispensable, par exemple<br />

dans l'architecture.<br />

En 1919, les toiles carrées comportaient des constructions élémentaires à<br />

l'intérieur de rectangles non carrés, mais les côtés de ces toiles étaient<br />

encore subdivisés en seize unités, si bien que les surfaces les plus petites<br />

Composition avec deux lignes 1931<br />

Composition II avec lignes noires 1930<br />

Huile sur toile, 41x32.5cm<br />

11


(égales à une unité) avaient des proportions identiques à celle de la toile,<br />

et que d'autres plans formaient leurs multiples. Chaque plan avait donc<br />

une relation au tout. La proportion 2/3, les relations dans la suite de<br />

Fibonacci et les éléments du nombre d'or (cet ancien système de<br />

proportions qui reliait le cercle au carré, s'exprimait en forme<br />

géométrique et fut longtemps considéré comme l'expression de<br />

l'harmonie universelle applicable en architecture, en musique et en<br />

peinture, d'où le nom de Divine Proportion). Plus tard, Mondrian nia<br />

avoir utilisé le nombre d'or, mais il est clair qu'il avait appris à le<br />

connaître lors de ses études mystiques. En 1919, quand il chercha à<br />

élaborer ses grilles géométriques et ses rectangles, pouvant être<br />

assemblés dans l'ensemble restreint qu'ils formaient, le nombre d'or<br />

devait inévitablement être pris en compte, puisque c'était la parfaite<br />

expression de la division d'un rectangle de telle sorte que chacune des<br />

parties reflétait le tout. La répétition de la division du carré apparaissait<br />

comme primitive en comparaison.<br />

A son retour à Paris en 1919, Mondrian y exposait sa nouvelle théorie et<br />

pratique picturale. Répétant les principes majeurs de sa vision de l'art,<br />

Mondrian expliqua qu'il s'agissait d'un art des rapports, puisque "les<br />

plans de couleur, tant par leur position et leur dimension que par la valeur<br />

plus grande accordée à la couleur, n'expriment plastiquement que les<br />

rapports et non les formes."<br />

Les lectures variées de l'espace et de la proportion permettent à l'œil<br />

d'explorer les rapports.<br />

L'économie des moyens, à l'origine de cette complexité, rend la peinture<br />

simple alors qu'elle ne l'est pas. Tout est aussi limpide que possible, mais<br />

est imbriqué dans la dynamique visuelle et dans le réseau complexe des<br />

rapports picturaux. Les lignes dépendent d'autres lignes, les plans d'autres<br />

plans. L'équilibre qui en découle ne laisse rien de superflu. C'est un<br />

système clos dans lequel chaque élément joue son rôle et chaque élément<br />

est relié au suivant. La verticale équilibre l'horizontale ; les parties<br />

s'équilibrent au sein du tout ; la couleur équilibre la non-couleur.<br />

Composition avec rouge,<br />

jaune, bleu et noir 1921<br />

Huile sur toile, 59.5x59.5cm<br />

Composition avec rouge, jaune et bleu 1932<br />

Huile sur toile, 42x38.5cm<br />

12


La construction en forme de grille de ces peintures, est issue de la nature<br />

des éléments. Ce qui change est le nombre des éléments, les proportions<br />

des parties et le rythme qu'elles instaurent.<br />

Les principes fondamentaux de sa peinture étaient en place. Les rapports<br />

entre les éléments représentaient tout ce qui existait, et il voyait dans ces<br />

rapports infinis la preuve visuelle de sa conception du monde, de sa<br />

propre cosmologie. Dès 1921, il avait donc mis au point une technique<br />

qu'il conservera jusqu'à la fin de sa carrière. Le rythme, après tout, était à<br />

la fois unique, un concept en soi et multiple, différent <strong>pour</strong> chaque<br />

peinture.<br />

C'était le style (ou de stijl) appliqué à une peinture, prenant seulement en<br />

compte l'idéal recherché. Les rapports variés, ou rythmes, étaient tout à<br />

fait inépuisables, souples et surtout dynamiques.<br />

Ce rythme, qu'il appelait équilibre dynamique, n'était pas limité à la<br />

peinture. Mondrian cherchait dans la musique et il écoutait déjà du jazz<br />

en compagnie de l'architecte J.J.P. Oud. Du jazz, il adopta le terme de<br />

"boogie-woogie" <strong>pour</strong> désigner le rythme purement énergique de ses<br />

dernières peintures (Broadway Boogie-Woogie en 1942-1943 et Victory<br />

Boogie-Woogie en 1943-1944). Comme l'indiquait son essai de 1922, "le<br />

Néo-Plasticisme, sa réalisation dans la musique et au théâtre futur", il<br />

s'intéressait à une éventuelle composition des plans de couleur sous la<br />

forme de partition. De même, il considérait la potentialité architecturale<br />

de tels plans, comme une application fondamentale, bien que<br />

problématique, à la construction de ses concepts d'équilibre et de rythme<br />

asymétrique. Leur utilisation en tant que décoration, réflexion appliquée<br />

après coup, était concevable. Dès 1922, les théories et les pratiques de<br />

Mondrian étaient bien arrêtées. Elles étaient en essence constructives et<br />

envisageaient le devenir de l'homme: l'organisation de sa vie et son<br />

environnement.<br />

Au cours de son premier séjour parisien, Mondrian associait les plans<br />

rectangulaires emboîtés à l'idée de ville et de dynamique de la vie<br />

urbaine, distinguant la vitalité du paysage naturel. L'énergie dégagée par<br />

Composition avec gris et<br />

noir (tableau n°2) 1925<br />

Huile sur toile, 50x50cm<br />

Composition, Londres 1940-1942<br />

Huile sur toile, 80x70cm<br />

13


le paysage urbain captivait Mondrian. De retour, à Paris, sur les grands<br />

boulevards, il fut à nouveau submergé par l'ivresse de la vie urbaine, qui,<br />

sous un autre angle, enflammait son esprit enthousiaste et contemplatif.<br />

Il fit un récit pittoresque de l'activité des boulevards en fusionnant ses<br />

impressions kaléidoscopiques qui correspondaient à l'idée de<br />

"simultanéité" des futuristes.<br />

En juin 1921, il assista à un concert de musique futuriste faite de<br />

bruitages caractérisant les instruments du compositeur et peintre italien,<br />

Luigi Russolo. Pour quelqu'un qui vivait près de la gare Montparnasse,<br />

et entendait le bruit provoqué par les arrivées et les départs incessants<br />

des trains, les aiguillages et les sifflets, un tel concert aurait pu être<br />

superflu. Mais Mondrian s'intéressait depuis longtemps à la musique, et<br />

il écouta autant le concert que la gare, en ayant à l'esprit ces rythmes<br />

urbains.<br />

Après avoir évoqué les bruits, il écrivit "une multiplicité de sons,<br />

s'interpénétrant, des automobiles, des bus, des taxis, des personnes, des<br />

réverbères, des arbres. Tout ce mélange; des cafés, des boutiques, des<br />

bureaux, des affiches, des étalages; une multiplicité de choses.<br />

Mouvement et arrêt: divers gestes. Mouvement spatial et temporel.<br />

Images et réflexions variées." Mondrian observait l'entrelacement et le<br />

rapport étroit existant entre le changement, la continuité et le calme. Le<br />

boulevard lui-même restait immobile tout en débordant de vie et de<br />

mouvement. Le tout restait tranquille alors que les particularités, les<br />

parties et les détails changeaient sans cesse. C'était la même vision que<br />

donnaient les peintures de Mondrian, car tandis que la toile en tant<br />

qu'ensemble ne varie pas, ses parties paraissent visuellement animées<br />

d'un mouvement continu.<br />

Mondrian avait depuis longtemps embrassé un art urbain, où la<br />

construction était implicite. Ce thème architectonique prévalut le restant<br />

de sa carrière. Construire des compositions picturales et construire des<br />

bâtiments ou des villes ont beau être deux actes différents, ces peintures<br />

affirment l'impérieux désir humain de construire.<br />

Broadway Boogie-Woogie 1942-1943<br />

Huile sur toile, 127x127cm<br />

14


Savoir si ses peintures étaient inspirées par l'architecture, le jazz, ou la<br />

ville de New York, ne nous apprendra rien ici, parce que les moyens de<br />

Mondrian restaient strictement picturaux: il n'illustrait pas ce qu'il<br />

voyait. Son étude de l'équilibre rythmique prédominait. Il se peut que<br />

son rythme ait eu un caractère urbain (avec le temps, il peut avoir<br />

influencé profondément l'architecture et le design) parce que les<br />

objectifs de Mondrian se sont toujours fixés sur la structure et<br />

l'organisation cadrée de ce qu'il observait, et sensible dans le jazz et dans<br />

la circulation ou dans les lignes élancées des gratte-ciel new-yorkais.<br />

Pendant la plus grande partie de sa carrière, Mondrian vécut dans des<br />

capitales. Son premier séjour à Paris confirma cette tendance et ses écrits<br />

théoriques l'expliquèrent. L'environnement humain était bâti contre la<br />

nature et, <strong>pour</strong> Mondrian, il constituait la matière de l'évolution. Il<br />

envisageait un avenir qui harmoniserait et équilibrerait cette évolution.<br />

Chaque partie devait jouer son rôle au sein de l'ensemble, avec<br />

10<br />

dynamisme, efficacité et sans perte d'identité. Elle devait ainsi créer des<br />

constructions opérant harmonieusement, qui serait à la fois cohérentes et<br />

dynamiques. Mondrian n'était pas un designer. Il travaillait sur des<br />

projets utopistes et non utilitaires. Ses objectifs ambitieux portaient sur<br />

une organisation globale, harmonieuse et dynamique de la vie humaine.<br />

Ils figuraient un modèle <strong>pour</strong> l'harmonie humaine. Mondrian a toujours<br />

pensé que les éléments de son art et de sa philosophie étaient essentiels<br />

<strong>pour</strong> assigner la place de l'homme dans l'univers, et en ce sens,<br />

permettait de réconcilier homme et nature.<br />

Conclusion<br />

"L'abstrait, comme les mathématiques, est en fait exprimé dans et par<br />

toutes les choses." Il voulait rendre cela évident à l'esprit conscient:<br />

"L'artiste vraiment moderne ressent consciemment l'abstraction dans<br />

l'émotion de beauté: il reconnaît consciemment que l'émotion du beau<br />

est cosmique, universelle. Cette reconnaissance consciente a <strong>pour</strong><br />

corollaire la plastique abstraite - l'homme adhère uniquement à ce qui est<br />

universel."<br />

Mondrian exprima cette idée dans ses écrits, mais la caractérisa dans la<br />

longue série de toiles qui était une quête du rythme, de l'équilibre et de<br />

l'énergie vitale. Dans les peintures qu'il retoucha avec tant de soin, il<br />

révéla les rythmes de l'univers tels qu'il les ressentait dans la vie observée<br />

autour de lui - près de la rivière en Hollande, près du moulin se détachant<br />

sur un ciel assombri, dans un arbre courbé ou un terminus de gare et dans<br />

le mouvement incessant de la ville croissante et vivante.<br />

L'équilibre, que l'on trouve dans ses tableaux, est un exemple visuel de<br />

l'unité dans la diversité.<br />

Victory Boogie-Woogie 1943-1944<br />

Huile et bandes adhésives sur toile,<br />

diagonale 177.5cm<br />

15


Paysage et construction<br />

Construction d'un bâtiment ou d'un paysage ?<br />

Introduction<br />

Comme architecte, lorsque nous voulons que notre bâtiment participe,<br />

ait une relation avec le paysage, que voulons-nous dire? En réalité<br />

construisons-nous un bâtiment ou un paysage?<br />

Par les quelques projets que je présente dans ce chapitre, j'essaie de<br />

trouver les réponses à ces questions et d'ouvrir une voie <strong>pour</strong> la<br />

réalisation du projet de la <strong>piscine</strong>.<br />

Renzo Piano: Centre culturel Paul Klee à Berne<br />

Pour la réalisation de ce projet, Piano ne propose pas un bâtiment mais<br />

un paysage.<br />

Piano avait tout de suite photographiée une colline située sur le site. Elle<br />

n'était pas très haute, mais c'était une belle colline. Il avait naturellement<br />

laissé agir sur lui la vision et le bruit de l'autoroute. Dans ce cadre<br />

pratiquement rural et agreste, l'autoroute précisait brutalement sa<br />

situation: en plein milieu de l'agglomération bernoise et à la fin du<br />

vingtième siècle.<br />

Un lieu de silence et de recueillement, noyé dans le bruit du trafic.<br />

Ce que Piano avait vu, perçu et ressenti sur le terrain, il le mentionna<br />

brièvement comme suit:<br />

"Mais par où commencer, mais par Paul Klee, bien sûr. C'est la<br />

dimension du silence, qui convient le mieux à cet artiste: un poète du<br />

silence doit faire réfléchir au travers d'un musée silencieux consacré à<br />

son œuvre."<br />

Le projet commença par une intense prise de conscience du terrain. Il<br />

fallait, certes, accepter l'autoroute, car elle n'est pas mal en soi, que l'on<br />

doit nier dans un premier temps, puis cacher, mais elle est bien l'une des<br />

artères vitales de la ville d'aujourd'hui. Le projet doit donc collaborer<br />

avec l'autoroute et ne pas s'en faire une ennemie.<br />

Paul Klee: Blühendes Tal, 1936<br />

et études de surfaces avec modules<br />

16


Des collines naturelles et artificielles<br />

Piano trouve que le génie du lieu réside bien dans le doux mouvement de<br />

la colline. Comme tant d'autres peintres et architectes, Piano en revient<br />

aux règles classiques de composition de l'image. La colline, au premier<br />

plan, sert de coulisse, sur un horizon sylvestre, à des collines plus<br />

élevées dans le lointain. Le regard est ainsi guidé et fait abstraction du<br />

chaos de l'agglomération en reliant directement le premier plan au cadre<br />

général de l'arrière-plan. Il existe ainsi une symbiose particulière entre le<br />

proche et le lointain, et le terrain devient une île dans le paysage. Piano<br />

crée son lieu, à la fois retranché et secret.<br />

Là, où il n'y a pas de collines, on en créera. L'idée vole au-delà des<br />

simples limites du terrain originel et transforme le projet en paysage et<br />

non en construction. Le nouveau terrain et l'horizon de forêts<br />

environnant sont intimement liés et sont vus comme un paysage. Le<br />

terme de "land art" est même évoqué, mais Piano refuse. C'est en paysan<br />

et non en architecte qu'il désire ajouter tout simplement trois collines à<br />

celle qui est déjà devant lui.<br />

Les trois collines ne sont pas des maisons, elles sont les articulations du<br />

terrain. Elles interviennent puissamment sur le terrain et transforment le<br />

grand parc en musée. Les collines appartiennent, certes, à une nature<br />

maîtrisée, mais sont en même temps des constructions artistiques au<br />

sens littéral du terme. Elles sont l'élément particulier qui irrite et le<br />

musée lui-même. Cette triple ondulation deviendra un pictogramme et<br />

une abréviation graphique sur les panneaux indicateurs. Vues de<br />

l'autoroute, les trois courbes surgissent durant dix secondes environ de la<br />

longue file de toits, figures inhabituelles qui se glissent furtivement dans<br />

le paysage et annonce l'étranger et le particulier.<br />

Vues du parc, ces trois collines mystérieuses irritent; sont-elles<br />

artificielles ou sont-elles un havre naturel? Elles doivent vraiment être<br />

les prémisses du grandiose. Lorsque l'on est devant elles, on découvre la<br />

véritable dimension de l'ensemble: la vague médiane a 12 mètres de haut<br />

et fait front à l'autoroute sur 300 mètres. Les toits dessinent autant<br />

Etude transversale au niveau de la crête de la vague<br />

La ligne de vague ondule face à un horizon incliné.<br />

La ligne de vague en contact avec le terrain.<br />

17


d'ombres vigoureuses sur la façade, qui s'est réfugiée bien en deçà des<br />

chenaux.<br />

Cette antithèse de bâtiment est <strong>pour</strong>tant un projet fonctionnel et<br />

contemporain. Pas question d'envisager un ouvrage d'un vert sentimental<br />

évoquant notre mère, la Terre. C'est une construction de haute<br />

technologie qui voit le jour. Ce qui, à première vue, donne une<br />

impression de modestie, est en fait l'expression d'une extrême exigence.<br />

Toute comparaison avec le Musée Beyeler à Bâle serait complètement<br />

erronée, déclare Piano, comme s'il voulait se défendre. Il ne serait<br />

vraiment pas dans sa nature de se répéter, puisque les tâches étaient<br />

différentes. Il considère d'ailleurs le "style personnel" comme une cage<br />

dorée dans laquelle un architecte s'enfermerait lui-même. Il préfère<br />

repartir à zéro à chaque fois.<br />

<strong>Une</strong> série de quille de navire<br />

Et la construction? Piano l'a su immédiatement: en bois. Ce Génois a<br />

pensé immédiatement à la construction navale et à la perfection d'une<br />

quille de navire. Le musée sera construit sous la forme d'une série de<br />

quilles de navires. Piano veut dessiner dans les airs les arcs puissants des<br />

collines par des traits d'union en bois. Sans appuis. Ils seront visibles de<br />

l'intérieur et du bas, et même de la zone réservée au public. Dans les<br />

locaux du musée, une voile régulatrice de lumière les masquera<br />

partiellement. Dans les grosses carènes réservées, des parois mobiles<br />

subdiviseront les diverses salles d'exposition, mais l'on gardera toujours<br />

la sensation du tout. Klee a préféré peindre en grand format: il est donc<br />

impossible de créer de petites salles. Tout est fonction de l'œuvre et non<br />

des œuvres. Piano ne veut pas créer des lieux neutres, susceptibles<br />

d'étouffer les chefs-d'œuvre. En haut, coupe longitudinale dans la zone ouverte au public, sur l'épine dorsale.<br />

En bas, coupe transversale dans la zone ouverte au public.<br />

18


Carmé Pinos et Enric Miralles: Pensionnat de Morella, Castellón<br />

Situé dans un paysage fantastique, au pied du château fort de Morella, le<br />

bâtiment scolaire interprète le terrain en forte pente sous la forme d'un<br />

étagement de toitures longeant le chemin sinueux et couvrant une<br />

succession de plates-formes qui transportent la topographie à l'intérieur<br />

du bâtiment et, inversement, qui ouvrent des échappées visuelles<br />

toujours nouvelles sur les étendues arides de la nature environnante. Les<br />

caractéristiques spatiales à l'intérieur du bâtiment varient comme dans un<br />

kaléidoscope. La lumière pénétrant par l'avant, par le haut, par les côtés<br />

ou l'arrière, éclaire le volume intérieur dont la conception repose<br />

essentiellement sur une coupe riche en ouvertures et en enchevêtrements.<br />

"Travailler avec tous les sens, pas uniquement la vue…découvrir ce<br />

qu'est Morella (le site)…sentir le besoin de nous protéger du paysage<br />

vide, plein de nostalgie d'un temps plus actif…chercher la bonne<br />

orientation comme la cherche le village…continuer le rythme de la<br />

montagne, fragmentée par mil murets plein de lumières et d'ombres.<br />

C'est un projet fait à l'air libre, sur place, répondant à toutes les<br />

vibrations que produisait le corps. Nous avons passé beaucoup d'heures<br />

face au site où nous devions construire, face au paysage, face au<br />

château. En nous familiarisant avec les chemins qui délimitent le<br />

territoire.<br />

C'était presque notre première impulsion: fixer notre espace avec un<br />

chemin, à la fois édifice, qui abriterait un air qui allait nous appartenir,<br />

un air déjà différent de celui qu'on respirait dans le paysage vide.<br />

Le projet c'est ces espaces intermédiaires face au paysage et protégés<br />

par l'édification. Ces espaces qui, en étant en dehors de l'édifice, sont<br />

dans l'édifice de la même façon qu'ils sont suspendus dans le<br />

paysage…la vue s'échappe dans toutes les directions, en même temps<br />

que rentre la lumière depuis devant, depuis les côtés, depuis<br />

derrière…comme quand nous sommes à l'air libre, la lumière nous<br />

entoure." El Croquis, n°70<br />

Plan et relation au paysage de la cinquième façade, la toiture<br />

19


Le bâtiment répète le mouvement de la ville vers la meilleure<br />

orientation. Ce retournement sur soi-même depuis le niveau d'accès<br />

permet de placer les classes et les dortoirs. Tandis que les zones<br />

communes sont les limites extérieures de l'édifice qui suivent les courbes<br />

existantes du terrain.<br />

La toiture fonctionne comme la véritable façade de l'édifice. C'est elle<br />

qui raconte comment l'édifice est un chemin et une salle en même temps.<br />

Plusieurs niveaux de rampes, d'aire de jeux, de jalousies apparaissent<br />

sous les couverts contre la pente. La salle a son écho dans le patio<br />

d'entrée. Depuis le patio, naît la rampe d'accès qui est la construction sur<br />

laquelle s'appuie toute la géométrie superficielle.<br />

Cette rampe soutient l'excavation que l'édifice complète jusqu'à son<br />

retour au niveau de départ.<br />

La méthode de travail du projet a été d'insister sur les espaces<br />

intermédiaires: patios, superposition de creux…en formant des unités<br />

complexes qui cherchent leur relation avec le paysage.<br />

Relation de l'école avec le chateau,<br />

la montagne et la magnifique vue.<br />

20


Jean Nouvel: "Kultur und Kongresszentrum Luzern" (KKL)<br />

Le KKL est composé de quatre volumes unifiés par l'intermédiaire d'une<br />

grande toiture. Il dialogue avec la ville, le paysage et l'eau. Le projet<br />

cherche des relations visuelles par le cadrage de vues sur la ville, le lac<br />

et les montagnes. Il donne une relation directe au lac en faisant pénétrer<br />

l'eau à l'intérieur du bâtiment.<br />

Jean Nouvel n'exprime pas la structure dans l'ensemble de son bâtiment.<br />

On ne perçoit que la prouesse structurelle par la sensation de flottement<br />

de la toiture. Cet effort technique considérable reste <strong>pour</strong>tant cohérent<br />

dans le principe du concept de Nouvel de vouloir par le porte-à-faux<br />

créer des prolongements avec l'extérieur, de chercher des rapports avec<br />

le paysage et de donner une unité à l'ensemble du bâtiment.<br />

Les volumes majeurs ont leur structure mixte propre, avec une structure<br />

ponctuelle qui permet de vitrer <strong>pour</strong> chercher des rapports entre les<br />

espaces intérieurs et extérieurs dans les espaces tel que les foyers, la<br />

cafétéria, le restaurant et une structure murale <strong>pour</strong> les salles de concert.<br />

La façade, du côté lac et de la Reuss, est fortement animée par une<br />

composition de volumes rectangulaires en aluminium de deux couleurs<br />

mats et sombres (le rouge et le bleu). En composant cette façade, Nouvel<br />

a créé des relations fortes entre l'intérieur et l'extérieur par<br />

l'intermédiaire de terrasses, de fenêtres cadrant le paysage et de baies<br />

vitrées au rez-de-chausée.<br />

La vision de la toiture, depuis l'est et le sud, donne une sensation de<br />

grande finesse. Cette finesse apparente permet de diminuer l'impact<br />

visuel et de s'intégrer facilement dans le paysage urbain.<br />

Le KKL cherche une intégration dans la trame urbaine et un dialogue<br />

avec les espaces publics, le paysage et la ville.<br />

Détail du porte-à-faux.<br />

Façade Est montrant sa finesse et sa prouesse technique<br />

21


Dominique Perrault : Vélodrome et <strong>piscine</strong> à Berlin<br />

Ce projet est lié au processus de réunification des deux Allemagnes, par<br />

la volonté d'une ville de se convertir en une capital de l'état et au désir<br />

d'être élue comme siège de Jeux Olympiques. Comme point de départ, la<br />

volonté politique du Sénat de Berlin. La ferme volonté de réorganisation<br />

et d'unification des deux parties de la ville coïncidaient avec un projet<br />

intégré, le projet <strong>olympique</strong>, qui permettait de développer non seulement<br />

la construction d'un certain nombre d'équipements sportifs, mais aussi<br />

des réseaux d'infrastructures qui articulerait ces équipements sportifs. Et<br />

précisément dans ce contexte - qui levait en même temps l'enthousiasme<br />

et beaucoup de critiques - la ville de Berlin convoqua une consultation<br />

internationale <strong>pour</strong> la <strong>piscine</strong> et le vélodrome <strong>olympique</strong>. La parcelle<br />

choisie se trouve à l'intersection de deux éléments urbanistiques<br />

importants: l'axe principal qui sort du centre de la ville - de<br />

l'Alexanderplatz, en direction de Moscou - croise en un point déterminé<br />

un élément périphérique - une ligne de métro qui rétabli la continuité<br />

entre la partie est et ouest de la ville et qui permet de l'encercler -.<br />

C'est une intersection de réseaux, mais aussi une intersection de tissus<br />

urbains. D'une part du système, un tissu composé par des blocs fermés<br />

typiquement berlinois, ainsi que les anciens abattoirs de Berlin; et à<br />

l'opposé, de l'autre côté des voies ferrées, vingt kilomètres de blocs<br />

résidentiels ouverts, c'est-à-dire, un urbanisme complètement opposé.<br />

Pour résoudre la conjonction de ces deux systèmes, la décision la plus<br />

adéquate a été prise: faire disparaître les nouveaux édifices de la <strong>piscine</strong><br />

et du vélodrome. Le concept se résume dans la considération d'une<br />

surface rectangulaire, un quadrilatère, dans lequel s'inscrit deux<br />

géométries: l'une ronde <strong>pour</strong> le vélodrome et l'autre rectangulaire <strong>pour</strong> la<br />

<strong>piscine</strong>.<br />

La parcelle se divise en deux parties: une zone qui longe parallèlement la<br />

rue Storkower et dans laquelle se trouve le centre commercial et la gare;<br />

et un terrain planté d'arbres fruitiers sur lequel se situe la <strong>piscine</strong> et le<br />

vélodrome. Les édifices sportifs sont encastrés dans le terrain, au<br />

Schéma de concept du projet.<br />

Plan d'ensemble du jardin et de ses objets.<br />

22


centre de ce nouveau parc, l'objectif était d'incorporer discrètement<br />

dans le paysage ces grands équipements sans influencer la vie sociale<br />

du quartier, mais en contribuant positivement à son développement.<br />

Ces amphithéâtres, enterrés au milieu des arbres, des fleurs, des feuilles<br />

et des fruits, sont conservés par l'intermédiaire des deux pièces de verre<br />

et de métal qui assure la continuité du niveau du sol. Pendant la journée,<br />

ces surfaces de matériaux brillants et réfléchissants se confondent avec<br />

deux grands bassins d'eau - l'un rond et l'autre rectangulaire -. La nuit, ils<br />

ressemblent à des "surfaces magiques", avec un grand nombre de<br />

lumières irradiant de leur antre.<br />

Le projet s'enquière de la relation existante entre la nature et la ville, ce<br />

qui implique l'absence d'architecture, dans le sens académique du mot.<br />

Ces précieux objets, vibrants, vivent leur particulière existence comme<br />

des bijoux sertis dans un environnement végétal, où n'existe ni la<br />

violence, ni l'exclusion.<br />

Vue d'ensemble du complexe sportif.<br />

Vue intérieure de la <strong>piscine</strong> en relation avec l'extérieur.<br />

23


Dominique Perrault: Villa One, Côtes d'Armor<br />

Est-ce une maison? Tel est la question qui a été recherchée. La présence<br />

ou l'absence d'architecture: un thème de réflexion permanente dans<br />

notre travail. Un travail qui s'intéresse, caque fois plus, à la question du<br />

paysage en tant qu'élément unificateur entre architecture et nature.<br />

Peut-on vivre sous terre? Peut-on redécouvrir la caverne des premiers<br />

jours de l'humanité comme un sentiment original de la présence de<br />

l'homme sur terre? Cette architecture est une expérience, une<br />

expérimentation incessamment renouvelée <strong>pour</strong> entendre, <strong>pour</strong> sentir,<br />

<strong>pour</strong> essayer de vivre mieux avec et dans notre environnement. Cette<br />

recherche d'émotions sensibles, uniquement compréhensibles si elles<br />

sont vécues physiquement, rappelle les idées que développait le peintre<br />

Francis Bacon en relation à l'émotion dans la peinture: elle devrait<br />

arriver au cerveau de l'homme sans passer par son intellect. L'esprit du<br />

lieu, la joie de l'être, sont ici quelques-unes des bonnes raisons que nous<br />

avons, les architectes, <strong>pour</strong> construire, en montrant que les lieux<br />

communs, et à priori conventionnel, ne constituent pas les seules règles<br />

de l'art - auxquelles nous comparons trop souvent le conformisme de<br />

notre société contemporaine.<br />

Construction d'un bâtiment ou d'un paysage?<br />

24


Conclusion<br />

La diversité de tous ces projets permet de mettre en évidence malgré tout<br />

une particularité commune à tous: la relation physique et visuelle avec le<br />

paysage.<br />

Piano, Pinos et Miralles travaillent avec le paysage dans une intention<br />

d'intégrer leur réalisation jusqu'à la convertir complètement en paysage,<br />

<strong>pour</strong> Piano, et partiellement, <strong>pour</strong> Pinos et Miralles. Ce respect et cette<br />

collaboration envers et avec la nature n'enlèvent rien aux qualités<br />

architecturales du bâtiment, au contraire, ils développent une toute autre<br />

façon de voir notre art.<br />

Les réalisations de Nouvel et Perrault (Berlin) répondent plus à un<br />

environnement urbain et à une intégration dans la trame urbaine. Malgré<br />

cette situation, ils abordent leur projet en travaillant avec les éléments<br />

naturels en présence, pénétration du lac dans le bâtiment <strong>pour</strong> Nouvel;<br />

ou création d'un tissu végétal, comme lien unificateur entre deux<br />

quartiers, dans lequel les bâtiments deviennent des objets qui essaient de<br />

s'incorporer discrètement dans le paysage, <strong>pour</strong> Perrault.<br />

La Villa One de Perrault met en évidence le dilemme suivant: présence<br />

ou absence d'architecture? Ce projet montre sûrement la limite, à mon<br />

avis, du respect ou d'intégration envers et dans la nature.<br />

Dans tous ces projets, la nature est travaillée et maîtrisée artificiellement.<br />

Malgré celà, nous, les architectes, nous pouvons concilier le respect<br />

envers notre environnement et la réalisation d'une architecture<br />

contemporaine et de haute qualité. Si plus de projets, dans le passé,<br />

avaient été abordés avec cette mentalité, nous aurions pu éviter<br />

beaucoup de massacres paysagers (côtes méditerranéennes, par exemple)<br />

en favorisant la qualité architecturale au lieu du profit.<br />

Avec ces concepts de relation au paysage, le projet de la Cité des Sports<br />

sera une tentative d'application de ces idées.<br />

25


Exemples<br />

Piscines et Jeux Olympiques<br />

José Luis Mateo et José Antonio Dols: Piscine de l'université de<br />

Bellaterra, Barcelona<br />

Du dehors voir un bâtiment, tapi, riche d'angles. Du dedans voir ou<br />

apercevoir de partout les bassins bleus. Dans la tiédeur du bain, regarder<br />

dehors, campagne et ville à fleur d'eau.<br />

La <strong>piscine</strong> est un bâtiment dans les pentes, a priori fermé ou tourné sur le<br />

spectacle qui l'anime, au toit incliné et décollé. L'entrée se fait sur un des<br />

petits côtés, percée dans un mur de briques. A droite, s'étire une façade<br />

longitudinale en parpaings, surlignée d'un auvent. Dès les premiers pas à<br />

l'intérieur, les déclivités perçues à l'extérieur se comprennent. On accède<br />

de plain-pied aux vestiaires au niveau haut. Et les bassins se trouvent au<br />

niveau inférieur, eux-mêmes comme juchés au-dessus des terrains en<br />

contrebas.<br />

De l'inclinaison du site, les architectes jouent, le font savoir et apprécier.<br />

Le choix d'une charpente en lamellé-collé, trouvant ses appuis en<br />

périphérie et sur une double rangée de poteaux, libère l'espace interne et<br />

permet aux regards de circuler. Les lieux du bain, en Occident, balancent<br />

depuis des lustres entre l'envie de montrer et de dissimuler les corps<br />

luisant. La Barcelone des années 90 préfère voir. Alors, dès les guichets<br />

et à travers une grande porte de verre donnant sur le petit bain, par<br />

l'intermédiaire d'un long creux à hauteur de torses le long du grand<br />

bassin, on aperçoit l'eau et ceux qui l'animent. Des vestiaires aux<br />

bassins, le regard dévale vers l'eau et la nature.<br />

De l'eau sort la planéité. Ce bel axiome sert les jeux anguleux conçus par<br />

les architectes. Tout se déhanche dans cet univers, puis se soumet à<br />

quelques verticales et horizontales bien assises, celles du grand bassin,<br />

par exemple. La structure en particulier, les façades de verre, aussi,<br />

s'inclinent, semblent verser ou déverser. Du verre, <strong>pour</strong> mettre la <strong>piscine</strong><br />

comme dehors. L'espace s'anime. Mais sans excès.<br />

La toiture accompagne vers les espaces d'eau et le paysage<br />

26


Et c'est finalement dans une sorte de concision que cette réalisation<br />

trouve sa qualité. Elle tient d'abord à la banalité des matériaux employés:<br />

parpaings, briques, lamellé-collé, métal et béton, ces deux derniers <strong>pour</strong><br />

l'ossature. Puis, à l'absence de dissimulation. Chaque élément apparaît<br />

tel quel, ni caché, ni voilé.<br />

En équilibre et symbiose avec ce désir de ne pas tromper, les lignes et les<br />

volumes de la <strong>piscine</strong> ont de l'élégance sans emphase. Manière de pureté<br />

et de netteté acquise à force d'éliminer, d'éviter les redites.<br />

Le regard dévale vers l'eau et la nature<br />

27


Vicenza Lima et Raffaelo Cecchi: Piscine à Pioltello, Milan<br />

Ce projet est une solution imaginative dans laquelle l'édifice se fait<br />

objet, théâtre et paysage en même temps. Le projet se montre comme<br />

lieu d'action architecturale, la marge qui divise un intérieur humain,<br />

organisé, habitable et l'extension d'un extérieur décentré, anthropique et<br />

chaotique qui peut être parcouru mais tendant à être inhabitable.<br />

Le projet procède d'une implantation planimétrique formée par deux<br />

corps principaux qui se rencontrent presque à angle droit et se<br />

développent autour du contraste entre la netteté de l'angle et<br />

l'enveloppement et la superposition continue des deux parties, l'incessant<br />

retard des volumes à se recomposer selon le schéma d'un parallélépipède<br />

rappeler par la géométrie en plan. De manière théâtrale, illusionniste, les<br />

parois et les volumes fuient les répétitions et la modularité et se<br />

disposent selon des correspondances et des équilibres plus complexes et<br />

musicaux. Les parois blanches sont découpées, creusées et articulées en<br />

niches, pilastres et travées et puis neutralisées en de lumineux plans<br />

uniformes. Un second thème se tresse , une inquiétude de vibrations,<br />

oscillations, courbes et volutes non perpendiculaires, dans lesquels les<br />

parois se tendent légèrement comme des tissus, des voiles à peine<br />

retenus par une pièce métallique.<br />

Les raccords qui regroupent les diverses parties ne sont ni excitées, ni<br />

dramatiques, mais plutôt cadencées de manière libre et sériel, dans un<br />

empirisme flou qui utilise soit les tracés rationalistes, soit les libres<br />

agrégations organiques.<br />

La grande paroi vitrée est le seuil et l'intermédiaire à travers lequel le<br />

paysage rentre et s'approprie de tout l'édifice. En même temps, le<br />

bâtiment s'approprie le paysage qui, encadré, projeté et sectionné par la<br />

paroi de verre, tombe à angle droit contre la ligne de terre comme une<br />

scène picturale.<br />

Plan d'ensemble et ambiance intérieure<br />

28


Jeux Olympiques: Munich '72 et Barcelone '92<br />

Munich '72 et Barcelone '92 sont, <strong>pour</strong> moi, les deux meilleurs exemples<br />

de concentration d'infrastructure <strong>pour</strong> les Jeux Olympiques. Ils<br />

regroupent toutes les principales activités sur le même site et sont isolés<br />

de la présence massive de la circulation automobile.<br />

A Munich, les caractéristiques topographiques du site ont été exploitées<br />

idéalement. Les versants des collines ont été utilisés <strong>pour</strong> construire les<br />

gradins du Stade Olympique, ce qui fait de ce dernier l'un des rares<br />

stades par où l'on rentre par en haut, au lieu d'en bas. Par la même<br />

occasion, une réflexion paysagère a été prise en compte <strong>pour</strong> créer un<br />

grand parc, dans lequel se trouvent les installations sportives, ainsi que<br />

des bassins d'eau. Cette réalisation est encore pleinement utilisée<br />

actuellement et est un lieu très apprécié des habitants <strong>pour</strong> les<br />

promenades dominicales.<br />

La construction du village <strong>olympique</strong> <strong>pour</strong> loger les athlètes à été réalisé<br />

à proximité, ce qui facilitait le déplacement des participants <strong>pour</strong> se<br />

rendre sur leur site d'entraînement et de compétition. Ces logements ont<br />

été conçus <strong>pour</strong> pouvoir être ensuite destiné à la population munichoise<br />

et ainsi répondre à une demande croissante dans le domaine des<br />

logements.<br />

A Barcelone également, la concentration des installations a permis de<br />

créer un anneau <strong>olympique</strong> qui continue d'être exploité à plein régime à<br />

notre époque. Son implantation au sommet de Montjuïc a permis d'être à<br />

proximité de la ville tout en étant au milieu d'un parc. La hauteur du site<br />

a permis de pouvoir créer des relations visuelles avec la mer et la ville<br />

qui étaient difficilement visible par le passé.<br />

Contrairement à Munich, toutes les installations n'ont pas été construites<br />

à neuf. Certaines structures étaient déjà existantes (le stade et la <strong>piscine</strong>),<br />

mais elles ont été rénovées et agrandies <strong>pour</strong> pouvoir répondre aux<br />

normes des différentes fédérations et pouvoir accueillir convenablement<br />

les milliers de spectateurs.<br />

Munich '72<br />

Barcelone '92<br />

29


Conclusion<br />

Comme nous le voyons dans ces projets de <strong>piscine</strong>, à Barcelone et<br />

Milan, la structure peut être réalisée en bois, matériaux et savoir-faire à<br />

disposition en Suisse, et donner un aspect plus chaleureux et accueillant<br />

que les habituelles structures en métal ou le tout béton.<br />

Ces deux réalisations de <strong>piscine</strong>s sont des exemples de relations<br />

visuelles entre les espaces intérieurs et l'extérieur et avec le paysage.<br />

L'utilisation du bois, <strong>pour</strong> la structure de la toiture ainsi que <strong>pour</strong> les<br />

gradins, permet de donner une ambiance plus chaleureuse et accueillante<br />

aux espaces. Ces bâtiments démontrent que les grandes portées imposées<br />

par leur programme peuvent être résolues autrement que par l'utilisation<br />

des structures métalliques. Ces dernières, habituellement, ont une<br />

hauteur statique très grande qui s'impose souvent en façade. Au<br />

contraire, <strong>pour</strong> la <strong>piscine</strong> de Barcelone, la toiture, à l'extérieur, donne<br />

une apparence de finesse.<br />

Les sites présentés des Jeux Olympiques démontrent que la réalisation<br />

de telles infrastructures peuvent être "en communion et en harmonie"<br />

avec le paysage. De telles réalisations doivent également tenir comptes<br />

des besoins futurs de la ville et des flux créés pendant et après leur<br />

utilisation.<br />

Structure en bois et finesse de la toiture<br />

30


ANALYSE<br />

Le site au niveau de Lausanne<br />

Pôles d'intérêts et réseaux (schéma p.32)<br />

Ces sites choisis sont des pôles qui ont une attraction au niveau de la<br />

ville, du canton, du pays et voir même au niveau international.<br />

Deux de ces pôles sont des interfaces de réseaux: la gare et le Flon. La<br />

gare permet de relier la ville au niveau national et international et<br />

d'amener en ville des gens <strong>pour</strong> le travail, le tourisme, le loisir et les<br />

études. L'interface du Flon est la connexion des réseaux au niveau de la<br />

ville et régional.<br />

La plupart des pôles d'intérêt sont ou seront desservis par deux lignes de<br />

métro: le M1 et le M2. Le M1 (gare de Renens - le Flon) permet de<br />

mettre en réseaux le centre ville avec les sites de l'université et de l'<strong>EPFL</strong><br />

qui génèrent pendant les périodes de cours de grands flux. Actuellement,<br />

le M2 (Ouchy - le Flon - Epalinges) relie le centre ville avec la gare,<br />

donc avec le reste du pays, et avec Ouchy qui est une partie de la ville<br />

qui attire beaucoup de touristes et d'habitants <strong>pour</strong> les promenades<br />

dominicales. Dans un avenir proche, cette ligne de métro va permettre de<br />

relier le CHUV qui a une grande influence au niveau cantonal et qui sera<br />

relié ainsi directement à la gare.<br />

Le site étudié est desservi par deux lignes de transports publics: le n°1 et<br />

n°11. Contrairement au n°11, qui est un bus de quartier, le n°1 circule à<br />

travers la ville, dessert la gare et passe à proximité de l'interface du Flon.<br />

En circulant du bord du lac (Maladière) jusqu'au site (Blécherette), ce<br />

bus permet d'avoir un grand potentiel, par ses interconnexions, <strong>pour</strong><br />

desservir la Cité des Sports et la <strong>piscine</strong> <strong>olympique</strong>.<br />

Le site est également relié à une sortie de l'autoroute A9. Cette sortie<br />

amène un flux en constante croissance qui crée des bouchons aux heures<br />

de pointes et lors des différentes manifestations au Palais de Beaulieu et<br />

au Stade Olympique. La proximité de l'autoroute facilitera l'accès à la<br />

<strong>piscine</strong>, mais une réflexion devra être faite <strong>pour</strong> gérer le flux<br />

supplémentaire et éviter les encombrements, car <strong>pour</strong> les loisirs, les gens<br />

se déplacent plus en voiture en quartiers publiques.<br />

Comme nous pouvons le voir, le site est bien desservi par l'autoroute et<br />

une ligne de bus passant par ou à proximité d'interfaces de transports<br />

publics. Cette multitude d'accès au site facilite l'arrivée des athlètes et<br />

des spectateurs lors des compétitions.<br />

Zones sportives et <strong>piscine</strong>s (schéma p.33)<br />

La ville de Lausanne fourni trois zones sportives composent:<br />

- Les terrains de football situent sur la commune de Chavannes;<br />

- La zone de loisirs tout au long du lac, de St.-Suplice à Bellerive;<br />

- Le Stade Olympique et ses terrains de football.<br />

Ce dernier site est plus consacré au sport d'élite (football, athlétisme)<br />

contrairement au deux autres qui sont plus des zones sportives<br />

consacrées au grand public <strong>pour</strong> les loisirs.<br />

Pour ce qui est des <strong>piscine</strong>s, nous pouvons voir qu'au niveau des <strong>piscine</strong>s<br />

extérieures et scolaires, leurs emplacements et nombres répondent à la<br />

demande. Mais <strong>pour</strong> ce qui est des <strong>piscine</strong>s <strong>couverte</strong>s ouvertes au public,<br />

il n'y a qu'une seule <strong>piscine</strong> à Lausanne: celle de Mon-Repos.<br />

Actuellement, elle doit répondre à elle toute seule à la demande du<br />

public et des clubs de natation, de plongeon, de synchronisation et de<br />

sauvetage. Les <strong>piscine</strong>s scolaires permettent de désengorger celle de<br />

Mon-Repos, mais la demande est beaucoup plus grande que l'offre.<br />

Mon-Repos n'est malheureusement pas aux normes <strong>pour</strong> des<br />

compétitions internationales. Les <strong>piscine</strong>s <strong>couverte</strong>s avec des bassins<br />

aux normes <strong>olympique</strong>s sont existantes à Genève et à Montreux, mais<br />

entre deux il n'existe aucune infrastructure.<br />

Lausanne étant une ville qui accueille de nombreuses fondations et<br />

associations sportives, une infrastructure sportive de ce genre répondrait<br />

à une forte demande et permettrait d'accueillir des compétitions dignes<br />

d'une ville <strong>olympique</strong>.<br />

Le site de la Blécherette, comme mentionné ci-dessus, accueille des<br />

infrastructures <strong>pour</strong> des compétitions internationales. La futur rénovation<br />

du Stade Olympique <strong>pour</strong> améliorer l'accueil des spectateurs serait le<br />

point de départ <strong>pour</strong> créer une zone sportive pouvant accueillir de<br />

nombreuses compétitions internationales.<br />

31


Le site et ses infrastructures<br />

Nature et loisirs<br />

Le site est encadré par le Bois Mermet, à l'est, et un cordon boisé, qui<br />

s'étend vers le nord, dans lesquels s'écoule la rivière du Petit Flon qui<br />

séparent les quartiers de la Blécherette et de Bellevaux ainsi que la ville<br />

de Lausanne et la commune du Mont sur Lausanne; à l'ouest par un autre<br />

cordon boisé séparant le quartier de Pierrefleur et le site, ainsi que celui<br />

des Grandes-Roches séparant le quartier des Bergières et le Stade<br />

Olympique. Les loisirs et les infrastructures sportives se développent<br />

entre cette végétation et sont agrémentés de quelques parcs de détente.<br />

L'extension de la Cité des Sports le long de cette nature permettra de<br />

toujours garder une relation à la nature.<br />

Réseaux<br />

Le réseau des transports publics dessert très bien par l'emplacement de<br />

ces arrêts de bus les différentes infrastructures existantes sur le site, tant<br />

<strong>pour</strong> le stade que <strong>pour</strong> le parking et les terrains de football.<br />

Le parking-relais, par son emplacement, divise les activités sportives et<br />

augmentent le flux aux heures de pointes sur le trajet entre le parking et<br />

l'autoroute. Ce flux ponctuel perturbe fortement les transports publics.<br />

Le déplacement du parking permettrait de réduire fortement les<br />

perturbations provoquées par le trafic et de réaliser une continuité des<br />

infrastructures sportives.<br />

Le réseaux piéton connaît également des coupures à cause de la forte<br />

présence de la voiture tout autour du site. Les parcours de promenade<br />

existants, dans la forêt du Bois Mermet, à l'est, et ceux du cordon boisé,<br />

à l'ouest, ne sont pas clairement reliés. Le cordon boisé s'étendant vers le<br />

nord est totalement isolé du réseau piéton.<br />

L'aménagement de la Cité des Sports devra permettre de réunir ces<br />

différents réseaux et de créer ceux qui manquent <strong>pour</strong> favoriser les<br />

déplacement à pied et à vélo entre les quartiers et les infrastructures<br />

sportives.<br />

34


Activités<br />

Les logements représentent la grande majorité des bâtiments existants<br />

sur le site. La présence de certains départements de l'état de Vaud dans le<br />

bâtiment des anciennes casernes, du World Trade Center de Lausanne<br />

(WTCL), des services des automobiles et de la police et la gendarmerie<br />

(à coté de l'autoroute) montrent une forte présence de l'administration.<br />

L'industrie est également présente, mais en petite proportion et en dehors<br />

du site. Les commerces existants, centre commercial Migros et Coop aux<br />

Bergières et celui de Denner au niveau du parking-relais, ne peuvent pas<br />

répondre au potentiel d'achat présent dans ces différents quartiers. Le<br />

manque de commerces doit être pallié par l'implantation de nouveaux<br />

magasins, mais répondant uniquement au besoins du quartier <strong>pour</strong> éviter<br />

de créer un flux de voitures venant de l'extérieur.<br />

L'une des caractéristiques du site est la présence de l'aérodrome. Cette<br />

infrastructure vient de connaître la rénovation de sa piste <strong>pour</strong> accueillir<br />

des avions privés <strong>pour</strong> les entreprises (Nestlé a déjà son avion) et<br />

l'aménagement futur de nouveaux hangars aura une grande influence<br />

dans l'avenir du quartier.<br />

Un autre bâtiment un peu particulier est la prison du Bois Mermet. Son<br />

retrait par rapport à la route diminue son impact, mais ces murs<br />

d'enceinte marquent fortement sa présence.<br />

La diversité des activités que l'on trouve dans cette région démontre que<br />

la mixité est déjà existante. L'implantation de nouveaux complexes<br />

sportifs, de logements et de commerces ne feront que confirmer et<br />

augmenter la mixité.<br />

COMMUNES<br />

ROMANEL SUR<br />

<strong>LA</strong>USANNE<br />

<strong>LA</strong>USANNE<br />

LE MONT SUR<br />

<strong>LA</strong>USANNE<br />

35


Topographie du site<br />

Entre le bâtiment des anciennes casernes et l'entrée de l'autoroute, le site<br />

a un dénivelé de plus de cent mètres. Les plus fortes différences de<br />

niveau se situent entre la Caserne et le Stade Olympique, et ensuite vers<br />

l'accès de l'autoroute, donc aux deux extrémités du site. Entre deux, le<br />

site est composé de quelques dépressions mais de faible dénivelé.<br />

Pour remédier à cette topographie accidentée, le site s'est constitué au<br />

cours du temps de plusieurs plateaux <strong>pour</strong> créer des plats, tant <strong>pour</strong><br />

construire les bâtiments (Caserne et Stade Olympique) que <strong>pour</strong> les<br />

terrains de sport. Cette particularité du site permet de résoudre les<br />

différences de hauteur et de créer des rapports visuels dans le site entre<br />

les différentes activités et avec le voisinage. Entre les terrains de sport, le<br />

dénivelé est repris par des talus, mais <strong>pour</strong> les bâtiments des murs de<br />

soutènements ont du être réalisés <strong>pour</strong> reprendre la grande différence de<br />

niveau.<br />

LES P<strong>LA</strong>TEAUX<br />

Sport<br />

Parc<br />

Bâtiments<br />

36


Programme<br />

Le projet propose d'augmenter les activités sportives et les<br />

infrastructures. Les espaces extérieurs existants seront réaménagés, mais<br />

dans tous les cas conservés.<br />

Les infrastructures existantes sont les suivantes:<br />

- Stade Olympique<br />

- Terrains de tennis<br />

- Terrain d'hockey sur gazon<br />

- Terrains de football<br />

- Piste d'athlétisme<br />

- Patinoire<br />

- Vélodrome<br />

- Terrain de rink-hockey<br />

Le programme complémentaire proposé sera composé de:<br />

- Salles omnisports<br />

- Piscine <strong>olympique</strong> <strong>couverte</strong><br />

- Terrains extérieurs de basket-ball et volley-ball<br />

- Logements<br />

- Commerces<br />

- Parkings (relais à déplacer et manifestations à créer)<br />

- Circulations piétons et vélos<br />

Le complexe de la <strong>piscine</strong> <strong>couverte</strong> sera composé <strong>pour</strong> sa part des<br />

installations suivantes:<br />

Trois bassins et leurs dégagements:<br />

- Bassin de 50m.x25m.x3m. <strong>pour</strong> la natation,<br />

le water-polo et la synchronisation env. 3000 m²<br />

- Bassin de 25m.x20m.x5m. <strong>pour</strong> le plongeon,<br />

avec le plongeoir (1x1m., 1x3m., 1x5m., 1x7.5m.<br />

et 1x10m.) et un petit bassin de 2m.x3.5m. env. 1800 m²<br />

- Bassin de 50m.x15m.x1.4m. <strong>pour</strong> les échauffements<br />

et l'apprentissage env. 2400 m²<br />

Les différents locaux <strong>pour</strong> le fonctionnement du complexe:<br />

- Vestiaires (public, clubs, jury, arbitres et maîtres nageurs) env. 1000 m²<br />

- La salle de gym et de musculation 200 m²<br />

- L'infirmerie et le local maître nageur 20 m²<br />

- Les salles de cour et la salle de presse 60 m²<br />

- Les locaux <strong>pour</strong> le personnel et les arbitres 60 m²<br />

- Les locaux d'entretien et les dépôts de matériel 90 m²<br />

- Les locaux <strong>pour</strong> les compétitions (musique, résultats, jury, chrono) 100 m²<br />

- Plages et solarium<br />

La zone d'accès à ces locaux est composée de:<br />

- L'administration 50 m²<br />

- Le hall d'entrée et d'accueil avec les caisses 400 m²<br />

- Le café-restaurant avec ses dépendances (dépôt et cuisine) 400 m²<br />

- Les locaux techniques env. 1000 m²<br />

- Les circulations (20-25%) env. 1000 m²<br />

- Les tribunes<br />

Total de la surface du complexe env. 11600 m²<br />

Ainsi que les espaces extérieurs:<br />

- Terrasse <strong>pour</strong> le restaurant<br />

- Parking (handicapés, personnel, presse)<br />

37


INTERPRETATIONS ET OBJECTIFS<br />

Ce chapitre permet d'introduire la phase de projet suite à l'exposition de<br />

ces premières idées qui seront approfondies par la suite dans les<br />

différentes étapes du processus de travail. Le monde de connaissances et<br />

l'analyse ont permis de montrer les solutions qui peuvent être appliquées<br />

à ce site.<br />

Les objectifs restent les mêmes qu'au départ, mais sont une première<br />

application dans le cadre du projet. Les premières esquisses de projet<br />

vont du traîtement du site jusqu'au développement du bâtiment en<br />

passant par les différentes implantations.<br />

Proposition de développement du site<br />

Le déplacement du parking est presque une nécessité <strong>pour</strong> pouvoir<br />

diminuer les flux des pendulaires et des spectateurs venant à Lausanne.<br />

Ce choix permet de libérer du terrain au sein de la Cité des Sports et<br />

ainsi de relier la zone du stade et les terrains existants. Avec ces<br />

changements, le réseau piéton doit être revu et créer, et les transports<br />

publics doivent être prolongés.<br />

La mise en place d'une trame à grande échelle <strong>pour</strong> pouvoir organiser le<br />

développement est une nécessité. Le traitement en bande, comme à La<br />

Villette, ou la mise à plat des tableaux de Mondrian peuvent être deux<br />

propositions de trame.<br />

Le traitement en bandes comme à La Villette permettrait de définir<br />

clairement l'emplacement des différents éléments du programme et créer<br />

ainsi une congestion programmatique. Mais la largeur du site n'est pas<br />

très favorable à une telle application.<br />

Le site s'adapterait mieux à la "réalisation" de trois tableaux de<br />

Mondrian. Cette application permettrait de gérer les circulations et<br />

l'emplacement des grandes infrastructures. La zone du Stade Olympique<br />

serait le premier tableau, suivi du site allant du parking actuel jusqu'au<br />

carrefour routier, et le dernier <strong>pour</strong> le site encore "vierge" à proximité de<br />

l'autoroute. Les lignes verticales et horizontales de ces tableaux<br />

deviendraient les circulations et les couleurs l'emplacement des<br />

bâtiments. La végétation sera également un élément de lien physique et<br />

visuel entre les trois parties du site.<br />

35<br />

38


Implantation<br />

Le choix d'implantation des 3 grandes infrastructures (la salle<br />

omnisports, la <strong>piscine</strong> et le parking-relais et manifestations), c'est fait<br />

selon les interactions qu'elles nécessitent et la surface nécessaire <strong>pour</strong><br />

leur réalisation.<br />

L'emplacement actuel du parking-relais est le site choisi <strong>pour</strong> les salles<br />

omnisports. Cet emplacement lui permet d'avoir une relation directe<br />

avec le Stade Olympique, les athlètes ayant besoin de salles<br />

d'échauffement avant les compétitions et à proximité du lieu de<br />

compétition. Le stade ne peut fournir qu'une très petite surface<br />

d'échauffement <strong>couverte</strong> et des rotations doivent être mises en place, ce<br />

qui entraîne des périodes d'échauffements trop courtes <strong>pour</strong> les athlètes.<br />

Les parkings verront leurs capacités augmentées et seront rapprochés de<br />

la bretelle d'autoroute <strong>pour</strong> diminuer les flux le long de la Cité des<br />

Sports. Cet éloignement implique un rapprochement des transports<br />

publics et également un réseau piéton pouvant desservir toutes les<br />

infrastructures.<br />

Le complexe de la <strong>piscine</strong> sera <strong>pour</strong> sa part implanter également à<br />

proximité de l'autoroute. Ce site stratégique donne la possibilité de<br />

réaliser un bâtiment emblématique servant de repère et en relation<br />

visuelle avec les accès de l'autoroute et le futur parking, de créer ainsi<br />

une "porte d'entrée" en ville de Lausanne. La topographie à cet endroit<br />

est favorable <strong>pour</strong> réaliser un projet en relation avec les éléments<br />

naturels existants et de travailler avec les différences de niveau du<br />

terrain.<br />

L'emplacement <strong>pour</strong> les logements et les commerces est encore à définir.<br />

Mais les logements seront plutôt consacrés au domaine du sport-étude,<br />

vu l'augmentation des infrastructures et <strong>pour</strong> compléter ceux existants à<br />

côté du Stade Olympique. La réalisation de logements <strong>pour</strong> louer <strong>pour</strong><br />

de courtes durées peut être envisagée, voir même un hôtel <strong>pour</strong> répondre<br />

à une éventuelle demande du site avec la probable augmentation de<br />

compétitions internationales dans le secteur.<br />

SALLES<br />

OMNI<strong>SPORTS</strong><br />

STADE<br />

OLYMPIQUE<br />

P+R<br />

PISCINE<br />

AUTOROUTE<br />

39


Planimétrie et volumétrie<br />

Les premières esquisses conceptuelles, tant en plan que <strong>pour</strong> les<br />

volumes, essaient de reprendre les idées exposées sur les relations au<br />

paysage.<br />

La diversité du programme et les besoins volumétriques n'étant pas les<br />

mêmes, chaque élément, comme les bassins, <strong>pour</strong>rait avoir son propre<br />

volume. L'idée de fragmentation du volume serait la base du projet, cela<br />

permettra d'éviter d'avoir une vision d'une grande structure comme tous<br />

les complexes actuels et de travailler avec différents niveaux, métaphore<br />

des différents plateaux que l'on trouve sur le site. Ce découpage du<br />

volume permet de créer des relations visuelles avec le paysage tant<br />

depuis l'intérieur que depuis l'extérieur.<br />

Ce découpage rendra possible l'accès à quelques toitures et de créer ainsi<br />

une continuité du sol naturel par l'intermédiaire des bâtiments.<br />

En plan, une épine dorsale accueille toute la circulation, les services et<br />

les techniques. Les volumes, contenant le reste du programme, viennent<br />

s'adosser ou s'intersecter à cet axe de liaison. Ce plan permet d'envisager<br />

une éventuelle extension du complexe en cas d'une demande de bains ou<br />

autres programmes en relation avec l'eau.<br />

Contrairement à la fragmentation du volume, les différents éléments du<br />

programme seront en relation directe entre eux. D'éventuelles<br />

différences de niveaux entre les bassins sont envisagées <strong>pour</strong> créer des<br />

espaces intermédiaires de détente et des rapports visuels divergent avec<br />

le paysage.<br />

Elévation conceptuelle<br />

Plan conceptuel<br />

40


BIBLIOGRAPHIE<br />

Revues<br />

L'Architecture d'Aujourd'hui (Paris):<br />

- n°238, 1985; OMA<br />

El Croquis (Madrid):<br />

- n°49/50,1991, p.168-175; Escuela hogar en Morella, Castelló, España, 1986<br />

Miralles Enric y Pinos Carmé<br />

- n°70, 1994, p.14-35; Escuela hogar en Morella, Castelló, España, 1986 - 1994<br />

Miralles Enric y Pinos Carmé<br />

- n°91, 1998, p.158-181; Velódromo y piscina en Berlin, 1992 - 1998<br />

Perrault Dominique<br />

- n°92, 1998, p.84-111; Centro Cultural y de Congreso de Lucerna, 1989 -<br />

1993/1998; Nouvel Jean<br />

- n°104, 2001, p.92-127; Velódromo y piscina en Berlin, 1992 - 1998/1999<br />

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Perrault Dominique<br />

Hochparterre (Zürich):<br />

- Supplément n°12, 1999; Le Centre Culturel Paul Klee à Berne;<br />

Renzo Piano<br />

Lotus (Milano):<br />

- n°100, 1999, p.24-27; KKL Lucerne, 1992 - 2000, Jean Nouvel<br />

- n°107, 2001, p.10-28, KKL Lucerne, 1992 - 2000, Jean Nouvel<br />

p.60-67, Piscine a Pioltello, Milano<br />

Technique et architecture (Paris):<br />

- n°397, 1991, p.30-31; Piscine de l'université de Bellaterra Barcelone<br />

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- n°5, 1991, p.52-59; Piscine <strong>couverte</strong> de Bellaterra<br />

Josep Lluis Mateo et Josep Antoni Dols<br />

- n°12, 1995, p.8-15; Internatsschule in Morella, Castelló, 1992-1994<br />

Livres<br />

Jeux Olympiques et <strong>piscine</strong>s:<br />

- Architectures d'eau;<br />

K. Klein, Ed. du May, Paris, 1992<br />

- Arquitecturas olimpicas: detalles de las constructiones deportivas para<br />

Barcelona '92;<br />

R. Vila Rodriguez, F. Bianchetti, Ed. Frames Libri, 1992<br />

- Bäderbauten/Aquatic buildings;<br />

F. Dietrich, Ed. Verlag Georg D. W. Callwey, Munich, 1970<br />

- Bauten und Plätze in München;<br />

Ein Architekturführer, Oswald Hederer, Ed. Verlag Georg D. W. Callwey,<br />

Munich, 1972<br />

- Les bains à travers les âges;<br />

P. Négrier, Ed. La Librairie de la construction moderne, Paris, 1925<br />

- Les <strong>piscine</strong>s: conception, architecture, environnement;<br />

L. Sverchine, Ed. Eyrolles, Paris, 1994<br />

- Naissance et diffusion de la natation sportive;<br />

Thierry Terret, L'Harmattan, Paris, 1994<br />

- Olympic Architecture Building for the Summer Games;<br />

B. F. Gordon, Ed. John Wiley & Sons, N.Y., 1983<br />

- Piscines; Photographies de Pere Planells;<br />

F. A. Cerver, Ed. E/P/A - Hachette Livre, 2000<br />

- Piscines, Equipements nautiques;<br />

S. Roché-Soulié, S. Roulet, Ed. du Moniteur, Paris, 1992<br />

41


Histoire de Lausanne:<br />

- Histoire de Lausanne;<br />

J. C. Biaudet, Payot, Lausanne, 1982<br />

- Lausanne 1860-1910;<br />

L. Polla, Payot, Lausanne, 1974<br />

- Lausanne, Chronologie d'une ville;<br />

A. Radeff, D. Francillon, Payot, Lausanne, 1991<br />

- Lausanne : deux siècles de devenir;<br />

Habitation n°1-2 et 4, 1978<br />

- Lausanne : passé et présent sous un même angle;<br />

L. Polla, N. Grispini, R. Hofer, Ed. Slatkine, Genève, 1984<br />

Théorie:<br />

- S, M, L, XL;<br />

OMA - R. Koolhaas and B. Mau, 010 Publishers, Rotterdam,1995<br />

- New-York délire; Un manifeste rétroactif <strong>pour</strong> Manhattan;<br />

R. Koolhaas, Ed. du Chêne, Paris, 1978<br />

- OMA - Rem Koolhaas;<br />

J. Lucan, Electa Moniteur, Paris, Milan, 1990<br />

- Mondrian;<br />

John Milner, Phaidon Press Limited, Londres, 1992<br />

42


REFERENCES IMAGES<br />

Monde de connaissances et thématique<br />

p.05: - La Villette: OMA - Rem Koolhaas;<br />

- Downtown Athletic Club: New-York délire; Un manifeste rétroactif<br />

<strong>pour</strong> Manhattan.<br />

p.06: - TGB: S, M, L, XL;<br />

- TGB: OMA - Rem Koolhaas;<br />

- Serres: source auteur;<br />

- La Villette: OMA - Rem Koolhaas.<br />

p.07: - TGB: OMA - Rem Koolhaas;<br />

- Jussieu: S, M, L, XL;<br />

- Exposition 1989: OMA - Rem Koolhaas.<br />

p.08: - La Villette: S, M, L, XL.<br />

p.09 à 15: - Tableaux de Mondrian: Mondrian.<br />

p.16 à 18: - Centre Culturel Paul Klee à Berne: Hochparterre, supplément n°12.<br />

p.19 à 20: - Pensionnat de Morella: El Croquis n°70, Werk n°12.<br />

p.21: - KKL: El Croquis n°92, Lotus n°100.<br />

p.22 à 23: - Vélodrome et <strong>piscine</strong> à Berlin: El Croquis n°91+104.<br />

p.24: - Villa One: El Croquis n°104.<br />

p.26 à 27: - Piscine de l'université de Bellaterra: Technique et architecture n°397.<br />

p.28: - Piscine à Pioltello: Lotus n°107.<br />

p.29: - Munich '72: Bauten und Plätze in München;<br />

- Barcelone '92: Arquitecturas olimpicas: detalles de las constructiones<br />

deportivas para Barcelona '92.<br />

p.30: - Piscine à Pioltello: Lotus n°107;<br />

- Piscine de l'université de Bellaterra: Technique et architecture n°397.<br />

Annexes<br />

p.44: - Architectures d'eau.<br />

p.56: - Piscines; Photographies de Pere Planells.<br />

43


ANNEXES<br />

Définitions et éthymologies p.45<br />

Symbolique de l'eau p.45<br />

Les <strong>piscine</strong>s p.46<br />

Historique de la <strong>piscine</strong> p.48<br />

Historique de la natation p.50<br />

Typologies p.51<br />

Le parcours<br />

Les différentes étapes de l'eau et leurs fonctions p.53<br />

De l'habillé au nu: voir et être vu p.54<br />

Historique des <strong>piscine</strong>s à Lausanne p.55<br />

44


Définitions et éthymologies<br />

Athlète vient de athlôn (Grec) : à la fois le combat et l'enjeu.<br />

Natation (selon le Robert des Sports)<br />

1- pratique de la nage sportive sous trois formes: athlétisme (vitesse), gymnique<br />

(plongeon) et ludique (water-polo). Les épreuves de vitesse se disputent en<br />

<strong>piscine</strong> <strong>olympique</strong> comportant 8 couloirs.<br />

2- natation artistique : concours entre équipes de 4 à 8, comportant 6 figures<br />

imposées, et les figures libres ou ballet.<br />

Nautique<br />

Sports nautiques: terme générique embrassant les grands sports de la nage et de<br />

la navigation, ainsi que les jeux sportifs qui s'y rattachent: joutes nautiques,<br />

plongeon et plongée, ski nautique, surfing, water-polo.<br />

Piscine<br />

1- Bassin artificiel aménagé <strong>pour</strong> la pratique de la natation.<br />

2- (Littré, Dict. suppl.): bassin commun <strong>pour</strong> se baigner.<br />

"C'est en se plongeant, <strong>pour</strong> se baigner, dans les viviers à poissons qu'ils<br />

appelaient <strong>piscine</strong>s, que les Romains ont fait donner aux bains construits dans<br />

des établissements publics ce même nom de <strong>piscine</strong>."<br />

"Qu'est-ce qu'une <strong>piscine</strong>? un bassin plus ou moins vaste, rempli d'eau froide ou<br />

d'eau chaude, d'eau ordinaire ou d'eau thermale, dans laquelle les baigneurs se<br />

trempent individuellement ou en groupe." Paul Négrier<br />

Plongeon<br />

Combinant gymnastique et natation, le plongeon sportif est l'action d'entrer dans<br />

l'eau, mains ou pieds en avant, après avoir exécuté dans l'air une figure.<br />

Sport vient du vieux français desport : l'ensemble des moyens grâce auxquels le<br />

temps se passe agréablement (conversation, distraction, badinage). Le mot passe<br />

en Angleterre avec les invasions Normandes.<br />

Définition par Pierre de Coubertin :<br />

"Le sport est le culte volontaire et habituel de l'effort musculaire intensif,<br />

appuyé sur le désir de progrès et pouvant aller jusqu'au risque."<br />

Symbolique de l'eau<br />

L'histoire des bâtiments liés à l'eau est directement en rapport avec les<br />

croyances mythologiques, religieuses (lavement, purification).<br />

La rapide diffusion des préceptes religieux, qui ordonnait les ablutions rituelles<br />

aux peuples, favorisa la propagation des bains. Prescrits par la religion, les<br />

bains sont devenus, <strong>pour</strong> les peuples, un rite sacré d'abord, puis, une habitude<br />

agréable. Pour les Egyptiennes, les jours de bains deviennent jours de fête très<br />

attendus, prétextes à rendez-vous et distractions. Au Japon, l'eau est un<br />

accessoire de la vie religieuse. Pour les Grecs, la pratique des bains<br />

accompagnait celle de la gymnastique et visait le culte de beauté et l'entretien<br />

de la santé. La beauté est personnifiée par les corps d'athlètes, symbolisant les<br />

valeurs morales. L'utilisation de l'eau et des bains était liée à la notion<br />

d'hygiène et de propreté du corps, contrairement aux romains, où bains ou<br />

thermes étaient liés au plaisir et au délassement. L'Eglise chrétienne sévit<br />

effectivement contre les abus et les obscénités facilités par l'usage immodéré<br />

des bains. Le nettoyage du corps ne devait pas devenir un vice sous peine d'être<br />

soupçonné d'idolâtrie, un péché mortel. Mais des établissements spéciaux<br />

étaient construits, par ailleurs, près des basiliques.<br />

Ce type de bâtiment a toujours revêtu une fonction sociale en tant que lieu de<br />

rapport au corps, lieu <strong>pour</strong> se nettoyer, lieu de rencontre et de détente, et lieu de<br />

contrôle social. Au Moyen-Age, un bain symbolique précédait la réception d'un<br />

chevalier. Les étuves, importées en Europe lors des croisades et issues de la<br />

religion (purification par l'eau), deviennent des lieux de plaisir qui<br />

dégénéreront en lieu de prostitution et de crime. Au XVII ème siècle, le bain est<br />

suspect d'être dangereux <strong>pour</strong> la santé. L'eau n'est pas perçue comme bénéfique<br />

et, par ailleurs, il s'agit une denrée rare. Il est difficile de s'en approvisionner et<br />

les installations sont chères. Mais à la fin du XVIII ème , les idées hygiénistes ont<br />

fait leur chemin et marqué un tournant dans l'évolution de la manière<br />

d'appréhender le plan d'eau. On reconnaît à l'eau des vertus fortifiantes. Elle<br />

sensibilise les sens et délasse l'esprit. Ces immersions en eau froide sont à<br />

compléter par des exercices physiques. La baignade prend alors le statut de<br />

remède à tous les maux. C'est à travers l'aspect médical que le bain rentrera<br />

dans les mœurs.<br />

Puis l'évolution se <strong>pour</strong>suivra vers la natation pratiquée comme sport de<br />

compétition avec des exigences particulières: dimensions du bassin<br />

normalisées, pontons de départ, température constante de l'eau etc.<br />

45


Les <strong>piscine</strong>s<br />

Bref historique<br />

L'architecture des <strong>piscine</strong>s, issue de celle des bains, trouve ses origines dans<br />

l'antiquité. Bien que chaque civilisation l'aient adoptée de manière différente,<br />

avec une architecture propre, les bains publics ont toujours existé.<br />

La culture grecque est intimement attachée au culte du corps. L'exercice<br />

physique, la gymnastique permettait de l'entretenir. Le bain était la conséquence<br />

d'une activité physique. On se lavait non pas <strong>pour</strong> le plaisir mais par hygiène.<br />

On trouve les premiers exemples de <strong>piscine</strong> à Delphes. Elle était directement<br />

rattachée au gymnase. L'architecture du bassin pouvait permettre des<br />

immersions partielles ou des immersions totales <strong>pour</strong> la natation.<br />

Les romains avaient une vision des bains beaucoup plus plaisante que les grecs.<br />

Le plaisir de l'eau et le délassement étaient leurs principales motivations. La<br />

réponse architecturale la plus poussée de ce phénomène étaient les thermes. Ces<br />

institutions étaient de vrais lieux de plaisir. Elles regroupaient non seulement<br />

différents types de bains (chauds, froids, tièdes) mais étaient encore agrémentés<br />

d'autres activités telles que bibliothèques, théâtres, jardins. Au concept d'espace,<br />

la réponse technique a suivit, de l'innovation du chauffage aux principes de<br />

construction. Le modèle romain, qui se reproduit à travers l'histoire, va<br />

influencer sur l'image des <strong>piscine</strong>s actuelles.<br />

A la Renaissance, la natation et les bains se font plus rares. Les bains<br />

disparaissent progressivement du paysage européen à partir du XVI ème siècle.<br />

Seul les établissements thermaux subsistent en se spécialisant dans les<br />

traitements des maladies du corps.<br />

La "deuxième naissance" du bain va avoir lieu au XVII ème et XVIII ème siècles.<br />

Par une connaissance plus approfondie du corps, le bain n'est plus une source de<br />

propagation de maladies mais devient un moyen d'assurer la santé. Ce<br />

phénomène va permettre une prise de conscience du manque d'hygiène et<br />

d'activité physique de la population. Lentement, l'hygiène corporelle se<br />

diffusera à partir de la deuxième partie du XVIII ème siècle.<br />

Les <strong>piscine</strong>s en milieu naturel<br />

L'engouement <strong>pour</strong> les bains froids en milieu naturel (rivières lacs) va donner<br />

les prémices de la natation. La baignade, d'abord sauvage, va se structurer lors<br />

de l'apparition des <strong>piscine</strong>s en eau vive. La première <strong>piscine</strong> de ce type est<br />

installée dans la Seine en 1785. De composition très simple, elle était constituée<br />

de quatre bateaux sur lesquels se trouvent les cabines et un plancher en bois. La<br />

pratique de la natation se fait en complète harmonie avec la nature.<br />

La diffusion de la natation va se faire à travers les deux grandes institutions qui<br />

prennent conscience de la nécessité de l'hygiène et de l'exercice corporel:<br />

l'armée et l'école. Dans l'éducation une distinction importante va s'opérer: le<br />

nettoyage corporel et la natation. Les tentatives d'apprentissage en pleine eau ne<br />

seront que très lentement intégrées, surtout à cause du manque d'infrastructures.<br />

L'exemple anglais est frappant par son avance sur le reste de l'Europe. La<br />

précocité des pratiques sportives en Angleterre permet à la natation de s'affirmer<br />

très tôt en tant que sport à part entière sans avoir à subir le poids de la pression<br />

hygiéniste, comme dans les autres pays. Dès 1834, la formation de clubs et<br />

associations sportives va permettre à la natation de prendre forme en de<br />

nombreuses compétitions. Les lieux <strong>pour</strong> la pratique de la natation ne sont pas<br />

déterminés au début: rivière, lac, mer, bassin et <strong>piscine</strong> sont investis de la même<br />

manière. Les compétitions vont permettre de standardisé la dimension des<br />

bassins et l'usage va conduire à privilégier les plans d'eau calme: les swimming<br />

bath.<br />

La <strong>piscine</strong> va se développer dès le XVIII ème siècle. Elle est la conséquence<br />

logique de l'essor de la natation. Dès lors, elle subira les influences<br />

urbanistiques et architecturales des époques. Les <strong>piscine</strong>s sont considérées<br />

tantôt comme des entités autonomes introverties, tantôt comme des espaces<br />

ouverts et en forte relation avec l'extérieur.<br />

46


Les <strong>piscine</strong>s sur terre ferme<br />

Les premières <strong>piscine</strong>s publiques sur terre ferme sont influencées surtout par le<br />

modèle des <strong>piscine</strong>s en eau vive. Le rapport à la nature et la conception d'un<br />

univers clos à ciel ouvert sont des points communs aux premières réalisations.<br />

Un des premiers exemples est la <strong>piscine</strong> du lycée Michelle à Vannes construite<br />

par l'architecte A. Normand en 1881. Le bassin, alimenté par une rivière<br />

artificielle, est inséré dans un parc, entouré d'une galerie <strong>couverte</strong> qui abritait les<br />

cabines en formant une enceinte. Ce modèle deviendra l'archétype des<br />

constructions à la fin du XIX ème . Par la suite, le modèle va progressivement se<br />

modifier <strong>pour</strong> s'ouvrir vers le parc.<br />

Les <strong>piscine</strong>s <strong>couverte</strong>s<br />

La pratique de la natation devenant plus généralisée, les <strong>piscine</strong>s n'ont plus été<br />

considérées comme des bains <strong>pour</strong> l'été mais conçues comme des infrastructures<br />

permettant la natation pendant toutes les périodes de l'année. La couverture des<br />

<strong>piscine</strong>s est devenue une étape nécessaire au développement de la natation. Les<br />

idées sociales et l'éducation de la population à l'hygiène vont fondamentalement<br />

changer la situation des <strong>piscine</strong>s <strong>couverte</strong>s. Elles seront incluses comme<br />

infrastructures dans les planifications urbaines. Leur position en milieu urbain<br />

va influencer leur conception.<br />

Les premiers plans types, issus des bassins en plein-air, reprennent la<br />

disposition des cabines autour du bassin central. La couverture de l'espace est<br />

conçue <strong>pour</strong> amener une grande quantité de lumière à l'intérieur. La contrainte<br />

urbaine et la typologie vont imposer une conception de l'espace sans relation<br />

visuelle avec l'environnement.<br />

La <strong>piscine</strong> de la Butte-aux-Cailles, construite en 1924, sera prise comme modèle<br />

<strong>pour</strong> beaucoup de réalisations. Construite dans un milieu urbain comme la<br />

majorité des <strong>piscine</strong>s de l'époque, l'espace du bassin est pensé comme une nef<br />

de natation, un espace basilical, éclairé zénithalement par des lanterneaux.<br />

Le changement typologique<br />

<strong>Une</strong> transformation typologique importante s'est opérée. Les problèmes<br />

d'hygiène et de confort ont poussé à la séparation de la circulation des baigneurs<br />

par l'adoption du système de cabines à roulement. La généralisation de ce<br />

système va marquer l'abandon du type issu des <strong>piscine</strong>s en plein-air, et séparer<br />

clairement la zone service et l'espace du bassin.<br />

Le retour à la nature<br />

L'hygiénisme prônait le soleil et l'air. Les <strong>piscine</strong>s <strong>couverte</strong>s, sur le modèle des<br />

écoles pavillonnaires, vont s'installer dans les espaces verts. Cette situation va<br />

permettre de développer de nouveaux rapports avec l'extérieur. L'espace n'est<br />

plus fermé sur lui-même, de grandes baies vitrées coulissantes permettent de<br />

faire entrer l'air et le soleil dans la <strong>piscine</strong>. Les baigneurs peuvent ainsi profiter<br />

de l'accès aux terrasses pendant la belle saison.<br />

47


Historique de la <strong>piscine</strong><br />

Les mœurs qui changent et un nouveau rapport de l'homme à l'eau ont fait<br />

évoluer les établissements de bain par diverses étapes successives:<br />

- L'hygiénisme (fin du siècle passé);<br />

- L'ère des nageurs (tournant du siècle);<br />

- La baignade - un plaisir (entre deux guerres);<br />

- Les bains de parc (après guerre).<br />

La civilisation grecque<br />

Les établissements des bains apparaissent au VI ème siècle av. J.C., liés à<br />

l'entraînement physique. Les bassins sont placés à l'extérieur des gymnases <strong>pour</strong><br />

les ablutions des athlètes. Avant de se rendre à l'école, les enfants vont à la<br />

palestre.<br />

Le plus ancien des établissements de bains publics est à l'Olympe, à proximité<br />

du gymnase et date du V ème siècle av. J.-C. La gymnastique est le vecteur<br />

symbolique de la civilisation hellénistique.<br />

Les bâtiments des bains publics deviennent des établissements complexes,<br />

apparaissent des vestibules, des salles de déshabillage, des latrines, des salles de<br />

services <strong>pour</strong> le combustible ou <strong>pour</strong> le personnel. Les établissements n'étaient<br />

pas complètement mixtes, seulement certaines salles étaient communes<br />

On pouvait aussi plonger dans la <strong>piscine</strong>. C'est dans le gymnase de Delphe à la<br />

fin du IV ème siècle av. J.-C. que l'on trouve un des premiers grands bassins<br />

(diamètre de 10 m et profondeur de 1,90 m). Des gradins permettaient les<br />

immersions assises.<br />

La civilisation romaine<br />

On trouvait aussi toute une série de salles de services comme le réservoir d'eau,<br />

le foyer du chauffage et la réserve de bois. Le chauffage était réalisé grâce à un<br />

système à hypoclauste, faux-plancher en pierre ponce posée sur des murets en<br />

brique. Dans certains cas, comme les étuves, le système est complété par des<br />

conduits verticaux chauffants.<br />

Au plafond, on pratiquait une ouverture circulaire qui permettait l'éclairage et<br />

l'aération et réglait la température.<br />

On se baigne <strong>pour</strong> le plaisir, <strong>pour</strong> la propreté corporelle et <strong>pour</strong> la convivialité.<br />

Comme chez les grecs, ils prévoient des espaces <strong>pour</strong> la culture physique et<br />

spirituelle mais par contre ils sont très luxueux. Il y avait alors plus d'eau par<br />

personne que de nos jours.<br />

L'habitude de se rendre aux thermes persiste encore aux premiers temps de l'ère<br />

chrétienne et pendant les invasions. En Orient, les Turcs reprennent la baignade<br />

romaine. Le bain à air chaud persiste, mais la gymnastique est remplacée par le<br />

massage.<br />

Le Moyen-Age<br />

Les établissements se spécialisent dans les cures thermales. On utilise les<br />

bâtiments de l'époque romaine en les adaptant aux nouveaux besoins. La <strong>piscine</strong><br />

est la pièce la plus fréquentée et la plus appréciée. Ces établissements thermaux,<br />

sous la direction des monastères sont réservés aux personnes malades.<br />

Avec la chevalerie, l'hygiène et la beauté deviennent des valeurs importantes.<br />

<strong>Une</strong> multitude de bains se créent parallèlement à la croissance des villes. Ces<br />

étuves sont caractéristiques de la baignade au Moyen Age. L'étuve devient un<br />

véritable institut de beauté où l'étuvier est aussi bien barbier que médecin. Après<br />

l'épidémie de peste de 1450, on suspecta les étuves de répandre le germe de la<br />

maladie et on les ferma.<br />

La Renaissance<br />

Epoque d'art et de progrès par excellence, elle est parallèlement une période de<br />

régression quand aux mœurs de la santé et de l'hygiène. Les hommes des XV ème<br />

et XVII ème siècles sont peu soucieux de propreté. A partir du XV ème siècle,<br />

commence le déclin des établissements de bains, qui perdurera jusqu'au début<br />

du XX ème siècle.<br />

Les préceptes d'hygiène se proposaient d'éviter les épidémies qui sévissent au<br />

XVI ème . Le bain devient spécifiquement médical ou festif. Le changement de<br />

linge et l'usage de cosmétiques et de parfums prévalent progressivement sur des<br />

gestes hygiéniques.<br />

"Pendant de longues années, les bains furent classés parmi les médicaments, au<br />

même titre que les élixirs, les clystères ou les saignées. Les médecins<br />

ordonnaient des bains à leurs malades et ceux-ci obéissaient aux prescriptions<br />

de la faculté et prenaient des bains avec l'émotion qu'ils pouvaient éprouver<br />

devant une opération grave." Paul Négrier<br />

La syphilis portera un nouveau coup fatal aux bains devenus dangereux. Ils sont<br />

fermés. Seules les maisons thermales restent fréquentes. Pour les médecins, il<br />

s'agit de soigner, et non plus de se laver.<br />

48


Le XVII ème et XVIII ème siècle<br />

C'est en Angleterre qu'est née l'idée de créer des bains et des lavoirs publics<br />

<strong>pour</strong> les classes pauvres. On veut ainsi propager les habitudes de propreté parmi<br />

les classes ouvrières en leur fournissant la facilité de prendre des bains, de laver<br />

et de sécher leur linge afin de leur procurer un respect vis-à-vis d'eux-mêmes.<br />

Les hygiénistes préconisent d'associer des exercices physiques à l'eau. On<br />

atteste la supériorité de la douche dont les propriétés sont augmentées par la<br />

violence du jet. On assiste à la naissance de l'hydrothérapie. Les bains thermaux<br />

et médicinaux se développent. La première <strong>piscine</strong> parisienne est installée sur la<br />

Seine en 1785. Elle était délimitée par quatre bateaux en sapin, avait un<br />

plancher de bois latté.<br />

Les traités pédagogiques issus du courant hygiéniste, promus par la Révolution<br />

Française, recherchent l'éducation des enfants par une hygiène publique et<br />

privée et des mouvements physiques. La création et l'utilisation des bains<br />

chauds et des buanderies seront les premiers signes de la prise de conscience du<br />

manque d'hygiène. On profite du chauffage de l'eau de lessive <strong>pour</strong> en tempérer<br />

un bassin. (Lausanne: Haldimand 1854-1993). On répand l'usage des bainsdouches<br />

dont le coût et le temps de lavage sont réduits par rapport aux bains.<br />

Parallèlement, on commence à chauffer les <strong>piscine</strong>s <strong>pour</strong> allier exercices<br />

physiques et propreté collective en introduisant le délassement et la relaxation.<br />

Les salles de bains commencent à apparaître aidées par le développement de<br />

l'eau courante qui s'est généralisée vers 1865.<br />

Ces idées de diffusion générale de la propreté et de l'hygiène <strong>pour</strong> les ouvriers,<br />

ont étés concrétisés par Jean-Baptiste Godin (1817-1888) dans le familistère de<br />

Guise.<br />

Le XIX ème siècle<br />

La baignade devient populaire. Les baigneurs abandonnent leurs vêtements sur<br />

la rive et se baignent nus dans le lac. Les passants sont choqués et les voleurs<br />

sévissent sur la plage en toute liberté. Il devient alors urgent de considérer des<br />

lieux clos <strong>pour</strong> cet usage.<br />

La natation obtient un statut privilégié. "C'est le plus complet des exercices car<br />

à la fois hygiénique, esthétique et utilitaire: Hygiénique parce qu'elle active<br />

toutes les grandes fonctions de l'organisme, nettoie la peau et l'endurcit au froid;<br />

esthétique parce qu'elle développe la musculation entière; utilitaire parce qu'elle<br />

permet l'épanouissement de qualités viriles: l'adresse, le sang-froid, le courage,<br />

la confiance en soi, l'esprit de décision."<br />

En 1876, la première <strong>piscine</strong> publique est construite au lycée Michelet de<br />

Vanves, transcription des <strong>piscine</strong>s des rivières. On y retrouvait un univers clos à<br />

ciel ouvert. On peut alors constater une démocratisation rapide de ce "nouveau<br />

sport". Autrefois on allait au bain exclusivement <strong>pour</strong> se laver, maintenant on s'y<br />

rend également <strong>pour</strong> se remettre en forme.<br />

XX ème siècle<br />

"Nous prenons nos bains dans un étroit cabinet sans luxe, sans décors, à l'un<br />

des coins duquel est placée une étroite baignoire, où l'eau n'exhale d'autre<br />

odeur que celle des tuyaux. A la sortie du bain, point de lit de repos, point de<br />

massage, point de frictions, point d'essences, une brusque transition du froid au<br />

chaud, tel est le bain moderne." Paul Négrier<br />

La natation va faire apparaître les <strong>piscine</strong>s <strong>couverte</strong>s dès le début du siècle.<br />

Elles se composaient souvent d'un grand volume central et des coursives qui<br />

distribuent les cabines sur plusieurs niveaux, à l'image d'une salle d'un théâtre<br />

classique. La <strong>piscine</strong> demeure le centre d'intérêt et d'animation du bâtiment.<br />

(<strong>piscine</strong> des Amiraux à Paris par Henri Sauvage l920).<br />

On trouve des exemples multiples de l'utilisation du béton armé dans la<br />

construction des <strong>piscine</strong>s modernes, souvent associée au métal <strong>pour</strong> les toitures<br />

ou les verrières amenant une lumière zénithale. Par la suite, l'alternative au<br />

béton armé a résidé dans l'emploi des structures métalliques et bois avec de<br />

nouvelles expressions architecturales.<br />

Face à la pollution des eaux des lacs et des rivières, l'homme s'est tourné vers<br />

les bains artificiels. L'urbanisation, qui a rendu la vie mal saine dans les villes,<br />

conduit leurs habitants à apprécier la campagne et la nature. L'augmentation du<br />

temps libre et des moyens financiers dans les pays industrialisés, a permis le<br />

développement des structures liées aux loisirs et au tourisme. Le bain prend<br />

aujourd'hui diverses formes, du délassement à la pratique sportive. Les parcs<br />

aquatiques, conçus dans un but commercial, <strong>pour</strong> le divertissement et le plaisir<br />

de l'eau reconstituent un environnement "naturel" dans une bulle de verre. Le<br />

côté ludique des activités de délassement devient un exutoire au stress<br />

quotidien.<br />

49


Historique de la natation<br />

"Quand je dis "un bain", je ne parle pas de cette immersion à huis-clos que les<br />

plus favorisés pratiquent dans leur appartement, les autres dans quelques trop<br />

rares maisons réservées à cet usage; je fais allusion à ce que les initiés<br />

appellent "une pleine eau" dans un bassin suffisamment étendu <strong>pour</strong> qu'on<br />

puisse se livrer sans contrainte au sport charmant et salutaire de la natation."<br />

Paul Négrier<br />

Dans l'ancienne Egypte, déjà, des bas-reliefs de la vallée du Nil représentent des<br />

hommes pratiquant la natation. En Grèce, les bains froids et la natation faisaient<br />

partie de la première éducation de la jeunesse.<br />

Au VIII ème siècle avant J.-C., les Jeux Olympiques sont rétablit par le roi afin de<br />

sauver son peuple de la peste. Cela durera environ 10 siècles.<br />

Au Moyen-Age, en Europe, la baignade se développe sous Charlemagne. Au<br />

temps de la chevalerie de grandes joutes sportives dont la natation sont<br />

organisées.<br />

A la fin du XVIII ème siècle: début de la natation de compétition moderne:<br />

1837 1ère compétition de natation à Londres.<br />

1864 officialisation, en France, à l'école et à l'armée.<br />

1876 construction de la première <strong>piscine</strong> publique.<br />

1883 Société Française de Natation.<br />

1884 premier gymnase nautique crée à Paris.<br />

1890 existence de quatre <strong>piscine</strong>s à Paris.<br />

1892 enseignement donné dans les écoles primaires.<br />

1896 inscrite aux premiers Jeux Olympiques à Athènes.<br />

Les épreuves étaient alors disputées en mer.<br />

1904 inscription des plongeons au programme <strong>olympique</strong>.<br />

1912 la natation féminine devient un sport <strong>olympique</strong>.<br />

1920 des compétitions internationales se déroulent de manière régulière.<br />

1973 premiers Championnats du monde (tous les 4 ans).<br />

1981 premiers Championnats d'Europe (tous les 2 ans).<br />

Les compétitions actuelles se subdivisent en épreuves de vitesse, de natation<br />

synchronisée, de plongeon et le water-polo.<br />

En 1962, il y avait une <strong>piscine</strong> <strong>pour</strong> 80'000 habitants, et en 1970, une <strong>pour</strong><br />

30'000. (Héraud, Les Sports au Féminin, 1972)<br />

"La religion de l'athlétisme est née; elle aura bientôt ses cérémonies<br />

périodiques et ses temples <strong>pour</strong> le culte quotidien (...) rassemblant adolescents,<br />

adultes, vieillards autour de cette préoccupation d'exalter la vie humaine."<br />

Le sport prend valeur d'éthique, de philosophie de l'homme. Avec ses rites et ses<br />

idoles, il se mue en "religion" de la culture contemporaine. La télévision tient<br />

une place importante dans cette évolution. Etre non sportif de nos jours semble<br />

reconnu comme une tare bien lourde à porter... "Les Grecs s'entraînaient <strong>pour</strong><br />

s'adapter à leur civilisation; nous nous entraînons <strong>pour</strong> résister à la nôtre."<br />

(Jean Prévost - Plaisir des sports)<br />

50


Typologies<br />

Les techniques ont évolués parallèlement par rapport à l'intérêt des sociétés <strong>pour</strong><br />

les bains. Les progrès les plus marquants sont le développement des systèmes<br />

de chauffage et d'approvisionnement d'eau. Les nouveaux matériaux et les<br />

techniques de construction ont fait évoluer l'architecture des bains.<br />

La civilisation Romaine<br />

Comparaison par Sénèque (vers l'an 0) entre les bains de son époque et les<br />

anciens bains de Scipion (vers 200 avant J.C):<br />

"Dans le bain de Scipion, on trouve de petites fentes plutôt que des fenêtres,<br />

pratiquées dans un mur de pierre (...) Aujourd'hui on se croirait dans un cachot,<br />

si la salle de bain n'était pas assez ouverte <strong>pour</strong> recevoir, par d'immenses<br />

fenêtres, le soleil pendant toute la journée, si l'on ne se hâlait pas en même<br />

temps que l'on se baigne, si de la cuve on n'apercevait les campagnes et la mer."<br />

Le bain romain est un bain à air chaud où l'on suit un cheminement très précis:<br />

une première étape est l'apodyirium où on se dévêtit, lui succède le tepidarium,<br />

salle munie d'étuves tempérées, humides ou sèches, puis on passe dans le<br />

caldarium, salle des bains chauds où l'on a plusieurs cuves de grandeur variable<br />

et même un bassin de natation, qui est suivi de la cella frigidaria, salle des bains<br />

froids, plus petite et plus claire <strong>pour</strong> finir au destrictarium ou onctarium, ou l'on<br />

se fait masser et oindre.<br />

Au début, hommes et femmes se baignent séparément (bains ou horaires<br />

différents) mais dans les derniers temps de l'Empire la baignade mixte est<br />

acceptée. Ils finissent par rester ouverts jour et nuit. Dégénérescence des mœurs<br />

aux bains.<br />

Les bains représentaient le parcours de base auquel on pouvait ajouter une<br />

quantité d'autres éléments, comme les jeux de balle, les masseurs, des<br />

mosaïques, des jets d'eau, des grandes <strong>piscine</strong>s extérieures, des promenades et<br />

des portiques, des bibliothèques, des théâtres et des jardins.<br />

La construction des thermes a permis, dans l'architecture romaine, de<br />

développer la grande portée. Ils abandonnent les charpentes en bois qui<br />

représentaient un trop grand risque d'incendie, <strong>pour</strong> couvrir les espaces avec des<br />

voûtes.<br />

Les voûtes d'arêtes juxtaposées permettent de couvrir les frigidariums et les<br />

salles des pas perdus. Les coupoles permettaient de couvrir les étuves qui<br />

étaient en plan polygonal ou circulaire.<br />

La préoccupation essentielle de la construction était de limiter les échanges<br />

thermiques avec l'extérieur. Cela était réalisé à l'aide de gros murs et un petit<br />

nombre d'ouverture.<br />

L'introduction du système de chauffage par hypoclaustes (faux-planchers en<br />

pierre ponce posés sur des murets en briques), va permettre aux bains publics de<br />

prendre leur essor.<br />

L'évacuation des fumées se fait dans le mur intérieur muni de briques spéciales<br />

qui profite ainsi de retransmettre la chaleur à l'espace des bassins.<br />

Le Moyen-Age<br />

Les étuves étaient des établissements de douches ressemblantes aux thermes de<br />

l'ancienne Rome et aux bains de vapeur dont on faisait un grand usage en<br />

Russie et en Orient.<br />

Au rez-de-chaussée se trouvaient, d'un côté, les cuves <strong>pour</strong> les personnes de<br />

condition et les malades, de l'autre, la <strong>piscine</strong> <strong>pour</strong> le peuple ainsi que les étuves<br />

proprement dites avec leurs gradins de bois, leur voûte percée sur l'extérieur<br />

<strong>pour</strong> laisser échapper la vapeur. A l'étage se trouvaient les chambres <strong>pour</strong> le<br />

repos.<br />

XIXème siècle<br />

1. Bateau de bain.<br />

2 . Maison flottante avec séparation des sexes.<br />

3. Maison de bain avec séparation des sexes.<br />

4 . Bain de famille, espace de loisir limité.<br />

5. Bain de famille avec grand espace bains de parc.<br />

XXème siècle<br />

Les premières constructions en ciment apparaissent. On introduit les cabines<br />

louables qui deviennent des éléments structurants de la <strong>piscine</strong>. L'univers des<br />

baigneurs est séparé du monde extérieur par une cloison en bois assez haute ou<br />

par les cabines. On ajoute à l'installation de bain une buvette, une infirmerie et<br />

éventuellement des locaux <strong>pour</strong> les clubs.<br />

51


Les accidents dans les rivières devenant de plus en plus nombreux, on<br />

commence à construire des bassins artificiels alimentés par l'eau de la rivière,<br />

mais détachés de celle-ci. Puis le développement de ce genre de bain va<br />

s'étendre et sera caractérisé par sa symétrie et son architecture close.<br />

Dans les années 30, les sports se normalisent. La natation exige un<br />

dimensionnement strict des bassins dont chaque extrémité doit être munie de<br />

plots de départ et le fond est marqué par des lignes de direction.<br />

Le territoire du bain continue à être clairement séparé du territoire urbain, le nu<br />

ne sied pas à la ville. Le bâtiment des bains tourne le dos à la ville et s'oriente<br />

sur la plage et le plan d'eau naturel ou artificiel. Les bains construits dans les<br />

années trente sont souvent en béton armé où le plongeoir devient souvent "le"<br />

signe de la <strong>piscine</strong>.<br />

Création de la plage artificielle.<br />

La surpopulation saisonnière et sauvage des sites balnéaires induit leur pollution<br />

et dégradation cautionnant ainsi la construction de "paradis artificiels": pseudolagons;<br />

pseudo-cascades; pseudo-plages et pseudo-palmiers...<br />

Aux débuts des loisirs aquatiques, on couvrait les corps et fermait les bâtiments<br />

afin de protéger les baigneurs des regards. Au cours du siècle, nous avons<br />

assisté au dénudement des corps et a une exposition des <strong>piscine</strong>s <strong>couverte</strong>s par<br />

de grandes baies vitrées. Aujourd'hui, la crainte du soleil laisse présager de<br />

nouvelles attitudes. Parallèlement, une prise de conscience des problèmes<br />

énergétiques tend à limiter les déperditions à travers les vitrages.<br />

Dans un cadre de vie urbaine, rythmée par le stress quotidien, où le sport est<br />

devenu un des exutoires, il est peut-être intéressant d'offrir un espace où les<br />

rapports à l'extérieur sont ponctuels et diversifiés.<br />

52


Le parcours<br />

Les différentes étapes de l'eau et leurs fonctions<br />

On distingue quatre fonctions de la baignade:<br />

- le nettoyage du corps,<br />

- le bain thermal / cures médicales,<br />

- le sport / l'exercice physique,<br />

- le rafraîchissement / plaisir.<br />

La civilisation grecque<br />

Les bâtiments étaient conçus de manière à protéger les pièces principales de<br />

toute vue extérieure. Ce principe se retrouve aussi dans les thermes romains où<br />

le bâtiment était entouré de jardins, de promenades et de locaux annexes. On<br />

accède aux bains par un espace intermédiaire qui permet l'accès à la salle<br />

d'attente et de déshabillage. La température de cette salle est adoucie par des<br />

conduits chauffants verticaux. Puis on passe dans une salle d'attente qui sert de<br />

distribution aux baignoires, aux étuves ou à la <strong>piscine</strong>.<br />

Le plan des bains chez les romains était ordonné et symétrique, alors que la<br />

typologie grecque, se référant au parcours, nous donne une composition<br />

pittoresque, moins géométrique.<br />

L'Empire romain<br />

Après le vestiaire, on s'asseyait sur les bancs de la salle tiède, appelée<br />

tépidarium, où la température était de 25 à 30 degrés et l'hygrométrie de 20 à<br />

40%. Puis, il passait dans le laconium où régnait une chaleur sèche ou dans le<br />

sudatorium où la chaleur était humide, <strong>pour</strong> se rendre dans le caldarium. Le<br />

laconium et le sudatotium n'étaient pas toujours présents. Le caldarium était une<br />

grande salle rectangulaire avec une température de 55 degrés et une hygrométrie<br />

de 80%. Dans cette salle ou trouve une grande baignoire où l'eau avait une<br />

température de 40 degrés. On ne s'y baignait pas, mais on pouvait y faire des<br />

aspersions ou s'asseoir sur une de ses marches. Dans cette même pièce se<br />

trouvait le lambrun, une abside où coulait de l'eau froide, et autour de laquelle<br />

on pouvait se rafraîchir. On passait ensuite dans le frigidérium <strong>pour</strong> plonger<br />

dans l'eau froide et nager dans la <strong>piscine</strong>.<br />

A notre époque, la pollution agit comme génératrice d'espaces artificialisés.<br />

Dans les <strong>piscine</strong>s tout est sous contrôle : eau à la température toujours égale,<br />

eau transparente et exempte de tout risque.<br />

De même, le développement simultané de la navigation de plaisance et de<br />

divers sports nautiques, entre autres l'aquaplane vers 1929-1930, puis le "waterski"<br />

vers 1935, soulève-t-il la question du partage de l'espace-loisir entre<br />

baigneurs et usagers des lacs et des mers. Les <strong>piscine</strong>s sont donc perçues<br />

comme des endroits aseptisés, de sécurité maximale <strong>pour</strong> la baignade.<br />

Cette préoccupation de pureté a entraîné une réglementation sévère qui définit<br />

de nouveaux rituels dans le rapport à l'eau. Il est exclu de souiller le bassin<br />

commun où l'on ira se baigner avec les autres. Avant d'y parvenir, il est donc<br />

obligatoire de se doucher. Pour plus de sécurité, on ne peut entrer dans la zone<br />

"plage" où tous les pieds sont nus sans traverser auparavant un pédiluve, afin<br />

de garantir la zone "pieds propres" contre d'éventuelles contaminations. Le<br />

bassin lui-même, par contre a définitivement perdu sa fonction hygiénique, et il<br />

est même interdit de s'y laver. Après avoir nagé dans l'eau minutieusement<br />

traitée et contrôlée de la <strong>piscine</strong>, il faudra se laver des produits chimiques qui la<br />

maintiennent désinfectée: se laver des produits qui lavent l'eau.<br />

53


De l'habillé au nu: voir et être vu<br />

L'Empire romain<br />

Les romains se baignaient dans les bains et les thermes nus. Mais la nudité<br />

n'était pas estimée agréable, comme chez les Grecs, où la beauté des corps des<br />

athlètes était offerte aux regards de tous. Le but de se rendre aux bains était de<br />

prendre du plaisir, le plaisir de l'eau. Lentement, dès le IV ème siècle, la suspicion<br />

envers le plaisir se développe et on se méfie de ses effets pernicieux. Le<br />

christianisme va instaurer une négativité de la chair.<br />

Le Moyen-Age<br />

Le haut Moyen Age est caractérisé par l'emprise de l'Eglise après le déclin de<br />

l'empire romain. Elle préconise le mépris du corps. Bientôt toute idée de nudité<br />

est refusée et les bains perdent de leur splendeur. On en arriva à considérer le<br />

refus de l'hygiène comme un signe d'élévation morale. Cependant, le bain n'est<br />

de loin pas interdit, mais on recommande de ne pas abuser des plaisirs qui y<br />

sont liés.<br />

Le XVII ème et XVIII ème siècle<br />

Qu'il s'agisse de bains de baignoire ou de bains de thermes, les mœurs veulent<br />

que l'on se baigne habillé. Par contre, on trouve des bains mixtes comme ceux<br />

de Bath, où l'on se trempe dans l'eau, vêtu de robes de toile brune.<br />

Lors de baignades sur les rives on se protége du regard d'autrui à l'aide de<br />

chemises ou grâce à des toiles sur des bateaux. C'est en 1680 qu'apparaît un<br />

bateau spécialement conçu <strong>pour</strong> se baigner en rivière, et où se trouvent des<br />

cabines de déshabillage.<br />

XIX ème siècle<br />

Les bains clos créés au XIX ème siècle sont totalement fermés, hermétiques aux<br />

vues extérieures, à l'abri des regards indiscrets. Le principe fondamental qui<br />

organise les bains est la séparation stricte des hommes et des femmes. Cet<br />

impératif de pudeur conduit également à couvrir les corps de vêtements<br />

spécifiques. Ainsi se développe la tenue de bain dont l'évolution suivra<br />

rigoureusement les valeurs associées au corps et au regard de l'autre.<br />

XX ème siècle<br />

La médecine se met à préconiser l'exposition à l'air et au soleil. Cette nouvelle<br />

idéologie cautionne la dénudation du corps et contribue au raccourcissement du<br />

maillot de bain. Le rôle du sport influence également la mode de la baignade: la<br />

natation exige un tenue qui offre plus de souplesse et de décontraction. Bientôt<br />

apparaissent sur les plages les maillots en tricot fin permettant le hâle autant<br />

que la natation, largement échancrés dans le dos; puis en 1935 les premier deux<br />

pièces "tricot", prélude à l'apparition du bikini en 1946. Quête incessante du<br />

maillot qui laissera, sur le corps bronzé, le moins de traces blanches possibles.<br />

Le code moral impliquera non seulement un ordonnancement des<br />

comportements, mais également une nouvelle géographie de la plage.<br />

La séparation des sexes devient un des principes organisateurs fondamentaux<br />

de l'espace du bain. Ce seront autant de cloisons abstraites entre les groupes,<br />

qui se fondent sur le regard de l'autre, sur le jeu subtil du "voir et être vu". La<br />

plage moderne devient le haut lieu du théâtre social et par conséquent de<br />

l'apprentissage de nouveaux comportements.<br />

Alors qu'au départ on allait à la plage <strong>pour</strong> la baignade uniquement, elle est<br />

devenue à notre époque un accessoire très secondaire des rives ou <strong>piscine</strong>s.<br />

L'eau est alibi <strong>pour</strong> la jouissance du soleil, de la nudité.<br />

Dans les <strong>piscine</strong>s <strong>couverte</strong>s, la baignade reste l'attraction première. Les espaces<br />

qui ne sont pas directement liés à la natation servent en général à d'autres<br />

sports. Elles fonctionnent normalement en des saisons où la socialisation se<br />

pratique en d'autres lieux. Elles ont ceci de particulier qu'on passe souvent<br />

assez brutalement des lourds habits d'hiver à un simple maillot de bain. Ce<br />

contraste est accentué lorsqu'on a un rapport visuel à l'extérieur. Et le regard<br />

des autres est d'autant plus gênant si l'on se retrouve dans un rapport inégal<br />

entre "habillé" et "nu". Aux débuts des loisirs aquatiques, on couvrait les corps<br />

et fermait les bâtiments afin de protéger les baigneurs des regards. Au cours du<br />

siècle, nous avons assisté au dénudement des corps et a une exposition des<br />

<strong>piscine</strong>s <strong>couverte</strong>s par de grandes baies vitrées. Aujourd'hui, la crainte du soleil<br />

laisse présager de nouvelles attitudes. Parallèlement, une prise de conscience<br />

des problèmes énergétiques tend à limiter les déperditions à travers les vitrages.<br />

54


Historique des <strong>piscine</strong>s à Lausanne<br />

Le XIX ème siècle prend une conscience aiguë des exigences de l'hygiène<br />

publique et privée. <strong>Une</strong> épidémie de fièvre typhoïde, en 1891, amène enfin la<br />

création de la Commission de salubrité des constructions et va prendre des<br />

mesures en cas d'épidémies. Les zones anciennes, désertées par les plus riches<br />

<strong>pour</strong> les quartiers nouveaux, aérés et ensoleillés, perpétuaient la tradition<br />

d'indifférentisme, aggravée par le vieillissement des immeubles et<br />

l'augmentation du taux d'habitation.<br />

Après ce premier effort, la Commune s'engagea dans l'aide au logement en<br />

1899.<br />

"Eau, force, lumière", ce slogan électoral résume l'une des exigences nouvelles<br />

de la société du XIX ème apparues déjà à propos du logement: la qualité de la vie<br />

doit profiter des progrès scientifiques.<br />

Depuis le XVIII ème siècle, on pratiquait des bains de source comme ceux du<br />

Vallon, de la Solitude ou de Chailly.<br />

Il y eut des étuves à Lausanne du XIV ème au XVII ème siècles, dans des quartiers<br />

mal famés. Ensuite il n'y eut plus de bains publics jusqu'à la création, en 1853,<br />

de la première buanderie Haldimand, dont la nécessité se faisait apparemment<br />

sentir (211 salles de bains recensées dans toute la ville en 1894). Créé en 1893,<br />

grâce à la générosité de William Haldimand, cet établissement offrait un lavoir<br />

comprenant 68 places de laveuses, 24 chambres de bains, des douches simples,<br />

une étuve de désinfection et la <strong>piscine</strong> (15m. par 9m.) dont l'eau était chauffée à<br />

27°C. Le bâtiment demeura en exploitation jusqu'en 1971 et fut rasé en 1975.<br />

Dès le milieu du XIX ème siècle, deux types de bains:<br />

- des bains de propreté <strong>pour</strong> population laborieuse (au centre-ville),<br />

- des bains du lac <strong>pour</strong> une clientèle oisive, étrangère surtout.<br />

Dès 1914, on recommande la baignade et la cure de soleil. Les rives de Vidy<br />

sont envahies, elles deviennent un lieu de baignade "sauvage", de liberté et de<br />

mélange des sexes. Depuis 1888 existait, du côté de Cour, un établissement de<br />

bains agrandi et partiellement reconstruit en 1925.<br />

Ces "bains payants" étaient constitués d'une longue cloison qui s'avançait dans<br />

l'eau <strong>pour</strong> séparer la plage des femmes de celle des hommes.<br />

Bellerive-Plage (1937)<br />

Lausanne n'échappe pas à la crise de 1929 et le chômage est important. Mais<br />

elle doit néanmoins répondre aux exigences qui découlent de son prestige<br />

touristique. Elle ne répond plus au nouvel attrait que représentent les bains, les<br />

cures de soleil et le sport.<br />

C'est sous ce prétexte, que la ville de Lausanne se propose de construire de<br />

nouveaux bains ainsi que de réaménager les rives du lac.<br />

A cette époque, la ville est représentée par les socialistes. Ils soutiennent la<br />

création d'une plage populaire munie de toutes les installations sportives et<br />

hygiéniques nécessaires. La proposition de mettre à contribution les chômeurs<br />

sur le chantier, vaincra les dernières réticences.<br />

Concept général de M. Piccard:<br />

1. Entrée du côté de la ville, à l'extrémité est du terrain.<br />

2. Hall d'entrée, restaurant et services généraux centralisés (rotonde)<br />

3. Bâtiment des cabines s'étendant parallèlement à la rive, sur une longueur de<br />

plus de 200m et réparti en hauteur: au rez-de-chaussée, les messieurs; au 1er<br />

étage, les dames; au-dessus, le solarium.<br />

4. Aucun bâtiment ne ferme la composition à l'est. Ainsi l'esplanade qui précède<br />

la plage et la domine de quelques mètres jouit, à l'ouest, d'une vue large et<br />

attrayante.<br />

5. Sports et jeux à l'extrémité ouest du terrain.<br />

Les installations sportives se composent d'un terrain de jeux, des engins, un<br />

plongeoir de 3m, 5m et 10m et un bassin <strong>olympique</strong>. Le bassin est isolé du lac<br />

par un double mur de palplanches ancré dans la marne et fortement entretoisé<br />

par des cloisons verticales.<br />

L'ensemble du bâtiment s'est construit sur du remblai effectué avec les ordures<br />

puis re<strong>couverte</strong>s de terre ou de sable.<br />

En 1958 on prévoit déjà le futur remblayage de toute la zone balnéaire<br />

lausannoise <strong>pour</strong> la future exposition nationale. Bellerive <strong>pour</strong>ra bénéficier des<br />

terrains gagnés sur le lac: il est prévu que sa surface soit multipliée par quatre.<br />

Le projet définitif sera présenté en décembre 1961. Bellerive perdra tous les<br />

éléments qui faisaient son caractère.<br />

A la fin des années 80 le problème de réfection de Bellerive-Plage se pose à<br />

nouveau. Le mandat sera attribué au bureau d'architectes Inès Lamunière et<br />

Patrick Devanthéry (à Genève).<br />

55


La <strong>piscine</strong> <strong>couverte</strong> de Mon Repos (1972)<br />

C'est en remplacement de la buanderie du Vallon qu'en 1964, on décide de<br />

construire une nouvelle <strong>piscine</strong> <strong>couverte</strong>. D'abord prévue la rue St. Martin, on<br />

arrête le choix du site au parc de Mon-Repos. Le 10 janvier 1972, c'est<br />

l'ouverture au public de la nouvelle <strong>piscine</strong> <strong>couverte</strong> Mon-Repos, réalisée par<br />

les architectes Longchamp, Margot et Schlup.<br />

Insérée dans un parc à forte pente, elle se combine avec la construction d'un<br />

parking couvert répondant aux besoins de la ville. L'emplacement se situe au<br />

cœur de la ville active, à proximité des logements et des écoles. Adossée au<br />

nord, la <strong>piscine</strong> ne dévoile à la ville que la hauteur d'un étage dissimulé par la<br />

végétation. Au sud et à l'ouest, l'implantation en retrait la rend imperceptible au<br />

regard du passant.<br />

La présence de l'immense halle (50x50x12) ne se fait pas sentir.<br />

La halle des <strong>piscine</strong>s, vitrée sur plus de la moitié du <strong>pour</strong>tour, contient trois<br />

bassins de tailles et de fonctions différentes:<br />

- un bassin <strong>pour</strong> les nageurs, de 25m x 16m, profondeur d'eau 1,80m, 6 couloirs.<br />

- un bassin <strong>pour</strong> les débutants, de 20m x10m, profondeur d'eau de 0,80m-1,30m.<br />

- une fosse de plongeons de 10,50m x 12m, profondeur d'eau 3,90m, équipé<br />

d'un tremplin de 3m et 2 plongeoirs de 1m.<br />

Depuis le grand hall, l'odeur du chlore ainsi que la lumière du jour attire notre<br />

regard sur les bassins situés au niveau inférieur. Puis on franchit la barrière<br />

climatique qui nous mène aux espaces chauds et humides. Les exigences des<br />

utilisateurs en matière de confort s'expriment à divers niveaux (acoustique,<br />

hygiénique...). La simplicité architecturale bénéfique au nettoyage, accentue la<br />

résonance.<br />

A ce jour, Mon-Repos demeure la seule <strong>piscine</strong> <strong>couverte</strong> réellement publique de<br />

la région lausannoise (les autres appartenant à la direction des écoles et étant<br />

exploitées par les clubs sportifs le soir). Elle ne parvient plus à répondre aux<br />

demandes.<br />

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