N°20- Beltane 2013 - Assemblée Druidique du Chêne et du Sanglier
N°20- Beltane 2013 - Assemblée Druidique du Chêne et du Sanglier
N°20- Beltane 2013 - Assemblée Druidique du Chêne et du Sanglier
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Beltaine ! Une nouvelle saison de lumière commence. Belenos nous adresse<br />
habituellement lumière <strong>et</strong> chaleur. Mais c<strong>et</strong>te année, il tarde ! Les préoccupations<br />
anciennes, païennes, de nos ancêtres, se situaient dans ce besoin inné de lumière <strong>et</strong><br />
de chaleur. Besoins indispensables pour les semailles, pour les récoltes, pour les fruits<br />
de toutes sortes. En nos temps de cultures hydroponiques (sans terre <strong>et</strong> sous lumière<br />
artificielle) on pourrait penser que le soleil, sa lumière, sa chaleur n’est plus indispensable<br />
à la vie agricole, mais aussi à nos vies modernes dont une bonne partie<br />
se déroule en sous-sol ou dans des bureaux. Pourtant, quelques mois de grisaille <strong>et</strong><br />
chacun, autour de nous, de réclamer le soleil, la chaleur. Presque à le prier de venir !<br />
Comme un besoin urgent, vital ! Que les saisons se dérèglent, <strong>et</strong> resurgit rapidement<br />
ce questionnement sur le cycle des saisons, le r<strong>et</strong>ard d’ensoleillement, la présence de<br />
l’eau, les inondations, la fureur des tornades, les tremblements de terre, les incendies<br />
de forêts… Tous les éléments se rappellent à nous : feu, eau, air, terre. Comme pour<br />
nous rappeler leur présence, <strong>et</strong> les liens évidents qu’ils tissent avec nos vies.<br />
Bélénos nous régalera bientôt de sa lumière, c’est certain. Mais que ferons-nous de<br />
c<strong>et</strong>te lumière en nos esprits, en nos âmes, de c<strong>et</strong>te chaleur en nos corps, en nos cœurs.<br />
Beltaine est aussi l’annonce de ce questionnement indivi<strong>du</strong>el, collectif sur le partage<br />
de c<strong>et</strong>te lumière. Partage de connaissance, initiation, partage d’énergie, d’envies, partage<br />
de chaleur, pour guérir, pour s’élancer vers d’autres proj<strong>et</strong>s, pour faire des choix.<br />
La saison claire commence. Merveilleux désir de vivre pleinement nos existences,<br />
dans la chaleur de Bélénos.<br />
Deruos - Sequana<br />
Le Druidisme au quotidien<br />
page 2 : Être druide ? - Eber<br />
page 5 : Un chemin vert - Witto<br />
page 7 : Vivre le druidisme - Kermailune<br />
page 9 : A la forge de Gobanos - Astur<br />
page 13 : Ma rencontre avec le druidisme - Caillin Blaa<br />
page 15 : Vivre son pagus <strong>et</strong> vibrer - Llyriann<br />
page 17 : Pour un druidisme vivant - Yavanna<br />
page 18 : L’Apporté, la porter, la portée - Fergus<br />
Beltaine<br />
page 20 : Le mât de lumière de Beltaine - Llyriann<br />
page 22 : Beltaine - Picwic<br />
page 23 : Beltaine en Charente limousine - BranDu<br />
Contributions diverses<br />
page 25 : Lune - Kermailune<br />
page 26 : Saumon de l’Ouest - War an Hent<br />
page 27 : Dessin - Jillian<br />
page 28 : L’Enchanteresse - Satinka<br />
Coups de cœur - p. 29<br />
Le druidisme au quotidien
Eber<br />
Être druide ?<br />
Parler de son expérience, c’est toujours<br />
parler de soi, d’évènements<br />
fortuits ou <strong>du</strong> moins que nous pouvons<br />
interpréter comme tels, jusqu’à<br />
ce que nous les m<strong>et</strong>tions en perspective avec<br />
ce qui fait sens.<br />
Évoquer son expérience, c’est aussi se m<strong>et</strong>tre en<br />
scène avec plus ou moins d’impudeur, plus ou<br />
moins de lucidité, plus ou moins d’intérêt pédagogique.<br />
Le « Je » est un personnage complexe.<br />
L’exercice est donc difficile, <strong>et</strong> je l’aborderai en<br />
utilisant à la fois les éléments d’un parcours personnel,<br />
mais aussi les éléments que la position<br />
de Druide perm<strong>et</strong> de recevoir de ceux qui se<br />
présentent au seuil de nos clairières.<br />
Il est d’usage de dire qu’il n’y a pas « UN » druidisme,<br />
mais « DES » druidismes, aussi variés que<br />
nos paysages, nos climats, nos Terres. Plusieurs<br />
façons d’entendre, plusieurs façons de tra<strong>du</strong>ire,<br />
plusieurs façons d’exprimer. Et beaucoup se<br />
rejoignent sur l’essentiel.<br />
Le Druidisme tel qu’il se présente aujourd’hui<br />
n’a pas toujours été aussi visible <strong>et</strong> lisible qu’il<br />
l’est aujourd’hui.<br />
Dans les années 70, un « postulant » demeurant<br />
dans l’Est de la France avait une probabilité<br />
assez faible d’y croiser une clairière druidique.<br />
L’absence des moyens de communication dont<br />
nous disposons aujourd’hui (intern<strong>et</strong>, mail…),<br />
<strong>et</strong> une relative discrétion des clairières hors<br />
terres br<strong>et</strong>onnes donnait assez peu de chance à<br />
qui voulait entrer sur les chemins <strong>du</strong> druidisme.<br />
Par ailleurs, les groupes présents alors sur le<br />
devant de la scène oscillaient entre un discours<br />
folklorique <strong>et</strong> une sorte d’ésotérisme de bon<br />
aloi, tous deux teintés de celtisme. Le mot « religion<br />
» n’était pas prononcé, aussi peu d’ailleurs<br />
que les mots « paganismes » ou « polythéisme ».<br />
Il y avait le fait religieux, celui des religions<br />
« organisées », <strong>et</strong> à l’opposé un paganisme polythéiste<br />
« naturel ». Et puis en chapeau, <strong>et</strong> les<br />
réconciliant dans un discours d’équilibre <strong>et</strong><br />
de tolérance, un druidisme « romantique » <strong>et</strong><br />
emprunt des « lumières » des siècles passés.<br />
Ces collèges n’ont pas disparu, <strong>et</strong> même s’ils<br />
ont bénéficié <strong>du</strong> « renouveau » des paganismes<br />
en France, ils gardent encore la trace d’une<br />
Tradition qui oscille entre le folklore <strong>et</strong> l’ésotérisme<br />
de bon goût.<br />
Les parcours de Vie sont souvent complexes, <strong>et</strong><br />
sont autant de réponses plus ou moins appropriées<br />
à ce que l’on peut entendre comme un<br />
« élan intérieur ». À l’intuition d’un besoin spirituel,<br />
au sentiment quasi physique de ce qui<br />
existe au fond de nous mais pour lequel nous<br />
ne trouvons pas forcément de réponse immédiate.<br />
À l’appel à un rapport au monde plus<br />
vrai, plus harmonieux. À tous ces besoins existent<br />
de multiples réponses, mais je crois que le<br />
Druidisme est une voie qui répond à beaucoup<br />
de ces besoins <strong>et</strong> ce d’une façon intégrée.<br />
Beaucoup de systèmes de croyance reposent sur<br />
des constructions artificielles, une vision particulière<br />
<strong>du</strong> Monde qui finit d’ailleurs par enfermer<br />
notre discours <strong>et</strong> notre façon de vivre les<br />
choses.<br />
Visions parfois étriquées, parfois manichéennes,<br />
ou encore visions hédonistes qui ne font que<br />
répondre à un besoin de satisfaction personnelle.<br />
A contrario le druidisme offre une vision ouverte,<br />
intégrative <strong>et</strong> véritablement initiatique dans le<br />
sens où il s’intéresse à l’être <strong>et</strong> à son devenir plutôt<br />
qu’à la personne est ses « avoirs ».<br />
Ces choix de Vie, ces choix d’une voie s’offrent à<br />
nous de manière récurrente dans une existence.<br />
L’expérience de chemins multiples, si tant est<br />
que nous en ayons entrevus les termes nous perm<strong>et</strong><br />
de définir le chemin qui nous est le plus<br />
approprié.<br />
Il fut un temps où la question de la diversité<br />
des chemins ne se posait pas. Aujourd’hui, la<br />
sollicitation est forte, le « marché » ouvert. Et<br />
malheureusement, notre conditionnement de<br />
« consommateur » fait que beaucoup considèrent<br />
une voie spirituelle comme un obj<strong>et</strong> de<br />
consommation. Sensé leur amener plus de bien<br />
être, plus de plaisir, plus d’échanges humains <strong>et</strong><br />
dans le meilleur des cas plus d’harmonie.<br />
Le Druidisme tel que nous le pratiquons, propose<br />
une vision différente. Non qu’il négligerait<br />
dans un accès de mysticisme toute chaleur,<br />
toute beauté <strong>et</strong> toute sagesse. Mais au contraire,<br />
je crois que le Druidisme est une voie qui associe<br />
tout ceci autour d’une double dynamique,<br />
verticale <strong>et</strong> horizontale.<br />
Le Druidisme est païen, il repose sur des racines<br />
de chair <strong>et</strong> de matière. Il ne peut ni ne veut<br />
ignorer le plaisir, la beauté, la force, la santé, la<br />
capacité des humains à dire, à échanger, à offrir<br />
<strong>et</strong> recevoir. En ceci, il compose avec les harmoniques<br />
de la forme.<br />
Le Druidisme est religion. Au sens vrai <strong>et</strong><br />
premier, il relie. Il nous relie à c<strong>et</strong> axe vertical<br />
immanent qui décline ce qui EST ancré dans<br />
le sol profond où plongent les racines de l’âme.<br />
À l’instar de c<strong>et</strong> arbre sacré, ce chêne des<br />
Druides dont nous tirons leçon, le Druidisme<br />
étant ces branches dans les quatre directions.<br />
Est-ce l’expérience ? Est-ce l’esprit <strong>du</strong> temps ?<br />
Est-ce la rencontre ? Toujours est-il qu’au fil<br />
des années j’ai vu évoluer le druidisme dans ses<br />
potentialités.<br />
Je le vois aujourd’hui comme un chemin à la fois<br />
de mémoire (<strong>et</strong> de tradition) <strong>et</strong> un voyage en<br />
compagnie de l’inspiration.<br />
Mais aussi <strong>et</strong> fondamentalement un chemin<br />
profondément humain. Pas c<strong>et</strong>te humanité proj<strong>et</strong>ée,<br />
fantasmatique mais bien une humanité<br />
vraie, ancrée, qui emprunte sa modestie à la<br />
Terre, à ses ombres, à ses lumières. Une humanité<br />
chaude, vibrante <strong>et</strong> riche.<br />
Et pourquoi cela dans le druidisme ?<br />
Peut-être en est-il ainsi parce que le druidisme<br />
se complait dans une lumineuse simplicité, qu’il<br />
m<strong>et</strong> l’accent sur l’être plutôt que le paraître <strong>et</strong><br />
qu’il s’appuie sur le mythe <strong>et</strong> ses symboles plutôt<br />
que sur leur exégèse ou sur le dogme.<br />
page 2 page 3<br />
Nos rituels sont le refl<strong>et</strong>, <strong>et</strong> l’expression sacrée<br />
de ceci. Nous les vivons avec la même simplicité,<br />
la même véracité. Et les lumières dont nous<br />
parlions se r<strong>et</strong>rouvent dans les regards, dans<br />
les élans « <strong>du</strong> cœur », <strong>et</strong> parfois même dans ces<br />
p<strong>et</strong>its clins d’œil que la Vie nous adresse <strong>et</strong> qu’on<br />
appelle synchronicités.<br />
Et c’est peut-être une des grandeurs <strong>du</strong> druidisme.<br />
L’absence de dogme, de jugement sur<br />
l’autre qui font que chacun se sent libre d’exprimer<br />
ce qu’il est <strong>et</strong> d’aller au-delà des apparences<br />
pour toucher aux choses profondes.<br />
Il est étonnant de constater d’ailleurs à quel<br />
point ces rituels « remuent » l’âme. Tout simplement<br />
peut-être parce que nous nous autorisons<br />
à l’exposer.<br />
Voilà quelques uns de mes constats, partiels,<br />
partials. Impressions personnelles qui trouvent<br />
un écho dans les échanges que je peux avoir avec<br />
ceux qui s’intéressent à nos chemins forestiers.<br />
Beaucoup viennent avec un bagage, un chemin<br />
plus ou moins accompli, sur d’autres routes.
A priori sans besoin de connaissance, ni de titre<br />
mais tous font état d’un besoin de renouer avec<br />
des racines, avec un sentiment de proximité par<br />
rapport à leur environnement, la nature, le « sensible<br />
». Ils perçoivent le druidisme comme une<br />
voie pleine qui loin de les m<strong>et</strong>tre en opposition<br />
par rapport à leur vécu, lui donne au contraire<br />
densité <strong>et</strong> vitalité.<br />
À l’inverse, ceux qui nous approchent avec la<br />
perspective de « briller en société » en portant la<br />
saie blanche sont en général assez déçus.<br />
Notre façon de concevoir le druidisme n’alimente<br />
pas ces lumières.<br />
Avec le temps <strong>et</strong> l’expérience, il est possible<br />
de distinguer les grandes lignes de force <strong>du</strong><br />
druidisme.<br />
Chemin vers soi, Queste initiatique<br />
Reconnaissance des valeurs humaines<br />
Responsabilité <strong>et</strong> action positive dans le monde<br />
manifesté<br />
Trois niveaux que l’on r<strong>et</strong>rouve dans les trois<br />
fonctions que sont la fonction sacerdotale, la<br />
fonction royale <strong>et</strong> la fonction de pro<strong>du</strong>ction.<br />
Et qui pourraient se résumer plus simplement<br />
encore dans le triple but que pourrait assumer le<br />
druidisme pour les Hommes<br />
Les aider à<br />
a Être sages<br />
a Être forts <strong>et</strong> justes<br />
a Être heureux<br />
Sagesse est un bien grand mot, <strong>et</strong> peut avoir<br />
plusieurs acceptions, la Sagesse dont se réclame<br />
le druidisme est fille de travail, d’expérience <strong>et</strong><br />
de compréhension. Plus qu’une Sagesse universelle,<br />
il me semble plus approprié de parler de<br />
sagesse de Vie, de simple <strong>et</strong> juste position vis-àvis<br />
de Soi <strong>et</strong> de l’Autre.<br />
Mais chercher une forme de Sagesse n’est pas<br />
s’autoproclamer « sage ». Pas plus que cheminer<br />
sur les sentes de l’initiation c’est être initié.<br />
Force <strong>et</strong> justesse. Ce sont les convictions <strong>et</strong><br />
valeurs qui reposent sur la compréhension de nos<br />
rapports au Monde <strong>et</strong> à l’Altérité. Je ne pense<br />
pas que le druidisme véhicule une « morale » au<br />
sens propre. En revanche, en s’appuyant sur le<br />
vrai <strong>et</strong> le naturel, il perm<strong>et</strong> de renouer avec les<br />
valeurs fondamentales propres à constituer une<br />
éthique.<br />
Être heureux !<br />
Que la prospérité, la santé, le plaisir fassent partie<br />
des proj<strong>et</strong>s <strong>du</strong> druidisme n’est pas anodin.<br />
Souvent négligés, voir considérés comme des<br />
obstacles sur la voie, ils sont pourtant des signes<br />
d’un accord au Monde. En revanche, l’inversion<br />
des valeurs fait que la satisfaction de désirs<br />
souvent artificiels a pris le pas sur le bonheur.<br />
Tandis que celui-ci était subordonné à l’Ordre<br />
des choses, la satisfaction des désirs est devenue<br />
une fin singulière.<br />
Voilà ce que je crois pouvoir dire <strong>du</strong> druidisme<br />
en tant que voie vécue. À la fois lien avec l’essentiel,<br />
les Dieux, la Justesse, à la fois chemin de<br />
Vie <strong>et</strong> d’ Humanité. Et aussi quête <strong>du</strong> bonheur.<br />
Il y a mille façons de décliner ceci, <strong>et</strong> mille<br />
façons de le vivre, de le comprendre. La mienne,<br />
la vôtre <strong>et</strong> celle de tous ceux qui entendent donner<br />
un peu de sens à leur existence.<br />
witto<br />
Un chemin vert<br />
Cheminer, arpenter le sentier.<br />
Marcher sur les chemins caillouteux,<br />
bordés parfois d’orties <strong>et</strong> de<br />
ronces.<br />
S’arrêter, regarder les fleurs éclore, écouter<br />
l’herbe pousser, apprendre des insectes qui se<br />
nourrissent <strong>et</strong> qui vivent...<br />
Continuer...<br />
Rencontrer l’amour, rencontrer des frères, rencontrer<br />
des sages, rencontrer des sœurs, <strong>et</strong> parfois...<br />
se trouver soi.<br />
Avancer pas après pas, ne pas vouloir se dépêcher.<br />
Ne pas même chercher<br />
une destination...<br />
Avancer, <strong>et</strong> continuer...<br />
L’amour, la colère, le<br />
chant des oiseaux. Le<br />
désir des autres, le désir<br />
des mots, apprendre <strong>du</strong><br />
souffle chaud.<br />
Le vent froid, comme<br />
une écharpe sur la mer.<br />
La glace qui cause à nos<br />
os. La pluie qui abreuve<br />
nos têtes. Le soleil qui<br />
chauffe, <strong>et</strong> nous invite à<br />
danser nu...<br />
L’ovate va chercher loin<br />
dans les profondeurs les<br />
racines de notre mère.<br />
L’ovate va chercher haut<br />
dans le ciel, au-dessus<br />
des nuages, la lumière<br />
éclatante de notre père.<br />
L’ovate est celui qui voyage le long de l’axe <strong>du</strong><br />
monde, dans la verticalité. Il est celui qui va<br />
chercher les sagesses <strong>du</strong> ciel, <strong>et</strong> les sagesses de<br />
la terre...<br />
Elle est une voie qui ne se voit pas, une voie qui<br />
ne s’entend pas. L’ovate n’est pas là pour cela. Le<br />
long de son axe, il cherche l’énergie. Il cherche à<br />
concentrer, à ramener autour <strong>du</strong> centre.<br />
Le chemin de l’ovate est avant tout celui <strong>du</strong><br />
sens. Ainsi, la vie de l’ovate tourne autour <strong>du</strong><br />
sens des choses. L’ovate demandera souvent :<br />
page 4 page 5<br />
« pour quoi ? ». Amener <strong>du</strong> sens dans ce que l’on<br />
croit insensé. Voyager dans le chaos <strong>et</strong> y trouver<br />
l’ordre. Voici à mon sens l’axe, la colonne vertébrale<br />
qui devrait être le positionnement élémentaire<br />
de l’ovate. Dans mon cheminement, je<br />
poursuis la quête <strong>du</strong> sens, j’interroge sans cesse.<br />
La quête qui est la mienne est celle d’un homme<br />
qui navigue sur l’océan. Je cherche des réponses<br />
dans le chant des oiseaux. Ils m’indiquent où<br />
se trouvent les terres. Ils me disent également<br />
des chants de l’autre monde pour me révéler à<br />
moi-même. Les nuages qui indiquent la tempête<br />
me m<strong>et</strong>tent à l’épreuve, afin de voir si je sais<br />
comprendre le chant <strong>du</strong> vent, <strong>et</strong> avancer malgré<br />
les montagnes d’eau qui<br />
se dressent entre moi <strong>et</strong><br />
la destination de mon<br />
cœur.<br />
En levant la tête, le soleil<br />
m’indique où je dois<br />
continuer ma route. Il<br />
me dit également s’il est<br />
temps <strong>du</strong> travail ou <strong>du</strong><br />
repos. La nuit, la lune<br />
<strong>et</strong> les étoiles sont mes<br />
guides secr<strong>et</strong>s. Elles<br />
veillent sur mes songes,<br />
<strong>et</strong> m’emmènent dans des<br />
contrées célestes constellées<br />
de lumière blanche<br />
<strong>et</strong> de traînées oranges<br />
<strong>et</strong> vertes... Les dauphins<br />
<strong>et</strong> les baleines naviguent<br />
avec moi <strong>et</strong> me disent<br />
que je ne suis pas seul sur<br />
le chemin.<br />
Le chemin vert est celui de la compréhension<br />
que nous ne sommes pas séparés <strong>du</strong> tout, que<br />
chaque chose résonne en chaque chose, <strong>et</strong> que<br />
les fausses notes autant que les justes se propagent<br />
de l’intérieur vers l’extérieur, sans épargner<br />
personne...<br />
Des compagnons sont disponibles pour appréhender<br />
c<strong>et</strong> environnement signifiant : les<br />
pierres, les plantes, les animaux, <strong>et</strong> des fois des<br />
hommes, ancêtres ou vivants. Le soleil, la lune<br />
<strong>et</strong> les étoiles. Tous nous parlent. Encore faut-il<br />
écouter, interroger, s’engager...
Les Dieux également nous parlent, <strong>et</strong> l’ovate<br />
questionne, interroge, demande. Il devient alors<br />
l’intercesseur entre le monde des hommes <strong>et</strong> le<br />
monde des Dieux. Le rituel devient alors son<br />
art. Il exprimera ses vœux, ses intentions, ses<br />
questionnement par le geste, par les mots, <strong>et</strong> ce,<br />
en choisissant lieux <strong>et</strong> époques...<br />
L’ovate que je suis, au quotidien, sacrifie aux<br />
esprits <strong>et</strong> aux dieux. Je cherche la communion<br />
avec ce qui est. J’écoute la nature, je la ressens<br />
autant que je le peux. Parfois la communion se<br />
fait...<br />
Je regarde, j’écoute, je goûte, je sens <strong>et</strong> je touche.<br />
J’apprends à me taire au cœur de la création.<br />
J’apprends à être partie d’un tout...<br />
La voie de l’ovate est un engagement sur un<br />
sentier qui change profondément la perception<br />
de qui l’on est, <strong>et</strong> de ce que l’on fait. Le chemin<br />
de l’ovate est un sentier de changement en profondeur.<br />
Il est exigeant <strong>et</strong> quotidien, mais après<br />
quelques difficultés, l’on commence à percevoir<br />
la saveur douce <strong>et</strong> sucrée de l’existence. La vie<br />
a <strong>du</strong> sens, en hiver comme en été, à l’ombre<br />
comme en pleine lumière. La compréhension<br />
de ce qui Est aide à avancer malgré les difficultés.<br />
Le chant de la vie est à mes oreilles en<br />
page 6<br />
permanence. Plus de faux semblants, mais un<br />
sillon de sincérité creusé dans le chant fertile de<br />
notre cœur.<br />
Être l’écho de la magnificence de la vie, voici<br />
l’ambition de mon cheminement sur la voie<br />
verte, celle de l’ovate...<br />
kermailune<br />
BRITT<br />
Vivre le druidisme<br />
Pour beaucoup d’entre nous, le<br />
druidisme est une religion, comme<br />
il l’était pour nos ancêtres. Dans nos<br />
sociétés, la religion est optionnelle <strong>et</strong><br />
peut ne faire partie que de ce que l’on nous<br />
a transmis : on est protestant parce que nos<br />
parents étaient protestants, sans que cela n’ait<br />
aucune signification. Par contre, lorsqu’il y a un<br />
choix, surtout pour un groupe minoritaire, cela<br />
implique une pratique. Se dire catholique sans<br />
jamais aller à l’église est courant. Se dire druidisant<br />
sans jamais pratiquer est un non-sens.<br />
Mais… pratiquer quoi, me direz-vous ? Vous<br />
aurez autant de réponses que de pratiquants,<br />
voire plus. Nous n’avons pas de livre de référence<br />
pour nous dire quoi faire… ou ne pas faire. Mais<br />
faire est important.<br />
J’ai rencontré un certain nombre de personnes<br />
qui ont lu des livres sur le druidisme <strong>et</strong> qui<br />
pensaient avoir compris. Certes, les livres <strong>et</strong> les<br />
informations sont importants, mais pas suffi-<br />
page 7<br />
sants. Que diriez-vous d’une personne ayant lu<br />
une grammaire allemande, <strong>et</strong> peut-être un dictionnaire,<br />
<strong>et</strong> qui vous dirait savoir l’allemand ?<br />
Tout comme apprendre vraiment une langue,<br />
maîtriser certains outils comme les oghams,<br />
l’astrologie ou conter demande <strong>du</strong> temps <strong>et</strong> de<br />
l’énergie. Et ceci fait aussi partie de notre pratique,<br />
particulièrement celle des ovates ou des<br />
bardes.<br />
Au-delà des 8 fêtes traditionnelles qui sont<br />
habituellement célébrées, que peut signifier<br />
vivre le druidisme au quotidien ?<br />
Avant de vivre le druidisme, il s’agit de vivre.<br />
Vivre avec ses sens ouverts, écouter, regarder,<br />
entendre, ressentir <strong>et</strong> goûter vraiment. J’ai le<br />
privilège de pouvoir écrire ce matin la fenêtre<br />
ouverte <strong>et</strong> une armée de moineaux <strong>et</strong> autres<br />
merles chantent <strong>et</strong> sifflent à qui mieux mieux.<br />
Une pie passe occasionnellement devant ma<br />
fenêtre <strong>et</strong> se pose sur le pin voisin. L’air est<br />
frais. Et le café bu tout à l’heure était aromatique<br />
mais la poire manquait de goût. Et ne
croyez pas que j’ai le privilège de vivre à la<br />
campagne où ces choses semblent plus simples.<br />
Nous vivons tous dans un environnement naturel<br />
auquel il est nécessaire de devenir sensible.<br />
C<strong>et</strong>te nature est même présente dans les coins<br />
les plus invraisemblables, au milieu de la circulation.<br />
Un mini-coin de terre peut faire germer<br />
une p<strong>et</strong>ite plantule qui rayonnera de toute sa<br />
beauté. Observez-la. La nature est vivante <strong>et</strong><br />
réagissante. Si vous avez le privilège d’avoir un<br />
arbre devant votre fenêtre, parlez-lui, admirezle.<br />
Une caresse régulière sur un tronc peut faire<br />
« frémir » un arbre vivant sur un carrefour pollué.<br />
Mais à vous d’apprendre à comprendre sa<br />
réponse. Vous me direz peut-être que ceci n’est<br />
pas spécifiquement druidique <strong>et</strong> vous aurez raison.<br />
Mais la sensibilité que vous développerez<br />
modifiera probablement votre pratique druidique,<br />
tout comme elle a modifié la mienne, au<br />
fil <strong>du</strong> temps.<br />
Le temps, se donner <strong>du</strong> temps. Dans notre<br />
société où nous courrons de plus en plus, savoir<br />
s’arrêter, même un court instant, est précieux.<br />
Ne serait-ce que pour respirer <strong>et</strong> ouvrir les yeux.<br />
La vie nous apporte parfois des surprises. Que<br />
dire d’une rencontre brusque avec une lune<br />
pleine <strong>et</strong> chevelue de nuages ? Que dire à c<strong>et</strong>te<br />
dernière ? Que lui offrir ? Quel contact établir ?<br />
Comment réagir lorsque l’orage vous prend dans<br />
ses bras <strong>et</strong> vous rend à votre domicile trempé<br />
jusqu’aux os ?<br />
Méditer n’est pas toujours une pratique facile à<br />
m<strong>et</strong>tre en place. Ceci peut prendre <strong>du</strong> temps.<br />
Et les choses évolueront avec vous. Au-delà de<br />
la pratique de base, la méditation peut aussi se<br />
pratiquer en marchant ou dans un train, même<br />
bondé. Certes, suivant ce que vous voulez faire,<br />
vous aurez besoin de tranquillité <strong>et</strong> de ne pas<br />
être dérangé. Mais avec l’habitude, vous passerez<br />
« d’un monde à l’autre » avec une certaine<br />
facilité. Et les messages parfois furtifs chuchotés<br />
à l’oreille peuvent se manifester partout.<br />
Le rituels peuvent être formels <strong>et</strong> préparés à<br />
l’avance, mais aussi spontanés. Faire une consécration<br />
au feu sans feu, par exemple peut deve-<br />
nir très riche. Vous devrez employer d’autres<br />
outils, comme votre imagination par exemple.<br />
C<strong>et</strong>te dernière est parfois récusée à tort. On dit<br />
parfois d’un enfant : « Quelle imagination.... ! ».<br />
Certes, il faut savoir faire la différence entre<br />
les mondes, mais l’imaginaire est une porte à<br />
explorer.<br />
Chercher les portes ou le chemin est un travail<br />
que nous faisons tous… <strong>et</strong> toujours. Se perdre,<br />
se r<strong>et</strong>rouver, continuer.<br />
Astur<br />
A la forge de<br />
Gobanos<br />
En gaulois, la forge se dit Gorbia ;<br />
nous trouvons aussi Gobanos, dieu<br />
des forgerons <strong>et</strong> Gobanon, le maître<br />
des forges <strong>et</strong> <strong>du</strong> feu. Ainsi, tel l’alchimiste qui<br />
transmute, il prit le fer pour le rendre utilisable<br />
par les hommes. À partir <strong>du</strong> minerai issu des<br />
entrailles de la terre <strong>et</strong> grâce au feu, le forgeron<br />
a le pouvoir de matricer la matière grâce à<br />
l’énergie brute pour la transformer, la rendant<br />
plus robuste <strong>et</strong> <strong>du</strong>re grâce à la trempe dans l’eau.<br />
Que reste-t-il des secr<strong>et</strong>s que nos ancêtres nous<br />
ont transmis, cachés au creux de la matière ?<br />
L’histoire<br />
D’après les recherches archéologiques, les<br />
Gaulois forgeaient au sol sur de p<strong>et</strong>ites<br />
enclumes, appelées tas, p<strong>et</strong>it rectangles d’acier<br />
enfichés sur un fût de bois, la surface n’excédant<br />
pas 20 x 20 cm. Ils travaillaient même sur<br />
des pièces de bois <strong>du</strong>res, comme le chêne par<br />
exemple. Ils tenaient leurs pièces de métal par<br />
des pinces de différentes tailles <strong>et</strong> formes pour<br />
marteler sans se brûler.<br />
Des souffl<strong>et</strong>s en cuir ont été r<strong>et</strong>rouvés pour activer<br />
le foyer à charbon de bois. Le foyer est très<br />
simple, placé au creux de p<strong>et</strong>its merlons en terre<br />
crue qui se solidifie au contact <strong>du</strong> feu.<br />
Au vu des p<strong>et</strong>ites surfaces utilisées pour le<br />
martelage <strong>et</strong> la mise en forme, on peut dire<br />
que nos ancêtres étaient très habiles <strong>et</strong> doués<br />
page 8 page 9<br />
d’une grande prouesse technique. Nous pouvons<br />
être admiratifs devant les pro<strong>du</strong>ctions de<br />
très grande qualité qu’ils ont réalisées : bijoux,<br />
armes, chaudronnerie....<br />
Il semble complexe de savoir très précisément<br />
comment travaillaient les Gaulois ; cependant<br />
certains artisans ont fait un remarquable<br />
travail à partir de ce qui a été trouvé en terre,<br />
ils ont expérimenté <strong>et</strong> ont réussi à repro<strong>du</strong>ire<br />
quelques-unes des réalisations historiques. Mais<br />
il reste indéniable que certaines pièces d’orfèvrerie<br />
ou dinanderie (travail par repoussage de<br />
tôle) sont aujourd’hui à la limite de notre savoir
faire actuel, voire non repro<strong>du</strong>ctibles, ce qui<br />
dénote l’excellence <strong>et</strong> le savoir faire des maîtres<br />
artisans d’autrefois.<br />
Dans le registre <strong>du</strong> travail des métaux, nous<br />
avons aussi le travail de coulage <strong>du</strong> bronze<br />
(alliage de cuivre <strong>et</strong> d’étain), qui est versé liquide<br />
dans un moule. Il s’agit d’un savoir faire à part<br />
entière. Le bronzier est un fondeur de métal en<br />
fusion aux alentours de 1200°C. C’est très riche<br />
<strong>et</strong> très beau comme travail.<br />
Le Dieu en est Credne Cerd, fils de Brigit qui<br />
fondait le bronze des Tuatha Dé Danann.<br />
La tradition<br />
Ce qui est intéressant dans la tradition druidique,<br />
au travers de nos expérimentations, c’est<br />
de voir ce qui se trouve « derrière » les choses,<br />
au-delà de l’aspect purement physique. Il y a<br />
le sens, l’usage des symboles, les démarches de<br />
transformations de la matière physique, énergétique,<br />
éthérique. La charge des obj<strong>et</strong>s... En ces<br />
sens, le travail de forge est riche en matières.<br />
Sans forcément être forgeron, il est intéressant<br />
de chercher à s’en rapprocher pour sentir le sens<br />
de son travail <strong>et</strong> les énergies qui l’animent <strong>et</strong><br />
avec lesquelles il travaille.<br />
Ainsi battre le « faire » auprès d’un foyer qui<br />
concentre toute notre attention, c’est quelque<br />
part m<strong>et</strong>tre en route le souffle <strong>et</strong> le fracas de<br />
notre forge intérieure. Activer le souffle, fondre<br />
<strong>et</strong> transformer des résistances peut-être, pour<br />
être travaillé par... sa propre matière ?<br />
Qu’est-ce qui s’opère sur des plans subtils ?<br />
On peut déjà sentir une dimension alchimique<br />
en arrière-plan dans le sens d’un travail avec le<br />
feu, mais un feu « coagulateur », qui colle. Feu<br />
de forge, feu propulseur, rouge créateur pour<br />
libérer les énergies de création qui se m<strong>et</strong>tent en<br />
mouvement en nous.<br />
Travailler la forge est aussi un chemin vers notre<br />
masculin sacré, vers le Tan-tad, le feu-père. Sur<br />
le plan <strong>du</strong> mythe, on entre dans une dimension<br />
héroïque, musculaire avec le feu... La confrontation<br />
avec la matière brute.<br />
La question de la posture interroge. Forger au<br />
niveau <strong>du</strong> sol invite à nous m<strong>et</strong>tre dans une<br />
position d’humilité sans doute... Il y aussi une<br />
question pratique dans cela, le feu, le foyer,<br />
battre le fer tant qu’il est chaud. Il a été trouvé<br />
trace d’atelier de forge au bord d’un trou dans le<br />
sol. Il faut savoir que l’on forge dans l’obscurité<br />
pour voir la couleur <strong>du</strong> métal <strong>et</strong> dé<strong>du</strong>ire ainsi la<br />
température de travail. La chaude rouge cerise,<br />
la chaude rouge intense, la chaude rouge-blanc,<br />
la chaude blanche, tout un voyage...<br />
Beaucoup à découvrir au travers de c<strong>et</strong>te<br />
pratique.<br />
L’expérimentation<br />
Libre à chacun s’il ne craint pas de se brûler ou<br />
de se taper sur les doigts d’essayer de pratiquer.<br />
Mise en garde quand même car cela ne s’improvise<br />
pas, <strong>et</strong> il faut bien se renseigner avant.<br />
Il faut peu de matériel pour commencer, sans<br />
doute que l’expérience fait beaucoup, surtout<br />
pour forger sur une toute p<strong>et</strong>ite enclume. Un<br />
morceau de rail de train peut tout à fait faire<br />
l’affaire.<br />
J’aime bien l’idée de forger au sol, une sorte de<br />
communion avec le feu sacré de la terre. Nous<br />
avons beaucoup d’exemples de peuples premiers<br />
qui pratiquent toujours au sol, tels les Hindous<br />
ou les Chinois. Les Japonais ont toujours la<br />
maîtrise de leur savoir faire millénaire avec la<br />
fabrication des fameux sabres katanas. Ainsi,<br />
partant de la fonte <strong>du</strong> minerai pour en faire <strong>du</strong><br />
métal brut, vient ensuite la phase de martelage<br />
qui est réalisée de manière rituelle <strong>et</strong> l’aiguisage,<br />
qui sont tous encore pratiqués par des maîtres.<br />
Nous trouvons un chemin qui est très compl<strong>et</strong><br />
aussi bien dans le domaine technique, psychologique<br />
<strong>et</strong> sacré.<br />
Une simple fibule d’essai en fil de fer peut tout<br />
à fait convenir pour se faire la main <strong>et</strong> commencer.<br />
Une simple chauffe au chalumeau à gaz perm<strong>et</strong>tant<br />
de le chauffer.<br />
Il peut être intéressant de se confronter à la<br />
matière.<br />
Les liens<br />
Si chacun cherche dans sa généalogie, il trouvera<br />
sans doute des traces d’ancêtres « façonneur de<br />
métal ». Le métier de maréchal-ferrant était très<br />
répan<strong>du</strong> au siècle dernier. Le travail de forgeron<br />
s’est peu à peu per<strong>du</strong> dans le temps <strong>et</strong> l’avènement<br />
de l’in<strong>du</strong>strialisation en est le principal<br />
coupable. Ceux qui ont pratiqué disent que c’est<br />
un travail physique <strong>et</strong> un apprentissage long <strong>et</strong><br />
<strong>du</strong>r. En écho, le vieil adage « c’est en forgeant<br />
que l’on devient forgeron » est très réaliste.<br />
Nous trouvons ainsi beaucoup d’expressions<br />
verbales qui indiquent combien nous sommes<br />
liés à c<strong>et</strong> ancien métier. Ainsi il faut « battre<br />
le fer tant qu’il est chaud », « apprendre sur le<br />
tas », « être d’une bonne trempe », se « forger<br />
sa propre opinion », être « entre le marteau <strong>et</strong><br />
l’enclume », ...<br />
Les noms de famille sont aussi évocateurs :<br />
Faivre, Feuvre, Lefeuvre, Lefaivre, Favre, Fabre,<br />
Faure, Faurie), Taillandier...<br />
Vivante, on nous présente la forge comme un<br />
animal vivant !! Ronfler comme une forge.<br />
Rougeoyer comme une forge. Rougir comme<br />
une forge. Souffler comme une forge.<br />
Les mythes<br />
Gobannos est une divinité associée à tous les<br />
travaux manuels, <strong>et</strong> même si Lugus reste le<br />
Dieu de tous les arts <strong>et</strong> techniques, il est utile de<br />
page 10 page 11<br />
Essais de métallerie : fibule <strong>et</strong> torque, par Astur.<br />
l’honorer plus spécialement dans c<strong>et</strong>te orientation<br />
de travail de force <strong>et</strong> manuel.<br />
Redouté, honoré <strong>et</strong> méprisé à la fois, le forgeron<br />
illustre la créativité de l’homme, tel un dieu<br />
organisant le monde. Personnifiant toutes ces<br />
fonctions, Goibhniu, le forgeron divin, était<br />
maître des artisans <strong>et</strong> avait la charge de préparer<br />
<strong>et</strong> servir la bière aux banqu<strong>et</strong>s des dieux.<br />
Goibniu, forgeron divin des Tuatha Dé Danann,<br />
dieu tutélaire des artisans <strong>du</strong> métal, forgea les<br />
pointes des armes de Lug <strong>et</strong> de ses compagnons<br />
pour la bataille de Mag Tuired. II présidait dans<br />
l’Autre Monde un festin qui rendait éternellement<br />
jeunes ceux qui y participaient. Son équivalent<br />
gallois était Gofannon.<br />
Goibniu faisait partie d’une triade de dieux<br />
artisans : lui était forgeron, Luchta ferronnier<br />
<strong>et</strong> Creidne bron¬zier. Ensemble, ils forgeaient<br />
des armes magiques (cha-cun confectionnant<br />
une partie différente) pour Lug <strong>et</strong> les Tûatha<br />
Dé dans le grand conflit qui les opposait aux<br />
Fomoiré. Goibniu est le personnage le plus<br />
élaboré de la triade. Ses armes ne manquaient
jamais leur cible <strong>et</strong> tuaient toujours. Il ajoutait<br />
à ces qualités le rôle d’hôte <strong>du</strong> festin de l’Autre<br />
Monde, où sa bière magique conférait l’immortalité.<br />
Diancecht, dieu de la médecine, tirait son<br />
pouvoir d’un mélange de magie <strong>et</strong> de pratiques<br />
d’herboristerie ; il était à la fois médecin <strong>et</strong> forgeron.<br />
C’est ainsi qu’il confectionna pour le roi<br />
Nûada un bras d’argent articulé pour rem¬placer<br />
celui qu’il avait per<strong>du</strong> au combat.<br />
Le merle est l’oiseau <strong>du</strong> forgeron. Nous en trouvons<br />
une illustration dans le conte de Culhwch<br />
<strong>et</strong> Olwen où il est fait allusion à une enclume.<br />
L’enclume utilisée par le merle est le rocher sur<br />
lequel il ouvre ses coquilles d’escargot, <strong>et</strong> son<br />
plumage est aussi noir que le visage d’un forgeron<br />
ou <strong>du</strong> fer de la forge.<br />
Brighid en tant que déesse des forgerons veille<br />
sur le feu, la métallurgie, <strong>et</strong> par extension, la<br />
poésie, l’inspiration <strong>et</strong> la médecine. Nous trouvons<br />
ainsi Brigit sous ses triples aspects que sont<br />
l’Inspiration, l’Art de la Forge, <strong>et</strong> la Guérison.<br />
En tant que Déesse de la Forge, elle bénit les<br />
forgerons, les joailliers, <strong>et</strong> autres artisans <strong>du</strong><br />
monde domestique.<br />
Le forgeron, en exploitant le pouvoir <strong>du</strong> feu, en<br />
l’associant à celui de l’air, de l’eau, <strong>et</strong> au minerai<br />
extrait de la terre, pro<strong>du</strong>it des obj<strong>et</strong>s indispensables<br />
au bien-être de la tribu. De son côté,<br />
le merle représente un forgeron de l’au-delà,<br />
maître <strong>du</strong> feu, dont le chant nous appelle à travailler<br />
avec l’air, élément de l’esprit, l’eau, élément<br />
<strong>du</strong> cœur, la terre, lieu de nos instincts <strong>et</strong> le<br />
feu de notre passion spirituelle, pour créer une<br />
vie personnelle remplie de beauté <strong>et</strong> de dignité.<br />
Brigit à la forge,<br />
par Joanna Powell Colbert.<br />
caillin blaa<br />
Ma rencontre<br />
avec le druidisme<br />
Après quelques heures de train,<br />
quelques péripéties <strong>et</strong> un repas pris<br />
sur le pouce, nous nous dirigeons enfin<br />
vers le but de notre voyage, la Terre Carnute<br />
<strong>et</strong> Epernon. Là nous sommes accueillis à bras<br />
ouverts par Syd, Arouez, Viviane <strong>et</strong> Morgane.<br />
Quel plaisir de pouvoir enfin m<strong>et</strong>tre un visage<br />
sur des noms ! Après quelques embrassades<br />
<strong>et</strong> les présentations qui s’imposent, nous nous<br />
dirigeons vers le gîte, per<strong>du</strong> dans la campagne à<br />
quelques kilomètres de là. Arrivés, après seulement<br />
quelques tours de village, à ce bel endroit<br />
qui nous accueillera pour la nuit, nous rencontrons<br />
Olwen <strong>et</strong> Sellig. Nous montons nous installer<br />
dans nos chambres au moment où arrivent<br />
les membres d’Altitona (clairière à l’époque) :<br />
Mirelune, Séléna, Arylwren, Owstf <strong>et</strong> Eber<br />
qui a con<strong>du</strong>it sa clairière avec brio au point<br />
de ravitaillement. Après un repas bien mérité,<br />
nous nous dirigeons en silence vers le frêne <strong>du</strong><br />
jardin autour <strong>du</strong>quel nous nous disposons en<br />
cercle. La magie opère, la terre semble disposée<br />
à nous accueillir <strong>et</strong> nous la remercions donc par<br />
les paroles sages de Sellig, Syd <strong>et</strong> Arouez. Il est<br />
temps pour nous de dormir. Certains se lèvent à<br />
l’aube pour leur rituel d’initiation. Sellig, Owstf<br />
<strong>et</strong> Eber décident quant à eux de rester un peu<br />
autour de la table pour refaire le monde grâce à<br />
des idées merveilleuses…<strong>et</strong> <strong>du</strong> génépi.<br />
Le lendemain matin, après une nuit réparatrice<br />
présageant d’une bonne journée, <strong>et</strong> un<br />
p<strong>et</strong>it-déjeuner rapide, nous nous dirigeons<br />
vers Epernon où nous attendent le reste des<br />
membres de l’Od<strong>et</strong>, de même que quelques<br />
sympathisants nordisants qui passeront la journée<br />
en notre compagnie (Eh Fergus <strong>et</strong> Caillu,<br />
ça vous parle ?).La forêt nous attend <strong>et</strong> après<br />
quelques minutes de marche, nous arrivons dans<br />
un endroit magique, une clairière illuminée d’un<br />
beau soleil de printemps qui semble heureuse de<br />
nous avoir en son sein. Les couronnes de la Belle<br />
de Mai (coucou Morgane !) <strong>et</strong> <strong>du</strong> Seigneur de<br />
la Lande sont préparées dans la bonne humeur,<br />
des p<strong>et</strong>its bouqu<strong>et</strong>s sont confectionnés, nous<br />
sommes en harmonie. Puis le cercle est formé<br />
<strong>et</strong> déjà la magie opère. Le silence se crée, le lieu<br />
page 12 page 13<br />
nous enrobe de sa douceur. Son gardien <strong>et</strong> les<br />
esprits sont appelés tour à tour, la force pénètre<br />
le cercle. Syd <strong>et</strong> Sellig, tour à tour animent avec<br />
ferveur, sagesse <strong>et</strong> poésie ce cercle qui nous<br />
réunit. La belle de Mai <strong>et</strong> son Seigneur de la<br />
Lande sont mis en scène <strong>et</strong> nous révèlent toute<br />
la beauté, la fertilité <strong>du</strong> printemps, en ce jour<br />
de Beltaine. Ils sont là, devant nous, symboles<br />
de fraîcheur <strong>et</strong> d’une nouvelle époque où la Vie<br />
sera reine. Puis c’est au tour de notre couple de<br />
mariés (Armana, Astur, ça vous parle ?) d’être<br />
au centre <strong>du</strong> cercle. Leur union est soumise aux<br />
forces de la nature, ils choisissent une liaison <strong>et</strong><br />
un bonheur éternel <strong>et</strong> goûtent à la douceur <strong>du</strong><br />
miel comme ils goûteront à la sérénité qui les<br />
attend. Leur union est constatée <strong>et</strong> l’heure des<br />
présents est arrivée. Les mariés reçoivent avec<br />
joie toutes ces p<strong>et</strong>ites choses au grand symbolisme.<br />
Puis ils reviennent sur le cercle <strong>et</strong> le<br />
temps des offrandes est venu. Chacun apporte<br />
aux feux de Beltaine ses p<strong>et</strong>its secr<strong>et</strong>s, certains<br />
s’expriment sur leurs dons, d’autres vivent ce<br />
moment avec intensité mais en silence. Une<br />
ronde, une spirale infinie est ensuite formée.<br />
Nous nous donnons les mains puis nous passons<br />
<strong>et</strong> tournons autour des feux dans un mouvement<br />
hypnotique qui nous transportera au<br />
centre <strong>du</strong> cercle lorsque la spirale s’arrête, pour<br />
repartir dans l’autre sens. Moment d’éternité,<br />
moment d’intensité, on n’a pas envie d’arrêter<br />
de tourner. Chacun rejoint alors sa place, les<br />
esprits sont remerciés, la magie a opéré. Nous<br />
nous remercions, nous nous embrassons, nous<br />
nous souhaitons un bonheur inaliénable, nous<br />
sommes transcendés par le moment présent.<br />
Vient ensuite l’heure <strong>du</strong> repas puis, enchantés<br />
par l’ici <strong>et</strong> maintenant, émerveillés par ce lieu<br />
si mystique, certains décident de s’endormir<br />
sous la protection des arbres, d’autres (la plupart<br />
d’entre nous) participent à une table ronde<br />
animée par Syd où chacun peut s’exprimer sur<br />
l’Od<strong>et</strong>, sur ses sentiments <strong>du</strong> moment, sur les<br />
thèmes qui lui chantent. Nos amis de la LAPF<br />
s’expriment à leur tour <strong>et</strong> c’est avec plaisir que<br />
nous les écoutons parler de leur expérience,<br />
somme toute proche de la nôtre. Nous nous<br />
reconnaissons, nous nous respectons, nous nous<br />
ressemblons. Mais l’heure des seconds rituels<br />
de don <strong>du</strong> nom approche. Les membres Od<strong>et</strong>
partent chez Jody <strong>et</strong> seuls restent Séléna, Loïc,<br />
Arylwren, Eber, Syd, Sellig, Arouez, Fab <strong>et</strong><br />
moi. Le lieu de cérémonie est préparé, Séléna,<br />
Loïc, Arylwren <strong>et</strong> moi sommes impatients de<br />
ce qui va nous arriver, nous rions, nous discutons,<br />
grand moment de partage avant un événement<br />
sans nom. Puis, Caillin Blaa est appelée<br />
par Eber…Elle ne sait pas encore que pour<br />
elle, une renaissance va prendre place, dans sa<br />
tête <strong>et</strong> dans son cœur, elle ne connait pas encore<br />
le cadeau incommensurable que va lui offrir le<br />
futur Druide, c<strong>et</strong>te force, c<strong>et</strong>te fusion qui va les<br />
transcender <strong>et</strong> pénétrer leur vie. Grand moment<br />
d’émotion, inoubliable, indescriptible. Les<br />
autres dons <strong>du</strong> nom se déroulent devant mes<br />
yeux, avec joie, avec émotion pour celui de Loïc<br />
qui entre dans le cercle où se trouve sa mère.<br />
Séléna louve Blanche est nommée, Loïc prendra<br />
ou plutôt gardera le nom que lui a donné<br />
sa maman <strong>et</strong> qu’il porte fièrement : Florent,<br />
Arylwren deviendra Catlyne sous le conseil<br />
avisé d’Eber, macfuirmid de sa clairière <strong>et</strong> je<br />
resterai Caillin Blaa, fille fleur, fille d’Altitona,<br />
émue par une grande fierté <strong>et</strong> un sentiment de<br />
renouveau.<br />
Après tant d’émotions, nous nous dirigeons chez<br />
Jody <strong>et</strong> Bagher qui résident à quelques kilomètres<br />
de là. Nous y prenons un repas réparateur,<br />
nous discutons, échangeons nos émotions<br />
puis nous nous installons au salon, près d’un feu<br />
de bois où nous entamons de belles chansons.<br />
La joie <strong>et</strong> l’amitié se lit sur les visages encore<br />
souriants de la journée passée. Mais la fatigue se<br />
fait ressentir <strong>et</strong> il est temps de r<strong>et</strong>ourner au gîte<br />
pour une nuit teintée de beaux rêves, réminiscences<br />
des moments passés en Carnutes.<br />
Déjà la 1 er Mai, il est maintenant l’heure des<br />
aurevoirs. Chacun reprend sa route, chacun de<br />
son côté. On n’a pas envie, non, on n’a pas envie<br />
de se quitter, de repartir. On fait <strong>du</strong>rer les derniers<br />
moments qui nous lient, on essaye de puiser<br />
un maximum de chaleur dans l’ici <strong>et</strong> maintenant,<br />
on ne veut pas partir, non, restons, restons<br />
encore un peu…<br />
Rendez-vous est pris pour de futures rencontres<br />
<strong>et</strong> c’est des souvenirs plein la tête <strong>et</strong> une émotion<br />
plein le cœur que nous reprenons le train pour<br />
le Sud de la France, qui, c’est sûr, nous verra sous<br />
un autre jour maintenant.<br />
Voilà, le rituel de Beltaine, mon don <strong>du</strong> nom,<br />
tel que je le décrivais, avec mes mots, à l’époque.<br />
Oui, il faut être in<strong>du</strong>lgent, j’étais néophyte.<br />
Mais j’ai pris grand plaisir à relire ces passages,<br />
à me remémorer ces souvenirs, qui restent gravés<br />
<strong>et</strong> encore frais dans mon esprit. Premier<br />
Beltaine, premier rituel, don <strong>du</strong> nom, premières<br />
rencontres, premiers pas dans le Druidisme. 8<br />
ans de magie, 8 ans de partage. Il est intéressant<br />
de voir l’évolution de notre Assenblée, de voir<br />
ce que nous sommes devenus, de constater que<br />
malgré les difficultés, l’ODET, l’ADCS est, <strong>et</strong><br />
sera.<br />
Llyriann<br />
Vivre le pagus<br />
<strong>et</strong> vibrer<br />
S’enraciner au coeur <strong>du</strong> bro<br />
Vivre le druidisme au quotidien,<br />
c’est faire le choix de l’enracinement.<br />
Pour cela, en tant que druidisant engagé<br />
sur le chemin bleu, il me paraissait primordial,<br />
avant toute chose, d’apprendre la langue de mon<br />
pagus, de mon bro 1 , dans lequel ma spiritualité<br />
s’inscrivait. Tout a commencé avec la pratique<br />
<strong>du</strong> chant br<strong>et</strong>on, imprégné de mots aux sonorités<br />
étrangères, associations de syllabes que je<br />
ne comprenais pas au début <strong>et</strong> dont la musicalité<br />
m’a sé<strong>du</strong>ite très rapidement. Une sorte<br />
d’harmonie intérieure s’est peut-être mise en<br />
place, une résonance subtile qui m’a permis de<br />
me m<strong>et</strong>tre au diapason de l’esprit <strong>du</strong> bro, de ses<br />
mémoires en vibration.<br />
Ancrage mystique <strong>et</strong> honneur au pagus<br />
Vivre le druidisme au quotidien, cela revient<br />
tous les jours à mesurer avec délice l’engagement<br />
spirituel qu’implique le fait d’être en ces<br />
lieux. Et l’ancrage de mes pieds qui foulent les<br />
terres de Neved ajoute à tout cela plus de teneur<br />
sacrée.<br />
Il y a par ailleurs quelque chose de mystique<br />
qui émane <strong>du</strong> simple fait de marcher, de traverser<br />
mon village, d’arpenter les bois pour s’y<br />
fondre, de creuser la terre <strong>et</strong> respirer l’humus,<br />
de contacter les forces stagnantes de l’étang, de<br />
caresser les pierres dressées <strong>et</strong> sentir les énergies<br />
telluriques me traverser, d’entendre <strong>et</strong> de<br />
toucher l’eau abondante des fontaines, de sentir<br />
la force de l’Esprit quand le vent vient caresser<br />
mon visage lors d’une simple promenade à<br />
bicycl<strong>et</strong>te. Tous les jours, s’accorde également<br />
en moi, <strong>et</strong> ce de manière spontanée, un temps<br />
pour contempler le lointain, explorer <strong>du</strong> regard<br />
le paysage <strong>et</strong> s’imprégner de son essence. Il en<br />
découle la sensation de sentir souvent en moi<br />
les voix <strong>du</strong> Monde Ancien, d’entendre au loin<br />
l’appel <strong>du</strong> terroir qui provient des hauteurs<br />
<strong>du</strong> Menez Hom, où sommeille l’esprit <strong>du</strong> roi<br />
Marc’h <strong>et</strong> où rayonne la présence de Brigit.<br />
Tous les jours, quand je passe en voiture sur les<br />
hauteurs de la Montagne sacrée <strong>et</strong> que je vois les<br />
plaines <strong>du</strong> Porzay <strong>et</strong> la baie d’Ys qui se décou-<br />
page 14 page 15<br />
vrent, je ressens un certain vertige, un amour <strong>et</strong><br />
un respect profond pour le pays qui m’a accueilli,<br />
<strong>et</strong> qui maintenant me nourrit <strong>et</strong> me transporte.<br />
Il ne me reste alors plus qu’à honorer à c<strong>et</strong> instant<br />
les esprits des lieux qui s’avèrent nombreux<br />
en réalité, <strong>et</strong> dont le plus proche est celui de<br />
notre foyer, qui demeure près de l’if dans notre<br />
jardin. La communion avec les Dieux <strong>et</strong> les<br />
Déesses <strong>du</strong> bro, le contact avec la nature qui me<br />
m<strong>et</strong> en reliance avec l’Autre Monde <strong>et</strong> le P<strong>et</strong>it<br />
Peuple de la Douna, m’ont ainsi permis d’entrer<br />
en vibration cardiaque avec c<strong>et</strong>te terre depuis<br />
plus d’une roue maintenant, <strong>et</strong> tout s’est mis en<br />
mouvement depuis, <strong>et</strong> tout s’accorde encore <strong>et</strong><br />
s’est ouvert en moi, au fil des fêtes, dans le flux<br />
<strong>et</strong> le reflux des lunes.<br />
Ce vécu-là est pour ainsi dire ancrage mystique<br />
<strong>et</strong> en même temps errance inspiratrice de l’esprit.<br />
Et cela s’accentue d’autant plus chez moi que<br />
notre foyer où se jouent <strong>et</strong> s’activent les forces<br />
<strong>du</strong> quotidien <strong>et</strong> <strong>du</strong> labeur, ainsi que le village où<br />
nous résidons, se trouvent au cœur d’un nem<strong>et</strong>on,<br />
dont la splendeur sacrée gagne en énergie<br />
toutes les six révolutions solaires. Vivre le druidisme<br />
dans mon quotidien, c’est ainsi apprendre<br />
à reconnaître les forces spirituelles anciennes en<br />
jeu dans mon bro ; c’est les interroger pour les<br />
convoquer, pour qu’elles fassent partie peu à peu<br />
de mon environnement familier, au cœur même<br />
d’un sanctuaire de légende, <strong>et</strong> au final me m<strong>et</strong>tre<br />
à leur service.<br />
Appel <strong>et</strong> réconciliation<br />
L’appel <strong>du</strong> pagus est tel qu’il m’a paru difficile<br />
de réconcilier les dynamiques de ma spiritualité<br />
<strong>et</strong> de mon ancien métier, un métier artistique<br />
certes, mais qui me demandait de manifester<br />
de l’ego, d’entrer dans la lutte <strong>et</strong> la concurrence<br />
<strong>et</strong> non dans le service, un métier de passionné<br />
également très chronophage <strong>et</strong> qui m’aurait<br />
laissé peu de temps pour respirer, faire r<strong>et</strong>raite,<br />
prendre le temps de la transformation, de cheminer<br />
en fin de compte.<br />
Par la force des choses, je suis devenu artisan,<br />
non pas artisan accompli, non ; mais artisan en<br />
apprentissage car en résonance avec mon cheminement<br />
de barde, en quête de sens <strong>et</strong> de réen-
chantement. Chaque jour, chaque acte de création<br />
que je fais, chaque coup de pinceau, chaque<br />
coup de gouge sur le bois est ainsi révélation<br />
de mon chemin, dit la responsabilité de mes<br />
choix spirituels. Chaque jour m’offre la liberté<br />
de chanter quand je le veux pour me connecter,<br />
méditer dans une pièce dédiée au druidisme 2 , de<br />
m’imprégner de l’Awen pour me laisser œuvrer,<br />
le plus en paix possible, dans la Lumière des<br />
Trois Rayons. Ce qui n’est pas toujours chose<br />
facile à accomplir car le monde de la matière,<br />
qui suit une logique pro<strong>du</strong>ctiviste outrancière,<br />
exige des résultats <strong>et</strong> aussi car la « raison », l’ego,<br />
le mental, les programmations familiales, se<br />
sentant en danger veulent souvent qu’il en soit<br />
autrement.<br />
Pour autant, je ne peux plus faire demi-tour,<br />
ni me détourner. L’attraction est forte, totale<br />
même. Elle bouleverse parfois <strong>et</strong> amplifie ma<br />
vie, ce souffle qui étreint corps, âme <strong>et</strong> cœur.<br />
C’est un voyage en conscience qui s’est enclenché,<br />
une conscience qui s’imprègne <strong>du</strong> sacré<br />
qui suinte de la roche, de la pluie <strong>et</strong> <strong>du</strong> vent,<br />
une réalité abreuvée de lumière <strong>et</strong> qui toujours<br />
anime mon feu intérieur, lui-même alimenté<br />
par un souffle propulseur, créateur qui fait descendre<br />
l’Awen dans mon existence.<br />
Vivre le druidisme,<br />
chaque jour,<br />
à chaque respiration,<br />
dans la montée<br />
comme dans la descente.<br />
C’est voir<br />
<strong>et</strong> relier.<br />
Écouter<br />
<strong>et</strong> relier.<br />
Arpenter, traverser,<br />
explorer,<br />
pour relier encore.<br />
Créer,<br />
centré avec Soi.<br />
Chanter pour accorder<br />
<strong>et</strong> s’accorder :<br />
<strong>du</strong> temps...<br />
soi-même...<br />
aux autres...<br />
aux Dieux <strong>et</strong> aux Déesses...<br />
C’est libérer la parole<br />
qui fait sens,<br />
au nom <strong>du</strong> bro,<br />
au nom des Ancêtres<br />
en notre nom à tous,<br />
mes frères, mes sœurs.<br />
C’est tout simplement<br />
être <strong>et</strong> vibrer<br />
dans l’ouverture <strong>du</strong> cœur.<br />
Notes :<br />
1. « pays » en br<strong>et</strong>on.<br />
2. Que j’appelle « la Grotte ».<br />
Yavanna<br />
Pour un druidisme<br />
vivant<br />
Dans ma vie, le druidisme est<br />
reliance, entre les dieux <strong>et</strong> les<br />
hommes, entre les hommes <strong>et</strong> la<br />
nature, entre les hommes <strong>et</strong> les hommes,<br />
entre chacun <strong>et</strong> soi-même. Et c<strong>et</strong>te reliance<br />
ne peut être autrement que vivante. Parce que<br />
nourrie de sens dans une quête sans cesse renouvelée.<br />
Mais aussi parce que vécue dans le quotidien<br />
d’une vie d’homme, avec ses rythmes <strong>et</strong><br />
son incarnation dans la matière. Ainsi le druidisme<br />
vivant, c’est pour moi un choix de vie qui<br />
colore tous les autres.<br />
Vivre le druidisme, c’est intégrer<br />
l’espace sacré au cœur <strong>du</strong> foyer.<br />
Dédier une pièce à la pratique<br />
de la méditation <strong>et</strong> au stockage<br />
des livres, bois, bougies <strong>et</strong><br />
autres, avec les autels principaux<br />
de travail.<br />
Placer un autel domestique<br />
dans la pièce de vie, pour partager<br />
les offrandes aux ancêtres<br />
<strong>et</strong> gardiens <strong>du</strong> foyer avec les<br />
enfants.<br />
Vivre le druidisme, c’est suivre<br />
le chemin de parents, dans le<br />
perpétuel questionnement de la<br />
transmission de la tradition. Dans le regard des<br />
enfants qui nous m<strong>et</strong>tent en face de nos engagements,<br />
face auxquels on se doit de faire coïncider<br />
au mieux les valeurs <strong>et</strong> les actes. C’est cultiver<br />
le respect <strong>et</strong> l’amour des siens au quotidien.<br />
Vivre le druidisme, c’est être en connexion permanente<br />
avec la nature.<br />
Cultiver l’espace intermédiaire <strong>du</strong> jardin.<br />
Cheminer dans l’espace sauvage de la forêt pour<br />
se perdre <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>rouver.<br />
Être à l’écoute des rythmes, de la lune, des<br />
marées, saisir les basculements de saison, les<br />
nappes de brouillard <strong>et</strong> les rayons de soleil.<br />
Vivre le druidisme, c’est pratiquer des artisanats<br />
qui ancrent dans la matière, <strong>et</strong> qui relient aux<br />
page 16 page 17<br />
ancêtres. Magie de la fibre <strong>et</strong> <strong>du</strong> filage, <strong>du</strong> fil <strong>et</strong><br />
<strong>du</strong> tissage.<br />
Pour le plaisir de la créativité, des couleurs, de<br />
l’aventure sans cesse renouvelée <strong>du</strong> mariage des<br />
matières, mais aussi pour la portée symbolique<br />
de ces gestes ancestraux. Ainsi le voile est ténu<br />
qui sépare travail sacré <strong>et</strong> profane, <strong>et</strong> la spiritualité<br />
<strong>et</strong> le sens s’insinuent partout.<br />
Ainsi un autel se camoufle discrètement dans<br />
mon atelier : j’y allume une bougie quand j’y suis<br />
à l’œuvre, que ce soit pour une création sacrée<br />
ou pour alimenter le stock de la boutique. J’y<br />
fais régulièrement offrandes de fleurs, de danse<br />
ou de liqueur, j’y laisse infuser les créations en<br />
cours.<br />
Filer <strong>et</strong> tisser, tresser la laine<br />
pour une offrande, un talisman,<br />
un cadeau, me perm<strong>et</strong> d’ancrer<br />
le spirituel dans une matière<br />
chaude <strong>et</strong> douce, vivante, d’incarner<br />
les visions que je reçois<br />
<strong>et</strong> de féconder mes gestes<br />
d’amour <strong>et</strong> d’intentions parfois<br />
très précises. Ce sont des<br />
moments précieux, intenses,<br />
emplis de vie <strong>et</strong> de sens.<br />
Vivre le druidisme, c’est protéger<br />
<strong>et</strong> nourrir l’esprit de la tribu.<br />
Être responsable de l’entr<strong>et</strong>ien<br />
<strong>du</strong> feu de mon foyer de sable <strong>et</strong><br />
d’Océan, y accueillir les invités,<br />
accompagner les marcassins, honorer les esprits<br />
<strong>du</strong> lieu, les ancêtres, les gardiens, les dieux <strong>et</strong> les<br />
déesses. Plonger ses racines dans la terre <strong>du</strong> bro.<br />
Tendre les branches de ma clairière vers les<br />
autres, pour animer la grande forêt qui nous rassemble<br />
<strong>et</strong> s’enrichir de nos différences. Échanger,<br />
boire, rire <strong>et</strong> pleurer avec mes frères <strong>et</strong> sœurs.<br />
Vivre le druidisme, c’est de graine devenir arbre,<br />
avec grâce <strong>et</strong> persévérance, avec l’eau des larmes,<br />
le terreau <strong>du</strong> sens, la lumière de l’amour, dans<br />
la beauté de l’inspiration <strong>et</strong> la force de la vérité.<br />
Vivre le druidisme, c’est tendre l’épée <strong>et</strong> le<br />
miroir, c’est protéger <strong>et</strong> voir.<br />
Vivre le druidisme, c’est vivre. Intensément.
Fergus<br />
L’Apporte,<br />
la porter,<br />
la portee<br />
Le suj<strong>et</strong> de la spiritualité au quotidien<br />
peut légitimement s’illustrer<br />
par des exemples concr<strong>et</strong>s. J’ai pour ma part<br />
choisi de parler théorie, ou plus exactement<br />
d’intention.<br />
Comment pourrait-on caractériser la notion de<br />
quotidien associée au Druidisme, sinon par la<br />
capacité à r<strong>et</strong>ranscrire dans le monde profane<br />
l’essence <strong>du</strong> Sacré ?<br />
Il s’agit donc de savoir de quoi l’on parle…<br />
L’on ne saurait en eff<strong>et</strong> parler de Sacré sans<br />
évoquer les notions de transcendance <strong>et</strong> d’immanence,<br />
qui sont ses vecteurs d’expression.<br />
Pour les expliciter, utilisons trois façons d’écrire<br />
les mêmes syllabes : l’Apporté, La porter <strong>et</strong><br />
la Portée. Ces homophones sont à même de<br />
décrire les étapes de la sacralisation.<br />
L’Apporté qualifie les informations issues des<br />
forces fondamentales auxquelles le pratiquant se<br />
relie lors de l’opération de sacralisation. Il peut<br />
s’agir d’une richesse de contenu, de sens voire<br />
d’inspiration comme une image ou un parfum<br />
qui inviterait à la danse de la vie.<br />
Une fois c<strong>et</strong>te information reçue, le pratiquant<br />
doit littéralement « La porter » <strong>et</strong> la supporter.<br />
C’est un exercice qui peut s’avérer difficile<br />
en cas de préparation insuffisante, car la nature<br />
extraordinaire <strong>du</strong> processus peut donner lieu<br />
à des débordements personnels intempestifs.<br />
C<strong>et</strong>te étape est donc celle de la réception <strong>et</strong><br />
de l’intégration en soi, elle conclue la phase de<br />
transcendance.<br />
« L’Apporté » <strong>et</strong> « La porter » composent respectivement<br />
le contenu <strong>et</strong> le support de « la<br />
Portée ». C<strong>et</strong>te Portée désigne à la fois le rayon<br />
d’action <strong>du</strong> pratiquant dans son expression <strong>du</strong><br />
Sacré - ce que l’on peut appeler l’immanence -<br />
<strong>et</strong> la saveur inspirée qu’elle prend lorsqu’elle se<br />
manifeste, avec une précision digne de ce que<br />
Pythagore appelait l’Harmonie des Sphères.<br />
Pour conserver le parallèle avec la musique, nous<br />
r<strong>et</strong>rouvons la partition (La porter), la mélodie<br />
page 18<br />
des notes (l’Apporté) <strong>et</strong> l’exécution par le musicien<br />
(la Portée).<br />
Le Sacré diffère-t-il <strong>du</strong> religieux ? On parle<br />
volontiers de « musique sacrée » pour ce qui<br />
touche aux cantiques religieux, mais une rapide<br />
différenciation perm<strong>et</strong> d’ériger c<strong>et</strong>te expression<br />
en abus de langage.<br />
Le Sacré désigne l’état de ce qui a reçu les eff<strong>et</strong>s<br />
de la transcendance <strong>et</strong> qui va pouvoir le diffuser<br />
via l’immanence ; le religieux désigne l’état de<br />
ce qui est voué à l’immanence par une volonté<br />
humaine, sans que c<strong>et</strong>te vocation ne puisse être<br />
garantie.<br />
Toute opération religieuse n’est donc pas forcément<br />
sacrée dans les faits, bien que ce soit en<br />
théorie le cas ; à l’inverse, certaines opérations<br />
qui sortent <strong>du</strong> cadre religieux s’avèrent participer<br />
<strong>du</strong> Sacré. En fin de compte, c’est l’opérativité<br />
de l’action (<strong>et</strong> donc de l’acteur) qui conditionne<br />
sa participation au Sacré.<br />
C<strong>et</strong>te définition <strong>du</strong> Sacré, volontairement large,<br />
perm<strong>et</strong> d’inclure des activités apparemment<br />
profanes mais qui peuvent recevoir c<strong>et</strong>te inspiration<br />
<strong>et</strong> la diffuser de manière discrète.<br />
L’on peut finalement se demander ce qui caractérise<br />
le Sacré <strong>et</strong> plus précisément ce qui perm<strong>et</strong><br />
de sacraliser un élément qui aurait pu rester profane<br />
: est-ce la foi, c’est-à-dire la croyance en la<br />
transcendance, ou la pratique, c’est-à-dire l’activité<br />
à vocation spirituelle motivée par la foi, ou<br />
encore la nature <strong>du</strong> lieu, c’est-à-dire une constitution<br />
intrinsèque qui rendrait certaines localisations<br />
particulièrement réceptives au Sacré ?<br />
Les réponses à c<strong>et</strong>te question varient selon les<br />
philosophies, l’expérience transverse tendant à<br />
montrer que les trois participent à l’épanouissement<br />
<strong>du</strong> Sacré.<br />
À nous de réenchanter le monde…<br />
Beltaine
Llyriann<br />
Le Mât de lumiere de Beltaine<br />
Brillants rayons déversés<br />
Tan dans l’humus éveillé<br />
De l’Ancien manteau figé<br />
Flux <strong>et</strong> tourbillons engendrés.<br />
Dour frémit, poursuit son cours<br />
L’impénitent des flots est de r<strong>et</strong>our<br />
Vapeurs, brume, éther autour<br />
Gracieux Falc’hon veille sur la tour.<br />
Tan féroce, souffle puissant<br />
Chauffe l’alcôve de Naer ardent<br />
Et se rompt sec, lui va perçant<br />
Œil acéré, nacré d’argent.<br />
Réveil d’Arzh, nouvelle vision<br />
De dour tan naît l’Aerion<br />
Souffle chaud, Septentrion<br />
Nourrit la grotte, grave sillons.<br />
Rampe Sarpant, auprès <strong>du</strong> cerf<br />
Enraciné, le chêne enserre<br />
Du vif foyer remonte vers<br />
L’immensité de la lumière.<br />
Cornu en rut, verbe semence<br />
Pulse la bête aux deux défenses<br />
Glands féconds, racines denses<br />
Appellent alors nouvelle régence.<br />
Tan des cercles, douar ignée<br />
Vaillant le roi, bâton dressé<br />
Terre conquise, royaume aimé<br />
Homme <strong>et</strong> femme réunifiés.<br />
Trois rayons, neuf fedhas<br />
Corps stellaire <strong>du</strong> Mât<br />
Voie sacrée, Belotennia<br />
Tel est le dit d’Oghma.<br />
Puissant Heol <strong>du</strong> ciel inonde<br />
Loar, sa sœur en l’eau profonde<br />
Yeux d’argent brillent dans l’onde<br />
Bel sourit, irradie le monde.<br />
page 20 page 21
Picwic<br />
Beltaine<br />
Le druide nous a conté<br />
Le pouvoir de c<strong>et</strong>te assemblée<br />
Par nos chants entremêlés<br />
Nous avons communié<br />
Pour ouvrir les portes de bonté<br />
De ce temps printanier<br />
Les tambours ont tonné<br />
Et nous avons dansé<br />
La reine lune toute belle<br />
A éveillé le roi de Bel<br />
Courez, houx sans lumière<br />
Vous ne l’attraperez jamais<br />
La lune veut la passion<br />
Le chêne reçoit le don<br />
Le soleil de ses rayons<br />
L’éveil en chanson<br />
Cours, jeune déesse mère<br />
Le chêne a reçu la lumière<br />
Il te rejoint <strong>et</strong> t’interpelle<br />
Vois comme elle est belle<br />
Te voila enlacé par l’amour<br />
Qui te donne avec tout son saoul<br />
Aujourd’hui unissez-vous<br />
Divinité pour toujours<br />
Oh ! Voici les deux feux<br />
L’un masculin, l’autre féminin<br />
page 22<br />
Le temps de la rencontre des deux<br />
Est venu ce matin<br />
Dans une grande farandole<br />
Nous avons foulé le sol<br />
Entre les deux feux de bois<br />
Nous passâmes trois fois<br />
Bénis des divinités<br />
Nous avons partagé<br />
Et chacun a renouvelé<br />
Ses vœux de fidélité<br />
Le cercle a été fermé<br />
Nous nous sommes enlacés<br />
Dans la fraternité<br />
De notre assemblée<br />
Un nouveau printemps est né<br />
Que de bons moments passés<br />
En votre compagnie<br />
Avec vous mes amis<br />
Bran BRITTDu<br />
Beltaine en<br />
Charente limousine<br />
« Avril est un tailleur, un grand<br />
couturier, qui brode de feuilles <strong>et</strong> de<br />
fleurs le manteau d’une mariée parée<br />
pour des noces lumineuses <strong>et</strong> solaires… »<br />
Une buse tente d’échapper au courroux d’un<br />
corbeau qui la poursuit… Un couple de geais<br />
s’en vient boire à l’étang… Les herbes partent à<br />
la conquête des rails désaffectés… Dans les prairies<br />
c’est le grand bal des graminées… La fleur<br />
<strong>du</strong> pissenlit se transforme en parachute pour<br />
aller conquérir d’autres territoires… Les neuves<br />
fougères déploient la spirale de leur crosse, s’entrelacent<br />
aux fibres invisibles que colporte un<br />
vent printanier…<br />
C’est avril en Haute Vienne, en « Charente<br />
Limousine »…<br />
Le peu qu’il reste de bois à brûler dans les cours<br />
de ferme témoigne de la rigueur <strong>et</strong> de la longueur<br />
de l’hiver passé…<br />
Les brumes matinales, les aurores ennoyées,<br />
annoncent cependant le r<strong>et</strong>our de la Belle<br />
Saison…<br />
Les vaches sont à paître, certaines venues d’Armorique<br />
concurrencent en pro<strong>du</strong>ction de lait,<br />
celles de l’Aubrac ou la belle race limousine…<br />
La terre d’ocre orange, beige <strong>et</strong> rouge est r<strong>et</strong>ournée,<br />
prête à porter les futures moissons des<br />
hommes… Les colzas arborent leur pavillon<br />
jaune sur l’océan des feuilles <strong>et</strong> des bois… Le<br />
soleil se pose sur les tuiles arrondies (qu’il<br />
réchauffe d’une juvénile ardeur) comme s’y pose<br />
le chat de la maison ou les tourterelles turques…<br />
Toute la nature est un catalogue de ver<strong>du</strong>re aux<br />
teintes les plus nuancées (<strong>du</strong> vert bronze des<br />
jeunes pousses de chêne au vert gris <strong>et</strong> argenté<br />
de certains peupliers)…<br />
Vallées, jardins, vergers, prairies, futaies, talus,<br />
sous-bois, marais, explosent de couleurs <strong>et</strong> de<br />
senteurs… Ce sont les pentecôtes, les orchis,<br />
les lilas, les stellaires, les monnaies <strong>du</strong> pape, les<br />
compagnons blancs <strong>et</strong> rouges, l’herbe à robert,<br />
l’angélique <strong>et</strong> les berces, les iris, les jacinthes, l’ail<br />
aux ours, les myosotis, les viol<strong>et</strong>tes, les sceaux de<br />
Salomon, le mugu<strong>et</strong>, les primevères <strong>et</strong> le « coucou<br />
», l’alliaire, le genêt <strong>et</strong> l’ajonc, les lotiers, la<br />
page 23<br />
chélidoine, la brunelle, la pâquer<strong>et</strong>te, la renoncule,<br />
la cardamine, l’arbre de Judée, <strong>et</strong> les voiles<br />
blanches des pommiers, des aubépines, des prunelliers<br />
<strong>et</strong> merisiers … Derrière c<strong>et</strong>te joyeuse<br />
avant-garde se préparent à éclore les églantiers<br />
<strong>et</strong> les sureaux…<br />
Ils sont venus des quatre points cardinaux, ceuxci<br />
<strong>et</strong> celles-là qui portent le nom de sœurs <strong>et</strong> de<br />
frères… Ils sont venus avec une corbeille d’offrandes<br />
dans le cœur pour concélébrer ensemble,<br />
main dans la main, joue contre joue, poitrine<br />
contre poitrine, peau contre peau, la liesse <strong>du</strong><br />
renouveau, le r<strong>et</strong>our de la Belle Saison, la fin <strong>du</strong><br />
règne de l’hiver… Ils sont venus saluer le Roi <strong>et</strong><br />
la Reine, la régence souveraine, <strong>du</strong> juste, <strong>du</strong> vrai,<br />
<strong>du</strong> pur <strong>et</strong> <strong>du</strong> beau…<br />
Ils sont venus pour l’allégresse, pour c<strong>et</strong>te sève<br />
de joie <strong>et</strong> d’enthousiasme qui coule dans leurs<br />
veines fraternelles <strong>et</strong> qui se répand en sources <strong>et</strong><br />
fontaines dans les terres humaines dont les eaux<br />
attendent les noces venues <strong>du</strong> ciel en gerbes<br />
d’étincelles sous les ailes <strong>du</strong> soleil <strong>et</strong> des blancs<br />
oiseaux…<br />
Ils sont venus, avec reconnaissance <strong>et</strong> ardeur,<br />
faire cadeaux <strong>du</strong> plus vibrant de leur chair, de leur<br />
songe, de leur sang…Ils sont venus porteurs des<br />
fruits de leur Arbre de Vie… Ils sont les artisans<br />
<strong>du</strong> partage <strong>et</strong> de la rencontre, les compagnons <strong>et</strong><br />
compagnes de la Sente de Lumière… Ils viennent<br />
faire cercle dans la Celte clairière, prendre<br />
le monde, la vie <strong>et</strong> l’univers en leurs bras tissés<br />
d’amitié <strong>et</strong> de ferveur… Là-haut, un visage<br />
céleste resplendit…
Contributions diverses<br />
Kermailune<br />
Lune<br />
Feu de la nuit en robe jaune<br />
Qui se pare de longs cheveux de<br />
nuages<br />
Douceur de la nuit qui enveloppe<br />
Habillée d’une traîne sombre piqu<strong>et</strong>ée d’étoiles<br />
Fine puis ronde, changeante, elle court<br />
Mariée d’un jour, reine de toujours<br />
Poursuivie mais jamais rattrapée<br />
Enceinte de la lune suivante<br />
Qui disparaît pour mieux renaître<br />
D’un bout à l’autre <strong>du</strong> ciel de ses journées<br />
Elle veille de son œil rond sur ses proj<strong>et</strong>s<br />
page 24 page 25<br />
Lumière douce <strong>et</strong> tamisée de l’égaré<br />
Changeant la forêt en bêtes mystérieuses<br />
Des somm<strong>et</strong>s <strong>du</strong> plaisir à l’absence qui revient<br />
Elle conte des histoires à ses étoiles<br />
Chante pour les nuages <strong>et</strong> fait danser les gouttes<br />
de pluie<br />
Puissance qui fait gonfler les océans<br />
Pouvoir sur le sommeil de la nuit<br />
Fragilité <strong>du</strong> changement de cycle<br />
Trois temps pour danser la vie<br />
L’amie, la sœur, la mère, fille <strong>du</strong> soleil<br />
Feu <strong>du</strong> refl<strong>et</strong> solaire, gris de l’argent se reflétant<br />
dans l’eau<br />
Regarde, <strong>et</strong> voit hier, aujourd’hui, demain
War an hent<br />
Saumon de l’Ouest<br />
Paré de ton armure d’écailles grises,<br />
Tu jaillis, vif-argent dans la brise,<br />
brisant la pellicule arc-en-ciel<br />
qui te sépare de l’éclat <strong>du</strong> ciel.<br />
Saumon, d’où te vient ce puissant fou<strong>et</strong><br />
qui te propulse dans l’air transparent ?<br />
L’estuaire fomente ta mutation<br />
avant que l’océan ne te brasse,<br />
ne te pousse aux frontières des Sargasses,<br />
Puis te ramène à ton extraction.<br />
Toi qui rejoins la mer des Sargasses,<br />
Comment r<strong>et</strong>rouves-tu ton estuaire ?<br />
Pourquoi braves-tu le feu <strong>du</strong> sel,<br />
toi qui pris naissance dans une eau douce ?<br />
D’où connais-tu les chemins de mer<br />
si versatiles qui rejoignent la source ?<br />
D’où te vient c<strong>et</strong>te furie de connaître<br />
ce que l’horizon te dérobe ?<br />
Saumon, ô mon chercheur sans fin,<br />
tu louvoies sous la surface sans tain<br />
<strong>et</strong> ton fuseau d’argent n’apparaît<br />
qu’à celui qui perce les refl<strong>et</strong>s.<br />
Nav<strong>et</strong>te entre les mondes, tu tisses<br />
les fils tressés entre les rives.<br />
L’empreinte puissante de ton origine<br />
te pousse à remonter le courant,<br />
donner vie dans le lit de torrent<br />
dans ce creux abrité de la rive.<br />
Saumon, montre-moi comment passer<br />
<strong>du</strong> translucide à la transparence.<br />
Dans l’eau de la fontaine de sagesse,<br />
à l’ombre de quelques nois<strong>et</strong>iers,<br />
les fruits, dans leur coque, sont protégés<br />
espérant, <strong>du</strong> saumon, la hardiesse.<br />
Saumon, comment briser l’apparence<br />
discrète dont se pare la connaissance ?<br />
Jillian<br />
page 26 page 27
Satinka<br />
L’enchanteresse<br />
Elle s’était baignée seule dans la rosée,<br />
Avait enten<strong>du</strong> l’écho de la Terre lui parler,<br />
Avait ressenti en elle toute c<strong>et</strong>te énergie.<br />
C’était loin quelque part au bout de la terre,<br />
Un lieu qui lui était cher,<br />
Entre ciel <strong>et</strong> terre.<br />
Seule, elle n’avait osé<br />
Suivre ce que son corps déjà lui dictait,<br />
Grâce à ce gardien, elle allait pouvoir s’exprimer.<br />
Suivre ses sens qui l’appelaient<br />
À faire ce voyage sans regr<strong>et</strong>s,<br />
Pour construire son futur, sa destinée.<br />
Le moment approchait où elle saurait suivre c<strong>et</strong>te gestuelle complexe.<br />
Ayant déjà vécu cela, seule dans son bois sacré,<br />
Au travers de ce que son maître lui avait initié.<br />
Ceci est réel, son esprit est déjà marqué,<br />
À c<strong>et</strong> instant magique les éléments s’uniront tous en elle,<br />
Union parfaite dans le sacré.<br />
Sous l’œil bienveillant de Bel,<br />
Elle reviendra avec le ruban magique,<br />
Cadeau de la Nwyvre qui la liera à elle.<br />
Étape ultime pour devenir enchanteresse !<br />
Tout est écrit déjà,<br />
Le voyage ne fait que commencer.<br />
Coups de coeur<br />
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Les livres<br />
Libérez la femme puissante<br />
Auteur : Clarissa Pinkola Estés<br />
Editeur : Grass<strong>et</strong><br />
Un livre surprenant <strong>et</strong> un peu désarçonnant, d’une certaine façon, assez différent des autres ouvrages de c<strong>et</strong>te<br />
auteure. Si j’avais dû classer ce livre, je l’aurais mis sous la rubrique « mariologie », pour autant que c<strong>et</strong>te<br />
dernière existe. La Femme Puissante de ce livre, c’est bien Marie. Une Marie parfaite dans toute sa splendeur<br />
catholique traditionnelle. On dit parfois qu’elle est la Déesse Mère christianisée, avec raison. Mais là, difficile<br />
de r<strong>et</strong>rouver quelque chose <strong>du</strong> paganisme tant Marie la Parfaite est présente, à toutes les sauces <strong>et</strong> donnée en<br />
exemple. Le lien clair avec les Déesses-Mères fondatrices manque, probablement masqué par l’amour<br />
de l’auteur pour Marie. Et « paganiser » un tel texte devient assez difficile.<br />
Cependant, ce livre recèle quelques perles. L’une d’entreelles<br />
est une représentation de Marie assise, fleurs dans<br />
les bras, jambes écartées comme si elle avait les pieds<br />
sur les 2 berges d’une rivière, devant une éten<strong>du</strong>e d’eau.<br />
Certains textes poétiques ont aussi une certaine force.<br />
Si vous tombez sur ce livre quelque part, recherchez<br />
les photos de Marie <strong>et</strong> de son puits en début d’ouvrage<br />
(p. 50). Mais si vous cherchez un ouvrage avec lequel<br />
vous pouvez comprendre quelque chose de la féminité<br />
<strong>et</strong> de la Déesse Mère, rabattez-vous plutôt sur Femmes qui<br />
courent avec les loups. Vous aurez plus de matière<br />
à réflexion.<br />
Par Kermailune.<br />
La Musique<br />
Loreena McKennitt :<br />
Troubadours on the Rhine<br />
Voici donc un album de 9 morceaux, enregistré pendant le tour de promotion de The wind that shakes the barley,<br />
soit un concert d’une heure dans les studios d’une station de radio allemande…<br />
L’artiste étant accompagnée seulement de Brian Hugues aux guitares, <strong>et</strong> de la divine Caroline Lavelle au<br />
violoncelle, des fidèles musiciens de ses albums <strong>et</strong> tournées.<br />
Je cite la Dame…<br />
« À l’occasion d’un concert intime un soir de printemps, le 24 mars 2011, j’ai été accueillie dans les studios<br />
SWR à Mayence, en Allemagne, par un public chaleureux. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir à mon<br />
arrivée que ce lieu était en fait un site patrimonial jalonnant le très long parcours des peuples celtes dont<br />
l’histoire remonte à plus de deux mille ans. À l’heureux plaisir de partager c<strong>et</strong> intermède musical se rajouta<br />
donc un autre pas de franchi sur la route des troubadours. »<br />
Un peu déçue de l’album précédent The wind that shakes the barley, je dois dire que j’aime beaucoup celui-ci !<br />
À mes yeux, sa simplicité <strong>et</strong> ce son épuré servent le talent de Loreena McKennitt <strong>et</strong> de ses deux compagnons<br />
beaucoup mieux que les arrangements complexes dont elle avait un peu abusé à mon goût sur The wind that<br />
shakes the barley…<br />
Bon, j’attends toujours un nouvel album de compositions, <strong>et</strong> non plus de reprises <strong>et</strong> de live… mais celui-ci me<br />
fait patienter très agréablement !<br />
Par Caillu Brigana.<br />
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La musique<br />
Christophe Saunière<br />
<strong>et</strong> Joanne McIver,<br />
The Cannie Hour<br />
Avant de vous parler <strong>du</strong> livre-CD<br />
Old Celtic and Nordic Ballads chez<br />
Prikosnovénie, dont Joanne McIver est la chanteuse principale, je ne voulais pas manquer l’occasion de vous<br />
présenter son 5 e album avec son mari Christophe Saunière, intitulé the Cannie hour (sorti l’année dernière) !<br />
Joanne McIver, originaire de l’île d’Arran en Ecosse, compose <strong>et</strong> écrit toutes les chansons de leurs albums :<br />
je les ai tous <strong>et</strong> j’avais beaucoup aimé les précédents, j’ai donc ach<strong>et</strong>é The Cannie Hour les yeux fermés !<br />
Et je n’ai pas été déçue, j’aime toujours autant la voix de Joanne, sa maestria aux flûtes <strong>et</strong> aux cornemuses…<br />
Elle m’a véritablement fait redécouvrir c<strong>et</strong> instrument d’ailleurs, tout en douceur, en vibration <strong>et</strong> en subtilité.<br />
Christophe Saunière est un virtuose de la harpe, <strong>et</strong> leur complicité, leurs talents conjugués sonnent comme une<br />
évidence tout au long de l’album, pour nourrir l’univers <strong>et</strong> l’inspiration dans lequel le couple nous entraîne…<br />
Les quelques mots d’intro<strong>du</strong>ction disent tout de l’atmosphère de ce CD…<br />
« Cannie est un mot écossais qui signifie doux, calme, nous avons imaginé une ‘‘heure douce’’ au coin <strong>du</strong> feu,<br />
un verre de whisky à proximité, à se raconter des histoires <strong>et</strong> chanter des chansons tard dans la nuit.<br />
De nombreux éléments ont inspiré c<strong>et</strong>te collection de chansons : des romans, un conte, une l<strong>et</strong>tre, une île<br />
lointaine, mes grands-parents, un fantôme… Alors préparez un bon feu, installez-vous confortablement avec<br />
un verre à la main… la soirée peut commencer ! »<br />
Lors d’un concert, ne manquez surtout pas une occasion de les voir, je vous garantis une soirée magique,<br />
toute en simplicité, histoires, musique <strong>et</strong> humour… une soirée écossaise en somme !<br />
Leur site : http://www.mciversauniere.com/<br />
Par Caillu Brigana.<br />
La Musique<br />
Old Celtic and Nordic Ballads<br />
Voici enfin la chronique d’un p<strong>et</strong>it trésor… Old Celtic and<br />
Nordic Ballads, de Jean-Luc Lenoir ! J’ai forcément été<br />
attirée par le titre de l’album, tout un programme ! Et je<br />
dois dire que le contenu a dépassé mes espérances… J’ai de<br />
nombreuses raisons d’adorer ce CD, sorti en fin d’année<br />
dernière chez Prikosnovénie.<br />
« L’obj<strong>et</strong> de c<strong>et</strong> enregistrement est de restituer une (infime)<br />
partie de ce que pouvaient être les chansons dont le thème<br />
évoque ces créatures fantastiques des traditions celtes <strong>et</strong><br />
scandinaves. Toutes ont pour héros une Sirène, une Fée,<br />
un Elfe ou un Dragon… Toutes sont anciennes, voire très<br />
anciennes. »<br />
Il y a le thème bien sûr, la musique, le choix des instruments (harpe celtique <strong>et</strong> clarsach, la harpe celtique<br />
ancienne ! hammered <strong>du</strong>lcimer, nyckelharpa… <strong>et</strong> d’autres typiques mais méconnus de ces contrées)…<br />
« Les instruments de ce CD sont, pour la plupart, des instruments issus des traditions : la harpe celtique, le<br />
crwth gallois, la lyre saxonne, le nyckelharpa suédois, le hardingfele norvégien, le kantele finnois, le bodhran<br />
irlandais, le smallpipe écossais… »<br />
… les voix <strong>et</strong> notamment celle de Joanne McIver dont j’ai déjà parlé il y a peu… son chant fait merveille pour<br />
donner vie à ces morceaux, quelle que soit la langue dans laquelle elle chante !<br />
Mais aussi un livr<strong>et</strong> soigné, qui donne l’intro<strong>du</strong>ction, le contexte <strong>et</strong> la tra<strong>du</strong>ction pour chaque morceau !<br />
Si je vous dis que le tout est illustré par Arthur Rackham… Un vrai régal pour les yeux <strong>et</strong> les oreilles, comme<br />
on aimerait en trouver plus souvent ! Bien que sorti un peu tard en fin d’année 2012, il est encore temps de<br />
dire que c<strong>et</strong> album est l’un de mes coups de cœur. Je l’écoute en boucle, <strong>et</strong> j’ai très envie d’apprendre certaines<br />
chansons…<br />
Vous aurez plusieurs aperçus des morceaux <strong>et</strong> <strong>du</strong> livr<strong>et</strong> sur le site de Prikosnovénie, avec notamment des<br />
extraits des titres, <strong>et</strong> des vidéos : http://www.prikosnovenie.com/groupes/old-celtic-nordic-ballads.html<br />
Bonne écoute !<br />
Présentation <strong>du</strong> label :<br />
« Ce livre-CD est une invitation à parcourir l’univers des légendes celtiques <strong>et</strong> nordiques, superbement illustré<br />
par Arthur Rackham, le célèbre illustrateur anglais d’univers féériques. Le compositeur Jean-Luc Lenoir a<br />
fait un long travail de collectage d’anciennes partitions de ballades <strong>et</strong> danses traditionnelles venues d’Ecosse,<br />
d’Irlande, Suède, Norvège. Elles évoquent les sylphes de l’air, les nains de la terre, le feu des dragons <strong>et</strong> la sirène<br />
des eaux profondes…Jean-Luc Lenoir s’est entouré de la crème des musiciens (pas moins de 13) <strong>et</strong> d’une<br />
extraordinaire variété d’instruments traditionnels : Luth, Lyre, Crwth, Nyckelharpa, Dulcimer, Flûtes, Vielle<br />
à roue, Violoncelle… Ces myriades de sonorités boisées sont accompagnées <strong>du</strong> superbe chant de l’écossaise<br />
Joanne McIver en gaélique, écossais, br<strong>et</strong>on ou norvégien. Écoutez ces histoires ancestrales issues de vieux<br />
grimoires dont J.R.R. Tolkien a certainement dû s’inspirer dans ses récits féeriques. Chaque page est rythmée<br />
par les dessins de Rackham, les paroles des chansons avec une intro<strong>du</strong>ction pour chacune. »<br />
Par Caillu Brigana.<br />
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La musique<br />
Graines de Berceuses<br />
Attention, coup de cœur ! Vous connaissez mon affection particulière pour les compilations de Prikosnovénie,<br />
grâce auxquelles j’ai pu découvrir de vraies pépites ? Alors en voici une nouvelle, joliment appelée Graines de<br />
Berceuses : Feuille <strong>et</strong> la Montagne Magique, constituant le tome 4 des livres CD de la collection… Berceuses,<br />
bravo !…<br />
Comme toujours, on r<strong>et</strong>rouve les artistes incontournables <strong>du</strong> label, tels Louisa John-Krol, Caprice, Ashram<br />
<strong>et</strong> bien d’autres, qui ont pour la très grande majorité composé des morceaux spécialement pour l’occasion :<br />
cela mérite d’être souligné à mon sens, il ne s’agit pas de morceaux récupérés d’autres CD, mais bien de<br />
compositions originales, ce qui vous donne une idée de la qualité de l’album, bien au-delà à mon sens d’une<br />
simple compilation.<br />
Mon coup de foudre ira c<strong>et</strong>te fois-ci à la compagnie Atirdel, qui signe le 4 e morceau appelé « Terra Maïre »…<br />
ce n’est pas surprenant, puisqu’on y r<strong>et</strong>rouve Morgane des Marie-Morgane, que j’avais tant appréciées avec leur<br />
album Awena. Je me régale également à écouter « Witchery Fate Song », un traditionnel des îles Hébrides<br />
chanté par Joanne McIver, ainsi qu’Alizbar, le dieu russe de la harpe celtique avec « Wild Strawberry »…<br />
Mais tout l’album est vraiment réussi <strong>et</strong> harmonieux, chaque artiste ou presque mériterait que je m’y attarde !<br />
Le dernier morceau est celui de la chanson de Feuille, l’héroïne de l’histoire… Puis vient le conte de Feuille<br />
<strong>et</strong> la montagne magique, lu par Christine Rey (<strong>du</strong>rée 20 min.) : c’est une jolie histoire, qui plaira autant aux<br />
enfants qu’à leurs parents je pense : une p<strong>et</strong>ite fille doit partir guérir la montagne… je ne vous en dis pas plus,<br />
mais rencontres, épreuves <strong>et</strong> espoirs sont au rendez-vous, pour une quête pleine de sens <strong>et</strong> à tonalité magique !<br />
Le CD est glissé dans un joli livre (<strong>et</strong> non pas un livr<strong>et</strong>, le livre a son rôle à part entière !), illustré par Sabine<br />
Adélaïde. Nouveauté, il contient c<strong>et</strong>te fois une seule histoire (au lieu de plusieurs plus p<strong>et</strong>ites habituellement),<br />
écrite par Régis Aubert, soit la version écrite <strong>du</strong> conte « Feuille <strong>et</strong> la Montagne Magique » lu sur le CD.<br />
Je pense qu’il sera ainsi agréable pour les parents de s’approprier l’histoire en pouvant la lire s’ils le souhaitent !<br />
Vous pouvez r<strong>et</strong>rouver certaines pistes <strong>du</strong> CD sur le site de Prikosnovénie, <strong>et</strong> y r<strong>et</strong>rouver tout le descriptif <strong>du</strong><br />
label.<br />
Par Caillu Brigana.<br />
page 34 page 35<br />
l’assemblée druidique <strong>du</strong> chêne <strong>et</strong> <strong>du</strong> <strong>Sanglier</strong> fédère des clairières<br />
<strong>et</strong> bosqu<strong>et</strong>s druidiques autour de principes <strong>et</strong> de valeurs communs.<br />
Autonomes quant à leur fonctionnement, ces clairières <strong>et</strong> bosqu<strong>et</strong>s se<br />
rencontrent sur ce qui les lie.<br />
Ils s’entendent ainsi sur :<br />
a Le respect des ancêtres <strong>et</strong> une pratique adaptée de l’ancienne spiritualité<br />
druidique. Pratique qui puise aux sources anciennes tout en<br />
respectant l’esprit <strong>du</strong> temps. Double mouvement entre Tradition <strong>et</strong><br />
Inspiration.<br />
a Le respect de la Terre <strong>et</strong> de la Nature.<br />
a Le polythéisme celtique vécu comme une religion naturelle, qui<br />
puise ses symboles au cœur de la Vie, dans les traditions dont on trouve<br />
trace dans les coutumes, le folklore de nos pays.<br />
Religion naturelle aussi parce qu’accessible à chacun, immédiatement.<br />
Religion naturelle enfin parce qu’inscrivant ses rites <strong>et</strong> ses célébrations dans les grands rythmes de<br />
la Nature.<br />
Vous pouvez r<strong>et</strong>rouver l’intégralité de nos publications <strong>et</strong> la présentation de l’<strong>Assemblée</strong> sur notre<br />
site : http://www.druides.org.<br />
Correction <strong>et</strong> mise en page : Yavanna.<br />
Crédit photographique <strong>et</strong> illustrations : Astur : p. 11 ; BastienM : p. 9 à droite en haut ;<br />
Dominique Grassigli : p. 9 à droite en bas ; Eber : pp. 3-6, 35 ; Flagstaffotos : p. 9 à gauche ;<br />
Jillian : p. 27 ; Kermailune : p. 25 ; Llyriann : logo de l’ADCS, couverture, pp. 7, 14, 16-17, 20-21 ;<br />
Picwic : p. 22.
Coordonnées des bosqu<strong>et</strong>s, clairières <strong>et</strong> foyers membres de l’adcs :<br />
AelYs<br />
Cornouaille, Finistère.<br />
Yavanna, lucie.trellu@gmail.com<br />
Altitona<br />
Alsace-Lorraine.<br />
www.druides.fr<br />
Eber, eber@druides.fr<br />
Barbal<strong>et</strong>ta<br />
Haute-Saone.<br />
www.ellwenna.skyrock.com<br />
Almenwen, sagona@hotmail.fr<br />
Epona<br />
Brabant Wallon, Belgique.<br />
Derwen, derwen35@gmail.com<br />
Etin<br />
Sud-Est, vers Avignon.<br />
Caillin Blaa,<br />
caillinblaa@gmail.com<br />
Gabalia<br />
Lozère, Cévennes.<br />
Morgane,<br />
morgane@antredemorgane.com<br />
Médaillon attribué aux<br />
contributeurs de la Rouelle<br />
extérieurs à l’ADCS.<br />
page 36<br />
Helvétia<br />
Suisse romande.<br />
Kermailune,<br />
kermailune@wordpress.com<br />
Icolisma<br />
Poitou-Charentes.<br />
edobola.wordpress.com<br />
Astur, icolisma@druides.org<br />
Le Chaudron<br />
Brocéliande.<br />
Fergus, herulfr_arneson@yahoo.fr<br />
Le <strong>Chêne</strong><br />
Gironde.<br />
laclairiere<strong>du</strong>chene.over-blog.fr<br />
Dercos, dercos@ymail.com<br />
Neved<br />
Cornouaille, Finistère.<br />
www.druidisme.fr<br />
Llyriann, contact@druidisme.fr<br />
Sequana<br />
Bourgogne <strong>et</strong> Île-de-France.<br />
Deruos, herwynn@live.fr