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A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

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– Moi, marié? fit-il, ha! ha! l'idée!... Non! Je connais trop bien la loi pour cela.<br />

Non! Jean La Marche, je ne me suis jamais marié... Mariez-vous, si vous l'aimez, je suis prêt à<br />

écrire votre contrat de mariage sur une feuille de papier large et blanche comme la robe de<br />

noce de votre future; mais ne me demandez pas d'encourir l'obligation de payer le droit du<br />

seigneur qui existe d'après la coutume de Normandie!<br />

– Mais il paraît qu'il n'existe plus ce droit-là, riposta Jean en regardant les autres<br />

personnes qui se trouvaient dans la pièce.<br />

– Bah! répondit Nicolas Houdin, un grand gaillard: je suis à Tilly depuis soixante ans,<br />

et je n'ai jamais entendu dire que <strong>nos</strong> nobles seigneurs l'aient revendiqué.<br />

– Je parle du droit, reprit le notaire, et non pas de la pratique; de la possibilité de la<br />

chose, non de son actualité.<br />

– C'est du latin, pensa Houdin, il ne faut pas douter.<br />

– Oui, je comprends, vous avez raison, maître Pothier, ajouta-t-il.<br />

Jean La Marche reprit tout radieux:<br />

– Quant à nous, dans tous les cas, nous en serons exemptés, car c'est une seigneuresse<br />

bien généreuse que nous avons à Tilly; buvons à sa santé!<br />

– Je veux bien boire, Jean La Marche, riposta le vieux notaire, mais tu ne me prendras<br />

pas comme cela. Etudie, mon jeune homme, et respecte la loi! Ce droit est transmissible, c'est<br />

prouvé par les arrêts de la Cour de Bourges. Respecte la loi.<br />

– Je la respecte, la loi, et je veux qu'elle me protège à mon tour, reprit Jean La Marche.<br />

Vous savez, que l'hiver dernier, ma pauvre Fifine a pris un gros rhume et est morte. Eh bien!<br />

elle a laissé une soeur que je voudrais épouser. Elle est bien prête à dire: oui, la soeur; le curé<br />

dit: non, et les femmes disent: oh! oh! Je serais curieux de savoir maintenant ce que dit la loi.<br />

Peut-on se marier avec la soeur de sa femme?<br />

Les habitants s'approchèrent pour écouter. Tout le monde de la paroisse connaissait les<br />

intentions de Jean La Marche. Les hommes le raillaient, les femmes le plaignaient. Maître<br />

Pothier dressa l'oreille comme un cheval au son de la trompette, et s'écria:<br />

– As-tu envie d'être pendu, Jean La Marche?<br />

– Moi, pendu pour cela?<br />

– Oui, pendu, jusqu'à ce que mort s'en suive!...<br />

– Est-ce vrai, comme l'affirme le bedeau, reprit Jean La Marche, qu'un homme est<br />

bigame quand il a deux femmes?<br />

– Comment! une telle ignorance des lois divines et humaines...<br />

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