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Lire le livre - Ibiblio

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Figure 106. Nadar, caricature des Glaneuses<br />

Voici de pauvres glaneuses 77 qui ne sont point aux champs de Booz 78 ! C’est à<br />

peine si quelques épis <strong>le</strong>ur restent, à el<strong>le</strong>s qui se courbent sous <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il d’été. Que de<br />

misère dans <strong>le</strong>urs haillons ! Que de honte même dans <strong>le</strong>ur triste métier ! El<strong>le</strong>s sont là<br />

trois ou quatre se précipitant sur un malheureux épi oublié par mégarde ; rien n’est<br />

plus vrai que <strong>le</strong>ur attitude ; rien n’est plus nature que <strong>le</strong>ur misérab<strong>le</strong> apparence ; <strong>le</strong>urs<br />

vêtements ont la cou<strong>le</strong>ur de la terre où el<strong>le</strong>s se traînent ! Voici donc encore un de ces<br />

sujets simp<strong>le</strong>s et pénétrants pour <strong>le</strong>squels <strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nt du peintre a tout à faire ; or, M.<br />

Mil<strong>le</strong>t 79 a beaucoup fait, et il a réussi ; ces pauvres fil<strong>le</strong>s sont dessinées avec une énergie<br />

franche ; la sobriété de la cou<strong>le</strong>ur va bien à la tristesse du sujet. Je ne sais rien de<br />

plus attendrissant, de plus désolé qu’une pareil<strong>le</strong> scène, rendue avec un tel sentiment.<br />

77 Les Glaneuses, tab<strong>le</strong>au naturaliste maintenant universel<strong>le</strong>ment reconnu (Musée<br />

du Louvre), la seu<strong>le</strong> contribution de Mil<strong>le</strong>t au Salon de 1857, montre <strong>le</strong> travail minutieux<br />

de trois glaneuses après la moisson, l’aridité du travail renforcée par la présence d’un<br />

maître à cheval. Il est vivement tancé par <strong>le</strong> public et <strong>le</strong>s critiques, faisant immense scanda<strong>le</strong>.<br />

Verne se montre donc en avance du goût en l’appréciant dès 1857. « D’autres pourront<br />

reprocher parfois à ses figures un manque de soup<strong>le</strong>sse dans <strong>le</strong> modelé qui <strong>le</strong>ur<br />

donne quelque ressemblance avec des maquettes de glaise : je ne veux voir que <strong>le</strong> sentiment<br />

bien profond et intime de cette peinture essentiel<strong>le</strong>ment démocratique » (NADAR,<br />

pp. 56-57). « Derrière ces trois glaneuses se silhouettent dans l’horizon plombe, <strong>le</strong>s piques<br />

des émeutes populaires et <strong>le</strong>s échafauds de 93 » (Jean Rousseau, dans son compte<br />

rendu du Salon pour Le Figaro, cité sur http://findartic<strong>le</strong>s.com/p/artic<strong>le</strong>s/mi_m0422/<br />

is_1_80 /ai_54073919/pg_21).<br />

78 Riche propriétaire terrien de Bethléem, dans <strong>le</strong> Livre de Ruth : dans La Légende<br />

des sièc<strong>le</strong>s, Victor Hugo consacre un poème, « Booz endormi », à sa rencontre avec sa<br />

future femme, la veuve Ruth, venue glaner dans ses champs.<br />

79 Jean-François Mil<strong>le</strong>t (1814-1875), peintre réaliste qui a une grande influence sur<br />

<strong>le</strong>s impressionnistes, célèbre pour ses scènes champêtres. Le salon de Nemo, seu<strong>le</strong>ment<br />

dans <strong>le</strong> 2 e manuscrit, arbore éga<strong>le</strong>ment des Mil<strong>le</strong>t.<br />

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