26.06.2013 Views

Lire le livre - Ibiblio

Lire le livre - Ibiblio

Lire le livre - Ibiblio

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Nous retrouvons avec plaisir sous notre plume <strong>le</strong> nom de M. Daubigny 11 , dont<br />

nous avons admiré déjà <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au qu’il appel<strong>le</strong> <strong>le</strong> Printemps ; mais son chef-d’œuvre,<br />

qui pourrait bien être en même temps <strong>le</strong> plus beau paysage du Salon, est la Vallée<br />

d’Optevoz dans l’Isère 12 ; la naissance d’une âpre colline, dont <strong>le</strong>s rocs aigus déchirent<br />

<strong>le</strong> sol, un terrain recouvert d’une herbe rare et brûlée ; l’eau morne, épaisse, incolore<br />

d’un étang qui réfléchit à peine <strong>le</strong>s arbres maigres et étriqués du bord ; un ciel gris,<br />

pesant, sans cha<strong>le</strong>ur et sans lumière ; une atmosphère vague et stagnante pour ainsi<br />

dire, où semb<strong>le</strong> manquer l’air, voilà <strong>le</strong>s éléments de ce paysage, qui est plus qu’un<br />

paysage ; c’est tout un sentiment vrai, profond, indicib<strong>le</strong> de la nature dans des conditions<br />

particulières de tristesse et de désolation ; la vallée de Josaphat, un jour, ne sera<br />

pas autre chose que cette vallée d’Optevoz ; on sent pourtant en présence de cette<br />

toi<strong>le</strong>, que l’artiste n’a rien inventé ; il est resté <strong>le</strong> fidè<strong>le</strong> et merveil<strong>le</strong>ux interprète de<br />

cette situation qui s’offrait à ses regards ; mais avec quel<strong>le</strong> force de vérité et quel<strong>le</strong><br />

puissance de ta<strong>le</strong>nt ! Le dessin de ce paysage est large et ferme, hardi et vigoureux ; la<br />

cou<strong>le</strong>ur est superbe de tons tristes, piteux et fauves ; il est impossib<strong>le</strong> de ne pas être<br />

profondément impressionné à la vue de ce tab<strong>le</strong>au ; on <strong>le</strong> quitte parce qu’il faut se distraire<br />

d’un pénib<strong>le</strong> sentiment, et, pour ainsi dire, renouve<strong>le</strong>r l’air qu’on y respire ; nous<br />

<strong>le</strong> répétons avec conviction, avec émotion même, cette toi<strong>le</strong> est l’une des plus bel<strong>le</strong>s,<br />

sans contredit, qu’il soit donné d’admirer au Salon de 1857. Il faut encore de légitimes<br />

éloges pour <strong>le</strong>s autres tab<strong>le</strong>aux de M. Daubigny, et surtout pour la Futaie de peupliers<br />

; il s’est tiré avec un rare bonheur et un ta<strong>le</strong>nt extrême des particularités de ce<br />

paysage ; <strong>le</strong>s tiges élancées et droites de ces arbres, loin de produire un effet disgracieux,<br />

se dressent avec une hardiesse charmante, et chacun d’eux a été l’objet d’une<br />

étude spécia<strong>le</strong> ; cependant l’ensemb<strong>le</strong> se fond parfaitement et séduit sans peine l’œil<br />

charmé ; nous par<strong>le</strong>rons aussi d’un magnifique So<strong>le</strong>il couché dont <strong>le</strong>s effets, scrupu<strong>le</strong>usement<br />

étudiés, ont été rendus de main de maître par M. Daubigny.<br />

11 « Il est impossib<strong>le</strong> de rien voir de plus merveil<strong>le</strong>ux que ses quatre tab<strong>le</strong>aux de cette<br />

année » (NADAR, p. 51). Rappel de médail<strong>le</strong> de première classe au Salon.<br />

12 « Comme une pauvre veuve qui s’assied au bord de l’eau, loin de tout, pour p<strong>le</strong>urer<br />

son malheur. L’impression triste de certains pays de montagnes est rendue avec une<br />

justesse admirab<strong>le</strong>. La cou<strong>le</strong>ur est mélancolique ; l’eau dormante du petit lac me paraît<br />

au-dessus de tous <strong>le</strong>s éloges » (ABOUT, p. 225). « Daubigny expose cette année quatre toi<strong>le</strong>s,<br />

dont deux sont véritab<strong>le</strong>ment des chefs-d’œuvre, Le Printemps et La Vallée<br />

d’Optevoz. . . Deux collines rocheuses partent de chaque extrémité du premier plan, et<br />

vont se dirigeant l’une vers l’autre à mesure qu’el<strong>le</strong>s s’approchent du fond. . . La fermeté<br />

des terrains, revêtus d’une mousse courte que soulèvent ça et la <strong>le</strong>s larges assises du roc ;<br />

<strong>le</strong> petit sentier pratiqué <strong>le</strong> long de l’eau et sur <strong>le</strong>quel s’avance un bonhomme suivi d’un<br />

chien ; la nappe, d’une fluidité profonde et transparente ; la lumière, d’un éclat affaibli<br />

qui enveloppe <strong>le</strong> paysage, fait de cette toi<strong>le</strong> une œuvre de maître, p<strong>le</strong>ine d’harmonie et de<br />

force » (CASTAGNARY, pp. 21-22). « Admirab<strong>le</strong>ment peint et d’une vérité de ton » (AU-<br />

VRAY, p. 69).<br />

117

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!