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c’était à la fois une avance sur l’héritage de Verne, une dot et l’achat d’une position de<br />

remisier.<br />

Le 8 janvier 1857, <strong>le</strong> contrat de mariage obligatoire se signait à Château Thierry<br />

13 . Ju<strong>le</strong>s Verne était sans <strong>le</strong> sou et ses possessions en ce bas monde se réduisaient à<br />

« ses habits et linge. . . sa bibliothèque, un piano et divers meub<strong>le</strong>s meublants, sa montre<br />

» 14 , ses douzaines de manuscrits n’étant pas dignes de mention. Honorine amenait<br />

6.000 F. en vêtements, bijoux et meub<strong>le</strong>s 15 , ainsi qu’un alléchant 75 mil<strong>le</strong>, en liquide<br />

et en placements. Des 81.000, cependant, <strong>le</strong>s deux fil<strong>le</strong>s en attendaient 32, <strong>le</strong>s ramenant<br />

à 49, ou 46 après l’achat du trousseau 16 . La symétrie harmonieuse des contributions<br />

respectives était, néanmoins, trompeuse, car l’apport de Verne anticipait sur la<br />

mort d’un de ses parents. Détruisant l’équilibre ingénieux, en fait, Honorine jouissait<br />

d’attentes supplémentaires, comme Ju<strong>le</strong>s soulignait avec dé<strong>le</strong>ctation : 60.000 de ses<br />

parents et au moins 80 d’un onc<strong>le</strong> amiénois, donnant un total d’« à peu près 200.000 »<br />

(fin novembre 1856).<br />

Comme préparation fina<strong>le</strong> de ce mariage doré, Ju<strong>le</strong>s Verne visita ce qu’il appelait<br />

la « vil<strong>le</strong> chérie » d’Amiens, pour loger chez l’« onc<strong>le</strong> riche » d’Honorine 17 . Dans une<br />

vie antérieure il avait proclamé que ne pas se marier constituait « <strong>le</strong> seul moyen de ne<br />

pas être cocu » 18 . Maintenant il dédiait un poème, « Notre étoi<strong>le</strong> », à « M l<strong>le</strong> Honorine<br />

de Viane » 19 . Fin 1857 il devait publier sept poèmes dans la col<strong>le</strong>ction d’Aristide Hignard,<br />

Rimes et mélodies. Une Herminie – <strong>le</strong> grand amour de sa jeunesse – glissant de<br />

son lit conjugal pour s’ébattre avec <strong>le</strong> jeune poète y cohabitait naturel<strong>le</strong>ment avec la<br />

pâ<strong>le</strong> héroïne de « Notre étoi<strong>le</strong> ». L’opérette Monsieur de Chimpanzé, éga<strong>le</strong>ment écrit<br />

en 1857 par Verne, Carré et Hignard, transmettait un message semblab<strong>le</strong> que mariage<br />

et singerie allaient de pair.<br />

Les parents de Ju<strong>le</strong>s Verne montèrent vraisemblab<strong>le</strong>ment à Paris juste avant <strong>le</strong><br />

jour de Noël. Malgré eux, ils rejoignirent Ju<strong>le</strong>s à Amiens pour passer quelques jours<br />

chez <strong>le</strong>s de Viane. Pendant que Pierre et Sophie se retiraient à Provins, Ju<strong>le</strong>s resta sur<br />

place pour déménager <strong>le</strong>s affaires d’Honorine, <strong>le</strong>s portant sur son dos au cinquième<br />

étage 20 . À peu près la veil<strong>le</strong> de la cérémonie, <strong>le</strong>s deux famil<strong>le</strong>s, sans doute avec la mariée,<br />

se réunirent dans un hôtel parisien (17 décembre 1856).<br />

Dès <strong>le</strong> début Ju<strong>le</strong>s Verne avait réclamé une cérémonie restreinte, presque dans<br />

l’intimité (7 décembre 1856). Le mercredi, 10 janvier 1857, une douzaine de personnes<br />

se rassemblèrent donc dans la mairie de la place des Petits Pères, non loin de son<br />

domici<strong>le</strong>. L’église Sainte Eugène montrait son profil écrasé dans la rue Sainte Céci<strong>le</strong><br />

voisinant – une prolongation de la rue du bordel préféré de Verne. Le souhait de Ju<strong>le</strong>s<br />

13 [Mi-déc. 1856] ; 22 nov. 1856 ; Céci<strong>le</strong> Compère, « Le Contrat de mariage des<br />

époux Verne », Revue Ju<strong>le</strong>s Verne, n° 2 (1996), pp. 76-81.<br />

14 Compère, « Le Contrat ».<br />

15 G. Dumas, Mémoires (Laon : Fédération des Sociétés, 1977), p. 22, dit que <strong>le</strong>s possessions<br />

d’Honorine va<strong>le</strong>nt 3.000 francs ; Compère (« Le Contrat », p. 77), 30.000.<br />

16 Compère, « Le Contrat », p. 77.<br />

17 [3 déc. 1856], 22 nov. 56.<br />

18 5 nov. 1854 in BSJV, n° 151 (2004), p. 13.<br />

19 Textes oubliés (éd. Francis Lacassin), Union généra<strong>le</strong> d’éditions, 1979, p. 49.<br />

20 17 déc. 56 ; ALLOTTE, p. 77.<br />

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