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les travaux champêtres) Yii bàrgé (vin de l'amitié)<br />

etc...<br />

1.2. Du vin pour les travaux champêtres,<br />

l'entraide.<br />

Après le sacrifice, la bière du mil s'est révélée<br />

comme un excellent stimulant pour les travaux<br />

champêtres. Dans les zones rurales, la main<br />

d’œuvre salariale a toujours fait défaut. C'est plutôt<br />

l'entraide communautaire qui en est la forme la<br />

plus répandue. Auparavant, c'était un grand repas<br />

qui était préparé pour le groupe de jeunes qui<br />

venaient aider. Mais on s'est rendu compte que la<br />

nourriture ne permettait plus de travailler une fois<br />

le repas pris. Le champ défriché ne reflétant pas le<br />

repas offert. Au contraire, la bière du mil, une fois<br />

consommée, redonne vigueur aux travailleurs. lis<br />

labourent des vastes superficies sans éprouver la<br />

moindre fatigue. Petit à petit, la bière du mil s'est<br />

substituée à la plupart des formes d'entraide, le<br />

repas restant pour les jeunes et les groupes très<br />

restreints.<br />

1.3. Du produit d'amitié entre un homme marié<br />

ou non et une femme (Yii barge)<br />

Il a existé chez les Tupuri, (chez les Massa<br />

aussi) une forme d'amitié entre une femme mariée<br />

et un homme marié ou non, appelée Maàn né<br />

hoôlé. Mot à mot, cela veut dire : belle-mèrenourriture.<br />

C'est la belle-mère chez laquelle on n'a<br />

pas pris épouse, mais chez qui l'on peut manger<br />

(on verra plus loin que les beaux-parents ne<br />

mangent ni ensemble, ni chez l'un l'autre). Dans la<br />

pratique de cette amitié, l'homme aide la femme<br />

dans divers travaux champêtres, réparation des<br />

toitures, fabrication des nattes (higi). En retour, la<br />

femme lui présente de temps en temps un repas, lui<br />

vient en aide en lui donnant poulets ou chèvres<br />

lorsque ce dernier reçoit des visites inattendues.<br />

Les relations intimes (sexuelles) étaient interdites,<br />

de même que l'adultère était une faute très grave.<br />

Pour marquer cette grande amitié qui souvent, se<br />

terminait par le mariage des enfants (ou la fille de<br />

la femme et l'homme lui-même), la femme invitait<br />

au moins une fois l'homme, durant le temps de leur<br />

amitié, en préparant un grand vin. L'homme venait<br />

boire avec ses amis. Cette forme d'amitié a<br />

pratiquement disparu de nos jours, car elle a été à<br />

la base de beaucoup de cas d'adultère dans le<br />

processus de la "libération" de la femme.<br />

16<br />

Remarque importante.<br />

La préparation de la bière du mil, à cause de ses<br />

nombreuses opérations (qui seront étudiées plus<br />

loin) a été très tôt abandonnée par l'homme. C'est<br />

la femme qui se charge de tout, jusqu'au produit<br />

fini. Mais elle s'était jusque-là réservée et ne<br />

consommait pas la partie fermentée et alcoolisée,<br />

le màlinga. Elle se contentait du droob-ɓé, la partie<br />

lourde, non filtrée et non fermentée, très sucrée. La<br />

jeunesse, quant à elle, fortement, très encadrée par<br />

le Gurna, fuyait tout ce qui était alcool. Elle adorait<br />

le lait qui, en plus de sa valeur nutritive, était<br />

symbole de noblesse. D'ailleurs, les jeunes qui se<br />

laissaient tenter par le vin en dehors des fêtes<br />

autorisées, étaient sévèrement sanctionnés par le<br />

règlement du Gurna.<br />

1.4. Du produit de "commerce"<br />

La bière du mil comme produit du commerce<br />

est d'une grande actualité et son évolution est<br />

connue de la plupart des adultes Tupuri,<br />

d'aujourd'hui (45 ans et plus). Elle est étroitement<br />

liée à l'introduction de l'économie monétaire en<br />

pays Tupuri, elle-mêrne favorisée par le<br />

développement des cultures de rente, arachide et<br />

coton 5 . C'est aussi vers la même époque (1920-<br />

1940) que certains grands marchés hebdomadaires<br />

(ou luumo) se développèrent en pays Tupuri (le<br />

mot luumo est d'origine Peul) - Datchega Sud dans<br />

le canton de Doukoula (Mercredi) -, Touloum<br />

(Mardi) et Djiglao (Jeudi) dans le canton de<br />

Doubane.<br />

Les produits échangés dans ces marchés étaient<br />

du côté des populations gros et petits bétails,<br />

volailles et produits agricoles. Du côté des<br />

commerçants, c'étaient les produits manufacturés<br />

de première nécessité -. allumettes, sucre, savon,<br />

bonbons, chaussures, pagnes etc.... Les boissons<br />

vendues étaient l'eau et des sucreries à base d'eau,<br />

du citron, du sucre brûlé (caramel) et parfois du<br />

mil - ardef, kunu, et autres. En dehors de l'eau<br />

vendue par les jeunes filles Tupurii, les sucreries<br />

étaient vendues par les femmes Peuls. Mais petit à<br />

petit, la bière du mil va faire son apparition sur la<br />

place du marché. C'est en quelque sorte un second<br />

marché (luumo yii) à l'écart du marché central,<br />

sous de grands arbres très ombragés. Comment un<br />

produit essentiellement destiné aux sacrifices, est-il<br />

devenu un produit de vente ?<br />

5 C'est en 1928 que fut décrétée la culture obligatoire du coton ... au Tchad<br />

... avec l'obligation de payer l'impôt et les denrées européennes en argent<br />

liquide (OUSMANE GNAAKO) cité par Mensala, op. cit. P. 18.

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