recueil d'archives du poste de Ouahigouya (Haute Volta ... - IRD
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TRAVAUX ET DOCUMENTS DE L’O .R.S.T.O .M.<br />
No125<br />
0 .R .S .T .O .M .<br />
PARIS<br />
1980
c< La loi <strong>du</strong> 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes <strong>de</strong>s alinéas 2 et 3 <strong>de</strong> l’article 41, d’une<br />
« part, que les «copies ou repro<strong>du</strong>ctions strictement réservées à l’usage privé <strong>du</strong> copiste et non<br />
« <strong>de</strong>stinées à une utilisation collective» et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations<br />
« dans un but d’exemple et d’illustration, «toute représentation ou repro<strong>du</strong>ction intégrale, ou<br />
« partielle, faite sans le consentement <strong>de</strong> l’auteur ou <strong>de</strong> ses ayants droit ou ayant cause, est<br />
(( illicite» (alinéa ler <strong>de</strong> l’article 40).<br />
« Cette représentation ou repro<strong>du</strong>ction, par quelque procédé que ce soit, constituerait<br />
N donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants <strong>du</strong> Co<strong>de</strong> Pénal)>.<br />
ISBN : 2-7099-0581-7 @0~8T0M Pans, 1980
CHRONIQUES<br />
D'UN CERCLE DE L'A.0.F.<br />
Recueil d’archives <strong>du</strong> <strong>poste</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Ouahigouya</strong> (<strong>Haute</strong> <strong>Volta</strong>)<br />
- 1908 - 1941-<br />
présenté par J.Y. MARCHAL
A Maria, Le<strong>de</strong>a, Boukary et Michel<br />
Il y a cinquante ans, se tenait à Paris<br />
l’exposition coloniale.
Sommaire<br />
Avant-Propos.. . . . . .; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5<br />
Intro<strong>du</strong>ction ............................................ 11<br />
La conquête ........................................ 11<br />
Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> .............................. 12<br />
L’administration <strong>de</strong> l’A.0.F. ............................ 13<br />
Le Yatenga et ses populations ........................... 15<br />
Recueil d’archives ........ : ................................ 19<br />
Première pério<strong>de</strong> : 1908 . 1916 «La mise en condition» .......... 21<br />
Deuxiéme pério<strong>de</strong> : 1924 - 1932 «Une exploitation <strong>de</strong> grand style» . . 91<br />
Troisième pério<strong>de</strong> : 1933 . 1941 «Le temps <strong>de</strong>s bienfaits)) ........ 167<br />
En guise <strong>de</strong> conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205<br />
Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209<br />
Table <strong>de</strong>s illustrations<br />
Figure 1 - Localisation <strong>de</strong>s principaux lieux cités dans le texte . . . . . . . . . . . 9<br />
Figure 2 - Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . 10<br />
Photos :<br />
- Défilé militaire dans un <strong>poste</strong> <strong>du</strong> Haut Sénégal - Niger (1905) . . . . . 22<br />
- La récolte <strong>du</strong> mil sous la surveillance <strong>du</strong> chef <strong>de</strong> village, près <strong>de</strong> Gurcy 46<br />
- Une mission en pays Mossi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68<br />
- Convoi d’ânes chargés <strong>de</strong> coton, sur la route <strong>de</strong> Mopti, 1923 . . . . . . 92<br />
- Une école régionale (<strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>) , : . . . . . . . . . . , . . . . , , . . , . 116<br />
-Pesée<strong>de</strong>cotonsurunmarchéenpaysmossi.. . . . . . . . . . . . . . . . 140<br />
- File d’attente au cours d’une séance <strong>de</strong> vaccination (<strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>) . . 164<br />
- Pont sur la <strong>Volta</strong> Blanche, près <strong>de</strong> Seguenega, cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> 186<br />
- Opération <strong>de</strong> recensement dans un village en pays mossi, 1939 . . . . 202
AVANT -PROPOS<br />
Le <strong>recueil</strong> d’archives que nous présentons a été réalise en <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, <strong>de</strong><br />
1970 à 1974, dans les bureaux administratifs <strong>de</strong> la sous-préfecture <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />
et surtout à la bibliothèque <strong>du</strong> Centre <strong>Volta</strong>ïque <strong>de</strong> la Recherche Scientifique<br />
(C.V.R.S.) à Ouagadougou.<br />
Que son Directeur soit ici remercié d’avoir bien voulu mettre à notre<br />
disposition les archives coloniales conservées dans son Centre.<br />
Les documents <strong>recueil</strong>lis concernent la pério<strong>de</strong> 1908-194 1. Des recherches<br />
en géographie ont d’abord motivé ce travail. Étudiant dans la région <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />
les termes <strong>du</strong> rapport population-ressources, il était primordial <strong>de</strong> connaître le passe,<br />
indispensable à la compréhension <strong>de</strong> la situation que nous analysons aujourd’hui.<br />
Et le passe colonial est lourd d’initiatives - ou d’absences d’initiatives - ayant concouru<br />
à la situation actuelle <strong>de</strong> la région étudiée.<br />
Dans un premier temps, nous avons relevé dans les archives les informa-<br />
tions relatives à l’état <strong>de</strong>s récoltes, aux cultures obligatoires, au trafic commercial,<br />
aux stocks <strong>de</strong> population recensée, aux mouvements migratoires. Puis, rapi<strong>de</strong>ment,<br />
nous avons constaté que ces documents étaient aussi riches à bien d’autres égards et<br />
qu’il aurait été dommage <strong>de</strong> ne pas les porter à la connaissance d’un public plus<br />
vaste que celui <strong>de</strong>s chercheurs intéressés à la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, d’autant plus que certains<br />
papiers étaient déjà’ fort détkriorés et risquaient <strong>de</strong> ne plus être exploitables à court<br />
terme. C’est pourquoi nous les avons recopiés, non pas in extenso, mais dans ce<br />
qu’ils livraient d’intéressant, voire <strong>de</strong> pittoresque ou <strong>de</strong> savoureux, sur la vie d’un<br />
<strong>poste</strong> <strong>de</strong> l’A.0.F. et les impressions ressenties par les Européens sur le pays et<br />
ses populations.<br />
Approuver, s’opposer rigoureusement ou rester réservé sur les positions<br />
prises par la puissance administrante en A.O.F. n’est pas <strong>de</strong> notre propos. Le procès<br />
<strong>de</strong> la colonisation a déjà été fait et les textes que nous soumettons aux lecteurs<br />
parlent d’eux-mêmes et avec suffisamment <strong>de</strong> force pour nouséviter d’en (o-ajouter)).<br />
Nous avons seulement fait en sorte que tout lecteur, averti ou non <strong>du</strong> passe colonial,<br />
puisse suivre les évènements consignés dans les archives d’un <strong>poste</strong> où la ecivili-<br />
satiorw était représentée par une poignée d’«expatriés)) et puisse apprécier, pièces<br />
en mains, la façon coloniale <strong>de</strong> comprendre les peuples africains et <strong>de</strong> les administrer.
Certaines annees, les documents présentent les événements d’une manière<br />
telle que nous voyons apparaître sans ambiguïté les caracteres <strong>de</strong>s hommes qui les<br />
ont rédigés. Nous avons l’impression <strong>de</strong> les connaître, d’être sur place. A d’autres<br />
moments, les textes reprennent les mêmes propos, aux mêmes dates : c’est la routine,<br />
même dans un <strong>poste</strong> <strong>du</strong> bout <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>. C’est la monotonie parce que, très souvent,<br />
le personnel <strong>de</strong> l’administration n”allait pas au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s apparences, <strong>de</strong>s premières<br />
impressions banales, soit qu’il n’en avait pas le temps, trop accaparé par la paperasse,<br />
soit qu’il était trop rapi<strong>de</strong>ment muté d’un <strong>poste</strong> à l’autre. Ce personnel percevait<br />
le pays au travers <strong>de</strong>s propos que lui tenaient les informateurs locaux qui, eux,<br />
savaient ce qu’il fallait dire ou ne pas dire au Commandant (1).<br />
Parfois aussi, le manque d’informations couvre plusieurs mois ou plusieurs<br />
années. Les documents ont disparu <strong>de</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> suite à la <strong>de</strong>struction d’archives<br />
ou à leur expédition en France, au moment <strong>de</strong> l’Indépendance <strong>du</strong> pays.<br />
Pour incomplète qu’elle soit, cette revue d’archives nous informe cependant<br />
sur les principales options retenues par l’administration coloniale en <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>.<br />
La pério<strong>de</strong> 190%1916 est celle <strong>du</strong> début <strong>de</strong> la colonisation pacifique.<br />
L’administration civile prend en main la vie économique <strong>du</strong> cercle. Pour l’essentiel,<br />
elle favorise le marché et l’école <strong>de</strong> Guahigouya, tous <strong>de</strong>ux récemment créés, et<br />
entame les travaux d’infrastructure routiére, lesquels necessitent le recours à la<br />
main-d’œuvre prestataire <strong>de</strong>puis 1903. Elle fait recenser les populations afin d’asseoir<br />
l’impôt <strong>de</strong> capitation.<br />
La vie <strong>du</strong> cercle est profondément troublée par la famine <strong>de</strong> 1914 et par<br />
les levées intensives et précipitées <strong>de</strong>s tirailleurs <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> l’ouverture <strong>de</strong>s hostilités<br />
en Europe.<br />
Les années 1924-1932 correspon<strong>de</strong>nt à la pério<strong>de</strong> <strong>du</strong> «développement<br />
économique» voulu par le Lieutenant-Gouverneur HESLING, <strong>de</strong>puis la création <strong>de</strong><br />
la colonie <strong>de</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> en 1919. Ce Gouverneur est convaincu <strong>de</strong> la possibilité<br />
pour son territoire d’exporter <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> coton. Pendant huit ans, <strong>de</strong><br />
1919 à 1927, il s’efforce <strong>de</strong> «rendre viable» la colonie qu’il administre. Mais l’échec<br />
<strong>de</strong> cette politique cotonnière, qui se manifeste par une crise alimentaire grave en<br />
1927, con<strong>du</strong>it le Gouvernement Général <strong>de</strong> l’A.0.F. à prendre une nouvelle option<br />
économique. Faute <strong>de</strong> pouvoir pro<strong>du</strong>ire <strong>du</strong> coton, la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> <strong>de</strong>vra pro<strong>du</strong>ire<br />
<strong>de</strong>s hommes. Et le trafic <strong>de</strong> main-d’œuvre s’organise entre les cercles <strong>de</strong>nsément<br />
peuplés <strong>du</strong> pays mossi et la colonie <strong>de</strong> la Côte d’ivoire, principalement. Les popu-<br />
lations réagissent : <strong>de</strong>s milliers d’hommes fuient en Gold Coast et vers les secteurs<br />
sous-administrés <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> pour échapper aux réquisitions.<br />
Le décret <strong>du</strong> 5 septembre 1932 <strong>de</strong>membre la colonie jugée non rentable.<br />
Celui d’août 1933 dorme a la colonie <strong>du</strong> Soudan français les cercles <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />
6<br />
(1) A ce sujet, le lecteur pourra se reporter à l’ouvrage cl’A. JX4MPATE BA :L’éOwzge <strong>de</strong>stin<br />
<strong>de</strong> TVan.@n ou les soueries d’un interprête &+icain. 1974, Ed. lO/l8.
et <strong>de</strong> Dédougou tandis que les autres cercles <strong>de</strong> l’ex <strong>Haute</strong>i<strong>Volta</strong> sont partagés entre<br />
la Côte d’ivoire et le Niger.<br />
La pério<strong>de</strong> 1933-1941 est celle d’un apaisement relatif <strong>de</strong>s contraintes<br />
administratives au Soudan, dont dépend <strong>Ouahigouya</strong>, alors que, dans le même<br />
temps, les cercles voisins relevant <strong>de</strong> la Côte d’ivoire connaissent <strong>de</strong>s recru-<br />
tement massifs <strong>de</strong> manœuvres pour les chantiers forestiers et les plantations <strong>de</strong><br />
la Basse Côte.<br />
A <strong>Ouahigouya</strong>, les recrutements <strong>de</strong> main-d’œuvre prestataire restent<br />
mo<strong>de</strong>stes quant à leurs effectifs et, à compter <strong>de</strong> 1937, l’administration locale se<br />
préoccupe surtout d’envoyer <strong>de</strong>s colons à l’Office <strong>du</strong> Niger dans le but, douteux<br />
mais avoué, <strong>de</strong> soulager la pression démographique <strong>du</strong> cercle.<br />
*Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> 1941, nous n’avons plus trouvé d’informations. Le chercheur<br />
reste sur sa faim, alors que le second conflit mondial vient <strong>de</strong> commencer et que<br />
le Soudan français doit répondre, au même titre que les autres colonies <strong>de</strong> l’A.O.F.,<br />
à l’effort <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong>mandé par le Gouvernement <strong>de</strong> Vichy. Sachons, toutefois,<br />
que cet effort sera relativement moins lourd à supporter par les populations <strong>du</strong><br />
Yatenga que celui imposé aux cercles mossi dépendant <strong>de</strong> la Côte d’ivoire.<br />
Le 4 septembre 1947, la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> est reconstituée. Le sort <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong><br />
<strong>Ouahigouya</strong> est désormais lié à celui <strong>de</strong> cette colonie. Les recommandations <strong>de</strong> la<br />
Conférence Africaine Française <strong>de</strong> Brazzaville (1944) sont appliquées sur l’ensemble<br />
<strong>du</strong> territoire, notamment la suppression <strong>du</strong> travail obligatoire et le rétablissement <strong>de</strong><br />
la liberté <strong>de</strong> circulation.<br />
L’administration manifeste une certaine pondération dans le contrôle<br />
qu’elle exerce sur. les populations. Une vie politique est admise ; trois élections<br />
(1946-1948-1951) révèlent <strong>de</strong>s rivalités politiques a&.&, attisées, notamment a<br />
<strong>Ouahigouya</strong>, par le retour <strong>de</strong>s militaires dans leurs foyers.<br />
Parallèlement, <strong>de</strong>s efforts dans le domaine agricole sont consentis : finan-<br />
cements FIDES et FERDES pour la construction <strong>de</strong> barrages en terre, la création<br />
<strong>de</strong> fermes pilotes, les travaux d’hydraulique villageoise et pastorale, la vulgarisation<br />
agricole.<br />
Le 5 août 1960, la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> acquiert son indépendance politique et le<br />
11 septembre la République est proclamée.<br />
x<br />
Les rapports. politiques et économiques qui ont été dépouillés sont<br />
composés, jusqu’en 1916, <strong>de</strong> quatre pages et suivent un plan préétabli. Les<br />
rubriques suivantes sont passées en revue : 1. Questions en cours - leur suite -,<br />
II. Faits nouveaux, III. Impôts, IV. Esprit <strong>de</strong>s populations, V. Questions<br />
musulmanes, VI. Ecoles, VII. Missions, VIII. Justice indigène. Au gré <strong>de</strong>s évé-<br />
nements, les commandants <strong>de</strong> cercle ajoutent d’autres rubriques comme Tournées,<br />
Deman<strong>de</strong>s officielles, etc..
De 1908 à 1916, il s’agit <strong>de</strong> rapports mensuels écrits à la main. Un rapport<br />
annuel venait clore la série <strong>de</strong>s rapports mensuels mais seulement quelques uns<br />
d’entre eux ont été retrouvés. En 1916, apparaît le premier rapport trimestriel.<br />
A compter <strong>de</strong> 1922, on peut lire les premiers textes dactylographiés. Ce<br />
sont d’abord <strong>de</strong>s télégrammes, puis <strong>de</strong>s rapports. Leurs propos sont laconiques et<br />
les sujets sont laissés à l’initiative <strong>de</strong> l’administrateur : Événements en cours, Impôts,<br />
Recrutement, Main-d’ceuvre, Recensement, Evénements particuliers au cercle,<br />
Justice, Chefs, Prestations, Mouvements <strong>de</strong> population, Questions religieuses,<br />
Tournées, Destruction <strong>de</strong>s fauves, Situation économique : cultures, commerce<br />
(exportation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> crû - importations pour la consommation <strong>du</strong> cercle),<br />
Cours <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its, Transport, Élevage, Etat sanitaire.<br />
Les documents <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> (1933-1941) sont d’une qualité infé-<br />
rieure à celle <strong>de</strong>s rapports précé<strong>de</strong>nts. Les mutations <strong>de</strong> personnel, les bilans<br />
financiers prennent plus <strong>de</strong> place que les questions Economiques. Toutefois, cer-<br />
tains rapports d’inspection se révèlent être d’excellentes monographies <strong>du</strong> cercle.<br />
Les textes qui suivent ont ét6 s6lectionnés dans cette masse <strong>de</strong> documents.<br />
Certains ont été raccourcis <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> redondances <strong>de</strong> style, <strong>de</strong> répétitions ou<br />
encore parce qu’ils intro<strong>du</strong>isaient <strong>de</strong>s données très secondaires ou trop anecdo-<br />
tiques. Chaque fois, que nous avons procédé ainsi, les phrases se terminent par <strong>de</strong>s<br />
points <strong>de</strong> suspension.<br />
L’anonymat <strong>de</strong>s auteurs et <strong>de</strong>s personnes qu’ils citent a été respecté, sauf<br />
pour les personnalités bien connues,.<br />
Enfin, nous nous sommes efforcé <strong>de</strong> respecter le style <strong>de</strong>s documents.
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AFRIOUE OCCIDENTALE<br />
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SOUDAN<br />
Figure 1 - Localisation <strong>de</strong>s principaux lieux cités dans le texte.
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INTRODUCTION<br />
«Il était une fois, dans une région <strong>de</strong>s savanes, au cœur <strong>de</strong> la boucle <strong>du</strong><br />
Niger, une poignée <strong>de</strong> Français qui commandaient un vaste territoire où vivaient<br />
<strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> cultivateurs et d’éleveurs» ; telle pourrait être la première phrase <strong>de</strong><br />
l’histoire qui va suivre.<br />
Mais, avant que le lecteur ne découvre la vie d’un <strong>poste</strong> et les activités<br />
multiples <strong>de</strong> l’administrateur, avant qu’il ne fasse connaissance avec le Commandant,<br />
l’agent recruteur, le Père <strong>de</strong> la mission catholique, le commerçant et Monsieur<br />
l’Inspecteur <strong>de</strong>s dolonies, avant qu’il n’apprécie les ((indéniables bienfaits et les<br />
inutiles violences» <strong>de</strong> la colonisation, il nous paraît préférable, en premier lieu, <strong>de</strong><br />
lui fournir quelques informations utiles à une meilleure compréhension <strong>de</strong>s textes.<br />
Tout d’abord, pour expliquer la présence <strong>de</strong>s ((blancs» dans cette région,<br />
en 1908, date <strong>de</strong> notre premier document, il est nécessaire <strong>de</strong> remonter quelques<br />
années en arrière, puis, pour que certains passages ne <strong>de</strong>meurent pas obscurs, <strong>de</strong><br />
présenter brièvement ce qu’était l’organisation administrative <strong>de</strong> l’A.0.F. et, enfin,<br />
<strong>de</strong> dresser une fiche signalétique <strong>du</strong> cercle. <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> et <strong>de</strong>s populations qui<br />
l’habitent.<br />
LA CONQUÊTE.<br />
En 1890, les Français occupent le Sénégal, la Basse-Guinée et la bor<strong>du</strong>re<br />
maritime <strong>de</strong> la Côte d’ivoire. La route <strong>du</strong> fleuve Sénégal au fleuve Niger est jalonnée<br />
<strong>de</strong> <strong>poste</strong>s militaires. Celui <strong>de</strong> Bamako date <strong>de</strong> 1883.<br />
A proximité <strong>de</strong> cette zone <strong>de</strong> pénétration, on trouve : au nord le royaume<br />
toucouleur <strong>de</strong> Nioro, commandé par un fils <strong>du</strong> conquérant EL HADJ OMAR :<br />
AMADOU, qui a signé en 1880, avec GALLIBNI, un «traité d’amitié et <strong>de</strong> commer-<br />
ce» donnant à la France le monopole <strong>du</strong> commerce au Soudan ; en aval <strong>du</strong> Niger,<br />
le royaume <strong>de</strong> Ségou, également commandé par un fils d’EL HADJ OMAR ; à l’est,<br />
le royaume <strong>de</strong> Sikasso où le Lieutenant-Colonel ARCHINARD a déjà envoye un<br />
émissaire ; en amont <strong>du</strong> Niger, SAMORY et ses guerriers mandingues ; au nord <strong>de</strong> la<br />
Côte d’hoire, le royaume <strong>de</strong> Kong et, plus à l’est, les royaumes mossi.<br />
En une dizaine d’années, tous ces royaumes acceptent la domination<br />
française, ou bien résistent et sont vaincus.<br />
11
Pour nous en tenir uniquement à la région qui nous intéresse, c’est en<br />
1890 que la ville <strong>de</strong> §égou est prise. L’année suivante, ARCHINARD se rend maître<br />
<strong>de</strong> toute la région environnante. En 1892, la conquête <strong>du</strong> Macina commence :<br />
les villes <strong>de</strong> San, Djenne, puis Mopti, tombent en 1893 et un rési<strong>de</strong>nt français,<br />
DESTENAVES, s’installe à Bandiagara.<br />
En 1894, pendant que le Capitaine JOFFRE entre à Tombouctou après<br />
avoir vaincu les touareg, DESTENAVES: intervient en pays mossi, dans le royaume<br />
<strong>du</strong> Yatenga.-<br />
Sous l’impulsion <strong>du</strong> nouveau commandant <strong>du</strong> Soudan, le Colonel<br />
<strong>de</strong> TRENTINIAN, la pénétration française est accélérée dans la boucle <strong>du</strong> Niger.<br />
En 1895, DESTENAVES intervient à nouveau dans le Yatenga et ce royaume est<br />
placé sous protectorat. L’année suivante, DESTENAVES confie à VOULET et<br />
CHANOINE la mission d’établir définitivement l’autorité française sur le pays<br />
-mossi : <strong>Ouahigouya</strong> est occupé le 17 août 1896 et Ouagadougou le Ier septembre<br />
<strong>de</strong> la même année (2).-<br />
En mars 1897, l’adjudant RAGOT est nommé rési<strong>de</strong>nt militaire au<br />
Yatenga qui passe ainsi sous domination directe <strong>de</strong> la France, les accords<strong>du</strong> protec-<br />
torat étant dénoncés. Le <strong>poste</strong> <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est créé.<br />
Pendant ce temps, VOULET parcourt les royaumes mossi <strong>de</strong> l’est,<br />
.Koupela et Tenkodogo, et s’oppose à la pénétration alleman<strong>de</strong> et anglaise venue<br />
<strong>du</strong> sud. De 1897 à 1900, les colonnes françaises doivent faire face à plusieurs<br />
résistances armées au Yatenga et en pays samo voisin.<br />
Le décret <strong>du</strong> 17 octobre 1899 fixe une première organisation administra-<br />
tive <strong>de</strong>s territoires soumis. Les colonies <strong>de</strong> Guinée, Côte d’ivoire et Dahomey, sont<br />
délimitées. Le Soudan <strong>de</strong> l’kpopée coloniale» est divisé en un territoire rat-<br />
taché au Sénégal (avec un délégué etabli à Kayes) et trois territoires militaires.<br />
Le Premier Territoire, avec chef-lieu Tombouctou, englobe le Yatenga. Le Deuxiérhe<br />
Territoire a son siège à Bobo-Dioulasso ; il comprend le ((Cercle <strong>du</strong> Mossi» qui<br />
regroupe Ouagadougou, Kaya, Koupela et Tenkodogo. Le Troisième Territoire est<br />
celui <strong>de</strong> Zin<strong>de</strong>r qui donnera naissance plus tard à la Colonie <strong>du</strong> Niger. Ces territoires<br />
militaires dépen<strong>de</strong>nt directement <strong>du</strong> Gouvernement Général <strong>de</strong> l’A.O.F., créé<br />
en 1895.<br />
LE CERCLE DE OUAHIGOUYA<br />
Au Yatenga, la guérilla prend fin en mai 1900. «L’ère d’exploitation<br />
pacifique» (l’expression est <strong>de</strong> l’administrateur L. TAUXIER) commence.<br />
(2) Lire, en annexe, le texte <strong>du</strong> traité <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> protectorat signé entre la France et<br />
le Naba <strong>du</strong> Mossi.<br />
12
.<br />
En octobre 1902, le Ya.tenga est intégré au Territoire <strong>de</strong> la Sénégambie-<br />
Niger, remplacé <strong>de</strong>ux ans plus tard par le Haut Sénégal - Niger. ,<br />
Le 23 avril 1904, le comman<strong>de</strong>ment militaire passe la main à l’adminis-<br />
tration civile. Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est créé. Le commandant <strong>de</strong> cercle administre<br />
les populations <strong>du</strong> Yatenga, mais aussi celles <strong>du</strong> Zitenga, <strong>du</strong> Riziam, <strong>du</strong> Ratenga - au<br />
sud-est - <strong>de</strong> Boussou et <strong>de</strong> Niessega - au sud-ouest. Les cantons peu1 <strong>de</strong> Bamboulé,<br />
<strong>de</strong> Djibo et <strong>de</strong>, Tongomayel, dépendant <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Dori (Territoire <strong>de</strong> Zin<strong>de</strong>r) sont<br />
rattachés à <strong>Ouahigouya</strong> en décembre 1917, tandis que les villages samo <strong>de</strong> l’ancien<br />
royaume <strong>du</strong> Yatenga lui sont enlevés. pour être rattachés à la subdivision <strong>de</strong><br />
Samorodougou.<br />
Au Ier janvier 1918, <strong>Ouahigouya</strong> prend rang <strong>de</strong> subdivision <strong>du</strong> Cercle <strong>du</strong><br />
Mossi, mais, après la création <strong>de</strong> la Colonie <strong>de</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, le Ier mars 1919,<br />
re<strong>de</strong>vient cercle en 1920.<br />
Par le décret <strong>du</strong> 5 septembre 1932, prescrivant la suppression <strong>de</strong> la<br />
<strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, grossi <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> 1’Aribinda et <strong>de</strong> la<br />
circonscription <strong>de</strong> Tougan, est rattaché au Soudan Français (chef-lieu Bamako-<br />
Koulouba). En 1935, Tougan <strong>de</strong>vient cercle indépendant. Mis à part ce changement,<br />
le cercle, dans ses limites <strong>de</strong> 1933, revient à la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, une fois celle-ci remem-<br />
brée (4 septembre 1947).<br />
A partir <strong>de</strong> 1947, plusieurs <strong>poste</strong>s et subdivisions sont créés à l’intérieur <strong>du</strong><br />
cercle : les cantons <strong>de</strong> Baraboulé, Djibo, Tougomayel, Bottogo et Aribinda consti-<br />
tuent la subdivision <strong>de</strong> Djibo ; le Zitenga, le Riziam et le Ratenga forment la subdi-<br />
vision <strong>de</strong> Kongoussi (dite aussi subdivision <strong>de</strong>s lacs) ; les subdivisions <strong>de</strong> Seguenega<br />
et <strong>de</strong> Gourcy sont créées en 1954 et les <strong>poste</strong>s <strong>de</strong> Titao et <strong>de</strong> Thiou en 1955.<br />
A l’Indépendance <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, en 1960, Seguenega, Gourcy, Titao<br />
<strong>de</strong>viennent cercles, à leur tour. Celui <strong>de</strong>,<strong>Ouahigouya</strong> ne comprend plus que la subdi-<br />
vision centrale (autour <strong>du</strong> chef-lieu) et les <strong>poste</strong>s <strong>de</strong> Thiou et <strong>de</strong> Kumbri, lesquels<br />
prennent rang <strong>de</strong> subdivisions en 1965.<br />
Depuis la réforme administrative <strong>de</strong> juin 1974, le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />
est promu sous-préfecture et constitue avec celles <strong>de</strong> Gourcy, Seguenega et Titao<br />
le département <strong>du</strong> Yatenga.’ Ce <strong>de</strong>rnier, dans ses limites, correspond au cercle <strong>de</strong><br />
<strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong>s années 19551960.<br />
L’ADMINISTRATION DE L’A.0.F.<br />
La fédération <strong>de</strong> l’A.O.F., décidée en principe en 1895, est Organ%e en<br />
1902 et 1904. Elle comporte huit territoires : le Sénégal et la Mauritanie ayant<br />
tous les <strong>de</strong>ux comme capitale Saint-Louis, le Soudan (chef-lieu, Bamako), la <strong>Haute</strong>-<br />
<strong>Volta</strong> (Ouagadougou), le Niger (Niamey), la Guinée (Conakry), la Côte d’ivoire<br />
(Abidjan) et le Dahomey (Porto-Novo). Le Togo, territoire allemand, administré<br />
par la France à partir <strong>de</strong> 1918, conserve un statut spé.cial.<br />
13
Le Ministre <strong>de</strong>s Colonies, responsable <strong>de</strong> l’administration coloniale <strong>de</strong>vant<br />
l’Assemblée Nationale, gui<strong>de</strong> la marche <strong>de</strong>s colonies par. décrets. Sous ses ordres,<br />
à la tête <strong>de</strong> la fédération <strong>de</strong> l’A.O.F., le Gouverneur GBnéral est «l’ordonnateur <strong>du</strong><br />
budget fédéral, maître <strong>de</strong>s forces arinées et chef, <strong>de</strong>s services centraux.» Il rési<strong>de</strong><br />
a Dakar (Séndgal). «Aucune loi ni déc?et venu <strong>de</strong> France n’est applicable en A.O.F.<br />
s’il n’en a pas fait la promulgation (...). Le Conseil <strong>de</strong> Gouvernement qui l’assiste,<br />
formé <strong>du</strong> Secrétaire Général <strong>de</strong> l’administration, <strong>du</strong> Général en chef, <strong>du</strong> Procureur<br />
Général, etc.. n’est qu’un organe consultatif)>.<br />
«L’échelon inférieur suivant est représenté par le Gouverneur (ou<br />
Lieutenant Gouverneur) <strong>de</strong> chaque territoire. Il est la -réplique <strong>du</strong> Gouverneur<br />
Général, avec son propre conseil consultatif ; le principe étant que le Gouverneur<br />
Général gouverne et que les gouverneurs administrent».<br />
Chaque territoire est divisé en circonscriptions ou cercles, à la tête <strong>de</strong>squels<br />
se trouvent <strong>de</strong>s commandats relevant <strong>du</strong> Lieutenant-Gouverneur. Le Commandant<br />
est généralement assisté d’un adjoint et <strong>de</strong> quelques commis <strong>de</strong>s Services Civils et<br />
<strong>de</strong>s Affaires indigènes. «Le commandant <strong>de</strong> cercle est réellement la cheville ouvrière<br />
<strong>de</strong> tout le système. C’est l’homme-orchestre, chargé <strong>de</strong> préparer les décisions et <strong>de</strong><br />
les exécuter». Il doit etre en même temps juge, responsable <strong>de</strong>s contributions,<br />
ingénieur <strong>de</strong>s travaux publics, agent <strong>de</strong> sécurité, responsable <strong>de</strong> l’enseignement,<br />
recruteur <strong>de</strong> main-d’œuvre et <strong>de</strong> tirailleurs. «Bref, en tout et pour tout, il comman-<br />
<strong>de</strong>. Et, la distance aidant, c’est vraiment lui le dieu <strong>de</strong> la brousse)) (3).<br />
Progressivement, les services sont cré6s : Affaires économiques, Affaires<br />
militaires, Agriculture, Assistance médicale indigène (AMI.), Inspection <strong>de</strong> l’Ensei-<br />
gnement, avec, pour quelques uns, <strong>de</strong>s agents dans chaque cercle ; ce qui dégage le<br />
commandant <strong>de</strong> certaines responsabilités directes. Par ailleurs, les chefs <strong>de</strong> subdi-<br />
vision viendront ultérieurement ‘secon<strong>de</strong>r le commandant <strong>de</strong> cercle dans son<br />
administration territoriale.<br />
Apr& la Première Guerre Mondiale, le principe admis est que chaque<br />
colonie participe au développement <strong>de</strong> l’A.0.F. et couvre les frais <strong>de</strong> son adminis-<br />
tration (4). La Métropole ne subventionne pas les territoires, mises à part les<br />
dépenses militaires. C’est le Gouvernement Général qui finance l’infrastructure<br />
économique : ports, chemins <strong>de</strong> fer, bâtiments publics, aminagements agricoles -<br />
comme par exemple l’Office <strong>du</strong> Niger - en recourant au besoin à <strong>de</strong>s emprunts.<br />
Son budget trouve ses ressources dans les droits <strong>de</strong> douane et secondai-<br />
rement dans les impôts et taxes <strong>de</strong> toutes natures prélevés dans les colonies et dont<br />
une partie lui revient.<br />
Chaque territoire et chaque cercle est, quant à lui, responsable <strong>de</strong> son<br />
réseau routier et vit <strong>de</strong> ses propres recettes. Or, en <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> et particulièrement<br />
en pays mossi, les ressources sont limitées & la pro<strong>du</strong>ction viv$re,‘& l’élevage,<br />
à l’artisanat et les recettes tirées <strong>de</strong> ces activités sont maigres. Tout le poids <strong>de</strong>s<br />
(3) Les citations sont extraites <strong>de</strong> J. I
dépenses tombe sur les populations qui paient l’impôt <strong>de</strong> capitation dont le taux<br />
est fmé annuellement par les administrateurs en <strong>poste</strong>.<br />
Faute <strong>de</strong> cadres administratifs et d’une connaissance suffisante <strong>de</strong>s<br />
régions administrées, les .Français sont obligés <strong>de</strong> s’appuyer sur les autorités<br />
locales traditionnelles. C’est ainsi que nous verrons le commandant <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />
s’adresser aux chefs <strong>de</strong> provinces et chefs <strong>de</strong> cantons pour la perception <strong>de</strong>s contri-<br />
butions, les recrutements et la transmission <strong>de</strong> tous les ordres. Progressivement,<br />
les chefs traditionnels <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s administratifs <strong>de</strong> second rang, <strong>de</strong>s instru-<br />
ments <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment (5).<br />
En fait, le système administratif est ambigii : il se veut direct mais utilise<br />
comme courroie <strong>de</strong> transmission le réseau <strong>de</strong> chefferies. On enlève aux chefs tout<br />
pouvoir politique et judiciaire et on les utilise comme <strong>de</strong> simples éléments : <strong>de</strong>s<br />
cantons seront supprimés, d’autres créés, <strong>de</strong>s chefs seront directement nommés<br />
par les administrateurs.<br />
Par exemple, le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Indigénat, promulgué en 1887, revu et corrigé<br />
en 1905, ‘1912, 1921, 1924, laisse peu <strong>de</strong> pouvoir judiciaire aux chefs. C’est le<br />
Commandant <strong>de</strong> cercle qui a seul le droit <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s peines disciplinaires<br />
(amen<strong>de</strong>s, prison). Quant à l’institution <strong>de</strong>s Conseils <strong>de</strong> Notables (décret <strong>de</strong> 1919,<br />
appliqué en 1920 à <strong>Ouahigouya</strong>), elle a pour but <strong>de</strong> donner à la chefferie un<br />
simple rôle consultatif pour les décisions prises par le commandant <strong>de</strong> cercle. Le<br />
Conseil <strong>de</strong>s Notables est une chambre d’enregistrement.<br />
LE YATENGA ET SES POPULATIONS<br />
En <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> (274 OOOkm2), sur six millions d’habitants en 1975, plus<br />
<strong>de</strong> 2 500 000 sont mossi. La «Terre <strong>de</strong>s Mossi», au centre <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, couvre<br />
60 000 km2, <strong>de</strong> la frontière malienne, au nord, à la frontière ghanéenne au sud, et<br />
les <strong>de</strong>nsités humaines y sont très élevées.<br />
Les populations voisines <strong>du</strong> Mossi sont les Samo au nord-ouest, les<br />
Gurunsi à l’ouest et au sud-ouest, les Bissa au sud, les Gurmantche à l’est et les<br />
Peu1 au nord.<br />
D’après la tradition, l’histoire <strong>du</strong> peuplement mossi est celle <strong>de</strong>s conqué-<br />
rants nakomse qui, partis <strong>du</strong> pays dagomba (Nord-Ghana) à la fm <strong>du</strong> XVe siècle, se<br />
sont progressivement implantes dans le bassin <strong>de</strong> la <strong>Volta</strong> Blanche, en se surajoutant<br />
aux populations autochtones : têg bisi («füs <strong>de</strong> la terre»). Dix neuf royaumes ont<br />
été fondés dont ceux <strong>de</strong> Tenkodogo, <strong>de</strong> Ouagadougou et <strong>du</strong> Yatenga sont les plus<br />
importants. Celui <strong>de</strong> Ouagadougou est reconnu comme «suzerains. Le Morho-Naba<br />
est le ((chef <strong>du</strong> pays mossi» .<br />
(5) Les décrets <strong>de</strong> juin et novembre 1903 autorisent les chefs indigènes à percevoir les impôts<br />
et leur octroient une commission sur les recettes. Des chefs <strong>de</strong> cantons, <strong>de</strong> provin?es, et<br />
le Yatenga-Naba touchent <strong>de</strong>s appointements annuels variant selon l’importance <strong>de</strong> leurs<br />
tâches : <strong>de</strong> 350 F à 1000 F pour un chef <strong>de</strong> canton, <strong>de</strong> 1800 à 2 000 F pour un chef <strong>de</strong><br />
province (en 1933).<br />
15
Les Nakomse sont parvenus au nord <strong>de</strong> l’aire actuellement peuplée par les<br />
Mossi aux XVIe et XVIIe siecles. Ils y ont fondé le Yatenga (Ya<strong>de</strong>ga tenga x «terre<br />
<strong>de</strong> Ya<strong>de</strong>ga», le fondateur <strong>du</strong> royaume). Un réseau <strong>de</strong> chefferies s’est mis en place,<br />
au fil <strong>de</strong>s génerations. Progressivement, le pays initialement occupé par les Dogon,<br />
les Kurumba (ou Fulse) et les Samo, a été contrôlé par les Mossi. Ces <strong>de</strong>rniers se<br />
sont établis dans <strong>de</strong>s villages autochtones, mais le peuplement mossi s’est ac-<br />
compagné également <strong>de</strong> création <strong>de</strong> villages, surtout Ie long <strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> la <strong>Volta</strong><br />
Blanche et <strong>de</strong>’ses affluents. <strong>Ouahigouya</strong>, une <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces royales, <strong>de</strong>venue par la<br />
suite capitale, a été fondée vers 1780, à la limite septentrionale <strong>du</strong> peuplement<br />
mossi #alors.<br />
Les villages présentent un habitat groupé, lâche, structuré en quartiers<br />
(correspondant à l’origine à un lignage ou bu<strong>du</strong>) regroupant les habitations :<br />
zukse (singulier : zaka) qui correspon<strong>de</strong>nt aux unités familiales <strong>de</strong> base.<br />
Dans le système politique traditionnel, les chefs <strong>de</strong>^zakr dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />
chefs <strong>de</strong> quartiers qui sont commandés par <strong>de</strong>s chèfs <strong>de</strong> villages, commandés à leur<br />
tour par <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> cantons, contrôlés soit directement par le Yatenga-Naba (le<br />
chef <strong>du</strong> royaume), soit, ce qui est plus fréquent, par l’un <strong>de</strong> ses quatre ministres<br />
ou chefs <strong>de</strong> provinces : Widi, Balum, Rassam, Togo.<br />
Au nord <strong>de</strong>s populations se<strong>de</strong>ntaires mossi ou assimilées comme telles,<br />
on rencontre les Peul, éleveurs. Ils appartiennent à trois groupes que l’on rencontre<br />
dans toute la boucle <strong>du</strong> Niger :<br />
0 les Dialube, originaires <strong>du</strong> Fouta-Djalon, se sont établis au nord-ouest <strong>du</strong><br />
Yatenga, milieu <strong>du</strong> XVIIe siècle. Ils se concentrent autour <strong>de</strong> Thiou ;<br />
0 les Torobe, originaires <strong>du</strong> Fouta Toro, sont installés à Todiam, au sud-ouest<br />
<strong>de</strong> Titao. Un petit groupe s’est aussi mis en place à Bossomnore, à l’ouest<br />
<strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />
Q les Fittobe, venus également <strong>du</strong> Fouta Toro, forment le groupe peu1 le plus<br />
récemment établi au Yatenga (vers 1730). Ils ont lutté contre les Kurumba,<br />
les autres groupes peu1 et les Mossi. La chefferie fittobe est à Bahn, au<br />
nord <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />
Les Peu1 ont fait allégeance au Yatenga-Naba. Mis à part les villages ou<br />
resi<strong>de</strong>nt leurs chefs, les Peu1 vivent dispersés en campements, à proximité <strong>de</strong>s mares<br />
l<br />
ou <strong>de</strong>s villages se<strong>de</strong>ntaires, notamment Rmaibe (captifs <strong>de</strong> Peul).<br />
4<br />
:2 *<br />
Le Yatenga, situé entre 13 et 14 <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> latitu<strong>de</strong> nord, recouvre la partie<br />
septentrionale <strong>du</strong> bassin occi<strong>de</strong>ntal <strong>de</strong> la <strong>Volta</strong> Blanche. La contrée est une péné-<br />
plaine développée sur un socle primaire et couverte <strong>de</strong> cuirasses fern.@neuses.<br />
Le climat est soudano-sahélien : pério<strong>de</strong> sèche <strong>de</strong> novembre 2 avril et<br />
pério<strong>de</strong> pluvieuse (728 mm par an) <strong>de</strong> mai à octobre. Les pluies sont sujettes B<br />
d”importantes fluctuations d’Une année % l’autre et, surtout, leur rythme est irré-<br />
gulier <strong>du</strong>rant la saison humi<strong>de</strong>, appelée aussi «hivernage». Réparties dans un laps<br />
14
<strong>de</strong> temps ré<strong>du</strong>it, les pluies sont déterminantes pour l’état <strong>de</strong>s récoltes. Leurs<br />
irrégularités ne peuvent être atténuées <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> faible pouvoir <strong>de</strong> rétention en<br />
eau <strong>de</strong>s sols.<br />
Ces conditions ne sont guère favorables au développement <strong>de</strong> plantes vivrié-<br />
res autres que les nuls (petit mil et sorgho) qui subviennent à la nourriture quoti-<br />
diemte <strong>de</strong>s populations. Le coton et l’arachi<strong>de</strong>, en faibles quantités, ainsi que les<br />
pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> cueillette <strong>du</strong> karité, <strong>du</strong> néré et <strong>du</strong> kapokier font l’objet d’un petit<br />
commerce local.<br />
Si cette économie <strong>de</strong> subsistance est partagée par nombre <strong>de</strong> régions <strong>de</strong>s<br />
latitu<strong>de</strong>s soudano-sahéliemres, les fortes concentrations <strong>de</strong> populations viennent<br />
renforcer au Yatenga sa précarité. En 1930, les <strong>de</strong>nsités humaines étaient déjà<br />
voisines <strong>de</strong> 50 h/km2 autour <strong>de</strong>s petits centres <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, Gourcy et Seguenega.<br />
Elles sont actuellement <strong>du</strong> double <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> l’accroissement démographique (6).<br />
Une telle charge <strong>de</strong> population s’accompagne sous ces latitu<strong>de</strong>s et en milieu rural<br />
technologiquement stable d’une pénurie <strong>de</strong> terres cultivables, <strong>du</strong>ne ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s<br />
temps <strong>de</strong> jachère, d’un épuisement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sols et d’une chute <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ctions.<br />
Ainsi, chaque année, l’abondance relative <strong>de</strong> mil en certains lieux <strong>de</strong> !a<br />
région ne fait que compenser la pénurie <strong>de</strong> récoltes dans d’autres. Que plusieurs<br />
années successives soient caractérisées par une pluviométrie déficitaire ou seulement<br />
<strong>de</strong>s pluies mal réparties et c’est la disette ou la famine. Autrefois encore (le fléau<br />
semble avoir été enrayé <strong>de</strong>puis 1948), les vols <strong>de</strong> criquets migrateurs venaient I<br />
détruire les récoltes (7).<br />
Telles sont les caractéristiques essentielles <strong>de</strong> la région dont parlent les<br />
archives et qu’il ne faut pas perdre <strong>de</strong> vue à leur lecture.<br />
(6) Les épidémies <strong>de</strong> variole, méningite cérébro-spinale, grippe, ont été progressivement<br />
jugulées par les campagnes <strong>de</strong> vaccination et par l’implantation d’un encadrement médical.<br />
Pour insuffisant qu’il soit, ce <strong>de</strong>rnier freine la mortalité, surtout infantile. Par ailleurs,<br />
l’intensification <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction et la constitution <strong>de</strong> réserves alimentaires, malgré les<br />
critiques qu’on peut leur adresser, ont amoindri les effets <strong>de</strong> certaines famines.<br />
(7) L’Organisation internationale contre le. criquet migrateur africain poursuit, <strong>de</strong>puis 1948,<br />
la lutte contre Locusta migratoria m&ratorioi<strong>de</strong>s.<br />
17
RECUEIL D’ARCHIVES<br />
«Un vaste rassemblement <strong>de</strong> terres à peines explorées et <strong>de</strong>s peuples quasi-<br />
inconnus ; dans un essai d’harmonie, la mise en oeuvre <strong>de</strong> la paix fiançaisè et <strong>du</strong>ne<br />
économie nouvelle basée sur les échanges avec l%urope ; la guerre, les recrutements<br />
intensifs <strong>de</strong> tirailleurs, la mobilisation <strong>de</strong>s matières premières pour le ravitaillement<br />
<strong>de</strong> la métropole ; puis dix années <strong>de</strong> fièvre commerciale, <strong>de</strong> progrès dans la pro<strong>du</strong>c-<br />
tion exportée, <strong>de</strong> grands travaux d’armature impériale, d’évolution profon<strong>de</strong> dans<br />
les sociétés indigènes ; enfin le krach <strong>de</strong>s cours mondiaux et, en trois pério<strong>de</strong>s<br />
inégales, l’histoire d’une génération <strong>de</strong> coloniaux et d’indigènes. Voilà les commen-<br />
cements, la croissance et les épreuves <strong>de</strong> l’Afrique Occi<strong>de</strong>ntale Française. On ne<br />
<strong>de</strong>vrait jamais omettre <strong>de</strong> les rappeler . . ..s<br />
R. DELAVIGNETTE<br />
uL ‘Afique Occi<strong>de</strong>ntale Française au travail><br />
Bulletin <strong>du</strong> Comité <strong>de</strong> l’Afrique Française,<br />
juillet 1932,7, p. 403.<br />
PREMIERE Pl%.IODE : 1908 - 1916<br />
«La mise en condition»<br />
DEUXIEME P&IODE : 1924 - 1932<br />
«Une exploitation <strong>de</strong> grand style»<br />
TROISIEME PERIODE : 1933 - 194-j<br />
«Le temps <strong>de</strong>s bienfaits»<br />
19
PREMIERE PERIODE : 1908- 1916<br />
&a mise en condition»<br />
(En 1908, le commandant est en <strong>poste</strong><br />
<strong>de</strong>puis une année. Deux administr?teurs<br />
civils l’ont déj& précédé à <strong>Ouahigouya</strong><br />
et, avant eux, onze rési<strong>de</strong>nts militaires,<br />
chacun pour <strong>de</strong> courtes <strong>du</strong>rées, <strong>de</strong> mars<br />
1897 % avril 1904).
22<br />
s
,1908 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
FÉVRIER<br />
L’impôt <strong>du</strong> cercle est presque entièrement rentré fin fhrier. Cette rentrée<br />
rapi<strong>de</strong> et totalement en espèces (1) s’est passée dans les meilleures conditions. Nous<br />
n’avons pas eu à envoyer <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s-cercle (2) sauf dans trois ou quatre cas, pour<br />
<strong>de</strong>s villages qui ignoraient le montant <strong>de</strong> leurs contributions. Nous avions recomman-<br />
dé à ces agents <strong>de</strong> se montrer bienveillants à l’égard <strong>de</strong>s indigènes, leur faisant<br />
remarquer qu’ils n’allaient pas exiger l’impôt, mais seulement avertir les villages <strong>de</strong>s<br />
sommes qu’ils <strong>de</strong>vraient payer.<br />
L’école est toujours fréquentée par vingt-cinq élèves. La construction d’un<br />
bâtiment scolaire va être entreprise dans le courant <strong>de</strong> mars. Rien à signaler au sujet<br />
<strong>de</strong>s écoles musulmanes . . . Ii’ n’existe pas d’école protestante ou catholique dans le<br />
cercle (3).<br />
(1) Les premiers impôts ont d’abord eu un caractère collectif ; tel village ou tel groupe<br />
d’éleveurs pouvant payer soit en nature (mil, bestiaux), soit en monnaie <strong>du</strong> pays : les cauri<br />
(coquillages Cvpraea). Au taux <strong>de</strong> change officiel, la pièce <strong>de</strong> 5 francs valait<br />
5 000 cauri.<br />
(2) Gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cercle (ou gar<strong>de</strong>s-cercle) : agents chargés <strong>de</strong> la sécurité: Ils sont employés<br />
à toutes les besognes ayant un caractère coercitif.<br />
(3) Il s’agit <strong>de</strong> l’lkole Régionale. L’enseignement laïque a été institué par FAIDHERBE au<br />
Sénégal en 1854 mais l’enseignement est d’abord le fait <strong>de</strong>s Missions religieuses. Du fait <strong>de</strong>s<br />
lois <strong>de</strong> Séparation <strong>de</strong> l’Église et <strong>de</strong> l’État, l’enseignement est organisé en A.O.F. par un<br />
décret <strong>de</strong> 1903 qui prévoit : les écoles <strong>de</strong> village (qui semblent n’avoir existé que sur le<br />
papier), les écoles rurales (qui apparaissent tardivement : à Ouahigoya, en 1937) et les<br />
écoles régionales, au niveau <strong>de</strong> chaque cercle, qui doivent préparer au CEP. Au niveau <strong>du</strong><br />
chef-lieu <strong>de</strong> chaque colonie existait aussi une Ecole Primaire Supérieure.<br />
Les écoles musulmanes sont <strong>de</strong>s écoles dites coraniques. L’Islam fut d’abord considéré par<br />
PAdministration comme «l’étape nécessaire que les Noirs <strong>de</strong>vaient tkumhir pour accé<strong>de</strong>r<br />
à la civilisation» et l’arabe fut employé dans tous les textes officiels, à côté <strong>de</strong>s textes<br />
français, jusqu’en 1911. Cependant, à dater <strong>de</strong> 1906, à la suite d’insurrections musulmanes<br />
au Niger, en Mauritanie et en <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, W. PONTY, Gouverneur <strong>du</strong> Haut Sénégal -<br />
Niger, prescrivit, dans une circulaire (juillet 1906), la surveillance <strong>de</strong>s marabouts itinérants<br />
et quêteurs et leur mise en arrestation éventuelle. Ceci explique le contrôle exercé sur les<br />
écoles coraniques, les marabouts et la présence <strong>de</strong> la rubrique «Questions musulmanes» dans<br />
les rapports. Précisons qu’en 1906, un marabout venu <strong>de</strong> Salaga (Gold Coast, actuel Ghana)<br />
prêcha, dans le Mossi, l’insurrection contre les Blancs. Il fut emprisonné à Ouagadougou.<br />
Deux ans plus tard, un autre marabout parvint, avec l’assistance <strong>de</strong> plusieurs chefs mossi,<br />
à lever plus <strong>de</strong> mille cavaliers qui marchèrent sur Ouagadougou. L’armée se porta à leur<br />
rencontre et le marabout fut abattu.<br />
23
1908<br />
MARS<br />
Le montant <strong>de</strong> l’impôt pour 1908 est actuellement récupéré. Il a même été<br />
perçu quelques suppléments <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> villages omis sur le rôle, qui feront I”objet<br />
<strong>de</strong> l’établissement d’un rôle supplémentaire pour l’année courante. Ces suppléments<br />
d’impôt s’élèvent à la somme <strong>de</strong> 907fram.x et 90 centimes (4).<br />
L’éfat d’esprit <strong>de</strong>s habitants <strong>du</strong> Yatenga à notre égard est actuellement<br />
très bon. Le 29 mars, un grand nombre <strong>de</strong> ressort&anfs samos (5) sont venus au<br />
chef-lieu saluer l’administrateur qui les avait convoqués au sujet <strong>de</strong> la fin <strong>du</strong> recou-<br />
vrement <strong>de</strong> I’impot. Un palabre (6) a été tenu à la rési<strong>de</strong>nce dans lequel nous leur<br />
avons montré les bienfaits <strong>de</strong> notre installation dms le pays.<br />
Ce palabre avait surtout pour objet <strong>de</strong> faire pénétrer dans l’esprit <strong>de</strong>s<br />
habitants <strong>du</strong> cercle l’utilité <strong>de</strong> la difPsion <strong>de</strong> notre monnaie. En. outre, nous leur<br />
avons fait connaître que toutes les pièces <strong>de</strong>vaient être, également, acceptées<br />
partout . . .<br />
AVRIL<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : très bon. Les indigènes viennent <strong>de</strong> plus en plus nombreux<br />
au Cercle (7). Actuellement, nous avons à régler beaucoup <strong>de</strong> queseons concernant<br />
les terrains <strong>de</strong> cultures. Les différends sont tranchés suivant la coutume locale par le<br />
tribunal <strong>de</strong> province (8).<br />
Ecole : La construction <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est terminée et le moniteur et<br />
les élèves y seront installés dès que le mobilier scolaire sera, prêt. Le nouveau<br />
bâtiment comprend trois salles <strong>de</strong> classe et <strong>de</strong>ux autres pièces pouvant servir <strong>de</strong><br />
magasin scolaire et <strong>de</strong> logement au moniteur. En outre, une cour entourée d’un mur<br />
(4) Pour suivre la valeur <strong>du</strong> Franc <strong>de</strong>puis 1900, se reporter aux tableaux en annexe.<br />
Le Franc C.F.A. n’a été institué qu’en 1947.<br />
(5) Samo : localisés à l’ouest <strong>du</strong> Yatenga, ils sont originaires <strong>du</strong> Mandé. A la fm <strong>du</strong><br />
XVIIe siècle, alors qu’ils se déplaçaient vers l’est, ils se sont heurtés aux Mossi. Ces <strong>de</strong>rniers<br />
ont empêché les Samo d’avancer ,plus avant mais ne sont jamais parvenus à contrôler leur<br />
région, mis à part quelques villages.<br />
(6)Palabre : mot <strong>du</strong> jargon colonial signifiant : entretien, harangue, chaque fois qu’il s’agit <strong>de</strong><br />
s’adresser aux populations.<br />
(7) Le mot Cercle (avecun C majuscule) signifie les bureaux <strong>du</strong> chef-lieu, le <strong>poste</strong> administratif.<br />
(8) Zkibunal <strong>de</strong> Province : assimilable à un tribunal <strong>de</strong> ler <strong>de</strong>gré, ou présidaient les notables.<br />
En cas d’appel, le tribunal <strong>de</strong> cercle, ou <strong>de</strong> 2e <strong>de</strong>gré, statuait en présence <strong>du</strong> commandant<br />
<strong>de</strong> cercle,<br />
24
1908<br />
d’un mètre cinquante <strong>de</strong> hauteur permettra <strong>de</strong> pouvoir exercer une surveillance plus<br />
sérieuse sur les élèves pendant les heures <strong>de</strong> récréation.<br />
Deman<strong>de</strong>s : Un troisième agent <strong>de</strong>s affaires indigènes serait nécessaire à l’adminis-<br />
tration. L ‘administrateur a <strong>du</strong> évacuer Monsieur S. en février <strong>de</strong>rnier vers Bandiagara<br />
et il en est résulté une indisponibilité d’une vingtaine <strong>de</strong> jours pour ce fonctionnaire.<br />
Monsieur B. ainsi qu’il est ren<strong>du</strong> compte par télégramme, est également dirigé sur<br />
Bandiagara, sérieusèment atteint.<br />
Dans ces conditions (...), le commandant <strong>de</strong> cercle est obligé <strong>de</strong> se confiner<br />
au <strong>poste</strong> et ne peut faire aucune tournée. A partir <strong>du</strong> ler mai, il n’y aura que <strong>de</strong>ux<br />
européens à <strong>Ouahigouya</strong>, Mo’nsieur S. agent spé&zl et l’administrateur (9).<br />
Impôt : L’impôt est complètement recouvré <strong>de</strong>puis le mois <strong>de</strong> mars,<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Très bon.<br />
.I&ole : Nous nous proposons <strong>de</strong> la réorganiser après les vacances. Certains élèves<br />
sont actuellement trop grands et seront remplacés par <strong>de</strong>s enfants plus jeunes<br />
choisis dans <strong>de</strong>s familles notables <strong>du</strong> Yatenga.<br />
Tournées : Aucune tournée n’a pu être effectuée pendant le mois ; l’effectif <strong>de</strong>s<br />
fonctionnaires <strong>du</strong> cercle ne le permettant pas.<br />
MAI<br />
JUIN<br />
Questions en cours, leur suite :Nous avons toujours quelques questions <strong>de</strong> lou-<br />
gans {IO) à régler. Elles sont sans importance au point <strong>de</strong> vue politique.<br />
Faits nouveaux : Le nommé T., fils <strong>du</strong> Naba Baogo qui, à l’approche <strong>de</strong> nos colon-,<br />
nes, s’était enfui clans la région <strong>de</strong> Mané - cercle <strong>de</strong> Ouagadougou - a <strong>de</strong>mandé à<br />
rentrer dans le Yatenga avec toute sa suite composée d ‘une soixantaine <strong>de</strong> personnes.<br />
(9) Agent spécial : agent européen s’occupant <strong>de</strong>s perceptions et <strong>de</strong> toute la comptabilité<br />
administrative.<br />
(10) lougfzn : mot impropre. Signifie ici champs <strong>de</strong> brousse et par extension toute parcelle<br />
<strong>de</strong> culture. Un lougan désigne généralement une culture SUI brûlis, après un défrichement.<br />
2.5
1908<br />
4<br />
NOUS lui avons assigné comme domicile le village <strong>de</strong> Htiia, dans le canton <strong>de</strong> Roba,<br />
où il pouvait s’établir sans inconvénients. Sur son refus, accompagné <strong>de</strong> propos<br />
offensants pour notre autorité, l’administrateur lut a infhgé une punition <strong>de</strong> prison.<br />
T. semble actuellement disposé a exécuter nos conditions. Toutefois, à l’expi-<br />
ration <strong>de</strong> sa peine, il sera maintenu sous surveillance pendant quelques’temps, à<br />
<strong>Ouahigouya</strong> et envoyé ensuite à Hirtiz.<br />
Tourn&es : Aucune tournée na été effectuée en juin. Monsieur M., commis <strong>de</strong>s<br />
affaires indigènes, récemment arrivé, vénjïe en ce moment la route <strong>de</strong> Bandtigma<br />
où <strong>de</strong>ux ponts ont éte enlevés par une torna<strong>de</strong> très violente le 12 juin, entre Bango<br />
et Thiou.<br />
JUILLET<br />
Faits nouveaux : A l’occasion <strong>de</strong> la fête nationale, un grand nombre <strong>de</strong> chefs et<br />
d’indigènes sont venus au Cercle saluer I’Administrateur et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le montant<br />
<strong>de</strong> leur impôt pour 1909.<br />
Le 14 juillet, I’Administrateur a passé en revue les goums qui avaient été<br />
convoqués pour cette date. Ces cavaliers au nombre <strong>de</strong> 365, sont généralement bien<br />
montés. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s goums réguliers, un millier d autres cavaliers étaient présents<br />
à Ouuhigouya pour la fête nationale.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Très bon.<br />
Tournees : Aucune tournée na été effectuée en juillet. Monsieur S. a inspecté hz<br />
route <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> à Ouagadougou, jusqu’à la limite <strong>du</strong> cercle, a Niessega, pour<br />
se rendre compte <strong>de</strong> son état et <strong>de</strong>s travaux que nécessitera son entret-ien. Un pont<br />
<strong>de</strong>vra etre construit près <strong>de</strong> Niességa, mais ce travail ne pourra être entrepris<br />
qu ‘après lhivemage (11).<br />
Faits nouveau.~ : Le nommé P., fière <strong>de</strong> l’ancien Ouidi Naba (chef <strong>de</strong> la cavalerie)<br />
est venu au <strong>poste</strong> saker le Commandant <strong>de</strong> cercle- R était proposé par le grand<br />
Naba Koboga pour remplacer le Ouididéfunt. P. est.origmaire <strong>du</strong> village <strong>de</strong> Dinguila,<br />
ON il se livrait jusqu’à présent a l’agriculture. ï7 est agé d’environ sotxante ans, paraît<br />
(11) hivenmgc : saison <strong>de</strong>s pluies.<br />
26
1908<br />
très sérieux et dévoue a notre cause. Après consultation <strong>de</strong>s notables et chefs <strong>de</strong><br />
village <strong>de</strong> I’ex-comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> Ouidi Naba, l? a été nommé Ouidi, sous réserve<br />
<strong>de</strong> la haute approbation <strong>de</strong> Monsieur le Gouverneur <strong>du</strong> Haut-SErtégal Niger.<br />
Impôts : Les chefs <strong>de</strong> village viennent chaque jour au cercle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le montant<br />
<strong>de</strong> leur impôt pour 1909. Jusqu’à présent, tout Iraisse prévoir que cette contribution<br />
directe sera facilement perçue pendant le premier trimestre <strong>de</strong> l’année prochaine,<br />
bien que le numéraire soit assez peu répan<strong>du</strong> dans le Yatenga. Les habitants vont<br />
actuellement échanger <strong>du</strong> bétail, <strong>du</strong> mil et <strong>de</strong>s cauris dans les cercles voisins, principalement<br />
à Bandiagara et Ouagadougou, où les espèces existent en plus gran<strong>de</strong><br />
quantité. Certains villages ont réalisé <strong>de</strong> beaux bénéfices par la vente <strong>de</strong> leur mil.<br />
Malheureusement, la récolte <strong>de</strong> 1907 était restée au <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la moyenne et une<br />
partie <strong>du</strong> cercle, celle qui confine à Ouagadougou, est <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux mois en proie<br />
à la disette. Cette disette va toutefois prendre fin. Le maïs est actuellement bon<br />
à récolter et grâce à un hivernage particulièrement p*luvieux, toutes les cultures sont<br />
très belles et font prévoir, <strong>de</strong> l’avis <strong>de</strong> tous les indigènes, une excellente récolte (12).<br />
Ecoles :Les élèves sont actuellement en vacances.<br />
Justice indigène : D’assez nombreuses affaires <strong>de</strong> vol <strong>de</strong> mil et <strong>de</strong> bétail ont été<br />
jugées par le tribÙna1 <strong>de</strong> province. Cette recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong>s délits a été causée par la<br />
famine qui règne dans le sud et le sud-est <strong>du</strong> cercle.<br />
OCTOBRE<br />
Faits rwuvtw~.~ :Le décès <strong>de</strong> 1’Administrateur P., survenu brusquement le 10 octo-<br />
bre, a interrompu pendant quelques jours la marche <strong>de</strong>s services <strong>du</strong> cercle. De nom-<br />
breux chefs au su <strong>de</strong> ce douleureux événement se sont ren<strong>du</strong>s à <strong>Ouahigouya</strong> pour<br />
saluer la dépouille mortelle <strong>de</strong> leur ancien administrateur.<br />
Arrivé le 16 octobre, j’ai pris la direction <strong>du</strong> cercle à la date <strong>du</strong> I7. Mon-<br />
sieur B., commis <strong>de</strong>s affaires indigènes, chargé <strong>de</strong>s affaires courantes, m’a passé le<br />
service. Plusieurs chefs <strong>de</strong> Province et <strong>de</strong> canton sont venus me présenter leurs<br />
respects, m ‘assurant <strong>de</strong> leur dévouement à notre autorité, mais ma prise <strong>de</strong> service<br />
est trop récente pour que je puisse avoir une opinion exacte sur leurs sentiments<br />
à notre égard.<br />
(12) Il y e.ut, en effet, à la suite <strong>de</strong> mauvaises récoltes en 1907, une famine dans le centre <strong>de</strong><br />
la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> en 1908. La région <strong>du</strong> Yatenga ne fut que peu atteinte, mais dans le «cercle<br />
<strong>du</strong> Mossi», au sud, on dénombra <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> morts : 50 000 selon A. PROST :Les<br />
missions <strong>de</strong>s Pèrp Blancs en Afrique Occi<strong>de</strong>ntale avant 1939, s.l., s.d., 179 p: multigr.
1908<br />
In+wzt : Presque tous les chefs <strong>de</strong> vilkge connaissent actuellement le montant <strong>de</strong><br />
leur impôt pour 1909. J’ai tout lieu <strong>de</strong> csoire que la rentrée <strong>de</strong> cet impôt s’effectuerà<br />
dans les débuts <strong>de</strong> l’année prochaine.<br />
Ecoles : La rentrée <strong>de</strong>s classes a eu lieu le ler octobre avec huit etifants. L*k!cole<br />
compte actuellement vingt élèves.<br />
NOVEMBRE<br />
Faits nouveaux : Le Mossi SR. qui avait été condamné à la détention perpétuelle,<br />
par décision <strong>de</strong> Monsieur le Gouverneur Général, en date <strong>du</strong> 2 avril 1902 et que<br />
vous avez bien voulu autoriser à rentrer dans son pays d’origine, est arrivé <strong>de</strong>mi&<br />
sement <strong>de</strong> Tombouctou où il subissait sa peine. Comme cet indigène qui jadis pi-3<br />
les armes contre nous (.-.) et commit <strong>de</strong> nombreux actes <strong>de</strong> brigandages dans le<br />
Yai-enga jouissait avant la condamnation d’une très grosse influence, il a été invité<br />
à se tenir désormais tranquille et à ne s’immitier dans aucune question politique.<br />
R sera d’ailleurs pendant quelques t!mps l’objet d’une surveillance étroite.<br />
Esprit <strong>de</strong>s popuktions : L’esprit <strong>de</strong>s populations a été très satisfaisant pendmt le<br />
mois qui vient <strong>de</strong> s’écouler.<br />
Justice indigène : Le tribunal <strong>de</strong> province continue à fonctionner régulièrement<br />
<strong>de</strong>ux fois par semaine. Quant aux juges indigènes, ils nous donnent toujours entiè-<br />
rement sakfaction.<br />
DÉCEMBRE<br />
Faits nouveaux : Aucun fait réellement important ne s’est passé au cours <strong>du</strong> mois <strong>de</strong><br />
dkembre. Les indigènes <strong>du</strong> cercle sont fort calmes, <strong>de</strong>puis longtemps soumis et<br />
mt?me acquis à notre cause, Ils ne cherchent pas volontairement à créer <strong>de</strong>s diffi-<br />
cuités à I’Administrateur.<br />
Un léger inci<strong>de</strong>nt s’est pro<strong>du</strong>it sur la limite <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> KOU~Y, entre les<br />
Samos <strong>de</strong> ce territoire et quelques Peuls <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>. Il y eut ekhamge<br />
<strong>de</strong> coups entre certaines d’entre eux ; un Samo et <strong>de</strong>ux Peuls fîuent tut%. Cette affaire<br />
survint 5 la suite <strong>de</strong> dégkts causés par les troupeaux <strong>de</strong>s Peuls dans les lougans Samos ;<br />
aussi ne faut-il pas voir en cet inci<strong>de</strong>nt aucune question polifique mais simplement<br />
un fkit relevani <strong>de</strong>s jun.dictions indigènes .~~ D’ailleurs, ces querelles entre Peuls et<br />
Samos voisins <strong>de</strong> la séparation <strong>de</strong>s cercles pie sont pas rares. De JS’équentes toumées<br />
~~kctukes dans ces régions seront les plus sZ,rs moyens d’empkher ces indigènes <strong>de</strong><br />
se faire justice eux-mêmes et <strong>de</strong> les obliger (e venir nous trouver pour faire réglef<br />
leurs difl&=ends.
1908<br />
Impôt : Beaucoup <strong>de</strong> chefs ont déjà réuni l’impôt <strong>de</strong> leur village. La rentrée <strong>de</strong><br />
celui-ci commencera donc dans les prochains jours <strong>de</strong> janvier.<br />
&oles : L’école <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> comprend actuellement 27‘ élèves se répartissant<br />
par races ainsi qu’il suit : 9 peuls, 1.5 mossis, 2 Samos et 1 Haoussa. Les enfants<br />
suivent avec assi<strong>du</strong>ité les cours qui leur sont fait par le moniteur indigène.<br />
Missions :Il n’existe pas <strong>de</strong> missions dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />
Deman<strong>de</strong> : J’ai l’honneur <strong>de</strong> solliciter <strong>de</strong> votre haute bienveillance, Monsieur le<br />
Gouverneur, lkffectation au cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> d’un adjoint <strong>de</strong>s affaires indi-<br />
gènes. Le recensement <strong>du</strong> cercle est encore entièrement à faire. Jusqu’à ce jour le<br />
dénombrement <strong>de</strong> la population n’a été effectué que par <strong>de</strong>s agents indigènes et<br />
le chiffre <strong>de</strong> 250000 habitants que l’on a trouvé est certainement au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la<br />
réalité. D’autre part, <strong>de</strong> fréquentes tournées politiques et administratives seraient<br />
utiles dans les régions nord-est et sud-est, très peu visitées et surtout chez les Samos<br />
qui ne semblent pa> encore avoir complètement admis nos principes.<br />
Actuellement, il m’est fort difficile <strong>de</strong> sortir, le personnel mis à ma dispo-<br />
sition ne me permettant pas <strong>de</strong> m’absenter aussi longuement que je le désirerais et<br />
que l’exigerait l’intérêt d’une bonne administration. Le commis chargé <strong>de</strong> l’agence,<br />
ne peut, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> ces fonctions, parti? en tournée. Quant au <strong>de</strong>uxième commis, il<br />
est encore trop récemment am*vé à la Colonie pour pouvoir se charger <strong>de</strong>s affaires<br />
courantes pendant mes absences. L ‘adjoint <strong>de</strong>s affaires indigènes que j’ai l’honnew<br />
<strong>de</strong> vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r effectuerait <strong>de</strong>s tournées et pourrait me remplacer au cheflieu<br />
lorsque je visiterais les différentes régions <strong>du</strong> cercle.<br />
29
1909 IUI’PQRTS PQLJTIQUES MENSUELS<br />
JANVIER<br />
Faits nouveaux : Monsieur H., commis <strong>de</strong>s affaires indigènes, que vous avez bien<br />
voulu affecter à <strong>Ouahigouya</strong>, est arr&é le 26 janvier.<br />
Impôt : Il a été encaissé à ce titre la somme <strong>de</strong> 133 714 Fr contre 12.5 049,15, en<br />
janvier 1908 ; il ne reste donc plus à percevoir que 4 840,.50 Fr. La rentrée <strong>de</strong> ce<br />
reliquat sera opérée, nous l’espérons, dès les premiers jours <strong>de</strong> février. Les indigènes<br />
ont fait preuve <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> bonne volonté dans l’acquittement <strong>de</strong> leur taxe et le<br />
paiement <strong>de</strong> l’impôt s’est effectué sans aucune difficulté. Le recouvrement &rait<br />
été plus rapi<strong>de</strong> si le numéraire était plus répan<strong>du</strong> dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />
Justice indig&e : Le tribunal n ‘a eu que peu d’affaires à examiner pendant ce mois.<br />
Les vols sont en effet assez rares h cette époque <strong>de</strong> Pannée ; les cultures étant effec-<br />
tuées <strong>de</strong>puis peu <strong>de</strong> temps, les indigènes, même les plus indigents, possè<strong>de</strong>nt en ce<br />
moment les <strong>de</strong>nrées suffiisantes à leur entretien.<br />
Faits nouveaux . . ..Dans les premiers jours <strong>du</strong> mois, les indigènes ont kté très occupés<br />
à terminer d’acquitter leur impôt et dès celui-ci achevé, beaucoup d’entre eux sont<br />
partis en Gold-Coast et à Saraféré pour faire <strong>du</strong> commerce. La tranquilitê la plus<br />
parfaite règne dans tout le cercle (13)*<br />
ImpQt : . ..Nous avons lieu d’être satisfait <strong>de</strong> la rewée <strong>de</strong> l’impôt. Les ivndig&es ont<br />
montré une réelle bonne volonté à acquitter leur contribution annuelle et nulle part<br />
nous n kvons rencontié <strong>de</strong> difficult&. L’impôt a étê payé par village et non par pro-<br />
vince, comme l’annke <strong>de</strong>rnière. Dès notre arrivée à <strong>Ouahigouya</strong> nous avions infow&,<br />
en @fet, les populations que nous tenions absolument ù voir les chefs <strong>de</strong> village<br />
apporter eux-mêmes au chef-lieu l’argent <strong>de</strong> leurs administrés<br />
(13) Saraféti est situe sur le fleuve Niger (entre Mopti et Tombouctou). Gold Coast (ou Côte<br />
dc KW) est I’ancien nom dom-6 à l’état actuel <strong>du</strong> Ghana.
1909<br />
Questions musulmanes~ : Les musulmans <strong>du</strong> cercle (Yarcé et Peul) (14) font peu <strong>de</strong><br />
prosélytisme. Malgré tout, le nombre <strong>de</strong>s indigènes convertis à l’islamisme augmente<br />
lentement <strong>de</strong> jour en jour. Pour le moment, cependant, aucun danger n’est à crain-<br />
dre <strong>de</strong> ce côté là.<br />
I?coles : Vingt-sept élèves ont suivi ce mois-ci les cours <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />
Les progrès réalisés par les enfants sont assez sensibles ; cinq d’entre eux, appar-<br />
tenant à la première division, commencent déjà à construire <strong>de</strong> petites phrases.<br />
Esprit <strong>de</strong>s popuhtions : L ‘esprit <strong>de</strong>s populations n’a rien laissé à désirer.<br />
MARS<br />
Tournées : Monsieur H. a parcouru, en les recensant, les villages situés au sud-ouest<br />
<strong>du</strong> cercle, sur la limite <strong>du</strong> ternOtoire <strong>de</strong> Ouagadougou. Comme ce fonctionnaire est<br />
nouvellement arrivé à la colonie, je l’ai accompagné pendant quelques jours afin <strong>de</strong><br />
lui montrer la façon <strong>de</strong> recenser les indigènes et <strong>de</strong> leur causer. Il a ensuite continué<br />
seul...<br />
Monsieur B. a également effectué très rapi<strong>de</strong>ment une tournée dans le nord-ouest<br />
<strong>du</strong> Yatenga afin <strong>de</strong> relever les routès suivies par les dioulas se rendant directement<br />
<strong>de</strong> La (cercle <strong>de</strong> Ouagadougou) à Douentza, sans passer par <strong>Ouahigouya</strong>.((lS).<br />
AVRIL<br />
Faits nouveaux : L ‘administrateur a pu se rendre compte que certains chefs <strong>de</strong> village<br />
ou <strong>de</strong> canton n’habitaient pas au milieu <strong>de</strong> leurs administrés, mais en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> leur<br />
canton ou <strong>de</strong> leur village. Pour faire exécuter les ordres <strong>du</strong> Cercle, ils se faisaient<br />
représenter dans leur territoire par certains indigènes qui n avaient généralement pas<br />
la capacité et les compétences voulues pour remplir leurs fonctions. Cet état <strong>de</strong> chose<br />
(14) Yurce : Originaires <strong>du</strong> Mandé sud et musulmans, ils se sont établis en pays Mossi <strong>de</strong>puis le<br />
XVIe siècle. Ce sont <strong>de</strong>s commerçants qui entreprennent <strong>de</strong> longs voyages entre la côte et<br />
le Niger. Leurs villages sont toujours <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> marchés.<br />
(15.) Diula : ayant fondé le royaume <strong>de</strong> Kong, ils se sont répan<strong>du</strong>s dans tout l’ouest <strong>de</strong> la<br />
<strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>. Les Bobo-Diula, mandé d’origine comme les Diula, se sont établis dans la<br />
la région <strong>de</strong> Bobo-Dioulasso. A<strong>de</strong>ptes <strong>de</strong> la religion musulmane. Le mot Diula est souvent<br />
employé aitort pour désigner les commerçants <strong>de</strong> toutes origines.<br />
31
1909<br />
avait pour inconvénient <strong>de</strong> donner libre cours à beaucoup. d’abus et <strong>de</strong> nuire pst<br />
conséquent a la bonne marche <strong>du</strong>ne administration directe. LI~dministrateur a<br />
enjoint à ces différents nabas <strong>de</strong> réintégrer immédiatement leurs villages respectifs<br />
et <strong>de</strong> rester désormais au milieu <strong>de</strong>s gens placés SOUS leurauton*té.<br />
Deux groupes d’indigènes, l’un mossi, l’autre SCL%O, <strong>du</strong> village <strong>de</strong> Kiembara (situé<br />
à cinquante kilomètres à l’ouest <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>) se sont battus à la suite d’une<br />
querelle futile. L’redministrateur a quitte <strong>Ouahigouya</strong> le 27 avril pour se rendre<br />
sur les lieux <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nt.<br />
L’enquête effectuée à Kiembara a démontré qu ‘une fois <strong>de</strong> plus les Samos s’entaient<br />
laissés entrafner par leur esprit batailleur et indépendant. L ?nei<strong>de</strong>nt débuta par une<br />
contestation entre un mossi et un samo au sujet <strong>de</strong> <strong>de</strong>frichement d’un lougan et<br />
dégénéra rapi<strong>de</strong>ment en bataille.<br />
Les Samos, peu transigeants, tirèrent quelques flèches sur la soukalla mossi (16).<br />
Un Mossi fut tué et un autre blessé. Un notable samo, voulant s’interposer pour<br />
faire cesser la querelle, reçut lui-même plusieurs flèches venant <strong>de</strong>s Samos. Les<br />
coupables s’enfixirent aussitot dans le cercle <strong>de</strong> Koury avec leur famille. Une quinzaine<br />
<strong>de</strong> personnes sont ainsi passées sur le tem’toire voisin. U..e lettre a été adressée<br />
au Commandant <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Koury pour que les coupables puissent être arrêtés<br />
et con<strong>du</strong>its à <strong>Ouahigouya</strong> où ils seront jugés. (17)<br />
Ce genre <strong>de</strong> querelles entre Samos est malheureusement assez frequent. Ces indigènes,<br />
comme nous l’avons déjià dit d’ailleurs, dans nos précé<strong>de</strong>nts rapports polifiques,<br />
sont très portés à se faire justice eux-mêmes. Supportant difficilement l’auton*té<br />
<strong>de</strong> leur chef <strong>de</strong> village et <strong>de</strong> tempérament très batailleur et susceptible, les Samos<br />
prennent <strong>de</strong> suite’leurs armes pour trancher leurs différends.<br />
Pendant cette tournée qui s’est effectuée tlcms les villages Samos, I’Administrateur<br />
s’est efforcé, au cours <strong>de</strong> fréquents et <strong>de</strong> longs palabres, <strong>de</strong> démontrer à ces indigènes<br />
combien cette maniere <strong>de</strong> faUe était néfaste, dangereuse et contraire à leurs<br />
propres intérêts. ll leur a déclaré que <strong>de</strong> semblables méfaits seraient sérieusement<br />
punis et qu ‘il n ‘hésiterait pas à faire un exemple.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : L’esprit <strong>de</strong>s populations a été bon pendant le mois d’avril.<br />
(16) Soukalla : mot d’origine diula, utilisé dans l’ouest <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> et le nord <strong>de</strong> la<br />
Côte d’kolre pour désigner la «maisonnée» abritant la famille patriarcale. L’utilisation<br />
<strong>de</strong> ce mot est impropre au Yatenga. Il s’agit ici <strong>du</strong> zaka ou <strong>du</strong> Yiri.<br />
(17) Le cercle <strong>de</strong> Koury est frontalier <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Ouahlgouya, à l’ouest. Koury (chef-Lieu) fut<br />
abandonné ultérieurement pour Dédougou, en 1912, et le cercle <strong>de</strong>vint : cercle <strong>de</strong><br />
Dédougou.<br />
La querelle entre Samo et Mossi, dont il est question, montre que, dès le début <strong>du</strong> siècle,<br />
les Mossi commençaient à essaimer dans cette zone frontalière <strong>du</strong> Yatenga, à la recherche<br />
<strong>de</strong> nouveaux terrains <strong>de</strong> culture. L’afflux mossi dans cette zone a pris fin au cours <strong>de</strong>s<br />
années 50.<br />
32
MAI<br />
Faits nouveaux : Quelques pluies sont tombées et les indigénes ont commencé<br />
à ensemencer leurs lougans.<br />
Comme le fait se passe chaque année à cette époque, <strong>de</strong> nombreuses contestations<br />
naissent au sujet <strong>de</strong>s cultures. Quelques rixes éclatent entre les indigènes, principa-<br />
lement entre Peuls et Mossis ; les premiers laissant circuler leurs troupeaux dans les<br />
cultures <strong>de</strong> ceux-ci, peu tolérants et prompts à tirer <strong>de</strong>s flèches sur les animaux.<br />
Des ordres très sévères ont été donnés et .quelques punitions infligées, pour faire<br />
cesser cet état <strong>de</strong> chose.<br />
Tournées : Du 4 au 16 mai, I’Administrateur accompagné <strong>de</strong> Monsieur H., commis<br />
<strong>de</strong>s Affaires indigènes, a parcouru les régions sud et est <strong>du</strong> cercle. 11 a visité la<br />
province <strong>du</strong> Riziam et les cantons <strong>de</strong> Rattenga et <strong>de</strong> Zittenga dont les chefs, bien<br />
que dévoués à notre cause, manifestaient certaines vélléités d’indépendance. Très<br />
craints <strong>de</strong> leurs administrés, ces Nabas empêchaient parfois les plargnants d’arriver<br />
jusqu ‘à <strong>Ouahigouya</strong>. Dans <strong>de</strong> fréquents palabres, lildministrateur a expliqué auz<br />
indigènes qu’ils <strong>de</strong>vaient obéir à leurs chefs, nos représentants au milieu d’eux,<br />
lorsqu’ils transmettaient nos ordres et qu’ils agissaient suivant nos instructions, mais<br />
qu’ils ne <strong>de</strong>vaient pas les écouter lorsqu ‘ils voulaient leur interdire <strong>de</strong> venir présenter<br />
leurs doléances au chef-lieu.<br />
Les Nabas furent également prévenus d’avoir à changer leur manière <strong>de</strong> faire et que<br />
<strong>de</strong>s punitions très sévères leur seraient infligées dans le cas ou nous recevrions <strong>de</strong>s<br />
réclamations sur eux pour abus d’autorité OU exactions. Nous ne doutons pas que<br />
ces Nabas, ainsi avertis, ne se confinent plus scrupuleusement à l’avenir dans le rôle<br />
que nous voulons qu’ils aient : ladministration <strong>de</strong> leurs provinces.<br />
Au cours <strong>de</strong> cette tournée, nous avons pu nous rendre compte <strong>de</strong> la richesse en<br />
cultures et en troupeaux <strong>de</strong> cette partie <strong>du</strong> cercle. Les villages très peuplés sont<br />
situés seulement à quelques kilomètres les uns <strong>de</strong>s autres ; les lougans réunissent<br />
presque sans interruption les agglomérations d’indigènes et <strong>de</strong> nombreux troupeaux<br />
<strong>de</strong> peuls sillonnent tout le pays. Ces provinces, surtout celles<strong>du</strong> Riziam et <strong>de</strong> Zittenga<br />
sont également les plus commerçantes <strong>du</strong> Yatenga ; <strong>de</strong>s villages entiers font<br />
d’une manière continue le commerce <strong>du</strong> sel, <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coton et <strong>de</strong>s colas<br />
entre Tombouctou et Saraféré d’une part et le cercle <strong>de</strong> Ouagadougou d’autre part.<br />
Les indigènes vont encore bien souvent en Gold-Toast. Nous avons insisté pour qu’ils<br />
exportent eux-mêmes et sans se servir d’intermédiaires leur coton et leurs animaux<br />
dans la colonie anglaise. Nous croyons que ces conseils seront suivis, car le marché<br />
<strong>de</strong> Tombouctou ayant été <strong>de</strong>rnièrement encombré par une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong><br />
ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coton, les indigènes que nous avons visités cherchent un autre débouché<br />
pour leurs pro<strong>du</strong>its. D’autre part, le Rùiam Naba, chef très intelligent et faisant<br />
<strong>de</strong>puis longtemps <strong>du</strong> commerce, usera <strong>de</strong> son injhrence morale pour gui<strong>de</strong>r ce<br />
mouvement d’exportation.<br />
33
1909<br />
JUIN<br />
Écoles : Nous nous sommes ren<strong>du</strong>s <strong>de</strong>rnièrement à l%kole et avons interrogé la<br />
plupart <strong>de</strong>s enfants. Quelques uns d’entre eux parlent couramment le français,<br />
savent écrire et connaissent les quatre opérations d’arithmétique.<br />
Tournées : L’Administrateur a effectué <strong>du</strong> 10 au 17 juin une tournée dans le<br />
Nord-Est <strong>du</strong> cercle qu’il nkvait pas encore parcouru. R était accompagné <strong>de</strong><br />
Monsieur le Docteur D., mé<strong>de</strong>cin ‘<strong>de</strong> lassistance indigène, en mission <strong>de</strong> vaccine<br />
dans le Yatenga (18).<br />
Les indigènes sont venus ans difficultés en très grand nombre pour se faire<br />
vacciner, montrant qu’ils accueillaient avec joie les soins que nous voulions bien leur<br />
donner.<br />
Au cours <strong>de</strong> cette tournée, 14 772 indigènes ont été vaccinés. Quelques jours aupa-<br />
ravant, Monsieur le Docteur D. avait inoculé à <strong>Ouahigouya</strong> même 1859 habitants ;<br />
ce qui porte à 16 631 le chiffre <strong>de</strong> vaccinations effectuées pendant ce mois. Ce<br />
nombre atteint en peu <strong>de</strong> jours suffit à lui seul à prouver quel succès la m.ission <strong>de</strong><br />
vaccine <strong>de</strong> Monsieur le Docteur D. obtient dans le cercle.<br />
JUILLET<br />
Faits nouveaux : Une épizootie, désignée par les peuls sous le nom <strong>de</strong> Nagatenga<br />
a sévi dans les troupeaux <strong>de</strong> bc=eufs <strong>du</strong> cercle au début <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> juillet. Cette<br />
maladie très contagieuse a fait un nombre restreint <strong>de</strong> victimes ; <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong><br />
prophylaxie rigoureuses ayant été prises dès que nous et2mes connaissance <strong>de</strong> ce<br />
qu’elle causait. Elle serait occasionnée, aux dires <strong>de</strong>s indigènes, par les premières<br />
pluies et à l’heure actuelle, Pépùootie est complètement disparue.<br />
La fête nationale a été célébrée avec tout l’éclat voulu. Plus <strong>de</strong> 1500 cavaliers se<br />
sont ren<strong>du</strong>s à cette occasion à <strong>Ouahigouya</strong> et tous les chefs <strong>de</strong> canton et les chefs<br />
<strong>de</strong> tribus peules sont venus saluer le Commandant <strong>de</strong> cercle et témoigner à nouveau<br />
<strong>de</strong> leur soumission et <strong>de</strong> leur dévouement à notre autorité.<br />
Deman<strong>de</strong>s : pai l’honneur <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à Monsieur le Gouverneur <strong>de</strong> vouloir bien<br />
envoyer un fonctionnaire à <strong>Ouahigouya</strong> pour remplacer Monsieur M., commis <strong>de</strong>s<br />
affaires indigènes, évacué le 27 juillet <strong>de</strong>rnier sur l’hôpital <strong>de</strong> Kati.<br />
(18) L’Assistance Médicale Indigène (A.M.I.) est encore, à cette date, peu active. <strong>Ouahigouya</strong><br />
n’a pas <strong>de</strong> docteur affecté en permanence.<br />
Les docteurs sont mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> l’armée coloniale, formés. à l’lkole <strong>de</strong> Santé <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux<br />
et détachés au service <strong>de</strong>s colonies.<br />
34
1909<br />
AOÛT<br />
Impôt :Pendant le .mois qui vient <strong>de</strong> s’écouler, <strong>de</strong> nombreux chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong><br />
villages sont venus spo’ntanément au Cercle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le montant <strong>de</strong> leur impôt<br />
pour 1910.<br />
Ce fait montre que les indigènes semblent avoir enfin compris que leur intérêt était<br />
<strong>de</strong> ne pas attendre au <strong>de</strong>rnier moment pour <strong>recueil</strong>lir les sommes nécessaires au<br />
paiement <strong>de</strong> leurs contributions.<br />
Les années précé<strong>de</strong>ntes, les habitants <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> vendaient leurs<br />
pro<strong>du</strong>its aux Dioulas <strong>de</strong> passage. Ceux-ci profitant <strong>du</strong> manque <strong>de</strong> numéraire dans<br />
le Yatenga, n ‘offiaient que <strong>de</strong>s prix dérisoires <strong>de</strong>s animaux et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées qui leur<br />
étaient présentés, et les indigènes poussés par le besoin <strong>de</strong> se procurer <strong>de</strong> l’argent se<br />
voyaient contraints d’accepter ces offies. Il en résultait donc pour eux <strong>de</strong>s pertes<br />
sensibles.<br />
Aussi, les Peuls et les Mossis <strong>du</strong> cercle, suivant en cela les conseils qui leur furent<br />
donnés à maintes reprises, vont con<strong>du</strong>ire eux-mêmes, cette année, leurs pro<strong>du</strong>its sur<br />
les marchés extérieurs sur lesquels ils trouveront <strong>de</strong>s prix beaucoup plus rémuné-<br />
rateurs qu ‘au Yatenga.<br />
De nombreux «laissez-passer» leur ont déjà été délivré à ce sujet. Nous encoura-<br />
geons vivement les indigènes à partir dès maintenant vendre leurs animaux et leurs<br />
<strong>de</strong>nrées en Gold-Coast, a la Côte d+oire et dans les cercles voisins afin d’t%ter la<br />
baisse <strong>de</strong>s prix qui a lieu à la fin <strong>de</strong> chaque année sur les marchés, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> la<br />
concurrence et <strong>de</strong> la surabondance <strong>de</strong> marchandises.<br />
Tournées : Monsieur H., parti en tournée dans la région sud-est <strong>du</strong> cercle le 20 juil-<br />
let est rentré à <strong>Ouahigouya</strong> le 5 aout. Il avait pour mission <strong>de</strong> faciliter la tâche <strong>de</strong><br />
Monsieur le Docteur D. en tournée <strong>de</strong> vaccine et <strong>de</strong> lever une partie <strong>de</strong> la frontière<br />
avec Ouagadougou.<br />
Partout, il a reçu un excellent accueil <strong>de</strong>s indigènes qui, au nombre <strong>de</strong> 23 156, se<br />
sont fait vacciner.<br />
M. H. a également effectué <strong>du</strong> 15 au 21 août une petite tournée dans la région<br />
i\rord <strong>du</strong> cercle au cours <strong>de</strong> laquelle la route <strong>Ouahigouya</strong>-Bandiagara a été kilométrée<br />
et quelques villages, encore non visités et mal situés sur les cartes. ont été traversés.<br />
OCTOBRE<br />
&ole La rentrée s’est effectuée le ler octobre avec 35 élèves ; la plupart fils<br />
<strong>de</strong> chefs.<br />
3r ~?%Itice indigène : Le chiffre <strong>de</strong>s jugements ren<strong>du</strong>s par le tribunal <strong>de</strong> Province est le<br />
plus élevé que nous ayons atteint jusqu ‘a ce jour dans le cercle. Il ne faut pas<br />
35
1909<br />
cependant, à notre avis, voir dans ce fait une augmentation <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong>s délin-<br />
quants <strong>du</strong> Yatenga. La principale cause, en effet, qui pousse ordinairement les<br />
indigènes à commettre quelques délits : la famine et la misère, ne peut être prise en<br />
considération dans un pays comme celui-ci ou les récoltes ont été cette année très<br />
abondantes, ainsi d’ailleurs que les années précé<strong>de</strong>ntes, et où les populations très<br />
généreuses secourent toujours les indivi<strong>du</strong>s dans le besoin . . .<br />
Nous pensons que sinotre juridiction localea eu un aussifort chiffre d’affaires correc-<br />
tionnelles à examiner, cela tient tout simplement à ce que les nabas sont plus péné-<br />
trés <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>voirs que jadis et qu’ils protègent mieux leurs administrés contre les<br />
gens <strong>de</strong> leur propre entourage, formé genéralement <strong>de</strong> jeunes pillards sans scrupules.<br />
NOVEMBRE<br />
Faits nouveaux : L agitation qui règne <strong>de</strong>puis quelques temps chez les Habbés <strong>de</strong> la<br />
falaise <strong>de</strong> Bandiagara (19) et l’assasinat <strong>de</strong> Monsieur V. ont eu une legere réper-<br />
cussion chez les habitants <strong>du</strong>Nord-Est <strong>du</strong> Yatenga. De même, l’excitation qui existe<br />
chez les Peuh <strong>du</strong> Djelgodji (cercle <strong>de</strong> Don) et dont nous fit part télégraphiquement<br />
le Commandant <strong>de</strong> ce ternetoire, provoqua quelque émotion chez les populations <strong>du</strong><br />
cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, voisines <strong>de</strong> cette province. Bien qu ‘à notre avis, nous n’ayons<br />
pas à craindre un mouvement <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s populations habitant près <strong>de</strong> la limite<br />
<strong>de</strong>s cercles <strong>de</strong> Bandkgara et <strong>de</strong> Dori, nous avons cru <strong>de</strong>voir les faire surveilleF”<br />
étroitement. Les Peuls Fittobés, tribu assez remuante, mais non hostile à notre<br />
autorité, font l’objet d’une attention toute spéciale. Les Peuh <strong>de</strong> cette @action qui<br />
font paître leurs troupeaux, ainsi que le fait se pro<strong>du</strong>it tous les ans, dans les terril<br />
toires voisins, près <strong>de</strong> la efalaise> et dans le Djelgogji, ont été invités à rentrer<br />
immédiatement dans leurs villages respectifs.<br />
Si le mouvement <strong>de</strong>s Habbés na eu aucun effet politique sur les habitants <strong>du</strong><br />
cercle <strong>de</strong> Onahigouya, il a eu par contre <strong>de</strong>s conséquences facheuses pour le<br />
commerce local. Les Dioulas, mal renseignés ou exagérant les faits, ont éte effrayés<br />
par les bruits qui couraient et craignant <strong>de</strong> ne plus trouver la route <strong>du</strong> Nord (Banh-<br />
Douentza-Saraféré) Sure pour le tranport <strong>de</strong> leurs marchandises ont moins voyagé<br />
qu ‘à 1 ‘ordinaire .,.<br />
Tournées : Du 13 octobre au 3 novembre, Monsieur H., commis <strong>de</strong>s affaires<br />
indigènes parcourut les ré@‘ons Sd-est et Est <strong>du</strong> cercle, en passant près <strong>de</strong> la<br />
limite <strong>de</strong>s cercles <strong>de</strong>, Ouagadougou et <strong>de</strong> Dori qu ‘il avait mission <strong>de</strong> relever . . .<br />
(19) Habbe (ou Dogon) : habitants <strong>de</strong>s falaises gréseuses <strong>de</strong> Bandiagara, au nord-ouest <strong>de</strong><br />
<strong>Ouahigouya</strong>. Il s’agit d’un habitat-refuge, conséquence <strong>de</strong> la pénétration mossi et peu1<br />
dans cette rkgion.<br />
36
1909<br />
Monsieur C., adjoint <strong>de</strong>s affaires indigènes effectua une tournée <strong>du</strong> 7 au 28 novem-<br />
bre, dans le Sud-Ouest, l’Ouest et le Nord-Ouest <strong>du</strong> cercle afin <strong>de</strong> pouvoir relever<br />
topographiquement la limite <strong>de</strong>s cercles <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, Ouagadougou, Koury et<br />
Bandiagara.<br />
Du 8 au 28 novembre, 1;ldministrateur visita la région samo (Ouest <strong>du</strong> cercle). Au<br />
cours <strong>de</strong> cette tournée, il rencontra Monsieur B., administrateur <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Koury,<br />
Les <strong>de</strong>ux commandants <strong>de</strong> cercle réglèrent certaines questions concernant les Samos,<br />
habitant <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la frontière, et s’entendirent sur les mesures à prendre<br />
pour éviter qu’à l’avenir les indigènes faisant l’objet <strong>de</strong> réclamations ou <strong>de</strong> pour-<br />
suites judiciaires ne se soustraient pas aux recherches <strong>de</strong> leur commandant <strong>de</strong> cercle.<br />
Il arrivait fréquemment, en effet, que <strong>de</strong>s Samos <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, ayant<br />
commis quelques faits répréhensibles, s’enfuyaient sur le territoire <strong>de</strong> Koury ou<br />
inversement, trouvant facilement asile dans les vilhzges <strong>de</strong> la circonscription<br />
voisine . ..(20).<br />
DÉCEMBRE<br />
Impôt : Une gran<strong>de</strong> activité a régné dans tout le cercle pendant le mois qui vient <strong>de</strong><br />
s’écouler. Les indigènes ont été très occupés à rassembler le numéraire nécessaire au<br />
paiement <strong>de</strong> leur impôt pour l’année 1910. Nous avons tout lieu <strong>de</strong> croire que la<br />
perception <strong>de</strong> celui-ci commencera dès le début <strong>de</strong> janvier.<br />
Impot : Les indigènes ont fait preuve d’une réelle bonne volonte a sacquitter rapi-<br />
<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> leurs contributions. D’ailleurs, il faut le reconnaître, l’impôt pese très<br />
légèrement sur les habitants <strong>du</strong> Yatenga : 138 000 francs pour 2.50 000 habitants<br />
environ en 1909.<br />
Une légère augmentation a été prévue pour l’année 3910 ; les indigenes <strong>du</strong> cercle<br />
auront, en effet, à verser 657 600 francs, ce, qui donne un taux <strong>de</strong> 0,60 A=. par tête<br />
pour les Mossis et les Samos et <strong>de</strong> I,50 Fr. pour les peuls ; chiffres peu excessifs si<br />
on les compare à ceux <strong>de</strong> certains cercles. Nous ne croyons pas cepen&nt qu’il y ait<br />
(20) Les fuites <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong>s circonscriptions sont dénoncées ici pour la<br />
première fois. C’est un fait banal que nous aurons l’occasion d’observer souvent dans les<br />
rapports.<br />
37
1909<br />
liac paugmenter le rôle pottr Pannée 1911, si l’on veut suivre la progression <strong>de</strong>s<br />
ressources <strong>du</strong>* Yatenga.<br />
En 1909, nous avons continue, ce qui avait commencé les années précé<strong>de</strong>ntes, <strong>de</strong><br />
percevoir autant que possible l’impôt par village. Pour certains cantons (Riziam,<br />
Rattenga, etc..) les Nabas ont apporté encore eux-mêmes l’impôt <strong>de</strong> toute leur<br />
région d apres la répartition qu’ils avaient faite entre leurs viltiges. Il nous a fallu<br />
également nous servir <strong>de</strong> leur intermédiaire pour établir, au mois <strong>de</strong> mai <strong>de</strong>rnier, le<br />
role <strong>de</strong> Pannée 1910, le recensement <strong>de</strong> leur contrée n’ayant pas été fait et naayant<br />
pas pu nous rendre compte nous-même <strong>de</strong> visu <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s agglomérations.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populrstions : Les indigenes ont été très calmes, s’occupant uniquement<br />
<strong>de</strong> leurs cultures et <strong>de</strong> leur commerce.<br />
La surexitation existant chez les Habbès <strong>de</strong> la falaise <strong>de</strong> Bandiagara, les opérations<br />
faites chez ces indivi<strong>du</strong>s ont eu une légère répercussion chez les habitants <strong>du</strong> AJord et<br />
<strong>du</strong> Nord-Est <strong>du</strong> Yatenga. Mais cette répercussion ne se tra<strong>du</strong>isit que par <strong>de</strong> l’inquié-<br />
tu<strong>de</strong> et par un malaise, bien compréhensible d’ailleurs, et tout rentra dans Perdre<br />
et le calme après quelques bonnes paroles . . .<br />
Questions musulmanes : Les questions musulmanes ne nous ont nullement préoccupé<br />
pendant Pannée 1909. D ailleurs les musubnans sont relativement peu nombreux<br />
dans le cercle : 40 000 environ sur 2.50 000 habitants. Presque tous appartiennent a<br />
As race peu1 et a la race dioula. Dautre part, les Peuls paraissent peu convaincus et<br />
ne font
1909<br />
a <strong>de</strong>mandé à ne plus dtkmais faire, parrie <strong>de</strong> cette juridiction, à cause <strong>de</strong> son grand<br />
âge, nous avons jugé uhle <strong>de</strong> le remplacer pour l’année prochaine. Les <strong>de</strong>rniers<br />
pouvÔirs disparaissent donc <strong>de</strong> cette façon sans heurt et sans susciter d’obstacles.<br />
Le grand Naba n’en continue .pas moins à jouir d’une certaine influence morale et<br />
à être vénéré <strong>de</strong>s indigènes. .Les chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong> villages viennent encore le<br />
saluer les jours <strong>de</strong> fête OU chaque fois qu ‘ils se ren<strong>de</strong>nt au chef lieu, mais on sent fort<br />
bien qu’ils accomplissent cette cérémonie par déférence et par habitu<strong>de</strong> plutôt que<br />
pour rendre hommage à son autorité.<br />
Les dignitaires placés auprès <strong>de</strong> ce chef : le Togo-Naba, le Baloum-Naba, le Widi-<br />
Naba et le RassamiNaba également ne jouissent plus d’un bien gros prestige. Très<br />
puissants autrefoiS,, ils se sont Vus peu à peu retirer leur autorité et sont employés<br />
actuellement simplement pour porter les ordres <strong>du</strong> Cercle dans les provinces qu ‘ils<br />
commandaient il y a quelques années. A diverses reprises, au cours <strong>de</strong> 1909, ils ont<br />
bien eu quelques velléités <strong>de</strong> se considérer comme ayant toujours leurs attributions<br />
d’antan, mais <strong>de</strong> sévères observations ou quelques punitions ont suffi pour les<br />
ramener au rôle que’ nous voulions bien leur donner . . .<br />
Les Mossis eux-mêmes, sentant qu’ils trouvent en nous <strong>de</strong>s protecteurs leur rendant<br />
la justice, vont <strong>de</strong> moins en moins trouver les Nabas <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>. Le mossi est<br />
essentiellement malléable et discipliné, à condition toutefois <strong>de</strong> ne pas le laisser<br />
trop à lui-même et <strong>de</strong> vivre bien auprès <strong>de</strong> lui. De caractère craintif et soumis, il suit<br />
facilement le chef qui manifeste fortement son autorité. C’est ce qui explique<br />
d’ailleurs son obéissance passive <strong>de</strong> jadis aux Nabas et qui a ren<strong>du</strong>, <strong>de</strong>puis, notre<br />
administration plus aisée.<br />
Autant le Mossi est disciplinéet docile, autant le &mo est turbulent et indépendant.<br />
Ne .supportant aucune autorité, les Samos n’obéissent, même pas à leurs chefs <strong>de</strong><br />
village et, à plus forte raison, ne veulent-ils pas admettre chez eux <strong>de</strong> Nabas mossi.<br />
Jusqu ti ce jour, ils se sont montrés réfractaires à nos principes. Pour arriver à <strong>de</strong><br />
bons résultats avec cette race, ils nous faudra continuer à parcourir fréquemment<br />
la région qu’elle habite. Au- cours <strong>de</strong> l’annee 1909, cinq tournées ont été effectuées<br />
chez les Samos . . .<br />
Les Pe&s <strong>du</strong> Yatenga ne nous ont pas créés <strong>de</strong> difficultés. Intelligents, mais hypo-<br />
crites, ces indigènes ont parfaitement compnk, <strong>de</strong>puis longtemps, tous les avantages<br />
qui résultaient pour eux <strong>de</strong> notre présence dans le pays. Gnîce à nous, ils peuvent,<br />
en effet, parcourir tout le cercle, sans crainte d’être pillés par les Mossis et les Samos.<br />
Si, pour les Mossis, nous avons <strong>de</strong>puis”fiusieurs années diminué jusqu’à la rendre<br />
nulle, l’autorité <strong>de</strong>s Grands Nabas, pour les Peuls, nous avons <strong>du</strong> suivre une politique<br />
toute différente. Les Peuls sont, par leur genre <strong>de</strong> vie, essentiellement noma<strong>de</strong>s, par-<br />
courant tout le cercle et allant parfois dans les tem.toires voisins pour faire paître<br />
leurs troupeaux et échappent ainsi à la surveillance que nous pouvons exercer sur<br />
les autres races. D’autre part, ces indigènes sont fourbes et se plient fort diffici-<br />
lement à une discipline étroite. Nous avons, par conséquent, été obligés <strong>de</strong> nous<br />
servir <strong>de</strong> leurs chefs naturels dont nous avons confirmé l’autorité en la contrôlant<br />
<strong>de</strong> très près. Et gnîce à ce procédé que nous employons encore, nous avons pu<br />
amener à nous <strong>de</strong>s gens qui, autrement, auraient échappé à notre influence.<br />
39
1909<br />
Deman<strong>de</strong>s : . . . Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> ne possè<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> dispensaire et dépend au<br />
point <strong>de</strong> vue médical <strong>de</strong> Bandiagaa, éloigné <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 180 kilomètres par la route.<br />
D’autre part, le Yatenga, peuplé <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 250 000 habitants, constitue un champ<br />
assez vaste pour qu’un mé<strong>de</strong>cin puisse y exercer son art et y trouver un nombre<br />
respectable <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s. Il serait très désirable, dans l’intérêt <strong>de</strong>s indigènes <strong>du</strong> cercle<br />
qui supporteraient essentiellement ce supplément <strong>de</strong> dépenses, <strong>de</strong> créer un dispen-<br />
saire à <strong>Ouahigouya</strong>.<br />
Peut-être même, pourrait-on faire <strong>du</strong> cercle un centre vaccinogène. La situation<br />
géographique <strong>du</strong> Yatenga entre les cercles <strong>de</strong> Koury, Bandiagara, Ouagadougou et<br />
Dori, son éloignement relativement faible <strong>du</strong> laboratoire <strong>de</strong> Bamako, la facilité avec<br />
laquelle on peut trouver <strong>de</strong>s génisses à <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> location avantageux à toute<br />
époque df l’année, le climat très sain pour les animaux, sont autant <strong>de</strong> raisons qui<br />
plai<strong>de</strong>nt en fwreur <strong>de</strong> l’installation <strong>de</strong> cet établissement . . .<br />
Il serait à souhaiter <strong>de</strong> voir <strong>Ouahigouya</strong> relié par un fil avec un <strong>poste</strong> voisin, soit<br />
avec Bandiagara, soit avec Don’ ou Yako . . .<br />
Conclusions : L keuvre d’organisation politique et administrative <strong>du</strong> Yatenga peut<br />
etre considérée comme en bonne voie d’achèvement.<br />
Les indigènes, visités <strong>de</strong> nombreuses fois au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années, paraissent<br />
pour la plupart avoir compris quel était le but que nous poursuivions ici. Débarrassés<br />
<strong>du</strong> joug pesant <strong>de</strong>s Nabas qui les opprimaient et les molestaient continuellement2 ils<br />
ont pu apprécier les bienfaits <strong>de</strong> notre ct?uvre qui leur a donné la liberteà laquelle<br />
ils avaient dsoit <strong>de</strong> prétendre et a développé chez eux le sentiment <strong>de</strong> propriété (.-.).<br />
Sous les conseils qui leur furent à maintes reprises psodigués, les indigènes <strong>de</strong> ces<br />
réglons ont senn* naître chez eux le besoin <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> bien &re ; sachant qu’ils<br />
trouveraient en nous <strong>de</strong>s protecteurs puissants contre les abus <strong>de</strong> toutes sortes, ils<br />
ont voulu rendre leur existe matérielle plus agréable.<br />
Ils ont pris goût au commerce qui jusqu’alors n Vtait entre les mains que <strong>de</strong> quel-<br />
ques Mandingues ou <strong>de</strong> Haoussas (21) venus d’un pays étranger- Aujourdhui, le<br />
nombre <strong>de</strong> Mossis qui vont trafïquer dans les ter&oires voisins, en Gold-C’oast et en<br />
Cote d ‘Pvoire est relativement important et va toujours croissant...<br />
Ces faits nous montrent combien les indigènes ont confiance en nous et savent<br />
apprécier les efforts que nous faisons pour leur apporter la sécurke <strong>de</strong>s biens et <strong>de</strong>s<br />
personnes et pour les initier peu à peu à nos principes <strong>de</strong> civilisation.<br />
--<br />
(21) Manding et Haussa sont <strong>de</strong>s termes employkç dans ce texte, au mème titre que Diula,<br />
c’est-à-dire : commerpants musulmans, colporteurs.<br />
40
1910 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
JANVIER<br />
Impôt : La presque totalité <strong>du</strong> rôle <strong>de</strong> l’impôt a été recouvrée pendant le mois <strong>de</strong><br />
janvier. 1.53874,60 Fr. ont été encaissés sur la somme <strong>de</strong> 1.57638,75 Fr. prévus.<br />
Il reste donc encore à recouvrer 3 764,15 Fr. Les indigènes ont apporté la meilleure<br />
bonne volonté à acquitter leur taxe et aucune difficulté ne s’est présentée.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations :Excellent.<br />
Questions musulmanes :Rien à signaler.<br />
Tournées :Aucune tournée n’a été effectuée pendant ce mois.<br />
Deman<strong>de</strong>s :Néant.<br />
FÉVRIER<br />
Faits nouveaux :Messieurs V. et B., rapatriables, ont quitté <strong>Ouahigouya</strong> le ler fé-<br />
vrier rentrant par la route <strong>de</strong> Kota-y-San-Ségou (22).<br />
. . . Le 7 février, le nommé R., considéré comme dangereux et qui s’était enfui <strong>de</strong> la<br />
prison <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> il y a quelques mois, a été arrêté... Cette arrestation a eu un<br />
certain retenh’ssemerit dans tout le cercle et a été pour notre autorité une excellente<br />
réclame auprès <strong>de</strong>s indigènes.<br />
Impôt : Il reste à percevoir encore une somme <strong>de</strong> 2 157,35 Fr. Cette somme est <strong>du</strong>e<br />
en entier par quelques villages Samos qui ont apporté un peu <strong>de</strong> négligence, mais<br />
certainement pas <strong>de</strong> mauvaise volonté, à s’acquitter <strong>de</strong> leur tribut. Les Samos sont,<br />
en effet, <strong>de</strong>s culh*vateurs qui n’ont guère d’autres ressources que le mil qu’ils récol-<br />
tent. Ils n *ont point <strong>de</strong> bétail et se ren<strong>de</strong>nt assez difficilement sur les marchés<br />
éloignés, où ils ne peuvent se faire comprendre que difficilement pour échanger les<br />
(22) Le <strong>poste</strong> <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, ainsi que le «cercle <strong>de</strong> Mossi» étaient reliés davantage au Niger<br />
qu’à la côte <strong>du</strong> Bénin, suite aux particularités <strong>de</strong> la conquête coloniale.<br />
Le personnel administratif, qui est signalé rentrer en congé, regagne sans doute Dakar.<br />
II fallait, a cette époque, vingt jours <strong>de</strong> cheval, avec les porteurs <strong>de</strong> bagages qui suivaient,<br />
pour atteindre Ségou à partir <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>. De Ségou, situé sur le Niger, les voyageurs<br />
embarquaient sur <strong>de</strong>s chalands jusqu’à Bamako qui, <strong>de</strong>puis 1904, était relié à Kayes<br />
(capitale <strong>du</strong> Haut S6négal - Niger jusqu’en 1908) par la voie ferrée. De Kayes à St-Louis<br />
(sur la côte sénégalaise) il fallait emprunter le fleuve Sénégal et le trajet <strong>du</strong>rait un mois.<br />
Enfin, la voie ferrée permettait d’atteindre Dakar, à partir <strong>de</strong> St-Louis.<br />
41
1910<br />
pro<strong>du</strong>its naturels <strong>de</strong> leur pays. Or, le mil ne se récolte qu’a partir <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong><br />
novembre. Ils sont obligés <strong>de</strong> le vendre contre cauris, sur place, à <strong>de</strong>s prix peu<br />
elevés. Les cauris qu’ils en tirent ne peuvent pendant les mois <strong>de</strong> décembre, janvier<br />
et février être échangés contre <strong>de</strong>s .espèces qu “à raison <strong>de</strong> 12 à 14 000 cauris pour<br />
5 francs. Dans ces conditions, beaucoup préfèrent, et, à notre avis, ils ont parJai-<br />
tement raison, attendre que le taux <strong>de</strong>s cauris soit remonté pour apporter au cercle<br />
les quelques centaines <strong>de</strong> francs qu’ils doivent encore...<br />
Attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s chefs et personnages influents : . ..Les cantons mossis ont presque tous,<br />
è leur tête, <strong>de</strong>s chefs quelconques, manquant un peu d’autorité et <strong>de</strong> qui nous<br />
n’avons guère 0 craindre d’exact-ions. L ‘un <strong>de</strong>s Nabas <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, le Ouidi-Naba,<br />
a été condamné à six mois <strong>de</strong> prison, par le tribunal <strong>de</strong> Province, pour avoir aidé le<br />
nommé R. à se soustraire à nos recherches dirigés contre lui.<br />
Tournt!es : Monsieur A., commis <strong>de</strong>s affaires indigènes, a été envoyé en tournée<br />
pour la remise en État <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a Ouagadougou, par YA~O et la<br />
réfection <strong>de</strong>s campements (23). Monsieur C. adjoint <strong>de</strong>s affaires indigènes a quitté<br />
<strong>Ouahigouya</strong> le 17 féÜrier pour effectuer en pays Samo une tournée admtnistrative<br />
et <strong>de</strong> recensement-. Cette tournée <strong>du</strong>rera environ un mois.<br />
Tribunal ind@ne : Le nombre <strong>de</strong> vols et <strong>de</strong> rixes continue toujours à être considé-<br />
rable en cette saison. L ‘abondance <strong>de</strong> mil et, par suite, la quantité <strong>de</strong> dolo i.24) qui<br />
se consomme n’y est pas étrangere. On peut dire, sans craindre d’etre taxe d’exugé-<br />
ration, que la moitié <strong>de</strong> la population mossi et samo est ivre chaque jour. Tous<br />
n’ont pas le dolo gai et pour <strong>de</strong>s motifs ftttils <strong>de</strong>s coups sont échangés Le vol qui,<br />
daprès la coutume, etait, avant notre occupation, simplement puni par le rembour-<br />
sement <strong>de</strong> la chose volée, semble tout naturel. Pendant les trois premiers rnois <strong>de</strong><br />
l’année, soixante et une condamnations pour vol ont été prononcées pur le tribunal<br />
<strong>de</strong> Province...<br />
Impôt : dl a été perçu a ce titre I832,60 Fr pendant le mois ecoulé. Il reste encore<br />
<strong>du</strong>s 324,75 Fr. par les villages §‘amos. Ce reliquat rentrera <strong>de</strong>s que les gens qui sonipartis<br />
QU loin, &Changer les pro<strong>du</strong>its récolt-és OU chercher <strong>du</strong> navail, seront <strong>de</strong> retour,<br />
c’est-à-dire avant 1 ‘hivernage.<br />
--<br />
(23) Les campements administratit’s étaient dispos& le long <strong>de</strong>s itinéraires, tous les 25 km : dis-<br />
tance parcourue par <strong>de</strong>s porteurs en une journée.<br />
(24) Dob : bière <strong>de</strong> mil.
1910<br />
AVRIL<br />
Questions en cours :Aucun fait important n’a mérité <strong>de</strong> mention spéciale. Les vols<br />
et les rixes continuent à être aussi fréquents malgré les ordres donnés pour les<br />
empêcher (25).<br />
Impôt :Il a eté perçu, à ce titre, pendant le mois écoulé 324,7.5 Fr. ; somme qui<br />
restait dûe par les villages samos <strong>de</strong> Kiembara et <strong>de</strong> Bangassogo. L ‘impôt <strong>du</strong> cercle<br />
pour l’année 1910 est donc complètement rentré.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : L’esprit <strong>de</strong>s populations semble généralement bon. Toute-<br />
fois, en pays Samo, les chefs <strong>de</strong> village ne sont nullement obéis et, en pays Mossi, les<br />
indigènek font preuve d’une indifférence complète à notre égard, considérant que<br />
lorsqu’ils se sont acquittés <strong>de</strong> leur impôt, ils sont libérés <strong>de</strong> tout <strong>de</strong>voir vis à vis <strong>de</strong><br />
l’autorité française.<br />
Questions en cours : . . . nous rendons compte que les «Fils <strong>de</strong> Sagau (groupe <strong>de</strong> chefs<br />
ayant lutté contre les colonnes françaises et <strong>de</strong>meurés sous surveillance après avoir<br />
réintégrer leurs villages <strong>du</strong> Yatenga) se sont réunis au nombre <strong>de</strong> 150 environ à<br />
Lougouri et ont envoyé le chef <strong>du</strong> village près <strong>du</strong> Grand Naba pour obtenir <strong>de</strong> celui-<br />
ci leur pardon.<br />
Depuis le commencement <strong>de</strong> la saison <strong>de</strong>s pluies, les vols et les rixes paraissent dimi-<br />
nuer un peu. En revanche, un certain rwmbre <strong>de</strong> contestations <strong>de</strong> terrains <strong>de</strong> culture<br />
ont été présentés au Cercle ainsi que <strong>de</strong> nombreuses réclamations dïnd&-ènes contre<br />
leurs femmes qui avaient abandonné le domicile conjugal. Les Mossis semblent<br />
trouver tout naturel que leurs épouses, après la récolte, aillent se faire héberger<br />
ailleurs mais, dès le début <strong>de</strong> l’hivernage, ils les réclament pour les travaux <strong>de</strong>s<br />
champs. Il y a là une mentalité qu’on ne retrouve guère chez les autres races <strong>de</strong> la<br />
colonie.<br />
MAI<br />
JUIN<br />
Faits nouveaux : Les pillages, bien que moins fréquents qu’il y a quelques mois,<br />
continuent néanmoins à être assez nombreux... Au cours <strong>de</strong>s tournées effectuées ce<br />
(25) Les vols et rixes dont il est fait état n’ont sans doute aucun rapport avec l’absorption<br />
d’alcool. Le commandant ignore, ou feint d’ignorer, que cette situation est dûe a la<br />
,pénurie <strong>de</strong> vivres, conséquence d’une récolte peu abondante en 1909, contrairement<br />
aux affiiations incluses dans le rapport d’octobre 1909.<br />
43
1910<br />
mois, il a été reconnu qu’une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> fusils à pierre, détenus par les<br />
indigènes, n’avaient pas été immatriculés, mal&! les très nombreux avertissements.<br />
Justice indigkze : Le tri&wuz~ <strong>de</strong> Province a eu à connaîtie pendant le mois écoulé<br />
<strong>de</strong> six affaires civiles et <strong>de</strong> soixante six affaires correctionnelles... L’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
juges continue à être satisfaisante.<br />
JUILLET<br />
Faits nouveaux : Les indigènes sont partout occupés aux travaux <strong>de</strong>s champs et se<br />
présentent moins nombreux actuellement que pendant la saison sèche, au bureau-<strong>du</strong><br />
Cercle pour exposer leurs réclamations. La fête nationalea été célébrée à <strong>Ouahigouya</strong><br />
avec tout l’éclat habituel...<br />
Le total <strong>de</strong>s fusils confisqués jusqu’a ce jour s’élève à 250. Ce petit désarmement<br />
s’est effectué sans difficulté, les indigènes sachant parfaitement qu’ils étaient en<br />
faute. Il est à remarquer que la plupart <strong>de</strong> ces armes ont été achetées chez les<br />
Habbés, <strong>de</strong>puis peu <strong>de</strong> temps.<br />
ImpBt : Quelques chefs <strong>de</strong> village soni déjà venus <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le montant <strong>de</strong> leur<br />
impôt pour 19Il. Il y a donc lieu <strong>de</strong> croire que les indigènes se préoccupent dès<br />
maintenant <strong>de</strong> <strong>recueil</strong>lir les espèces nécessaires à l’impôt et que les perceptions <strong>de</strong><br />
I91I se feront sans difficultés si la récolte est bonne.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : L’esprit <strong>de</strong>s populations est bon. Cependant, on ne trouve<br />
chez les indigènes que peu <strong>de</strong> bonne volonté lorsqu’on veut les réunir, soit pour un<br />
palabre, soit pour les recenser. Et il am*ve encore fréquemment que lorsqu’un<br />
Européen arrive dans un village qui n’a @as été visité <strong>de</strong>puis longtemps, toute la<br />
population, à l’exception <strong>de</strong> quelques vieillards, s’enfuit dans la brousse. Ce n’est<br />
qu’après plusieurs heures que l’on peut am.ver à les rassembler.<br />
Affaires militaires : Monsieur I’Administrateur adjoint L.H., en mission pour le<br />
recrutement <strong>de</strong>s troupes noires, est arrivé à <strong>Ouahigouya</strong> le 28 juillet. Le 29, la<br />
plupart <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong> vilhzges ont été réunis à <strong>Ouahigouya</strong> et il a été<br />
décidé qu’ils s’engageaient à fournir, à partir <strong>de</strong> 1911, un recrutement semi-volon-<br />
taire <strong>de</strong> 250 jeunes gens, soit environ 1 pour 1000 <strong>de</strong> la population imposable <strong>du</strong><br />
cercle (26).<br />
(26) 11 s’agit <strong>du</strong> premier recrutement militaire dans le cercle.<br />
44
1910<br />
SEPTEMBRE<br />
Faits nouveaux : . . . Dans la première partie <strong>du</strong> mois, les indigenes ont manifesté une<br />
certaine inquiétu<strong>de</strong> pour la récolte <strong>du</strong> mil qui séchait sur pied faute d’eau et avant<br />
d’avoir grainé ; mais <strong>de</strong> toutes parts, les sacrifices <strong>de</strong> poulets et <strong>de</strong> moutons ont été<br />
assez nombreux . ..(illisible).<br />
Quèstions musulmanes : Un marabout venu <strong>de</strong> Ouagadougou, a essayé d’ouvrir une<br />
école dans le quartier <strong>de</strong>s Dioulas à <strong>Ouahigouya</strong> sans avoir <strong>de</strong>mandé l’autorisation<br />
préalable. Cet indigène a été puni <strong>de</strong> quinze jours <strong>de</strong> prison et sera expulsé à l’expi-<br />
ration <strong>de</strong> sa peine.<br />
(Les rapports <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier trimestre 1910<br />
n’ont pas été retrouvés.<br />
Les informations <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> septembre<br />
laissent prévoir une mauvaise récolte.)<br />
45
46<br />
a<br />
a
1911 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
JANVIER<br />
Faits nouveaux : L’Administrateur-Adjoint C. a pris le service à la date <strong>du</strong> ler janvier.<br />
Tous les chefs <strong>de</strong> provinces et <strong>de</strong> cantons se trouvaient pour la circonstance réunis<br />
à <strong>Ouahigouya</strong> et ont été présentés au nouveau Commandànt <strong>de</strong> cercle par 1 ‘Adminis-<br />
trateur sortant, dont la métho<strong>de</strong> bienveillante et ferme laissera une impression<br />
<strong>du</strong>rable dans ce pays où <strong>de</strong> grands progrès ont été réalisés grâce à ces efforts.<br />
La situation générale est excellente et le nouvel administrateur n’aura pour la<br />
maintenir qu ‘à continuer les traditions qu ‘il a trouvé.<br />
Impôt 1 Admirablement préparée, la perception <strong>de</strong> l’impot a pro<strong>du</strong>it dans le courant<br />
<strong>de</strong> janvier 154 606,85 Fr... Ce résultat est d’autant plus appréciable que la récolte<br />
<strong>de</strong>s céréales a été à peu près nulle dans tout le Nord <strong>du</strong> cercle et médiocre ailleurs.<br />
Si l’on n’y avait tenu la main et amené en temps voulu les contribuables à prendre<br />
les dispositions nécessaires, cet état <strong>de</strong> choses aurait fortement influé sur la rentrée<br />
<strong>de</strong> l’impôt et entraîné <strong>de</strong> nombreuses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s en dégrèvement. Cette éventualité<br />
a pu etre écartée et les retardataires arriveront sans trop <strong>de</strong> peine à se libérer dans le<br />
courant <strong>de</strong> février. ns l’ont promis et le fc?rOFlt spontanément car, vu la bonne<br />
volonté dont ils témoignent, aucune pression ne sera exercée dans ce sens.<br />
En présence <strong>de</strong> cette situation, il ne nous a pas paru exagéré <strong>de</strong> proposer pour<br />
l’exercice prochain une élévation <strong>du</strong> taux qui sera porté <strong>de</strong> 0,60 à 0,65 pour les<br />
Mossi et à 0,75 pour les Maransés (27) et Yarsés. Cette <strong>de</strong>rnière catégorie d’indigènes<br />
est déjà l’objet au Mossi proprement dit d’un traitement d’exception, et à juste titre.<br />
Elle est, en effet, composée d’étrangers, d’origine Mandé ou Songhai; se livrant<br />
presque exclusivement au trafic. Le taux <strong>de</strong> 0.75 qui pourra être augmenté ultérieu-<br />
rement, n’est encore proposé que pour les villages homogènes, mais les recensements<br />
à entreprendre auront notamment pour objectif <strong>de</strong> distinguer les Maransés ou Yarsés<br />
<strong>de</strong>s autochtones, sur toute l’éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> cercle. ll s’en suivra, par voie <strong>de</strong> rôle supplé-<br />
mentaire; une plus-value appréciable car, d’autre part, les indications <strong>recueil</strong>lies par<br />
Monsieur le Docteur D. au cours <strong>de</strong> ses nombreuses tournées <strong>de</strong> vaccine, permettent<br />
d’inférer que le chiffre officiel <strong>de</strong> la population <strong>du</strong> Yatenga est en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la<br />
réalité, particulièrement en ce qui concerne les cantons <strong>du</strong> Sud.<br />
Les modifications proposées portent à 173 362,lO Fr. le montant <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> rôle<br />
pour 1912.<br />
(27)Maranse : d’origini songhaï. Ils sont quelques milliers au Yatenga. Ils sont spécialisés dans<br />
la teinture à l’indigo.<br />
47
1911<br />
FÉVRIER<br />
L ‘impôt montant à la somme <strong>de</strong> 129 973,65 Fr. a été entièrement perçu avant la fin<br />
<strong>de</strong> février. Ce résultat est di&-ne d’attirer l’attention si l’on considère qu’il a été<br />
obtenu sans pression et pour ainsi dire sans effort, alors que les récoltes ont été<br />
médiocres sur toute l’éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> cercle et qwe quelques cantons <strong>du</strong> Nord, lesjmoins<br />
peuplés heureusement, sont peut-ê&? menaks <strong>de</strong> disette-<br />
Le simple exposé <strong>de</strong> cette situation montre assez ce qui a été au point <strong>de</strong> vue<br />
politique, réalisé ici <strong>de</strong>puis ces <strong>de</strong>rnières annt?es et le bon esprit qui anime les<br />
populations <strong>du</strong> Yatenga. Les rapports <strong>de</strong> I”an <strong>de</strong>rnier représentait cet esprit comme<br />
médiocre et il pouvait être à la r&ueur jugé tel, si l’on n’envisageait que le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />
perfection auquel il est désirable d’etteindre. On doit, certes, éviter en pareille<br />
matière <strong>de</strong> se laisser aller à un optimisme facile, mais se placer a ce point <strong>de</strong> vue<br />
était <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> notre prédécesseur d’autant plus méritoire, que c’est en gran<strong>de</strong><br />
partie à son action que sont dûs lesprogrès que nous constatons aujourd’hui...<br />
Rien à signaler relativement aux questions musulmanes. Elles ont très pèu d’im-<br />
portance. au Yatenga où la pop&tion se montre réfractaire à tout prosélytisme<br />
rel&ieux~<br />
Monsieur l’inspecteur <strong>de</strong> l’Ense&nement T. est arrivé à <strong>Ouahigouya</strong> le 26 février.<br />
ll a visité l’école <strong>du</strong> cercle qui compte 39 élèves assez assi<strong>du</strong>s mais malheureusement<br />
peu avancés par suite <strong>du</strong> défact <strong>de</strong> moniteur titulaire.<br />
MARS<br />
- Une tournée a été effectuée... dans les régions <strong>du</strong> Nord-Est qui sont plus particuliè-<br />
rement menacées <strong>de</strong> disette. Plusieurs villages ont été parcourus ainsi que les cantons<br />
<strong>de</strong> Namsiguia et <strong>de</strong> Bassi. La situation @y est pas bonne ; certaines‘localités seront<br />
dans <strong>de</strong>ux mois absolument dépourvues <strong>de</strong> céréales.<br />
Les popuhztions ont été engagées à m&ager le peu dont elles disposent et à cesser la<br />
fabrication <strong>du</strong> dolo qui entraîne un gaspillage considérable <strong>de</strong> grains d’alimentation.<br />
Les chefs <strong>de</strong> village y veilleront. Ils ont reçu d’autre part 1 ‘assurance qu ‘ils ne seraient<br />
point abandonnés et que l’adnzinistration leur faciliterait l’acquisition <strong>de</strong> mil en<br />
quantité suffisante pour permettre aux indigènes <strong>de</strong> se noum? jusqu’à la récolte<br />
prochaine et <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à l’ensemencement <strong>de</strong>s tewains <strong>de</strong> culture. Les cantons <strong>de</strong><br />
Diogoré et <strong>de</strong> Lago, relativemeut peu éloignks, et les gros villages Samos <strong>de</strong> 1’Ouesf<br />
ont été, en effet, épargnés par le sécheresse. Nous sommes dt% à présent assurés<br />
qu’ils consentiront <strong>de</strong>s empmnts collectifs aux localités éprouvées et, parmi ces<br />
<strong>de</strong>rnières, celles qui possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s réserves <strong>de</strong> bétail, pourront échanger leurs ani-<br />
maux contre <strong>de</strong>s gains à un taux raisonnable, sans craindre les spéculations aux-<br />
quelles l’urgence <strong>de</strong> leurs besoins aurait pu les exposer. Les populations ont paru<br />
sensibles à la sollicitu<strong>de</strong> dont elles se voyaient l’objet (28).<br />
(28) Aujourd’hui encore, les Mossi <strong>de</strong>s régions septentrionales vivent selon le même principe :<br />
mi-culture, mi-élevage. Le ttoupeau est à la fois un moyen <strong>de</strong> trésorerie (petits ruminants)<br />
et un capital <strong>de</strong> précaution (bovins).<br />
48
1911<br />
En ce qui concerne.le recensement, <strong>de</strong>s essais intéressants ont et& faits au cours <strong>de</strong><br />
cette tournée.<br />
On avait procédé jusqu ‘ici, par divers moyens, au dénombrement global <strong>de</strong>s villages.<br />
Cette façon d’opérer donnait <strong>de</strong>s résultats très vartables et permettait <strong>de</strong>s confusions<br />
grossières.<br />
Presque partout, le Docteur D. qui, dans ses tournées a toujours procédé <strong>du</strong>ne fpçon<br />
scrupuleuse et très méthodique, était arrivé à vacciner un nombre d’habitants sensi-<br />
blement supérieur à celui que portaient les statistiques officielles. Il est vrai que les<br />
indigènes se présentaient plus facilement à lui que <strong>de</strong>vant un agent recenseur dont<br />
ils n’ignoraient pas - les chefs <strong>du</strong> moins - que les travaux servaient <strong>de</strong> base à péta-<br />
blissement <strong>de</strong>s rôles. Dès qu’il s’agissait <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers, ils échappaient en plus<br />
grand nombre aux rassemblements qu’on voulait leur imposer et qui exi-<br />
geaient d’ailleurs, pour être obtenus, même imparfaitement, un personnel assez<br />
considérable.<br />
Nous avons rejeté ce procédé <strong>de</strong>venu inadapté et avons préféré tenir compte <strong>de</strong> la<br />
constitution <strong>de</strong>s groupements indigènes <strong>du</strong> Yatenga, ordinairement subdivisés en<br />
uzakau - tres différentes, soït dit en passant <strong>de</strong>s soukalla <strong>de</strong>s pays mandés. Une fois<br />
la distinction entre zaka nettement établie - opération qui est essentielle et peut<br />
seule représenter quelques difficultés - il suffît <strong>de</strong> recenser un nombre limité <strong>de</strong><br />
représentants <strong>de</strong> chacune d’elles pour avoir’la possibilité d’e’tablir un contrôle <strong>de</strong>s<br />
chefs <strong>de</strong> famille, avec toute la précision désirable. Les femmes et les enfants doivent<br />
figurer numériquement répartis selon les catégories prévues par les instructions en<br />
vigueur en matière <strong>de</strong> recensement. Le bétail est également dénombré.<br />
Monsieur P., commis <strong>de</strong>s affaires indigènes, nouvellement arrivé à la Colonie,<br />
a été mis au courant <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> et a opéré sous notre direction dans<br />
quelques villages. Il se consacrera désormais à ce travail qui, bien con<strong>du</strong>it, paraît<br />
<strong>de</strong>voir donner, par rapport aux chiffres obtenus antérieurement, <strong>de</strong>s différences<br />
considérables.<br />
AVRIL<br />
Faits nouveaux : Le décès <strong>de</strong> Monsieur 1’Administratet.w C., survenu le 23 avril,<br />
a ralenti pendant quelques jours la marche <strong>de</strong>s services <strong>du</strong> cercle. Au su <strong>de</strong> ce<br />
douloureux événement, <strong>de</strong> nombreux chefs se sont ‘ren<strong>du</strong>s à <strong>Ouahigouya</strong> pour<br />
saluer la dépouille mortelle <strong>de</strong> leur ancien administrateur. Monsieur A., chargé<br />
<strong>de</strong>s affaires courantes a passé le service à Monsieur 1’Administratet.w L., amvé le<br />
1 er mai (29).<br />
(29) Le décès <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux administrateurs en <strong>de</strong>ux ans témoigne <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> vivre en A.O.F.<br />
dans les premiers temps <strong>de</strong> la colonie. uI1 faut toujours commencer la visite d’un <strong>poste</strong> par<br />
le cimetière, c’est le lieu le plus peuplé» disait sous forme <strong>de</strong> bouta<strong>de</strong> le Vicaire Apostolique<br />
<strong>du</strong> Soudan (cité par A. PROST).<br />
49
1911<br />
JUIN<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Les populations <strong>du</strong> cercle montrent une gran<strong>de</strong> docilité et<br />
gagneraient énormément à voir les Européens <strong>du</strong> Poste plus souvent . . . (illisible).<br />
Deman<strong>de</strong>s : Le Commandant <strong>de</strong> cercle attire respectueusement l’attention <strong>de</strong> Mon-<br />
sieur le Gouverneur <strong>de</strong> la Colonie sur le manque <strong>de</strong> personnel permettant <strong>de</strong> faire<br />
ceuvre utile à <strong>Ouahigouya</strong>. Messieurs 9. et A., ce <strong>de</strong>rnier parti <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> pour<br />
cause <strong>de</strong> maladie, n ‘ont pas été remplacés. Le Commandant reste seul avec un jeune<br />
Commis <strong>de</strong> 4ème classe . . .<br />
JUILLET<br />
Questions en cours, leur suite : Le Yatenga-Naba que nous signalions, comme<br />
paraissant volontairement se con~ner dans sa soukalla, est sorti <strong>de</strong> son mutisme.<br />
Il s’est présenté le 14 juillet au Commandant <strong>de</strong> cercle et lui a assuré être heureux<br />
<strong>de</strong> jouir <strong>de</strong>puis quelques jours seulement d’une meilleure santé et <strong>de</strong> pouvoir profi<br />
ter <strong>de</strong> la fête nationale pour renouveler avec tous les siens son attachement à la<br />
cause française , . .<br />
Impôt :Les chefs et notables, réunis à <strong>Ouahigouya</strong> le 14 juillet, ont tous <strong>de</strong>mandé<br />
la quantité <strong>de</strong> leur contribution . . .<br />
AOÛT<br />
Questions en cours, leur suite :Le Grand Naba <strong>du</strong> Yatenga. toujours rempli <strong>de</strong> bons<br />
sentiments à notre égard, est venu <strong>de</strong>ux fois dans le mois salner le Commandant. Au<br />
cours <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>rnière visite, le 26 août, il nous a exposé ses angoisses <strong>de</strong> voir une séche-<br />
resse anotmale pour la saison, menacer la bonne venue <strong>de</strong>s récoltes, surtout celle <strong>du</strong><br />
mil. Le Yatenga Naba était d’autant plus attristé que, disait-il, la rumeur publique<br />
et, secrètement, ses anciens ennemis le désignaient comme étant le responsable d une<br />
année probable <strong>de</strong> famine. Trois jours <strong>de</strong> pluies diluviennes, les 29, 30 et 31 août<br />
sont venus dissiper les craintes tant <strong>du</strong> Yat-enga Naba que <strong>de</strong>s chefs et <strong>de</strong> leurs<br />
ressortissants.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : nifalgré les nombreux différends journaliers entre les<br />
indigènes, surtout entre les Peuls et les Mossis au sujet <strong>de</strong>s dégâts causés par<br />
les troupeaux, l’esprit <strong>de</strong>s populations est resté satisfaisant La propagan<strong>de</strong> faite<br />
par 1 ‘intermédiaire <strong>de</strong>schefs en vue <strong>de</strong> publier 1 ‘enrôlement <strong>de</strong> tirailleurs <strong>du</strong> 21 aout<br />
<strong>de</strong>rnier a pleinement réussi. La commission <strong>de</strong> recrutement a très facilement trouvé<br />
parmi les 400 sujets que les notables ont présentés, les 100 candidats que <strong>de</strong>vait<br />
fournir le Yatenga.<br />
50
1911<br />
SEPTEMBRE<br />
Faits nouveaux : Par suite <strong>de</strong> la sécheresse <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> septembre, un assez grand<br />
nombre d’indigènes ont commencé à couper une partie <strong>de</strong> leur mil à la fin <strong>du</strong><br />
mois. La récolte à <strong>Ouahigouya</strong> sera médiocre. Aussi, <strong>de</strong> nombreuses réclamations<br />
ont-elles été soulevées par les Mossis contre les troupeaux <strong>de</strong>s Peuls qui, peu<br />
soucieux, ont fait leurs incursions coutumières dans les lougans. Bien qu’il y ait eu<br />
parfois quelques coups échangés entre Peuls et Mossis, presque toutes ces réclama-<br />
tions ont pu être réglées à lamiable <strong>de</strong>vant l’Administramur ou, sans difficulté,<br />
<strong>de</strong>vant le tribunal <strong>de</strong> Province.<br />
Questions musulmanes : La fête <strong>du</strong> Ramadan a eu lieu le 24 septembre. A cette<br />
occasion, les musulmans <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, au nombre <strong>de</strong> cent-vingt environ, et pour<br />
la plupart Dioulas établis dans le pays <strong>de</strong>puis quelques années, sont venus, après la<br />
«Gran<strong>de</strong> Prière>, nous assurer <strong>de</strong> leur dévouement et nous remercier <strong>de</strong> la latitu<strong>de</strong><br />
qui leur est laissée <strong>de</strong> célébrer librement la fête <strong>du</strong> Ramadan.<br />
Deman<strong>de</strong>s : Par suite <strong>de</strong> -diverses circonstances spéciales, le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />
n’a pas été visité <strong>de</strong>puis plus d’un an. Le Commandant <strong>de</strong> cercle, qui a 1 ‘intention<br />
d’y faire <strong>de</strong> fréquentes et utiles tournées, a l’honneur <strong>de</strong> solliciter l’affectation à<br />
<strong>Ouahigouya</strong>, dès que les ressources en personnel seront suffisantes, d’un adjoint<br />
<strong>de</strong>s affaires indrgénes,<br />
OCTOBRE<br />
Faits nouveaux : La tournée administrative effectuée <strong>du</strong> II au 27 octobre par<br />
I’Administrateur <strong>du</strong> cercle a mis en évi<strong>de</strong>nce la nécessité actuelle d’appliquer les<br />
principes <strong>de</strong> la circulaire BCII ‘en faveur <strong>de</strong>s groupes fétichistes qui se laissent<br />
trop facilement dominer par <strong>de</strong>s influences étrangères . ..(30).<br />
Nous avons essayé <strong>de</strong> montrer à chaque Kasma (chef <strong>de</strong> groupe ethnique) qu’il<br />
était le chef d’un véritable petit village ayant sa vie propre comme un grand, que<br />
nous lui fierions à l’avenir le chiffre <strong>de</strong> son impôt et que le Kasma, lui-même,<br />
collecterait cet impôt Nous avons en un mot essayé <strong>de</strong> donner à ces divers organis-<br />
mes coagulés une vitalité propre. Et nous pensons avoir fait œuvre utile.<br />
(30) La circulaire BC.11 recommandait dc soustraire dc l’infhrcnce musulmane, notoirement<br />
<strong>de</strong>s Peul, dans le Yatcnga, Ics groupes suppods Etichistes. En même temps, l’application<br />
<strong>de</strong> cette circulaire pcrmcttüit <strong>de</strong> mieux çontrôlcr Ics villages, dc les recenser par quartiers<br />
distincts, cc qui autorisait a dEnomhrcr les Iàmillcs et à mieux asseoir l’impôt <strong>de</strong> capi-<br />
tation. Rappelons que Ic taux dc ccl irnpi)t variait selon Ic genre <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s habitants :<br />
commerçants, élcvcurs, cultivülcurs-Clcvcurs ct Simples cultivateurs.<br />
51
1911<br />
NOVEMBRE<br />
Faits nouveaux : La gran<strong>de</strong> fête <strong>du</strong> mil a commencé le 23 novembre et s’est déroulée<br />
pendant une semaine au milieu <strong>de</strong>s tam-tam, <strong>de</strong>s chants et <strong>de</strong>s traditionnelles liba-<br />
tions <strong>de</strong> dolo. Nul inci<strong>de</strong>nt n’est venu troubler les populations en liesse et le Grand-<br />
Naba est- venu en fiIl <strong>de</strong> mois, accompagne’ <strong>de</strong> ses quatre dignitaires, nous remercier<br />
<strong>de</strong> la latitu<strong>de</strong> qui leur est laissée <strong>de</strong> célébrer sans réserve leurs fêtes traditionnelles.<br />
Vne petite gratification en argent leur a été donnée à cette occasion pour leur<br />
attachement à notre cause.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Très satisfaisant. Nous signalons toutefois que les Peuls qui<br />
nous ont fort occupé pendant tout l’hivernage, en raison <strong>de</strong>s pâturages plus ou<br />
moins rcaptk par les Mossis culti~~ateurs, nous assaillent maintenant <strong>de</strong> récla-<br />
mations contre les mêm.es Mossis qui défen<strong>de</strong>nt 1 ‘accès <strong>de</strong> leurs puits aux troupeaux.<br />
La vérité est que le Peu1 nà jamais fait, lui-même, la moindre excavation en vue<br />
d àbreuver ses animaux et qu ‘il essaie <strong>de</strong> mettre en jeu la supétiorité, qu ‘on lui<br />
a peut-être jusqu’à ce jour trop ouvertement reconnue, pour imposer à lëlément<br />
mossi certaines charges (31).<br />
RAPPORTANNUEL<br />
. . . C’est sur les tournées sagement faites que nous <strong>de</strong>vons compter pour attirer à<br />
nous les indigènes et les amener tous, qu’ils soient <strong>de</strong>s cantons éloignès ou <strong>de</strong>svillages<br />
proches <strong>du</strong> chef-lieu, à nous soumettre leurs différends... NOUS <strong>de</strong>vons aussi<br />
compter sur ces tournées pour essa-ve?: ainsi que nous l’avons préconisé dans <strong>de</strong>s<br />
rapports antérieurs, <strong>de</strong> transformer peu à peu avec le concours <strong>de</strong>s chefs et la mise<br />
en jeu <strong>de</strong> leur responsabilite’ propre cet état lamentable <strong>de</strong>s mœurs qui est la cause<br />
au Yatenga <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> larçins, <strong>de</strong> vols et <strong>de</strong> crimes. Le tribunal correctionnel, en<br />
particulier, n ‘est pas à court d ‘ouvrage à <strong>Ouahigouya</strong>. Le vol surtout est ancrt! dans<br />
les mœurs, comme d àilleurs dans presque tout le Mossi . . .<br />
Aussi, avons nous pensé que nous <strong>de</strong>vions. avec le concours <strong>de</strong>s chefs et <strong>de</strong> tous les<br />
agents que mous avons à notre service, tenter <strong>de</strong> réformer cet état <strong>de</strong> choses, en<br />
saisissant toutes les occasions qui s’offiei~t à nous : palabres publics ou conversations<br />
privées, au cours <strong>de</strong>squels IZOUS <strong>de</strong>vons essayer <strong>de</strong> convaincre 1 ‘indigène <strong>de</strong> 1 Intérêt<br />
Cui<strong>de</strong>nt qu Il aurait <strong>de</strong> se livrer à tous travaux à sa portée, à la culture en particulier.<br />
qui en hriassurant la vie quotidienne et celle <strong>du</strong> len<strong>de</strong>main, écarterait <strong>de</strong> lui ce désir,<br />
qui hante trop <strong>de</strong> Mossis ou <strong>de</strong> Safr*.‘q dc voler pour se procurer le nécessaire et<br />
eiisuitr le superflu !<br />
(3 1) Que les Peul, dès le mois <strong>de</strong> novemhre. vicnncnr réclamer l’acck. au puits villageois, prouve<br />
que Ics marcs naturelles sont dGjà as@chérs (St que Ics pluies n’ont pas 6th abondantes.
1911<br />
Le résultat le plus appréciable <strong>de</strong> notre sévérité à Pégard <strong>de</strong>s voleurs a été d’attirer,<br />
par la sécurité qu’ils trouvent sur nos routes, un nombre <strong>de</strong> plus en plus grand <strong>de</strong><br />
&oulas étrangers qui viennent effectuer sur les principaux marchés <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong>s<br />
achats <strong>de</strong> bétail <strong>de</strong>stinés à alimenter les grands marchés <strong>du</strong> Sud : ceux <strong>de</strong> la Gold<br />
Coast principalement . . . La venue <strong>de</strong>s Dioulas plus nombreux a eu l’heureuse<br />
conséquence, pour les gens <strong>du</strong> pays, d’augmenter les prix d’achat <strong>du</strong> bétail ; <strong>de</strong><br />
sorte que, grâce à IWevage, l’impôt <strong>de</strong> capitation n’est ici une charge pour personne<br />
et qu ‘il est acquitté par les Peuls et même les Yarcés avec une extrême facilité ! Nous<br />
constatons avec plaisir que les indigènes <strong>du</strong> cercle prennent part à ce mouvement<br />
commercial intense qui s’effectue entre les marchés <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Ouagadougou, où<br />
ils s’approvisionnent <strong>de</strong> kolas (32) et <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coton, et ceux <strong>de</strong> Saraféré ou <strong>de</strong><br />
Tombouctou, d’où ils rapportent, après échanges, les innombrables barres <strong>de</strong> sel qui<br />
se répan<strong>de</strong>nt au sud <strong>de</strong> la Boucle (<strong>du</strong> Niger) et dans les colonies voisines...<br />
Le rôle d’impôt pour 1912 s’élève à une somme <strong>de</strong> .!73I62,25 Fr., en augmen-<br />
tation <strong>de</strong> 13200 Fr. environ sur celui <strong>de</strong> 1911... L ‘Indigène <strong>du</strong> Yatenga se trouve<br />
l’objet d’un traitement <strong>de</strong> faveur qui ne se justifie guere si l’on compare la richesse<br />
relative <strong>du</strong> Yatenga par rapport à certaines régions <strong>de</strong>s cercles voisins. Aussi, nous<br />
semble-t-il d’ores et déjà possible <strong>de</strong> prévoir pour le rôle <strong>de</strong> 1913 une augmentation<br />
très faible <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> 0,65 qui passerait à 0,70 sans que Mossis, Rim&es ou Samos<br />
ne ressentent une gêne appréciable.<br />
En tenant compte <strong>de</strong> la légère augmentation <strong>de</strong> population <strong>de</strong>s villages recensés<br />
dans l’année, le role d’impôt 1913 accuserait une plus-value <strong>de</strong> 1.5 à 16000 francs.<br />
Questions musulmanes : . . . Nous reconnaissons simplement que l’expansion islamjque<br />
est bien la conséquence <strong>du</strong> développement commercial, <strong>de</strong> la libre circulation<br />
garantie par nous à tous nos sujets quelle que soit leur relïgion et leur race. . . .<br />
Nous avons exposé dans un rapport antérieur comment le cïSalarn>) commence par<br />
être,’ pour les esprits simples, une pure singerie, singerie dangereuse puisqu’elle se<br />
transforme en habitu<strong>de</strong> puis en besoin ! Profondément imbus <strong>de</strong>s vérités contenues<br />
dans la circulaire BCII, nous nous sommes mis sans retard d mettre en oeuvre les<br />
principes qu ‘elle édicte. Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> pourra facilement, pensons nous,<br />
résister à l’envahissement musulman.<br />
. . . Enfin, l’cidministrateur croît <strong>de</strong>voir attirer, une fois <strong>de</strong> plus, la bienveillante<br />
attention <strong>de</strong> Monsieur le Gouverneur sur les réels avantages que présenterait l’instal-<br />
lation à <strong>Ouahigouya</strong> d’un bureau <strong>de</strong> Postes et Télégraphes . . .<br />
(32) kola (ou cola) : noix <strong>de</strong> cola, provenant <strong>du</strong> colatier que l’on rencontre au sud, en climat<br />
humi<strong>de</strong>. La noix (ou graine) <strong>de</strong> cola est très prisée et consommée en gran<strong>de</strong> quantitb,<br />
comme stimulant, par les populations soudaniennes.<br />
53
1912 RAPPORT§ POLITIQUES MENSUELS<br />
JANVIER<br />
Impôt : 151 000 francs <strong>de</strong> numéraire ont été perçus en Janvier sur un rôle <strong>de</strong><br />
173 000 francs. Les 118 restant à percevoir, drî en majeure partie par les Samos,<br />
rentrera, croyons nous, facilement en février. La perception s’est effectuée sans<br />
aucune difficulté’, les indigènes ayant fait preuve <strong>de</strong> la meilleure volonté en venant<br />
spontanément verser au chef-lieu les sommes dîtes dès le début <strong>du</strong> mois. Le rôle<br />
primitif établi pour 1913 s’élève à une somme <strong>de</strong> 190 000 francs.<br />
Tournées :La rentrée <strong>de</strong> 1 ‘impôt a immobilisé en janvier les fonctionnaires <strong>du</strong> cercle.<br />
Mais les tournées reprendront le mois prochain jusqu’à l’arrivée <strong>de</strong> la mauvaise<br />
saison. Le recensement <strong>de</strong>s populations <strong>du</strong> cercle serait indispensable. Nous l’entre-<br />
prendrons et ferons tous nos efforts, dans la mesure permise à un personnel malheu-<br />
reusement un peu restreint.<br />
FÉVRIER<br />
Impot : La totalité <strong>de</strong> l’impôt 1912 a été perçue avant la fin <strong>du</strong> mois, soit la somme<br />
<strong>de</strong> 1% 781 Fr. Ce résultat a été obtenu sans la moindre pression, par les seules<br />
paroles <strong>de</strong> bienveillance et d’encouragement que nous n’avons cessé d’adresser aux<br />
chefs, aux notables et aux habitants <strong>du</strong> cercle.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Sans nous laisser aller, en pareille matière, à un optimisme<br />
facile, nous constaterons les trés heureux résultats obtenus <strong>de</strong>puis quelques années<br />
au Yatenga, tant <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue politique que <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue économique. Le<br />
bon esprit qui caractérise les populations <strong>du</strong> cercle a facilité notre tâche. Aussi,<br />
<strong>de</strong>vons-nous faire tous nos efforts pour les maintenir dans ces dispositions et empê-<br />
cher l’infiltration parmi elles, autant qu’il sera possible, <strong>de</strong>s éléments étrangers,<br />
musulmans surtout. dont lïnfi’uence pénètre invinciblement chez les races fétichistes<br />
et dont- toute étape <strong>de</strong> progrès est un coup porté à notre autorité.<br />
Tournées : Monsieur L. a terminé <strong>du</strong> 15 février au 3 mars le recensement <strong>de</strong>s popu-<br />
lations comprises dans le secteur géographique défini par les routes <strong>de</strong> Douentza et<br />
<strong>de</strong> Dori. Les opérations <strong>de</strong> recensement ont fait ressortir, comme on <strong>de</strong>vait s y atten-<br />
dre, une augmentation <strong>de</strong> 15 %.<br />
a4
1912<br />
__<br />
MARS<br />
Faits nouveaux :Monsieur B., mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> l’Assistance Indigène, affecté au cercle <strong>de</strong><br />
<strong>Ouahigouya</strong> par décision N” 20.5 <strong>du</strong> 27 février <strong>de</strong>rnier, est arrivé à <strong>Ouahigouya</strong> le<br />
29 mars.<br />
Questions musulmanes :Nousavons profité<strong>de</strong> notre tournée pour prévenir les popu-<br />
lations contre les agissements <strong>de</strong> certains personnages étrangers qui viennent parfois<br />
<strong>recueil</strong>lir <strong>de</strong>s aumônes et vendre <strong>de</strong>s «grigris,~.<br />
Écoles : Les écoliers vont’ occuper dans une huitaine le nouveau bâtiment scolaire<br />
beaucoup plus vaste, mieux aéré et mieux éclairé que l’ancien.<br />
Tournées : Quelques fragments <strong>de</strong> roches, ramassés auprès <strong>de</strong>s massifs montagneux,<br />
seront expédiés au Gouvernement avec ceux d’une prochaine collection (33). 2<br />
AVRIL<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : L ‘approche <strong>de</strong> la saison <strong>de</strong>s semailles a amené au chef-lieu,<br />
comme il est d’usage, les nombreuses réclamations d’indigènes se disputant les<br />
terrains <strong>de</strong> culture. L’animosité règne toujours entre Mossis qui éten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> plus en-<br />
plus leurs lougans et les Peuh qui veulent aussi en avoir et surtout conserver la libre<br />
pâture <strong>de</strong> grands espaces pour leurs animaux. L ‘esprit fourbe et chicanier <strong>de</strong>s Peuls<br />
complique toujours le règlement à l’amiable <strong>de</strong> ces différends...<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Grâce au concours <strong>de</strong>s chefs, la propagan<strong>de</strong> pour l’enrô-<br />
lement <strong>de</strong>s jeunes gens a pleinement réussi et la 3ème commission mobile a pu<br />
recruter 105 candidats dans les meilleures conditions.<br />
Tournées : L’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s fonctionnaires <strong>du</strong> Poste ayant laissé à désirer, il na<br />
pu être effectué aucune tournée.<br />
Faits nouveaux :La très faible quantité d’eau tombée jusqu ‘à ce jour n’a pas permis<br />
aux indigènes habitant <strong>Ouahigouya</strong> et ses environs <strong>de</strong> faire leurs semailles aussitôt<br />
j que dhabitu<strong>de</strong>. Il en est résulté une légère inquiétu<strong>de</strong> chez ces populations qui<br />
(33) Première prospection géologique d’amateurs.<br />
MAI<br />
JUIN<br />
55
1912<br />
craignent surtout la disette <strong>du</strong> mil. Une très forte torna<strong>de</strong> tombée le 25 juin leur<br />
a heureusement permis <strong>de</strong> commencer les travaux <strong>de</strong>s champs et d’espérer une<br />
récolte simplement retardée <strong>de</strong> quelques semaines. A quarante kilomètres au sud<br />
<strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> (Gourcy-Niességa). Les mils, sortis <strong>de</strong> terre, ont quarante et cinquan-<br />
te centimètres <strong>de</strong> haut. L abondance sur certains points compense généralement la<br />
pénurie <strong>de</strong> récoltes qui existe sur d’autres.<br />
JUILLET<br />
Faits nouveaux : Tous les chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong> groupes se sont ren<strong>du</strong>s à<br />
<strong>Ouahigouya</strong>, au moment <strong>de</strong> l’arrivée <strong>du</strong> nouveau Commandat <strong>de</strong> cercle, pour lui<br />
apporter l’assurance <strong>de</strong> leur dévouement. Quelques uns <strong>de</strong> ces chefs avaient été<br />
convoqués ; les autres étaient venus d ‘eux-mêmes. L ‘Administrateur a pu s’entretenir<br />
avec eux <strong>de</strong>s diverses questions les intéressant. Il les a avisés <strong>de</strong> son intention <strong>de</strong><br />
visiter tous les cantons lorsque la saison <strong>de</strong>s pluies sera terminee.<br />
Depuis plusieurs jours, les torna<strong>de</strong>s sont fréquentes. Les indigènes qui avaient quel-<br />
ques craintes sur le sort <strong>de</strong> leurs récoltes, sont maintenant rassurés.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Soumis. Les chefs en ont donné une marque, en venant,<br />
comme il a été dit plus haut, se présenter au nouveau Commandant <strong>de</strong> cercle.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Calme et soumis.<br />
SEPTEMBRE<br />
Questions musulmanes : Une surveillance étroite est exercée dans tous les cantons<br />
sur les marabouts influents.<br />
OCTOBRE<br />
Tournées : L ‘Administrateur <strong>du</strong> cercle, parti en tournée politique et <strong>de</strong> recensement<br />
vers le milieu <strong>du</strong> mois, n’est pas encore rentré au 31 octobre. Dès son retour, l’Admi-<br />
nistrateur adjoint se mettra en route pour une tournée analogue. Ainsi, par une série<br />
<strong>de</strong> tournées bien comprises, <strong>du</strong>rant la bonne saison, le cercle pourra être visité dans<br />
toute son Eten<strong>du</strong>e et le recensement <strong>de</strong> la population refait en entier.<br />
56
1912<br />
NOVEMBRE<br />
Faits nouveaux : Aucun à signaler. L’administrateur a fait connaître aux chefs <strong>de</strong><br />
cantons et <strong>de</strong> villages le nombre d’indigènes qu’ils <strong>de</strong>vraient fournir en vue <strong>du</strong><br />
recrutement prochain . . .<br />
Esprit <strong>de</strong>s popuhttions : Très soumis.<br />
Tournées : Les tournées <strong>de</strong> recensement, canton par canton, seront commencées<br />
dès le 1 er décembre. Elles seront faites concuremment avec. <strong>de</strong>s tournées politiques<br />
et d’hygiène.<br />
DÉCEMBRE<br />
Questions en cours, leur suite : La Commission Mobile, atten<strong>du</strong>e à <strong>Ouahigouya</strong> le<br />
8 décembre, a commencé ses opérations le len<strong>de</strong>main même <strong>de</strong> son arrivée. Dès<br />
qu “elles furent terminées, un rapport sur le recrutement <strong>de</strong>s 100 indigènes que le<br />
cercle a fournis, a été adressé au Chef-lieu.<br />
Les nouvelles recrues, après quelques jours <strong>de</strong> théories et d’exercices élémentaires,<br />
ont été dirigées sur Bandiagara. Deux défections ont eu lieu au <strong>de</strong>rnier moment.,<br />
Les <strong>de</strong>ux coupables furent repris immédiatement et con<strong>du</strong>its à 1 ‘Autorité Militaire<br />
<strong>de</strong> Bandiagara (34).<br />
Impôt : Tous les chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong> groupes ont été avisés <strong>du</strong> chiffre d’impôt<br />
‘qu ‘ils avaient à payer.<br />
Tournées : L ‘Administrateur vient <strong>de</strong> faire une tournée politique et d Wpection<br />
<strong>de</strong> routes et campements dans la partie ouest <strong>du</strong> cercle... Des soins ont été donnés,<br />
à chaque étape, par le Mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> l’Assistance Indigène.<br />
RAPPORT ANNUEL<br />
. . . A l’ère <strong>de</strong>s luttes intestines, a succédé <strong>de</strong>puis 1909 une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> calme qui va<br />
en s’accentuant et permettra un jour prochain <strong>de</strong> comprendre le Yatenga’au rang<br />
<strong>de</strong>s cercles heureux.<br />
Les Mossis, intelligents et assez malléables, sont malheureusement ,excessivement<br />
craintifs, quelque peu primaires et jouant facilement <strong>du</strong> couteau et <strong>de</strong> la lance<br />
(34) Première réaction contre la conscription, et nous ne sommes qu’en 1912. un an à peine<br />
aprés le premier recrutement.<br />
57
1912<br />
pour le moindre prétexte : rivalité au sujet <strong>de</strong>s femmes, vols, etc, etc... Son forfait<br />
accompli comme la chose la plus naturelle <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, le Mossi ne cherche pas à<br />
se sauver, car son village est tout pour lui. Aussi, son arrestation est-elle généra-<br />
lement facile. Quelques fois, c’est le chef <strong>de</strong> canton qui vient con<strong>du</strong>ire le coupa-<br />
ble au chef-lieu. dès qu ‘il a connaissance <strong>du</strong> crime.<br />
En agissant ainsi. il n’obéit nullement à un sentiment d’indignation ou <strong>de</strong> justice,<br />
car le meurtrier. pour une cause juste aux yeux <strong>de</strong>s indigènes, est consi<strong>de</strong>ré comme<br />
un justicier, mais par crainte <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle auquel il doit rendre<br />
compte <strong>de</strong> tout ce qui se passe dans le canton.<br />
De toutes les races <strong>du</strong> cercle, les Mossis sont ceux sur lesquels on est le plus<br />
en droit <strong>de</strong> compter parce que les plus perfectibles. Ils sont au nombre <strong>de</strong><br />
180 383.<br />
Les Peuls, quoique plus intelligents, sont excessivement dissimulés. Ils sont<br />
répartis en plusieurs groupements. Possesseurs <strong>de</strong> nombreux troupeaux <strong>de</strong> bovidés,<br />
ils nomadisent toute l’année, selon la saison, le régime <strong>de</strong>s eaux et la qualite <strong>du</strong><br />
pâturage, dans les différents lieux <strong>du</strong> cercle. Aucune remarque ne peut être faite<br />
au sujet <strong>de</strong> leur caractère apparemment soumis mais, vis à vis <strong>de</strong>s Mossis et <strong>de</strong>s<br />
Samos avec lesquels ils sont toujours en contact, ils font montre d’un esprit<br />
chicanien qui leur vaut d’être souvent appelés <strong>de</strong>vant le tribunal <strong>de</strong> Province pour<br />
répondre <strong>de</strong>s dégâts commis dans les lougans par leurs troupeaux.<br />
Au nombre <strong>de</strong> 21582, ils paient un taux d impôt beaucoup plus élevé que les<br />
autres indigènes. dont ils s’acquittent aisément.<br />
Enfin, les Samos, au nombre <strong>de</strong> 20600 habitent toute la région Ouest et Sud<br />
<strong>du</strong> cercle. Autant les Mossis et les Peuls sont soumis, autant les Samos sont<br />
indépendants et indisciplinés. N’ayant pas <strong>de</strong> chefs <strong>de</strong> cantons, ils ne relèvent que<br />
<strong>de</strong> leurs chefs <strong>de</strong> village dont l’autorité sur eux est bien illusoire.<br />
Dans presque tous les villages. principalement ceux en bor<strong>du</strong>re <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong><br />
Dédougou, où ils sont installés <strong>de</strong>puis longtemps, <strong>de</strong>s familles <strong>de</strong> race Dioula<br />
pratiquent l’islamisme. Intelligents, ils se sont imposés peu à peu aux Samos,<br />
immiscés dans leurs affaires et ont pratiquement acquis une autorité acceptée.<br />
Mais là s’est arrêté leur pouvoir, car ils n’ont pu arriver à convertir une race<br />
essentiellement fétichiste. Très défiants, les Samos viennent rarement au Cercle.<br />
Ils ne quittent guère leurs villages, qui sont très éten<strong>du</strong>s, et comprennent beaucoup<br />
<strong>de</strong> soukallas importantes. Ils accueillent plutôt 1 ‘Européen avec indifférence.<br />
58
1913 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
(Les rapports <strong>de</strong> l’année 1913, surtout<br />
ceux <strong>de</strong>s mois <strong>de</strong> mai à août sont<br />
difficilement exploitables, car en très<br />
mauvais état)<br />
JANVIER<br />
Impôt : Il rentre sans aucune pression. Une somme <strong>de</strong> 97498 Fr. a été perçue en<br />
janvier.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Il ne donne lieu à aucune remarque.<br />
La région présente une population très <strong>de</strong>nse, qui ne sera pas loin lorsque le recen-<br />
sement que nous avons commencé sera terminé, d’accuser près <strong>de</strong> 300000 habi-<br />
tants. D’autre part, le taux <strong>de</strong> l’impôt pourra être élevé progressivement et<br />
atteindre enj?n un chiffre moyen, le jour où le rail viendra <strong>de</strong> ce côté et où <strong>de</strong>s<br />
débouchés nombreux seront créés et donneront au mouvement commercial qui<br />
s’est accentué cette année, une plus gran<strong>de</strong> extension (35).<br />
Par sa ,situation géographique entre les cercles <strong>de</strong> Dort, Ouagadougou, Dédougou<br />
et Bandiagara, <strong>Ouahigouya</strong> est pour les caravanes un lieu <strong>de</strong> passage permanent,<br />
formant le centre <strong>de</strong> routes bien entretenues, jalonnées <strong>de</strong> campements bien<br />
compris, qui le relient aux cercles que nous venons d’énumérer.<br />
La continuation <strong>de</strong> notre œuvre économique, politique et administrative rendra<br />
ainsi, par les conséquences qui en résulteront, le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> un <strong>de</strong>s<br />
plus importants, dans un avenir prochain.<br />
(35) L’administrateur fait allusion à un éventuel prolongement <strong>du</strong> chemin <strong>de</strong> fer Thiès-Kayes-<br />
Bamako (alors en construction sur la portion Thiès-Kayes) ou bien espere voir se réaliser<br />
un jour le Transsaharien dont un mémoire préconisait, dès 1839, la construction pour<br />
l’évacuation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> Soudan. La Mission FLATTERS fut massacrée en 1880 alors<br />
qu’elle reconnaissait le tracé <strong>du</strong> chemin <strong>de</strong> fer. Quant aux crédits pour la voie Sénégal-<br />
Niger, ils faillirent être refusés parce qu’on voulait réaliser d’abord le Transsaharien. Ce<br />
<strong>de</strong>rnier ne fut jamais construit (cf. A,PROST, p. 16). <strong>Ouahigouya</strong> est actuellement<br />
distant <strong>de</strong>s gares les plus proches (Ouagadougou et Koudougou) <strong>de</strong> 180 km.<br />
59
1913<br />
FÉVRIER<br />
Missions : Le capitaine Inspecteur <strong>de</strong>s goums est arrivé a <strong>Ouahigouya</strong> au commen-<br />
cement <strong>du</strong> mois. L àdministrateur avait réuni pour la circonstance tous les goumiers<br />
et cavaliers <strong>du</strong> cercle. Un goum . d ‘une centaine <strong>de</strong> valiers, recrutés minutieu-<br />
sement a été constitué sur place. Ce goum est divisé en quatre groupes et forme,<br />
ainsi composé, l’effectif d’un escadron <strong>de</strong> cavalerie avec ses quatre pelotons.<br />
MARS<br />
Faits nouveaux : Comme il a été ren<strong>du</strong> compte par rapport spécial, la Commission<br />
Mobile <strong>de</strong> recrutement a procédé à l’engagement <strong>de</strong> 113 recrues pour le premier<br />
semestre. Malgré les avertissements réitérés, <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong> villages<br />
n’obéirent pas aux instructions données en ne fournissant pas <strong>de</strong> jeunes gens. Une<br />
punition était nécessaire pour éviter le retour <strong>de</strong> pareils actes d’indiscipline. Aussi,<br />
les chefs et les notables <strong>de</strong> ces villages furent convoqués au chef-lieu <strong>de</strong> cercle et<br />
punis <strong>de</strong> quinze jours <strong>de</strong> prison. Une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2.5 Fr. fut infligée, en plus, à quel-<br />
ques chefs <strong>de</strong> groupes Peuls qui ne se présentèrent pas à lüdministrateur.<br />
impôt : L ‘impôt a été totalement perçu d la’date <strong>du</strong> 29 mars. Il accuse un excé<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> 2 615.80 Fr. sur le rôle primitif Les indigènes ont apporté sans difficulté le<br />
supplément qui leur avait été <strong>de</strong>mandé, en raison <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> population<br />
relevée par le recensement.<br />
AVRIL<br />
Faits nouveaux : Une torna<strong>de</strong> d’une violence inouie a sévi dans la région, à la fin<br />
<strong>du</strong> mois, causant <strong>de</strong>s dégâts importants et <strong>de</strong>s morts d’indigènes et d’animaux.<br />
Missions : La mission <strong>de</strong> remonte, commandée par le Capitaine <strong>de</strong> spahis B. est<br />
arrivée à <strong>Ouahigouya</strong> au commencement d’avril. Presque tous les chevaux <strong>de</strong> la<br />
région avait été rassemblés au chef-lieu <strong>du</strong> cercle. Plus <strong>de</strong> six-cents chevaux furent<br />
ainsi présentés à la mission. Elle ne peut en acheter qu ‘une vingtaine qui remplis-<br />
saient les conditions voulues pour faire <strong>de</strong> bonnes montures.<br />
Questions en cours, leur suite :Néant.<br />
Faits nouveaux : Néant.<br />
60<br />
SEPTEMBRE
1913<br />
Esprit <strong>de</strong>s popuhtions :Il me paraît bon, autant que je puis en juger actuellement.<br />
Missions :Néant.<br />
Justice indigène : . . . Les juges <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> semblent très sérieux, inaccessibles<br />
aux ca<strong>de</strong>aux et jugeant avec une certaine séven*té, ce qui n’est pas un mal dans un<br />
pays où les affaires <strong>de</strong> vol et <strong>de</strong> violence sont nombreuses.<br />
(Bien que l’affectation d’un nouvel admi-<br />
nistrateur ne soit pas signalée dans le<br />
rapport <strong>de</strong> septembre 19 13, celui-ci porte<br />
la signature <strong>de</strong> L. TAUXIER. Cet adminis-<br />
trateur, qui restera en <strong>poste</strong> à <strong>Ouahigouya</strong><br />
jusqu’en septembre 1914 puis comman-<br />
<strong>de</strong>ra à nouveau le cercle <strong>de</strong> mai 19 15 à<br />
juin 1916 est connu pour avoir écrit plu-<br />
sieurs ouvrages sur les régions <strong>de</strong> la boucle<br />
<strong>du</strong> Niger, notamment ccLe Noir <strong>du</strong> Sou-<br />
dan> publié en 1912 et «le Noir <strong>du</strong><br />
Yatenga» paru en 19 17).<br />
OCTOBRE<br />
Impôt : Les chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong> villages ont été convoqués pour qu’ils puissent<br />
venir prendre leur montant d’impôt à verser pour 1914.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Bon. Néanmoins, les mossis sont voleurs et batailleurs. Ils<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à être surveillés <strong>de</strong> très près afin d’éviter les vols et les rixes (36).<br />
Questions musulmartes : Très pau importantes. Les tournées faites à ce sujet par<br />
l’agent politique n’ont donné aucun résultat intéressant.<br />
Justice indigène :Les jugements ren<strong>du</strong>s portent surtout sur <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong> vol.<br />
NOVEMBRE<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : L ‘esprit n’est pas mauvais. Mais le Mossi, qui était avant<br />
notre occupation, pillard et guem’er, est.resté voleur et violent. Les tribunaux indi-<br />
gènes <strong>de</strong>vront ici, pendant longtemps encore, montrer une certaine sévérité.<br />
(36) Même remarque que dans la note 25. Cf. également la note 31.<br />
61
1913<br />
Tou<strong>de</strong>s : LiAdministrateur a fait, <strong>du</strong> 28 octobre au 29 novembre 1913, une<br />
gran<strong>de</strong> tournée <strong>de</strong> recensement dans le pays Samo. C’est la première fois que ce<br />
pays est recensé.<br />
On avait évité <strong>de</strong> le recenser jusqu ‘ici (...) pensant que les Samos s’enfuiraient dans<br />
la brousse et se laisseraient d#?cilement approcher. En fait, ces gens sont beau-<br />
coup moins sauvages qu ‘on ne le disait et se sont laissés recenser docilement.<br />
Le recensement, appuyés <strong>de</strong> quelques contre-recensements, a permis <strong>de</strong> s’apercevoir<br />
que cette population avait été légèrement surévaluée. De plus, on n’avait pas tenu<br />
compte, dans les chiffres approximatifs établis pour 1 ‘impôt, <strong>de</strong>s non-imposables.<br />
Or, ceux-ci (enfants en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> huit ans et infirmes) représentent a peu près le<br />
quart <strong>de</strong> la population Samo (22 % exactement). En définitive, les villages Samos <strong>du</strong><br />
cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, au nombre <strong>de</strong> douze, portés pour 21228 habitants, en<br />
contiennent en réalité 20 055 pour 15 381 imposables et 4 674 non imposables.<br />
Cela fait une diminution <strong>de</strong> 5 % sur la population totale, telle qu’elle avait été éva-<br />
luée par à peu près, et <strong>de</strong> 27 % sur la population imposable. Des rôles <strong>de</strong> dégrè-<br />
vement seront établis en conséquence pour l’impôt <strong>de</strong> 1914 (37).<br />
L “état d’esprit <strong>de</strong>s Samos est bon. Ce sont <strong>de</strong>s cultivateurs renforcés, groupés en<br />
familles extraordinairement nombreuses. Ce sont <strong>de</strong> grands pro<strong>du</strong>cteurs <strong>de</strong> mil.<br />
Malheureusement, la récolte n’a pas été bonne cette année, à cause <strong>de</strong> l’absence<br />
<strong>de</strong> pluie (38).<br />
RAPPORT ANNUEL<br />
La question <strong>du</strong> recensement me semble la plus importante dans ce cercle. Les ques-<br />
tions matérielles sont résolues : immeubles, mobilier, routes, campements, etc.. ;<br />
tout cela est en bon état et ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu’à être entretenu. Ce qui se pose avec<br />
urgence, c’est la question <strong>du</strong> recensement. Elle est importante car le recensement<br />
est à la base <strong>de</strong> l’impôt. Assurément, le taux <strong>de</strong> l’impôt, ici, est- peu élevé et, par<br />
conséquent, peut laisser place à une certaine latitu<strong>de</strong>, à un certain flottement dans<br />
IFvaluation <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong>s contribuables. Mais l’impôt croïtra <strong>de</strong> plus en plus ; il<br />
n ‘y a pas à en douter. Et alors, au fur et à mesure qu’il croîtra, il <strong>de</strong>viendra <strong>de</strong> plus<br />
en plus nécessaire <strong>de</strong> se rapprocher exactement <strong>de</strong> la réalité, <strong>de</strong> smjoir exactement<br />
combien sont ceux qui doivent payer. Des erreurs d’évaluation. sans importance<br />
auparavant, <strong>de</strong>viendront graves. Bref, il nous faudra <strong>de</strong> plus en plus recourir au<br />
recensement exact et frequent.<br />
En ce moment, le recensement laisse beaucoup à désirer ici, Si uous consdtom les<br />
cahiers <strong>de</strong> recensement, F~OUS voyons que les seules régions <strong>du</strong> cercle recensées<br />
jusqu’ici sont :<br />
(37) On reconnait là la rigueur <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> recensement con<strong>du</strong>ites par L. TAUXIER.<br />
Nous aurons encore I’occasion <strong>de</strong> constater le «sérieux» <strong>du</strong> travail <strong>de</strong> cet administrateur.<br />
(38) Coustatous que, <strong>de</strong>puis 1907, aucune récolte n’a pu étre estimée bonne.<br />
62
1913<br />
1” le Sud-Est, recensé en mars, avril et juin 1909. Monsieur M. a recensé les can-<br />
tons <strong>de</strong> OU~, Bassi, Roba, Tougo, Tougouya, Kossouka et Zitenga.<br />
2” le village même <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> recensé en mai 1910.<br />
3” le secteur Nord-Est, situé entre la route <strong>de</strong> Douentza et celle <strong>de</strong> Dori, recensé en<br />
septembre, novembre, décembre 1911 et février 1912.<br />
Après avoir recensé tout le pays samo, il reste à faire : toute la partie Est <strong>du</strong> cercle :<br />
à savoir les grands cantons <strong>de</strong> Windighi, <strong>du</strong> Rattenga, <strong>du</strong> Risiam et <strong>du</strong> Zittenga (qui<br />
n ‘a été fait qu ‘en partie en 19091,<br />
toute la partie Nord-Ouest, comprise entre la route <strong>de</strong> Douentza et .celle <strong>de</strong><br />
Louta, enfin la partie Sud et Sud-Est : cantons <strong>de</strong> Leba, <strong>de</strong> Goursi, <strong>de</strong> Kassebé, <strong>de</strong><br />
Boussoum, etc...<br />
Une fois ce travail fondamental fait et bien fait, on aura une base sérieuse pour<br />
asseoir l’impôt.<br />
En ce qui concerne celui-ci . . . donnons d’abord les documents <strong>recueil</strong>lis dans les<br />
archives <strong>du</strong> Poste. Ils éclairent d’une façon remarquable la progression <strong>de</strong> cet impôt :<br />
1899 12150 Fr. 1907<br />
1900 28324 ” 1908<br />
1901 30412 ” 1909<br />
1902 49 715,98 ” 1910<br />
1903 50337 ” 1911<br />
1904 63579,25 ” 1912<br />
1905 87332,62 ” 1913<br />
1906 88546,65 ‘* 1914<br />
109 618,44 Fr.<br />
137965,65 ”<br />
138555,25 ”<br />
157638,75 ”<br />
159 9 73,65 ”<br />
174 781 ”<br />
192634 ”<br />
214857,20 ”<br />
(prévisions)<br />
L’impôt direct a augmenté en 14 ans <strong>de</strong> 191000 Fr. ce qui fait une moyenne <strong>de</strong><br />
13643 Fr. par an. Pour 1914, mon prédécesseur l’a augmenté d’un seul coup <strong>de</strong><br />
22 000, ce qui nous donne la ligne <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ite à tenir pour 1915.<br />
En 1912, il existait trois catégoties <strong>de</strong> contribuables : 1 o les simples cultivateurs<br />
(Mossis, Fulsés, Samos, Rimaibes) qui payaient 0,65 Fr. par tête imposable. 2” les<br />
commerçants et les semi-pasteurs (Yarsés, Marencés, Silmi-Mossis) qui payaient<br />
0,75. 3” enJin, les pasteurs qui payaient 1,50 Fr. En 1913, ce classement fût res-<br />
pecté ; seulement la première catégorie fit mise à 0,70 Fr. et la secon<strong>de</strong> à 0,SO Fr. ;<br />
la troisième à 1,60 Fr. et cela donna une augmentation <strong>de</strong> 18 000 Fr. Pour 1914,<br />
mon prédécesseur réunit en une seule les <strong>de</strong>ux premières catégories et les mit toutes<br />
les <strong>de</strong>ux à 0,SO Fr. Cela a donné d’un seul coup une augmentation <strong>de</strong> 22 000 Fr.<br />
Et maintenant que faut-il faire pour 1915 ?<br />
A mon avis, il est certain que les noirs commerçants peuvent payer un peu plus pour<br />
l’impôt que les noirs purement cultivateurs. Ils sont évi<strong>de</strong>mment plus riches ou - plus<br />
exactement - moins pauvres. J’estime que si les cultivateurs purs payent 0,80 Fr., les<br />
cultivateurs-commerçants et <strong>de</strong>mi pasteurs peuvent payer 1 Fr. De même, je pro-<br />
pose d’augmenter les Foulbés (pasteurs) (391, et <strong>de</strong> leur faire payer 1,75 Fr. au lieu<br />
(39) Fulbe : Peul.<br />
63
1913<br />
<strong>de</strong> 1,60. Ces légeres augmentations pro<strong>du</strong>iront un surplus <strong>de</strong> 6 400 Fr. environ.<br />
Pour les Samos un cas spécial se pose : le recensement que je viens <strong>de</strong> faire a prouvé<br />
que le nombre d’imposables est beaucoup moins grand qu’on ne l’avait supposé. Il y<br />
a 15 381 imposables et non 21228, donc une grosse diminution. Or, si nous laissons<br />
les Samos à 0,SO Fr., ils paieront désormais, pour 1914 et 1915, 12 304,80 Fr. alors<br />
qu’en 1913, ils ont payé (sans dificulté apparente) 14 935,60 Fr. Je propose donc<br />
<strong>de</strong> mettre les Samos à 1 Fr-, ce qui leur fera payer 15 381 Fr. en 1914 et 1915. Ils<br />
seront encore diminués <strong>de</strong> 1129,40 Fr. sur le rôle primitif <strong>de</strong> 1914 et ne seront pas<br />
augmentés en 1915. Il est bien enten<strong>du</strong> que, comme les Samos sont <strong>de</strong> purs culti-<br />
vateurs, ce n’est que temporairement qu’ils se trouvent rangés dans la même caté-<br />
gon-e que les commerçants et <strong>de</strong>mi pasteurs. Il faudra les années.prochaines les faire<br />
marquer le pas pour que les Mossis, Adsés et Rimaibes les rattrapent. L’impôt <strong>de</strong><br />
l’avenir est, en effet, dans le Yatenga <strong>de</strong> : 1 Fr pour les purs cultivateurs, 150 Fr.<br />
pour les commerçants et 2 Fr. ou 2,50 Fr. pour les pasteurs.<br />
En résumé, je propose une augmentation <strong>de</strong> 5 300 Fr. environ sur le chiffre <strong>de</strong> 1914<br />
(215 000 Fr.), sans compter celle que peuvent donner les recensements qui sont à<br />
entreprendre.<br />
J’estime que nous ne pouvons pas augmenter plus le chiffre <strong>de</strong> l’impôt pour 1915<br />
étant donné que la récolte <strong>de</strong> 1913 (octobre 1913) a été fort mauvaise. Cette récolte<br />
n’aura pas <strong>de</strong> répercussion sur l’impôt <strong>de</strong> 1914, qui est déjà rassemblé à l’heure qu ‘il<br />
est et prêt à être payé, mais s’il y a famine dans le pays au printemps <strong>de</strong> 1914, cela<br />
pourra avoir une répercussion sérieuse sur 1 ‘impôt <strong>de</strong> 1915.<br />
L’esprit <strong>de</strong>s populations est bon. Les noirs <strong>du</strong> Yatenga se sont resignés à notre auto-<br />
rité et ne la contestent plus... Malheureusement, les Mossis, autrefois pillards, ne se<br />
sont pas transformés d’un seul coup. Jadis, ils dirigeaient soit <strong>de</strong>s expéditions régu-<br />
lières, soit <strong>de</strong>s attaques incessantes à main armée sur les populations qui les entou-<br />
raient : Samos, Fulbés, Rimaibes. Depuis notre arr&ée, ils ont <strong>du</strong> renoncer à cette<br />
manière <strong>de</strong> faire, mais ils sont restés pillards au fond <strong>de</strong> l’âme, beaucoup moins<br />
dressés que les Fulsés et les Samos au travail agricole régulier, et cela se tra<strong>du</strong>it<br />
maintenant par <strong>de</strong>s vols incessants et par <strong>de</strong>s meurtres dont il est difficile <strong>de</strong> saisir<br />
les auteurs... IZ faut amener les Mossis à ne plus concevoir d’autre issue à la satis-<br />
faction <strong>de</strong> leurs besoins que celle <strong>du</strong> travail régulier et quotidien.<br />
64
1914 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
JANVIER<br />
Impôt : L ‘Nnp& <strong>de</strong> 1914 a commencé à rentrer... 32 180,20 Fr. ont déjà été versés.<br />
Recrutement :La Commission <strong>de</strong> recrutement a commencé ses travaux le 24 janvier<br />
et les a terminés le lerfévrier. Elle a pris 161 tirailleurs... Quoique la circonscription<br />
soit supportée avec peine par la population mossi, le recrutement n’a donné lieu<br />
à aucun inci<strong>de</strong>nt.<br />
-\;.:r<br />
><br />
Questïons en cours et faits nouveaux :Néant.<br />
MARS<br />
Impôt : Il est bien rentré en mars : il est rentré exactement 55 587.50 Fr. Il ne reste<br />
plus que 24 000 Fr. à rentrer.<br />
École : L’ecole continue à bien fonctionner sous la surveillance <strong>de</strong> Monsieur P. le<br />
nouvel instituteur (40).<br />
AVRIL<br />
Impôt : Il continue à rentrer sans que IAdministrateur soit obligé <strong>de</strong> sanctionner.<br />
Près <strong>de</strong> 20 000 Fr. ont été perçus dans le courant <strong>du</strong> mois. Il ne reste plus à perce-<br />
voir que 3 985 Fr.<br />
Questions musulmanes: Toujours <strong>de</strong> très peu d’importance dans le cercle.<br />
l?coles : Trois fois par semaine, un cours d’a<strong>du</strong>ltes a lieu. A ce jour, trente-sept élèves<br />
y sont inscrits et trente suivent régulièrement ce cours.<br />
Justice indigène : Les membres <strong>du</strong> tribunal ont eu surtout sà juger <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong> vol.<br />
(40) C’est le premier instituteur #blanc» nommé à <strong>Ouahigouya</strong>. Jusqu’alors, l’école était<br />
dirigée par un «moniteur indigène».<br />
65
1914<br />
Impôt : Presque tout l’impôt est rentré. Pz ne reste plus que 52,40 Fr. à recouvrer<br />
sur un rôle d’impôt global <strong>de</strong> 210 641,60 Fr.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Rien a ajouter à ce qui a été dit dans les rapports précé-<br />
<strong>de</strong>nts. Les vols et les meurtres se multiplient <strong>de</strong> plus en plus sous l’influence d’une<br />
famine grandissante.<br />
Tournées : L administsateur est rentré le ler juin après trente-un jours <strong>de</strong> tournée et<br />
après avoir recensé 17 000 indigènes Il a commencé par le canton <strong>de</strong> Ouindighi qui<br />
comprend 17 villages... Pour les 17 villages recensés avec soin, jai trouvé 6 271 habi-<br />
tants sur lesq.uels il y a 4501 imposables et 1 770 non imposables. Ceux-ci forment<br />
donc une proportion <strong>de</strong> 28 % environ que 1 ‘on peut prendre comme étant la propor-<br />
tion <strong>de</strong>s non imposables chez les Fulsés ou Nioniossés ; le canton <strong>de</strong> Ouindighi étant<br />
un canton presque pur <strong>de</strong> Fulsés (41).<br />
Ily a une légère diminution <strong>de</strong>s imposables (exactement 1,37%).<br />
Puis, je me suis transporté sur le terruoire <strong>du</strong> Ratenga. J’ai recensé 57 villages,<br />
obligé <strong>de</strong> laisser <strong>de</strong> côté les trois villages Foulbés et un village Dinadio (Rimaibe) en<br />
dépendant, les Peuls n’étant pas là en ce moment, mais ayant amené paître leurs<br />
troupeaux dans le sud. C’est en août ou en septembre seulement qu’ils pourront<br />
être recensés.<br />
Les 57 villages ont donné 10 645 habitants sur lesquels il y a 7123 imposables et<br />
3 522 non imposables. La moyenne <strong>de</strong>s non-imposables (enfants au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong><br />
8 ans et infirmes) est ici <strong>de</strong> 33%. R y a une diminution <strong>de</strong>s imposables sur les<br />
chiffi’es portés aux registres d’impôt pour les années 1913 et 1914. Cette dimi-<br />
nution est <strong>de</strong> 5 70, c’est à dire <strong>de</strong> 7 % sur 1 ‘ancien chiffre <strong>de</strong>s imposables (7 693).<br />
comme je lai dit, dix villages seulement avaient été recensés jusqu’ici et les autres<br />
avaient été seulement évalués. De plus, il faut dire que la contrée, à cause d’un<br />
certain nombre <strong>de</strong> mauvais hivernages ou ia pluie ne tombe pas suffisamment,<br />
tend jusqu’ci un certain point à se dépeupler ; les indigènes se transportant<br />
lentement plus au Sud. Tour cela explique cette légère diminution <strong>du</strong> nombre<br />
<strong>de</strong>s imposables.<br />
La situation politique <strong>de</strong> ces régions est bonne. La population est tranquille.<br />
Malheureusement, la situation économique est plus mauvaise. Le mil est rare. Les<br />
indigènes cherchent <strong>de</strong>s racines <strong>de</strong> nénuphars dans les mares <strong>de</strong>sséchées et les<br />
femmes les feuilles <strong>de</strong>s arbres, dans la brousse.<br />
(41)i%~niose : sous ce nom, les Mossi désignent soit les Dogon, soit Ics Samo, soit les Kurumba.<br />
D’une fapon g&érale, ce nom s’adresse aux prcmicrs habitants <strong>de</strong> la région, ayant précédé<br />
les Mossi.<br />
66<br />
MAI
1914<br />
Impôt :Le restant <strong>de</strong> l’impôt à recouvrer est rentré en juin.<br />
JUIN<br />
Esprit <strong>de</strong>s popuhtions : Rien à ajouter à ce qui a été dit dans les rapports précé-<br />
<strong>de</strong>nts. Les vols et les meurtres n’ont fait que crottre et embellir sous l’influence<br />
<strong>de</strong> la famine et le Tribunal <strong>de</strong> cercle a eu, en juin, à juger <strong>de</strong> nombreuses affaires<br />
dhomici<strong>de</strong> volontaire ayant pour objet le vol. Espérons que les semailles, qui se<br />
font en ce moment, mettront un terme à ce débor<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> crimes causé par<br />
la faim.<br />
Ecoles : L’école <strong>du</strong> village <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a été fermée le 15 juin pour cause <strong>de</strong><br />
vacances.<br />
Tribunaux indigènes : . ..les rôles <strong>de</strong> la justice sont plus chargés que jamais pour la<br />
cause que j’ai dite plus haut... Les membres <strong>du</strong> Tribunal sont très sérieux et font<br />
leur besogne d’une façon ferme et juste.<br />
Questions en cours, leur suite :Néant.<br />
Faits nouveaux :Néant.<br />
JUILLET<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : La fièvre <strong>de</strong> vols et dhomici<strong>de</strong>s que la famine avait<br />
déchainée sur le cercle en mai et juin 1914 semble un peu calmée en ce moment.<br />
Cela vient sans doute <strong>de</strong> ce que les gens se sont mis à leurs champs et sont en train<br />
<strong>de</strong> travailler. De plus, la suppression temporaire <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> marchés jusqu’rru<br />
ler octobre a pro<strong>du</strong>it un excellent effet. Le mil est <strong>de</strong>venu plus abondant ou, plus<br />
exactement, moins rare sur tous les marchés, mais il est d’un prix énorme qui<br />
dépasse au détail 1 Fr. le kilogramme et Mève même à 1,45 Fr. quelquefois.<br />
Les pluies ont été abondantes pendant les trois premières semaines <strong>du</strong> mois<br />
<strong>de</strong> juillet mais, <strong>de</strong>puis le 22, il y a un ralentissement dans la tombée <strong>de</strong>s pluies.<br />
Espérons qu ‘elles vont reprendre plus fortes que jamais (42).<br />
(42) Le prix <strong>du</strong> kg <strong>de</strong> mil est exhorbitant. En temps normal, il est <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sous. Dans la circons-<br />
tance présente, il est <strong>du</strong> même ordre que le taux <strong>de</strong> l’impôt. Aujourd’hui, le taux <strong>de</strong><br />
l’impôt personnel (650 F) en moyenne atteint environ dix fois le prix <strong>du</strong> kg <strong>de</strong> mil, à<br />
son plus haut cours (19’73).<br />
67
!~~OUI shd ua UO~SS~II aun<br />
t
1914<br />
AOÛT<br />
Questions en cours, leur suite : La famine a régné dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />
pendant le mois d’août 1914. L’Administrateur a éte obligé <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r par<br />
télégramme N” 150 <strong>du</strong> 7 août un crédit <strong>de</strong> secours <strong>de</strong> famine. Deux mille francs<br />
ont été accordés par télégramme 3267 <strong>du</strong> 10 août pour faire face aux besoins<br />
urgents (43). Ils ont été distribués avec soin <strong>du</strong> II au 28 août. Actuellement, il<br />
serait désirable qu’un nouveau secours, <strong>de</strong>mandé par télégramme N” 183 <strong>du</strong><br />
28 août, soit accordé, la récolte <strong>de</strong> mais n’ayant pas encore eu lieu à <strong>Ouahigouya</strong><br />
à cause <strong>de</strong> l’hivernage tardif et les décès étant toujours au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la moyenne à<br />
<strong>Ouahigouya</strong> et dans les environs.<br />
Les pluies ont été abondantes et même magniJiques pendant le mois d’août 1914<br />
quoique dans les <strong>de</strong>rniers jours, elles se soient ralenties. Il est permis d’espérer<br />
qu’elles continueront ou reprendront en septembre et que la récolte cette année<br />
sera belle. Cependant. si l’hivernage 1914 est remarquable, il aura été tardif et c’est<br />
ce qui explique que la moisson <strong>de</strong> maïs n’ait pas encore eu lieu dans le cercle. Elle<br />
n “aura pas lieu avant le 10 septembre. Le mil vaut toujours 1 Fr le kilo sur le marché.<br />
Faits nouveaux :Néant.<br />
Impôt :Rentré <strong>de</strong>puis longtemps.<br />
SEPTEMBRE<br />
Questions en cours, leur suite : La famine a heureusement pris fin au cours <strong>de</strong> sep-<br />
tembre. La récolte <strong>du</strong> maïs, bonne d’une façon générale, a eu lieu et elle a fait<br />
tomber le prix <strong>du</strong> mil d’une façon extraordinaire ; <strong>de</strong> 1 Fr le kilo, le mil est <strong>de</strong>scen<strong>du</strong><br />
à 0,50 Fr, puis à 0,2.5 Fr, enfin à 0,20 Fr le kilo, prix où il est actuellement.<br />
Assurément, c’est encore beaucoup mais ce prix se maintiendra tant que la récolte<br />
<strong>du</strong> sorgho rouge (le premier <strong>de</strong>s mils récoltés) n ‘aura pas eu lieu. La récolte générale<br />
<strong>du</strong> mil s’annonce comme fort bonne cette année. Les pluies ont été suffisantes et se<br />
sont prolongées jusqu’en fin septembre. Actuellement, elles ne sont peut-être pas<br />
encore finies. Il est dommage que le défaut relatif <strong>de</strong> semences et le manque <strong>de</strong> bras<br />
pro<strong>du</strong>its par la famine fassent que cette récolte ne soit pas aussi magnifique qu’elle<br />
aurait pu l’être sans cela (44).<br />
(43) Soit, au prix <strong>du</strong> marché <strong>de</strong> détail, en cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>re, l’équivalent en valeur <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux tonnes <strong>de</strong> mil, pour quelques 350 000 habitants recensés. Un secours bien maigre. . .<br />
à titre <strong>de</strong> comparaison, l’année suivante 14 000 F sont dépensés sur le chapitre ((ca<strong>de</strong>aux<br />
divers» pour faciliter le recrutement <strong>de</strong>s tirailleurs.<br />
(44) Ce passage mériterait d?être développé. L. TAUXIER ne dit-il pas en clair que la sécheresse<br />
d’une année se répercute sur la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> l’année suivante par ses effets in<strong>du</strong>its ?<br />
Sécheresse entre mai et septembre 1913 : sou<strong>du</strong>re difficile en 1914 et, par suite, ré<strong>du</strong>ction<br />
<strong>de</strong>s surfaces ensemencées (faibles réserves <strong>de</strong> semences et moindre vigueur au travail),<br />
laissant prévoir une récolte médiocre en 1914,indépendamment <strong>de</strong>s bonnes conditions<br />
pluviométriques.<br />
69
1914<br />
Faits nouveaux : Comme je. l’ai expliqué dans divers télégrammes, la levée <strong>de</strong>s<br />
réservistes <strong>du</strong> cercle, en août et en septembre, s’est heurtée à <strong>de</strong>s obstacles provenant<br />
<strong>de</strong> la famine. La plupart <strong>de</strong>s anciens tirailleurs, au lieu <strong>de</strong> se remettre à la culture<br />
après leur libération, font les dioulas et sont sans cesse en mouvements entre le<br />
le cercle <strong>du</strong>ne part et la Gold-Coast et la Côte d’ivoire <strong>de</strong> Pa&re. Ils sont donc,<br />
par métier, assez difficilement saisissables. Ajoutez la famine qui, à partir d’avril,<br />
a poussé environ un tiers <strong>de</strong> la population <strong>du</strong> cercle dans les cercles <strong>du</strong> sud pour<br />
y vivre (à Ouagadougou, Dédougou, Bobo-Dioulasso, Tenkodogo, Léo, etc.) et on<br />
se fera une idée <strong>de</strong>s difficultés que 1 ‘Administrateur a eues pour réunir quelques uns <strong>de</strong><br />
ces réservistes. Ajoutez les mala<strong>de</strong>s, soit directement <strong>de</strong> la famine, soit parce qu’elle<br />
aggravait chez eux <strong>de</strong>s maux variés dont ils auraient fnomphé aisément en temps ordi-<br />
naire. Tout cela explique que sur 83réservistes théoriquement disponibles sur 114 ins-<br />
cn.ts sur les contrôles, 27 seulement aient pu être dirigés sur Ségou, via Dédougou...<br />
Bref, la mobilisation <strong>de</strong>s réservistes a été entravée par l’e’tat <strong>du</strong> cercle (45)..<br />
Pour la levée <strong>de</strong>s engagés volontaires, les difficultés ne sont pas moindres. Les popu-<br />
lations répugnent fortement au service militaire et ne comptaient pas avoir à fournir<br />
<strong>de</strong> soldats avant le mois <strong>de</strong> janvier prochain, en ayant fourni 161 en janvier <strong>de</strong>rnier.<br />
Elles y comptaient d ‘autant moins que l’état économique <strong>du</strong> cercle étant déplorable,<br />
elles pensaient qu’on les épargnerait jusqu ‘à ce qu’une bonne récolte eût tout remis<br />
en ordre. En fait, malgré fou tes les exhortations, il n ‘y a pas d hngagés volontaires et<br />
il faut user d ‘une certaine pression pour obtenir même ceux qui se présentent comme<br />
tels. Cependant, <strong>de</strong>ux convois, l’un <strong>de</strong> neuf l’autre <strong>de</strong> trente engagés sont partis le<br />
20 et le 27 septembre pour Bandiagara. Ils seront suivis, a bref délai, d’un nouveau<br />
convoi.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Il est toujours bon, mais la famine a extraordinairement<br />
fatigué les habitants <strong>du</strong> cercle. Un dixième <strong>de</strong> la population a été victime <strong>de</strong> la<br />
famine (évaluation approximative), 31500 personnes environ sur une population<br />
totale <strong>de</strong> 315 000 habitants. Un tiers (105 000) a quitté temporairement le cercle<br />
pour les cercles <strong>du</strong> sud, mais je pense que la plus gran<strong>de</strong> partie va rentrer avec la<br />
récolte. Cependant, quelques familles se sont dé.fmitïvement futées dans les cercles<br />
<strong>du</strong> sud comme me l’ont appris les télégrammes <strong>de</strong> Bobo et <strong>de</strong> Dédougou.<br />
Locaux <strong>de</strong> détention : Une épidémie a sévi à la prison <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> en août et<br />
septembre, non pas <strong>de</strong> dysenterie, comme on l’avait cru d’abord, mais <strong>de</strong> diarrhée.<br />
27prisonniers sont morts <strong>de</strong> ce chef en août et 29 en septembre.<br />
(45) Le 3 août, les hostilités sont ouvertes entre l’Allemagne et la France. Lorsque L. TAUXIER<br />
rédige son rapport <strong>de</strong> septembre, la première bataille <strong>de</strong> la Marne est terminée et les belli-<br />
gérants entament la course à la mer.<br />
70
1914<br />
OCTOBRE<br />
Questions en cours, leur suite : Le cercle a repris son existence normale. Le mil étant<br />
à maturité, les épidémies causées par l’absorption <strong>de</strong> mil vert ont disparu et la mor-<br />
talité parait s’abaisser considérablement. La récolte est commencée. Elle est très<br />
belle et les transactions commerciales reprennent.<br />
En moins <strong>de</strong> dix jours, j’avais envoyé à Bandiagara 138 recrues et je comptais en<br />
expédier 500 autres dans un délai <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois. Malheureusement, le télégramme .<br />
<strong>de</strong> I’Autotité militaire est venu tout arrêter et les 138 recrues m’ont été retournées,<br />
sans même avoir été examinées.<br />
Fait nouveau : Monsieur I’Administrateur T. a fait le recensement <strong>du</strong> canton <strong>de</strong><br />
Namsiguia... Il fallait s’attendre à une diminution car beaucoup d’indigènes sont<br />
morts pendant la famine et un certain nombre est parti... Il y a donc lieu <strong>de</strong> suspendre<br />
momentanément tout recensement qui ne pourrait accuser que <strong>de</strong>s données<br />
fausses /46).<br />
Tous les chefs ont été invités à pro<strong>du</strong>ire les noms <strong>de</strong>s personnes décédées ou parties<br />
définitivement. Ces déclarations seront autant que possible contrôlées et c’est sur<br />
elles que nous nous baserons pour vous proposer un rôle <strong>de</strong> dégr&ement, Ma proposition<br />
<strong>de</strong> porter pour 1916 l’impôt <strong>de</strong> I,75 à 2 Fr par tête pour les Peuls et <strong>de</strong><br />
0,80 à 1 Fr par tête pour le reste <strong>du</strong> cercle ne compensera pas le déficit causé par<br />
la famine mais l’atténuera singulièrement. En outre, ce taux n ‘u rien d’exagéré. J’en<br />
ai parlé aux chefs qui n’ont pas paru surpris. Ils n’ont point protesté ni même<br />
soulevé d’abjections.<br />
c<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Ne me parait pas mauvais autant que j’en puis juger<br />
<strong>de</strong>puis le peu <strong>de</strong> temps que je comman<strong>de</strong> le cercle. La population est généralement<br />
craintive, sauvage, donc malléable. On ne peut que lui reprocher ses instincts <strong>de</strong><br />
pillage et <strong>de</strong> vol.<br />
Les Mossis sont voleurs par tempérament et par instinct. C’est le premier cercle<br />
que je comman<strong>de</strong> où je me trouve dans 1 ‘obligation <strong>de</strong> fermer les portes et surtout<br />
<strong>de</strong> les assujetir ! Ces précautions n’ont pas suffi et j’ai été volé <strong>de</strong>puis mon am.vée.<br />
Questions musulmanes : Les quelques musulmans sont absolument noyés dans la<br />
masse <strong>de</strong>s fétichistes. Cette appréciation n’empêche pas une surveillance continue,<br />
nécessaire chez toutes les populations primitives et surtout chez celles-ci qui pour-<br />
raient être tentées par <strong>de</strong>s promesses <strong>de</strong> pillages.<br />
(En octobre 1914, L. TAUXIER<br />
a passé le comman<strong>de</strong>ment <strong>du</strong><br />
cercle à un nouvel administrateur)<br />
(46) On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qui est faux ct w qui est vrai dans le constat d’une diminution <strong>de</strong><br />
la population. Ce que ne veut pas Eldministrateur, qui vient d’ètre affecté à Ouahiouya,<br />
c’est d’être obligé <strong>de</strong> diminuer consiJirab1ement l’impôt ; ce qui lui vaudrait certainement<br />
dc vifs reproches <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> son (;ouvsrneur.<br />
71<br />
.
1914<br />
NOVEMBRE<br />
Questions en cours, leur suite :Ainsi que j’ai eu l’honneur <strong>de</strong> vous rendre compte<br />
par télégramme, j’ai effectué une tournée dans le Sud et suis revenu par la route <strong>de</strong><br />
Yako à <strong>Ouahigouya</strong>. Partout les récoltes sont bonnes. Il y a donc <strong>du</strong> bien-être dans<br />
le cercle.<br />
J’ai &ourté ma tournée <strong>de</strong> quelques jours, rappelé d’urgence par la mort <strong>de</strong> Mon-<br />
sieur le Receveur <strong>de</strong>s Postes, qui était tombé mala<strong>de</strong> le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> mon départ.<br />
Faits nouveaux : pai traversé, pendant cette tour<strong>de</strong>, 23 Vil&es et je me suis fait<br />
donner le nombre <strong>de</strong>s personnes imposables décédées pendant la famine. Ces villages<br />
comprenaient l’année <strong>de</strong>rnière une population <strong>de</strong> 13495 imposables. 3354 sont<br />
mortes <strong>de</strong> la famine. D’autre part, 933 personnes sont paities dans les cercles voisins.<br />
Il reste donc 9 208 personnes, soit une perte sèche <strong>de</strong> 4 287 contribuables (47).<br />
Impôt : Les chefs viennent successivement donner le nombre <strong>de</strong>s morts dans leurs<br />
villages et chercher le chiffre <strong>de</strong> l’impôt qu’ils auront à payer pour 191.5. lis sont<br />
avertis qu ‘ils auront à payer 2 francs et 1 franc par tête, pour l’année 1916. Ils ne<br />
protestent en aucune façon (48).<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : La population est d’une insouciance prodigiatse. Tout le<br />
mois <strong>de</strong> novembre a été l’objet <strong>de</strong> fêtes ininterrompues : la fête <strong>de</strong>s Mossis faisant<br />
suite à la Tabaski. Le mois a été, on peut le dire, consacré aux chants, aux danses et<br />
aux réjouissances. Ce n’est pas dprfs le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> que l’on peut redouter<br />
un soulèvement qui serait provoqué par le fanatisme religiauc musulman. Au<br />
contraire, je pense que les Mossii se mettraient <strong>de</strong> notre côté flanchement, avec<br />
l’espoir <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong>s troupeaux <strong>de</strong>s Peuls musulmans.<br />
DÉCEMBRE<br />
Questions en cours, leur suite : Suivant les prescriptions <strong>de</strong> vos télégrammes chiffrés,<br />
recommandant <strong>de</strong> surveiller plus étroitement encore les men&es inusulmanes et les<br />
passages <strong>de</strong> marabouts étrangers pendant la guerre, j’ai divisé le cercle en quatre<br />
(47) En matière <strong>de</strong> sécheresse, on ne saurait être plus explicite !<br />
(48) Cette «logique» qui nous paraît odieuse aujourd’hui, était à l’époque en parfaite confor-<br />
mité avec la théorie «pr&eynesienne», faisant <strong>de</strong> l’équilibre budgétaire autant un principe<br />
<strong>de</strong> morale qu’une règle <strong>de</strong> saine gestion <strong>de</strong> l’économie.<br />
72
1914<br />
secteurs dans lesquels j’ai envoyé <strong>de</strong>s agents secrets chargés <strong>de</strong> s’enquérir <strong>de</strong> l’esprit<br />
<strong>de</strong> la population, <strong>de</strong> ce qui se dit et pourrait se manigancer contre nous (49).<br />
Ils sont revenus au bout d’un mois <strong>de</strong> voyage, m’apportant les nouvelles les plus<br />
rassurantes. La population sait, et je l’ai dit moi-même pendant mes tournées,<br />
que nous nous étions emparés <strong>du</strong> Togo et que nous sommes les plus forts. Elle para2<br />
manifester le plus grand contentement...<br />
Impôt : Les habitants se préparent à payer l’impôt, comme chaque année. Malheu-<br />
reusement, nous <strong>de</strong>vons compter sur un déficit dû aux nombreux décès et aux<br />
départs <strong>de</strong> familles qui sont allées plus au sud pour éviter la disette. Je ne pense pas,<br />
toutefois, que ce déficit puisse dépasser 40 000 francs.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Les populations n’ont pas un mauvais esprit et la bonne<br />
récolte <strong>de</strong> cette année n’est pas pour le leur enlever.<br />
La récolte aurait été encore bien meilleure si les gens affamés et affaiblis par un long<br />
jeûne avaient pu cultiver comme auparavant. Les chefs ont été unanimes à me faire<br />
cette objection qui a certainement un grand poids. D’autres enfin manquaient <strong>de</strong><br />
semences et n’ont pu, malgré leur bonne volonte, faire <strong>de</strong>s lougans aussi considé-<br />
rables qu ‘ils en avaient l’habitu<strong>de</strong>.<br />
RAPPORT ANNUEL<br />
Situation politique et économique : Si, pendant l’année écoulée, la situation poli-<br />
tique a été très calme, il n’en a pas été <strong>de</strong> même <strong>de</strong> la vie économique qui a été<br />
désastreuse et très mouvementée par suite <strong>de</strong> la famine qui a sévi cruellement.<br />
Le chiffre <strong>de</strong> quarante mille morts dans le cercle, pendant cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> détresse,<br />
peut être maintenant considéré comme réel. Ayant pris le comman<strong>de</strong>ment <strong>du</strong><br />
cercle le 10 octobre, j’ai pu, au cours <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tournées faites dans le Sud-Ouest et<br />
le Sud-Est <strong>du</strong> cercle, constater dans les villages <strong>de</strong> nombreuses cases abandonnées,<br />
en ruines, dont tous les habitants sont morts ou partis dans les cercles <strong>du</strong> sud moins<br />
éprouvés.<br />
Si <strong>de</strong> nombreux indigènes ont succombé <strong>de</strong> la faim, combien d’autres ont été vic-<br />
times <strong>de</strong> maladies par suite <strong>de</strong> l’absorption <strong>de</strong> toutes sortes d’aliments bizarres :<br />
feuilles d’arbres, racines, détritus <strong>de</strong> tous genres qui leur donnaient <strong>de</strong>s diarrhées...<br />
La mortalité a continué pendant la pousse <strong>du</strong> mil ; les affamés se jetaient sur le mil<br />
vert qui leur donnait une sorte <strong>de</strong> dysenterie presque toujours mortelle. Ce n’est<br />
qu’à la récolte <strong>du</strong> maïs que la mortalité, vraiment effrayante, a diminué d’intensité<br />
pour se terminer à la récolte <strong>du</strong> mil,<br />
(49) Outre la surveillance <strong>du</strong> prosélythisme musulman, <strong>de</strong>venue routine <strong>de</strong>puis la circulaire <strong>de</strong><br />
1906 (cf. note 3), <strong>de</strong> nouveaux ordres sont donnés par le Gouvernement Général dès que<br />
l’Empire Ottoman s’allie avec les Puissances Centrales (novembre 1914). La Turquie repré-<br />
sentait alors le flambeau <strong>de</strong> l’Islam contre l’Occi<strong>de</strong>nt et l’on craint <strong>de</strong>s soulèvements<br />
fomentés par <strong>de</strong>s émissaires musulmans. En septembre 1918, un corps expéditionnaire<br />
allié battra les Turcs en Palestine.<br />
73
1914<br />
Justice : Pendant cette pério<strong>de</strong>, les vols et les crimes ont redoublé d’intensité chc.<br />
ces populations déjà pillar<strong>de</strong>s par tempérament... Cela me permet <strong>de</strong> constater quç<br />
l’esprit <strong>de</strong> la population se modifie heureusement sous notre influence et qu ‘il faui<br />
une ca,$zmite pour que les anciens instincts voleurs, pillards et criminels se révèlen!<br />
<strong>de</strong> nouveau avec une certaine intensité. Ce n’est pas que je veuille démontrer qu’il,,<br />
ont acquis d’emblée toutes les vertus, mais. ils font un véritable effort pour réf?énc.<br />
leurs mauvais instincts et c’est un grand progrès.<br />
Ces observations concernent surtout les Mossis en général. Quant aux Foulbés e><br />
quelques musulmans Yarcés, Rimai%s et Markas (.50), ils font para<strong>de</strong> <strong>du</strong>ne obei,\<br />
sance qui frise l’obséquiosité. Leur fourberie saaccentue encore dans les affaires à,<br />
justice où ils accusent un esprit <strong>de</strong> chicane étonnant.<br />
Esprit <strong>de</strong>s popuhtiolts : Dans mes tournées, il m’a été donné <strong>de</strong> constater qu i<br />
somme 1 ‘esprit général était bon. Pendant celles-ci, je n ‘ai pas manqué <strong>de</strong> les poussr<br />
à agrandir leurs cultures, <strong>de</strong> leur recomman<strong>de</strong>r <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s réserves en semenw<br />
pour les années médiocres ou mauvaises, <strong>de</strong> ne pas se borner, comme ils le for:<br />
jusqu ‘a présent, à ne cultiver que le mil, mais aussi à planter le riz sur les bords di *<br />
cours d’eau, à entreprendre les cultures <strong>de</strong> manioc, <strong>de</strong> patates, etc.. leur expliquan<br />
les inconvénients <strong>de</strong> toute monoculture.<br />
Je me suis efforcé <strong>de</strong> leur expliquer ce qu’etait la guerre actuelle, que nous étiori<br />
les plus forts, que nous nous étions emparés <strong>du</strong> Togo, ce que certains connaissaien,<br />
déjà par <strong>de</strong>s Dioulas <strong>de</strong> passage. Partout j’ai <strong>recueil</strong>li <strong>de</strong>s assurances <strong>de</strong> loyalisme e-<br />
<strong>de</strong> fidélité, un certain nombre déclarant même qu’ils étaient très heureux <strong>de</strong> 1,<br />
conquête <strong>de</strong> leur pays par les Francais, dont la domination était juste, sage (0<br />
bienveillante.<br />
Commerce : Le commerce qui s”était arrêté... a repris plus que jamais ; on renconr:~<br />
sur les routes <strong>de</strong> nombreuses caravanes portant <strong>de</strong>s kolas et <strong>de</strong>s tissus pour revelf<br />
avec <strong>du</strong> sel, <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coton et <strong>du</strong> bétail...<br />
Impôt .: L ‘impôt qui approche donne une recru<strong>de</strong>scence d’activité au mouvem*<br />
commercial qui continuera, j’espère, grace à la bonne récolte <strong>de</strong> cette année<br />
celle qui suit est- encore bonne, on pourra affirmer que la prospérité est reves.<br />
dans le cercle.<br />
L&zmisme : Il n existe que pour une faible partie <strong>de</strong> la population. Contre plus<br />
2.50 000 fétichistes, il n’y a dans le cercle que 45 000 musulmans seulement. Ce sol.<br />
<strong>de</strong>s musulmans <strong>de</strong> surface qui font la priere et c’est tout...<br />
si ITslamisme fait <strong>de</strong>s propres, cela tient au développement économique. Les DiouL.<br />
sont musubnans, leurs transactions s’opèrent particulierement avec ceux <strong>de</strong> leu<br />
religion. Il parait <strong>de</strong> bon ton aux $étichistes qui se lancent dans cette voie <strong>de</strong> ltV,<br />
(50) Il n’y a pas <strong>de</strong> Marka dans le cercle <strong>de</strong> Ouahkouya. Ceux-ci habitent à l’ouest <strong>du</strong> paya<br />
samo. Les Marka, souvent appelés Dafing, sont Soninke à l’origine. Ils sont fixés dans la<br />
boucle <strong>de</strong> la <strong>Volta</strong> Moire. Ils sont musuhnans en certains villages, fétichistes dans d’autres.
1914<br />
imiter pour favoriser leurs affaires et trouver aussi dans leurs voyages <strong>de</strong>s corréligion-<br />
naires qui leur faciliteront davantage leurs opérations et leur offnront l’hospitalité.<br />
Car, il est à remarquer que l’islamisme fait très peu <strong>de</strong> progrès chez les sé<strong>de</strong>ntaires,<br />
dans les villages mossis.<br />
Ecole : L Vcole primaire <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, qui était dirigée par un instituteur euro-<br />
péen, semblait prendre <strong>de</strong> l’extension, malheureusement celui-ci a dû être évacué<br />
pour cause <strong>de</strong> maladie. L’école est dirigée actuellement per un moniteur <strong>de</strong> Se classe<br />
qui fait son possible, mais le développement paraît arrêté. Un autre moniteur<br />
stagiaire vient pour l’ai<strong>de</strong>r mais je doute que ces <strong>de</strong>ux indigènes puissent donner<br />
à Pécole le lustre qu’apporte toujours la présence d’un instituteur européen qui<br />
détient le savoir suffisant pour amener les élèves aux écoles supérieures.<br />
Recensement :Le recensement <strong>du</strong> cercle qui avait été refait, en moyenne partie, par<br />
mon prédécesseur Monsieur TAUXIER est ren<strong>du</strong> ca<strong>du</strong>c par suite <strong>de</strong>s nombreux<br />
décès ou départs causés par la famine. Il sera à refaire presque complètement.<br />
Le manque <strong>de</strong> personnel rendra cette tâche très ar<strong>du</strong>e, car il y a dans le cercle<br />
6.50 villages.<br />
Bâtiments <strong>du</strong> Poste : Tous les bâtiments <strong>du</strong> Poste semblent être en parfait état<br />
d’entretien. On a commencé à les recrêpir et blanchir en <strong>de</strong>dans. Cette besogne <strong>de</strong><br />
chaque année est ren<strong>du</strong>e indispensable après la saison <strong>de</strong>s pluies pour la conser-<br />
vation <strong>de</strong>s bâtiments et pour l’hygiène <strong>de</strong>s habitations. Si ces travaux n’étaient<br />
pas minutieusement faits, les termites ne tar<strong>de</strong>raient pas à les rendre inhabitables...<br />
Dispensaire : Malgré Pabsence d’un docteur <strong>de</strong>puis plus d’une année, les indigènes<br />
continuent à affluer au dispensaire où l%fkmier les soigne et panse les plaies avec<br />
beaucoup <strong>de</strong> dévouement.<br />
Conclusions : Le cercle paraît se relever peu à peu. Il n’est pas douteux que les<br />
nombreux habitants qui ont quitté le cercle pour échapper à la famine ne sont pas<br />
partis sans esprit <strong>de</strong> retour... Certains se sont éloignés croyant trouver plus <strong>de</strong><br />
clémence et <strong>de</strong> prospérité dans les pays <strong>du</strong> Sud plus arrosés, mais le plus grand<br />
nombre reviendra. Il est même probable que les autres suivront sinon cette année,<br />
<strong>du</strong> moins les années suivantes, ne se sentant pas chez eux dans les nouveaux pays<br />
et forcés d’abandonner leur manière <strong>de</strong> vivre ordinaire au milieu <strong>de</strong> gens indifférents<br />
ou même hostiles.<br />
Que l’année 1915 soit une année agricole prospère et je suis persuadé que le Cercle<br />
aura à enregistrer pour 1916 un accroissement <strong>de</strong> population et partant, la prospé-<br />
rité économique <strong>du</strong> cercle ne pourra que s’en augmenter d’autant.<br />
Je dois rappeler, en terminant, que le Naba <strong>du</strong> Yatenga est mort le 2 septembre <strong>de</strong>r-<br />
nier et qu’il a été remplacé . . . par Nalébia C., fils <strong>de</strong> notre ancien protégé le Naba<br />
Boulli et çousin <strong>du</strong> décédé. Le nouveau Yatenga-Naba est un homme doux, sérieux,<br />
connu <strong>de</strong>puis longtemps pour son loyalisme envers la France.<br />
75
1915 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
JANVIER<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : La population fait toujours preuve <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> soumis-<br />
sion. Son esprit est bon et si l’impôt rentre d’abord lentement, ce n’est pas par<br />
snauvais vouloir mais par l’habitu<strong>de</strong> qu’ont les indigènes <strong>de</strong> ne pas se presser même<br />
Dour leurs affaires personnelles. Leur mollesse et leur indolence sont trop connues<br />
pour que j’aie besoin d’insister sur ce sujet.<br />
Faits nouveaux :Le commerce <strong>du</strong> cercle paraît en pleine activité. Le mil a augmenté<br />
en quantité .et se vend <strong>de</strong>ux sous sur le marché. D’autre part, c’est IZpoque <strong>de</strong><br />
I’am’vée <strong>de</strong>s kolas <strong>de</strong> la Gold-Coast en échange <strong>de</strong>s bceufs. Un gros boeuf sé vend<br />
couramment 200 francs en pays anglais, contre 60 ù 7.5 ici. En ce moment, les kolas<br />
se ven<strong>de</strong>nt un peu en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> un sou. On peut en avoir 120 pour 5 francs.<br />
Impôt : L’impôt rentre assez péniblement. Aussi, je viens d’envoyer <strong>de</strong>s instructions<br />
aux chefs <strong>de</strong> presser un peu leurs administrés. Il a été perçu ce mois la somme<br />
<strong>de</strong> 24 6.Z38.5 Fr.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Toujours assez soumis. J’ai profité <strong>de</strong> mes tournées au<br />
Uud-Ouest et Ouest <strong>du</strong> cercle pour passer un premier conseil <strong>de</strong> révision’aux jeunes<br />
gens que je choisissais moi même en vue <strong>du</strong> prochain recrutement... Je n’ai guère<br />
vencontré <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés dans cette opération.<br />
MARS<br />
Questions en cours, leur suite :Le calme le plus complet existe dans le cercle. Toute<br />
la population a été prévenue en vue <strong>du</strong> prochain recrutement qui <strong>de</strong>vait avoir lieu<br />
le 2.5 mars et a été reculé ensuite au 10 puis au 12 avril. Tout est prêt pour cette<br />
opération qui s’effectuera, j’en suis convaincu, le mieux <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>.<br />
Faits nouveaux : Monsieur I’Administrategr TAUXIER (<strong>de</strong> retour dans le cercle<br />
pour effectuer <strong>de</strong>s recensements) a commencé, pendant une gran<strong>de</strong> partie <strong>du</strong> mois<br />
<strong>de</strong> mars, le nouveau recensement nominatif <strong>du</strong> cercle- Le recensement a donné une<br />
légère plus value, ce qui est <strong>de</strong> bon augure.<br />
76
1915<br />
AVRIL<br />
Questions en cours, leur suite : Je dois signaler que les remises successives <strong>de</strong> dates<br />
pour le recrutement n’ont pas été sans amener un peu d’affolement parmi les popu-<br />
lations <strong>du</strong> cercle. Certains villages frontaliers ont déserté dans les cercles voisins.<br />
Faits nouveaux : Le recrutement a été terminé complètement le 29 avril, d’une<br />
façon normale. Le Docteur C... s’est montré très sévère dans le cho& <strong>de</strong>s recrues.<br />
Le nombre <strong>de</strong> 700 appelés’ n ‘B pas été suffisant et il a fallu en faire venir d’autres...<br />
Les recrues ont été non seulement mesurées très soigneusement, mais marquées au<br />
bras gauche, en forme <strong>de</strong> vaccin, pour faciliter toute recherche en cas <strong>de</strong> désertion<br />
toujours possible.<br />
Impôt : Il est presque complètement perçu. Les rentrées <strong>de</strong> ce mois ont été <strong>de</strong><br />
17242,90 Fr. Il ne reste plus à percevoir que la somme insign$iante <strong>de</strong> 1431,20 Fr.<br />
A ce moment, un rôle <strong>de</strong> d&rèvement et un rOle supplémentaire sont établis. Le<br />
rôle <strong>de</strong> dégrèvement liqui<strong>de</strong>ra le déficit causé par la famine <strong>de</strong> 1914.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : L’esprit <strong>de</strong>s populations n’est pas mauvais, mais la popu-<br />
lation a besoin d’être tenue un peu en bri<strong>de</strong> car elle n’a que trop tendance à<br />
skffianchir <strong>de</strong> toute obéissance envers les chefs et l’autorité. Il est nécessaire <strong>de</strong> ne<br />
pas laisser s&graver cet état d’esprit qui con<strong>du</strong>irait fatalement à l’anarchie.<br />
ÉcoIes : Le moniteur <strong>de</strong> IVcole, DB., est atteint <strong>de</strong> néphrite d’après le docteur qui<br />
l’a examiné. Je ne crois pas qu ‘il puisse assurer son service avant le 15 juin, date <strong>de</strong>s<br />
gran<strong>de</strong>s vacances. Quant au moniteur stagiaire, M.C., il est parti il y a quelques jours<br />
pour Kayes, passer l’examen d’admission à l’École Normale. L’école se trouve donc<br />
dans <strong>de</strong> mauvaises conditions, en fin d’année scolaire.<br />
MAI<br />
(Le rapport <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> mai est signé par<br />
L. TAUXIER. Jusqu’en juin 1916, les<br />
rapports seront rédigés <strong>de</strong> sa main)<br />
Questions en cours, leur suite : Un projet <strong>de</strong> recensement rapi<strong>de</strong> <strong>du</strong> cercle a été<br />
élaboré par moi, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> Monsieur l’Inspecteur <strong>de</strong>s Affaires Adminis-<br />
tratives. Ce projet, qui a fait <strong>de</strong> ma part l’objet d’un rapport spécial très détaillé,<br />
<strong>du</strong> 27 mai 191.5, prévoit le recensement <strong>de</strong> 69000 âmes environ en 175 jours<br />
<strong>de</strong> recensement, c’est-àdire <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour être effectué une tournée <strong>de</strong> recen-<br />
sement chaque mois <strong>de</strong> 20 jours environ <strong>du</strong> ler juin 1915 au ler avril 1916...<br />
77
1915<br />
Faits nouveaux : Quoique la récolte <strong>de</strong> 1914 ait été bonne d’une façon générale,<br />
certains villages, rares heureusement (18 sur 6.50) ont eu une mauvaise récolte,<br />
soit que les semailles, à cause <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-famine <strong>de</strong> mai 1914, n’aient pas<br />
été suffisantes, soit que les champs, à cause <strong>du</strong> manque <strong>de</strong> bras, aient été mal<br />
travaillés pendant l’hivernage 1914, soit que la pluie, et le cas s’est présenté en<br />
quelques endroits, n’ait pas été suffisante sur le territoire <strong>de</strong> ces villages, quoi<br />
qu ‘elle tombât abondamment autour d’eux.<br />
Je ferais mon possible pour régler leur situation en leur faisant emprunter <strong>du</strong><br />
mil à d’autres villages. Si la question, malgré tous mes efforts, ne pouvait être<br />
réglée, je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais, Monsieur le Gouverneur, d’accor<strong>de</strong>r pour ces villages<br />
un crédit ne <strong>de</strong>vant pas excé<strong>de</strong>r 1000 Fr.<br />
Impôt : Une somme <strong>de</strong> 1435,85 Fr a été perçue ce mois-ci. Elle forme le reliquat<br />
<strong>de</strong> l’impôt 1915..<br />
JUIN<br />
Faits nouveaux : La question <strong>de</strong>s villages, victimes <strong>de</strong> la famine cette année, a kté<br />
réglée sur place, par moi, c’est-G-dire en faisant appel aux ressources <strong>de</strong>s villages<br />
plus favorisés qui ont prêté le mil nécessaire pour les semailles et l’en&etien <strong>de</strong>s<br />
populations jusqu ‘a la récolte <strong>du</strong> maïs (ler septembre).<br />
Pendant la tournée que je viens <strong>de</strong> faire, j’ai enquêté sur la récolte que les gens ont<br />
pu faire en octobre 1914 et sur laquelle ils vivent cette année. Je dois dire que beau-<br />
coup n’ont pas été très optimistes. ils m’ont dit, qu’a vrai dise, ils avaient eu <strong>de</strong><br />
1 ‘eau en quantité suffisante l’année <strong>de</strong>rnière, mais qu’ils n’ont pas consacré aux<br />
semailles tout le grain qui aurait été nécessaire, à cause <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-famine<br />
qui était celui <strong>du</strong> pays en mai-juin 1914.<br />
Dans <strong>de</strong>s endroits encore plus nombreux, ils n’ont pas sarclé leurs champs, affaiblis<br />
qu ‘ils étaient par le manque <strong>de</strong> nourriture, si bien que la mauvaise herbe a beaucoup<br />
nui aux grains... Bref; en passant dans les villages, on entend que la récolte a ét&<br />
passable et que certains, au moins les plus peuplés, manqueront peut-être <strong>de</strong> mil<br />
avant la prochaine récolte. J’ai conseillé aux gens d?zller en chercher a Koudougou...<br />
Au pis-aller, c’est-&-dire au cas où ils n ‘suraient rien pour en acheter, je leur ai dit<br />
qu’ils pourront s’adresser directement & <strong>Ouahigouya</strong>, où on fera le possible pour<br />
leur venir en ai<strong>de</strong>.<br />
Ce qui complique la situation, c’est que la plupart <strong>de</strong>s animatiy, surtout le petit<br />
bétail (moutons et chèvres) ayant été mangé ou ven<strong>du</strong> pendant- la famine, le cheptel<br />
est très amoindri et, ainsi, la puissance d khat est plus que mediocre, pour certains<br />
inexistante.<br />
Cependant, il n y aura pas <strong>de</strong> famine cette année ; on peut le dire avec une presque<br />
certitu<strong>de</strong>. Mais il y aura ÇB et là <strong>de</strong>s souffrances indivi<strong>du</strong>elles, reliquat <strong>de</strong> la famine<br />
passée.<br />
78
1915<br />
Impôt : Le rôle définitif pour 1915 s Wève a 180 920,lO Fr. Le 24 juin, un convoi<br />
<strong>de</strong> 80 000 Fr est parti <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> pour Koulouba via Mopti (5l)...(illisible)..<br />
restent à l’agence spéciale pour les dépenses <strong>de</strong> l’année courante et <strong>du</strong> commen-<br />
cemen t <strong>de</strong> 1916, avant la rentrée <strong>de</strong> 1 ‘impôt (52).<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations :Il est bon dans les villages ozi les habitants ont largement<br />
à manger. Il est moins bon dans ceux où l’on a beaucoup souffert <strong>de</strong> la famine<br />
l’ennée <strong>de</strong>rnière et où l’on n’est pas encore en très bonne posture cette année.<br />
JUILLET<br />
Questions en cours, leur suite :Monsieur M. a recensé les cantons <strong>de</strong> Oula, Bassi,<br />
Roba, Rissi, etc.. Il a recensé 12 747 personnes, trouvant 10 004 imposables et<br />
2 703 non imposables. Il a trouvé 846 imposables <strong>de</strong> plus que le chiffre donné après<br />
la famine, ce qui fait une augmentation <strong>de</strong> 9%, ce qui est très joli comparativement<br />
à ce qu ‘on pouvait espérer. Disons, en passant, que la famine avait diminué <strong>de</strong> 23%<br />
le nombre <strong>de</strong>s imposables <strong>de</strong> ces cantons. Le recensement prend donc dans le Sud<br />
une tournure plus favorable que dans le Nord et cela se comprend car les pluies<br />
ont dû être plus fortes.<br />
Faits nouveaux : Des engagés ont été <strong>de</strong>mandés dans le cercle, conformément au<br />
télégramme N” 2497 <strong>du</strong> 5 juillet... Malheureusement, les gens <strong>du</strong> Yatenga ont<br />
horreur <strong>de</strong> la conscription volontaire et l’on connait les difficultés auxquelles s’est<br />
heurté mon prédécesseur au cours <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier recrutement (avril 1915) : jeunes gens<br />
s’enfiyant dans la brousse ou atteignant le haut <strong>de</strong>s collines rocheuses (comme à<br />
Tébéla), ou s’enfiyant dans les cercles voisins (comme à Ouétini), gens se mutilant<br />
pour ne pas être pris, etc.. Du reste, <strong>de</strong>s engagés volontaires ont déjà été <strong>de</strong>mandés<br />
par moi en septembre 1914 et par Monsieur G. en décembre <strong>de</strong> la même année et<br />
cela sans aucun succès. Je doute donc fort qu’on en obtienne un seul. D’autre part,<br />
insister jetterait <strong>de</strong> nouveau le trouble dans le cercle et, comme c’est le moment <strong>de</strong>s<br />
cultures, compromettrait certainement la récolte <strong>de</strong> 1915.<br />
(51) Bamako est <strong>de</strong>venue, <strong>de</strong>puis 1908, capitale <strong>du</strong> Haut Sénégal-Niger et restera capitale <strong>du</strong><br />
Soudan <strong>de</strong> 1919 à 1947 pour <strong>de</strong>venir capitale <strong>de</strong> la République <strong>du</strong> Mali à l’Indépendance.<br />
Les bureaux <strong>du</strong> Gouvernement sont installés sur les hauteurs <strong>du</strong> Koulouba qui, au nord,<br />
dominent la ville et le fleuve.<br />
(52) Le convoi dont il est question amène au Gouvernement <strong>de</strong> la colonie une part <strong>de</strong>s recettes<br />
<strong>du</strong> cercle.<br />
79
191s<br />
En ce qui concerne les greniers <strong>de</strong> réserves obligatoires (.53), leur constitution dans<br />
le cercle nkst pas praticable si ce n’est dans le cas d’une pro<strong>du</strong>ction absolument<br />
surabondante. Dans ce cas, on pourrait établir un grenier central à <strong>Ouahigouya</strong>,<br />
composé <strong>de</strong> cases son<strong>de</strong>s en nombre suffisant et taxer les villages d’une certaine<br />
quantité <strong>de</strong> mil à y fournir suivant le chiffre <strong>de</strong> population. Mais si la récolte n’est<br />
que médiocre, ou simplement bonne sans rien d’excessif, les indigènes ne voudront<br />
pas se démunir <strong>de</strong> leur mil, surtout en souvenir <strong>de</strong>s souffrances supportees récemment,<br />
et ne verront là Ru ‘une vexation...<br />
J’estime donc qu’il est plus pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ne<br />
1<br />
prendre aucune mesure pour 1 ‘instant ;<br />
l’entreprise pourrait alarmer les populations. Il vaut mieux attendre <strong>de</strong> voir venir la<br />
nouvelle récolte. Si elle est abondante, on pourra faire construire les greniers et<br />
commencer à les remplir en mil, par une t-axation qui ne <strong>de</strong>vra être exagérée en<br />
aucun cas sous peine <strong>de</strong> discréditer absolument l’institution dans l’esprit <strong>de</strong>s indigènes.<br />
Puis, les années suivantes, si les récoltes sont encore bonnes, on complètera<br />
peu à peu l’approvisionnement.<br />
AOÛT<br />
Faits en cours, Tournées : Du Il au 31 août, jai parcouru le Nord-Ouest <strong>du</strong> cercle<br />
qui a été dévasté par la famine plus qu’aucune autre région <strong>du</strong> cercle qui ait été<br />
visité jusqu’ici. Non seulement beaucoup <strong>de</strong> gens sont morts <strong>de</strong> la famine, mais<br />
encore beaucoup <strong>de</strong> soukallas ont été abandonnées et sont restées vi<strong>de</strong>s. Ajoutez<br />
à ces enfuis le fait que beaucoup <strong>de</strong> villages <strong>de</strong> cette région avaient été surévalués<br />
par mes prédécesseurs. Dans ces conditions, il y a-22% d’imposables en moins...<br />
Tournées <strong>de</strong> reconnaissances <strong>de</strong> routes : Monsieur C., arrivé le 7 août, a été envoyé<br />
par moi pour étudier le tracé <strong>de</strong> la piste <strong>Ouahigouya</strong>-Kiembara (route.<strong>de</strong> Dédougou)<br />
et celui <strong>de</strong> la piste <strong>Ouahigouya</strong>-Djibo. La conclusion <strong>de</strong> Monsieur C. est qu’on<br />
pourra établir assez facilement sur la route <strong>de</strong> Dédougou une piste automobilisable<br />
en saison sèche. Cependant, les travaux nécessiteront la présence d’un européen et<br />
ne pourront pas commencer avant le Ier décembre (54).<br />
(53) A la suite <strong>de</strong> la famine <strong>de</strong> 1914 qui atteint, non seulement les régions <strong>de</strong> l’actuelle <strong>Haute</strong>-<br />
<strong>Volta</strong>, mais aussi tous les territoires <strong>de</strong> la zone soudanienne et sahélienne, une décision <strong>du</strong><br />
Gouvernement Général prescrit la création, dans chaque village, <strong>de</strong> greniers <strong>de</strong> réserves<br />
pour pallier, à l’avenir, aux mauvaises récoltes. Cette institution sera reprise en compte<br />
chaque fois que <strong>de</strong>s pénuries alimentaires affecteront la région puis abandonnée pendant<br />
les années favorables. En théorie, l’idée n’est pas mauvaise, mais, en pratique, elle sera tou-<br />
jours mal appliquée, contraignante et les stocks amassés par village se révéleront insuffisants<br />
dans les moments difficiles.<br />
(54) C’est la première fois qu’il est question d’automobile. Avec son intro<strong>du</strong>ction, il va falloir<br />
entretenir <strong>de</strong> bonnes pistes, établir <strong>de</strong>s ponts et les travaux sur prestation vont <strong>de</strong>venir<br />
excessivement contraignants à la fin <strong>de</strong> chaque saison <strong>de</strong>s pluies.<br />
80
1915<br />
En ce qui concerne la route <strong>de</strong> Djibo, elle est plus mauvaise pour <strong>de</strong>ux raisons : elle<br />
est sablonneuse, et <strong>de</strong> plus en plus à mesure qu’on avance vers Djibo. Secondai-<br />
rement, elle est traversée par cinq martgots (55). Dans ces conditions, la piste ne<br />
sera certainement pas prête avant la fin <strong>de</strong> 1 ‘année I916.<br />
Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, dans ces conditions, si le recensement rapi<strong>de</strong> <strong>du</strong> cercle, la construc-<br />
tion <strong>de</strong>s greniers <strong>de</strong> réserve, l’aménagement <strong>de</strong> pistes pour automobiles pourront<br />
être menés ensemble par un Cercle qui ne possè<strong>de</strong> que trois fonctionnaires en tout<br />
et pour tout.<br />
SEPTEMBRE<br />
. Faits nouveaux : Cinquante tirailleurs ont été <strong>de</strong>mandés au cercle par télégramme<br />
AP3766 <strong>du</strong> 24 septembre. J’ai répon<strong>du</strong> que ces tirailleurs pouvaient être fournis<br />
pour le 20 octobre approximativement. Bien enten<strong>du</strong>, ce ne seront pas <strong>de</strong>s volon-<br />
taires, puisqu’il n y en a pas dans le cercle, mais <strong>de</strong>s recrutés. J’ai pris toutes les<br />
mesures pour que ce recrutement n affokît pas les populations.<br />
J’ai choisi, d’abord, parmi les cantons, ceux qui ont peu fourni <strong>de</strong> tirailleurs <strong>de</strong>puis<br />
quatre ans, soit parce qu’on ne leur en a pas <strong>de</strong>mandé autant quaux autres, soit<br />
parce que leur mauvaise volonté à en fournira amené le même résultat. Dans ces<br />
cantons, j’ai choisi les villages qui n’ont jamais n-en fourni jusqu’ici ou qui ont <strong>de</strong>s<br />
déserteurs non retrouvés. Je me suis donc adressé exclusivement aux Foulbés<br />
Torrobés, à Kossouka, au Zittenga, au Riziam et à quatre villages Samos : Konga,<br />
Ouillé, Bangassogo et Lankoy. J’ai fait venir les chefs et, après leur avoir donné <strong>de</strong>s<br />
instructions, je leur ai alloué <strong>de</strong>ux gar<strong>de</strong>s-cercle à chacun pour les ai<strong>de</strong>r. Pour le<br />
reste <strong>du</strong> cercle, je n ‘ai rien fait <strong>du</strong> tout et n-en dit pour éviter cet affolement fâcheux<br />
qu’on a vu se pro<strong>du</strong>ire ici en février, mars et avril 191.5. Bref jai opéré avec mys-<br />
tère et rapidité et n’ai <strong>de</strong>mandé que 100 hommes mais bien choisis entre lesquels la<br />
Commission n ‘aura qu ‘à sélectionner 50 tirailleurs.<br />
Pour la question <strong>de</strong>s greniers <strong>de</strong> réserves à mil, il sera fait strictement suivant les<br />
instructions <strong>de</strong> Monsieur le Gouverneur, comme je le disais dans mon télégramme<br />
<strong>du</strong> 25 septembre. Jl sera fait un grenier à mil par village qui sera rempli plus<br />
ou moins d’après la récolte. Les greniers <strong>de</strong>vront être établis partout avant le<br />
ler janvier 1916. c’est-à-dire que les travaux <strong>de</strong> récolte se terminant vers le<br />
15 novembre, il sera donnéun mois et <strong>de</strong>mi à chaque village pour établir son grenier<br />
à mil. Quant à la vérification <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> tous ces greniers, elle ne pourra<br />
se faire que lentement (il y a 650 villages dans le cercle) et au fur et à mesure <strong>de</strong>s<br />
tournées...<br />
(55) Marigot, mot d’origine antillaise : bas-fonds, axe <strong>de</strong> draînage <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> pluies. En saison<br />
sèche, un marigot est un bras mort.<br />
81
1915<br />
OCTOBRE<br />
Faits nouveaux : . . . La Commission <strong>de</strong> Recrutement, après <strong>de</strong>ux jours <strong>de</strong> séance,<br />
prenait 48 recrues sur les 100 indivi<strong>du</strong>s présentés. Entre temps, 30 nouvelles recrues<br />
avaient été <strong>de</strong>mandées et la Commission, en en prenant 12 sur ces 30, complétait<br />
à 60 le nombre <strong>de</strong> tirailleurs levés.<br />
Sur ces entrefaites, parvenait ici, le 9 octobre, le télégramme relatif à un nouveau<br />
recrutement intensif en Afrique Occi<strong>de</strong>ntale. Puis d’autres télégrammes suivirent,<br />
marquant les modalités <strong>de</strong> ce nouveau recrutement... L’arPZvée <strong>du</strong> Mé<strong>de</strong>cin et <strong>de</strong><br />
l’Autorité Militaire sont atten<strong>du</strong>es pour le mois <strong>de</strong> novembre, pour commencer la<br />
tournée... Ces tournées à travers le cercle seront, sous un certain rapport, meilleures<br />
que le recrutement brutal par le moyen <strong>de</strong>s chefs indigènes et <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s-cercle,<br />
mais le défaut certain est qu’il sera excessivement long <strong>de</strong> lever par ce moyen ~OU<br />
800 hommes.<br />
NOVEMBRE<br />
Recrutement : .-. j>cpi convoqué pour le 21 novembre tous les chefs <strong>du</strong> cercle pour<br />
un grand palabre... Dans ce palabre, j’ai expliqué avec soin tous les avantages que la<br />
France faisait aux nouvelles recrues : l’engagement seulement pour la <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> la<br />
guerre plus six mois - 200 Fr <strong>de</strong> prime à chaque tirailleur - 15 Fr par mois à la famil-<br />
le <strong>du</strong> soldat, tant que celui-ci restera sous les drapeaux - <strong>de</strong>s récompenses aux chefs<br />
<strong>de</strong> cantqns, chefs <strong>de</strong> villages. .<br />
Cela fait, j’ai exposé mon plan : comme il n y a’ pas <strong>de</strong> volontaires dans le pays {les<br />
chefs me l’ont <strong>de</strong> nouveau confirmé) chaque village fournira un homme sauf quatre<br />
cas :<br />
1” les villages <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 50 habitants ne fourniront rien,<br />
2” en revanche, les villages <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 1000 habitants fourniront <strong>de</strong>ux hommes au<br />
lieu d’un,<br />
3” les villages Samos, particulièrement forts et qui, au nombre <strong>de</strong> douze, groupent<br />
20 000 habitants, soit près <strong>de</strong> 1 700 habitants en moyenne par village, fourniront<br />
quatre tirailleurs chpcun,<br />
4” enfin, les Peuls et les Silmi-Mossis, qui habitent non par villages (sauf les Rimaibes)<br />
mais par petits campements dispersés à la suite <strong>de</strong>s troupeaux, fourniront non<br />
pas un hcknme par village mais un homme par 350 à 400 habitants, ce qui est la<br />
population moyenne d’un village mossi <strong>du</strong> cercle.<br />
Après avoir promis <strong>de</strong>s récompenses spéciales aux chefs qui se distingueraient le<br />
plus par leur célérité ou par la valeur physique <strong>de</strong>s hommes qu “ils amèneraient, j’ai<br />
congkdié les chefs après un <strong>de</strong>rnier appel à leur loyalisme et à leur zèle. Je leur ai<br />
donné un mois (limite maximum) pour m’amener tout leur contingent.<br />
. . . Jkjouterai que je pense que 20 Fr par tête <strong>de</strong> tailleur seront suffisants pour les<br />
allocations aux chefs. Jtii promis 5 Fr par tête <strong>de</strong> tirailleur recruté à chaque chef <strong>de</strong>
1915<br />
canton et la même somme a chaque chef <strong>de</strong> village. Cela fait pour 700 tirailleurs<br />
3500 Fr versés aux chefs <strong>de</strong> cantons et 3500 Fr aux chefs <strong>de</strong> village. J’ai l’intention<br />
d’acheter en plus pour 3500 Fr <strong>de</strong> menus objets à distribuer aux conscrits. Enfin,<br />
les récompenses spéciales, dont le total n’excè<strong>de</strong>ra pas 3500 Fr, seront données<br />
aux chefs les plus zélés et les plus sérieux. Toutes ces sommes donnent au total<br />
14 000 Fr. Or, 14 000 Fr, c%st 700 tirailleurs multipliés par 20 Fr.<br />
Impôt : Actuellement, le rôle supplémentaire d’impôt pour 1916, dû aux recen-<br />
sements, s’élève à 9104 Fr et le rôle <strong>de</strong> dégrèvement, drî à la même cause,<br />
à 18264 Fr. Le rôle primitif étant <strong>de</strong> 217000 Fr environ, on a un rôle définitif<br />
<strong>de</strong> 207 840 francs environ.<br />
Routes : Le travail sur les routes a commencé le 12 novembre 1915. Ces routes ont<br />
été d’abord débroussaillées, puis un européen a été envoyé pour voir ce qu’il y avait<br />
à faire pour les rendre automobilisables pour le 20 décembre 1915...<br />
DECEMBRE<br />
Recrutement :La Commission est arrivée le 4 décembre... 501 recrues ont été incor-<br />
porées, dont 494 appelés et 7 engagés. Là-<strong>de</strong>ssus, il y a eu 13 déserteurs sur lesquels<br />
je ne désespère pas <strong>de</strong> remettre la main. La Commission parcourra le cercle en jan-<br />
vier 1916 pour compléter les 700 hommes <strong>de</strong>mandés.<br />
Impôt : L’impôt définitif sera en augmentation <strong>de</strong> 27000 Fr sur celui <strong>de</strong> i915. On<br />
va commencer à le faire rentrer ce mois-ci et on continuera en grand, quand le<br />
recrutement sera terminé.<br />
RAPPORT POLITIQUE ANNUEL<br />
Comme on le sait, à la suite d’une saison <strong>de</strong>s pluies très mauvaise en 1913, la récol-<br />
te d’octobre-novembre 1913 fut très ré<strong>du</strong>ite et amena une famine intense en août<br />
et septembre 1914. Cette famine fït mourir <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> gens : 57 626 personnes,<br />
d’après mes calculs, sur lesquelles 44 225 imposables. Ces 44 225 imposables néces-<br />
sitèrent un rôle <strong>de</strong> dégrèvement d’impôt <strong>de</strong> 40 986,45 Fr en 1915. Le rôle primitif<br />
avait été <strong>de</strong> 220 189,75 Fr. Le rôle supplémentaire était <strong>de</strong> 1 716,80 Fr, soit en<br />
tout : 221906,85 Fr. Avec le rôle <strong>de</strong> dégrèvement, le rôle définitif <strong>de</strong> 1915 s’abais-<br />
sait à 180 920,lO Fr qui furent perçus <strong>du</strong>rant le premier semestre 1915.<br />
La tâche <strong>de</strong> 1915 était donc <strong>de</strong> faire le recensement pour savoir si, étant donné<br />
l’augmentation naturelle d’une population prolifique vivant dans la paix et le bon<br />
ordre <strong>de</strong>puis notre installation dans le pays, il np aurait pas quelque chose à<br />
regagner sur cette grosse diminution <strong>de</strong> 44 225 contribuables.<br />
83
;n vue <strong>de</strong> se rendre compte <strong>de</strong> cet état <strong>de</strong>s choses, un premier coup <strong>de</strong> son<strong>de</strong> fut<br />
donné en octobre 1914, dans le petit canton <strong>de</strong> Namsiguriz, et ne donna pas d’heu:<br />
reux résultats. La population avait été outrageusement surévaluée entre le recense-<br />
ment.<strong>de</strong> Monsieur C., au Ier @imestre 1911, et 1913, si bien que, même avec la<br />
diminution causée par la famine, on avait encore une autre diminution et imprévue<br />
celle-là. Ce malheureux resultat n ‘encouragea pas a continuer les recensements mais,<br />
sur les ordres formels <strong>de</strong> Koulouba, ils furent repris en mars 191.5. Puis, un ph <strong>de</strong><br />
recensement rapi<strong>de</strong> <strong>du</strong> cercle, consistant à recenser un village sur quatre environ,<br />
fut adopté et mis à exécution dès juin 1915... Le recrutement intensif, ordonne le<br />
8 octobre, vint mettre un terme aux tournées.<br />
En général, ces tournées ont donné d’assez mauvais résultats. Loin <strong>de</strong> diminuer le<br />
nombre <strong>de</strong>s imposables à rayer <strong>de</strong>s listes d’impôt, elles l’ont augmenté pour diverses<br />
raisons : 1 O le nombre <strong>de</strong>s imposables avait été surévalué entre 1911 et 1913,<br />
2” lorsqu’en novembre 1914, on <strong>recueil</strong>lit le nombre <strong>de</strong>s morts en vue <strong>de</strong>s dégrè-<br />
vements à faire équitablement, on ne s’occupa pas <strong>de</strong>s disparus, pensant qu’ils ne<br />
l’entaient que momentanément et qu’ils reviendraient tôt ou tard dans le cercle.<br />
Or, l’expérience a montré que ces enfuis ne sont revenus qu’en petites quantités<br />
?t un nombre énorme <strong>de</strong> Mossis <strong>du</strong> Yatenga est resté établi définitivement à<br />
Ouagadougou, Dédougou, Bobo, San, etc.. Même beaucoup sont allés plus loin<br />
et ont élu domicile à Djenné ou à Bamako comme cela résulte <strong>de</strong>s tirailleurs recru-<br />
tés parmi eux dans ces divers cercles en 1915. A chaque instant encore, <strong>de</strong>s listes<br />
nous awivent <strong>de</strong> tous les points <strong>du</strong> Haut-Sénégal et Niger, faisant mention d’indi-<br />
gènes ongiinaires <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, recrutés çà et là . . . (56).<br />
Quant aux recrutements, le cercle en aura donné trois au cours <strong>de</strong> l’année : celui <strong>de</strong><br />
mars-avn*l qui fournit 350 hommes - celui d’octobre qui en fournit 60 - celui <strong>de</strong><br />
novembre-décembre qui en donnera 710 environ. En définitive, le cercle a fourni<br />
911 tirailleurs en 1915. Et si l’on compte la totalité ‘<strong>du</strong> recrutement en cours<br />
novembre 1915 - février 1916) on a, 1120 tirailleurs fournis.<br />
(appelons pour mémoire qu’en 1914, le cercle avait fourni 189 hommes, qu’en<br />
‘913 il en avait fourni 161, en 1912 :200 et en 1911 :lOO. Depuis que le recrute-<br />
.tent fonctionne, le cercle a fourni 1770 tirailleurs, soit un tirailleur pour 141 habi-<br />
ants, en comptant la population moyenne à 250 000 âmes. D’autre part, on peut<br />
alculer que le cercle a fourni, sur ces I 770 hommes, 1448 <strong>de</strong>puis aotit 1914 et<br />
522 avant la guerre.<br />
84<br />
IS) La famine <strong>de</strong> 1914 est le point <strong>de</strong> départ d’un grand mouvement migratoire vers les régions<br />
situées à l’ouest <strong>du</strong> pays mossi, plus propices aux cultures (pluviométrie plus élevée, pluvio-<br />
sité plus régulière et espaces vacants pour les cultures).<br />
A l’intérieur <strong>du</strong> pays mossi, il y a eu également d’importants mouvements <strong>de</strong> population. Des<br />
familles se sont déplacées <strong>de</strong> villages à d’autres et <strong>de</strong>s villages entiers ont été abandonnés.
191s<br />
Je n’insisterai pas sur les difficultès <strong>de</strong> ces recrutements ni sur les déplorables rèper-<br />
tussions qu’ils peuvent avoir. La France a besoin d’hommes et ce point <strong>de</strong> vue<br />
prime toute autre consi<strong>de</strong>ration.<br />
J’ajouterai que la récolte <strong>de</strong> 1915 a été bonne et non seulement la récolte <strong>du</strong> mil,<br />
mais encore toutes les rêcoltes accessoires (haricots, arachi<strong>de</strong>, riz, coton), sauf toute-<br />
fois IB rêcolte <strong>de</strong> maïs. Cela permet d’espérer une bonne année pour le cercle en<br />
1916, à condition que la tombée <strong>de</strong>s pluies soit aussi bonne qu’en 1915 et que le<br />
recrutement,:après une telle pério<strong>de</strong> d’activité, veuille bien épargner un peu le cerèle<br />
et, d’une façon gênérale, le Soudan et l’Afrique Occi<strong>de</strong>ntale.<br />
85
1916 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
JANVIER<br />
Faits en cours, Recrutement : Ce mois-ci, 149 recrues ont encore été prises. Depuis<br />
décembre 1915, le total est donc h ce jour <strong>de</strong> 650 recrues. 61 y a là-<strong>de</strong>ssus 22 déser-<br />
teurs, sans compter les déserteurs qui ont été repris.<br />
. . . A l’heure qu’il est, certains villages émotionnés par le recrutement vaguent dans<br />
la brousse, insaississables même aux chefs <strong>de</strong> canton et ne pouvant, par conséquent,<br />
payer un sou d’impôt.<br />
Je nksisterai pas plus sur les difficultés que le recrutement a présenté... Enfin, le<br />
cercle a pu s’en sortir s’en révolte (quoique placé entre <strong>de</strong>ux foyers <strong>de</strong> révolte :<br />
Dédougou et Dori) et c’est déjà beaucoup (5 7).<br />
Impôt: Le rôledéfTnitifpourl916est<strong>de</strong> 207618 Fr. Ilest supérieur <strong>de</strong>26 697,9OFr<br />
à celui <strong>de</strong> 1 ‘année précé<strong>de</strong>nte.<br />
FÉVRIER<br />
Recrutement : La population résiste <strong>de</strong> plus en plus au recrutement. Pourtant, tout<br />
a été fait pour désarmer cette hoMité : 3500 Fr <strong>de</strong> menus objets (mouchoirs <strong>de</strong><br />
couleur, pipes, tabac, couteaux, glaces, mouchoirs <strong>de</strong> mousseline, etc..) ont étéache-<br />
tés et dismebués aux tirailleurs, quelques uns aux chefs. LJne allocation <strong>de</strong> 5 Fr par<br />
tirailleur recrute a éte donnée aux chefs <strong>de</strong> canton et une autre <strong>de</strong> 5 Fr aux chefs <strong>de</strong><br />
(57) En août 1914, il y a, pour toute l’A.0.F.. 14142 hommes sousles drapeaux dans Ia fédération<br />
et 15600 envoyés en Europe. L’effectif recruté jusqu’en 1916-17 sera au total <strong>de</strong><br />
110000 tirailleurs c
1916<br />
village. IO 71750 Fr ont déjà été dépensés. Enfin, on a commencé à payer les allo-<br />
cations mensuelles <strong>de</strong> 15 Fr aux familles <strong>de</strong>s tirailleurs. Malgré celà, l’hostilité <strong>de</strong>s<br />
habitants ne désarme pas et ne fait, au contraire, que s’accroître . . . Les cas <strong>de</strong>gens<br />
qui se mutilent pour échapper au recrutement sont <strong>de</strong> plus en plus nombreux.<br />
Impôt : La perception a été retardée par le recrutement. En année normale, les chefs<br />
viennent chercher le montant <strong>de</strong> leur impôt en novembre et décembre. Cette année,<br />
cette opération n’a pu commencer qu’en janvier et février et se continue actuelle-<br />
ment. Cependant, 28 820,50 Fr ont été versés... En général, je donne six mois aux<br />
habitants <strong>du</strong> cercle pour le versement <strong>de</strong> leur impôt (<strong>du</strong> Ier janvier au 30 juin) mais,<br />
au vu <strong>du</strong> télégramme 889 <strong>du</strong> 16 février, je vais prendre <strong>de</strong>s dispositions pour que<br />
tout l’impôt soit versé, si possible, le Ier mai. .<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations : Cet espn.t est médiocrement bon.<br />
MARS<br />
Impôt : Je n’ai pas pu pousser l’impôt aussi fermement que je le désirais à cause <strong>de</strong><br />
la question <strong>de</strong>s déserteurs. J’ai été obligé d’envoyer la plupart <strong>de</strong> mes gar<strong>de</strong>s-cercle<br />
dans la brousse pour les rechercher et, occupés à celà, ils n ‘étaient pas disponibles<br />
pour autre chose, c’est-à-dire, en l’espèce, à presser la rentrée <strong>de</strong> l’impôt. Je vais<br />
presser ce mois-ci (avril) le plus que je pourrai.<br />
Esprit <strong>de</strong>s populafions : Les populations sont restées tranquilles malgré les révoltes<br />
voisines (Dédougou, Koudougou, Bobo-Dioulasso, San, Don). Elles ne se soulèveront<br />
certainement pas, désormais. De plus, le Mossi n’aime pas les populations <strong>du</strong> Sud,<br />
Samos et Bobos, qu’il pillait autrefois et chez lesquels il cherchait <strong>de</strong>s esclaves. De<br />
fait, <strong>de</strong>s volontaires mossis ont rejoint la colonne <strong>du</strong> colonel Molard à Dédougou...<br />
AVRIL<br />
Questions en cours : Un avis <strong>de</strong> Kati me signale la désertion en mars <strong>de</strong> 15 nouveaux<br />
déserteurs entre Mopti et Kati. Cela fait donc en tout 148 déserteurs, soit21 % envi-<br />
ron <strong>du</strong> total recruté.<br />
Impot : La perception <strong>de</strong> l’impôt s’est effectuée remarquablement ce mois-ci. Grâce<br />
aux ordres donnés, elle a atteint 112 009,50 Fr ce qui est un fort joli résultat. ll ne<br />
reste plus que la somme infime <strong>de</strong> 7027 Fr à percevoir.<br />
8Ï
1916<br />
Tournées : bonsieur C. est parti pour une petite tournee <strong>de</strong> recensement dans l’Est<br />
<strong>du</strong> cercle, Il a fait les trois petits cantons <strong>de</strong> Tougouya, Bougouré et Rambo, situés<br />
dans le talweg <strong>de</strong> la <strong>Volta</strong> Blanche et contenant en tout douze villages. ll a, trouvé<br />
3 943 imposables au lieu <strong>de</strong> 2547, soit 1396 en plus ou une augmentation <strong>de</strong><br />
55 %. C’est un très joli résultat qui montre que la population n’a pas partout baissé<br />
dans le cercle et qu’il y a lieu <strong>de</strong> continuer le recensement total.<br />
Impôt :Il finit <strong>de</strong> rentrer en ce moment.<br />
JUIN<br />
Esprit <strong>de</strong>s populations :Actuellement, les populations ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt qu’à travailler<br />
en paix leurs champs.<br />
École : L’école a pris ses vacances le 13 juin.<br />
(L’Administrateur L. TAULIER quitte le<br />
Poste <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> en juillet 1916)<br />
RAPPORTS POLITIQUES TRIMESTRIELS<br />
3e TRIMESTRE<br />
Faits nouveaux : Aucunfait politique important ne s’est passé au cours <strong>du</strong> troisième<br />
trimestre 1916. La situation n ,a cessé <strong>de</strong> se maintenir excellente...<br />
Le premier souci <strong>de</strong> I’Administrateur dès sa prise <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment en juillet <strong>de</strong>r-<br />
nier, a été <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r dans les plus brefs délais au recensement général <strong>du</strong> cercle.<br />
C’est d’ailleurs la tâche qui lui avait été indiqué comme la plus urgente par Monsieur<br />
le Gouverneur. Nous fourntrons, lorsque nous aurons terminé ce travail, un rôle<br />
supplémentaire et un état <strong>de</strong> dégrèvement... Dès maintenant, il est à prévoir que<br />
notre rôle supplémentaire excé<strong>de</strong>ra <strong>de</strong> beaucoup l’État <strong>de</strong> dégrèvement, notre<br />
recensement étant fait à une époque où tous les indigènes se trouvent rassemblés<br />
dans leurs villages pour les cultures... Il a été recensé <strong>de</strong>puis la <strong>de</strong>uxième quinzaine<br />
<strong>de</strong> juillet, 350 villages et nous comptons pouvoir terminer entièrement ce travail<br />
d “ici la fin <strong>de</strong> 1 ‘année.<br />
4e TRIMESTRE<br />
Questions en cours, leur suite : Le recensement général <strong>du</strong> cercle a été terminé le<br />
ler décembre. Toutes les populations sé<strong>de</strong>ntaires ont été recensés nominattvement<br />
par chefs <strong>de</strong> cases. Quant aux Peuls, nous avons <strong>du</strong>, pour les dénombrer, attendre<br />
88
1916<br />
l’époque où ils se rassemblent ordinairement à peu près tous dans le cercle, c’est-à-<br />
dire : janvier-février. Nous comptons effectuer ce travail, qui n’a jamais été.fait,<br />
dans la première quinzaine <strong>de</strong> février. Nous avons constaté une augmentation globale<br />
<strong>de</strong> 6 7523 imposables.<br />
Esprit <strong>de</strong>s popuhtions. : L ‘esprit se maintient partout satisfaisant et 1 ‘administrateur,<br />
au cours <strong>de</strong> ses déplacements, a reçu dans tous les villages visités et recensés un<br />
excellent accueil. Les indigènes se sont prêtés <strong>de</strong> bonne grâce au recensement et<br />
nous n’avons chstaté qu ‘un petit nombre <strong>de</strong> dissimulations.<br />
L’année 1916 clôt cette Premiere série <strong>de</strong><br />
rapports. II faut attendre 1925 pour retrouver<br />
<strong>de</strong>s documents périodiques découpés en rubri-<br />
ques comparables à celles que nous venons <strong>de</strong><br />
lire.<br />
Il semble que <strong>de</strong> nouvelles instructions, quant à<br />
la transmission <strong>de</strong>s informations, aient été don-<br />
nées aux différents <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> l’échelle adminis-<br />
trative, puisque les rapports trimestriels appa-<br />
raissent et que I’on dé<strong>du</strong>it, à leur lecture,<br />
l’existence <strong>de</strong> rapports spéciaux relatifs à<br />
certains services tels 1’Enseignement, la Justice,<br />
les Affaires Milîtaires... Cela prouve qu’au<br />
niveau <strong>du</strong> Gouvernement Général, <strong>de</strong>s services<br />
bien structurés ont été mis en place. L’A.0.F.<br />
s’organise.<br />
Nous venons d’observer une administration en<br />
train <strong>de</strong> s’ancrer au territoire. Les européens ex-<br />
plorent, pointent les villages sur les cartes, déli-<br />
mitent les circonscriptions. Les commandants<br />
«palabrent)), tentent <strong>de</strong> justifier le bien fondé<br />
<strong>de</strong> l’c(occupation» en démontrant les avantages<br />
<strong>de</strong> la juridiction française, <strong>de</strong> I’assistance médi-<br />
cale, <strong>de</strong> l’enseignement (<strong>de</strong>s füs <strong>de</strong> chefs). Le<br />
<strong>poste</strong> s’équipe : le mé<strong>de</strong>cin s’établit, le bureau<br />
<strong>de</strong> <strong>poste</strong>s est ouvert, les chemins sont débrous-<br />
saillés ; les automobiles vont arriver. Les mili-<br />
taires mettent au point la conscription et les<br />
opérations <strong>de</strong> recensement se perfectionnent.<br />
Chaque commandant y va <strong>de</strong> son petit effort et<br />
les impôts augmentent. Il le faut ; les ordres sont<br />
là pour le rappeler.<br />
L’armée 1914 provoque dans le cercle «le grand<br />
chambar<strong>de</strong>ment». La famine n’était pas prévue<br />
au programme (on aurait pu la pressentir), ni la<br />
guerre lointaine. En fait, on s’accommo<strong>de</strong> <strong>de</strong>
1916<br />
90<br />
l’une et <strong>de</strong> l’autre et, très vite, la routine reprend<br />
le <strong>de</strong>ssus. On ne mentionne même plus la fête<br />
<strong>du</strong> 14 juillet, mais on se débrouille comme aupa;<br />
ravant pour que l’impôt rentre vite et bien,<br />
malgré les «pertes sèches» révélées par les<br />
recensements.<br />
Dix années d’administration civile ne se sont pas<br />
écoulées sans provoquer, dans le territoire, <strong>de</strong>s<br />
réactions. Le commerce s’est développé sous la<br />
pression fiscale mais les impôts ne sont plus per-,<br />
tus en totalité dès le premier trimestre. Si les<br />
Mossi ne participent pas au mouvement <strong>de</strong> révolte<br />
ils cherchent par tous les moyens à éviter les re-<br />
crutements <strong>de</strong> tirailleurs. A la fin <strong>de</strong> 1916, le<br />
recrutement s’arrete, mais l’administration<br />
réquisitionne beaucoup d’hommes pour amé-<br />
nager les routes et, en janvier 1918, un nouveau<br />
recrutement <strong>de</strong>man<strong>de</strong> 10000 hommes en pays<br />
mossi. C’est alors le début <strong>de</strong>s départs en masse<br />
vers la Gold-Coast.<br />
Nous ne savons malheureusement rien <strong>de</strong> la vie<br />
<strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> pendant les années<br />
1917-1923. Un rapport <strong>de</strong> 1919, peu étoffé,<br />
rappelle que «les populations sont soumises»,<br />
que (<strong>de</strong>s indigènes profitent <strong>de</strong>s premieres pluies<br />
pour faire leurs semailles» et nous savons par<br />
ailleurs que les récoltes ont été bonnes, aux dires<br />
<strong>de</strong>s anciens que nous avons interrogés. Le reste<br />
<strong>de</strong>s pièces d’archives ne concerne que <strong>de</strong>s lettres<br />
ou <strong>de</strong>s doubles <strong>de</strong> télégrammes traitant <strong>de</strong> pro-<br />
blèmes bien particuliers : le rattachement d’un<br />
village à un cercle voisin ou la suppression d’un<br />
canton.<br />
Pour les années 1922 et 1923, nous n’avons<br />
retrouve que <strong>de</strong>s télégrammes mensuels annon-<br />
çant que la situation politique est bonne, que<br />
les impôts rentrent et que le «commerce spécial»<br />
(ce qui pouvait être contrôlé et taxé) est actif<br />
ou non selon la saison : textes laconiques, peu<br />
intéressants si ce n’est qu’ils prouvent quels sont<br />
les centres d’intéret <strong>de</strong> l’administration <strong>du</strong> nou-<br />
veau territoire <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> (créé en 1919).<br />
Nous remarquons notamment que, <strong>du</strong>rant le<br />
gouvernorat d’HE§LING (novembre 1919 -<br />
octobre 1927) une partie <strong>de</strong>s rapports est consa-<br />
crée à I’analyse <strong>du</strong> trafic commercial et <strong>de</strong>s prix<br />
pratiqués. ‘Ces informations vont disparaître en<br />
1928.
DEUXIEME PERIODE : 1924 - 1932<br />
«Une exploitation <strong>de</strong> grand style»
1924 RAPPORT ANNUEL<br />
(manuscrit original très détérioré)<br />
Le recensement <strong>de</strong> la population indigène effectué pendant les années 1921,1922,<br />
1923 et 1924 a donnéles résultats suivants, résultats qui ne sauraient être considérés<br />
que comme approximatifs :<br />
Mossi 217 000 Sain0 2 000<br />
Fulbe 52 853 Sil. Mossi 6 000<br />
Fulce 39 000 Rimaibe 16 000 Total : 339 853<br />
Yarcé 4 000 Marance 3 000<br />
Fétichistes : 251000 Musulmans : 88 853<br />
Tous les Fulbe, Rimaibe, Simi-Mossi et Yarcé pratiquent la religion musulmanë,<br />
tandis que. la presque totalité <strong>de</strong> l’ethnie mossi <strong>de</strong>meure fétichiste. Les progrès <strong>de</strong><br />
Hshtmisme dans ce groupe sont cependant indéniables.<br />
Service administratif en tournée : La pénurie <strong>de</strong> personnel européen qui n’a pas ex-<br />
cédé <strong>de</strong>ux unités en cours d’année a ren<strong>du</strong> les déplacements à peu près impossibles.<br />
Il y a lieu <strong>de</strong> considérer que certains villages se trouvent à 170 kilomètres environ<br />
<strong>du</strong> chef-lieu <strong>du</strong> cercle et nécessitent ainsi quatorze journées, rien que pour 1 ‘aller et<br />
le retour. Néanmoins, au total, <strong>de</strong>puis b Ier janvier 1924, Il 7 journées <strong>de</strong> tournées<br />
ont été consacrées : 5 pour les opérations <strong>de</strong> recrutement, 45 pour les travaux <strong>de</strong><br />
recensement et 67 dans un but économique et politique. Les buts poursuivis ont été<br />
surtout <strong>de</strong>s buts économiques visant l’extension <strong>de</strong> la culture cotonnière. Le pro-<br />
gramme <strong>du</strong> cercle avait pour fin la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> 300 tonnes <strong>de</strong> coton brut et l’assu-<br />
rance est maintenue par les chefs que cette fourniture sera intégralement livrée (1).<br />
Justice indigène : D’une façon générale, les magistrats donnent satisfaction par leur<br />
con<strong>du</strong>ite et leur régularité. Leur connaissance <strong>de</strong> la coutume paraîtrait pa@ois assez<br />
imprécise. Leur mentalité, quoique honnête, semble en certaines circonstances<br />
timorée. Le recrutement <strong>de</strong>s Juges dans un pays féodal où seuls comptent quelques<br />
indivi<strong>du</strong>s et où la masse <strong>de</strong> la population ne se manifeste guère est chose assez<br />
malaisée. Ceci sera l’oeuvre <strong>du</strong> temps qui émancipe et éclaire peu à peu les gens.<br />
En l’état actuel, il est permis dtaffimzer que le Tribunal ne vaut encore que par la<br />
personne <strong>de</strong> son Prési<strong>de</strong>nt (le commandant).<br />
Indigénat : L’instrument représenté par le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’lizdigénat (2) est une arme<br />
d’exception et dont, en conséquence, il n’est usé qu’avec modération et circonspec-<br />
tion. L ‘Nzdigène saisit fort exactement la distinction entre la peine judiciaire et ht<br />
(1) La culture obligatoire <strong>du</strong> coton est lancée en 1924 (cf. pages suivantes : réponse à la circu-<br />
laire 4). Le commandant prévoit une commercialisation <strong>de</strong> 300 tonnes <strong>de</strong> coton brut. Quel<br />
ques pages plus loin, il effectue <strong>de</strong>s calculs sur la base <strong>de</strong> 200 tonnes.<br />
(2) Cf. Intro<strong>du</strong>ction. Dans ce passage, l’administrateur expliqtie en quoi consiste le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’hdigénat, Remarquons que le contrôle <strong>de</strong>s pophlations s’est sensiblement renforcé.<br />
93
1924<br />
punition disciplinaire. Il semble que, en Mat actuel <strong>de</strong>s choses, aucune modifi-<br />
cation ne puisse être apportée au r@me instauré par l’acte <strong>de</strong> 1918 complété dans<br />
son application par divers décrets ultérieurs.<br />
Les faits habituellement punis sont : refis ou négligence dans la fourniture dImi-<br />
maux porteurs, ommissions dans les déclarations <strong>de</strong> changements définitifs <strong>de</strong><br />
rési<strong>de</strong>nce., dissimulation au recensement. En 1924 : 3 741 jours <strong>de</strong> prikon et le<br />
nombre d’indivi<strong>du</strong>s punis est <strong>de</strong> 323.<br />
La punition <strong>de</strong> prison, qui est personnelle, est appliquée <strong>de</strong> préférenrtce à l’amen<strong>de</strong><br />
qui affecte souvent la collectivité au moins familiale. Il y a lieu cependant <strong>de</strong><br />
reconnaître que le régime <strong>de</strong> détention touche assez peu l’indigène qui trouve à la<br />
prison les avantages d’une alimentation excellente, d’un repos relatif et d’un confort<br />
général auxquels il n ‘est pas habitué chez lui. Dans les cas particidièrement graves,<br />
sont cumulées les pénalités <strong>de</strong> prison et d ‘amen<strong>de</strong> ; cette <strong>de</strong>rnière avec circonspection<br />
et douceur. ll y a eu ainsi, pendant les douze mois écoulés, 56 cas <strong>de</strong> cumul. De<br />
même ont été infligées sans prison 17 punitions d’amen<strong>de</strong> représentant une valeur<br />
<strong>de</strong> 222,50 Fr. Celles-ci correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s divagations d’animaux domestiques.<br />
L’amen<strong>de</strong> cumulée avec la prison réprime en général la dissimulation <strong>de</strong> matière<br />
imposable ou le prosélytisme irrégulier et susceptible <strong>de</strong> créer un danger. Il est<br />
pennis <strong>de</strong> conclure que pour une circonscription aussi populeuse et d’un maniement<br />
pas toujours très facile, la proportion <strong>de</strong>s peines est infime... La main d’œuvre<br />
pénale est employée aux travaux d’utilité publique et à diverses corvées intéressant<br />
la collectivité : entretiens <strong>de</strong>s bâtiments administratifs, arrosage <strong>de</strong>s jardins, corvées<br />
d’eau, etc.. Deux détenus sont employés quotidiennement à la confection <strong>de</strong> nattes<br />
<strong>de</strong>stinées au couchage <strong>de</strong>s pensionnaires. Il n’y aurait, je pense, aucun inconvénient<br />
à ce qu ‘un léger crédit soit alloué qui permette 1 Ylabillement sommaire <strong>de</strong>s condam-<br />
nés étrangers au cercle ou notoirement sans ressources. Cette mesure que j’ai déjà<br />
soumise sans succès à l’examen <strong>du</strong> Gouvernement éviterait peut-être les décès par<br />
jkoid puis dysenterie qui m’ont été plusieurs fois signalés.<br />
Gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cercle et <strong>de</strong> police : A quelques exceptions près, les gar<strong>de</strong>s <strong>du</strong> peloton<br />
correspon<strong>de</strong>nt à un recrutement peu brillant et il saurait leur être fait qu’une<br />
conj?aizce très limitée. Beaucoup sont trop âgés, en service au <strong>poste</strong> <strong>de</strong>puis trop<br />
longtemps, origbkres pour majeure partie <strong>du</strong> cercle même ou <strong>de</strong>s circonscriptions<br />
limitrophes. Tous ces gens ont per<strong>du</strong> tout esprit militaire et <strong>de</strong> discipline. Une<br />
pério<strong>de</strong> active dans une formation r&ulière, <strong>de</strong> temps en temps, ne serait pas pour<br />
leur nuire.<br />
Une observation d’un caractère très général et qui n’affecte pas le seul <strong>poste</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Ouahigouya</strong> s’applique aux questions d’habillement et dgquipement. Il est à peu<br />
près impossible <strong>de</strong> tenir une comptabilité sérieuse <strong>de</strong> ces effets. Les envois sont<br />
irréguliers quant à leurs dates et insuffisants quant à leur composition. Le rassem-<br />
blement <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s fait apparaître les tenues les plus bigarrées : artillerie, kaki, bleu-<br />
horizon, bleu-marine, etc.. Le brigadier-chef porte <strong>de</strong>s culottes fleuries,, etc..<br />
Recrutement et affaires militaires : Le recrutement <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> janvier <strong>de</strong>rnier a<br />
’ donné 400 recrues dont 84 engagés volontaires. 498 jeunes gens étaient insctits<br />
à la <strong>de</strong>uxième portion <strong>du</strong> contingent (3). Pour 2 472 jeunes convoqués, 1.267 furent<br />
examinés, 180 exemptés, 164 ajournés et 25 dispensés.<br />
94
1924<br />
Questions domaniales : La chambre <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> Tourcoing est d’autre part en<br />
instance pour obtenir, auprès <strong>du</strong> lac <strong>de</strong> Bam, une concession <strong>de</strong> 5 000 ha <strong>de</strong>stinée<br />
à~lWevage <strong>du</strong> mouton mérinos /4}.<br />
Le cercle ne possè<strong>de</strong> qu’un projet <strong>de</strong> plan cadastral pour le centre urbain <strong>de</strong><br />
<strong>Ouahigouya</strong>, dressé le 6 décembre 1905.<br />
Routes et ponts :Il n est à prévoir aucune création <strong>de</strong> route nouvelle. Actuellement,<br />
l’entretien <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> communications (492 km) est assurée par la main d’œuvre<br />
prestataire et <strong>de</strong>ux crédits, l’un au titre <strong>du</strong> budget général pour le tronçon intercolo-<br />
nia1 <strong>de</strong> Yako à Bandiagara et l’autre au titre <strong>du</strong> budget local...<br />
Jl est <strong>de</strong> notoriété publique que les routes sont construites et entretenues par les<br />
agents européens <strong>du</strong> cercle, les représentants <strong>de</strong>s chefs avec les prestataires et les<br />
gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cercle. Jusqu ‘à ce jour, il n ‘a encore pu être trouvé d autre solution pra-<br />
tique <strong>de</strong> la question. Quoiqu?l en soit, l’état <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> communication est tout<br />
à fait satisfaisant et cette circonstance facilitegran<strong>de</strong>ment l’exécution <strong>de</strong>s transports.<br />
Ceux-ci sont assurés au moyen <strong>de</strong>s ânes, exceptionnellement au moyen <strong>de</strong> porteurs,<br />
en cas d’urgence ou pour une charge isolée.<br />
Pour l’année 1924, le transport a été effectué au moyen’ <strong>de</strong> 3 375 ânes et <strong>de</strong> 498 por-<br />
teurs ou pousseurs effectuant un trajet total aller et retour <strong>de</strong> 1 705 996 kilo-<br />
mètres, portant 214950 kilos. représentant, au titre <strong>de</strong> la location, une somme <strong>de</strong><br />
70 264 francs.<br />
Ces opérations, sans perte ni pour les <strong>de</strong>stinataires, ni pour les transporteurs, accu-<br />
sent une progression sensible par rapport aux annees précé<strong>de</strong>ntes et marquent le<br />
terme <strong>du</strong> portage humain auquel il n’est plus fait appel qu exceptionnellement en<br />
cas d’urgence et pour les colis isolés ou <strong>de</strong> dimensions ou <strong>de</strong> poids tout à fait<br />
insignifiants (5).<br />
Prestations : La main d’œuvre prestataire a été employée en stricte conformité<br />
avec le programme <strong>de</strong>s travaux approuvé le 14 août 1923, comgé suivant lettre<br />
N” 2454 A.G. <strong>du</strong> i8 décembre 1923, la décision N” 745 <strong>du</strong> 22 décembre 1923,<br />
l’arrêté I!f’ 744 <strong>du</strong> même jour, la circulaire 28 A.G. <strong>du</strong> 4 janvier 1924 et les autres<br />
textes intervenus en la matière.<br />
Le rôle primitif rectifié et ré<strong>du</strong>it a 350 000 journées le 22 décembre 1923 n’aura<br />
pas été épuisé. J’estime à 175 000 journées environ sur les 350 000 proposées, la<br />
fraction <strong>de</strong>meurée disponible.<br />
(3) Au moment <strong>du</strong> recrutement, les «aptes» sont envoyés au service militaire, jusqu’à concur-<br />
rence <strong>de</strong> l’effectif <strong>de</strong>mandé. Les autres appartiennent à la «<strong>de</strong>uxième portion» et peuvent,<br />
au gré <strong>de</strong>s circonstances, être appelés pour <strong>de</strong>s travaux d’intérêt civil.<br />
(4) Il s’agit bien <strong>du</strong> Tourcoing <strong>du</strong> nord <strong>de</strong> la France. Les moutons mérinos <strong>de</strong>vaient, bien<br />
enten<strong>du</strong>, fournir <strong>de</strong> la laine qui aurait été traitée dans les usines textiles <strong>de</strong> Tourcoing. La<br />
concession <strong>de</strong>mandée restera la seule (tconcession coloniale» <strong>du</strong> cercle. Une mission <strong>de</strong>s<br />
Pères Blancs, établie près <strong>du</strong> lac <strong>de</strong> Bam en 1923, travaillera en parfaite entente avec la<br />
Chambre <strong>de</strong> Commerce <strong>de</strong> Tourcoing.<br />
(5) Le commandant <strong>de</strong> cercle ne dit pas la vérité. Nous aurons l’occasion <strong>de</strong> vérifier que les<br />
porteurs seront encore réquisitionnés et pas seulement pour <strong>de</strong>s colis <strong>de</strong> poids insignifiant.<br />
Remarquons l’importance <strong>de</strong>s tâches réalisées au moyen <strong>de</strong> la main d’œuvre prestataire.<br />
95
1924<br />
Main d’amvre :Il a été expédié <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> :<br />
le 12 avril : 430 manoeuvres sur le Railway <strong>de</strong> la Côte dïiroire,<br />
le 30 juin : 105 mumzuvres sur les chantiers <strong>de</strong> Thiès-Kayes.<br />
Les établissements <strong>de</strong> Diapandahé (Maison DEVES et CHALbMET, près <strong>de</strong> Kayes),<br />
accrédités par le Gouvernement local, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt en ce moment 200 ouvriers pour<br />
leurs plantations <strong>de</strong> sisal, dâ, coton, arachi<strong>de</strong>s, etc..<br />
La fourniture <strong>de</strong> ces contingents n’a donné lieu jusqu 2 ce jour, à aucune difficulté.<br />
La vérité comman<strong>de</strong> cependant <strong>de</strong> dire que leur passage sur les chantiers n’a pas<br />
laissé un excellent souvenir dans l’esprit <strong>de</strong>s manœuvres et, cependant, exceptionel-<br />
lement rares sont les cas <strong>de</strong> désertions signalés, comme aussi les cas <strong>de</strong> mortalité<br />
notifiés.<br />
Je pense que les chantiers privés <strong>de</strong>vraient pourvoir eux-mêmes au recruiement <strong>de</strong><br />
leurs travailleurs et les chantiers publics pourraient souvent trouver sur place la<br />
main d ‘œuvre qu ‘ils vont chercher à 1 W-ranger (dans d’autres colonies) sur la foi <strong>de</strong><br />
racontars le plus souvent dénués <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment. Et, en effet? il est vraisemblable que<br />
le temps a fait justice <strong>de</strong> cette fable colportée et répétée à plaisir par les gens<br />
ignorants ou intéressés <strong>du</strong> Mossi ,wéservoir d ‘hommesz>, alors qu ‘en définitive toute<br />
cett-e régton correspond à un pays serni-désertique. Il me paraît superflu <strong>de</strong> sou-<br />
mettre toute proposition touchant les levées et Ies époques favorables aux levées <strong>de</strong><br />
travailleurs. La mise en valeur <strong>du</strong> pays, la nécessité d’assurer un transit intensif,<br />
l’obligation militaire et aussi le souci <strong>de</strong> traiter en hommes les gens pour lesquels<br />
nous avons accepté la mission <strong>de</strong> les con<strong>du</strong>ire progressivement vers 1~ liberté com-<br />
man<strong>de</strong>nt que nous les gardions ici pour l’amélioration <strong>du</strong> sort <strong>de</strong> leurs familles (6).<br />
Situation politique : Elle est satisfaisante. Les chefs saisissent toutes occasions favo-<br />
rables pour protester <strong>de</strong> leur loyalisme et <strong>de</strong> leur entier attachement à la France et<br />
. (6) Ce passage est riche en informations. Le pays mossi, avec sa forte population et la répu-<br />
tation qu’ont ses hommes d’être <strong>de</strong>s travailleurs disciplinés, restera longtemps le «réservoir<br />
<strong>de</strong> main d’oeuvre <strong>du</strong> Soudan et <strong>de</strong> la Côte d’ivoire». Les premiers recrutements <strong>de</strong> travailleurs,<br />
en pays mossi, remontent à 1912 pour les travaux d’infrastructure fé<strong>de</strong>rale : Chemin <strong>de</strong> fer<br />
Thiès-Rayes, terminé <strong>de</strong>puis le 31 décembre 1923 (dans le texte, il s’agit vraisemblablement<br />
d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’équipes d’entretien) - Chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Côte d’ivoire, lequel atteindra<br />
Bobo-Dioulasso en 1932 (et Ouagadougou dans les années 50) - l’Office<strong>du</strong> Niger, à partir <strong>de</strong><br />
1935. Les entreprises privees ne <strong>de</strong>meurent pas en reste. Le Gouvernement <strong>de</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong><br />
leur donne l’autorisation <strong>de</strong> recruter sur son territoire, à partir <strong>de</strong> 1922.<br />
Dans ce passage, le commandant - et ce fut souvent une position partagee par nombres<br />
d’administrateurs <strong>du</strong> Mossi - s’élève contre les recrutements qui lui retirent «sa» main d’œuvre<br />
active. Toutefois, l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s autorités restera ambigüe : gar<strong>de</strong>r la main d’oeuvre pour<br />
développer la colonie, ou bien l’expédier ailleurs, faute <strong>de</strong> mieux, parce que le pays mossi<br />
n’est pas «rentable» ? En pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> pénurie alimentaire, c’est la secon<strong>de</strong> solution qui<br />
prevaut .<br />
«En <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, colonie <strong>de</strong> trois millions <strong>de</strong> paysans, le Gouvernement Géneral <strong>de</strong> l’A.O.F.<br />
a levé 25 276 manœuvres <strong>de</strong> 1920 à 1924 pour les travaux <strong>du</strong> chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Thiès au<br />
Niger, 42830 <strong>de</strong> 1921 à 1930 pour le chemin <strong>de</strong> fer d’Abidjan à Ferkessédougou et il a<br />
laissé lever 16 541 manœuvres <strong>de</strong> 1920 à 1930 pour les coupes <strong>de</strong> bois et les plantations»<br />
(chiffres publiés à I’occasion <strong>de</strong> l’exposition coloniale <strong>de</strong> 1931, cités par R. Delavignette,<br />
§wviceAfric&z, Paris? 1946, Gallimard, p. 183).<br />
96
1924<br />
à ses représentants... L ‘opdre et la skrrité règne dans le pays, les impôts rentrent<br />
sans la plus légère difficulté, les contingents militaires sont levés avec un appoint <strong>de</strong><br />
plus en plus important <strong>de</strong> volontaires, le recrutement <strong>de</strong>s manoeuvres ne nécessite<br />
qu’une indication <strong>du</strong> Cercle relative à la quantité <strong>de</strong> gens à fournir, les transports<br />
administratifs et privés s’effectuent avec la plus gran<strong>de</strong> célérité, la circulation <strong>de</strong><br />
jour et <strong>de</strong> nuit ne connait ni obstacle, ni danger, la! vie et les biens <strong>de</strong>s gens sont<br />
garantis contre tout acci<strong>de</strong>nt. Et cet heureux ordre <strong>de</strong>s choses nécessite forcément<br />
une collaboration <strong>de</strong>s chefs à notre œuvre <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> civilisation.<br />
De la part <strong>de</strong> l’indigène, la confunce en notre pouvoir n’apparaît pas moins<br />
évi<strong>de</strong>nte.<br />
Les <strong>de</strong>rniers renseignements semblent établir que le Cercle compte 50 écoles cora-<br />
niques avec environ 300 élèves ; 44 indigènes ont fait le voyage à La Mecque. Le<br />
moment paraît venu <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à un dénombrement plus précis <strong>de</strong>s marabouts et<br />
<strong>de</strong>s Talibés et <strong>de</strong> poser la situation <strong>du</strong> cercle au regard <strong>de</strong> 1Wam. Si l’on retient<br />
l’importance <strong>de</strong>s neuf groupements foulbés, à <strong>de</strong>meure sur le ternetoire <strong>de</strong> la cir-<br />
conscn$tion, les divers autres éléments qui s’adonnent d la pratique <strong>du</strong> Coran, la<br />
position géographique <strong>du</strong> Cercle couvert, sur la majeure partie <strong>de</strong> ses frontières, par<br />
d’autres cercles fortement islamisés, il est permis <strong>de</strong> conclure que la propagan<strong>de</strong>’<br />
religiatse n’est pas limitée à 50 écoles et d 300 élgves. Le terrain paraît donc<br />
propice pour ce prosélytisme.<br />
Les anciens tiraillèurs qui, jadis avaient pu inspirer quelques craintes quant à leur<br />
possibilité <strong>de</strong> réadaptation, se replongent corps et &me dans leur milieu social dès<br />
leur retour d la vie civile. Si le recrutement poursuivait, entre autres fins, un but<br />
politique, à savoir le dégrossissement <strong>de</strong> nos sujets, je pense qu ‘il est permis d ‘affi<br />
mer que ce but est manqué d’une façon compl&-e.<br />
Situation financière : Le recouvrement <strong>de</strong>s impôts dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />
n’est qu’une question <strong>de</strong> temps... et la fin <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> janvier marque le temps <strong>de</strong> la<br />
rentrée <strong>de</strong>s Contributions sur Rôles. Les indigènes sont les premiers heureux <strong>de</strong> se<br />
voir débarrassés <strong>de</strong> la charge <strong>de</strong>s prestations jkancières et nombreux sont au<br />
début <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> les cantons en compétition pour effectuer les premiers leurs<br />
versements.<br />
Les recettes qui n’éfaient que <strong>de</strong> quelques centaines <strong>de</strong> francs en 1899, soit vingt<br />
mois après le début <strong>de</strong> l’occupation, atteimaient en 1903 50 337jkancs. En 1907,<br />
elles étaient <strong>de</strong> 150 848fiancs et en 19.20 <strong>de</strong> 556381 francs. Elles s”é@veront en<br />
1925 approxim&ivement à 1500 000 francs. La capitation représente évi<strong>de</strong>mment<br />
la principale source <strong>de</strong> revenus <strong>du</strong> cercle et, à mon avis, son taux <strong>de</strong>vra être unifié<br />
à 5fr. en 1926.<br />
La différence actuelle <strong>de</strong> taux, sans préjudice <strong>de</strong> la taxe <strong>de</strong> bétail, qui frappe la<br />
population pastorale, soi-disant la richesse, nécessiterait une contre partie <strong>de</strong>stinée<br />
à compenser les pertes imputables aux épizooties. Or, le budget tout entier serait<br />
parfois insuffisant pour couvrir les pertes <strong>de</strong> certaines annkes (7).<br />
(7) Le Service <strong>de</strong> l’Elevage,. dit Service Zootechnique, vient d’être créé, sans grands moyens<br />
d’action. Toutefois, en cas d’épizooties, le transit <strong>de</strong>s animaux est interdit. Tout <strong>du</strong> moins,<br />
l’ordre d’interdiction part-il <strong>de</strong>s bureaux <strong>du</strong> cercle.<br />
97
1924<br />
Le projet <strong>de</strong> budget <strong>du</strong> Cercle pour 1924, très largement calculé, ~Elevait en dé-<br />
penses à 242 817 francs, mais <strong>de</strong> nombreuses prévisions, notamment en personnel,<br />
sont loin d’avoir été réalisées... ll est permis d’estimer a un maximum <strong>de</strong> 3QO 000 fr.<br />
l’entretien annuel <strong>de</strong> la circonscription. Il en resulte que ladministration <strong>du</strong> cercle<br />
<strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> se tra<strong>du</strong>it pour l’annêe écoulee par un excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> recettes <strong>de</strong> un<br />
million environ. Cette situation ne peut que s’améliorer en 1924, en ce sens que les<br />
recettes marquent chaque annee une plus-value sensible, tandis que les dépenses<br />
accusent une progression moins importante (8).<br />
Situation economique et agricole : Les <strong>de</strong>ux fins poursuivies dans ces <strong>de</strong>ux ordres<br />
d’i<strong>de</strong>’es, étaient d’une part le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s cultures vivrières dans une mesure qui<br />
mît nos populations à l’abri <strong>de</strong>s disettes toujours a craindre dans une région aux<br />
précipitations atmosphetiques assez faibles et d’autre part l’extension <strong>de</strong> la culture<br />
cotonnière, aussi intéressante pour l’in<strong>du</strong>strie nationale que pour le pro<strong>du</strong>cteur lui-<br />
même dont les revenus se trouvaient ainsi sensiblement augmentés.<br />
En dépit d’une chute d eau relativement insignifante, puisqu’elle II ‘a pas dépassé<br />
en six mois 531 mm, dont à peine plus <strong>de</strong> $0’0 mm utiles, le premier <strong>de</strong> ces buts<br />
semble avoir éte pleinement realise, ainsi qu ‘en font foi les estimations suivantes :<br />
Nombre tonnes<br />
Les calculs sont basés sur une population <strong>de</strong> 400 000 habitants environ à alimenter,<br />
la confection <strong>de</strong> dolo, la nourriture d’environ 8 000 chevaux qui consomment le<br />
mil à peu près huit mois 1 ‘an et 12 000 asines qui ne consomment <strong>du</strong> mil qu ‘excep-<br />
rionnellement à l’occasion <strong>de</strong> leur travail et enfin les semailles dont le ren<strong>de</strong>ment<br />
est estime à cinquante fois la semence.<br />
(81 Cet administrateur est dkidément <strong>de</strong>s plus clairvoyants et ne s’encombre pas <strong>de</strong> précautions<br />
rédactionnelles.<br />
98
1924<br />
L ‘année 1924 aura été une année e+xeptionnellement favorable. L’excé<strong>de</strong>nt servira<br />
pour les années déficitaires qui constituent la règle (9).<br />
En ce qui touche à la culture <strong>de</strong>s textiles, il semble que la repro<strong>du</strong>ction ci-<strong>de</strong>ssous<br />
<strong>de</strong>s documents établis à ce sujet donnera tous éclaircissements nécessaires sur la<br />
question :<br />
a - Réponse à la circulaire No 4 <strong>du</strong> 30 avril 1924 <strong>de</strong> M. I’lnspecteur <strong>de</strong>s Affaires<br />
Administrkives. Chef <strong>du</strong> Service <strong>de</strong>s Textiles<br />
La situation actuelle <strong>du</strong> cercle au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la situation cotonnière est sans<br />
intérêt. Les cantons ne récoltent même pas le coton nécessaire aux besoins <strong>de</strong> la<br />
population. Les exportations <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s signalées dans les rapports précé<strong>de</strong>nts pro-<br />
viennent <strong>du</strong> tissage effectué sur place, mais au moyen d’une matière première ache-<br />
tée dans les cercles voisins et notamment dans les cercles <strong>de</strong> Kaya, Koudougou et<br />
Dédougou.<br />
En exécution <strong>de</strong>s dtiectives relatives à la pro<strong>du</strong>ction cotonnière, <strong>de</strong>s conseils ont été<br />
adressés à la population qui les accueillît avec intérêt. L ‘importance <strong>de</strong> la question<br />
n’a pas échappé aux indigènes qui se montrent disposés à étendre les cultures. La<br />
possibilité d’extension est considérable.<br />
Pour cette première année, le Commandant <strong>de</strong> cercle a <strong>de</strong>mandé aux chefs un<br />
apport <strong>de</strong> 40 tonnes égrenées livrables au cours <strong>de</strong> la prochaine campagne. Ces<br />
40 tonnes sont exclusives <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction nécessaire aux besoins locaux.<br />
La population <strong>du</strong> cercle étant <strong>de</strong> 400 000 habitants approximativement, la moyenne<br />
<strong>de</strong>mandée par tête d’habitant ressort donc à un <strong>de</strong>mi kilo non égrené et 100 gram-<br />
mes égrené (au total 200 000 kilos non égrenés ré<strong>du</strong>its à 40 000 kilos par 1 ‘égrenage).<br />
On peut estimer que cette faible moyenne, mais qui constitue un premier progrès,<br />
est d’une réalisation facile...<br />
La meilleure solution à adopter pour l’intensification <strong>de</strong> la culture paraît être le<br />
champ familial qui stimule l’activité et l’esprit <strong>de</strong> lucre. Les cultures communes<br />
doivent être proscrites. Telle a été aussi l’opinion nettement exprimée par l’unani-<br />
mité <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> canton qui se chargent <strong>du</strong> choix et <strong>du</strong> mesurage <strong>de</strong>s terrains.<br />
Le cercle possè<strong>de</strong> un stock suffisant <strong>de</strong> graines. Des haies protègeront les terrains<br />
cultivés qui seront <strong>de</strong> cette manière à l’abn. <strong>de</strong>s déprédations <strong>de</strong>s troupeaux.<br />
Dans le but d’éviter <strong>de</strong> congestionner les lieux <strong>de</strong> vente et <strong>de</strong>s déplacements oné-<br />
reux, je propose comme marchés les places <strong>de</strong> Thiou, <strong>Ouahigouya</strong>, Tikarê, Djibo,<br />
Gourcy et Titao. Les indigènes se trouveront ainsi assujêtis aux parcours minima,<br />
25 kilomètres environ dans les différentes directions.<br />
En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s moyens d’évacuation par voitures (charrettes ou automobiles) qui<br />
doivent constituer le moyen <strong>de</strong> transport normal, les animaux <strong>de</strong> bât pourront<br />
participer à l’acheminement <strong>de</strong>s matières sur les usines et les établissements <strong>de</strong><br />
commerce. Des recensements <strong>de</strong> bœufs porteurs et <strong>de</strong>s ânes, par canton, vont être<br />
entrepris et permettront la juste .rêpartition par collectivité <strong>du</strong> transport <strong>de</strong> la<br />
récolte.<br />
(9) La précision <strong>de</strong> ces chiffres ne doit pas faire illusion. Nous <strong>de</strong>meurons perplexe quant à la<br />
possibiité d’estimer une quelconque pro<strong>du</strong>ction vivrière sans connaissance <strong>de</strong>s superficies<br />
cultivées !
1924<br />
Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a exporté cette année 12 tonnes <strong>de</strong> kapok. J’ai tout lieu<br />
<strong>de</strong> croire que cette opération sera intensifiée en 1925. Dans ce domaine, les possi-<br />
bilités <strong>du</strong> cercle sont pratiquement illimitées. Ce commerce se ferait suivant les<br />
métho<strong>de</strong>s générales adoptées pour le coton. J’ai garanti au commerçant syrien un<br />
minimum <strong>de</strong> 100 tonnes pour 1925. Ici, la seule difficulté sérieuse rési<strong>de</strong> toujours<br />
dans les moyens dZvacuation.<br />
La culture <strong>du</strong> sisal et <strong>du</strong> dâ pourrait être envisagée pour 1926 ou 192 7, au moment<br />
ou l’opération <strong>du</strong> coton serait un fait acquis, entré dans les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s indigènes.<br />
Coton, kapok, sisal et dâ représentent les quatre textiles dont le développement<br />
assurerait d ‘une faqon certaine la prospérité <strong>du</strong> cercle et cela sans effort excessif (10).<br />
b - Réponse ii circulaire No 951 A.E. <strong>du</strong> 28 avril 1924 au sujet <strong>du</strong> programme <strong>de</strong><br />
pro<strong>du</strong>ction cotonnière<br />
Tous les chefs <strong>de</strong> provinces et <strong>de</strong> cantons ont été mis au courant <strong>de</strong>s instructions <strong>du</strong><br />
chef-lieu relativement à la culture <strong>du</strong> coton, <strong>de</strong>s raisons qui exigent cet effort spécial<br />
qui <strong>de</strong>vra être intensifié un peu plus chaque année et <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> 1 ‘opération <strong>de</strong>srinêe<br />
au ravitaillement national en textiles.<br />
Les notables et indigènes ont été bien avisés qu ‘ils doivent donc, tout en faisant face<br />
à leurs besoins personnels dont ils ne se sont guère préoccupés jusqu ‘à ce jour, garantir<br />
une quantité annuelle disponible pour le commerce.<br />
Il est <strong>de</strong> notoriété publique que non seulement le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> n’a point<br />
été jusqu ‘à présent un pro<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong> coton mais, qu’au contraire, il est un importateur<br />
assez important tant pour sa consommation que pour son in<strong>du</strong>strie. Il s’agii<br />
donc <strong>du</strong>ne révolution complète dans les mœurs économiques <strong>de</strong> la circonscription.<br />
Il y a urgence et intérêt à ce que le mouvement s’effectue le plus tôt possible. Chaque<br />
conference <strong>du</strong> vendredi avec le Yatenga-Naba et les grands personnages <strong>de</strong> sa<br />
suite est consacrée en majeure partie à cette affaire ; chaque o&asion est saisie ~OUI<br />
exciter ou éveiller l’attention <strong>de</strong>s gens sur cette question <strong>de</strong> premier plan. L ‘expêrience<br />
a démontré que ce n’est qu’à force <strong>de</strong> répéter inlassablement les mêmes<br />
choses, voire les plus simples, que celles-ci finissent par être retenues, puis étudiées<br />
et comprises. (...)<br />
La récolte <strong>de</strong> coton <strong>du</strong> cercle sera sans doute entièrement évacuée sur Mopti, soit<br />
directement <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, soit <strong>de</strong> Djibo, pour le SUIQ~US... avec les 8 000 ânes<br />
disponibles, chacun pour un voyage annuel à Mopti, à raison <strong>de</strong> 60 kilos <strong>de</strong> fibres<br />
égrenées 1 un... La circonscription se suffira à elle méme pour les moyens<br />
d Evacuation.<br />
Autres cultures et divers : Le tabac est cultivé sur toute l’éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> cercle et<br />
notamment dans les cantons <strong>du</strong> sud qui o.ffient une terre fertile et plus humi<strong>de</strong>.<br />
Ces cultures se font suivant les métho<strong>de</strong>s indigènes et le ren<strong>de</strong>ment est suffisant<br />
pour la consommation <strong>de</strong>s habitants qui en font gros usage.<br />
(In) Kapok (ou capoc) : fibre végétale, imputrescible et légère, constituée par les poils qui<br />
recouvrent les graines <strong>du</strong> kapokier (Bombax costatum). Le kapokier pousse naturellement<br />
en zone soudanienne.<br />
cda : oseille, dite <strong>de</strong> Guinée, traditionnellement plantée en bor<strong>du</strong>re <strong>de</strong>s champs, près <strong>de</strong>s<br />
villages. Le da est utilisé pour bs fibres <strong>de</strong> sa tige.<br />
sisal : agave (originaire <strong>du</strong> Mexique) aux feuilles fibreuses.<br />
100
1924<br />
Les cultures maratchères sont limitees aux centres européens ; les arbres fruitiers<br />
eux-mêmes sont a peu près inconnus dans les villages. Le blé et la pomme <strong>de</strong> terre<br />
ont été expérimentés non sans succès a <strong>Ouahigouya</strong> et a Bam. Le point noir dans<br />
cette affaire reste la question d’arrrosage. L ‘installation d’une pompe à Bam, dans la<br />
concession <strong>de</strong> la mission catholique semble <strong>de</strong>voir résoudre ce détail, mais la vraie<br />
solution consisterait à vulgan.ser ces pro<strong>du</strong>its chez les indigènes qui, petit à petit,.<br />
au& abords <strong>de</strong> leurs concessions amkeraient à en développer les cultures pour leur<br />
propre compte. Ceci ne sera pas 1 ‘oeuvre ni d’un seul palabre ni d’un effet isolé.<br />
Les pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> cueillette sont assez restreints dans l’ensemble <strong>du</strong> cercle, nuls Ans<br />
le nord et le. centre, peu abondants même dans le sud. Le Yatenga est tributaire <strong>de</strong>s<br />
circonscriptions <strong>du</strong> sud qui l’alimentent en majeure partie <strong>de</strong> ses besoins en hanté,<br />
sumbula, etc.. (Il).<br />
La question <strong>du</strong> reboisement intéresse au premier chef cette région. Il na été<br />
procédé jusqu’ù ce jour ni à plantation ni a l’établissement <strong>de</strong> pépinières. L’im-<br />
mense éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> cercle et les faibles moyens daction dont dispose l’adminis-<br />
tration n’ont permis <strong>de</strong> s’en occuper. Toutefois, la guerre acharnée faite par le<br />
Cercle aux fax <strong>de</strong> brousse et aux coupes inconsidérées semble s&re tra<strong>du</strong>ite<br />
par d’heureuses conséquences (1.2).<br />
Bleuage : En.1904, soit huit ans après l’occupation, le cheptel était estimé à :<br />
boeufs <strong>de</strong> tous dges 32 343<br />
boeufs porteurs 4 444<br />
moutons 46 6.58<br />
ânes 4474<br />
chevaux 3872<br />
En 1924, soit vingt années plus tard, il est <strong>de</strong> :<br />
bœufs ayant plus <strong>de</strong> trois ans 109884<br />
moutons 70 000<br />
chèvres 90 000<br />
ânes avant plus <strong>de</strong> quatre ans 17759<br />
chevaux ayant plus <strong>de</strong> trois ans 18 360<br />
Il y a lieu <strong>de</strong> tenir compte d’une part que le recensement <strong>de</strong> 1904 ne comprenait que<br />
les trois cantons <strong>de</strong> Bjibo et d’autre part qu ‘aucun recensement n’a été fait pour le<br />
bovidés et équidés <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, ni pour les asinés <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> quatre an:<br />
Ces âges sont ceux auxquels les animaux sont reconnur nntes au paiement <strong>de</strong> ;<br />
taxe ou à la charge <strong>de</strong> portage.<br />
(11) karïttf : Vïtelhzrîa paradoxa. L’aman<strong>de</strong> <strong>de</strong> karité est utilisée pour la fabrication <strong>du</strong> «heur<br />
<strong>de</strong> karité», aux multiples usages.<br />
sumbala (ou sumbara) : graines <strong>du</strong> néré (Parka biglobosa), bouillies et pilées. Ven<strong>du</strong>es t<br />
boules, sur les marchés, le sumbala sert d’ingrédient dans les sauces qui accompagnent 11<br />
repas.<br />
(12) Le problème <strong>de</strong> la «déforestation» (bois <strong>de</strong> cuisine, construction <strong>de</strong>s habitations, pâtura!<br />
aérien en saison sèche) et <strong>de</strong> ses effets (érosion) attire déjà l’attention mais sans que 1’<br />
songe sérieusement à y apporter remh+- ’ ’ %isement ne fera que s’aggraver.
1924<br />
Un phénomène assez curieux est la facilité avec laquelle se reconstituent les trou-<br />
peaux, constamment éprouvés par les épizooties qui détruisent plusieurs milliers<br />
d’indivi<strong>du</strong>s par an. Ainsi pour 1924 : 2 324 bovidés et 2 172 équidés per<strong>du</strong>s par les<br />
différentes maladies.<br />
Les troupeaux <strong>de</strong> bœufs sont h peu près entièrement aux mains <strong>de</strong>s foulbé et.<br />
silmi-mossi. Les bœufs porteurs sont détenus par les mossis et les yarcé, ainsi<br />
que la majorité <strong>de</strong>s ânes. Les troupeaux <strong>de</strong> porcs sont <strong>de</strong>s troupeaux administratifs<br />
concentrés soit au chef-lieu soit auprès <strong>de</strong>s chefs notables et en <strong>de</strong>s endroits conve-<br />
nablement choisis.<br />
Statistique <strong>du</strong> bulletin commercial :<br />
Prix d’un bœuf 175fr. pagne 15j?.<br />
FnoutoFl 4ofr. Ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> coton 6 fi.<br />
cheval 500 fk Hache 2B-.<br />
âne 150 jr. Daba (13) 2.P.<br />
Mercuriale pro<strong>du</strong>its divers et europeens : (en francs) :<br />
Cola 0,25 jk<br />
Sel 4 f+lkg<br />
Mouchoir 6 fi.<br />
Mil, le kilo 0,lO Maïs, le kilo 0,lO<br />
Riz 1,oo Fonio 0,15<br />
Karité 2,50 Coton egrené 5,00<br />
Soumbala 3.50 Coton non égrené 1,00<br />
Arachi<strong>de</strong> l,oo Kapok égrené 2,00<br />
Allumettes (boîte) 0,25 Sucre (kilo) 10,oo<br />
Bobine fil 2,50 à 5,00 Cigarettes 5,00<br />
Flacon parfum 2,00 à 10,oo Pippennint 30,OO le litre<br />
La Gold Coast, avec Kournassie et les divers marchés échelonnés au nord <strong>de</strong><br />
Koumassie, constitue le grand débouché, non seulement <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>,<br />
mais encore <strong>de</strong>s cercles <strong>du</strong> Niger La vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> boucherie y trouve un placement<br />
actuellement très avantageux en raison <strong>du</strong> cours <strong>de</strong> la livre. Les marchands <strong>de</strong> bétail<br />
retirent <strong>de</strong> leur opération un bénéj%e encore accru avec le change et les commer-<br />
cants et colporteurs indigènes sans distinction s y approvisionnent en noix <strong>de</strong> colas<br />
<strong>de</strong>stinés a nos tem*toires.<br />
En <strong>de</strong>uxième position viennent les rapports <strong>de</strong> la circonscription avec le Soudan<br />
francais et notamment les cercles <strong>du</strong> j%uve (Ntqer). Ce trafic quoique appréciable,<br />
<strong>de</strong>meure insignifiant par-rapport à celui <strong>de</strong> la colonie anglaise car le cercle FI a aucune<br />
mai?ère première ou pro<strong>du</strong>it que les cercles <strong>du</strong> Soudan ne possè<strong>de</strong>nt. Le mouvement<br />
commercial est fondé essentiellement sus le tissage et 1”exportation <strong>de</strong> quelques ani-<br />
maux <strong>de</strong> selle ou <strong>de</strong> bât; Le sel européen et le sel <strong>de</strong> Taou<strong>de</strong>ni viennent <strong>de</strong>s Etablis-<br />
sements commerciaux <strong>du</strong> fleuve concouvïr au ravitaillement <strong>du</strong> cercle (14).<br />
(13) daba : houe. Instrument aratoire utilisé en pays mossi. 11 existe plusieurs types <strong>de</strong> houes,<br />
suivant les usages.<br />
(14) 11 s’agit <strong>de</strong> S&ou, San, Djenné, Mopti.
Le cercle n’a aucun établissement commercial tenu par <strong>de</strong>s européens, <strong>de</strong>s indigènes<br />
ou <strong>de</strong>s étrangers. Monsieur P., syrien, se propose pour proce<strong>de</strong>r dès le début <strong>de</strong><br />
1925 au commerce <strong>du</strong> kapok, <strong>du</strong> coton et éventuellement d’autres pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> crû<br />
d’une part, et <strong>du</strong> sel, <strong>de</strong>s tissus et autres articles <strong>de</strong> pacotille d’autre part. Les mar-<br />
chés <strong>du</strong> cercle sont <strong>de</strong> pauvres marchés qui méritent à peine l’honneur <strong>du</strong>ne mention.<br />
On y pmtique le troc <strong>de</strong> quelques menues <strong>de</strong>nrées alimentaires. Notre monnaie,’<br />
d’ailleurs fortement dépréciée et point suffisamment divisionnaire, n y joue qu’un<br />
rôle <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième ordre. Les transactions <strong>de</strong> bétail s’effectuent aux domiciles <strong>de</strong>s<br />
éleveurs.<br />
La Foire - concours tenu au chef-lieu <strong>du</strong> cercle, semble marquer un progrès par rap-<br />
port à ce qu ‘elle était autrefois, à sa pério<strong>de</strong> dkssai. En fait, elle se ré<strong>du</strong>isait à une<br />
exposition <strong>de</strong> dolo et à un défilé <strong>de</strong> gens ivres. En 1924, le sens économique <strong>de</strong> la<br />
manifestation semble avoir été compris <strong>de</strong>s indigènes qui, <strong>de</strong> tous les points <strong>du</strong><br />
cercle, ont amené leurs animaux <strong>de</strong> choix et les pro<strong>du</strong>its. Si les transactions sur le<br />
bétail ont été encore ins&nifiantes, par contre, toutes les <strong>de</strong>nrées vivrieres exposées<br />
ont été ven<strong>du</strong>es. A noter également un petit mouvement sur hz cire, pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong><br />
plus grand intérêt pour le cercle et dont le rapport ne <strong>de</strong>vrait pas être inférieur<br />
à 100 000 francs annuel.<br />
Il ny a rien à ajouter à ce qui a été dit maintes fois sur la monnaie, sur la dépré-<br />
ciation <strong>de</strong> nos billets, sur la concurrence faite par le cauri, sur le peu <strong>de</strong> parvenir <strong>de</strong><br />
nos nouveaux jetons dans le public. Peut-être, un relèvement <strong>de</strong> l’impôt, qui paraît<br />
chose très réalisable, serait-il <strong>de</strong> nature à remedier au moins partiellement à cette<br />
situation (15).<br />
Situation sanitaire : La situation sanitaire nappelle aucune remarque spéoiaze.<br />
L ‘année 1924 aura eu à son actif <strong>de</strong>ux cas <strong>de</strong> mortalité chez les européens. C’est<br />
beaucoup et peu à la fois, si l’on considère que l’effectif <strong>du</strong> Poste a rarement atteint<br />
une <strong>de</strong>mi-douzaine <strong>de</strong> sujets, mais que la major?té <strong>de</strong> cet effectif a été souvent très<br />
mal en point.<br />
Les milieux indigènes n’ont pas eu à souffir daffections endémiques ou épidémiques.<br />
La Recurrente (16) avait disparu au début <strong>de</strong> lannée et n h eu aucun retour<br />
offensif Aucun cas <strong>de</strong> variole n’a été noté. Les affections traitées au dispensaire ont<br />
été <strong>de</strong> petites affaires courantes <strong>du</strong>es à la négligence, à l’impru<strong>de</strong>nce ou au défmt<br />
d 7tygGne.<br />
ll serait souhaitable que le cercle reçoive a pério<strong>de</strong>s régulières, au besoin tous les<br />
<strong>de</strong>ux mois par exemple, la visite d’un mé<strong>de</strong>cin si possible toujours le même, qui<br />
serait ainsi en état d’examiner et <strong>de</strong> conseiller ses mala<strong>de</strong>s en connaissance <strong>de</strong> cause.<br />
Une voiture sanitaire permettrait ce déplacement à peu <strong>de</strong> fiais. La santé morale et<br />
physique <strong>de</strong>s malheureux patients, abandonnés à eux-mêmes dans Irm brousse, trouverait<br />
un singulier réconfort à l’adoption <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong>.<br />
(15) Idée classique, sans cesse répétée : par la monétarlsation forcée <strong>de</strong>s échanges, intégrer l’éco-<br />
nomie régionale dans les circuits commerciaux européens.<br />
(16) Récurrente (ou fièvre récurrente) : açcPs <strong>de</strong> fikvre à répétition.<br />
103
1924<br />
Une sage femme auxiliieke, affectée courant mars, donne ses soins aux femmes en<br />
couches. Le nombre <strong>de</strong> ces interventions n’est pàs inférieur à une centaine. Son<br />
heureuse action, limitée au centre urbain <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, ne manquera pas <strong>de</strong> se<br />
développer et d agirfavorablement sur l’esprit <strong>de</strong> l’indigène, préparant ainsi hr consé-<br />
cration <strong>de</strong> la protection <strong>du</strong> capital humain, le plus précieux bien que nous ayons en<br />
ce pays.<br />
Par ailleurs, le manque d Hygiène corporelle, vestimentaire, alimentaire et <strong>de</strong> Phabi-<br />
tat est le pire <strong>de</strong>s maux en ces pays. La mortalité infantile qui. retar<strong>de</strong> l’épanouis<br />
sement <strong>de</strong> nos temhoires doit lui être à peu près entièrement attribuée. Chez les<br />
a<strong>du</strong>ltes et les hommes, ses méfaits apparaissent encore considémbles. L’effort mé-<br />
dical a tué certaines maladies redoutables, telle la variole ; notre effort administratif<br />
et nos palabres aux chefs ten<strong>de</strong>nt à une amélioration <strong>de</strong> cet état <strong>de</strong>s choses et il<br />
nous a paru convenable d’adopter à cette fin certaines mesures <strong>de</strong> détail, comme<br />
l’interdiction <strong>de</strong> l’accès aux bâtiments publics <strong>de</strong>s gens dont la tenue laisse à désirer.<br />
Je suis fon<strong>de</strong> à croire que, dans ce domaine, rwus touchons à la plus longue et à la<br />
plus dilfficultueuse parmi les tâches que nous impose notre ceuvre <strong>de</strong> civilisation.<br />
École : L ‘école régionale <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, forte <strong>de</strong> 150 élèves, dispose comme person-<br />
nel d’un instituteur principal europeen, directeur <strong>de</strong> l’établissement, d’une insti-<br />
tutrke prkcipale europeenne et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux instituteurs adjotnts. Les bâtiments sont<br />
confortables, mais le mobilier est inexistant et une bonne partie <strong>de</strong>s élèves est. assise<br />
par terre.<br />
Depuis plus <strong>de</strong> vingt ans qu’elle existe: cette école n’a donné aucun résultat appre-<br />
ciable. Le recrutement <strong>de</strong>s élèlres est assez pénible et- nécessite une pression certaine<br />
<strong>de</strong> 1’Administration. Les chefs se montrent indifférents à l’institution scolaire. Les<br />
directeurs et maîtres ont eté l’objet <strong>de</strong> mutations trop fréquentes, basées beaucoup<br />
plus sur <strong>de</strong>s convenances personnelles que sur l’intérêt général. Ces métho<strong>de</strong>s sont à<br />
reformer, si 1 ‘on désire enfin un résultat. L ‘Nztemat qui consMuait une garantie<br />
nekessaire a éte supprimé. L ‘instituteur recoit le matin <strong>de</strong>s enfants fatigués par <strong>de</strong>s<br />
veilles nocturnes, <strong>de</strong>s libations, ren<strong>du</strong>s mala<strong>de</strong>s par <strong>de</strong>s contacts que leur âge <strong>de</strong>vrait<br />
igrwrer, dans un état souvent repoussant <strong>de</strong> saleté...<br />
Mouvements <strong>de</strong> population : Des exo<strong>de</strong>s ont eu lieu en Gond CoIEst. J 200 jeunes<br />
gens au moins ont quitte’ le cercle. Le mot exo<strong>de</strong> est peut-être exagéré. Les mots<br />
&m&rations temporaires>, employés par mon prédécesseur, seraient plus exacts.<br />
Sur la quantité <strong>de</strong> ces indigènes, il est possible que quelques uns finissent par se<br />
f?xer à l’étranger, mais la plus gran<strong>de</strong> parti-e revient vivre &ms ses villages d’origine.<br />
Le recrutement contribue beaucoup à ces départs.<br />
104
1925 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
JANVIER<br />
Evénements en cours : L’impôt <strong>de</strong> capitation a été entièrement perçu le 28 décem-<br />
bre 1924 : Il86 739francs. L timpôt sur le bétail, perçu en janvier, s Wève à 99 468 fk<br />
Reste à percevoir : 52 951 francs.<br />
Main d’oeuvre : 200 manœuvres volontaires ont été recrutés par Monsieur R. <strong>de</strong> Sa<br />
Société <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Dar-Salam.<br />
Prestations : La route <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> à Tourcoing-Bam a été mise en état pour le<br />
passage <strong>de</strong> Monsieur le Délégué au Conseil <strong>de</strong>s Colonies.<br />
Cultures : La culture <strong>du</strong> coton paraît avoir bien réussi et la cueillette commencée<br />
donne bon espoir. Un vol <strong>de</strong> sauterelles, assez <strong>de</strong>nse, est passé le 31 <strong>du</strong> mois entre<br />
18 heures et 19 heures causant quelques dégâts sur les arbres.<br />
FÉVRIER<br />
Recrutement : Le recrutement <strong>de</strong> la classe 1925 s’est effectué sans inci<strong>de</strong>nt. Toute-<br />
fois et comme les années précé<strong>de</strong>ntes, il faut signaler le peu <strong>de</strong> soins avec lequel<br />
sont dressées les listes <strong>de</strong> recensement par les agents recenseurs. Un trop grand nom-<br />
bre y sont portés, soit parce que trop jeunes, soit parce que trop âgés. Cette façon <strong>de</strong><br />
faire, en chargeant inutilement le rôle <strong>de</strong> la commission <strong>de</strong> recrutementa encore pour<br />
effet <strong>de</strong> déplacer un grand nombre d’indigènes qui, restant chez eux, n ‘encombre-<br />
raient pas inutilement le chef-lieu...<br />
Il y a aussi certainement <strong>de</strong>s substitutions d’indivi<strong>du</strong>s portant le même nom dans<br />
la même famille et dont les plus jeunes (nous en avons trouvé <strong>de</strong> douze ans) sont<br />
envoyés pour répondre à la place <strong>de</strong> leurs aînés...<br />
Chefs : A l’occasion <strong>du</strong> passage <strong>du</strong> Maréchal Pétain et <strong>du</strong> recrutement, presque tous<br />
les chefs se sont présentés au cheflieu. Leur attitu<strong>de</strong> est bonne...<br />
Tournées : Aucune tournée n’a été effectuée en février. Le personnel tout entier<br />
ayant été occupé à la perception <strong>de</strong>s taxes, au recrutement et à l’organisation ?’<br />
la foire cotonnière.<br />
Épizoohès : La peste bovine continue à progresser dans le cercle. Les déclarations<br />
faites dans le courant <strong>du</strong> mois portent sur 492 décès, 432 bêtes mala<strong>de</strong>s sur un<br />
effectif <strong>de</strong> troupeaux <strong>de</strong> 4521 têtes.<br />
105
1925<br />
Impôt : L ‘impôt sur le bétail a été entièrement recouvré.<br />
MARS<br />
Transports : Une forte quantité d’animaux porteurs a été fourni par le cercle <strong>du</strong>rant<br />
ce mois, pour fournir au transport <strong>de</strong> Mopti à <strong>Ouahigouya</strong> et <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> à<br />
Ouagadougou <strong>de</strong>s marchandises <strong>de</strong>s Maisons <strong>de</strong> commerce, <strong>du</strong> ravitaillement mili-<br />
taire et enfin <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> à Mopti pour le transport <strong>du</strong> coton.<br />
Pour le service local : 19 ânes ; pour le service colonial : 641 ânes et 7 bœufs por-<br />
teurs ; pour le commerce : 1486 ânes et 16 7 bœufs porteurs.<br />
Le portage à tête d’hommes n’existe pour ainsi dire plus dans le cercle.<br />
Mouvements <strong>de</strong> population : Cinq chefs <strong>de</strong> famille accompagnés d’un total <strong>de</strong><br />
soixante dti imposables, autorisés par le rési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Yako à venir dans le cercle <strong>de</strong><br />
<strong>Ouahigouya</strong>, ont été sur leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et après mutation régulière et enregistrée,<br />
autorisés à s’installer dans les cantons <strong>de</strong> Togo et <strong>de</strong> Leba. Ces chefs <strong>de</strong> famille ont<br />
fait valoir qu ‘ils appartenaient au cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> antérieurement, l’avaient<br />
quitté à l’époque <strong>de</strong> la famine et désiraient y revenir définitivement (17).<br />
AVRIL<br />
Transports : Il a été fourni pour l’ensemble <strong>de</strong>s transports 1117 ânes. La peste<br />
bovine régnant dans la région, les bœufs porteurs n’ont pas circulé. 904 ânes ont été<br />
réquisitionnés pour le transport <strong>du</strong> coton a Mopti.<br />
Voici Epoque <strong>du</strong> travail dans les chrimps qui approche. Les indigènes désireraient<br />
qu’on les laissât à leurs travaux, mais il y a encore <strong>du</strong> coton et <strong>du</strong> kapok à trans<br />
porter à MO~& Pour ne pas avoir <strong>de</strong> transport à effectuer, beaucoup d’indigènes<br />
ven<strong>de</strong>nt leurs ânes dans les cercles <strong>du</strong> §oudat!. Des dioulas <strong>de</strong> Bamako viennent en<br />
acheter. Si ces ventes continuent, la question <strong>de</strong>s transports VQ <strong>de</strong>venir inquiétante.<br />
Une enquête va être faite pour déterminer le nombre d’animaux ven<strong>du</strong>s.<br />
,(17) A compter <strong>de</strong> 1925, les déplacements sont contrôlés attentivement. L’administration a<br />
besoin <strong>de</strong> main d’œuvre pour les prestations locales, la culture <strong>du</strong> coton, la récolte <strong>du</strong><br />
kapok, les transports, les chantiers <strong>de</strong> la colonie. Tout déplacement est consi<strong>de</strong>ré comme<br />
une tentative <strong>de</strong> fuite s’il n’a pas fait l’objet d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> laissez-passer, délivré par<br />
le Cercle. Il s’agit d’un formulaire (au nom <strong>de</strong> la République Française : Liberté-Egalité-<br />
Fraternité) sur lequel sont inscrits le nom <strong>du</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur, son lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce habituel,<br />
sa <strong>de</strong>stination, le nombre <strong>de</strong> personnes qui l’accompagne, le motif <strong>du</strong> déplacement. La<br />
mention «a payé l’impôt» est indispensable. Le détenteur <strong>du</strong> laissez-passer doit le faire<br />
viser à tous les <strong>poste</strong>s situés sur sa route (vu au passage <strong>de</strong> . . ...).<br />
L’institution <strong>du</strong> laissez-passer a pour corollaire l’interdiction <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong> circulation.<br />
Elle a été très vivement ressentie par les populations qui ont l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> se déplacer très<br />
souvent d’un village a l’autre, pour les cultures, les visites familiales, etc.. L’interdiction est<br />
absur<strong>de</strong> pour les éleveurs, mais ceux-ci sont plus difficiles à saisir.<br />
106
1925<br />
Conseil <strong>de</strong>s notables : Une séance a été tenue le 28 avril. Le conseil était invité à<br />
donner son avis, conformément aux instructions reçues par télégramme-lettre <strong>de</strong><br />
Monsieur le Gouverneur, sur le relèvement <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation, primi-<br />
tivement j?xé à 5fr. pour tous les indigènes <strong>de</strong> race Peul. Le taux <strong>de</strong> cet impôt<br />
pouvait-il être porté à 6 fi ? Le conseil a émis l’aveu qu’en effet, le taux pouvait<br />
en être porté à 4fr.<br />
Commerce : La campagne <strong>de</strong> coton est actuellement terminée. Les indigènes <strong>du</strong><br />
cercle ont ven<strong>du</strong> au commerce pendant la présente campagne : 26598 kilos <strong>de</strong><br />
coton égrené et 41053 kilos <strong>de</strong> coton non égrené (18).<br />
Pendant le mois, le commerçant syrien a acheté 14245 kilos <strong>de</strong> kapok.<br />
Elevage : La peste bovine continue à ravager les troupeaux : 739 bovidés sont décé-<br />
dés <strong>du</strong>rant ce mois. Les peu1 <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt que leurs troupeaux soient vaccinés.<br />
L ‘Administrateur ne peut que les encourager à la patience, mais pendant ce temps,<br />
l’épidémie fait <strong>de</strong>s progres.<br />
JUIN<br />
Main d’œuvre : 300 manœuvres ont été envoyés en Côte d’ivoire. Aucun inci<strong>de</strong>nt<br />
à signaler. Tous ont fait preuve <strong>de</strong> bonne volonté. Un certain nombre est parti<br />
volontairement.<br />
Cultures : Les pluies sont assez tardives. Dans <strong>de</strong> nombreuses régions, il a. fallu<br />
ensemencer plusieurs fois. Cependant, les indigènes ne per<strong>de</strong>nt pas espoir. Il leur<br />
a été recommandé d’entendre leurs cultures. Les chefs ont promis d’y veiller.<br />
Plantations : Des cailcédrats et <strong>de</strong>s manguiers ont été plantés aux alentours <strong>du</strong><br />
<strong>poste</strong>. Jusqu’ici les essais ont été faits dans ce sens mais n’ont guère donné <strong>de</strong><br />
résultats sur ce sol pauvre et caillouteux <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>. Les arbres poussent<br />
difficilement.<br />
Élevage : La peste bovine est en régression, comme chaque année au début <strong>de</strong><br />
l’hivernage. A signaler cependant pendant ce mois 366 décès. Au total, l’épizootie<br />
a fait jusqu ‘ici 3 093 victimes déclarées, 33 7 bœufs ont été vaccinés.<br />
Situation sanitaire : Des cas <strong>de</strong> rougeole et <strong>de</strong> variole sont signalés. Le mé<strong>de</strong>cin<br />
auxiliaire est en ce moment en tournée pour se renseigner sur place (19).<br />
(18) Les résultats sont bien inférieurs aux prévisions : 200 tonnes <strong>de</strong> coton brut ou 40 tonnes<br />
<strong>de</strong> coton égrené, mais sont tout <strong>de</strong> même fort éloquents pour une première campagne et<br />
témoignent <strong>de</strong> l’attention qui a été portée à cette pro<strong>du</strong>ction par les autorités.<br />
(19) Les mé<strong>de</strong>cins auxiliaires africains sont formés en quatre ans à l’École <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Dakar,<br />
après avoir suivi <strong>du</strong>rant quatre autres années l’enseignement <strong>de</strong> I’Pcole W. PONTY (Gorée,<br />
puis Sébikhotane, au Sénégal). La <strong>de</strong>rniÈre anncc <strong>de</strong> W. PONTY est une année <strong>de</strong> spéciali-<br />
sation avec trois branches : enseignement - administration et finances - mé<strong>de</strong>cine.<br />
107
1925<br />
JUILLET<br />
Cultures : Toutes les cultures sont compromises par la sécheresse. Dans certaines<br />
régions, on a été obligé d’ensemencer jusqu ‘à cinq fois <strong>de</strong> suite. Les indigènes<br />
commencent à désespérer.<br />
Élevage : L ‘épizootie, qui était en régression le mois <strong>de</strong>rnier, a progressé ce mois-ci.<br />
On a enregistré 688 décès en juillet.<br />
Recrutement :Depuis les <strong>de</strong>rnières opérations <strong>de</strong> recrutement, 29 bons absents (20)<br />
ont été reconnus aptes au service militaire et incorporés à Ouagadougou.<br />
Cultures : A une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sécheresse a succédé une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> pluies. Les cultures<br />
qui avaient réellement souffert le mois <strong>de</strong>rnier ont bel aspect. Les pluies tombent<br />
régulièrement.<br />
Élevage : 1.50 décès ont été enregistrés, occasionnés par la peste bovine.<br />
SEPTEMBRE<br />
Prestations : Les travaux d’entretien <strong>de</strong>s routes ont commencé et continueront le<br />
mois prochain. Rien <strong>de</strong> particulier à signaler.<br />
Questions religieuses : Un pasteur américain, venant <strong>de</strong> Mopti, est arrivé à<br />
<strong>Ouahigouya</strong> et a manifesté son intention <strong>de</strong> revenir dans six mois créer une mission<br />
dans le cercle (21).<br />
Cultures : Les pluies, qui étaient régulières tout le mois d’août, ont cessé en septem-<br />
bre. Les cultures ont souffert. Une récolte médiocre <strong>de</strong> mil est à prévoir.<br />
Élevage : La peste bovine et la péripneumonie ont contribué à faire <strong>de</strong>s victimes :<br />
828 décès pendant ce mois.<br />
(20) bons absents : jeunes gens inscrits sur le rôle <strong>de</strong> conscription, ayant omis <strong>de</strong> se présenter<br />
le jour <strong>du</strong> recrutement.<br />
(21) Dans le protocole <strong>du</strong> Traité <strong>de</strong> St-Germain (10 septembre 1919) qui réglait le sort <strong>de</strong>s<br />
colonies alleman<strong>de</strong>s, le probleme <strong>de</strong>s missions religieuses en Afrique a été posé par<br />
l’Angleterre et surtout les États-Unis. Les missions catholiques ont droit <strong>de</strong> cité dans les<br />
colonies et la France accepte l’installation en A.O.F. <strong>de</strong> missions protestantes américaines.<br />
108
1925<br />
OCTOBRE<br />
Prestations : Les différentes routes <strong>du</strong> cercle ont été remises en état. 50 000 journées<br />
environ ont été employées.<br />
Mouvements <strong>de</strong> population : 1200 jaunes gens, au moins, sont partis en Gold Coast<br />
cette année. Le plus grand nombre compte revenir. Certains, songeant au recrutement,<br />
ont préféré que les opérations aient lieu pendant leur absence. Ces départs<br />
ont été arrêtés grâce aux mesures prises aux frontières.<br />
I ’<br />
Cultures : La récolte <strong>de</strong> mil sera médiocre. Les champs <strong>de</strong> coton sont en excellent<br />
état (22).<br />
Transports : 1.5 ânes ont été réquisitionnés par <strong>de</strong>s particuliers pour effectuer <strong>de</strong>s<br />
transports (<strong>Ouahigouya</strong> - Mopti). 2 ânes ont été réquisitionnés pour le transport <strong>de</strong><br />
colis <strong>de</strong>stinés au Bataillon N” 6. Deux charrettes ont été louées pour le commerce.<br />
Un camion et une auto sdnt venus à <strong>Ouahigouya</strong> (23).<br />
NOVEMBRE<br />
Main d’œuvre : 400 manœuvres seront envoyés dans le courant <strong>du</strong> mois prochain sur<br />
les chantiers <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Côte d’ivoire, conformément aux ordres reçus <strong>du</strong><br />
chef-lieu (Ouagadougou).<br />
Cultures : Les indigènes rentrent la récolte <strong>de</strong> mil qui n’a pas été très abondante.<br />
rr roton est beau dans l’ensemble.<br />
RAPBORTANNUEL<br />
Démographie : Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> compte SUC européens dont- un hollandais<br />
(le fière coadjuteur <strong>de</strong> la mission <strong>de</strong> Bam j, tous <strong>de</strong> sexe masculin.<br />
En plus, quatre autres étrangers : <strong>de</strong>ux syriens et Monsieur M., pasteur américain<br />
et son épouse.<br />
(22) Remarquons l’empressement <strong>du</strong> commandant à signaler que l’essentiel est sauf.<br />
(23) Ces automobiles sont venues pour évacuer les pro<strong>du</strong>its. C’est la première fois et c’est un<br />
événement.<br />
19
192§<br />
Recrutement : Le recrutement <strong>de</strong> février <strong>de</strong>rnier a donné 389 recrues et 51 engagés<br />
volontaires. 352 jeunes gens ont été inscrits à la <strong>de</strong>uxième portion. Sur 6 158 convo-<br />
qués, 5423 répondirent à l’appel et furent examinés. Le chiffre <strong>de</strong>s bons absents<br />
s’élevait donc à 735 et, parmi eux, 46 ont été incorporés au cours <strong>de</strong> 1 knée...<br />
tirtographie :Es carte <strong>du</strong> cercle existe, à peu près complète.<br />
Routes et ponts : Une nouvelle route a été prévue <strong>de</strong> Tourcoing-Bam à Kaya paf<br />
Samtaba. Cette route d’une longueur <strong>de</strong> 30 km environ sera praticable dans quelque<br />
temps... 475 818 journées <strong>de</strong> prestations ont été nécessaires à l’entretien <strong>de</strong>s routes.<br />
Transports : Il a été fourni au commerce 4 806 ânes et 2.53 bœufs porteurs. Presque<br />
tous ces animaux sont employés au trajet <strong>Ouahigouya</strong>-Mopti et ouahigouya-<br />
Ouagadougou. Une vingtaine <strong>de</strong> pousseurs ont été employés par IAdministration,<br />
cent-vingt autres pour le commerce et cent trente porteurs ont servi au transport<br />
<strong>de</strong> charges isolées.<br />
Ces transports ont rapporté une somme <strong>de</strong> . ..(illisible)... aux indigènes qui, malgré<br />
cette rémunération, montrent une certaine kzssitu<strong>de</strong>, surtout lorsqu ‘il s iagit d’entre-<br />
prendre <strong>de</strong>s transports <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> pour Mopti. Une élévation <strong>de</strong>s tarifs <strong>de</strong>s trans-<br />
ports est envisagée mais il est à craindre que cette élévation n’incite guère les indi-<br />
gènes à fournir leurs animaux porteurs. Ils ven<strong>de</strong>nt leurs ânes pour ne plus avoir <strong>de</strong><br />
transport CE effectuer. Il faudra, dans un avenir assez rapproché, avoir recours rP<br />
d’autres moyens...<br />
impôt : L’impôt <strong>de</strong> capitation représente la principale source <strong>de</strong> revenus <strong>du</strong> cercle.<br />
Il a rapporté en 1924 : 933 925,50 fr. En 1925, on mrive au chiffre <strong>de</strong> 1824 739 Ji.<br />
En 1924, cet impôt rapportera 1824 670 fi:<br />
Il serait probablement possible, vu la facilité avec laquelle les indigènes s’acquittent<br />
<strong>de</strong> leurs charges fiscales, d kgmenter le taux pour 1 ‘année 192 7.<br />
En 1924, le projet <strong>de</strong> budget <strong>du</strong> cercle prévoyait pour 1925 1249 660 fr. <strong>de</strong> recettes<br />
et 286 711 <strong>de</strong> dépenses. L ‘excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s recettes serait donc <strong>de</strong> 960 000 fr en chiffres<br />
ronds. .<br />
Situation agricole : Les cultures ont été peu abondantes par suite <strong>du</strong> manque d’eau.<br />
Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> ne sera jamais exportateur <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées alimentaires. Dans<br />
les années d’abondance, les indigènes parviennent juste à se nounir.<br />
Divers : L Fcole régionale <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> qui compte 148 élèves n’a présenté aucun<br />
d’entre eux ni pour le certificat dWu<strong>de</strong>s, ni pour l’école professionnelle <strong>de</strong><br />
Ouagadougou... Pour inciter les chefs à envoyer leurs enfants à l’école, il leur a été<br />
déclaré qu’aucun membre <strong>de</strong> leur fami& ne serait appeler à leur succé<strong>de</strong>r s’il ne<br />
Pouvait justifier d’une certaine é<strong>du</strong>cation.<br />
110
1926 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
Main d ‘œuvre : Rien à signaler.<br />
Prestations : 6 000 prestataires ont travaillé ce mois à l’entretien <strong>de</strong>s routes.<br />
Levage :Rien à signaler.<br />
État sanitaire :Rien à signaler.<br />
JANVIER<br />
Cours <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> crû : Sans changement, sauf pour le mil : 0,20 fr le kilo (24).<br />
FÉVRIER<br />
Impôt : L’impôt <strong>de</strong> capitation rentre très bien. Une somme <strong>de</strong> 1 799 281 fr a été<br />
perçue. Reste seulement : 25289fr à percevoir. La taxe sur le bétail sera perçue<br />
prochainement.<br />
Main d’œuvre : Un représentant <strong>de</strong> la Société Anonyme <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Diakandapé<br />
(Soudan Français) a recruté 200 manœuvres dans le cercle. Rien <strong>de</strong> particulier à<br />
signaler sur ce sujet.<br />
Situation économique :Rien à signaler.<br />
Commerce : 4,178 kilos <strong>de</strong> coton égrené ont été ven<strong>du</strong>s à divers commerçants au<br />
prix <strong>de</strong> 6 flancs le kilo (25).<br />
Transports : Ainsi qu’il a été dit dans les précé<strong>de</strong>nts bulletins, le recrutement <strong>de</strong>s<br />
ânes <strong>de</strong>vient presque impossible. Les propriétaires ne se dérangent même plus ou<br />
envoient la plupart <strong>du</strong> temps (quand ils ont fourni <strong>de</strong>s animaux) <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong><br />
douze à quinze ans comme con<strong>du</strong>cteurs et parfois <strong>de</strong>s boiteux. Les propriétaires<br />
d’ânes voient arriver sans enthousiasme lzpoque où ils <strong>de</strong>vront transporter coton<br />
et kapok à Mopti.<br />
(24) Le prix <strong>du</strong> kilo <strong>de</strong> mil était <strong>de</strong> 0,lO fr en 1924. L’augmentation dès janvier est la consé-<br />
quence <strong>de</strong> la mauvaise récolte <strong>de</strong> 1925. Le prix va encore monter.<br />
A signaler, dans cerapport <strong>de</strong>janvier 1926, l’importation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux bicyclettes à 625 fr pièce,<br />
soit l’équivalent <strong>du</strong> prix <strong>de</strong> 100 kg <strong>de</strong> coton ou <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> trois tonnes <strong>de</strong> mil !<br />
(25) Le prix d’achat <strong>du</strong> coton enregistre une baisse <strong>de</strong> 1 fr par kilo. Après les encouragements<br />
à la pro<strong>du</strong>ction, en 1925, les commer9ants veulent se rattraper. Il en sera <strong>de</strong> même les<br />
annéessuivantes.<br />
111
1926<br />
MARS<br />
Impôt : L ‘impôt <strong>de</strong> capitation est complètement perçu. La taxe sur le bétail rentre<br />
normalement.<br />
Tournées : Le Commandant a effectué <strong>de</strong>ux tournées <strong>du</strong>rant le mois. L’une <strong>du</strong><br />
28 février au 3 mars? à Tourcoing-Bam, avec le chef <strong>du</strong> Service Zootechnique. Les<br />
indigènes ont paru comprendre l’intérêt qu’il y aurait pour eux à possé<strong>de</strong>r une race<br />
locale <strong>de</strong> moutons à laine par métissage. L ‘autre tournée a été effectuée sur La route<br />
<strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>-Dédougou où un pont doit etre établi.<br />
Situation économique : La foire a eu lieu le 1.5 mars. Avant la foire, 1.5 tonnes <strong>de</strong><br />
coton égrené avaient été livrées au commerce. La quantité <strong>de</strong> coton brut fournie par<br />
le cercle a été <strong>de</strong> 132 tonnes. La quantité <strong>de</strong> kapok ven<strong>du</strong>e a été <strong>de</strong> 2 600 kg.<br />
Prix <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its : Cheval : 600 fi - ânes : 150 fr - bczuf : 200 fr - mouton : 40 fr -<br />
chèvre : 3Ofr. Cotonna<strong>de</strong> : 7,50 le kilo - Coca : 15fr le kilo. Le prix <strong>du</strong> kilo <strong>de</strong><br />
mil est <strong>de</strong> 0,25 fr.<br />
Tramports .: 242 ânes ont été employés pour le transport <strong>de</strong> colis appartenant à<br />
l’Autorité militaire. 20 pousseurs employés par l’Autorité civile. Le commerce<br />
a employé 79 pousseurs et 68 ânes pour <strong>de</strong>s transports <strong>Ouahigouya</strong>-Mopti.<br />
AVIZIL<br />
Main d’œuvre : La compagnie <strong>de</strong>s Cultures Cotonnières <strong>du</strong> Niger a recruté 271 tra-<br />
vailleurs qui sont partis le 26 pour Diré. Dix <strong>de</strong> ces travailleurs ont .amené leurs<br />
femmes.<br />
JUIN<br />
Prestations : 1 000 journées ont été employées sur les diverses routes abimées par<br />
<strong>de</strong>s torna<strong>de</strong>s assez violentes.<br />
Cultures : Tous les indigènes sont occupés aux travaux <strong>de</strong>s champs. Les premières<br />
pluies ont été très abondantes.<br />
Commerce spécial : Importation pour la consommation <strong>du</strong> cercle : 104 moutons,<br />
5 tonnes<strong>de</strong> mil <strong>du</strong> Soudan, 10 tonnes <strong>de</strong> mil <strong>de</strong> Dédougou, 400 kg <strong>de</strong> poissons salés,<br />
200 kg <strong>de</strong> soumbara.<br />
112<br />
(C’est la première fois que dans la rubrique<br />
Commerce Spécial, une importation <strong>de</strong> mil<br />
est signalée, preuve certaine d’une pénurie<br />
<strong>de</strong> céréales dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.)
1926<br />
I?levage : La peste bovine règne sur plusieurs points <strong>du</strong> cercle. 1072 bovidés sont<br />
décédés <strong>de</strong>s suites <strong>de</strong> cette épizootie <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> l’année.<br />
JUILLET<br />
Main d’oeuvre : Conformément aux ordres reçus, 4.50 manœuvres ont été dirigés après<br />
visite médicale, sur Dédougou où, <strong>de</strong> nouveau, ils ont subi une <strong>de</strong>uxième visite.<br />
Après éliminations, 350 manœuvres ont été dirigés sur les chantiers <strong>du</strong> C.F.C.I.<br />
Cultures et Plantations : Les cultures sont belles dans tout le cercle. Les pluies sont<br />
abondantes. Dans h nuit <strong>du</strong> 10 au 11, une tempête a sévi sur tout le Yatenga. De<br />
nombreux arbres ont été déracinés. Les toitures en paille <strong>de</strong>s cases indigènes ont été<br />
enlevées dans beaucoup d’endroits.<br />
Importation pour h consommation <strong>du</strong> cercle : 3000 kg <strong>de</strong> mil <strong>du</strong> Soudan et<br />
7000 kg <strong>de</strong> Dédougou, 250 kg <strong>de</strong> poissons salés, 1.50 kg <strong>de</strong> tabac, 210 kg <strong>de</strong> CO&<br />
5 370 kg <strong>de</strong> sel, 200 kg <strong>de</strong> soumbara.<br />
AOÛT<br />
Recensement : SUC cantons ont été recensés nominativement pendant ce mois. Le<br />
recensement <strong>du</strong> bétail a été également fait. Une légère augmentation <strong>de</strong> le population<br />
a été constatée : 41424 imposables contre 38070, aux recensements précé<strong>de</strong>nts,<br />
soit, au taux <strong>de</strong> 7,00 j?, une augmentation d’impôt <strong>de</strong> 22 428 francs.<br />
Commerce Spécial : Importations : 2 tonnes <strong>de</strong> mil <strong>du</strong> Soudan, 10 tonnes <strong>de</strong> mil <strong>de</strong><br />
Dédougou, 200 kg <strong>de</strong> poissons mlés, 200 kg <strong>de</strong> tabac, 525 kg <strong>de</strong> cola, 5 250 kg <strong>de</strong><br />
sel. Le prix <strong>du</strong> mil est <strong>de</strong> 0,50 fi le kilogramme.<br />
SEPTEMBRE<br />
Recrutement : Au 31 août <strong>de</strong>rnier, 38 bons absents, retrouvés, avaient été<br />
incorporés à Ouagadougou. De nombreux bons absents sont signalés comme<br />
étant en Gold-Coast... Questionnés sur le lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> leurs jeunes gens,<br />
les chefs <strong>de</strong> famille répon<strong>de</strong>nt invariablement : Salaga (Gold-Coast). Il est à pré-<br />
sumer que dans quelques années, il faudra, avec la permission <strong>de</strong>s Anglais, aller<br />
faire le recrutement à Koumassie.<br />
Recensement : Sept cantons ont été recensés nominativement. en ce qui concerne<br />
les cinq premiers (lesrésultats<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers ne sont pas encore connus) la popu-<br />
lation totale passe <strong>de</strong> 39 816 à 46 171. La popubtion imposable passe <strong>de</strong> 36 652 à<br />
113
1926<br />
39 451, soit une augmentation <strong>de</strong> 2 799 imposables qui, au taux <strong>de</strong> 7,OO fi; donnera<br />
au prochain rôle d’impôt une augmentation <strong>de</strong> 19 593 fr.<br />
Commerce spécial : Importations : 1 cheval à 800 fr, 10 000 kg <strong>de</strong> mil <strong>de</strong> Dédougou,<br />
5 000 kg <strong>de</strong> mil <strong>du</strong> Soudan, 500 kg <strong>de</strong> poissons salés, 200 kg <strong>de</strong> soumbara, 915 kg <strong>de</strong><br />
cola, 4 105 kg <strong>de</strong> sel.<br />
Êtat <strong>de</strong>s cultures : La sécheresse se fait sentir dans toute l’éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> cercle. Le mil<br />
n’est pas encore arrivé à matu&é et, cependant, il sèche sur pied. Il faudrait<br />
encore quelques pluies, sinon la récolte est compromise. Dans certains villages<br />
<strong>de</strong> la ré@.on <strong>du</strong> Nord-Ouest, où le Commandant a effectué sa <strong>de</strong>rnière tournée,<br />
la récolte sera nulle.<br />
Elevage : La peste bovine sévit toujours. Depuis le début <strong>de</strong> l’ennée, elle a fait<br />
2 183 victimes déclarées.<br />
OCTOBRE<br />
Main d “oeuvre : A signaler un décès parmi les manœuvres embauchés par la Compagnie<br />
<strong>de</strong>s Cultures Cotonnières <strong>du</strong> Niger. Cinq manœuvres ont été licenciés par la §ociété<br />
Anonyme <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Diakandapé, à la suite <strong>de</strong> maladie. Cinquante manœuvres<br />
<strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> Côte d Yvoire ont été dirigés sur leurs foyers aprt% six mois <strong>de</strong> travail.<br />
Quatre manœuvres et une cuisinière ont été licenciés à -la suite <strong>de</strong> maladies (26).<br />
Prestations : Toutes les routes <strong>du</strong> Cercle ont été réfectionnées par la main d’œuvre<br />
prestataire. On peut évaluer à 300 000 les journées <strong>de</strong> prestations employées à cette<br />
réfection.<br />
Questions relï@uses : Le pasteur protestant <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est allé s’installer au<br />
petit village <strong>de</strong> Tilly à quelques kilomètres <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> et s’efforce <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />
a<strong>de</strong>ptes. Jusqu ‘ici, les résultats ont été négatifs.<br />
État <strong>de</strong>s cultures : Résultat très médiocre. On prévoit une année <strong>de</strong> disette. Le coton<br />
a beaucoup souffert <strong>de</strong> la sécheresse. Il est à craindre qu’une quantité minime,<br />
seulement, pourra être livrée au commerce.<br />
(26) Les femmes étaient parfois rccrul~cs pour accompagner Ics manœuvres <strong>de</strong>s chantiers publics.<br />
Cette mesure <strong>de</strong>viendra obligatoire cn 1928 ct il sera prescrit : une cuisinière pour vingt-cinq<br />
hommes. Elle nc sera pas toujours rcspcct&. II faut attendre 1932, avec 1~ création d’une Ins-<br />
pection <strong>du</strong> Travail ct dc la Main d’Oxvrc cn A.O.F. et, plusencore, 1936 (Inspection locale<br />
<strong>du</strong> travail, dans chaque cercle) pour que ces mesures soient appliquées normalement.<br />
114
1926<br />
NOVEMBRE<br />
Prestations : 10000 journées <strong>de</strong> prestations ont été employées à la réfection <strong>de</strong>s<br />
routes.<br />
Questions religieuses : Le pasteur protestant qui était allé s’installer au village <strong>de</strong><br />
Tilly est ravenu à <strong>Ouahigouya</strong>. Les ind&ènes ont montré aucun empressement<br />
à écouter sa parole.<br />
,??tat <strong>de</strong>s cultures :Presque pas <strong>de</strong> coton par suite <strong>de</strong> la sécheresse. Il en est <strong>de</strong> même<br />
pour le kapok, pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> cueillette. Les arbres ont souffert <strong>de</strong> la sécheresse.<br />
Main d ‘œuvre :Rien à s&naler.<br />
Prestations :Néant.<br />
DBCEMBRE<br />
Cours <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> crû : Aucun pro<strong>du</strong>it n ‘est offert au commerce, sauf le bétail.<br />
Ha été signalé, dans les précé<strong>de</strong>nts rapports, que les culturesavaient été peu brillantes.<br />
Revage : Au cours <strong>de</strong> l’année, la peste bovine a occasionné 2 318 décès déclarés.<br />
92 animaux sont morts <strong>de</strong> la péripneumonie contagieuse.<br />
État sanitaire : L’épidémie <strong>de</strong> variole, qui régnait le mOis <strong>de</strong>rnier à Djibo, a continué.<br />
Une partie <strong>de</strong> la population avait été vaccinée. Sur l’ordre <strong>de</strong> Monsieur le Chef <strong>du</strong><br />
Service <strong>de</strong> tinté, le mé<strong>de</strong>cin-auxiliaire et <strong>de</strong>ux vaccinateurs sont actuellement sur<br />
les lieux.<br />
RAPPORT ANNUEL<br />
Recensement 1. Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a compté pendant l’année 14 indivi<strong>du</strong>s <strong>de</strong><br />
race bkmche dont 11 français et 3 étrangers.<br />
Recensement numérique <strong>de</strong>s indigènes : Mossi, 252527 - Peul, 47855 - Fulcé,<br />
22 464 - Yarcé, 16 968 - Rimaibe, 14 992 - Marancé, 4 023 - Samo, 2 679 - Toucou-<br />
leurs (?), 283 - Laobé, 224 - Haoussa, 133 - Total : 362 148.<br />
Fétichistes, 282 786 - Musulmans, 79 352 - Catholiques, 10.<br />
Le recensement nominatif complet <strong>du</strong> cercle existe à l’heure actuelle. Les plus an-<br />
ciens recensements nominatifs datent <strong>de</strong> 1924. De cette fapon, les chiffres <strong>de</strong>s<br />
recensements se rapprochent <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> la réalité. Avec cinq agents recen-<br />
seurs et les instituteurs, pendant les vacances, ce résultat a été atteint.<br />
Comme chaque année, il faut signaler <strong>de</strong>s émigrations temporaùes dé jeunes gens :<br />
sans doute 1000 à 1500 jeunes ont quitté le Yatenga cette année.<br />
115
1926<br />
Organisation politique : Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> ne forme qu’une seule division<br />
administrative, la subdivision <strong>de</strong> Djibo n’ayant jamais fonctionné <strong>de</strong>puis son ratta-<br />
chement à <strong>Ouahigouya</strong>. Le cercle comprend :<br />
- l’État <strong>du</strong> Yatenga avec quatre provinces et 29 cantons,<br />
- l’État <strong>du</strong> Risiam avec un canton,<br />
- l’ancienne subdivision <strong>de</strong> Djibo qui compte trois cantons,<br />
- six groupements Fulbé et un canton formé par les Silmi-Mossi.<br />
Au point <strong>de</strong> vue <strong>du</strong> comman<strong>de</strong>ment indigène, aucune modification nouvelle n’a été<br />
apportée et aucune n’est prévue. Aucun chef n ‘a été l’objet <strong>de</strong> révocation.<br />
Le conseil <strong>de</strong>s notables a été réuni une fois dans l’année. Cette unique séance a été<br />
consacrée :<br />
- à l’examen <strong>de</strong> la question <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation. A l’unanimité, le<br />
conseil est d’avis que les autochtones et les Peu1 paient 7fr par tête ;<br />
- à l’examen <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s prestations. Le conseil <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que le nombre <strong>de</strong>s<br />
journées à imposer en 1927 reste futé à sept, que le taux <strong>du</strong> rachat soit porté à<br />
<strong>de</strong>ux francs par journée, que la ration journalière reste la même, soit un kilogram-<br />
me <strong>de</strong> mil et 15 grammes <strong>de</strong> sel et que Pin<strong>de</strong>mnité représentative <strong>de</strong> la ration reste<br />
fiée à 0,30 fi (27) ;<br />
- à l’examen <strong>de</strong> la question <strong>du</strong> taux <strong>de</strong>s patentes. Le conseil estime qu ‘il pourra être<br />
doublé ;<br />
- à 1 ‘examen <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> place sur le marché. Le conseil estime qu ‘ils<br />
pourront être doublés ;<br />
- à l’examen <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la taxe sur le bétail. Le conseil estime qu ‘elle pourra<br />
être doublée ;<br />
- à l’examen <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s puits. Les chefs seront invités à faire creuser <strong>de</strong>s<br />
puits là où il n’en existe pas.<br />
Fonctionnement <strong>du</strong> Service Administratif : Le service au chef-lieu est assuré par :<br />
- 1;ldministrateur Commandant le cercle ;<br />
- un Administrateur-Adjoint <strong>de</strong>s Colonies, adjoint au Commandant <strong>de</strong> cercle,<br />
Agent spécial et en même temps prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Tribunal <strong>de</strong> ler <strong>de</strong>gré jugeant au<br />
Correctionnel, régisseur <strong>de</strong> la prison, charge’ <strong>de</strong>s observations météorologiques ;<br />
- une dame employée ;<br />
- un sergent hors-cadres charge <strong>du</strong> service <strong>de</strong>s pensions et <strong>du</strong> recrutement ;<br />
(27) Ces précisions n’ont <strong>de</strong> valeur que sur le papier. Les prestataires ne touchaient pas 0,30 fr<br />
par jour <strong>de</strong> travail, mais une somme globale était donnée aux chefs <strong>de</strong> village <strong>de</strong> qui ils<br />
dépendaient. Ces <strong>de</strong>rniers disposaient <strong>de</strong> l’argent comme bon leur semblait. Par contre,<br />
il est plus probable qu’un prestataire refusant le travail <strong>de</strong>vait effectivement payer 2 fr par<br />
jour <strong>de</strong> travail non accompli. En supposant qu’il refuse la totalité <strong>de</strong> sa prestation (7 jours<br />
par an), il <strong>de</strong>vait payer un rachat dont le montant était <strong>du</strong> double <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> son impôt<br />
personnel.<br />
A titre <strong>de</strong> comparaison, un manoeuvre <strong>de</strong>s chantiers publics recevait en 1928 un salaire <strong>de</strong><br />
2 fr à 2,SO fr par jour.<br />
117
1926<br />
- un expéditionnaire chargé <strong>du</strong> secrétariat administratif et <strong>du</strong> secrétariat <strong>du</strong> Tr?bunal<br />
<strong>de</strong> 1 er <strong>de</strong>gré pour les affaires civiles ;<br />
- un écn.vain inter-prête ;<br />
- un interprête-titulaire <strong>de</strong> Ière classe ;<br />
- un interprête à titre temporaire.<br />
Pendant l’année, le Commandant <strong>de</strong> cercle s’est déplacé 98 jours . 28 consacrés au<br />
recensement, 19 dans <strong>de</strong>s buts économiques, 13 dans <strong>de</strong>s buts politiques et 38 dans<br />
<strong>de</strong>s buts économiques et politiques. Par ailleurs, 163 journées ont été consacrées par<br />
les instituteurs aux recensements.<br />
Justice indi&ke : Les tribunaux <strong>du</strong> ler <strong>de</strong>gré fonctionnent les mardi et samedi <strong>de</strong><br />
chaque semaine, la matinée étant en pnmcipe consacrée aux affaires correctionnelles<br />
et la soirée réservée aux affaires civiles. Le tribunal <strong>du</strong> 2e <strong>de</strong>gré siège le premier et le<br />
troisième jeudi: <strong>de</strong> chaque mois... L Adjoint au Commandant <strong>de</strong> cercle, prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong><br />
Tribunal <strong>de</strong> ler <strong>de</strong>gré au correctionnel et le Commandant, prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Tribunal <strong>du</strong><br />
2e <strong>de</strong>gré, rédigent eux-mêmes les jugements ren<strong>du</strong>s respectivement par ces <strong>de</strong>ux<br />
juridictions... Au total, il a été infligé par les juridictions correctionnelles et crimi-<br />
nelles : 72 ans et 10 mois <strong>de</strong> prison et <strong>de</strong>ux condamnations à l’emprisonnement<br />
perpétuel.<br />
L ahrnentation et lhygiène <strong>de</strong>s détenus n ‘appellent aucune observation. Il y a eu,<br />
au cours <strong>de</strong> l’année, quatre décès dans la prison <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />
Recrutement. &l- Affaires militaires :Le recrutement <strong>de</strong> 1926 a donné : 354 hommes<br />
dont 9 engagés volontaires: 262 jeunes gens ont été inscrits à la <strong>de</strong>uxième portion.<br />
Sur 3 763 convoqués, 3 113 répondirent à 1 àppel et jurent examines.<br />
Transports : Il a été employé au cours <strong>de</strong> 1 ‘année :<br />
- 720 ânes tous réquisitionnés pour le transport <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> à Ouagadougou <strong>de</strong><br />
charges ‘<strong>de</strong>stiilées à l’Autorité militaire ;<br />
- 50 pousseurs’<strong>de</strong> charrettes ont été employés par 1 ‘Administration civile ;<br />
- 120 porteurs,ont servi au transport <strong>du</strong> courrier’ postal et <strong>de</strong> charges isolées.<br />
Pour le transport <strong>de</strong>s particuliers, il a été employé 1234 ânes et 1 119 pousseurs <strong>de</strong><br />
charrettes. Ces.charrettes ont été louées à 1’Administration selon les tarifs officiels...<br />
Au total, 193 tonnes ont @té transportées entre Mopti et Ouagadougou.<br />
Prestations : 474215 journées <strong>de</strong> prestations étaient prévues au rôle. 319 000 ont<br />
été employées.<br />
Main d kuvre : Sont partis <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> au cours <strong>de</strong> l’année :<br />
- 200 manoeuvres embauchés par la Société Anonyme <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Diakandapé.<br />
Parmi ces manœuvres, huit sont décédés. Ces décès seraient <strong>du</strong>s à une épidémie<br />
d kmkylostorniase ;<br />
- 271 manœulres embauchés par la Compagnie <strong>de</strong> Culture Cotonnière <strong>du</strong> Niger.<br />
A signaler quatre <strong>de</strong>cès parmi ces manceuvres ;<br />
- 50 manœeuvres embauchés par IV? D., planteur à Diamon (cercle <strong>de</strong> Kayes). Aucun<br />
décès n ‘a @té signale parmi cette épipe ;<br />
- 400 manccuvres ont été dirigés sur le Chemin <strong>de</strong> Fer dc la Cote d’ivoire. Deux<br />
décès sont à signaler
1926<br />
Les cas <strong>de</strong> désertion sont relativement rares. Cependant, ces manœuvres, <strong>de</strong> retour<br />
dans leurs foyers, ne semblent pas avoir gardé un excellent souvenir <strong>de</strong> leur séjour<br />
sur les chantiers.<br />
Situation financière : L ‘impot a rapporté... en 1926 : 1824 6 70 fi. En 192 7, il rap-<br />
portera : 2 197223fi.<br />
Pour 1926, le projet <strong>de</strong> budget prévoyait : 1664 101 fr <strong>de</strong> recettes et 283583,80 fr<br />
<strong>de</strong> dépenses. Pour 1927, le projet <strong>de</strong> budget est : 2360275 fi <strong>de</strong> recettes et<br />
386 660 <strong>de</strong> dépenses.<br />
Situation économique et agricole : Les cultures vivrières ont été peu abondantes<br />
par suite <strong>du</strong> manque d’eau. Les indigènes s’apprêtent à aller s’approvisionner dans<br />
la subdivision <strong>de</strong> Tougan où la récolte aurait été meilleure. Ils ven<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> bétail<br />
pour acheter <strong>du</strong> mil.<br />
Seuls les missionnaires <strong>de</strong> Tourcoing-Bam s’occupent <strong>de</strong> la culture <strong>du</strong> blé. Aucune<br />
culture maraîchère en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s jardins <strong>de</strong>s européens.<br />
Au cours <strong>de</strong> cette année, il a été fourni : 132 tonnes <strong>de</strong> coton et 52 tonnes <strong>de</strong><br />
kapok. Pour la campagne prochaine, il ne faut pas compter sur le coton, la récolte<br />
ayant été presque nulle. La cueillette <strong>du</strong> kapok paraît ne <strong>de</strong>voir être guère abondante<br />
pour le même motif Une vingtaine <strong>de</strong> tonnes probablement pourront être livrées<br />
au commerce.<br />
Élevage : On peut évaluer l’importance <strong>du</strong> cheptel aux chiffres suivants :<br />
bœufs 113848 moutons 90 222<br />
chevaux 19220 chèvres 172169<br />
ânes 14 303 porcs 176<br />
Pen+mt l’année, seuls les bovidés ont eu à souffir d’épizooties. Si l’on tient compte<br />
<strong>de</strong> la valeur moyenne <strong>de</strong>s animaux, la perte subie a été <strong>de</strong>. 843500 francs (28).<br />
3 185 vaccinations ont été faites contre la peste bovine.<br />
Commerce : Exportations <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> cercle: 3 106 bœufs, 354âneq 3 6 79 mou-<br />
tons, 872 chèvres, 10850 kg <strong>de</strong> peaux, 15500 kg <strong>de</strong> coton égrené, 12 000 kg <strong>de</strong><br />
cotonna<strong>de</strong>s indigènes, 52 000 kg <strong>de</strong> kapok, 3 000 fers <strong>de</strong> houes.<br />
Importations pour h consommation <strong>du</strong> cercle : 3 chevaux, 116 moutons, 62 tonnes<br />
<strong>de</strong> mil, 2350 kg <strong>de</strong> soumbara, 1950 kg <strong>de</strong> tabac, 1600 kg <strong>de</strong> poissons secs,<br />
6 315 kg <strong>de</strong> cola, 120 620 kg <strong>de</strong> sel, 200 kg d’oignons.<br />
Transit : 14 chevaux, 14 714 bœufs, 114 moutons, 97 chèvres, 690 kg <strong>de</strong> poissons<br />
secs, 89 162 kg <strong>de</strong> cola, 343 170 kg <strong>de</strong> sel, 680 kg <strong>de</strong> piments, 2 400 kg <strong>de</strong> peaux,<br />
9 000 kg <strong>de</strong> coton égrené, 7500 kg <strong>de</strong> kapok.<br />
Le cercle compte <strong>de</strong>ux établissements commerciaux ; l’un appartenant aux établis-<br />
sements Maure1 et Prom ; l’autre.appartenant à la maison Attya, <strong>de</strong> Mopti. Ces <strong>de</strong>ux<br />
établissements sont gérés par <strong>de</strong>s indigènes. Leur gros effort porte sur les achats <strong>de</strong><br />
coton et <strong>de</strong> kapok.<br />
(28) Soit près <strong>de</strong> la moitié <strong>du</strong> montant total <strong>de</strong> l’impôt 1926. Encore ne s’agit-il que <strong>de</strong>s décès<br />
déclarés à l’administration.<br />
119
1926<br />
Les marchés <strong>du</strong> cercle ne sont guère importants. Cependant, ils sont plus ~Wquerttés<br />
que par le passé. ,En effet, en 19.24, les recettes étaient <strong>de</strong> 13 859,85 fr. Elles étaient<br />
<strong>de</strong> 19 017,15 en b9.25 et elles sont <strong>de</strong> 20 128,86 cette année.<br />
150 000 fr <strong>de</strong> jetons et <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> nickel ont été mis en circulation l’an <strong>de</strong>rnier.<br />
Cette année, 90iOO0 j?. Il faudrait davantage. Les cauris circulent toujours et sont<br />
beaucoup plus appréciés que notre monnaie.<br />
La foire-concours a eu lieu le 24 décembre. Les indigènes y avaient amené <strong>de</strong>s ani-<br />
maux <strong>de</strong> choix et <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> sol. Aucune transaction n ‘eut lieu sur le betail.<br />
Minéralogie :Aucune prospection n ‘a été faite dans le courant <strong>de</strong> 1 ‘année. En <strong>de</strong>hors<br />
<strong>du</strong> minerai <strong>de</strong> fek et <strong>du</strong> kaolin, aucun gisement <strong>de</strong> quelque nature n ‘a été observé.<br />
État sanitaire :Il a été bon, au cours <strong>de</strong> l’année, tant chez les européens que chez les<br />
indigènes. Des cas <strong>de</strong> variole et <strong>de</strong> grippe ont été signalés. Des épidémies ont été<br />
enrayëes assez vite. 26199 vaccinations ont été pratiquées, 220 accouchements<br />
ont été pratiques par la suge-femme, soit à la maternité, soit en ville, au lieu <strong>de</strong><br />
149 l’an <strong>de</strong>rnier? Au dispensaire, 7465 mala<strong>de</strong>s se sont présentés contre 5 154 1 ‘an<br />
<strong>de</strong>rnier. 35 764 consultations y ont été données contre 20294 pendant l’année<br />
<strong>de</strong>rnière.<br />
Des conférences médicales ont été faites à la population par le mé<strong>de</strong>cin auxiliaire.<br />
Il y a et@ traité <strong>de</strong> l’hygiène corporelle, vestimentaire, alimentaire, <strong>de</strong> l’habitat, etc..<br />
La sage femme ‘donne <strong>de</strong>s soins aux nouveaux-nés et <strong>de</strong>s conseils aux mères. Les<br />
indigènes viennent sans pression recevoir <strong>de</strong>s soins au dispensaire. II en est <strong>de</strong> meme<br />
pour les femmes qui viennent accoucher à la maternité.<br />
Divers : L ëcole régionale <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, qui compte 268 élèves.... a eu cinq recus<br />
au certificat d ‘@<strong>de</strong>s primaires. Trois éh?ves ont et& admis à l’école primaire supe-<br />
rieure <strong>de</strong> Ouagadougou.<br />
12.0
1927 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
JANVIER<br />
Main d’œuvre : 350 manœuvres ont été dirigés sur les chantiers <strong>du</strong> chemin <strong>de</strong> fer<br />
<strong>de</strong> Côte d Ivoire.<br />
Impôt : 395218fr ont été perçus.<br />
Impôt : 1758 133 fr ont été perçus.<br />
FÉVRIER<br />
Main d’oeuvre : 229 manœuvres engagés par la Compagnie Cotonnière <strong>du</strong> Niger ont<br />
été envoyés le huit <strong>du</strong> mois courant sur Diré, via Mopti.<br />
Élevage : La peste bovine règne toujours dans certaines régions, sans faire <strong>de</strong> grands<br />
progrès. En janvier et février, 764 décès ont été enregistrés.<br />
MARS<br />
Main d’œuvre : La Société Anonyme <strong>de</strong> Cultures <strong>de</strong> Diakandapé rappatrie P60 ma-<br />
nœuvres en fin <strong>de</strong> contrat. Deux décès sont à signaler.<br />
Importations pour la consommation <strong>du</strong> cercle : 10 000 kg <strong>de</strong> mil à 0,3Ofr, <strong>de</strong><br />
Dédougou, 100 kg <strong>de</strong> soumbara, 200 kg <strong>de</strong> tabac, 500 kg <strong>de</strong> cola, 9 840 kg <strong>de</strong> sel...<br />
Commerce : 8974 kilos <strong>de</strong> kapok ont été livrés au commerce à raison <strong>de</strong> I, 75fi le<br />
kilogramme.<br />
&evage : La peste bovine règne un peu partout. Pendant ce mois, cette épizootie<br />
a fait 928 victimes.<br />
État sanitaire : Quelques cas <strong>de</strong> variole ont été signalés dans le canton <strong>de</strong> Roba. Le<br />
vaccinateur vient <strong>de</strong> pratiquer mille vaccinations dans la région.<br />
121
1927<br />
AVRIL<br />
Main d%euvre : Ce mois, onf été recrutés : 200 hommes pour la Société <strong>de</strong>s Cultures<br />
<strong>de</strong> Diakandapé ; 200 par la Compagnie <strong>de</strong> Culture Cotonnière <strong>du</strong> Niger.<br />
Questions religiqses : Une trentaine d’indigènes ont été baptisés à la Mission <strong>de</strong><br />
Tourcoing-Bam, pendant les fêtes <strong>de</strong> Pâques.<br />
Le pasteur améiicain, qui était installé à <strong>Ouahigouya</strong>, est parti pour le Canada.<br />
ll a déclaré avoir I?ntention <strong>de</strong> revenir dans six mois.<br />
Importations pour lor consommation <strong>du</strong> cercle :Poissons secs : 150 kg, Mil : 40 ton-<br />
nes <strong>de</strong> Tougan, soumbara : 250 kg, tabac : 150 kg,..<br />
Commerce : Au cours <strong>du</strong> mois, les indigènes ont livré au commerce : 60 kg <strong>de</strong> cire -<br />
953 kg <strong>de</strong> coton égrené - 4 000 kg <strong>de</strong> coton brut - 15 432 kg <strong>de</strong> kapok. Les kapo-<br />
kiers ont eu à souffir <strong>de</strong> la sécheresse et il est à prévoir que le cercle ne fournira<br />
guère plus <strong>de</strong> 25 tonnes <strong>de</strong> kapok’cette année.<br />
Cultures : Les indigènes cultivent <strong>de</strong>ux variétés d’indigofères : l’une qui aurait été<br />
importée <strong>de</strong> G’old Coast. Cet arbrisseau ne dépasse pas un mètre <strong>de</strong> hauteur et la<br />
cueillette est tri-annuelle quand l’hivernage est pluvieux et annuelle en hivernage<br />
moyen. L’autre variété atteint 0,50 m <strong>de</strong> hauteur et paraît être 1Tndigo fera pauei-<br />
folia : La culture <strong>de</strong>s indigofères est peu éten<strong>du</strong>e au Yatenga. Elle est susceptible<br />
d’extension (29).<br />
Événements en dours : Les populations sont bien en main. Aussi, aucun événement<br />
n’est actuellement à signaler au point <strong>de</strong> vue politique.<br />
La saison <strong>de</strong>s Cul;tures commence et les indigènes s’adonnent avec beaucoup d’ar<strong>de</strong>ur<br />
aux travaux <strong>de</strong>s champs. La <strong>de</strong>rnière campagne agricole a été dans l’ensemble peu<br />
satisfaiiscrnte et &z quantité <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its récoltés permetpa tout juste d’attendre les<br />
prochaines récoltes.<br />
Situation éconotnique : Les surfaces ensemencées en coton seront plus importantes<br />
que celles <strong>de</strong> l?mnée <strong>de</strong>rnière et <strong>de</strong> nombreux lougans seront aménagés pour la<br />
culture <strong>de</strong> l’indigo. Des ordres ont été donnés pour la création <strong>de</strong> pépinières <strong>de</strong><br />
kapokiers.<br />
L%evage : Dtiprès le rapport mensuel <strong>de</strong> l’injïrmier-vétérinaire, la peste bovine aurait<br />
fuit jusqu ‘a ce jour 3 700 victimes.<br />
(29) Une quarantaine <strong>de</strong> genres définissent Izzdigofera. Indigofera tinctoria sq. était utilisé<br />
traditionnellement pour la teinture <strong>de</strong>s toiles <strong>de</strong> coton.<br />
122<br />
MAI
1927<br />
Situation sanitaire :Je me permets <strong>de</strong> signaler que les envois <strong>de</strong> vaccins sont trop<br />
irréguliers. Il est <strong>de</strong> toute nécessité que le cercle soit pourvu mensuellement d’une<br />
quantité <strong>de</strong> vaccin suffisante pour que la vaccination <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong>vienne<br />
effective.<br />
La situation sanitaire <strong>de</strong>s européens est bonne.<br />
JUIN<br />
Main d’œuvre : 2.56 manœuvres recrutés pour la Ciconnic et 49 manosuvres embau-<br />
chés par les Plantarians <strong>de</strong> Diakandapé ont été rapatriës en fin <strong>de</strong> contrat. Le recru-<br />
tement <strong>de</strong> 3.50 manoeuvres pour les chantiers <strong>du</strong> chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Cote d’ivoire<br />
est en cours.<br />
Eiténements swvenus : L *Administrateur en Chef <strong>de</strong>s Colonies, Chef <strong>du</strong> Service <strong>de</strong>s<br />
Textiles .est venu à <strong>Ouahigouya</strong> le 2 juin et a fait à <strong>de</strong> nombreux chefs et notables<br />
réunis à cet effet, une palabre au sujet <strong>de</strong> l’intensification <strong>de</strong> la culture <strong>du</strong> coton.<br />
(Les rapports politiques mensuels manquent<br />
pour les mois <strong>de</strong> juillet à novembre 1927)<br />
DÉCEMBRE<br />
(original très détérioré)<br />
Événements survenus : R est à signaler <strong>de</strong>s cas d’insubordination dans les cantons <strong>de</strong><br />
Kossouka et <strong>de</strong> Rambo. Des indigènes refusent d’obéir à leurs chefs... Si cet esprit<br />
d’insubordination continue à prendre <strong>de</strong> l’extension, il est à craindre que dans un<br />
temps plus ou moins éloigné, nous fussions obligés <strong>de</strong> réagir par les armes, pour<br />
enrayer ces effervescences...<br />
Chefs indigènes : Les chefs per<strong>de</strong>nt énormément <strong>de</strong> leur autorité. Les indigènes, en<br />
petit nombre il est vrai, mais qui augmente journellement, saffianchissent <strong>de</strong> plus<br />
en plus <strong>de</strong> leur dépendance à 1 ‘égard <strong>de</strong> leurs chefs. Ils ne veulent plus obéir et<br />
reconnaître leur autorité. Il y a là un grand danger pour le Comman<strong>de</strong>ment indi-<br />
gène, or nous ne pouvons pas nous dispenser <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier tant que l’effectif <strong>du</strong><br />
personnel européen <strong>de</strong> Z’Administration ne sera pas en nombre suffisant...<br />
Prestations et travaux en cours : Les travaux effectués par les prestataires touchent<br />
à leur fin. ll ne reste plus que le débroussement <strong>de</strong> la piste <strong>Ouahigouya</strong>-Djibo qui<br />
sera exécuté dans les premiers jours <strong>de</strong> janvier.<br />
Le garage <strong>de</strong> l’auto <strong>du</strong> cercle est terminé... Un petit magasin indépendant a été<br />
co.nstruit pour entreposer les caisses d’essence... (30).<br />
(30) Signe que les autorités viennent <strong>de</strong> recevoir leur premier véhicule <strong>de</strong> service.<br />
123
1927<br />
Situation économique : Les indigènes n’ont pas complètement terminé <strong>de</strong> rentrer<br />
leurs récoltes. L?si mettent >une grun<strong>de</strong> nonchulence à effectuer ce travail et ce dans<br />
le but <strong>de</strong> se soustraire le plus possible à l’accomplissement <strong>de</strong>s charges fiscales<br />
auxquelles ils sont contraints.<br />
Elevage : Les peu1 viennent assez régulièrement pour rendre compte <strong>de</strong> l’évolution<br />
<strong>de</strong>s épizooties qui ne cessent <strong>de</strong> sévir dans quelques cantons. Les infinniers-<br />
vétérinaires ne peuvent vacciner les animaux faute <strong>de</strong> sérum et <strong>de</strong> médicaments<br />
nécessaires au traitement, malgré les réclamations <strong>de</strong> leurs rapports mensuels.<br />
Les peu1 pratiqu,ent la vaccination selon leurs coutumes...<br />
’ Démographie : ReCenSement numérique <strong>de</strong>s indigènes<br />
RAPPORT ANNUEL<br />
(original très détérioré)<br />
Mossi 247605 Marancé et Songhaï 3351<br />
Peu1 49 682 Samo 2 346<br />
Fulcé 29 851 Toucouleurs (?) 248<br />
Yarcé 20 431 Laobé (?) 346<br />
Rimaibe 170.55 Haoussa 128 Total : 371043<br />
Les émigrations temporaires en Gold Coast, dans les colonies <strong>du</strong> groupe (AOF) et<br />
&ns les autres cercles <strong>de</strong> la Colonie ne peuvent être évaluées; aucun contrôle ne<br />
pouvant être tenu. Les indigènes ne viennent pas au Cercle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> laissez-<br />
passer. Ces départs s’effectuent après les récoltes pour ainsi s’esquiver au recense-<br />
ment, au recrutement <strong>de</strong> l’armée, aux prestations et aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> manœuvres...<br />
Justice indigène : Au total, il a été infligé par les juridictions correctionnelle et cri-<br />
minelle : 156 ans et <strong>de</strong>ux mois d’emprisonnement, en 192 7.<br />
Indiginat : Il n ‘a été usé que très modérément <strong>de</strong> punitions à ce titre pendant les<br />
neuf premiers m:ois <strong>de</strong> lannée. Le quatrième trimestre a marqué une pério<strong>de</strong> où il<br />
a fallu réag*r sur le mauvais vouloir <strong>de</strong> certains chefs <strong>de</strong> village et <strong>de</strong> quartier, qui<br />
ont fait preuve d’indifférence ou <strong>de</strong> refis <strong>de</strong> fournir les prestations au moment <strong>de</strong><br />
la réfection <strong>de</strong>si routes. Le nombre total <strong>de</strong> jours <strong>de</strong> prison, infhgés au titre <strong>de</strong><br />
l’indigénat, est <strong>de</strong> 1215.<br />
Recrutement : Le recrutement <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> janvier a donné 3.50 recrues dont 27 engagés<br />
volontaires pour quatre ans ; huit pour cinq ans ; six pour SI?X ans. 579 jeunes<br />
gens ont été inscrits à la <strong>de</strong>uxième portion <strong>du</strong> contingent. Sur 4401 convoqués,<br />
3901 furent examinés... Il y a eu 301 bons absents, parmi lesquels 92 ont été<br />
retrouvés et envoyés à Ouagadougou.<br />
124
192’<br />
Transports : Ils sont assurés au moyen <strong>de</strong>s ânes loués aux indigènes et <strong>de</strong> charrettes<br />
à bras appartenant à PAdministration et exceptionnellement au moyen <strong>de</strong> porteurs.<br />
Tous ces moyens <strong>de</strong> transport ont tendance à disparaître petit à petit. La plus<br />
gran<strong>de</strong> partie s’effectue par <strong>de</strong>s camions et <strong>de</strong>s camionnettes. Il est temps que ce<br />
mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> locomotion se généralise car les indtgènes se lassent <strong>de</strong> voir qu ‘on réquisi-<br />
tionne leurs ânes surtout lorsqu’il s’agit d’entreprendre <strong>de</strong>s transports sur Mopti.<br />
Pour les encourager à louer leurs animaux, il leur a été promis qu ‘ils n’effectueraient<br />
plus le trajet que jusqu’à Kani-Kombolé, au pied <strong>de</strong> la falaise <strong>de</strong> Bandiagara.<br />
Les propriétaires <strong>de</strong>s ânes ont une tendance marquée à vendre leurs animaux pour<br />
n’avoir plus <strong>de</strong> transport à assurer. Par suite <strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong> ce moyen <strong>de</strong> trams<br />
port, il faudra que les Maisons <strong>de</strong> commerce, qui, jusqu ,à présent, ont compté sur<br />
1,Administration pour leur procurer <strong>de</strong>s animaux porteurs, songent à s’organiser<br />
différemment.<br />
.<br />
Main d ‘œuvre :Il est parti <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> :<br />
- 700 manœuvres en <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> 350 (en janvier et en juillet 1927), recrutés<br />
pour le Chemin <strong>de</strong> fer. Ces manœuvres <strong>de</strong> retour dans leurs villages ne semblent<br />
pas avoir gardé un excellent souvenir <strong>de</strong> leur séjour sur les chantiers.<br />
- 200 manœuvres embauchés par la Société Anonyme <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Diah-andapé<br />
en avril 19.2 7. Sur ce lot, il fau t signaler : 16 décès et 6 évasions.<br />
- 229 manœuvres ont été engagés par la Compagnie <strong>de</strong>s Cultures Cotonnières <strong>du</strong><br />
Niger. D’après les lettres reçues, il y a eu 12 décès et 23 désertions. 257 ont été<br />
rapatries.<br />
Les décès survenus et les désertions qui se sont pro<strong>du</strong>ites démontrent suffisamment<br />
la façon dont peuvent être traités les travailleurs originaires <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>.<br />
L’enquête faite à ce sujet par un Inspecteur <strong>de</strong>s Affaires Administratives <strong>du</strong> Soudan<br />
Français fait nettement ressortir qu ‘en général, les travailleurs sont mal nourris, mal<br />
logés et les soins médicaux insuffisants.<br />
Aucun <strong>de</strong>s indigènes rapatriës ne s’est présenté au Cercle pour tenir lüdministrateur<br />
au courant <strong>de</strong> ce qui se passe dans ces sociétés...<br />
Questions religieuses : Le cercle compte 43 écoles coraniques avec 300 élèves environ.<br />
Depuis 1902 à ce jour, cinquante indivi<strong>du</strong>s sont allés à La Mecque et en sont revenus<br />
avec bien peu <strong>de</strong> connaissance sur 1 ‘Islamisme. Sur ce nombre, un seul mossi a fait<br />
le voyage. D’après les renseignements <strong>recueil</strong>lis, il paraîtrait que certains n ‘effectuent<br />
pas le voyage complet. Ils s’en reviennent et disent avoir été à La Mecque.<br />
La mission catholique <strong>de</strong>s Pères Blancs, installée à Tourcoing-Bam n ,a fait que très<br />
peu <strong>de</strong> convertis. Il y aurait tout au plus 80 catholiques et 280 catéchumènes.<br />
Le pasteur protestant américain, malgré son zèle, n ,a obtenu aucun résultat.<br />
Situation financière : La perception <strong>de</strong>s contributions sur rôle s’effectue dans le<br />
courant <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> janvier. Kit 1927, les impôts ont rapporté : 2 543 826 francs:<br />
Le projet <strong>de</strong> budget <strong>du</strong> cercle pour 1927 s Wevait en recettes à 2 752 120 fr et en<br />
dépènses à 432488fr. Mais <strong>de</strong> nombreuses prévisions <strong>de</strong> dépenses, notamment en<br />
personnel, sont loin d’avoir été dépensées... Il est permis d’estimer à un maximum<br />
<strong>de</strong> 300 000 fr environ l’entretien annuel <strong>de</strong> la circonscription.
1927<br />
11 en résulte que I’Administration <strong>du</strong> cercle se tra<strong>du</strong>irait pour l’année écoulée par<br />
un excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> recettes <strong>de</strong> 2500 000 fr. Cette situation ne peut que s’améliorer<br />
dans les années à venir ; les recettes marquant chaque année une plus-value sensible,<br />
tandis que les dépenses accusent une progression moins rapi<strong>de</strong> (31).<br />
Situation économique et agricole :Les cultures vivrières ont fait défaut les neuf pre-<br />
miers mois <strong>de</strong> Pannée, par suite <strong>du</strong> manque d’eau pendant l’hivernage précé<strong>de</strong>nt. La<br />
disette s’est fait sentir, mais il n y a pas eu <strong>de</strong> famine à proprement parler. ’<br />
Les indigènes allàient vendre les quelques biens dont ils disposaient afin d’acheter<br />
<strong>du</strong> mil dans les fercles voisins, notamment dans la subdivision <strong>de</strong> Tougan. Le mil<br />
s’est ven<strong>du</strong> jusqu ià 1’30 le kilo sur la place <strong>du</strong> marché.<br />
Fort heureusement la saison <strong>de</strong>s pluies <strong>de</strong> cette année est venue remédier à cette<br />
situation qui <strong>de</strong>venait critique. Les pluies abondantes et régulières ont autorisé le<br />
maïs à venir à matui-ite ; ce qui a permis aux indigènes <strong>de</strong> s’alimenter jusqu’à la<br />
récolte <strong>du</strong> mil. M’aIheureusement, la culture <strong>du</strong> maïs est restreinte.<br />
La récolte*<strong>du</strong> mil et, en général, toutes les cultures vivrières sont abondantes. Les<br />
indigènes disent w ‘avoir jamais vu <strong>de</strong> récoltes aussi fructueuses. Ils pourront ainsi<br />
commencer à faire leurs réserves dans le sens qui leur a été indiqué au cours <strong>de</strong>s<br />
différents palabres tenues à cet effet et renforcées par la Circulaire <strong>de</strong> Monsieur le<br />
Gouverneur en date <strong>du</strong> 16 novembre 1927, au sujet <strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong> réserves<br />
pour 1 ‘année 1928. Cette circulaire est commentée chaque fois que l’occasion se<br />
présente, par exemple lors <strong>de</strong>s visites hebdomadaires <strong>du</strong> Yatenga-Naba et <strong>de</strong> ses<br />
ministres et aux.chefs <strong>de</strong> village qui viennent <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le montant <strong>de</strong> l’impôt dû<br />
par leurs administrés (32).<br />
Il est à espérer que les indigènes sauront apprécier ces conseils dont les effets seront<br />
contrôlés par les’moyens dont dispose le cercle. Il faudrait pour cela que le person-<br />
nel européen soit renforcé pour que <strong>de</strong>s tournées fréquentes soient faites afin d’en<br />
vérifier 1 ‘exécution.<br />
Par suite <strong>du</strong> manque <strong>de</strong> pluies en 1926, les cultures in<strong>du</strong>sfrielles ont été presque<br />
nulles. Le commerce local a exporté dans le courant <strong>de</strong> l’année 31 tonnes <strong>de</strong> kapok<br />
et 3 tonnes <strong>de</strong> coton égrené.<br />
EFZ 1928, la campagne cotonnière sera bien supérieure aux années précé<strong>de</strong>ntes. Il est<br />
à présumer qu ‘il sera apporté à la réunion commerciale <strong>de</strong>s 4 et 6 avril prochains<br />
dans les 150 tonnes <strong>de</strong> coton et 60 tonnes <strong>de</strong> kapok.<br />
Exportation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> cercle : Chevaux : 16 7 - Anes : 264 -Moutons : 11033 -<br />
Chèvres : 14 695, - Peaux : 2 575 kilogrammes - Coton égrené : 9 700 kg - Coton non<br />
égrené : 19500 kg (reliquats <strong>de</strong> la campagne 1926) . . .<br />
Importation poùr la consommation <strong>du</strong> cercle : Mil : 115 tonnes, sel : 106 tonnes,<br />
cola : 16 638 - poissons secs : 3,6 tonnes...<br />
(31) Le commandant s’est certainement ainspiré» <strong>du</strong> rapport <strong>de</strong> son prédécesseur (1924) pour<br />
la rédaction <strong>de</strong> son rapport <strong>de</strong> 1927.<br />
(32) La constitution <strong>de</strong> réserves était «passée <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>» <strong>de</strong>puis la bonne récolte <strong>de</strong> 1924.<br />
126
1928<br />
RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
JANVIER<br />
Impôt : L’impôt rentre normalement. A ce jour, il a été perçu 500256fr. Il aurait<br />
été encaissé une somme bien supérieure si les rôles étaient parvenus plus tôt.<br />
Au titre <strong>de</strong>s patentes <strong>de</strong> marchands forains et <strong>de</strong> marchands <strong>de</strong> bétail, il a été perçu<br />
respectivement 17530 fi et I2 239 fr.<br />
Main d’azuvre : 350 manœuvres et 14 cuisiniêres ont été dirigés sur les chantiers <strong>du</strong><br />
chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> la Côte d’ivoire en trois groupes différents, à un jour d’intervalle<br />
chacun. Ces manœuvres et les femmes ont été vaccinés avant leur départ.<br />
Situation économique : La cueillette <strong>du</strong> coton est commencée et promet d’etre<br />
abondante. Jl en sera <strong>de</strong> même pour le kapok ; les arbres étant actuellement cou-<br />
verts <strong>de</strong> fleurs.<br />
A ce sujet, il serait utile que le Commandant <strong>de</strong> cercle soit tenu au courant <strong>de</strong>s prix<br />
offerts en fonction <strong>de</strong>s cours en Europe. D zlprês les renseignements qui m ‘ont été<br />
fournis, le commerce offn.rait en ce moment 0,60 fi le kilo <strong>de</strong> coton. Est-ce là un<br />
prix suffisamment rémunérateur pour encourager l’indQ&e a intensifier la culture<br />
<strong>du</strong> coton ?<br />
Elevage : Les épidémies <strong>de</strong> peste bovine et <strong>de</strong> péripneumonie sont en décroissance<br />
sérieuse... Dans le courant <strong>de</strong> ce mois-ci, un certain nombre d Heveurs ven<strong>de</strong>nt leurs<br />
chevaux dans le but <strong>de</strong> se procurer l’argent nécessaire a l’impôt.<br />
Culture <strong>de</strong> l’indigo : La question <strong>de</strong> la culture <strong>de</strong> l’indtgo n’a pas éte per<strong>du</strong>e <strong>de</strong> vue<br />
dans le cercle. Des renseignements <strong>recueil</strong>lis, il résulte que, dès réce@tion <strong>de</strong> la<br />
circulaire VlO AE <strong>du</strong> 23 mars 1927, mon prédécesseur a entretenu les chefs <strong>de</strong><br />
ce pro<strong>du</strong>it et moi-même je n,‘ai cessé CEans toutes les occasîons qui se sont présentées<br />
<strong>de</strong> leur rappeler <strong>de</strong> faire intensifier, par les indigènes, les cultures, non seulement <strong>de</strong><br />
l’indigo mais <strong>de</strong> toutes les cultures <strong>de</strong> cueillette sans exception. Mais la ticolte <strong>de</strong><br />
cette année ne peut être frès pro<strong>du</strong>ctive, les plants étant trop jeunes.<br />
Les chefs,n ‘étant pas à même d’apprécier le volume que peut donner une tonne <strong>de</strong><br />
feuilles d,‘indigo, ne peuvent estimer le tonnage qui pourra être fourni par le cercle.<br />
Ils comptent donner dans les tyois à cinq tonnes pour se tenir en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la réalité.<br />
Dés que <strong>de</strong>s renseignements plus précis seront connus, il sera, télégraphié au Cheflieu,<br />
pour fmer un tonnage.<br />
Je me permets toutefois, en cequi me concerne personnellement, <strong>de</strong> faire remarquer<br />
que Monsieur Boussac s’avance beaucoup quand il déclare au Chef <strong>de</strong> ha Colonie que<br />
IesAdministrateurs<strong>de</strong>s cercles se sont complêtement <strong>de</strong>sintéressés <strong>de</strong> cette question.<br />
Il serait à souhaiter que Monsieur Boussac, avant <strong>de</strong> porter <strong>de</strong> telles accusations -<br />
ce qui met en doute les bons sentiments qu ‘il noum.t à 1 ‘égard <strong>de</strong>s Administrateurs -<br />
puise ses renseignements <strong>de</strong> bonne source en se rendant sur le terrain. Ce commerçant<br />
n’a pas mis les pieds à <strong>Ouahigouya</strong>.<br />
127
1928<br />
FfiVWIER<br />
Main d’owvre : . . . il a été prélevé, suivant tirage au sort, sur la 2e portion <strong>du</strong> contin-<br />
gent 1928, trente travailleurs <strong>de</strong>stinés au Chemin <strong>de</strong> fer Thiès-Niger (section SSgal).<br />
Événements survenus : Passage le 23 février <strong>de</strong> M.F. et <strong>de</strong> Madame G., se rendant cl<br />
Ouagadougou, ainsi que <strong>de</strong> Madame HERRIOT, femme <strong>du</strong> Ministre <strong>de</strong> I’Instruction<br />
Publique, <strong>de</strong> Madame et Monsieur P. MORAND, homme <strong>de</strong> lettres . ..(32).<br />
Impôt : L ‘impôt <strong>de</strong> capitation est complètement perçu. Il se monte à 2 569 816 Jr.<br />
La taxe sur le bdtail sera perçue dès les premiers jours <strong>du</strong> mois prochain.<br />
Main d kuvre :. La Société d !Exploitation Forestière et Agkole à Abidjan a recruté<br />
un premiergroupe<strong>de</strong> 34 travailleurs et un <strong>de</strong>uxième groupe <strong>de</strong> 13. Tous volontaires,<br />
ils ont été vaccinés avant leur départ. Une couverture leur a également été remise.<br />
Evénements survenus : Au point <strong>de</strong> vue politique, rien d’intéressant qui mérite<br />
d’attirer l’atterjtion <strong>de</strong> l’Autorité Supérieure. Passage le 9 mars <strong>de</strong> Monsieur P.,<br />
redacfeur <strong>du</strong> 6 Temps>, venant <strong>de</strong> Bandiagara et allant à Ouagadougou.<br />
Commerce : Il se traite peu <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> cn.2. Les indigènes, malgré les conseils<br />
qui leur sont donnés, apport-em difficilement leurs récoltes au commerce.<br />
Jusqu ‘a ce jour. il a été pesé 27 tonnes <strong>de</strong> coton égrené et 63 tonnes <strong>de</strong> coton brut<br />
AVRIL<br />
Main dkuvre :, La Compagnie <strong>de</strong> Culture Cotonnière <strong>du</strong> Niger, à Diré, a renvoyé<br />
dans leurs foyers. en fin <strong>de</strong> contrat, 134 manœuvres sans que ces <strong>de</strong>rniers aient tou-<br />
ché ce qui leur etait <strong>du</strong>. Il en a été ren<strong>du</strong> compte au Gouverneur par lettre...<br />
Prestations : Par suite <strong>du</strong>ne torna<strong>de</strong> suivie d’une pluie violente, les routes <strong>de</strong><br />
Ouagadougou, Dédougou, Kaya et Bandiagara ont été sérieusement endommagées<br />
ainsi que quelques ponts. BS ont été remis en état en prélevant 1 000 hommes sur<br />
les disponibilites prestataires.<br />
Cultures : Le cercle a été tes mouvementé ce mois par lapport <strong>du</strong> coton au marché<br />
qRicie1 et <strong>du</strong> kapok au marche libre. Quatorze commerçant-s sont venus acheter le<br />
(33 1 Le? premiers touristes, curieux <strong>de</strong> [‘Afrique !
1928<br />
coton qui avait été rassemblé par provinces, cantons et villages. Ainsi la tâche .<strong>de</strong>s<br />
acheteurs a eté simplifiée ; le poids <strong>de</strong>s hharges ayant été fait avant leur arrivée. Les<br />
pesées ont été faites par les recenseurs assistés <strong>de</strong>s boutiquiers qui représentaient<br />
le Commerce et vérifiées <strong>de</strong> temps a autre par I’Administrateur.<br />
Il a été apporté 29 825 kg <strong>de</strong> coton égrené et 78 748 kg <strong>de</strong> coton brut, ce qui fait<br />
dans l’ensemble : 227 tonnes environ <strong>de</strong> coton non égrené ; chiffre jamais atteint<br />
jusqu ‘à ce jour. D’après certains sondages, il résulterait que 100 tonnes <strong>de</strong> coton<br />
non égrené, 100 000 mètres <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s et 166 tonnes prêtes à être tissées seraient<br />
actuellement en réserve.<br />
Il a été ven<strong>du</strong> aux Maisons <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> la place, en vente libre, mais assistées <strong>du</strong><br />
personnel <strong>du</strong> Cercle pour les pesées et les paiements : 76 686 tonnes <strong>de</strong> kapok. On<br />
peut penser que 40 à 43 tonnes seront encore apportées au cours <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> mai.<br />
Des palabres ont été tenues aux chefs pour leur recomman<strong>de</strong>r d’intensifier, l’année<br />
prochaine, toutes les cultures et en particulier le coton qui est une question d’ordre<br />
national.<br />
Cours <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> crû : Ils sont généralement instables : le coton égrené s’est<br />
ven<strong>du</strong> 5.50 fr/kg et le coton non égrené 0,95 frlkg. Quant au kapok; le cours a varié<br />
entre 2 - 2,I 0 - 2,25 - 2,30 et 2,50 frlkg.<br />
En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ces ventes, il se traite bien peu <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> crû. Il faut que IIAdmi-<br />
nistration et les chefs soient <strong>de</strong>rrière les pro<strong>du</strong>cteurs pour les inciter à venir vendre<br />
leurs pro<strong>du</strong>its. D’eux-mêmes, les indigènes ne viennent pas, parce que inaccoutumés<br />
et il en séra ainsi tant que les commerçants ne pénètreront pas dans l’intérieur.<br />
Il se vend peu <strong>de</strong> marchandises européennes en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> boissons alcooliques très<br />
recherchées qui, malheureusement, viennent augmenter l’ivrognerie dont la bière<br />
<strong>de</strong> mil fait déjà suffisamment <strong>de</strong> ravage.<br />
. Élevage : L ‘élevage semble subir une régression sensible par rapport aux recensements<br />
antérieurs. Ce qui prouverait que les éleveurs ven<strong>de</strong>nt davantage d’animaux. D’autre<br />
part, la peste et la péripneumonie ont occasionné une mortalité assez sensible. Il a<br />
été déclaré ce mois-ci la mort <strong>de</strong> 352 têtes, surtout parmi les jeunes animaux.<br />
Il a été reçu ce mois I9 bouteilles <strong>de</strong> sérum qui ont été aussitôt employées. Ce sérum<br />
est insuffisant. Il faudrait que le cercle reçoive trente bouteilles par mois pour<br />
arriver à vacciner tous les troupeaux.<br />
Situation économique : Les pluies ayant quelque peu fait leur apparition, les indi-<br />
gènes commencent à préparer leurs champs <strong>de</strong> cultures. Les conseils donnés pro<strong>du</strong>i-<br />
ront leurs effets pour la prochaine campagne cotonnière ainsi que pour la cueillette<br />
<strong>du</strong> kapok ; les indigènes s’étant ren<strong>du</strong> compte qu ‘ils en avaient retiré un réel béné-<br />
fice notamment <strong>du</strong> kapok dont le travail n’est pas fatigant mais très rémunérateur.<br />
La campagne <strong>du</strong> karité promet d’être fructueuse. La vente <strong>du</strong> coton et <strong>du</strong> kapok est<br />
considérée terminée. Les graines <strong>de</strong> coton, mises gracieusement à la disposition <strong>du</strong><br />
cercle par la SCOA, seront distribuées au jür et à mesure <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s.<br />
MAI<br />
129
1928<br />
JUIN<br />
Main d’amvre :. L agent <strong>de</strong> Bobo-Dioulasso <strong>de</strong> la Société Anonyme <strong>de</strong> Cultures <strong>de</strong><br />
Diakandapé est revenu tenter l’embauchage <strong>de</strong> manoeuvres pour la station <strong>de</strong>s<br />
environs <strong>de</strong> Kayes. Malgré les bons conseils donnés et les avantages qu ‘ils pouvaient<br />
retirer <strong>de</strong> l’app~ent&age <strong>de</strong> la culture <strong>du</strong> sisal à leur retour chez eux, pas un seul<br />
indigène n’a ackepté <strong>de</strong> s’engager. lis ont répon<strong>du</strong> aux chefs que s’ils n’étaient pas<br />
contraints <strong>de</strong> pirtir par le Commandant, ils préféreraient cultiver chez eux, dautant<br />
qu ‘ils avaient commencé <strong>de</strong> préparer leurs champs. Ces renseignements ont été por-<br />
tés à la connais$ance <strong>de</strong> Monsieur le Gouverneur, par fil.<br />
Mouvemtwts <strong>de</strong> population : Quelques exo<strong>de</strong>s, vers la Gold Coast et vers les cercles<br />
voisins, <strong>de</strong> jeunes gens se sont pro<strong>du</strong>its et ce, p.our se soustraire au recrutement <strong>de</strong>s<br />
mancxuvres <strong>de</strong>mandés par le Chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Côte’dTvoire. Des gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cercle en<br />
tournée ont cohstaté ces faits. Deux d %ntre eux ont con<strong>du</strong>it au Cercle <strong>de</strong>s groupes<br />
<strong>de</strong> 10, 15 et 2Q jeunesgensqui n ‘avaient pu justifier leur rassemblement et le mobile<br />
<strong>de</strong> leur départ,. mais très certainement dans le seul but <strong>de</strong> se soustraire aux obligations<br />
qui leur sont anposées. Ces seules découvertes indiquent surabondamment les nom-<br />
breux départs iqui doivent avoir lieu en empruntant <strong>de</strong>s sentiers détournés pour<br />
s’esquiver à notre surveillance (34).<br />
Prestations :Par la fréquence <strong>du</strong> roulage <strong>de</strong>s auto-camions lourds, certains ponts ont<br />
été plus ou rnoms abimés. Ils ont été remis en état par la main d’oeuvre prestataire.<br />
Tournées : Conformément aux instructions contenues dans la circulaire N” 19 AE<br />
<strong>du</strong> 16 mai <strong>de</strong>rnier, au sujet <strong>de</strong>s tournées à effectuer dans le cercle pour le contrôle<br />
<strong>de</strong>s cultures cotonnières et <strong>de</strong> la marche <strong>de</strong>s travaux se rapportant à ces <strong>de</strong>rnières,<br />
PAdministrateur rend compte qu’il a visité les cotonneraies situées non loin <strong>du</strong> chef-<br />
lieu. Les gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cercle et les agents recenseurs ont éte envoyés dans les divers<br />
cantons. BS sont tous revenus en affirmant que tous les champs <strong>de</strong> coton ont été<br />
plus que doublés...<br />
Transports : Dans le courant <strong>du</strong> mois, il est venu 134 torpédos ou camions. Ces<br />
<strong>de</strong>rniers pour effectuer le transport <strong>du</strong> coton et <strong>du</strong> kapok, achetés dans le cercle.<br />
(34) En Cold-Coast, les voltaïques s’emploient dans Ics ccntrcs miniers et les plantations <strong>de</strong><br />
cacao <strong>du</strong> pays ashanti, détenues par les africains. Les conditions <strong>de</strong> travail y sont bien<br />
meilleures que dans les plantations européennes. En colonie anglaise, les ressortissants<br />
français ne paient pas l’impôt et ne sont pas astreints aux prestations administratives.<br />
De plus et surtout, le salaire est <strong>de</strong> 270 fr par mois contre 39 fr en Côte d’ivoire ! Ajoutons<br />
les profits <strong>de</strong> la contreban<strong>de</strong> quand ils regagnent les territoires francais.
1928<br />
AOÛT<br />
Impôt : La vitalité fiscale <strong>du</strong> cercle s’est manifestf?e pendant le mois d’août par <strong>de</strong>s<br />
recettes diverses sk%vant à 281292fr dont 270 819 au titre <strong>de</strong> taxes <strong>de</strong> makhé et<br />
d’abattage et 5 771 fi <strong>de</strong> patentes foraines.<br />
Touinées : En raison <strong>de</strong> Yindisposition <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle, il n’a pu être<br />
effectié‘ <strong>de</strong>. tournées... Mais les Chefs <strong>de</strong> Province ant été mis en route avec <strong>de</strong>s<br />
instructions précises en ce qui a trait B Pentretien <strong>de</strong>s lougans, au <strong>de</strong>sherbage en<br />
particulier.<br />
I SEPTEMBRE<br />
Chefs indignes : En reconnnrssant que les chefs sont animés diln bon esprit, il<br />
convient cependant <strong>de</strong> reconnaître que certains d ‘entre eux n’ont pas toute I “activité<br />
désirable et n’exercent pas une action suffisamment régulière pour obtenir un plein<br />
ren<strong>de</strong>ment en matière agricole et commerciale.<br />
Prestations : Un certain nombre <strong>de</strong> prestataires disponibles ont été occupés aux<br />
réparations urgentes <strong>de</strong>s routes ppincipales pour permettre la reprise <strong>de</strong> la circulation<br />
automobile.<br />
Transports : Le service postal par voiture automobile a repris <strong>de</strong>puis le samedi 22.<br />
Le commerce a recommencé également la circulation automobile. Le transport par<br />
charrettes a pu également reprendre sur tout le réseau routier.<br />
Conditions climatiques : La hauteur dkau constatée en septembre n’est que <strong>de</strong><br />
76 mm. Cette diminution brutale <strong>de</strong>s pluies n’est pas sans avoir <strong>de</strong> sérieux inconvé-<br />
nients au point <strong>de</strong> vue agricole.<br />
OCTOBRE<br />
Mouvements <strong>de</strong> population : . . . Des instructions sont continuellement réitérées aux<br />
chefs <strong>de</strong> n ‘avoir pas & accepterdans leur village aucun étranger s’ils ne sont prévenus,<br />
par un envoyé, que ce <strong>de</strong>rnier est autorisé à y <strong>de</strong>meurer.<br />
Prestations : Le travail<strong>de</strong> prestation a été suspen<strong>du</strong> momentanément pour permettre<br />
aux indigènes <strong>de</strong> récolter leur mil, qu ‘ils ramassent plus tôt cette année à cause <strong>de</strong>s<br />
sauterelles.<br />
Situation <strong>de</strong>s cultures : Quelques pluies sont tombées : au total 114 mm. La <strong>de</strong>rnière<br />
torna<strong>de</strong> a eu lieu le 23 courant. Le vent d ‘Est ayant fait son apparition semble indi-<br />
quer que la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pluies est terminée.<br />
131
1928<br />
Karité : Le commerce a acheté 129 tonnes <strong>de</strong> beurre <strong>de</strong> hzrité, au prix <strong>de</strong> 0,80 fr<br />
le kikrgramme: Les achats continueront pendant le mois <strong>de</strong> novembre. Il est regrettable<br />
que seule 1%~ firme CROA achète, ce qui empêche la concurrence <strong>de</strong> jouer.<br />
lkureusemenf que hz CROA ne profite pas <strong>de</strong> cette situation pour baisser son prix.<br />
NOVEMBRE<br />
hénements sutienus : Des vols <strong>de</strong> sauterelles sont passés ou se sont abattus sur<br />
presque tous les Vil@es <strong>du</strong> cercle, mais sans commettre <strong>de</strong> dégats aux récoltes, qui<br />
sonf d ‘clilleurs a l’heure actuelle foutes ramassées. Il était à craindre pour les cotonneraies,<br />
mais cesacridiensne les touchent pas. Ils ne se nourrissent guère que d’herbe<br />
ou bien <strong>de</strong>s feuilles vertes <strong>de</strong>s tiges <strong>de</strong> mil restées sur pied.<br />
Situation <strong>de</strong>scultures : La récolte <strong>du</strong> mil, <strong>du</strong> sésame (3.5), <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s haricots,<br />
<strong>de</strong>s pois, etc.. est terminée, mise en tas pour la faire sécher et ne sera mise dans les<br />
C~OU-CTOU (36) que dans le courant <strong>du</strong> mois <strong>de</strong>décembre ou <strong>de</strong> janvier. Malgré les dégats<br />
occasionnés par le manque <strong>de</strong> pluies en fin d%Nernage et par le passage <strong>de</strong>s<br />
sauterelles. la recolte ne sera très probablement que légèrement inférieure à celle <strong>de</strong><br />
l’Année <strong>de</strong>rnière.<br />
Dans sa tourne%, IAdministrateur a constaté que les indigènes avaient quelque peu<br />
négligé leurs champs<strong>de</strong> coton, envahis par les herbes, et pas ramasse le premier coton<br />
arrive à mâturité. Il en est <strong>de</strong> même pour le karité dont une très forte quantité a été<br />
laissée au pied <strong>de</strong>sarbres. Des ordres ont été immédrimtement donnésau Chef <strong>de</strong> canton<br />
quiaccompagnait le Commandant pour qu 71 fasse savork à hz population qu ‘un délai<br />
ditne semaine lui était accordé pour que le coton et le karité soient ramassés. Elle<br />
<strong>de</strong>vra jàurnir dans les vingt tonnes <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier pro<strong>du</strong>it, quantité qui sera certainement<br />
en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la réalité si cette cueillette est faite telle que l’a expliquee<br />
1’Administratet.a dans ses palabres tenues dans tous les vilhges <strong>du</strong> canton (37).<br />
DfiCEMBRE<br />
.!?veh?ments suryenus :La situation politique et économique est bonne.<br />
Il est à signaler le passage dans le cercle <strong>de</strong> la Mission d ‘Étu<strong>de</strong>s <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> jer<br />
t 35 ) S&U~~E : plante oleagineuse, généralement semée en premiere année <strong>de</strong> culture, apres un<br />
défrichement. La graine <strong>de</strong> sésame pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> l’huile.<br />
(36) C~OU-crou : greniers en terre, disposés dans la cour <strong>de</strong>s habitations marka et samo. Cette<br />
appellation est impropre pour désigner les greniers â mil mossi (kroré : grenier en terre -<br />
sogodogo : @renier en paille).<br />
(37) L’administrateur paraît étonné et fort irrité par le réflexe <strong>de</strong> sécurité parfaitement compréhensible<br />
dont fait preuve la population, en accordant la priorité a la récolte <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its<br />
vivriers menacés par les sauterelles.<br />
132
1928<br />
Transsaharien. Les dispositions ont été prises pour fournir à cette Mission les por-<br />
teurs et chevaux <strong>de</strong> selle nécessaires pour la continuation <strong>de</strong> sa route. Elle a quitté<br />
Tourcoing-Bam le 21 au matin pour revenir sur ses pas modifier le tracé plus vers<br />
l’ouest. La Mission avait rencontré l’avant veille une montagne offrant trop <strong>de</strong> difF-<br />
cultés pour l’établissement <strong>de</strong> la voie <strong>du</strong> chemin <strong>de</strong> fer (38).<br />
Situation <strong>de</strong>s cultures : Toutes les récoltes sont rentrées. Des renseignements sont<br />
<strong>de</strong>mandés +.4.x Chefs <strong>de</strong> Provinces afin <strong>de</strong> connaître approximativement le volume<br />
et la nature <strong>de</strong>s céréales récoltées. Il est à peu près certain que, dans l’ensemble, il y<br />
aura un léger déficit par rapport aux prévisions escomptées. Néanmoins, les indi-<br />
gènes ayant éten<strong>du</strong> leurs cultures, il est à présumer que les résultats seront à peu<br />
près égaux à ceux <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière campagne.<br />
La CROA a acheté dans les 37 tonnes <strong>de</strong> beurre <strong>de</strong> karité à 800 fr la tonne.<br />
RAPPORT ANNUEL<br />
(original très détérioré)<br />
Démographie : 371972 habitants. La superficie totale <strong>du</strong> cercle est estimée à<br />
22 800 km2, soit une <strong>de</strong>nsité moyenne <strong>de</strong> 1603 sur 1 ‘ensemble <strong>du</strong> tem.toire.<br />
Quant à la superficie et à la <strong>de</strong>nsité par canton, il est matériellement impossible<br />
<strong>de</strong> les établir : les cantons s’enchqvêtrent les uns dans les autres. Il aurait dtî être<br />
remédié à cet état <strong>de</strong> choses lors <strong>de</strong> la conquête <strong>du</strong> pays. Les indigènes se seraient<br />
pliés à ces modifications tem*totiles. Mais entreprendre aujourd’hui ce remanie-<br />
ment <strong>de</strong> cantons . . . il est à craindre qu ‘un grand mécontentement ne surgisse parmi<br />
les populations . . .<br />
Si le travail <strong>de</strong> recensement était fait avec plus <strong>de</strong> précisions et <strong>de</strong> doigté, on pour-<br />
rait obtenir une augmentation d’environ 40 000 personnes, pour rester en <strong>de</strong>ssous<br />
<strong>de</strong> la vérité... Mais il est évi<strong>de</strong>nt que pour obtenir <strong>de</strong> semblables résultats, il faudrait<br />
que le recensement soit fait par un fonctionnaire européen rompu aux questions <strong>de</strong><br />
détail d’un cercle, .qui pourrait en imposer aux indigènes, et non par <strong>de</strong>s recenseurs<br />
<strong>de</strong> leur race . ..(39).<br />
Mouvements <strong>de</strong> population : . . . Ilest également à s&naler que quelques ressortissants<br />
<strong>de</strong>s villages situés en bor<strong>du</strong>re <strong>de</strong> la frontière <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Bandiagara ont pas& <strong>de</strong><br />
(38) En juillet 1928, un organisme d’étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> Transsaharien a été créé. Ses conclusions, dépo-<br />
sées en décembre 1929 <strong>de</strong>vant la Chambre <strong>de</strong>s députés, seront favorables à la réalisation<br />
«<strong>du</strong> premier tronçon Alger - Le Cap» pour le coût <strong>de</strong> 3 milliards <strong>de</strong> Francs. La crise éco-<br />
nomique empêchera la mise en application <strong>du</strong> projet.<br />
(39) Mépris évi<strong>de</strong>nt pour les collaborateurs autochtones. Mais qu’est-ce qu’«un fonctionnaire<br />
européen rompu aux questions <strong>de</strong> détail d’un cercle» ? Les cc’ nmandants se succè<strong>de</strong>nt, en<br />
moyenne, tous les ans. Que Ijeuvent-ils connaître en si peu <strong>de</strong> temps ? Encore doit-on sou-<br />
ligner que le commandant qui rédige ce rapport est en <strong>poste</strong> <strong>de</strong>puis décembre 1927 et y<br />
<strong>de</strong>meurera jusqu’en juin 1929, ce qui constitue une exception à la règle.<br />
133
1928<br />
l’autre côté sa& avoir sollicité au préalable l’autorisation, sous le seul prétexte que,<br />
dans cette <strong>de</strong>rnière circonscription, l’indigène était laissé tranquille au point <strong>de</strong> vue<br />
<strong>de</strong>s diverses cokes administratives et qu’il n’était point poussé à intensifier les<br />
cultures, notamfnent le coton, comme dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />
Personnel adnziizistratif :La présence d’un Administrateur-Adjoint dans le cercle est<br />
absolument in&pensable, le travail <strong>de</strong> bureau <strong>de</strong>venant <strong>de</strong> plus en plus considé-<br />
rable. il s’ensuit que les tournées sont tr&s peu nombreuses et <strong>de</strong> très courtes <strong>du</strong>rées.<br />
L ‘Administrate& ne peut pas disposer <strong>du</strong> temps nécessaire pour visiter les cantons<br />
situés à plusieurs jours <strong>de</strong> marche <strong>du</strong> chef-lieu et où l’auto ne peut se rendre (40).<br />
(40) Souvenons-nous dc L. TAUXIICR qui, à pcinc nommC à OwdhigOUya. partait en tournée<br />
pour un mois. Nous Ctions cn 1913 et il n’y avait pas d’automobile. Les temps ont bien<br />
changé. Si le6 mkthodcs administrdtives sont <strong>de</strong>meurées i<strong>de</strong>ntiques, l’ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s comman-<br />
134<br />
dants ne se dkpense phs sur 1~s memes centrcsd’intkèt. Ils sont moins curieux <strong>de</strong> connaitre<br />
la
1929 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
Impôt : Il rentre normalement. II a été perçu au 31 janvier : 1024 530 fr.<br />
JANVIER<br />
Événements survenus : Il est à signaler la venue dans le cercle d’un vétérinaive<br />
anglais, pour acheter <strong>de</strong>s bœufs et vaches <strong>de</strong>stinés à hz repro<strong>du</strong>ction en Gond Coast.<br />
Ce .@térinaire ayant trouvé sur place le nombre <strong>de</strong> bêtes qu’il désirait n’a pas<br />
poursuivi son voyage sur Dori.<br />
Passage d%n entomologiste angkzis chargé d’une mission sur l’existence dans le<br />
cercle <strong>de</strong> Irt maladie <strong>du</strong> sommeil. Ila <strong>de</strong>mandé s’il était possible <strong>de</strong> lui faire con<strong>du</strong>ire<br />
une centaine <strong>de</strong> têtes <strong>de</strong> bétail pour qu’il les examine afin <strong>de</strong> prélever <strong>du</strong> Jang sur<br />
certains animaux. Satisfaction lui a été donnée. Il s’est ensuite ren<strong>du</strong> à la <strong>Volta</strong><br />
Blanche dans le but <strong>de</strong> rechercher si la tsé-tsé s’y trouvait. Il est revenu satisfait,<br />
ayant constaté que cette mouche n’existait pas dans les lunages.<br />
Coton :Les apports ont été réguliers <strong>de</strong>puis l’ouverture <strong>de</strong> la vente <strong>de</strong> coton. Il a été<br />
ven<strong>du</strong> 53 261 kg <strong>de</strong> coton égrené entre 5;2.5 fr et 6,00 fi: Sur aucun <strong>de</strong>s marchés, le<br />
Commerce n’a voulu acheter <strong>du</strong> coton brut, ou bien on offrait <strong>de</strong>s pti très bas que<br />
les indigènes n ‘ont pas accepté.<br />
Aux marchés <strong>de</strong> Santaba et <strong>de</strong> Gourcy, quelques ven<strong>de</strong>urs ont intro<strong>du</strong>it, avec inten-<br />
tion frau<strong>du</strong>leuse bien marquée, <strong>du</strong> coton brut à l’intérieur <strong>de</strong> charges <strong>de</strong> cofon<br />
égrené. A titre d’exemple et pour que la répercussion se fasse dzns tout le cercle, ces<br />
frau<strong>de</strong>urs ont été tra<strong>du</strong>its <strong>de</strong>vant le Tribunal <strong>de</strong> ler <strong>de</strong>gré.<br />
FÉVRIER<br />
Recrutement : Les opérations <strong>du</strong> recrutement se poursuivent normalement. Néan-<br />
moins, on constate que le nombre <strong>de</strong>s absents est encore cette année élevé.<br />
Coton : Un ralentissement <strong>de</strong> la vente s’est pro<strong>du</strong>it pendant la <strong>du</strong>rée <strong>de</strong>s opérations<br />
<strong>de</strong> recrutement militaire. Il a été ven<strong>du</strong> ce mois 40284 kilos <strong>de</strong> coton égrené à<br />
($00 fr et 989 kilos à 7,50, à la suite <strong>de</strong> la concurrence entre <strong>de</strong>ux acheteurs.<br />
Karité : Il n ‘a été ven<strong>du</strong> que 1805 kilogrammes <strong>de</strong> beurre <strong>de</strong> karité ; les indigènes<br />
ayant été distraits <strong>de</strong> leurs occupations par les opérations <strong>de</strong> recrutement (41).<br />
(41) Comme nous l’avons remarqué, l’habitu<strong>de</strong> était pour tout recrutement d’appeler au cercle<br />
un grand nombre ‘d’homkes, <strong>de</strong> l’ordre <strong>du</strong> triple ou <strong>du</strong> quadruple <strong>de</strong> l’effectif <strong>de</strong>mandé<br />
(pour mieux choisir). Dans <strong>de</strong> telles conditions, nombre d’activités cessaient pendant les<br />
recrutements, d’autant plus que <strong>de</strong>s hommes quittaient aussi leur village pour s’enfuir<br />
en brousse.<br />
135<br />
-,
1929<br />
État sanitaire : L gtat sanitaire <strong>de</strong>s européens est excellent. Celui <strong>de</strong> la population<br />
indigène est bon dans son ensemble bien qu’il y ait eu une recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong> pneu-<br />
monies et quelques cas <strong>de</strong> variole.<br />
MARS<br />
Impôt : La perception <strong>de</strong> l’impôt se fait normalement. Il a été perçu ce mois :<br />
1135 320 flancs. Le reliquat <strong>du</strong> rôle a recouvtir, soit 234 750 fr environ, sera tota-<br />
lement encaissé ‘dans les premiers jours <strong>du</strong> mois prochain.<br />
Toutes les autre$ taxes ont pro<strong>du</strong>it une somme <strong>de</strong> 120578,26fr.<br />
Main dbuvre : 1500 manowvres et 24 cuisinières <strong>de</strong>stinés au Chemin <strong>de</strong> fer ont- été<br />
dirigés sur Ferkbssédougou en quatre groupes.<br />
L agent <strong>de</strong> la Société Anonyme <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Diakandapé-Kayes a engagé, après<br />
autor&ation <strong>du</strong> ‘Gouverneur, 200 manœuvres et 8 femmes.<br />
Coton : La campagne est virtuellement terminee. Il a éte apporté sur le marché<br />
<strong>de</strong> Santaba : 7298 kg <strong>de</strong> coton égrené, ven<strong>du</strong>s au prix <strong>de</strong> 5,50 fr. Le rnmché <strong>de</strong><br />
GOWCY a pro<strong>du</strong>it 4 487 kg au prix <strong>de</strong> 6,00 fr et au marché journalier <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>,<br />
rapport <strong>de</strong> coton a été <strong>du</strong>rant le mois <strong>de</strong> 7994 kg au prix <strong>de</strong> 6,00 fi.<br />
AVRIL<br />
Êv&nements pa&culiers :Passage <strong>de</strong> Monsieur PAdministrateur en Chef L., Inspecteur<br />
<strong>de</strong>s Affaires administratives et <strong>de</strong>s Textiles. A l’occasion <strong>de</strong> sa venue, le Yatenga-Naba,<br />
les Chefs <strong>de</strong> Province, les chefs <strong>de</strong> cantons et Ira population mdle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> et<br />
<strong>de</strong>s villages envïronnants sont venus assister à la palabre qu’il leur a tenue au sujet<br />
<strong>de</strong>s cultures in<strong>du</strong>strielles et vivrières, en particulier le coton et le kapok.<br />
&énements swvenus : Passage<strong>de</strong>Monsieur le Lieutenant-Gouverneur p.i. <strong>de</strong> la Colo-<br />
nie, venant <strong>de</strong> Kaya. Tous les fonctionnaires européens,.le personnel indigène, les<br />
colons et les chefs lui ont été présentés. Il les a ensuite vus indivi<strong>du</strong>ellement pour<br />
causer avec eux <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> service et pour leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r leurs désidérata.<br />
Il a tenu après une courte palabre aux chefs Dans laprès-midi, le Chef <strong>de</strong> la Colonie<br />
est parti pour Yako.<br />
Passage <strong>du</strong> Chef <strong>du</strong> Service <strong>de</strong> l’Agriculture pour choisir les emplacements <strong>de</strong> plan-<br />
tation <strong>de</strong> kapok.<br />
136<br />
MAI
1929<br />
JUIN<br />
Main d’awre :Monsieur D., commerçant à Bobo-Dioulasso, porteur <strong>du</strong>ne lettre <strong>de</strong><br />
Monsieur P. qui l’accréditait auprès <strong>de</strong> l;ldministrateur, s’est présenté au Cercle<br />
afin <strong>de</strong> recruter 60 manœuvres pour le compte <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s Cultures Tropicales<br />
<strong>de</strong>Tambacounda. Cetteautorisation avait été accordée par le Lieutenant-Gouverneur,<br />
suivant télégramme <strong>du</strong> 13 mai 1929 (42).<br />
Ce recruteur fut mis en relation avec les Chefs <strong>de</strong> l+ovince. Mais les résultats furent<br />
négatifs car aucun indigène n’a voulu s’embaucher. Les chefs donnèrent comme<br />
prétexte que c’était une mauvaise saison pour enrôler ; les indigènes étant presque<br />
tous occupés à lir préparation <strong>de</strong> leurs champs.<br />
Situation <strong>de</strong>s cultures : Les indigènes ont totalement terminé d’ensemencer leurs<br />
champs. La germination <strong>de</strong>s différentes céréales et <strong>de</strong>s plantes in<strong>du</strong>strielles a parfai-<br />
tement pris et les indigènes déclarent qu ‘ils sont satisfaits et ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt plus que<br />
les pluies tombent régulièrement.<br />
D’après les renseignements qui me sont parvenus, les champs ont été agrandis <strong>de</strong> la<br />
moitié <strong>de</strong> l’année précé<strong>de</strong>nte. Donc, si aucune contrariété atmosphérique ne se pro-<br />
<strong>du</strong>it, il est à penser que le cercle fera un pas <strong>de</strong> plus dans 1 ‘évolution <strong>de</strong> son dévelop-<br />
pement économique.<br />
La vente <strong>du</strong> kapok est terminée. Il a été apporté 81239 kg sur les trois marchés <strong>du</strong><br />
cercle.<br />
JUILLET<br />
Situation <strong>de</strong>s cultures : La saison <strong>de</strong>s pluies bat son plein. Néanmoins, les pluies ne<br />
sont pas aussi abondantes qu ‘elles pourraient l’être, ni surtout qu ‘il serait nécessaire<br />
qu’elles jüssent dans l’intérêt même <strong>de</strong>s cultures. <strong>Ouahigouya</strong> est, <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong><br />
vue, assez défavorisé et les pluies y sont particulièrement rares. L ‘importance <strong>de</strong> la<br />
masse latéritique sur laquelle se trouve situé ce point pourrait n y être pas étrangère.<br />
Ce n’est là qu ‘une simple supposition... (43).<br />
Notre prédécesseur écrivait dans son rapport <strong>de</strong> fin juin <strong>de</strong>rnier que les indigènes<br />
avaient terminé l’ensemencement <strong>de</strong> leurs terrains et que ces <strong>de</strong>rniers, pour ce qui<br />
concerne les cultures vivrières, auraient été agrandis <strong>de</strong> près <strong>de</strong> moitié par rapport<br />
à Pannée 1928. Nous ne prétendons nullement mettre en doute cette affimation.<br />
(42) Tambacounda est situé au Sénégal oriental. On constate donc à quel point la main d’œuvre<br />
mossi était appréciée. Généralement, c’était les habitants <strong>de</strong>s régions occi<strong>de</strong>ntales <strong>de</strong> la<br />
<strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> et <strong>du</strong> Soudan qui partaient s’employer à la récolte <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong> au Sénégal :<br />
les Navétanes.<br />
(43) L’administrateur vient d’être affecté à <strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong>puis un mois. Il est curieux, actif et<br />
z‘élé. Nous aurons l’occasion <strong>de</strong> nous en apercevoir.<br />
137
1929<br />
Nous aurions toutefois voulu essayer <strong>de</strong> chiffrer les surfaces ensemencées et avons,<br />
à cet effet, vainement cherché une documentation existant à <strong>Ouahigouya</strong>. Il nous<br />
a été impossible <strong>de</strong> trouver le moindre chiffre. Quant aux chefs, ils sont absolument<br />
incapables <strong>de</strong> donner la moindre précision, ni même la moindre estimation.<br />
AOÛT<br />
Mouvements <strong>de</strong> population : Des indigènes se sont présentés en assez grand nombre<br />
au cours <strong>du</strong> mois. porteurs <strong>de</strong> laissez-passer délivré; par les Administrateurs <strong>de</strong>s<br />
cercles voisins, qenant réclamer <strong>de</strong>s familles entières qui avaient quitté leur pays<br />
d’origme. C’est surtout par les Commandants <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> Dédougou et, plus encore,<br />
<strong>de</strong> Ouagadougoul que ces laissez-passer ont été délivrés. Un seul délivré par ce <strong>de</strong>r-<br />
nier accusait 6O!chefs <strong>de</strong> case représentant un total <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 220 indigènes. Les<br />
indivi<strong>du</strong>s en question ont été immédiatement recherchés, mais fort peu ont été<br />
rètrouvés... (44).<br />
Une vingtaine <strong>de</strong> jeunes gens ont été ramenés sous escorte à <strong>Ouahigouya</strong>, par Mon-<br />
sieur le Commandant <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> Ouagadougou. Ils avaient été arrêtés au moment<br />
où ils s’apprétaient à. franchir la j?ontiere angkse... Ils provenaient <strong>de</strong>s cantons où<br />
les opérations <strong>de</strong>i recrutement étaient en cours. Lis ont été punis dikiplinairement.<br />
Situation <strong>de</strong>s cu#ures :Les plantations sont en général <strong>de</strong> belle apparence et laissent<br />
présager une abondante récolte. Des dégats importants ont, malheureusement, éte<br />
causés par les invasions <strong>de</strong> sauterelles ‘pendant la totalité <strong>du</strong> mois. De tous côtés><br />
il en a été signalé <strong>de</strong> façon à peu près ininterrompue. Malgré les efforts <strong>de</strong>s popzr-<br />
lations pour lutter contre ce f7éau, nombre <strong>de</strong> plantations ont été <strong>du</strong>rement éprou-<br />
vées ; pas un point <strong>du</strong> cercle ne semble avoir été épargné. Il est heureux que les<br />
surfaces enseme&ées aient été sensiblement augmentes.<br />
Les champs <strong>de</strong> niais ont été très fortement atteints par cette invasion acridienne et la<br />
récolte <strong>de</strong> cette @réale est loin <strong>de</strong> répondre à l’rettente générale, d’autant- plus que le<br />
manque <strong>de</strong> pluie& jusqu ‘à la mi-août, l’avait déjà fortement handicapée.<br />
La situation est d autant plus regrettable que le mil <strong>de</strong> la récolte <strong>de</strong>rnière est à peu<br />
près complètement épuisé et la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>re sannonce évi<strong>de</strong>mment assez<br />
dijficile.<br />
Coton : Le Commandant -<strong>de</strong> cercle a prescrit le recensement <strong>de</strong>s surfaces plantées<br />
<strong>de</strong> cotonniers dans un certain nombre <strong>de</strong> villages <strong>du</strong> canton <strong>du</strong> Togo. Le travail est<br />
actuellement en ‘cours, mais il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> énormément <strong>de</strong> temps car les indigènes ont<br />
multiplié à 1Yn~fïni les petits champs <strong>de</strong> cotonniers.<br />
(44) Les cantons peul, au nord <strong>du</strong> cercle, accueillent <strong>de</strong>puis plusieurs années déjà les familles<br />
d’agriculteur$ qui tentent d’échapper aux contraintes administratives. La dkcouverte <strong>de</strong> ces<br />
zones-refuges! se fera <strong>de</strong>ux mois plus tard.
1929<br />
SEPTEMBRE<br />
Recrutement : LWablissement <strong>de</strong>s tableaux <strong>de</strong> recensement pour le recrutement<br />
<strong>de</strong> 1930 se poursuit normalement. 26 cantons ont déjà été visités. Il reste encore<br />
15 cantons... Sans toutefois opposer une résistance quelconque, il est évi<strong>de</strong>nt que<br />
c’est sans enthousiasme que les indigènes se prêtent a cette opération. Beaucoup<br />
<strong>de</strong> jeunes gens sont déclarés absents <strong>de</strong> leur village et la formule : «en Gold CoastJ<br />
revient à tout moment à l’appel <strong>du</strong> nom <strong>de</strong>s intéressés...<br />
Main d’œuvre : . . . tout recrutement <strong>de</strong> manœuvres un peu important serait complè-<br />
tement impossible ; tous les indigènes : hommes, femmes et enfants ayant été pris<br />
tout le mois par la protection <strong>de</strong> leurs lougans contre les criquets et sauterelles.<br />
Situation <strong>de</strong>s cultures : . . . le jléau <strong>de</strong>s sauterelles a continué à faire payer à tous les<br />
cultivateurs un lourd tribut et les dégâts causés à ce jour peuvent être évalués à<br />
environ moitié <strong>de</strong> ce qu ‘aurait <strong>du</strong> être la récolte. En beaucoup d’endroits, les indi-<br />
gènes se montrent inquiets et déjà l’idée d’une pénurie <strong>de</strong> mil commence à s ‘implan-<br />
ter dans nombre <strong>de</strong> groupements... Les mesures prises pour la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s<br />
criquets <strong>de</strong>viennent inopérantes <strong>de</strong>vant les nuées toujours plus nombreuses et<br />
j%quentes qui s’abattent sur le pays. L’indigène indique un réel découragement.<br />
OCTOBRE<br />
Événements en cours : . . . une question a été soumise au Commandant <strong>de</strong> cercle par<br />
le Yatenga-Naba et ses quatre chefs <strong>de</strong> Province. C’est la tendance marquée qu’ont,<br />
<strong>de</strong>puis quelques années, nombre d’indigènes <strong>de</strong> race mossi à quitter leurs villages<br />
d’origine pour aller se jker dans les groupements peul.<br />
Suivant les déclarations <strong>de</strong>s chefs sus-nommés, ce mouvement aurait pour but <strong>de</strong> se<br />
soustraire aux obligations <strong>de</strong> toute nature auxquelles sont plus particulièrement sou-<br />
mises les populations mossi et notamment le recrutement <strong>de</strong> travailleurs pour les di-<br />
vers chantiers tant publics que privés, extérieurs à la Colonie et même au cercle.<br />
. Cette question est retenue et sera examinée par le Commandant au cours <strong>de</strong> ses divers<br />
déplacements. Si tel est bien le cas, il importe <strong>de</strong> faire barHère à cette tendance...<br />
Désarmement : Le recensement <strong>de</strong>s armes <strong>de</strong> traite entre les mains <strong>de</strong>s indigenes se<br />
poursuit normalement : 365 fusils à pierre ont été déclarés aux bureaux <strong>du</strong> Cercle.<br />
Situation <strong>de</strong>s cultures : Les invasions acridiennes se sont encore abattues sur toute<br />
la région Est et Nord-Est <strong>du</strong> cercle. Le pays situé à l’Ouest <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a lui aussi<br />
été <strong>du</strong>rement éprouvé à nouveau. Devant la menace grave <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction totale <strong>de</strong>s<br />
phmtations <strong>de</strong> mil, les populations ont dû f&e prématurément leur récolte... il<br />
est évi<strong>de</strong>nt que le tonnage <strong>de</strong> mil récolté s’en ressentira lour<strong>de</strong>ment. La récolte<br />
est maintenant complètement terminée et les sauterelles semblent, <strong>de</strong>puis lors,<br />
avoir disparu <strong>de</strong> la région.<br />
139
140
1920<br />
Coton : Jusqu’à présent, les cultures cotonnières sont belles et permettent <strong>de</strong><br />
sérieuses. espérances. Il n’apparaît pas que les acridiens leur aient causé bien gros<br />
dommage . . .<br />
NOVEMBRE<br />
Recrutement : De nombreux cas <strong>de</strong> départs pour la GoM Coast ont été relevés . . .<br />
Les chefs <strong>de</strong> famille, <strong>de</strong> quartier et <strong>de</strong> village ont été prévenus qu’ils seraient tenus<br />
pour responsables <strong>de</strong> ces départs clan<strong>de</strong>stins et qu’au cas ou leur complicité serait<br />
établie, ils seraient tra<strong>du</strong>its <strong>de</strong>vant les Tribunaux indigènes pour «entrave au recru-<br />
tements. Il est en effet invraisemblable que les chefs et les parents, auprès <strong>de</strong>squels<br />
les jeunes gens ont vécu sans interruption <strong>de</strong>puis leur jeune âge, tgnorent les projets<br />
<strong>de</strong> départ <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers pour les colonies étrangères voisines...<br />
Situation <strong>de</strong>s cultures :A notre grand regret, nous ne pouvons que confirmer nos<br />
déclarations précé<strong>de</strong>ntes : la récolte que tout permettait <strong>de</strong> prévoir extrêmement<br />
abondante, avant la venue <strong>de</strong>s invasions acridiennes, a été littéralement anéantie<br />
sur certains points <strong>du</strong> cercle. Au cours <strong>de</strong> nos déplacements <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> novembre,<br />
rwus nous sommes efforcé <strong>de</strong> situer et <strong>de</strong> chiffrer les dégâts. Seuls quelques rares<br />
points ont été épargnés. Mais tout le reste <strong>du</strong> cercle a souffert <strong>de</strong>s sauterelles dans<br />
<strong>de</strong>s proportions que l”on a <strong>du</strong> mal à imaginer. Nous avons la ferme conviction <strong>de</strong><br />
n’exagérer nullement en estimant la perte à une moyenne <strong>de</strong> 80 à 90 % <strong>de</strong> ce que<br />
l’on pouvait espérer.<br />
Certains secteurs ont .été complètement ravagés, au point que Ia récolte est sensi-<br />
blement égale à zéro. Dans legroupement <strong>de</strong> You, telle plantation qui, l’an <strong>de</strong>rnier,<br />
avait donné 400 charges <strong>de</strong> mil, en a péniblement pro<strong>du</strong>it une dizaine cette année...<br />
Ces chiffres ont été contrôlés et ne sont nullement exagérés... ils sont <strong>de</strong> nature à<br />
jeter un jour sur la situation <strong>de</strong> la région au point <strong>de</strong> vue vivrier.<br />
Haricots et pois, par contre, ont pro<strong>du</strong>it abondamment... la récolte <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong><br />
peut également être considérée<strong>du</strong> double <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l’an <strong>de</strong>rnier. Malheureusement,<br />
ces cultures, considérées comme accessoires par les indigènes, n’ont été que peu<br />
pratiquées. Le fonto n’a presque rien donné. Outre que seules quelques tribus <strong>du</strong><br />
cercle pratiquent cette culture (cantons peul), les acridiens l’ont fortement atta-<br />
quée et presque entièrement détruite à. 90 %.<br />
En résumé, la question d’alimentation <strong>de</strong>s populations <strong>du</strong> cercle reste extrêmement<br />
angoissante... et <strong>de</strong> tous côtés, les indigènes <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt d’acheter <strong>du</strong> mil dans<br />
les cercles voisins moins atteints par les sauterelles... 74 indigènes, en un seul mois,<br />
ont <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong>s laissez-passer pour aller vendre leurs chevaux dans l’intention<br />
d acheter <strong>du</strong> mil (4.5).<br />
(45) Ce chiffre, résultat <strong>de</strong>s contrôles, est dérisoire. Nul doute que <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> chefs <strong>de</strong><br />
famille soient parties à la recherche <strong>de</strong> grains sans en avoir <strong>de</strong>mandé la permission au<br />
commandant.<br />
141
1929<br />
DÉCEMBRE -a<br />
Main d’œuvre : Aucun recrutement <strong>de</strong> main d’œuvre na été opéré <strong>de</strong>puis plusieurs<br />
mois. Avis <strong>de</strong> quatre décès et <strong>de</strong> dix-neuf désertions <strong>de</strong>s chantiers <strong>du</strong> CheFnin <strong>de</strong> fer.<br />
Situation <strong>de</strong>s cultures : Les vétifications <strong>de</strong>s greniers à mil, effectuées au cours <strong>du</strong><br />
mois par les divers fonctionnaires <strong>du</strong> cercle, ont pemzis <strong>de</strong> constater une fois <strong>de</strong> plus<br />
l’importance <strong>de</strong>s dégats commis par les acridiens au cours <strong>du</strong> troisième trimestre.<br />
91 laissez-passer ont eFFcore été délivrés au cours <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> décembre. En résumé<br />
et pour en terminer avec cette troublante questiort <strong>de</strong> la récolte <strong>du</strong> mil <strong>de</strong> 1929;il<br />
ne faut pas se dissimuler que la situation est extrêmement difficile et 1 ‘on peut se<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comment s’opérera la sou<strong>du</strong>re avec la récolte prochaine.<br />
RAPPORT ANNUEL<br />
Démographie : Le cercle a compté peFFdaFFt 1’anFzée 1929, trente étnangers dont<br />
vingt-quatre français et six autres étrangers...<br />
Le recensemerlt numérique <strong>de</strong>s indigèrtes donne 371972 habitarus. .<br />
Conseil <strong>de</strong>s Notables : Trois séances se soFFt tenues <strong>du</strong>rant l’anrzée : elles ont eu pour<br />
objet l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sujets suivants :<br />
- impôt <strong>de</strong> capitation : le conseil à 1”unanimité accepte I’augmeFFtatioFF <strong>de</strong> 1 fr proposée<br />
par le Prési<strong>de</strong>nt (Commandant <strong>de</strong> cercle) ;<br />
- rachat <strong>de</strong>s prestations : acceptée également à l’unanimité une augmentafion. Le<br />
rachat est porté <strong>de</strong> 1 fi à 250 ;<br />
- population flottante : l’impôt payé sera <strong>de</strong> 2O.f? au lieu <strong>de</strong> 12 francs ;<br />
- taxe d’abattage : elle est portée <strong>de</strong> 3fr à 3,SOfr pour un bœuf et <strong>de</strong> I j? à 1,2S<br />
pour un mouton ;<br />
- patentes et licences : le prési<strong>de</strong>nt fait remarquer qu’il serait utile pour obliger I’iFFdigène<br />
à ne pas consacrer une trop gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> son mil à la fabrication <strong>de</strong><br />
dolo, <strong>de</strong> porter la patente <strong>de</strong> 300 à SO0 f?. Cette proposition est approuvée par le<br />
Conseil ;<br />
- marchands <strong>de</strong> bétail : une taxe <strong>de</strong> 22 fr pm tête est proposée pour le bétail <strong>de</strong>stiFFé<br />
aux colonies <strong>du</strong> groupe (A.O.F.) ;<br />
- armes et munitions : le nombre <strong>de</strong> fusils <strong>de</strong> traite détenus par les indigèries est <strong>de</strong><br />
SS4. A noter que le Yatenga-Naba détient une arme rayée (carabine Rival) offerte<br />
par le Maréchal PétaiFF lors <strong>de</strong> son passage à <strong>Ouahigouya</strong>.<br />
Service administratif en tourrtie : Toutes les tournées sont faites à cheval, l’auto<br />
nztant Utilis&e que pour le transport à pied d’œuvre. Le Mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> 1;1.M.I. a fait<br />
<strong>de</strong> nombreuses tournées <strong>de</strong> prophylaxie. Il s’est ren<strong>du</strong> dans les différentes régiorzs<br />
<strong>du</strong> cercle, toujours accoFnpagné <strong>de</strong> son infirmierudjoint ou <strong>de</strong> vaccinateurs.<br />
A l’actif <strong>de</strong>s différents SeFvices : 183 jours <strong>de</strong> tournées pour but politique et économique<br />
- 294 effectués par le persoFme1 vétérinaire - 404 par le persoFme1 <strong>de</strong> 1’A.M.I.<br />
142
1929<br />
Situation financière : L ktpôt <strong>de</strong> capitation a rapporté pour l’exercice 1929<br />
3219i7Ofr soit une augmentation <strong>de</strong> 649338fr sur l’exercice 1928. Au titre<br />
<strong>de</strong> l’impôt sur le bétail, le cercle a encaissé : 286014fr, soit une augmentation<br />
<strong>de</strong> 42 184fi. Tous les rôles mis en recouvrement au titre <strong>de</strong> l’exercice 1929<br />
ont été entièrement recouverts.<br />
Recrutement : Le nombre <strong>de</strong> recrues examinées en 1929 a été <strong>de</strong> 5 768. 424 ont<br />
été appelées et 1332 classées dans lir <strong>de</strong>uxième portion. Le chiffre <strong>de</strong>s bons absents<br />
sëlève à 861. A noter que parmi les jeunes gens classés dans la <strong>de</strong>uxième portion,<br />
30 travailleurs ont été recrutés et envoyés sur les chantiers <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong><br />
Thiès-Nzger.<br />
Prestations : La main d ‘œuvre prestatairea été employée conformément au program-<br />
me <strong>de</strong> travaux qui a été approuvé en Conseil <strong>de</strong>s Notables. Les journées prévues au<br />
rôle étaient <strong>de</strong> 671433. 573350 ont été empbyées.<br />
Enseignement : L ‘Y&ole régionale est dirigée par une institutrice principale secondée<br />
par un instituteur <strong>du</strong> cadre secondaire et un écrivain-interprête, faisant fonction <strong>de</strong><br />
moniteur. L’École compte 224 élèves répartis en six cours : <strong>de</strong>ux cours préparatoi-<br />
res, <strong>de</strong>ux cours élémentaires et <strong>de</strong>ux cours moyens. Quatre élèves ont été reçus au<br />
CEP. Sur ces quatre, <strong>de</strong>ux ont été admis à l’École Primaire Supérieure: un à l’École<br />
Professionnelle et un à l%cole d’Ygriculture.<br />
143
1930 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
JANVIER<br />
Impôt : La perception <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation et <strong>de</strong> la taxe sur le bétail n’a pu être<br />
commencée au cours <strong>du</strong> mois. Les chefs <strong>de</strong> Province et <strong>de</strong> canton ont <strong>de</strong>mandé à<br />
1’Administrateur qu’un délai leur soit, accordé pour effectuer ces versements en<br />
raison <strong>de</strong> la situation extrêmement difficile dans laquelle les populations se trouvent<br />
cette année, par suite <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> la quasi-totalité <strong>de</strong> la récolte <strong>de</strong> mil. c’est,<br />
en effet, <strong>de</strong> la vente <strong>du</strong> mil à l’extérieur <strong>du</strong> cercle que les indigènes tirent chaque<br />
année la majeure partie <strong>de</strong> leurs ressources et c’est sur elles qu’ils s’appuient surtout<br />
pour acquitter le montant <strong>de</strong> l’impôt.<br />
La carence <strong>de</strong> cette année, non seulement ne leur a pas permis d’effectuer leurs<br />
transactions coutumières, mais elle les a, en outre, obligés <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r eux-mêmes<br />
à l’achat à l’extérieur <strong>du</strong> cercle <strong>du</strong> grain nécesaire a leur nourriture et à celle <strong>de</strong><br />
leurs familles.<br />
La répercussion <strong>de</strong>s ravages acridiens s’est manifestée lour<strong>de</strong>ment sur toute la<br />
région... .D’autres conséquences <strong>de</strong> cette situation sont encore venues s’ajouter...<br />
par exemple la mévente <strong>de</strong>s animaux (plus particulierement <strong>de</strong>s équidés). Ceux-ci,<br />
proposés <strong>de</strong> toutes parts, en nombre important par les malheureux indigènes<br />
désireux <strong>de</strong> se procurer large& nécessaire à leurs achats <strong>de</strong> mil, se sont ven<strong>du</strong>s a<br />
<strong>de</strong>s prix sensiblement plus bas que <strong>de</strong> coutume et souvent même, n’ont pu trouver<br />
preneurs.<br />
Si Yon tient compte encore <strong>de</strong> la carence <strong>du</strong> karité pendant la saison 1929, force est<br />
bien <strong>de</strong> reconnaître que la situation <strong>de</strong>s indigènes <strong>de</strong> la région se présente sous un<br />
jour <strong>de</strong>s plus sombres.<br />
Ce sont là les arguments présentés par les chefs pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à ce que les impôts<br />
ne soient pas exigés avant fin fevrier, afin <strong>de</strong> leur donner le temps <strong>de</strong> se procurer<br />
l’argent nécessaire et <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong>s ressources que leur apportera la campagne <strong>de</strong><br />
coton. Ce délai a été accordé.<br />
Les populations peul, moinsdirectement et moins lour<strong>de</strong>ment atteintes que les grou-<br />
pements mossi, puisque tirant plus spécialement leurs ressources <strong>de</strong> leur élevage,<br />
<strong>de</strong>vront payer l’impôt en février.<br />
De toute façon, lüutorité Supérieure peut être assurée que les rôles seront intégra-<br />
lement couverts et que tout sera mis en œuvre pour qu’ils le soient dans les délais<br />
les moins éloignés possibles...<br />
Recensement : Le travail <strong>de</strong> recensement <strong>de</strong> la population comme aussi <strong>du</strong> bétail a<br />
été très activement poussé pendant le mois... les résultats obtenus sont éloquents :<br />
ils établissent <strong>de</strong> façon péremptoire la nécessité <strong>de</strong> ne pas s’en rapporter pour ce<br />
genre <strong>de</strong> travail à <strong>de</strong>s recenseurs indigènes mais bien, et uniquement, à <strong>de</strong>s Euro-<br />
péens ou tout au moins à <strong>de</strong>s indigènes placés sous le contrôle direct et constant <strong>de</strong><br />
fonctionnaires européens.<br />
144
1930<br />
De très nombreuses rectifications ont été apportées aux recensements précé<strong>de</strong>nts,<br />
notamment en ce qui concerne l’estimation <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong>s habitants. Il importait que<br />
ce redressement soit poursuivi d’urgence dans l’intérêt <strong>de</strong> tous.<br />
Main d izuvre : Au cours dü mois, il a été procédé au recrutement <strong>de</strong> 300 manoeuvres<br />
et <strong>de</strong> 20 cuisinières <strong>de</strong>stinés aux Travaux Neufs <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Côte d’ivoire.<br />
Ce recrutement s’est .effectué sans inci<strong>de</strong>nt, au prorata <strong>de</strong> la population mûle <strong>de</strong>s<br />
groupements. Il a uniquement porté sur les populations mossi. Avant engagement,<br />
les travailleurs ont été soumis à une visite médicale extrêmement sévère et vaccinés<br />
contre la variole. Le transport a été assuré par camionsautomobiles (46).<br />
1400 travailleurs doivent encore être recrutés pour le Chemin <strong>de</strong> fer, à savoir :<br />
400 pour le 17 février - 500 pour le 14 mars - 500 pour le 18 mars. Nous avons<br />
l’assurance que tout se passera bien, mais nous nous permettrons d’appeler la bien-<br />
veillante attention <strong>de</strong> l:riuton*té Supérieure sur la bonne volonté apportée en cette<br />
occurence tant par les chefs indigènes que par les populations elles-mêmes qui n’ont,<br />
pour le genre <strong>de</strong> travail qui leur .est <strong>de</strong>mandé comme aussi pour l’expatriation,<br />
qu’un penchant très . . . modéré (47).<br />
Événements survenus : Le 11 janvier, Monsieur le Gouverneur Général et Madame C<br />
am’vaient à <strong>Ouahigouya</strong>, venant <strong>de</strong> Sofara. Ils étaient accompagnés <strong>du</strong> Directeur <strong>de</strong><br />
cuLa Petite Giron<strong>de</strong>> . . . Accompagnaient également le Chef <strong>de</strong> la Fédération :Mon-<br />
sieur IAdministrateur en ChefA., Monsieur le Lieutenant-Colonel V. et Monsieur H.,<br />
secrétaire particulier. Le Gouverneur <strong>de</strong> la Colonie et Monsieur lüdministrateur en<br />
Chef C. étaient également présents.<br />
Le séjour <strong>de</strong> Monsieur le Gouverneur Général et <strong>de</strong> sa suite a <strong>du</strong>ré <strong>de</strong>ux heures<br />
(<strong>de</strong> llh30 à 13h30).<br />
Au cours <strong>de</strong> ce mois, sont également passés au Chef-lieu <strong>du</strong> cercle :Monsieur I’Ad-<br />
ministrateur M., charge’ <strong>de</strong> mission par la Société Transsahan’enne, Monsieur le<br />
Vétérinaire M. <strong>de</strong> la Gold Coast, accompagné <strong>du</strong> chef <strong>de</strong> Service Zootechnique,<br />
Monsieur C., écrivain américain, venant <strong>de</strong> .Tombouctou et se rendant à<br />
Ouagadougou et en Côte d’ivoire, Monsieur C, fonctionnaire anglais ralliant la Gold<br />
Toast et venu par le désert, Monsieur l’instituteur B, en mission photographique.<br />
Gmmerce : La récolte <strong>de</strong> coton a commencé dès les premiers jours <strong>du</strong> mois. Le<br />
marché pennattent <strong>de</strong> coton <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a été ouvert le 20 janvier : huit tonnes<br />
environ <strong>de</strong> coton égrené étaient sur le carreau.<br />
(46) Auparavant, ils étaient acheminés à pied. Depuis 1928, seuls les bagages étaient transportés<br />
en camion.<br />
(47) L’administrateur ironise mais il n’est pas exclu, qu’en haut-lieu, il ait été décidé d’exploiter<br />
la mauvaise conjoncture économique pour intensifier les recrutements. Ainsi, pensait-on<br />
«soulager» les populations chaque fois qu’il y avait pénurie aliientaire.<br />
14.5
1930<br />
Cinq commerçants européensétaientprésents:laSACO, lesétablissements Le Comte,<br />
un commerçant <strong>de</strong> Bobo-Dioulasso, la Maison Attya <strong>de</strong> Bamako et la Maison Bejani<br />
et Prince.<br />
Ven<strong>de</strong>urs et acheteurs furent mis en présence mais l’accord ne put se faire : les pre-<br />
miers ne voulant pas <strong>de</strong>scendre en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 7,OOfrlkg et les seconds fiiant leur<br />
offre maxima à 5 Jr. Pendant <strong>de</strong>ux jours, les choses <strong>de</strong>meurèrent SQ~S changement.<br />
Enfin, le troisième jour, Monsieur A. offit le prix <strong>de</strong> 5,50 qui J%r accepté... Les<br />
quantités apportées et ven<strong>du</strong>es à ce prix sur le marché, jusqu’au 31 janvier, se<br />
chif<strong>de</strong>nt a 11680 kg net (48).<br />
État sanitaire : De nombreux cas <strong>de</strong> variole ont été déclarés sur tous les points <strong>du</strong><br />
cercle. Les vaccinations ont été activement multipliées.<br />
Le Commandant <strong>de</strong> cercle a pensé que, peut-être, les getmes <strong>de</strong> la maladie pouvaient<br />
avoir pour véhicules les nombreux dioulas qui, en cette saison, sillonnent le<br />
pays. A titre <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> protection, ordre a été donné que tous les dioulas rencontrés<br />
soient amenés à <strong>Ouahigouya</strong>, OÙ il est procédé à leur vaccination d’office.<br />
Mention <strong>de</strong> leur vaccination est portée SUP leur laissez-passer.<br />
Main d’cwvre : Le 17 février, quinze camions ont emmené 4iIO travailleurs et<br />
27 cuisinières. BS ont été pris dans les groupements mossi. Les chefs <strong>de</strong> Province<br />
et <strong>de</strong> canton nous ont apporté un précieux concours...<br />
-a<br />
A signaler que les cQmions ont rapatrië 167 travailleurs <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer, en jïn<br />
<strong>de</strong> contrat. Les 56 travailleurs et cuisinières, <strong>de</strong>mandés en remplacement <strong>de</strong>sévadés<br />
<strong>de</strong>s memes chantiers, n’ont pus encore été rassemblés...nous veillerons à ce que ces<br />
évadés soient repris ou remplQcés par <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> leur famille.<br />
Commerce : Au 28 février, le total <strong>du</strong> tonnage ven<strong>du</strong> s’élève à 46 807 kilos <strong>de</strong><br />
coton égrené, faisant ressortir les ventes <strong>de</strong> février à 35 127 kg. Sur ce chiffre,<br />
19 539 kg proviennent <strong>de</strong>s apports <strong>du</strong> marché <strong>de</strong> Tikaré et 5 377 kg <strong>de</strong> ceux <strong>du</strong><br />
marché <strong>de</strong> Gourcy. Le coton apporté sur ces <strong>de</strong>ux marchés n’a pu, en effet, être<br />
ven<strong>du</strong> sur place, faute d’entente quant QU prix, entre ven<strong>de</strong>urs et acheteurs.<br />
A Tikaré, les acheteurs reJitsè?ent <strong>de</strong> payer plus <strong>de</strong> 3 fr le kilo et sur le second<br />
marché (Gourcy), leurs offres s’arrêtèrent à 4$Ofif?cg, tandis que sur les <strong>de</strong>ux<br />
: marchés. les ven<strong>de</strong>urs refusèrent <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 5,50. Ils déclarèrent<br />
qu’ils préféraient, plutôt qu’accepter Un prix inférieur à 5,50. porter leur coton<br />
sur le marché permanent <strong>de</strong> Guahigouya, ou ils étaient assurés <strong>de</strong> vendre à ce prix.<br />
(48) Le prix <strong>du</strong> coton continue <strong>de</strong> baisser alors que les populations recherchent le numéraire.<br />
Le commerce international est affecté par la crise.<br />
146
-r
1930<br />
<strong>de</strong> leurs carnets <strong>de</strong> pécule leur a été payé par les soins <strong>de</strong> l’Agence Spéciale <strong>de</strong><br />
Ouahtgouya, représentant un total <strong>de</strong> 41 653 francs (50).<br />
Ces hommes, interrogés par nous, se déclarent fort satisfaits <strong>de</strong> leur séjour au service<br />
<strong>de</strong> cette Société où, disent-ils, le travail est facile et où ils sont très bien t-raités<br />
et nourris.<br />
Evénements en cours : Poursuivant l’exécution <strong>du</strong> programme entrepris en janvier<br />
et février, le Commandant <strong>de</strong> cercle a chargé le Sergent-Chef M. <strong>de</strong> parcourir toute<br />
kz région comprise dans la partie nord <strong>de</strong>s cantons <strong>de</strong> Rattenga, <strong>de</strong> Riziam et <strong>de</strong><br />
Zittenga, région où lui a été signalée la présence <strong>de</strong> fort nombreux indigènes <strong>de</strong><br />
divers cantons qui avaient pensé trouver dans cette zone semi-abandonnée le calme<br />
et la tranquillité... Le pays a été parcouru dans tousles sens et tous les vilkrges et<br />
groupements ont été visités un à un.<br />
Le recensement nominatif a étédressé et tous les indigènes clan<strong>de</strong>stinement installés<br />
ont été renvoyés dans leurs familles. Tout est maintenant rentré dans l’ordre et les<br />
habitants, en présence <strong>de</strong> l’inévitable, se sont résolus à faire contre mauvaise fortune<br />
bon cœur.<br />
Kapok : De faqon générale, les arbres sont beaux et la récolte semblerait <strong>de</strong>voir etre<br />
abondante. Malheureusement, là encore il est à craindre que se fasse sentir les<br />
contre-coups <strong>de</strong>s invasions acridiennes. Non pas que les sauterelles se soient attaquées<br />
aux kapokiers, mais que dans les régions particulièrement éprouvées dans leurs<br />
récoltes <strong>de</strong> mil, les indigenes se sont abondamment nourris <strong>de</strong>s fleurs <strong>de</strong> kapokiers.<br />
Cette constatation a été particulièrement faite dans le secteur nord <strong>du</strong> lac <strong>de</strong> Bam et<br />
sa répercussion sur le chiffre total <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> kapok sera certainement<br />
très sensible.<br />
A ce propos, nous nous permettrons <strong>de</strong> signaler très respectueusement à l’Autorité<br />
Supérieure, l’insuffisance <strong>de</strong>s sanctions prévues par larrêté W 97 <strong>du</strong> 3 août 1’928,<br />
‘réprimant la <strong>de</strong>struction et les dommages causés aux peuplemenfs arbustifs <strong>de</strong><br />
h Colonie.<br />
AVRIL<br />
Main d’aeuwre : Rien à signaler si ce n’est que Monsieur H., planteur <strong>de</strong>meurant a<br />
Bobo-Dioulasso, est venu à <strong>Ouahigouya</strong> pour y recruter 100 travailleurs pour les<br />
(50) Soit 260 F par travailleur, pour 6 mois <strong>de</strong> salaire et moins <strong>de</strong> 2 F par jour. Mais une partie<br />
<strong>du</strong> salaire leur a été versée à la fin <strong>de</strong> chaque mois (au moins officiellement).<br />
L’institution <strong>du</strong> pécule, réglementé en A.O.F. par le décret <strong>du</strong> 22 octobre 1925, précise<br />
que la constitution d’un pécule aux travailleurs sera effectuée par un prelèvement mensuel<br />
sur leur salaire et que ce pécule ne sera payable qu’à l’expiration <strong>de</strong> leur engagement et<br />
dans leur lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce. Ainsi pensait-on favoriser le retour d’un maximum d’argent<br />
dans les zones <strong>de</strong> départ et faciliter, entre autres, l’acquittement <strong>de</strong> l’impôt. La mesure avait<br />
aussi un but é<strong>du</strong>catif : apprendre à épargner, prévoir, . . les indigènes sont tellement<br />
insouciants ! On retrouvera le meme principe dans la création <strong>de</strong>s societcs dites <strong>de</strong><br />
prévoyance.<br />
148
1930<br />
plantations <strong>de</strong> Dtizkandapé, suivant autorisation <strong>du</strong> Chef <strong>de</strong> la Colonie. Mis en rapport<br />
avec les chefs ind&?nes, ces <strong>de</strong>rniers n’ont manifesté que fort peu d’empressement<br />
à répondre à cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, faisant plus particulièrement valoir qu’ils ont déjà<br />
fourni 2 000 hommes au cours <strong>de</strong> litnnée, que voici venir l’époque <strong>de</strong>s cultures et<br />
qu’ils ont besoin <strong>de</strong> tous leurs bras pour la préparation <strong>de</strong>s terrains <strong>de</strong>stinés aux<br />
cultures vivrières et aux cultures in<strong>du</strong>strièlles...<br />
Coton : Rien à signaler. La campagne se chiffre par un total <strong>de</strong> 70 tonnes <strong>de</strong> coton<br />
égrené, ce qui correspond à 350 tonnes <strong>de</strong> coton brut.<br />
Kapok : Les apports <strong>de</strong> kapok sur le marché <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> ont été <strong>de</strong> 58 721 kg se<br />
répartissant comme suit : 43352 kilos ven<strong>du</strong>s à 1,25 fr/kg - 9 369 kg ven<strong>du</strong>s à<br />
0,75 frjkg et 6 000 kg encore inven<strong>du</strong>s.<br />
Les transactions se sont farites sur le prix <strong>de</strong> I,25 fi. Par la suite, le cours baissa à<br />
0,75. Mais ce prix ne <strong>du</strong>ra pas et le 2.5 avril, les acheteurs décidèrent <strong>de</strong> ne plus<br />
payer le kapok plus <strong>de</strong> 0,50 jF/kg. Les indigènes refusèrent <strong>de</strong> vendre à ce prix<br />
vraiment dérisoire. Cette situation est <strong>du</strong>e .à une tentative d’intimidation <strong>de</strong> la part<br />
<strong>de</strong>s acheteurs qui, regrettant d’avoir acheté à I,2.5 veulent ramener le prix d’achat<br />
à un chiffre plus normal.<br />
Impôt : Rien <strong>de</strong>particulierà signaler. La perception se continue assez normalement,<br />
encore que les populations ne montrent que peu d *empressement à en apporter le<br />
montant. Il ne fmct pas voir &ns cette attitu<strong>de</strong> une mauvaise volonté réelle. Elle est<br />
<strong>du</strong>e surtout, d’une part à la difficulté <strong>de</strong> I’indigéne à se procurer Pargent et d’autre<br />
part, à son apathie naturelle qui le pousse à attendre pour faire une chose, quelle<br />
qu’elle soit, quT1 soit parvenu dans ses <strong>de</strong>rniers retranchements et ne puisse plus<br />
l’éviter. Dans certaines régions, telle celle <strong>de</strong> Tibo, les gens s’étaient mis en tête qu ‘il<br />
ne serait pas payé d’impôt cette année, en raison <strong>de</strong>s pertes subies <strong>du</strong> fait <strong>de</strong>s inva-<br />
sions acndiennes. L’envoi sur place d’un Agent européen a suffi pour remettre les<br />
choses au point et le canton s’est acquitté intégralement <strong>de</strong> ses taxes.<br />
Une pression a dû également être exercée sur le groupement peu1 <strong>de</strong> Baraboullé.<br />
La présence d’un Européen, qui a visité un par un tous les villages <strong>du</strong> mnton, a éga-<br />
lement permis d’achever sans plus tar<strong>de</strong>r le recouvrement <strong>du</strong> montant <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong><br />
capitation et <strong>de</strong> 19 taxe sur le bétail. L’effort sera continué...<br />
Les perceptions effectuées en mai se chiffrent à : 633 082 fr pour la capitation et<br />
33 976 j? pour la taxe sur le bétail.<br />
Main d’wvre : Il a été recruté au cours <strong>du</strong> mois les 100 travailleurs <strong>de</strong>mandés par<br />
Lr Société <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Dt&m&pé. Ils ont été dirigés sur Bamako par camions-<br />
automobiles.<br />
Cinquante-sUE manœuvres et quatre cuisinières ont également été recrutés et dirigés<br />
sur les Chantiers <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer. Étant appelés à remplacer les déserteurs, ces<br />
MAI
1930<br />
rravailleurs ont été pris uniquement dans les familles <strong>de</strong>s fugitifs. Rs ont éte dirigés<br />
par camions-automobiles sur Ferkessédougou.<br />
D autre part, l’Autorité Supérieure a <strong>de</strong>mandé pour les besoins <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer,<br />
le recrutement <strong>de</strong> 2.53 travailleurs et <strong>de</strong> 17 cuisinières. Cette nouvelle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
main d’œuvre n’a pas trouvé un accueil très enthousiaste, surtout pour cette raison<br />
que tous les indigenes sont actuellement occupés aux travaux <strong>de</strong>s champs. Les chefs<br />
voient d’un œil assez défavorable disparaître une partie <strong>de</strong> leur main d’cwvre agri-<br />
cole, et non 1~ plus mauvaise, et les individtrs eux-mêmes ont- peu d’empressement<br />
à quitter les terres qu ‘ils viennent <strong>de</strong> fumer, <strong>de</strong> préparer et d’ensemencer. Le contin-<br />
gent <strong>de</strong>mandé sera réuni vers mi-juin.<br />
Cultures vivrieres : Des instructions extrêmement sévères ont éte données pour que<br />
les surfaces cultivées soient encore augmentées et pour que les indigènes ne se<br />
contentent pas <strong>de</strong> cultiver uniquement mil et maïs.<br />
De nouvelles invasions acridiennes sont à peu près certaines : lourds seront encore<br />
les dégdts cette année ; il faut s’y attendre. Il semble que Kurt <strong>de</strong>s meilleurs moyens<br />
soit b polyculture vivrière.<br />
Impôt : Le reliquat <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation est <strong>de</strong> 216 9.51 fr et celui <strong>de</strong> la taxe sur<br />
le bétail est <strong>de</strong> 127 798francs.<br />
Ainsi que nous l’avons déjà signalé à maintes reprises, les perceptions d’impot sont<br />
extrêmement difficiles cette année. Il fut le reconnaître loyalement : I?ndigène n ‘a<br />
pas d argent et, <strong>de</strong> plus, il n ‘a pas les moyens <strong>de</strong> s’en procurer, la principale source<br />
habituelle <strong>de</strong> sa richesse : le mil, lui ayant cette année fait complètement défaut et<br />
ce, sans parler <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux récoltes déficitaires qu ‘il a subi en aotît et septembre 1929<br />
en maïs d’abord et en kar&é ensuite.<br />
En outreP la carence <strong>du</strong> mil en a évi<strong>de</strong>mment fait monter les prix, d’ou nouvelle<br />
charge encore pour le malheureux contraint <strong>de</strong> se procurer par voie d’achat le mil<br />
nécessaire à sa nourriture.<br />
Cette situation déjà extremement lour<strong>de</strong> et difficile en soi, a eu pour conséquence<br />
d’amener l’indigène à vendre ses animaux pour se procurer largent nécessaire à ses<br />
achats <strong>de</strong> mil ; d’où dévalon-satton partielle <strong>de</strong> ceux-ci, mévente même sur certains<br />
marchés.<br />
Une nouvelle conséquence se manifeste encore, qui n’est pas faite pour ai<strong>de</strong>r l’indi-<br />
gène à se sortir <strong>de</strong> ce marasme. A savoir qu Y1 se trouve maintenant obligé <strong>de</strong> payer<br />
la taxe SUY <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> bétail qu ‘i2 ne possè<strong>de</strong> plus. Les rôles ont, en effet, éte basés<br />
sur les recensements existants en fin.1 929 et il faut reconnattre que pour le bétail,<br />
la situation s’est fortement modifiée....<br />
Ce serait donc une erreur <strong>de</strong> conclure a une mauvaise volonté quelconque dans le<br />
retard apporté à la rentrée <strong>de</strong>s impôts, comparativement aux années pré+<strong>de</strong>ntes...<br />
Les rôles d’impôt seront intégralement couverts. Nous n’en avons pas le moindre<br />
doute. La population apporte une bonne volonte~.. il faut lui donner le temps.<br />
150<br />
JUIN
Recensement :Les opérations <strong>de</strong> recensement (population et bétail) se sont pour-<br />
suivies. Le canton peu1 <strong>de</strong> Djibo a été entièrement visité. Si la plusvalue concernant<br />
la population est assez appréciable : elle se chiffre ri 2 293 habitants et 2 113 impo-<br />
sables - une importante diminution se manifeste en ce qui concerne le bétail. Elle<br />
atteint les chiffres suivants : bovidés 164 % <strong>de</strong> diminution , équidés 26,4 % et<br />
ovidés 6,6 %.<br />
Situation <strong>de</strong>s cultures :Les Agents <strong>de</strong> culture <strong>du</strong> cercle ont été envoyés au cours <strong>du</strong><br />
mois dans les cantons <strong>de</strong> Windtgui et Barelogo pour contrôler I’exécution <strong>de</strong>s ordres<br />
donnés concernant l’extension <strong>de</strong>s cultures cotonnières. Un relevé a été dressé par<br />
leurs soins <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> pieds semés par chaque soukala, sous la direction <strong>de</strong> son<br />
chef Chaque soukala doit avoir sa plantation séparée ; le chef <strong>de</strong> famille dirigeant<br />
le travail et <strong>de</strong>vant exiger un minimum <strong>de</strong> 350 pieds par a<strong>du</strong>lte placé sous son<br />
autorité.<br />
ll serait désirable que fissent envoyës sans tar<strong>de</strong>r les 500 000 graines <strong>de</strong> kapokiers<br />
<strong>de</strong>mandées il y a quelques mois, <strong>de</strong> façon à permettre <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> la saison<br />
dhivernage pour créer les pépinières <strong>de</strong>stinées à alimenter, par la suite, en plants<br />
les diverses collectivités.<br />
D’immenses superficies qu’il est matériellement impossible d’évaluer sont déjà ense-<br />
mencées en mil et en maïs. Malheureusement, un nouvel ennemia fait son apparition<br />
pendant la <strong>de</strong>uxième quinzaine <strong>du</strong> mois : les chenilles qui ont littéralement couvert<br />
tout le pays mossi et ont, aux trois-quarts, mangé mil et maïs naissants. Les indi-<br />
gènes connaissent ce fléau et ne s’en sont pas affolés, sachant qu’il est <strong>de</strong> courte<br />
<strong>du</strong>rée. Les violent& pluies <strong>de</strong> fin juin l’ont, en effet, fait disparaître. Et les pauvres<br />
cultivateurs en ont été quittes pour refaire <strong>de</strong> nouveaux ensemencements.<br />
Quelques vols <strong>de</strong> sauterelles ont été signalés au cours <strong>du</strong> mois, notamment dans les<br />
régions épargnées l’an <strong>de</strong>rnier... Les acridiens se sont également montrés dans les<br />
environs <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>. Neuf emplacements ont été signalés au Chef-lieu <strong>du</strong> cercle<br />
où se seraient pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong>s éclosions <strong>de</strong> criquets...<br />
Des instructions ont été données pour que soient éten<strong>du</strong>es jusqu ‘aux extrêmes limi-<br />
tes possibles les cultures <strong>de</strong> niébé, <strong>de</strong> pois,’ d’arachi<strong>de</strong>, <strong>de</strong> patates, etc.. Il importe,<br />
en présence d’un tel fléau, <strong>de</strong> semer 100 pour être sûr d’obtenir 1.<br />
JUILLET<br />
Événements en cours : Mois très calme. Rien à signaler. La situation politique <strong>du</strong><br />
cercle est satisfaisante. Les Chefs et les indigènes sont venus en masse au chef-lieu<br />
à l’occasion <strong>de</strong> la célébration <strong>de</strong> la Fête Nationale qui a présenté énormément<br />
d’entrain.<br />
Situation <strong>de</strong>s cultures : Les semences <strong>de</strong> coton dit #Allen», envoyées par le Service<br />
<strong>de</strong> l’Agriculture, ont été mises en terre, dès le 4 juillet, après que le terrain, situé<br />
à quelques 1200 mètres <strong>de</strong> la Rési<strong>de</strong>nce, eut été soigneusement préparé confor-<br />
mément aux instructions reçues.<br />
151
1930<br />
AOÛT<br />
Impôt : L’impôt <strong>de</strong> capitation est intégralement rentré. La taxe sur le bétail hisse<br />
encore un reliquat <strong>de</strong> 59 626fiancs. Il y a lieu <strong>de</strong> remarquer que sur cette somme,<br />
le omton peu1 <strong>de</strong> Todiam f&ure pour 32 49Ofr. Ce canton n apporte aucune bonne<br />
volont@ au paiement <strong>de</strong> ses impôts. Le Commandant <strong>de</strong> cercle propose <strong>de</strong> se rendre<br />
sur ptace.<br />
Situation <strong>de</strong>s cultures :<strong>Haute</strong>ur d’eau tombée : 230 mm.<br />
..- smf imprevu, tout permet d’espérer une brillante récolte.<br />
La récolte <strong>du</strong> maïs est actuellement en cours. Elle est généralement bonne, malgré<br />
les dégdts occasionnés par les chenilles en juin. Grâce à elle, un gros soulagement<br />
a été apporté aux populations <strong>du</strong> cercle et AZ question <strong>de</strong> la sou<strong>du</strong>re se trouve à peu<br />
pres déJ%itivement réglée.<br />
La r&olte <strong>de</strong> karité est abondante. Elle correspondrait sensiblement en quantité à<br />
la récolte <strong>de</strong> 19.X l( semble, malheureusement, que les cours <strong>de</strong> ce pro<strong>du</strong>it doivent<br />
se ressent+ à leur tour, lour<strong>de</strong>ment, <strong>de</strong> la baisse générale qui s’est manifestée sur<br />
tous les pro<strong>du</strong>its et matières premières. D’après les bruits qui nous parviennent, le<br />
karïte serait acheté à San au prix maximum <strong>de</strong> 0,90 le kilo. Quelle va être, dans ces<br />
conditions, l’offre <strong>du</strong> Commerce à <strong>Ouahigouya</strong> ? Les rares commerçants syriens qui<br />
ont laissé percer leurs intentions parlent <strong>de</strong> 0,25fF. Il est <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce que<br />
pareille offie ne pourrait satisfaire le pro<strong>du</strong>cteur qui, en ce cas, préférerait gar<strong>de</strong>r<br />
son pro<strong>du</strong>it.<br />
SEPTEMBRE<br />
$ït~tîon <strong>de</strong>s cultures : Encore que ta récolte <strong>du</strong> mil promette d’être fort belle, il<br />
fmt encore faire <strong>de</strong>s réserves : l- quant à la venue toujours possible <strong>de</strong>s vols <strong>de</strong><br />
sauterelles et 2- quant au manque <strong>de</strong> pluies. La saison dhivemage après avoir été<br />
extrëmement fmorable, a brutalement pris fin vers le 25 septembre... Les cultures<br />
s’en ressentent <strong>du</strong>rement et, en maints endroits, les tiges <strong>de</strong> mil sont complètement<br />
brûlees, avant lamaturïté<strong>du</strong>grain. Les indigènes se montrent quelque peu inquiets...<br />
Les petites plantations <strong>de</strong> coton indigène sont assez belles, mais l’indigène les néglige<br />
considérablement, malgré les avertissements qui lui sont donnés sans trêve. Décidé-<br />
ment, le pire ennemi <strong>de</strong> la culture dans ce pays, c “est la paresse <strong>de</strong> l’habitant.<br />
La récolte <strong>de</strong> karité est très abondante. Nous ne croyons pàs exagérer en estimant<br />
les apports probables a quelques 200 ou 250 tonnes. La question qui se pose main-<br />
tenant est : Y aura-t-il <strong>de</strong>s acheteurs ? ..~<br />
152
1930<br />
OCTOBRF<br />
Impôt : Il reste à percevoir sur l’impôt-bétail la somme <strong>de</strong> 1548fr. Cette somme<br />
vise entièrement <strong>de</strong>s indigènes qui ont quitté le cercle <strong>de</strong>puis plusieurs années déjà<br />
et qui se trouvent imposés pour ces mêmes animaux dans les cercles voisins <strong>de</strong> Dori<br />
et <strong>de</strong> Kaya. Il y a donc lieu <strong>de</strong> prévoir un dégrèvement... On peut donc consid&er~<br />
que les impôts.indigènes sont intégralement rentrés.<br />
Il est regrettable <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir constater que la situation <strong>de</strong> l’exercice 1931 restegrosst<br />
<strong>de</strong> menaces au point <strong>de</strong> vue économique et il est permis <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r sil’indigènr<br />
va bien trouver Pargent.<br />
Main d’œuvre : Aucun recrutement <strong>de</strong> main d’œuvre n’a été effectué au cours <strong>du</strong><br />
mois. Par contre vingt-trois décès ont été annoncés parmi les travailleurs au servict<br />
<strong>de</strong>s Travaux Neufs <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Côte d’lYoire.<br />
Prestations : Les’ travaux exécutés sur prestations ont été complètement suspen<strong>du</strong><br />
au cours <strong>du</strong> mois afin <strong>de</strong> laisser aux indigènes le temps <strong>de</strong> protéger leurs récoltt<br />
contre les invasions quotidiennes <strong>de</strong> sauterelles, puis <strong>de</strong> vaquer aux travaux z<br />
la récolte.<br />
DBCEMBRE<br />
Main d’œuvre : Le Commandant a reçu avis <strong>du</strong> décès <strong>de</strong> dix-neuf travailleurs <strong>de</strong>s<br />
chantiers <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer. Un contingent <strong>de</strong> 250 nouveaux travailleurs pour ces<br />
mêmes chantiers est <strong>de</strong>mandé pour le 6 janvier. Le recrutement <strong>de</strong> ces hommes est<br />
actuellement en cours. Force nous est d’avouer que les indigènes ne s’en montrent<br />
que très relativement enthousiastes...<br />
Evénements particuliers au cercle :Nous exposons ici les remarques que nous avons<br />
pu faire au cours <strong>de</strong> notre tournée en pays peul.<br />
A parler franc, il nous faut avouer que notre action dans cette région est surtout<br />
théorique et que nous restons la plupart <strong>du</strong> temps dans la plus complète ignorance<br />
<strong>de</strong> ce qui SP passe... Nous ignorons tout <strong>de</strong> la vie courante <strong>de</strong> tout ce pays. Les<br />
Fulbé, éparpillés dans la brousse, sont quasi-invisibles et les seuls indigènes qu’il<br />
nous est possible <strong>de</strong> toucher au cours <strong>de</strong> nos tournées, toujours trop rapi<strong>de</strong>s, sont<br />
les Rimaibe. A peine, <strong>de</strong>-ci, <strong>de</strong>-là, quelques Fulbé se rencontrent-ils. Les rassembler<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait un temps considérable. Il feudrait presque aller les chercher un par un,<br />
et leur égaillement constant les met à l’abri <strong>de</strong> nos atteintes et aussi <strong>de</strong> celles <strong>de</strong><br />
leurs chefs.<br />
Nous ne sommes plus là en pays moré, où les gens sont groupés en cantons, en<br />
villages nettement déterminés, où ils ont <strong>de</strong>s chefs dont ils reconnaissent et respectent<br />
l’autorité, où la société est nettement hiérarchisée, où l’indivi<strong>du</strong> reste fermement<br />
attaché à sa terre.<br />
153
1930<br />
En pays peul, c’est l’@rdépendance <strong>de</strong> l’indivi<strong>du</strong> qui domine. Il existe bien <strong>de</strong>& chefs*<br />
mais leur autorité est souvent bien faible, surtout en matière administrative et bon<br />
nombre d’entre eux ont pour principale occupation <strong>de</strong> ucourir après leurs ressortis<br />
sants». Et la proximité <strong>de</strong> la limite <strong>du</strong> Soudan et <strong>de</strong> la région semi-désertique qui<br />
s ‘étend sur le Nord-Ouest <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Dori n ‘est pas faite pour faciliter la situation.. .<br />
La présence constante d’un Représentant <strong>de</strong> I’Administration s’impose impérieu-<br />
sement : le retablissement d’une subdivision à Djibo est nécessaire. Il faut là un<br />
homme jeune, actif énergique, d’un nwral soli<strong>de</strong>, qui puisse être constamment en<br />
route, sillonnant sans arr& le pays, le fouillant dans ses coins les plus reculés, se<br />
tenant continuellement au courant <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres et exercant<br />
une surveillance serrée <strong>de</strong> toute la zone limite <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux Colonies.<br />
Il faut aussi que dans ce pays peu1 qui s’étend sur une longueur <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 100 kilo-<br />
mètres et une largeur atteignant parfois plus <strong>de</strong> cinquante kilomètres, <strong>de</strong>s routes<br />
automobilisables, pratîquables en toute saison soient construites. Des ordres ont<br />
déjà été donnes dans ce sens...<br />
Une autre considération d’ordre politique vaut encore d’être retenue : c’est la sur-<br />
veillance que, plus que sur tous autres, il importe d’exercer sur les Chefs peul, trop<br />
souvent portés aux abus, forts <strong>de</strong> la certitu<strong>de</strong> dans laquelle ils sont, que l’indigène<br />
lesé n’ira pas se plaindre à <strong>Ouahigouya</strong> en raison <strong>de</strong> la distance d’abord, et aussi et<br />
surtout en raison <strong>de</strong> ce que le paysan foulla na qu’une èonfiance relative en nous,<br />
parce que ne nous connaissant pas suffkzmment.<br />
J’ajouterai encore qu’une surveillance <strong>de</strong> toute la région limitrophe <strong>du</strong> pays moré<br />
est nécessaire. Là, peu ou point <strong>de</strong> villages !Par contre, <strong>de</strong>s isolés en masse ! Tout le<br />
secteur Sud <strong>de</strong>s cantons <strong>de</strong> Tongomayel, Djibo et Baraboulé est le refuge <strong>de</strong>s indé-<br />
pendants inossi, tant <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Raya que <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> et même <strong>de</strong><br />
nombreux indigènes provenant <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Koudougou, surtout <strong>du</strong> canton <strong>de</strong><br />
Lallé.<br />
Là, ils se sentent en sécurité et à l’abri <strong>de</strong>s atteintes <strong>de</strong> leurs chefs. Pour eux, plus<br />
d’impôts, plus <strong>de</strong> prestations, plus <strong>de</strong> recruteinent <strong>de</strong> tirailleurs, non plus que <strong>de</strong><br />
travailleurs... Plusieurs tournées y ont été effectuées au cours <strong>de</strong> l’année 1930.<br />
Elles ont été généralement fructueuses et nombreux sont les indigènes qui ont été<br />
renvoyés là d’où ils étaient venus. Mais, au cours <strong>de</strong> ma <strong>de</strong>rnière tournée, le bruit<br />
m’arrivait que presque tous étaient revenus clan<strong>de</strong>stinement se réinstaller dans la<br />
r&ion même <strong>de</strong> laquelle ils avaient été écon<strong>du</strong>its...<br />
Il est enjm une autre considération qui semblera? militer en famr <strong>du</strong> rétablisse-<br />
ment <strong>de</strong> cette subdivision <strong>de</strong> Djibo : c’est la surveillance <strong>du</strong> cheptel. Ce <strong>de</strong>rnier<br />
représente une importante nechesse et mérite <strong>de</strong> retenir toute notre attention. Les<br />
épizooties <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années y ont déjà creusé <strong>de</strong> sén*euses coupes sombres<br />
et les chiffres <strong>de</strong> recensement <strong>du</strong> bétail établis en 1930 sont suffisamment explicites.<br />
B ne me semble pas que Porganisation <strong>du</strong> service zootechnique dans le cercle<br />
répon<strong>de</strong> aux besoins <strong>de</strong> l’heure... La présence constante d’agents <strong>du</strong> Service Zoo-<br />
technique, au cœur même <strong>de</strong> la région d%vage, serait appelée à rendre les plus<br />
grands services : surveillance plus étroite et plus efficace <strong>de</strong>s troupeaux qui, à tout<br />
moment, viennent <strong>du</strong> Soudan pour se rendre en Gold doast et traversent toute cette<br />
région en y apportant les germes <strong>de</strong>s maladies qui s’y développent ensuite... Ce n’est<br />
1.54
1930<br />
que quand le mal est fait, souvent <strong>de</strong> nombreux jours après, pmfois même <strong>de</strong>s<br />
semaines, que nous en sommes informés à <strong>Ouahigouya</strong>, trop tard pour pouvoir<br />
agir efficacement !<br />
Du rapport annuel 1930, seules quelques<br />
feuilIes ont pu être retrouvées qui ne livrent<br />
pas <strong>de</strong> nouvelles informations par rapport<br />
à celles que nous connaissons déjà.<br />
Nous ignorons tout <strong>de</strong>s événements sur-<br />
venus en 1931, faute <strong>du</strong> moindre do-<br />
cument (?).<br />
Le commandant <strong>de</strong> cercle, parfait gestion-<br />
naire, dont nous venons d’apprécier le<br />
style, reste en <strong>poste</strong> jusqu’en avril 1932.<br />
155
m<br />
1932<br />
RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />
JANVIER<br />
Impôt : Les chefs sont complètement accaparés par les opérations <strong>de</strong> recrutement<br />
<strong>de</strong> travailleurs et <strong>de</strong> tirailleurs et ce n’est que ces opérations terminées que pourra<br />
commencer la perception...<br />
Nous ne pouvons que répéter ce que F~OUS avons déjà dit au sujet <strong>du</strong> paiement <strong>de</strong><br />
l’impôt 1932 : sa rentrée présentera certainement <strong>de</strong> très sérieuses difficultés ; lés<br />
indigè?ies n’ayant ~ensibleme??t plus dkgent et les divers pro<strong>du</strong>its susceptibles <strong>de</strong><br />
leur procurer <strong>de</strong>s ressources ayant, les uns (coton et karité) fait défaut cette année;<br />
les autres (mil et animaux) per<strong>du</strong> considérablenlent <strong>de</strong> leur valeur par suite <strong>de</strong> la<br />
supériotité <strong>de</strong> l’offre sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> (.51).<br />
Recrutement : Les opérations <strong>de</strong> recrute?nent <strong>de</strong> la classe 1932 ont commencé.<br />
Trois centres <strong>de</strong> recrutement sont prévus : Djibo, Tiharé et <strong>Ouahigouya</strong>.<br />
Le recrutement <strong>du</strong> <strong>de</strong>uxième conti??gent <strong>de</strong> travailleurs pour les Travaux Neufs <strong>du</strong><br />
C.F.C.I. a été effectué les 27,28 et 29 janvier. Monsieur le Lieutenant B. <strong>de</strong>s Travaux<br />
. nkufs est a?rivé pour prendre part’à la Commission (52).<br />
106.5 hommes et 21 cuisinières ont été présentés à la Commission sur lesquels<br />
352 hommes et 18 cuisinières ont été reconnus aptes aux travaux <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer.<br />
Faits particuliers aa cercle : Artivée <strong>de</strong> Monsieur S., géologue en sentice & Soudan,<br />
venu pour rencontrer Monsieur M., directeur <strong>du</strong> Sen>ice <strong>de</strong>s Mines. Amvée égale-<br />
ment <strong>de</strong> Monsieur et Madame K., Danois, en voyage d’étu<strong>de</strong>s eth?iolo~~ques...<br />
Impôt : Le changenlent <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> l’impôt pour 193.2 ayant nécessité la réfection<br />
<strong>de</strong>s rôles, la percemion <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation ??a pu être effectuée... L%npbt<br />
1932 aura <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés à rentrer ; nous sommes obligé <strong>de</strong> le répéter. Un<br />
grand nombre d “indigènes partis sur Ouagadougou pour vendre qui un mouton, qui<br />
(51) Ces informations laissent entendre que la récolte <strong>de</strong> 1931 n’a pas été très belle. Mais l’im-<br />
portant est <strong>de</strong> noter que les cultivateurs, mécontents <strong>de</strong>s conditions d’achat <strong>de</strong> leur<br />
coton et <strong>du</strong> beurre <strong>de</strong> karité, se sont préoccupés, en 1931, essentiellement <strong>de</strong> leurs cultures<br />
vivrières. Il n’y a donc, pour la campagne 1931-32, aucun pro<strong>du</strong>it qui puisse intéresser le<br />
commerce. Par voie <strong>de</strong> conséquence, aucun argent frais n’est injecté dans le Yatenga. Le<br />
numéraire se fait rare. La crise mondiale affecte <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans l’«effort économique»<br />
<strong>du</strong> Yatenga.<br />
(52) Les Travaux Publics <strong>de</strong>s colonies étaient encadrés par le personnel <strong>du</strong> génie. Il n’est donc<br />
pas étonnant qu’un officier contrôle le recrutement <strong>de</strong> travailleurs.<br />
Le nombre <strong>de</strong>s recrutements croît sensiblement. Le travail sur les chantiers reste, en<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise, la seule source d’argent possible pour les populations (Cf. note 47).<br />
156
un cheval, sont rentrés au cercle avec leurs animaux inven<strong>du</strong>s. Ils sont repartis dans<br />
d’autres directions : Kaya, Dédougou, mais il est très probable .qu’ils n’auront pas<br />
davantage d’occasion <strong>de</strong> vendre.<br />
Les chefs feront certainement le nécessaire pour récolter l’impôt, mais il est peu<br />
probùble qu ‘ils puissent le faire rentrer intégralement.<br />
Recrutement : Les opérations à l’effet <strong>de</strong> recruter 500 travailleurs ont eu lieu <strong>du</strong><br />
12 au 16 février. Il a été présenté 1650 hommes et 19 cuisinières sur lesquels il a<br />
été reconnu aptes 408 hommes et 19 cuisinières.<br />
La Commission <strong>de</strong> recrutement <strong>de</strong>s tirailleurs a examiné 4 652 jeunesgens. 294 jeunes<br />
gens ont étérecrutés, non compris les 31 bons absents récupérés au cours <strong>de</strong> Pannée,<br />
soit un total <strong>de</strong> 325.<br />
MARS<br />
Impôt : Ce n’est que le 10 mars qu’a commencé la perception <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capi-<br />
tation ; les fiches afférentes à chaque village, rectifiées suivant le nouveau taux<br />
(9,50 fr (53) au lieu <strong>de</strong> 11 fr par tête) n’ayant pu être distribuées qu ‘en fin février.<br />
A la date <strong>du</strong> 31 mars, la situation se présente comme suit :<br />
Montant <strong>de</strong>s rôles : 3249 627fi<br />
Perception <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> mars : 615 387,5Ofi:<br />
Ces premiers versements sembleront un peu faibles, mais il est plusieurs facteurs<br />
<strong>de</strong>squels il importe <strong>de</strong> tenir compte et ce, sans parler <strong>de</strong> l’apathie naturelle tant <strong>de</strong>s<br />
Mossi que <strong>de</strong>s Peul, qui les pousse à ne s’occuper et s%tquiéter d’une situation quel-<br />
conque que lorsqu’ils sentent qu’ils ne peuvent plus faire autrement... De nouveaux<br />
ordres étaient donnés pour que soit poursuivie sans faiblesse ni répit la perception<br />
<strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation et nous ne doutons pas d’arriver aux plus intéressants<br />
résultats. .<br />
Mais il faut évi<strong>de</strong>mment donner aux indigènes le temps matériel <strong>de</strong> trouver et <strong>de</strong><br />
rassembler l’argent. Il faut reconnaftre que Pimpôt, encore que diminué, constitue<br />
cette année une lour<strong>de</strong> charge pour l’indigène <strong>de</strong> cette région. Ilr’d sensiblement<br />
plus d’argent. Beaucoup ont dû gratter les fonds <strong>de</strong> tiroir pour faire face aux <strong>de</strong>ux<br />
<strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong> misère quTls viennent <strong>de</strong> traverser. Se procurer <strong>de</strong> largent<br />
<strong>de</strong>vient pour eux un problème <strong>de</strong>s plus ar<strong>du</strong>s : rareté et mévente <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its - avi-<br />
lissement <strong>de</strong>s prix, etc.. Sans doute, 19 <strong>de</strong>rnière récolte <strong>de</strong> mil, sans toutefois être<br />
abondante, a été satisfaisante. Elle permettra à l’indigène <strong>de</strong> tenir jusqu’a b pro-<br />
chaine et d ‘assurer leréensemencement <strong>de</strong> ses lougans. Mais elle ne saurait lui donner<br />
la latitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> vendre bien largement : il risquerait dZ%re lui-même victime <strong>de</strong> son<br />
imprévoyance... D’ailleurs, <strong>du</strong> fait que la récolte a été satisfaisante, le nombre <strong>de</strong>s<br />
acheteurs <strong>de</strong> mil s’en ressent et aussi le cours <strong>de</strong> cette cér&le. A peine atteint-il sur<br />
beaucoup <strong>de</strong> marchés 0,25 et au maximum 0,30 j? le kilo.<br />
(53) Si le Gouvernement <strong>de</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> baisser le taux <strong>de</strong> l’impôt, c’est que la<br />
situation est jugée vraiment grave. Quelques mois plus tard, la perception <strong>de</strong> toutes les<br />
taxes sera interrompue.<br />
1.57
1932<br />
Impdt sur les qnimaux : L ‘indigène ne peut.déjà, présentement, faire face à sa taxe <strong>de</strong><br />
capitation..Il.nousfautprendre patienceavant <strong>de</strong> pouvoipabor<strong>de</strong>r cetteautre taxe.<br />
Impôt : Perception <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> mai : 362 161 francs contre 885 598 le moisprécé-<br />
<strong>de</strong>nt. Le changement <strong>de</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle ie Ier mai a certainement eu sa<br />
répercussion sur le rythme <strong>de</strong>s rentrées ; les indigènes n ‘ayant pas manqué d ‘«essayer<br />
le Nouveau», mais les véritables causes <strong>du</strong> ralentissement constaté semblent rési<strong>de</strong>r<br />
surtout dans la situation économique.<br />
L mdigène parait avoir épuisé sa réservg d’argent et ne fait que <strong>de</strong>s recettes insigni-<br />
fiantes. Il a ven<strong>du</strong> tout le mil dont il pouvait disposer et même au-<strong>de</strong>là. Le coton, le<br />
karité, le kapok, récoltés en quantité moindre que les années précé<strong>de</strong>ntes ont été<br />
payés à <strong>de</strong>s prix inférieurs, tandis que le commerce <strong>de</strong> bétail, grasse source dargent<br />
frais au moment <strong>de</strong> l’impôt, est complètement paralysé <strong>de</strong>puis le 26 mars, date à<br />
laquelle le cercle a été déclaré totalement infesté <strong>de</strong> peste bovine.<br />
Les difficultés rencontrées pour lacquittement <strong>de</strong> l’impôt, jointes à la pénurie <strong>de</strong><br />
mil, alkmt parfois jusqu’à un commencement <strong>de</strong> disette et à la crainte d’une mau-<br />
vaise récolte provoquée par la brusque apparition <strong>de</strong>s sauterelles sur toute l’éten<strong>du</strong>e<br />
<strong>du</strong> cercle, ont occasionné, d ‘apres les renseignements obtenus, d ‘importants exo<strong>de</strong>s<br />
surtout parmi les jeunes gens et les femmes. Nombreux seraient les indigènes partis<br />
dans les cercles <strong>de</strong> Bandiagara, Dori, Kaya, pour y cultiver en même temps que se<br />
soustraire à I’impôt.<br />
Situation politique : Calme dans l’ensemble... Le 13 mai, huit villages, situés dans le<br />
voisinage <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, étaient _signalés comme manquant <strong>de</strong> mil. Monsieur <strong>de</strong> G.<br />
y fut envoyé en tournée le 24 afin <strong>de</strong> vérifier les renseignements rapportés, <strong>de</strong> hâta<br />
la perception <strong>de</strong> Pimpôt si possible et <strong>de</strong> se rendre compte <strong>de</strong> la situation générale<br />
tout au long <strong>de</strong> son itinéraire :Namssiguima, You, Bango, Issigui.<br />
Les‘Constatations faites sont peu rassurantes. Lesgreniers à mil sont dans l’ensemble<br />
peu garnis. Certains villages manquent non seulement <strong>de</strong> mil pour kt nourriture,<br />
mais également pour la semence. Les semences d’arachi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> niébé feraient aussi<br />
défaut. L’indigène s’alimente surtout avec les fruits <strong>de</strong> la brousse et la sou<strong>du</strong>re<br />
s’annonce difficile dans la plupart <strong>de</strong>s villages visités. La situation serait analogue<br />
dans la région <strong>de</strong> Tourcoing-Bam, d après les renseignements fournis par la Mission.<br />
Le cercle a été envahi par les sauterelles. Le premier vol a été signalé télégraphique-<br />
ment, mais <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreux et importants nuages ont été observés en différents<br />
points. Une crainte assez marquée s’est manifestée chez l’indigène et le prix <strong>du</strong> mil<br />
a immédiatement monté sur certains marchés : <strong>de</strong> 0,35 a 0,80 à You.<br />
>n attendant d’être plus complètement informé sur la situation, nous proposons<br />
que soit interdite la fabrication <strong>de</strong> bière <strong>de</strong> mil et <strong>de</strong>mandons lautorisation <strong>de</strong> dis-<br />
tribuer aux villages dépourvus <strong>de</strong> semences 1500 kg d arachi<strong>de</strong>s stockées dans les<br />
greniers <strong>de</strong> l’École où elles commencent à sàbimer. Ces graines ont été fournies<br />
158<br />
MAI
gratuitement au début <strong>de</strong> l’année par la population pour servir à l’alimentation <strong>de</strong>s<br />
élèves. Il resterait I 784 kg en magasin : quamïté suffisante pour faire face à la<br />
rentrée d’octobre et attendre la récolte <strong>de</strong> février.<br />
Télégramme-lettre, 14 juin 1932<br />
Gouverneur p.i. <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> a Cercle <strong>Ouahigouya</strong><br />
Suite à. rapport mensuel <strong>de</strong> mai. Vous autorise à distribuer pour ensemencement les<br />
I $00 kg d.‘aracht<strong>de</strong>s non nécessaires à 1’Rcole Régionale.<br />
Suis par contre opposé à interdiction fabrication bière <strong>de</strong> mil ; celle-ci ne pouvant,<br />
avec moyens dont disposez, être efficace. Fabrication clan<strong>de</strong>stine rendrait cette<br />
mesure illusoire et un tel échec serait nuisible au prestige <strong>du</strong> Comman<strong>de</strong>ment. Ne<br />
me paraît pas au .surplus opportun <strong>de</strong> donner à une population déjà inquiète ce<br />
motif supplémentaire <strong>de</strong> mécontentement.<br />
Visitez les mntonsquimanquent <strong>de</strong> semences et <strong>de</strong> vivres, assurez leur ravitaillement<br />
par cantons voisins plus favorisés en ayant soin <strong>de</strong> noter prêts indivi<strong>du</strong>ellement (par<br />
chef <strong>de</strong> case). Remboursements <strong>de</strong>vront avoir lieu dès récolte avec une mesure<br />
supplémentaire : 10 à 20 % (par exemple, une petite calebasse contenant 2 kg, par<br />
tine <strong>de</strong> mil empruntée) (54).<br />
Vous signale que pour recensement ressources vivrières, il y a lieu, non pas seulement<br />
<strong>de</strong> compter les greniers vi<strong>de</strong>s par rapport à ceux qui sont remplis, mais <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />
sondages d’après l’exemple c&rès :<br />
Gmton <strong>de</strong> . . . Village <strong>de</strong> . . . Famille : Tenga Tapsoba - Hommes : 13 - Femmes : 12 -<br />
Enfants : 11 - Total 36 personnes. Pro<strong>du</strong>ction : mil . ..1500 kg - arachi<strong>de</strong>s . ..300 kg -<br />
riz...50 kg - pois <strong>de</strong> terre...350 kg - maïs...50 kg - Total : 2250 kg. Ce poids obtenu<br />
par une moyenne <strong>de</strong> plusieurs pesées et ensuite un simple cubage <strong>de</strong>s greniers (en y<br />
comprenant les petits greniers situés à 1 Wérieur <strong>de</strong>s cases).<br />
Après plusieurs sondages effectués dans un même village, on établit la moyenne <strong>de</strong>s<br />
ressources indigènes, par habitant et l’on divise par le nombre <strong>de</strong> jours restant jus-<br />
qu’à la récolte prochaine (<strong>de</strong> maïs ou <strong>de</strong> haricots, ou bien <strong>de</strong> mil, si ces <strong>de</strong>ux pre-<br />
mières ne paraissent pas <strong>de</strong>voir suffire). Le quotient obtenu doit donner 1 kg si lir<br />
situation est bonne - ‘0,500 kg si les réserves sont juste suffisantes. En<strong>de</strong>ssous, <strong>de</strong>s<br />
secours sont nécessaires.<br />
Les ch$fies indiqués ci-<strong>de</strong>ssus n’ont qu ‘une valeur approximative, qu’il y a lieu <strong>de</strong><br />
rendre plus exacte par <strong>de</strong>s expériences répétées. Il faut également tenir compte <strong>de</strong>s<br />
autres ressources possibles (petites in<strong>du</strong>stries locales) et <strong>de</strong> la race <strong>de</strong>s habitants<br />
(peu1 se nourrissant d’une majeure partie <strong>de</strong> laitages) (55).<br />
(54) ‘thé : bidon <strong>de</strong> pétrole ou caisse métallique d’essence. Le contenu d’une tine représente en<br />
poids 13 à 14 kg <strong>de</strong> grains.<br />
(55) Ces enquêtes, renforcées <strong>de</strong> calculs savants, supposent, pour être réalisées, une multi-<br />
tu<strong>de</strong> d’adjoints. or le temps presse ! Les dispositions proposées par le Gouverneur sont<br />
inapplicables.<br />
159
1932<br />
Impôt : Les rentrées sont <strong>de</strong> R~US en plus pénibles. L’argent se raréfie. L’examen <strong>de</strong>s<br />
rôles montre cependant que la lenteur <strong>de</strong>s rentrées est <strong>du</strong>e autant à la carence <strong>du</strong><br />
comman<strong>de</strong>ment indigène qu’à la situation économique difficile.<br />
Tandis que certains cantons ont payé les <strong>de</strong>ux-tiers ou la presque totalité <strong>de</strong> l’impôt<br />
<strong>de</strong> capitation, les cantons voisins ayant une situation i<strong>de</strong>ntique en ont à peine versé<br />
le tiers et souvent encore moins. Il y a même une dizaine <strong>de</strong> villages dans le cercle<br />
qui n ‘ont pas encore versé un centime, signe évi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> mauvaise volonté. Les chefs<br />
<strong>de</strong> ces villages vont être mis en <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> s’acquitter et seront changés s’ils ne<br />
s’exécutent pas. Quelques sanctions (suspension <strong>de</strong> sol<strong>de</strong>) seront également <strong>de</strong>mandées<br />
contre <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> canton qui se sont montrés négligeants, insuffisants ou<br />
défaillants.<br />
JUIN<br />
Situation politique : Elle a motivé la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> Cercle <strong>de</strong> se<br />
rendre à Ouagadougou, pour recevoir les instructions <strong>du</strong> chef <strong>de</strong> la Colonie.<br />
Faits particuliers au cercle : Examen <strong>du</strong> certificat d’étu<strong>de</strong>s primaires : dix candida-<br />
tures présentées ; <strong>de</strong>ux reçus.<br />
Arrivée <strong>de</strong> Monsieur B., Chef <strong>du</strong> Service <strong>de</strong> l’Agriculture, qui assiste au Conseil<br />
d Administration et à 1 ‘assembléegénérale <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Prévoyance <strong>du</strong> cercle (56).<br />
JUILLET<br />
Impôt : Perçus pendant le mois 222885 fr. Reste à percevoir à titres divers :<br />
1044 586,15 francs.<br />
Certains cantons semblent avoir atteint la limite <strong>de</strong> leur capacité contributive...<br />
On peut prévoir dès maintenant <strong>de</strong>s dégrevements...<br />
Recrutement : Le recensement <strong>de</strong>s jeunes gens <strong>de</strong> la classe 1933 est commencé. La<br />
plupart <strong>de</strong>s jeunes gens sont absents <strong>de</strong>s villages...<br />
Situation approvisionnements : La venue <strong>de</strong>s pluies va permettre <strong>de</strong> mieux suppor-<br />
ter kz pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>re. Les ensemencements ont été généralement supérieurs à<br />
ceux <strong>de</strong> 1 année précé<strong>de</strong>nte. Des semences ont été distribuées à une dizaine <strong>de</strong> vil-<br />
lages : 800 kg <strong>de</strong> mil et 1152 kg d’arachi<strong>de</strong>s. Quelques villages doivent encore venir<br />
prendre ce qui leur est <strong>de</strong>stiné.<br />
(56) Créée en mars 1931 à <strong>Ouahigouya</strong>. Les Sociétés <strong>de</strong> Prévoyance ont été instituées dans les<br />
colonies, après la mauvaise récolte 1929-30, pour tenter d’unir les paysans dans <strong>de</strong>s actions<br />
communes et insuffler en milieu rural l’esprit mutualiste ! C’est le début, timi<strong>de</strong>, d’un<br />
encadrement agricole.<br />
160
1932<br />
Impôt :Perçu ce mois : 22 885,45 fi: Reste à percevoir : 932 398,65 j?.<br />
AOÛT<br />
Situation politique : Sans changement. Une épuration <strong>de</strong> la population flottante <strong>de</strong><br />
<strong>Ouahigouya</strong> a été entreprise à la suite d’un vol <strong>de</strong> quelques kilos <strong>de</strong> mil commis dans<br />
les magasins <strong>de</strong> la prison: Un certain nombre <strong>de</strong> condamnations pour vagabondage<br />
en a résulté...<br />
Les anciens tirailleurs <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, et probablement <strong>de</strong> l’ensemble <strong>du</strong> cercle, se<br />
sont exemptés <strong>du</strong> paiement <strong>de</strong> l’impot ainsi que leurs familles (5 7).<br />
Le 29 août : réapparition <strong>de</strong>s sauterelles dans le cercle...<br />
Impôt :Perçu : 33 944,OSfi. Reste à percevoir : 909 034,15 fr.<br />
SEPTEMBRE<br />
Situation politique : Inchangée dans l’ensemble. A signaler quelques indices <strong>de</strong><br />
nervosité <strong>du</strong> côté <strong>de</strong> la Mission <strong>de</strong> Bam. Il est à craindre, si <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong> modé-<br />
ration ne lui sont pas adressés par les personnalités autorisées que <strong>de</strong>s difficultés ne<br />
renaissent, compliquant la situation politique déjà peu brillante. Semblables diftï-<br />
cuités seraient particulièrement regrettables au moment <strong>de</strong> la préparation <strong>de</strong>s opé-<br />
rations <strong>de</strong> recrutement (militaire et main d’ceuvre) (58).<br />
OCTOBRE<br />
Impôt : Ont été per&us <strong>de</strong>puis le Ier janvier 1932 : 2 692 905,35 fïz Reste à perce-<br />
voir : 851148,2Ofi. Et2 exécution <strong>du</strong> télégramme 5088 AP <strong>du</strong> 21 septembre 1932,<br />
ordre a étédonné à tous les chefs <strong>de</strong> village <strong>de</strong> se présenter à l’Agence Spéciale avant<br />
le 15 octobre pour y verser les sommes entre leurs mains ou déckuer qu’ils ne<br />
. détenaient rien au titre <strong>de</strong> l’impôt...<br />
Les indigènes peu habitués à ce qu ‘une partie <strong>de</strong> leurs impositions reste impayée,<br />
comprirent dans bien <strong>de</strong>s villages qu “il fallait reprendre la perception et nous dûmes<br />
(57) Preuve manifeste d’insubordination, surtout <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> gens qui sont censés avoir mieux<br />
assimilé que la masse <strong>de</strong> la population les lois françaises. La situation se dégra<strong>de</strong>...<br />
(58) Depuis son installation à Bam en 1923, la mission <strong>de</strong>s Pères Blancs n’en est pas à ses<br />
premières escarmouches avec l’administration. 11 ne faut pas perdre <strong>de</strong> vue que les agents<br />
<strong>de</strong> l’administration française étalent en majorité laïques, anticléricaux et soupçonnés, par<br />
les missionnaires, d’appartenir aux loges maçonniques. Les bons Pères se plaignaient <strong>de</strong>s<br />
manœuvres sournoises <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s commandants <strong>de</strong> cercle, <strong>de</strong>s tracasseries tendant à<br />
jeter un discrédit sur leur œuvre d’apostolat et d’é<strong>du</strong>cation.<br />
161
1932<br />
réitérer <strong>de</strong> nombreuses fois rws ordres et explications aux représentants ou chefs<br />
éberlués...<br />
Il s’agit <strong>de</strong> la décision <strong>du</strong> Gouverneur <strong>de</strong> la<br />
<strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> d’arrêter au 15 octobre 1933 la<br />
perception <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation, compte<br />
tenu <strong>de</strong> l’insolvabilité <strong>de</strong> la population.<br />
NOVEMBRE<br />
Impôt : La perception <strong>de</strong>s impots <strong>de</strong> capitation et taxe sur le bétail a été définitive-<br />
ment arrêtée le 7 novembre.<br />
Situation politique : . . . la population <strong>du</strong> cercle se désintéresse totalement <strong>de</strong>s intri-<br />
gues ourdies par un clan <strong>de</strong> pécheurs en eau trouble, totalement dénués <strong>de</strong> scrupules<br />
et ne reculant <strong>de</strong>vant aucun moyen. L Xtat major (<strong>de</strong> ce clan) est à Ouagadougou,<br />
en partie dans les bureaux mêmes <strong>du</strong> Gouvernement... Il en résulte que seul<br />
le Chef-lieu (Ouagadougou) peut mettre un terme aux. agissements dont le<br />
cercle souffle <strong>de</strong>puis trop longtemps. Cette tâche est d’autant plus aisée que les<br />
bons résultats <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière récolte ont enlevé à la popubtion le seul motif un<br />
peu sérieux <strong>de</strong> mécontentement. On peut être certain, en tous cas, que les diffi-<br />
cultés qui pourraient surgir au cours <strong>de</strong>s prochains mois seront entierement pro-<br />
voqués <strong>de</strong> l’extérieur . ..(59). 1<br />
Prestations : Les travaux <strong>de</strong> remise en état <strong>de</strong>s routes automobilisables ont été<br />
commencés en raison <strong>de</strong>s ordres reçus concernant le passage <strong>du</strong> Gouverneur Général<br />
<strong>de</strong> 1’A.O.F. . . .<br />
Les greniers provisoires <strong>de</strong> section ont été commencés et sont en voie dachèvement.<br />
Des stocks y seront déposés dès les premiers jours <strong>de</strong> décembre (60).<br />
(59) Ce passage est énigmatique <strong>de</strong> même que les extraits <strong>du</strong> rapport annuel qui suivent.<br />
L’impression qui se dégage <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers rapports <strong>de</strong> l’année 1932 est celle d’une psychose<br />
s’emparant <strong>du</strong> personnel <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment. L’explication sera fournie dans le rapport<br />
<strong>de</strong> janvier 1933 (cf. TroisiBme pério<strong>de</strong>).<br />
160) Après la bonne récolte <strong>de</strong> 1932, les autorités veillent à la remise en état <strong>de</strong>s greniers <strong>de</strong><br />
réserves.
1932<br />
La fin <strong>de</strong> lirnnée 1931 fut marquée par : <strong>de</strong>ux vols <strong>de</strong> 1 II 000 et 5 000 fi+. constatés<br />
à l’Agence Spéciale ; k condamnation <strong>du</strong> Togo-Naba à 1000 fr d’amen<strong>de</strong> et trois<br />
ans d’interdiction <strong>de</strong> séjour ; la condamnation <strong>du</strong> gérant <strong>de</strong>s PTT à huit ans <strong>de</strong><br />
prison pour déficit <strong>de</strong> 50 000 fr.<br />
En janvier, éclata un conflit entre le Commandant <strong>de</strong> cercle et la Mission <strong>de</strong> Bam.<br />
Après l’arrivée <strong>du</strong> nouveau Commandant. <strong>de</strong>s affaires dr(rent être réglées dans les<br />
cantons <strong>de</strong> Riziam, Ktiguitenga. Rattenga . . .<br />
En mars, mourut le chef <strong>de</strong> canton <strong>de</strong> Oula. Des intrigues se twuèrent immédia-<br />
tement, en vue et à l’occasion <strong>de</strong> son remplacement... Nous avons dénoncé les<br />
agissements d ‘zrne coterie <strong>de</strong> fonctionnaires indigènes visant, par <strong>de</strong>s manoeuvres<br />
tortueuses, à nous imposer ses vues politiques... Monsieur 1 kpecteur <strong>de</strong>s Affaires<br />
Administratives, lors <strong>de</strong> sa tournke <strong>de</strong> septembre, reconnut que ale cercle <strong>de</strong><br />
<strong>Ouahigouya</strong> est <strong>de</strong>puis longtemps le théàtre d ‘intrigues tellement nombreuses <strong>de</strong> la<br />
part <strong>de</strong> l’entourage <strong>de</strong>s chefs et même <strong>de</strong> certains agents <strong>de</strong> I’Administration, que<br />
tout ce qui en émane jusqu ‘a présent ne l’est que dans un but tendancieux et ne<br />
doit être accepté qu’avec la plus gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce, . . .<br />
Une évi<strong>de</strong>nce s Impose : le Commandant <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est constamment<br />
paralysé dans son action. Monsieur <strong>de</strong> B. a constaté qu’ail est actuellement impos-<br />
sible au Commandant <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ire une enqu&e dans le but <strong>de</strong> découvrir la<br />
vérité, tant sont diverses les influences qui ten<strong>de</strong>nt à l’isoler <strong>de</strong> la connaissance <strong>de</strong>s<br />
évènements <strong>de</strong> sa circonscr@tiona.<br />
Non moins évi<strong>de</strong>nte est la place exag&+ment encombrante prise en matière poli-<br />
tique par la classe indigène <strong>de</strong>s ,&volués.y. Ceux-ci, fonctionnaires, boutiquiers,<br />
agents divers, lettrés ou non. en contact étroit avec le Blanc, ont srrpplant& sur ce<br />
terrain les notables et chefs coutumiers et constituent maintenant la véritable aristo-<br />
cratie indigène. Sonactivités’exercerarement en notre faveur, moins souvent encore<br />
dans l’intérêt <strong>de</strong> la masse. Quant aux chefs. elle en dispose. provoquant nominations<br />
et révocations par <strong>de</strong>s informations habilement rapportées aux Européens suscep-<br />
tibles <strong>de</strong> servir ses <strong>de</strong>sseins <strong>du</strong> moment... Nous <strong>de</strong>vrons nous souvenir que. plusieurs<br />
fois au cours <strong>de</strong> l’année 1932, mous ~tous sommes heurtés à la volonté antagoniste<br />
<strong>de</strong> clans ou même d’indivi<strong>du</strong>s et que, s’il faut en croire les bruits <strong>recueil</strong>lis, dans une<br />
occasion il aurait été déclaré qu’on ne souffrirait pas, <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle,<br />
une décision différente <strong>de</strong> celle atten<strong>du</strong>e...<br />
Une minorité d irnciens tirailleurs existe, qui cherche à graviter autour <strong>de</strong>s Européens.<br />
venant grossir la classe <strong>de</strong>s évolués. US recherchent toutes sortes d émplois : percep-<br />
teurs <strong>de</strong> marchés, cantonniers, goumiers et, une fois en place, savent tirer tous les<br />
profits licites ou non. Ils ont pris lkbitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne pas payer l’impôt, attitu<strong>de</strong> qui<br />
semble avoir été favorisée par une certaine politique. A <strong>Ouahigouya</strong> existe un clan<br />
d’anciens tirailleurs pensionnés, habitués <strong>de</strong>s marchan<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dolo, chez lesquelles ils<br />
se rencontrent et discutent toute la journée <strong>de</strong> choses et d’autres. Une surveilkmce<br />
spéciale <strong>de</strong>vra s’exercer sur ce mili-u qui nous a été signale’ comme travaillé en<br />
sous-main.<br />
163
164
La pério<strong>de</strong> 1922-1932 est celle d’une tentative<br />
forcenée pour «développer)) le cercle, c’est-<br />
à-dire exploiter ((au maximum» ses possibi-<br />
lités agricoles, mais encore son capital humain,<br />
au bénéfice <strong>de</strong>s colonies voisines, <strong>de</strong>s travaux<br />
d’infrastructure fédérale et surtout <strong>de</strong> la mé-<br />
tropole.<br />
Jamais encore, les populations n’ont eu à se<br />
soumettre à tic telles contraintes, au nom <strong>de</strong><br />
l’œuvre civilisatrice. Les autorités, jouent sur<br />
tous les tableaux : cultures, recrutements <strong>de</strong><br />
main p’œuvre, conscription, prestations, impôts,<br />
taxes nouvelles.<br />
Pour attirer les faveurs <strong>du</strong> dieu Commerce (avec<br />
un C majuscule), on veut tirer parti <strong>de</strong> tout. La<br />
décennie 22-32 est un banc d’essai : coton, cire,<br />
kapok,beurre <strong>de</strong> karité,miel, indigo, tabac, sésa-<br />
me, doivent être fournis sur ordres. Le person-<br />
nel administratif et les bons pères <strong>de</strong> la mission<br />
montrent l’exemple : les pépinières <strong>de</strong> kapo-<br />
kiers sont aménagées, <strong>de</strong>s arbres fruitiers (man-<br />
guiers) sont distribués aux chefs, le coton Allen<br />
est intro<strong>du</strong>it, l’élevage <strong>du</strong> mérinos est tente et...<br />
Monsieur BOUSSAC veille, par personnes inter-<br />
poJées, à ce que ce dynamisme ne faiblisse pas.<br />
L’administrateur s’acharne à appliquer manu<br />
militari les circulaires qui tombent les unes<br />
apres les autres «pour renforcer les cultures<br />
in<strong>du</strong>strielles». 11 exige «le plein ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s<br />
chefs coutumiers en matière agricole et commer-<br />
ciale)) et se réjouit <strong>de</strong> voir la concürrence s’exer-<br />
cer entre les commerçants. L’impôt augmente...<br />
Pour l’évacuation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its, l’administration<br />
réquisitionne les animaux <strong>de</strong> bât et leurs pro-<br />
priétaires, lève mille hommes en quelques jours<br />
pour aménager une route ou réparer les ponts<br />
(que les camions détruisent à chaque campagne)<br />
ou encore pour répondre aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>du</strong><br />
Chemin <strong>de</strong> fer. Ce «forcing» est apparemment<br />
couronné <strong>de</strong> succès en 1928 et $930, mais à<br />
quel prix !...<br />
Les conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s populations se dégra-<br />
<strong>de</strong>nt :-le taux <strong>de</strong> l’impôt monte ; le prix <strong>du</strong> mil<br />
aussi, mais celui <strong>du</strong> coton et <strong>du</strong> kapok baisse,<br />
suivis <strong>de</strong> tous les autres prix d’achats <strong>de</strong>s pro-<br />
<strong>du</strong>its commercialisés... La crise !<br />
165
166<br />
Le cheptel est décimé par les épizooties et les<br />
paysans se débarrassent <strong>de</strong> leurs animaux<br />
porteurs pour ne plus avoir a n5pondre aux<br />
réquisitions. Les jeunes gens fuient en Gold<br />
Coast par milliers ; <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> familles<br />
cherchent. à s’implanter dans les zones <strong>de</strong> refuge<br />
périphériques pour échapper aux multiples<br />
contraintes. Les années 1930 - 1932 sont<br />
infernales.<br />
Toutefois, les autorités continuent à avoir bonne<br />
conscience, quand elles ne se désintéressent pas<br />
purement et simplement <strong>de</strong> savoir si la popula-<br />
tion mange à sa faim. Le commandant fait véri-<br />
fier l’état <strong>de</strong>s greniers à mil, mais lorsque les<br />
disettes sont évi<strong>de</strong>ntes, ne veut rien savoir :<br />
il s’agit <strong>de</strong> percevoir l’impôt et il sanctionne !<br />
Malgré la gravité <strong>de</strong> la situation, le souci <strong>de</strong>s<br />
administrateurs est le contrôle pour le contrôle<br />
et tous les efforts sont ten<strong>du</strong>s vers une gestion<br />
saine.<br />
Bien à part <strong>de</strong> tout cela, comme si <strong>de</strong> rien<br />
n’était, la vie <strong>du</strong> <strong>poste</strong> continue à être bien<br />
réglée. Le nombre <strong>de</strong>s Blancs augmente, les<br />
élèves rentrent en classes ou partent en vacances<br />
au rythme <strong>de</strong>s saisons, les touristes font étape<br />
à <strong>Ouahigouya</strong> et le Gouverneur fait une inspec-<br />
tion <strong>de</strong> routine.
TROISIEME PBRIODE : 1933 - 1941<br />
&e temps <strong>de</strong>s bienfaits»
165<br />
Les informations se font rares pour I’année<br />
1933. Mis à part le document d’inspection<br />
daté <strong>de</strong> janvier, nous n’av%ns retrouvé,<br />
parmi <strong>de</strong>s séries <strong>de</strong> télégrammes-lettres,<br />
qu’un seul rapport trimestriel présentant<br />
un certain intérêt. Il révèle les impressions<br />
<strong>du</strong> nouveau commandant <strong>de</strong> cercle, nom-<br />
mé à <strong>Ouahigouya</strong>.<br />
La rareté <strong>de</strong> l’information pour cette année<br />
est sans doute liée & la réorganisation admi-<br />
nistrative, conséqueke <strong>de</strong> la nouvelle ap-<br />
partenance <strong>du</strong> cercle à la Colonie <strong>du</strong><br />
Soudan. De ce fait, 1’Administrateur n’a<br />
guère eu la .possibilité d’effectuer <strong>de</strong>s tour-<br />
nées dans sa circonscription. Cette situation<br />
a été aggravée par l’absence d’un Comman-<br />
dant en titre <strong>de</strong> janvier à avril 1933).<br />
Pour 1934 et 1935, nous disposons d’une<br />
série <strong>de</strong> télégrammes, adressés chaque mois<br />
au Gouverneùr <strong>du</strong> Soudan. L’institution <strong>du</strong><br />
téldgramme mensuel semble généralisée<br />
dans la colonie au cours <strong>de</strong> ces années.<br />
Une circulaire <strong>du</strong> 19 mars 1934 rappelle<br />
que seuls les faits politiques <strong>du</strong> mois doivent<br />
donner lieu à l’établissement <strong>du</strong><br />
t~légramrne o 1 ficiel et qu’il est inutile <strong>de</strong><br />
donner d’autres informations, notamment<br />
sur les tournées. Les rapports trimestriels<br />
qui auraient pu avantageusement compléter<br />
la sécheresse <strong>de</strong> ces télégrammes n’ont<br />
pas toujours été retrouvés.<br />
Les documents intéressant les années sui-<br />
vantes, jusqu’en 1941, sont <strong>de</strong> valeurs iné-<br />
gales et ne permettent plus <strong>de</strong> suivre pas à<br />
pas la politique <strong>de</strong>s administrateurs. Toute-<br />
fois, quelques rapports mensuels, trimes-<br />
triels, ou les comptes-ren<strong>du</strong>s d’inspection<br />
jettent encore quelques lumières sur la vie<br />
<strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> et sur les hommes<br />
qui le comman<strong>de</strong>nt.
1933 DOCUMENTSDIVERS<br />
Rapport <strong>de</strong> l’hspecteur <strong>de</strong>s Affaires Administratives<br />
à Monsieur-le Gouverneur <strong>du</strong> Soudan Français<br />
au sujet <strong>de</strong> la situation politique génér+le <strong>du</strong> Cercle <strong>de</strong> Chahigouya<br />
le 13 janvier 1933.<br />
Le décret <strong>du</strong> 3 septembre 1932 prescrivant la suppression <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>- <strong>Volta</strong> <strong>de</strong>vait<br />
entrer en vigueur à compter <strong>du</strong> Ier janvier 1933.<br />
Prenant les <strong>de</strong>vants et pour être certain que son appel parvienne a Koulouba, dès la<br />
mise en application <strong>de</strong>s dispositions précitées (rattachement <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />
au Soudan), le Commandant <strong>de</strong> cercle adressait dès le 21 décembre au Chef-lieu un<br />
télégramme-lettre... Les termes <strong>de</strong> cette correspondance étaient tels que vous avez<br />
cru bon <strong>de</strong> m’envoyer a <strong>Ouahigouya</strong> pour examiner la situation politiquegénérale<br />
<strong>du</strong> cercle’.. L’Administrateur semblait laisser supposer qu *elle était loin d’être<br />
satisfaiwite...<br />
Je puis tout dabord vous assurer que, pour l’instant, aucun inci<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> moment ne<br />
met en péril la bonne marche <strong>de</strong> la circonscription... De la lecture <strong>de</strong> la correspon-<br />
dance et <strong>de</strong>s rapports, il semble ressortir une certaine déformation <strong>de</strong>s événements<br />
et <strong>de</strong> leurs conséquences, ainsi que le continuel souci <strong>de</strong> les voir se ramener à <strong>de</strong>s<br />
questions <strong>de</strong> personnes.<br />
. . . Je n’entends pas dire que tout ce qui a été souligné soit sans importance. Cepen-<br />
dant, <strong>de</strong>s faits <strong>du</strong> même ordre ne sont pas lapanage <strong>du</strong> Yatenga ; vols, détoume-<br />
ments, enquêtes, conflits sont relevés dans d’autres cercles. Le reproche que l’on<br />
peut adresser à Z’Administrateur, ou à ses prédécesseurs, est <strong>de</strong> n avoir pas su les<br />
prévenir ou encore <strong>de</strong> ne les avoir pas étudiés lorsqu’ils sont intervenus avec le<br />
calme indispensable dont doit être nanti le Commandant <strong>de</strong> cercle pour rester à la<br />
hauteur <strong>de</strong>s circonstances... Il n’y a pas là matière B émotionner un Commandant<br />
<strong>de</strong> cercle sur <strong>de</strong> lui.<br />
L ‘Administrateur ne m’a pas caché qu ‘il venait d’être en proie à une forte dépres-<br />
sion nerveuse qui n’avait disparu qu’à l’annonce <strong>de</strong> mon arrivee prochaine... Il n’a<br />
pas non plus nié qu’il avait été débordé par les responsabilités encourues... Je crois<br />
l’avoir quitté en le laissant calme, mais il est certain qu’il est encore trop jeune et<br />
pas assez sûr <strong>de</strong> lui pour conserver le comman<strong>de</strong>ment <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>...<br />
En tout état <strong>de</strong> cause, il paraît préférable <strong>de</strong> ne plus le laisser à lui-même et <strong>de</strong> le<br />
mettre en sous-ordre. Il est assez intelligent pour avoir compris cette nécessité et<br />
en avoir <strong>de</strong>mandé lui-même la réalisation.<br />
Ii’ ne serait peut-être également pas sans intérêt <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r d’autres mutations pour<br />
renouveler l’air <strong>de</strong> ce <strong>poste</strong> autrefois si calme et si facile à con<strong>du</strong>ire.<br />
169
1933<br />
RAPPORT POLITIQUE, DEUXIÊME TRIMESTRE<br />
Situath gt?tu?raïi? :iIf’ayant pris que <strong>de</strong>puis environ six semaines h? comman<strong>de</strong>ment<br />
<strong>du</strong> cercle et ntiyant pu. encore me <strong>de</strong>placer hors <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce (j’ai toutefojs<br />
I’intentiorz <strong>de</strong> faire incessament quelques tournées) l’exposé qu’il me sera possible<br />
<strong>de</strong>. fate sur la situation <strong>de</strong> cette circonscription seru nécessairement plus general<br />
qu ‘appvofondi.<br />
L’impression laissée par mon premier contact avec les habitants est favorable...<br />
Dans l%wemble, la popuhstkm se montre plut& docile à accomplir ses obligations<br />
administratives et paraft respectueuse <strong>de</strong> ses chefs. Son principal défaut <strong>de</strong>meure,<br />
en <strong>de</strong>hors d’une indolence commune à toutes les races noires, un go& excessif,<br />
surtout chez les’Mossis, pour les boissons fermentees, origine <strong>de</strong> nombreux inci<strong>de</strong>nts<br />
plus ou moins dramatiques.<br />
Chefs Imi&%tes : On doit signaler leur bon esprit et, presque toujours, leur bonne<br />
volonte. Le concours qu ‘ils sont capables <strong>de</strong> nous apporter <strong>de</strong>meure neanmoins très<br />
restreint. ll ne faut guère compter sur eux que pour la perception <strong>de</strong>s impots, le<br />
recrutement militaire et <strong>de</strong> travailleurs, la police générale, et encore l’action administrative<br />
doit-elle s’exercer avec une constante persévérance pour obtenir un ren<strong>de</strong>ment<br />
satisfaisant, Deux causes paraissent etre à l’origine <strong>de</strong> cet état <strong>de</strong> choses :<br />
I - une évolution <strong>de</strong> la formation professionnelle insuffisante (aucun chef n’est<br />
lettre, ni possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> secrétaire) alors que l’administration s’est considérablement<br />
développée ;<br />
2 - une crainte perpétuelle <strong>de</strong>s intrt’gues et <strong>de</strong>s dénon@ations qui paralyse souvent<br />
leur action... :<br />
Gmtributions directes : La perception <strong>de</strong>s contributions directes constitue un <strong>de</strong>s<br />
meilleurs elements permettant d’apprécier la situation politique d’une circonscrip<br />
tien,.. Encore que le taux <strong>de</strong>s impots soit, à <strong>Ouahigouya</strong>, relativement mo<strong>de</strong>%!, les<br />
impots n’en constituent pas moins une lour<strong>de</strong> charge pour une population ne disposant,<br />
surtout en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise économique, que <strong>de</strong>s médiocres ressources provenant<br />
<strong>de</strong> Sexploitation <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its g&?ralement pauvres. Ces ressources sont surtout<br />
representées par la fabrikation <strong>de</strong> beurre <strong>de</strong> karité, l’in<strong>du</strong>strie <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coton,<br />
l’exploitation <strong>de</strong>s kapokiers, la vente <strong>du</strong> croft <strong>de</strong>s cheptels ovins et equins, la vente<br />
<strong>de</strong> l’exce<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s cultures Vivr&es. L’exportation <strong>du</strong> bétail bovin est, par contre, le<br />
gros revenu <strong>de</strong>s pasteurs Qeulhs, un QQU plus favorisés sous ce rapport que les<br />
cultivateurs sé<strong>de</strong>ntaires.<br />
Enfin, il convient d’ajouter, pour l’ensemble <strong>de</strong> la population, certaines ressources<br />
contribuant indirectement à répeuldre une quantite assez importante <strong>de</strong> numéraire,<br />
Je VQUX parler <strong>de</strong>s mandats provenant <strong>de</strong> l’extérieur et <strong>du</strong> paiement <strong>de</strong>s diverses<br />
pensions qui, pour le premier semestre 1933 se chiffrent respectivement à 42 730 fr<br />
et 112503 francs.<br />
Au abut <strong>de</strong> l’année, un certain flottement s’est pro<strong>du</strong>it dans la perception <strong>de</strong><br />
l%nQot personnel. Les dégrèvements massifs opérés fin 1932 dans la colonie <strong>de</strong> la<br />
D&e-volta avaient laisse, au moins dans certaines parties <strong>du</strong> cercle, 1 ‘impression<br />
170
1933<br />
que I’Administration locale renoncerait complètement cette année ri réclamer les<br />
.impôts directs, conception qu’il a été nécessaire <strong>de</strong> réformer. Commencés assez<br />
tardivement, les recouvrements n’atteignaient à la fin <strong>du</strong> premier trimestre que<br />
285 617 francs pour un rôle <strong>de</strong> 2 556 460 francs. Par contre, dès le début <strong>du</strong> second<br />
trimestre l’administrateur-adjoint, chargé <strong>de</strong> l’expédition <strong>de</strong>s affaires courantes,<br />
donnait à la rentrée <strong>de</strong>s impôts une vigoureuse impulsion qui a été <strong>de</strong>puis main-<br />
tenue. A la fin <strong>du</strong> semestre écoulé, les paiements ont atteint au total 1652 697.f?...<br />
Questions religieuses : Certains rapports <strong>de</strong> mes prédécesseurs ont signalé le dévelop-<br />
pement <strong>de</strong> la religion islamique et en particulier une tendance à Saf~li@ion à la<br />
secte Tidjani (chapelet à onze grains). Il est à noter que cette question n’a eu, jus-<br />
qu ‘à ce jour, aucune répercussion sur la situation politique.<br />
En ce qui concerne la mission catholique <strong>de</strong> Tourcoing-Bam, les archives <strong>du</strong> cercle<br />
mentionnent <strong>de</strong>s désaccords assez fréquents survenus entre elle et lildministration<br />
<strong>du</strong> cercle.. .<br />
TÉLÉGRAMME No 215 DU ler AOÛT 1933<br />
Situation politique excellente ensemble cercle. Principal événement : fête nationale<br />
à laquelle ont assisté tous chefs et notables. Recouvrement impôtjuillet: 390 000 fr,<br />
portant reste recouvrement à 510 000 j?. Populations continuent fournir gros effort<br />
pour acquittement complet. ‘.<br />
171
1934 DC9CUMENTS DIVERS<br />
TÉLl?XXiMME o 76 DU ler FÉVRIER<br />
A Gouverneur Koulouba. - Situation politique excellente ensemble cercle. Seul fait<br />
important, recrutement militaire au cours <strong>du</strong>quel population a montré attachement<br />
et loyalisme habituels, ayant répon<strong>du</strong> appel sans aucune abstention.<br />
TÉLEGRAMME N” 135 DU ler MARS<br />
Malgré difficulté procurer numéraire, populations ont fourni gros effort pour<br />
acquitter impôts dont recouvrement février atteint environ 450 000 francs.<br />
TÉLÉGRAMME N” 416 DU 2 JUILLET<br />
Situation politique bonne. Sans inci<strong>de</strong>nts. Recouvrement d’impôt s’élève ce jour<br />
à 2 170 808jkancs. Tournées effectuées Commandant cercle : région Bango, ,Thiou<br />
et Thou. Mé<strong>de</strong>cin cercle : Tourcoing-Bam. Vétérinaire circonscription : région<br />
Thiou et cercle Bandiagara.<br />
Extr&ts <strong>du</strong> RAPPORT POLITIQUE, DEUXIEME TRIMESTRE<br />
Le 29 avril : passage <strong>de</strong> M. le Gouverneur <strong>de</strong> la C&nie qui repart dans la journée<br />
pour Tourcoing-Bam, siège d’une mission catholique.<br />
Du 24 au 28 mai, le Commandant <strong>de</strong> cercle se rend à Tourcoing-Bam et Kaya où il<br />
règle avec M. l’Administraleur B. quelques inci<strong>de</strong>nts relafifs aux mouvements <strong>de</strong><br />
population qui s’effectuent sans autorisation entre le cercle <strong>de</strong> Kaya et les régions<br />
Est et Nord-Est <strong>du</strong> cercle (1).<br />
Le 29 mai, le Commandant <strong>de</strong> cercle repit la visite <strong>de</strong> Monsetgneur THEVENOUD,<br />
déjà rencontré à Tourcoing-Bam (2) . . .<br />
(1) Kaya relève <strong>de</strong> la Côte d’ivoire <strong>de</strong>puis le ler janvier 1933. Les Mossi, ressortissants <strong>de</strong> la<br />
Côte d’ivoire, fuient leurs cercles d’origine, où les recrutements s’intensifient, et se réfugient<br />
dans les cantons peu1 <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Djibo (<strong>Ouahigouya</strong> - Soudan).<br />
(2) Mgr THl?VF,NOUD : arrivé en <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> en 1903, père supérieur <strong>de</strong> la mission <strong>de</strong><br />
Ouagadougou en 1906, est nommé en 1920 administrateur <strong>du</strong> Vicariat <strong>du</strong> Soudan puis, en<br />
juillet 1921, Vicaire Apostolique <strong>de</strong> Ouagadougou. C’est sous son impulsion que les Pères<br />
Blancs ont créé la mission <strong>de</strong> Bam en 1923.<br />
172
1934<br />
Chefs indigènes : Je ne m’attar<strong>de</strong>rai pas à exposer au Chef <strong>de</strong> la Colonie, qui a vécu<br />
en pays mossi, l’organisation féodale <strong>de</strong> ces régions, l’autorité encore réelle dont<br />
jouissent ses chefs et Wtachement <strong>de</strong> la population à la plupart d’entre eux.<br />
En dépit <strong>de</strong> quelques exceptions, nous trouvons là <strong>de</strong>s facilités d’administration<br />
sans doute inconnues dans bien <strong>de</strong>s cercles et si, <strong>de</strong> cette autonté peuvent naître<br />
pmfois quelques abus, le contrGle politique <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle, l’évolution<br />
<strong>de</strong>s indigènes qui n ‘ignoremt plus qu ‘ils peuvent se faire entendre, permettent <strong>de</strong> les<br />
éviter et, dans tous les cas, <strong>de</strong> les répn-meravant qu ‘ils ne soient <strong>de</strong>venus trop graves.<br />
Le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s groupes peuls est tout diflérent. Les chefs, moins écoutés<br />
par <strong>de</strong>s populations d’esprit plus indépendant et dont certaines, à <strong>de</strong>mi-noma<strong>de</strong>s,<br />
ont ici tâche beaucoup plus ar<strong>du</strong>e. Il suffit <strong>de</strong> se reporter aux tableau <strong>de</strong> perception<br />
<strong>de</strong> l’impôt personnel indigène pour se rendre compte <strong>de</strong> l’infériorité relative <strong>de</strong><br />
ce comman<strong>de</strong>me@<br />
TELÉGRAMME N” 557 DU 31 AOÛT<br />
Situation politique bonne. Taxes rentrent normalement. Recouvrement impôt<br />
personnel indigène est’ à ce jour <strong>de</strong> 2529 769francs. Tournées effectuées vété-<br />
rinaire : région Thiou. Mé<strong>de</strong>cin auxiliaire : centres consultations et dispensaires <strong>de</strong><br />
Tourcoing-Bam.<br />
TÉLEGRAMME N” 634 DU 2 OCTOBRE<br />
Situation politique bonne. Impôt personnel indigène est recouvert. Perception<br />
autres taxes s’effectue normalement (3).<br />
TELÉGRAMME No 7061 DU 29 SEPTEMBRE<br />
Gouverneur Soudan à <strong>Ouahigouya</strong><br />
Ingénieur Agriculture C. quitte <strong>de</strong>main Bamako pour <strong>Ouahigouya</strong> et procé<strong>de</strong>ra<br />
inventaire situation agricole votre cercle. Proposez-moi immédiatement si nécessaire<br />
interdiction fabrication dolo dans t&te éten<strong>du</strong>e votre circonscription. Indiquez<br />
(3) Rien n’est apparu dans la série <strong>de</strong> télégrammes qui puisse indiquer un quelconque problème<br />
d’ordre économique ou alimentaire. Nous apprécierons les termes <strong>du</strong> télégramme <strong>du</strong> 2 octo-<br />
bre annonçant que la totalité <strong>de</strong>s impôts est recouverte alors qu’au même moment il est<br />
évi<strong>de</strong>nt que les récoltes sont catastrophiques ; le télégramme <strong>du</strong> Gouverneur <strong>du</strong> Soudan en<br />
amène la preuve.<br />
Le Gouveineur suggère l’intensification <strong>du</strong> recrutement pour «soulager» les populatinv:-<br />
conformément à l’habitu<strong>de</strong>.<br />
173
1934<br />
également si en raison situation serait pas important renforcer en ce qui concerne<br />
<strong>Ouahigouya</strong> recrutement travailleurs <strong>de</strong>uxième portion, ce qui ai<strong>de</strong>rait populations<br />
particulièrement éprouvées.<br />
TÉLÉGRAMME No 570 DU ler OCTOBRE<br />
Réponse à 7061 drn 29 septembre <strong>de</strong> Koulouba<br />
Jeunes gens <strong>de</strong>uxième portion affectés chantiers S. T.I.N. (4) ai<strong>de</strong>nt beaucoup moins<br />
leur famille que ceux affectés Service Armé, sans doute raison infériorité situation.<br />
Pense qu’a ce jour, jeunes gens préféreront suivre courant habituel vers plantations<br />
Côte d’ivoire ou mines Gold Coast où travaillent pendant pério<strong>de</strong> disette. Si cepen-<br />
dant emploi volontaire pour travail chantiers S.TLN. avec <strong>du</strong>rée et condition déter-<br />
minée était possible, crois pourrions réunir en cas famine certain nombre hommes<br />
contraints quitter momentanément pays pour assurer leur existence.<br />
TBLÉGRAMME N” 726 DU 31 OCTOBRE<br />
Situation politique satisfaisante cours mois écoulé. Pas d’inci<strong>de</strong>nts.<br />
TBLÉGRAMME N”S31 DU 26 DÉCEMBRE<br />
Situation politique fin décembre satisfaisante. Pas d ‘inci<strong>de</strong>nts notablesà signaler (5).<br />
(4j S.T.I.N. : Service temporaire <strong>de</strong>s irrigations <strong>du</strong> Niger, créé en 1925 et dissous en 1937,<br />
chargé <strong>de</strong>s aménagements hydro-agricoles le long <strong>du</strong> Niger et particulièrement <strong>de</strong>s casiers <strong>de</strong><br />
l’Office <strong>du</strong> Niger.<br />
15) Le lecteur appréciera la nuance intro<strong>du</strong>ite ,par le qualificatif «notable». De même, nous<br />
remarquerons, dans les télégrammes qui suivent, la nuance existant entre «situation excel-<br />
lente» et «situation satisfaisante dans l’ensemble».<br />
174
1935 DOCUMENTS DIVERS<br />
TÊLJ%XtAMME N” $9 DU 2 FlitVRIER<br />
Cercle <strong>Ouahigouya</strong> à Gouverneur Koulouba. Situation politique janvier satisfaisante,<br />
sans inci<strong>de</strong>nts. Recouvrement impôt personnel indigène à ce jour : 217944fi.<br />
TBLBGRAMME N” 365 DU ler-JUIN<br />
Situation politique cercle satisfaisante dans l’ensemble. Pas d’inci<strong>de</strong>nts notables.<br />
Recouvrement impôt personnel indigène au <strong>de</strong>rnier mai : 2 188 41 I fi.<br />
TÉLÉGRAMME N” 558 DU 31 AOÛT<br />
Situation politique en août satisfaisante. Pas d’inci<strong>de</strong>nts sérieux. Recouvrement<br />
impôt personnel indigène au <strong>de</strong>rnier août : 2 493206fr.<br />
TELÉGRAMME N” 374 DU 6 SEPTEMBRE<br />
Situation politique bonne. Rien à signaler. Situation alimentaùe satisfaisante.<br />
TfZLI?GRAMME N” 691 DU 31 OCTOBRE<br />
Situation politique en octobre satisfaisante0 Aucun inci<strong>de</strong>nt a s&aler~ Recou-<br />
vrement impôt personnel indigène au <strong>de</strong>rnier octobre : 2 530 245 fr.<br />
(L’impôt personnel est donc rentre rt$u-<br />
lièrement au cours <strong>de</strong> l’amGe, sans inci-<br />
<strong>de</strong>nts ((notables» à signaler. Et pourtant...)<br />
<strong>Ouahigouya</strong>, le 31 mai 1935<br />
L’Administrateur <strong>de</strong>s Colonies; Commandant le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>,<br />
à Monsieur le Gouverneur <strong>du</strong> Soudan Français<br />
J’ai Phonneur <strong>de</strong> vous rendre compte que les habitants <strong>du</strong> village <strong>de</strong> Sissamba<br />
(16.50 habitants - canton et province <strong>du</strong> Togo) se sont, en dépit <strong>de</strong>s ordres donnés<br />
et malgré l’intervention <strong>du</strong> Chef <strong>de</strong> village, approprié, au début <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> mai,<br />
le mil <strong>de</strong>s trente greniers <strong>de</strong> réserve <strong>de</strong> semences constitués par les soins <strong>de</strong> Mon-<br />
sieur l’ingénieur agronome C.<br />
La raison invoquée est hz nécessité <strong>de</strong> vendre le grain pour achever <strong>de</strong> payer l’impôt<br />
<strong>du</strong> village. C’est là un motif qui me paraît peu acceptable car Sissamba ne f&-ure<br />
précisément pas parmi les groupements notés par Monsieur C. comme ayant<br />
souffert, Ian passé, <strong>de</strong> la sécheresse ou <strong>de</strong>s acridiens.<br />
175
1935<br />
L Lsprit <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> ce village, qui n’est pourtant qu ,à six kilomètres <strong>de</strong><br />
<strong>Ouahigouya</strong>, est loin d’être bon et j’ai dû intervenir à plusieurs reprises pour<br />
obtenir l’exécution <strong>de</strong> leurs prestations.<br />
Ce cas d’indiscipline flagrante est <strong>de</strong> nature, par son exemple, à diminuer Pautorité<br />
<strong>de</strong>s chefs indigènes, aussi bien que la nôtre et je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais <strong>de</strong> bien vouloir<br />
examiner s’il n,y aurait pas lieu <strong>de</strong> le sanctionner en infligeant une punition collec-<br />
tive - une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> mille francs par exemple - aux habitants <strong>du</strong> village <strong>de</strong> Sissamba.<br />
Koulouba, le 13 juillet 1935<br />
L’Admkist&teur en chef p.i. ÉBOUÉ<br />
h Momsieur 1’Admimistrateur <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />
Par lettre no 354 <strong>du</strong> 31 mai 1935, vous m’avez ren<strong>du</strong> compte que les habitants <strong>du</strong><br />
village <strong>de</strong> Sissamba s’étaient, en dépit <strong>de</strong>s ordres donnés et malgré l’intervention <strong>du</strong><br />
chef <strong>de</strong> village, approppie, au début <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> mai 1935, le mil <strong>de</strong>stiné aux semen-<br />
ces et emmagasiné dans trente greniers <strong>de</strong> réserves, constitués par les soins <strong>de</strong><br />
1 Tngénieur agronome C.<br />
La sanction que vous me proposez <strong>de</strong> prendre contre les délinquants apparaît dis-<br />
proportionnée avec Pimportance <strong>de</strong>s faits à réprimer. Une telle sanction ne peut au<br />
surplus être envisagée, conformément aux dispositions <strong>de</strong> l’article 23 <strong>du</strong> décret <strong>du</strong><br />
15 novembre 1924, que pour <strong>de</strong>s actes ou manouvres <strong>de</strong> nature à compromettre<br />
la sécurité publique, <strong>de</strong>s faits d’insurrection ou <strong>de</strong>s troubles politiques graves, ce qui<br />
n’est pas le cas en l’espèce. Enjm, elle ne pourrait être pn.se que par le Chef <strong>de</strong> la-<br />
Fédération sur ma proposition.<br />
Ce cas d’indiscipline collective impose néanmoins la recherche <strong>de</strong>s principaux<br />
meneurs qu’il vous appartient <strong>de</strong> pÙnir à l’indigénat.<br />
RAPPORT SUR<br />
LA SOCIfiTÉ INDIGÈNE DE PRÉVOYANCE<br />
février 1935<br />
La Société <strong>de</strong> Prévoyance <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a été créée par arrêté no 85 <strong>du</strong><br />
2.5 mars 1931, <strong>du</strong> Gouverneur <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>. Les statuts <strong>de</strong> cette Société, déli-<br />
bérés à <strong>Ouahigouya</strong> le 30 novembre 1931 ont été approuvés en Commission Perma-<br />
nente <strong>du</strong> Conseil d,Administration <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> le 21 mars 1932. Sous ce<br />
régime, la Société n’a guère fonctionné que pendant <strong>de</strong>ux mois, <strong>de</strong> fin octobre à<br />
décembre 1932.<br />
Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> ayant été rattaché au. Soudan Français à compter <strong>du</strong><br />
ler janvier 1933, les statuts <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Prévoyance furent à nouveau délibérés<br />
et approuvés par arrêté no 124 <strong>du</strong> 28 janvier 1934 <strong>du</strong> Gouverneur <strong>du</strong> Soudan.<br />
176
1935<br />
La Société ne compte qu’une section, groupant 42 cantons, 869 villages, avec une<br />
population imposable <strong>de</strong> 346434. Le nombre <strong>de</strong>s cotisants, portés aux rôles <strong>de</strong><br />
1934, Mevait à 115 646. Pour Pannée 1935, le nombre <strong>de</strong> sociétaires, portés aux<br />
rôles, est <strong>de</strong> 11.5 506. La gran<strong>de</strong> mjon’té <strong>de</strong>s sociétaires se compose d&riculteurs<br />
dans une proportion <strong>de</strong>s quatre-cinquièmes.<br />
Organimtion : Insuffisamment souple. Le conseil d’administration et l’assemblée<br />
générale réunissent un nombre beaucoup trop considérable <strong>de</strong> membres venus <strong>de</strong><br />
tous les points <strong>du</strong> cercle pour assister aux réunions. La plupart <strong>de</strong> ces membres<br />
paraissent s’intéresser fort peu aux questions qui leur sont soumises et leur action se<br />
limite à un acquiescement sans compréhension à toutes les mesures qui leur sont<br />
proposées...<br />
J’estime qu ‘il y aurait lieu <strong>de</strong> mettre entre les mains <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle un<br />
instrument plus maniable, en ré<strong>du</strong>isant la composition <strong>du</strong> conseil d’administration<br />
à quelques chefs ou notables bien choisis, domiciliés au chef-lieu et pouvant être<br />
consultés utilement à tout moment. En ce qui concerne le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>,<br />
la seule collaboration <strong>de</strong>s quatre chefs <strong>de</strong> province, Ministres <strong>du</strong> Yatenga-Naba, doit<br />
pouvoir donner au Presi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Société toutes les indications désirables (6).<br />
Les réunions <strong>de</strong> @ssemblée genérale constituent une véritable mobiZisatüm, inutile<br />
et bien gênante, <strong>de</strong>s chefs indigènes <strong>de</strong>s cantons <strong>du</strong> cercle. Je pense qu’une réunion<br />
annuelle où seraient exposés les résultats obtenus et les projets <strong>de</strong> l’année suivante<br />
suffimit amplement.<br />
Action <strong>de</strong> hz Société :<br />
Prêts en espèce : tout à fait inutiles et à kviter dans ces régions oii n’existe encore<br />
aucune exploitation agricole organisée et offrant quelques garanties.<br />
Prêts en nature : encore incompris. Peuvent donner d’excellents résultats en ce qui<br />
concerne les semences importées <strong>de</strong> l’extérieur et judicieusement choisies.<br />
Torages <strong>de</strong> puits et installation <strong>de</strong> barrages : C’est là un but particulièrement inté-<br />
ressant <strong>de</strong> Za Société qui a accordé <strong>de</strong>s primes pour le forage <strong>de</strong>‘puits ou l’installa-<br />
tion <strong>de</strong> barrages dans les régions dWevage ou sur les points manquant d’eau. Ces<br />
puits seront aménagés dans la mesure <strong>du</strong> possible.<br />
Primes pour <strong>de</strong>structioon <strong>de</strong>s fauves : Un grand nombre <strong>de</strong> fauves, dont trente-sept<br />
lions, ont été détruits en 1934, grâce à l’action <strong>de</strong> la Société.<br />
Matériel agricole : Du matériel agricole moyen : herses, charrues, a été intro<strong>du</strong>it ici,<br />
et c’est là, seion moi, une double erreur.<br />
Ce matériel ne convient tout d’abord pas aux terres maigres, ïatéritiques, <strong>de</strong> I’ensem-<br />
ble <strong>du</strong> cercle et le prix <strong>de</strong> cession ou <strong>de</strong> bcatio~ en est hors <strong>de</strong> proportions avec les<br />
(6) Le commandant <strong>de</strong> cercle est, <strong>de</strong> droit, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Prévoyance <strong>de</strong> même qu’il<br />
est prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Conseil <strong>de</strong>s Notables.
essources <strong>de</strong> l’indigène. La collectivité elle-même, dont l’é<strong>du</strong>cation agricole reste à<br />
faire, ne considère ces instruments qu’avec une certaine méfiance et il est déjà trop<br />
<strong>de</strong> charrues abandonnées sans utilisation. .<br />
Cette solution trop brusquée nedoitpas être la bonne et je kt verrais, pour les débuts,<br />
dans la diffusion <strong>du</strong> petit outillage : pioches, houes, haches, que l’indigène trouverait<br />
bien vite supérieur au traditionnel daba <strong>de</strong> mauvais fer.<br />
Mais au risque <strong>de</strong> paratIre un Présidënt bien aventureux, je ne puis hésiter à écrire<br />
que cette diffusion ne sera possible ici qu’au prix d’un sacrifice <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong><br />
Prévoyance, affectant <strong>du</strong>rant trois, quatre ou cinq années, une partie <strong>de</strong> son avoir<br />
à la distribution absolument gratuite <strong>de</strong> petit outillage bien réparti et qui ferait<br />
rapi<strong>de</strong>ment sa propre publicité.<br />
Secours - Vivres <strong>de</strong> réserve : Des céréales sont achetées et emmagasinées chaque<br />
année dans <strong>de</strong>s greniers <strong>de</strong> construction indigène pour parer aux disettes assez<br />
fréquentes dans cette région.<br />
Ces grains s’avarient très rapi<strong>de</strong>ment et ne ,peuvent cependant être renouvelés<br />
annuellement faute d’acheteurs. De ce fait, les stocks seraient en gran<strong>de</strong> partie<br />
inutilisables et ne constituent, en somme, qu’une charge inutile et coûteuse pour<br />
le budget <strong>de</strong> la Société.<br />
Le développement <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> communication et <strong>du</strong> trafïc automobile permet<br />
aujourd Etui, à peu près à toute époque, la répartition <strong>de</strong>s céréales dans les régions<br />
<strong>de</strong> la Colonie et je pense que la constitution <strong>de</strong> réserves, d’ailleurs insignifiantes,<br />
n’a que peu <strong>de</strong> raisons d,être. Les disettes ne surviennent pas si brusquement et<br />
la Société pourrait ne constituer d’approvisionnements que lorsque la situation<br />
alimentaire <strong>du</strong> cercle s’annoncerait déficitaire (7).<br />
(7) Le rapport constitue un ensemble <strong>de</strong> critiques et <strong>de</strong> prises <strong>de</strong> position nettes : preuves <strong>de</strong><br />
clairvoyance et <strong>de</strong> bon sens, sauf peut-&re le souhait .émis <strong>de</strong> distribuer gratuitement <strong>de</strong>s<br />
outils. L’administrateur, q& assure seulement un intérim (nov. 1935 - mai 1936), ne pourra<br />
pas mettre en application ses idées.<br />
178
1936 RAPPORT ANNUEL<br />
Démographie :<br />
Superficie <strong>du</strong> cercle : 2 7 300 km2<br />
Population :- 1932 418263 1935 413850<br />
1933 418270 1936 414 440<br />
1934 416 900<br />
Ces chtffies, résultats <strong>de</strong> recensements effectués principalement par <strong>de</strong>s auxiliaires<br />
indigènes ne peuvent pas être considérés comme absolument exacts.<br />
Mouvements <strong>de</strong> population :Dans le canton <strong>de</strong> Boussou : ma&ré exo<strong>de</strong>s très importants<br />
sur Yako, kz popukrtion est à peu près maintenue grâce à l’excès <strong>de</strong>s naissumces<br />
sur les décès. Il en est <strong>de</strong> même dans les cantons <strong>de</strong> Kasséba-Samo et Kasséba-Mossi,<br />
ainsi qu ‘a Gourcy, Tougo et Niességa, où les exo<strong>de</strong>s se font en dùection <strong>de</strong> Yako et<br />
I<br />
<strong>de</strong> Tougan (8).<br />
I?migratkm :En émigration temporaire en Goki Toast : Il 500 ; en Côte d’ivoire :<br />
2500. Le mouvement d’émigration définitive est peu important. Il porte intégra-<br />
lement sur les habitants <strong>de</strong>s villages limitrophes <strong>de</strong>s colonies voisines.<br />
Indigénat : Tableau <strong>de</strong>s punitions infligées au cours <strong>de</strong>s cinq <strong>de</strong>rnières années :<br />
1932 18 punitions<br />
1933 2<br />
1934 1<br />
1935 4<br />
1936 109<br />
Le nombre <strong>de</strong> punitions disciplinairement infligées pendant lannée 1936 est peu<br />
élevé eu égard à l’importance<strong>de</strong> la population <strong>du</strong> cercle. L’augmentation <strong>du</strong> nombre<br />
<strong>de</strong>s sanci-ions par rapport aux années précé<strong>de</strong>ntes est szns doute la conséquence <strong>de</strong><br />
l’activité administrative déployée cette année dans le cercle. Il serait indiscutable-<br />
ment prématuré <strong>de</strong> supprimer, dès maintenant, ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> répression qui, utilisée<br />
avec mesure et doigté, permet souvent à 1’Administrateur d’éviter par une sanction<br />
bénigne, appliquée opportunément, <strong>de</strong> grands <strong>de</strong>sordres.<br />
(8) De même que les populations se déplacent vers le nord-est <strong>du</strong> cercle, un mouvement vers<br />
le pays samo, voisin à l’ouest, se perpétue <strong>de</strong>puis les années 20. C’est la première fois<br />
qu’une indication est donnée sur ce mouvement <strong>de</strong>puis les rapports <strong>de</strong> L. TAUXIER,<br />
antérieurs à 1918.<br />
179
1936<br />
Conseil <strong>de</strong>s Notables Indighzes : Créé par arrêté <strong>du</strong> 6 novembre 1920, le Conseil <strong>de</strong>s<br />
Notables <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a été réformé par arrêté <strong>du</strong> 26 juin 1933 <strong>de</strong> M. le Gouver-<br />
neur <strong>du</strong> Soudan Français.<br />
L’ordre <strong>du</strong> jour traité au cours <strong>de</strong>s réunions <strong>de</strong> cette année a été :<br />
- Améliorqtion, protection <strong>de</strong>s cultures et <strong>de</strong> l’élevage en A.O.F. Constitution <strong>de</strong><br />
réserves vivrières collectives (T-L Circulaire no 1163 AE <strong>du</strong> Gouverneur <strong>du</strong> Soudan<br />
en date <strong>du</strong> 2 mars 1936).<br />
- Aménagement <strong>de</strong> l’impôt d’après les facultés contributives <strong>de</strong>s populations. Majo-<br />
ration <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> l’impôt pour compenser les pertes résultant <strong>du</strong> relkvement <strong>de</strong><br />
1Vge <strong>de</strong> la majorité fiscale.<br />
- Extension <strong>de</strong>s cultures vivrières et in<strong>du</strong>strielles.<br />
- Fixation <strong>de</strong> la date d’ouverture <strong>de</strong> la traite <strong>de</strong> Para&<strong>de</strong>.<br />
-Fixation <strong>de</strong>s salaires minima à allouer aux travailleurs engagés par les entreprises<br />
privées et ladministration.<br />
- Etu<strong>de</strong> et approbation <strong>du</strong> plan <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong>s travaux a exécuter sur prestations<br />
au cours <strong>de</strong> l’année 193 7. .<br />
- Présentation et examen d’un projet dizrrêté rendant obligatoire la déclaration <strong>de</strong> la<br />
maladie <strong>de</strong> la «rosette» <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong> (9).<br />
Trop rares sont encore les Notables qui sont a même <strong>de</strong> donner un avis éclairé OU<br />
qui sont suffisamment en confïance pour émettre une opinion personnelle en toute<br />
franchise.<br />
Situation politique : Des difficultés assez graves survenues en maints endroits entre<br />
les chefs et leurs ressortissants, ont montré la nécessité d’un contrôle plus serré <strong>du</strong><br />
comman<strong>de</strong>ment indigène. Il semble, en effet, que dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>,<br />
notre Administration se soit jusqu’ici un peu trop reposée sur l’autorité <strong>de</strong>s chefs,<br />
lesquels n’ont pas manqué <strong>de</strong> mettre à profit l’excès <strong>de</strong> confiance mis en eux pour<br />
commettre sous notre couvert <strong>de</strong>s exactions qui les ren<strong>de</strong>nt odieux a leurs udminis-<br />
trés. Bien que <strong>de</strong>meurée très arriérée, sans doute parce que le rôle trop important<br />
laissé aux chefs l’a soustraite <strong>de</strong> notre influence, la population mossi, instruite par<br />
certains éléments plus évolués : anciens tirailleurs, travailleurs revenus <strong>de</strong> l’extérieur,<br />
commence a prendre conscience <strong>de</strong> ces abus. De là le malaise constaté, quiattein-<br />
drait rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s proportions inquiétantes si nous n’apportions pas à notre<br />
système administratif les modifications qu ‘il convient.<br />
Il est indispensable à cet effet qu’un contact plus étroit soit &abliet maintenu entre<br />
les représentants européens <strong>de</strong> 1 ‘Administration et l’indigène. Des toumêes fréquen-<br />
tes, tant sur les routes que dans les villages <strong>de</strong> l’intérieur, doivent être exécutées<br />
afin <strong>de</strong> permettre une surveillance effective <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong>s chefs avec leurs ressor-<br />
tissants. Nous <strong>de</strong>vons d’autre part, quel que soit le supplément <strong>de</strong> besogne en résul-<br />
tant pour nous, nous efforcer <strong>de</strong> supprimer les occasions offertes aux chefs <strong>de</strong><br />
(9) L’année 1935 voit la limite <strong>du</strong> développement <strong>de</strong> la culture cotonnière. Elle est remplacée<br />
par celle <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong> qui est Mieux acceptée par les populations car il s’agit cette fois d’une<br />
plante pouvant être consommée si la pro<strong>du</strong>ction céréaliére s’avere insuffisante. En 1935,<br />
<strong>Ouahigouya</strong> commercialise 1000 tonnes d’arachi<strong>de</strong> contre 150 tonnes <strong>de</strong> coton brut (ce qui<br />
représente encore une belle performance <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> I’Administration !).<br />
180
1936<br />
commettre <strong>de</strong>s exactions. En particulier, tous les travaux et les paiements collectifs<br />
doivent être radicalement supprimés.<br />
L ?zctivité <strong>du</strong> Service<strong>de</strong>srecherches et <strong>du</strong> renseignement politique a été orientée vers<br />
la surveillance <strong>de</strong>s marabouts suspects <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> ami-française et le contrôle <strong>de</strong><br />
lVtat d&mit <strong>de</strong>s populations. Il n’a pas été <strong>recueil</strong>li <strong>de</strong> renseignements susceptibles<br />
<strong>de</strong> retenir l’attention.<br />
Religions : Animistes : 303 740 - Islamisés : 108 000 - Chrétiens : 2 700 dont<br />
340 catholiques, 2 320 catéchumènes catholiques non baptisés et 70 protestants...<br />
L’action <strong>de</strong> la mission mtholique <strong>de</strong> Tourcoing-Bam, a peu pris limitée aux cantons<br />
<strong>de</strong> Riziam, <strong>de</strong> Rattenga et <strong>du</strong> Kirguitenga, continue à se heurter à l’apposition <strong>de</strong>s<br />
vieillards hostilesà toute modification <strong>de</strong> la coutume. Aucun inci<strong>de</strong>nt ne s’est toute-<br />
fois pro<strong>du</strong>it au cours <strong>de</strong> l’année entre la Mission et les chefs ou rwtables (10).<br />
La mission protestante aré<strong>du</strong>it sonactivité. Le pasteur amêriazin, installé à <strong>de</strong>meure<br />
à <strong>Ouahigouya</strong>, est parti en septembre et n’a pas été remplacé.<br />
(10) Les missions créent <strong>de</strong>s dispensaires et <strong>de</strong>s écoles mais jouent aussi parfois un rôle politique<br />
et entrent en conflit avec l’administration, notamment au sujet <strong>de</strong> la «libéralisation’<strong>de</strong> la<br />
femme». Les Pères protègent les jeunes fiies promises en mariage sans leur consentement<br />
et se heurtent ainsi à l’hostilité <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> famille et <strong>de</strong>s notables.<br />
181
1937 RAPPORTS POLITIQUES ET DIVERS<br />
PREMIER TRIMESTRE<br />
Situation générale : Favorablement influencê par l’amélioration <strong>de</strong>s conditions êco-<br />
nomiques et les mesures prises pour mettre un terme aux exactions <strong>de</strong>s chefs, l’état<br />
d’espn.t <strong>de</strong>s populations est satisfaisant. Toutefois, l’exécution <strong>de</strong>s conseils et <strong>de</strong>s<br />
instructions données continue à se heurter à l’inertie <strong>de</strong>s indigènes que l’intervention<br />
<strong>de</strong>s chefs est impuissante à secouer. C’est ainsi que I’Administrateur se trouve encore<br />
trop souvent dans la pénible obligation <strong>de</strong> sévir.<br />
Événements politiques et administra@ :<br />
- Opérations <strong>de</strong> recrutement<br />
- Recensement et regroupement <strong>de</strong>s villages <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> I’Aribinda<br />
-Marché <strong>de</strong> coton contrôle à <strong>Ouahigouya</strong><br />
-Arrivée à <strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong> M. le Gouverneur <strong>du</strong> Soudan Français<br />
-Mise en chantier <strong>de</strong> lkkole’rurale <strong>de</strong> Gourcy (11)<br />
-Départ par camions d’un premier convoi comprenant 61 colons <strong>de</strong>stinés à l’Office<br />
<strong>du</strong> Niger (12)<br />
- Atterrissage sur le terrain <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong> cinq avions appartenant à l’escadrille<br />
<strong>de</strong> Bamako (13)<br />
- Départ d’un <strong>de</strong>uxième convoi comprenant 6.5 colons <strong>de</strong>stinês à l’Office <strong>du</strong> Niger<br />
(Il) Rappelons que le décret <strong>de</strong> 1903, organisant l’enseignement en A.O.F., avait prévu la<br />
création d’écoles rurales.<br />
(12) Depuis le début <strong>du</strong> siècle, avec l’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la culture <strong>du</strong> coton en A.O.F., on songe à<br />
créer un grand périmètre près <strong>du</strong> <strong>de</strong>lta interieur <strong>du</strong> Niger. En 1911 esf créé le Comité <strong>du</strong><br />
Niger, chargé d’étudier les possibilités <strong>de</strong> la culture <strong>du</strong> coton irrigué. En 1920, un avant- .<br />
projet prévoit d’irriguer 1600000 ha et n’envisage pas ,moins que la transplantation <strong>de</strong><br />
1,5 million <strong>de</strong> personnes, notamment à partir <strong>de</strong>s
1937<br />
- Rassemblement à <strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong> 125 manœuvres recrutés par la Circonnic pour ses<br />
plantations <strong>de</strong> coton <strong>de</strong> Diré.<br />
Rentrée <strong>de</strong>s contributions :La rentrée <strong>de</strong>s contributions s’effectue avec facilité. Sur<br />
2 704242,5Ofr, montant global <strong>du</strong> rôle <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation, <strong>de</strong> la taxe sur les<br />
armes et <strong>de</strong> la taxe sur les chevaux, il a été perçu au 31 mars : 2 549 869 fr.<br />
Tournées : Il serait logique que cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’année, la plus favorable au point<br />
<strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s conditions climatiques, puisse être consacrée principalement aux tour-<br />
nées. Or, c’est malheureusement <strong>du</strong>rant ces trois mois que l’Administrateur, déjà<br />
pris par les opérations <strong>de</strong> recrutement, l’otganisation et le contrôle <strong>de</strong>s marchés,<br />
doit fournir la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s rapports et états annuels.<br />
Koulouba : Affaires Économiques et Affaires Politiques<br />
30 mars 1937<br />
Une expérience <strong>de</strong> colonisation Moaga va être tentée par l’office <strong>du</strong> Niger. 10 famil-<br />
les, environ 100 personnes, vont être dingées <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> vers Ségou.<br />
Lors <strong>de</strong> mon passage à <strong>Ouahigouya</strong>, il a été convenu avec le Yatenga-Naba que ces<br />
familles continueraient à relever <strong>de</strong> son comman<strong>de</strong>ment et <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />
pour le paiement <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation. Le confbmer aux Commandants <strong>de</strong> cercle<br />
à qui j’en avais parlé déjà au cours <strong>de</strong> ma <strong>de</strong>rnière tournée. Ecrire, d’autre part, au<br />
Directeur <strong>de</strong> l’office que <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> cette première expérience peut dépendre<br />
tout l’avenir <strong>de</strong> l’entreprise (14).<br />
signé :Le Gouverneur <strong>du</strong> Soudan<br />
DEUXIÈME TRIMESTRE<br />
Situation générale : Elle continue à être satisfaisante. La perception <strong>du</strong> reliquat<br />
d’impôt s’est effectuée avec facilité. Les quelques difficultés rencontrées proviennent<br />
<strong>de</strong> la mobilité extrême <strong>de</strong>s populations mossi et peu1 <strong>du</strong> cercle. Les départs effec-<br />
tués sans autorisation dans d’autres cantons et dans les cercles voisins compliquent<br />
considérablement la tache <strong>de</strong>s chefs chatgés <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong>s contributions.,<br />
A l’encontre <strong>de</strong> l’avis <strong>de</strong>s chefs indigènes qui voient là uniquement une manifes-<br />
tation d’indiscipline <strong>de</strong> leurs ressortissants, j’estime que la véritable cause <strong>de</strong> ces<br />
(14) Le but <strong>de</strong> l’administration est <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> toutes pièces un nouveau comman<strong>de</strong>ment mossi<br />
sur les rives <strong>du</strong> Niger, dépendant <strong>du</strong> Yatenga-Naba. II a été dit, en 1937, qu’il fallait créer<br />
un nouveau Yatenga prospère, satellite <strong>du</strong> Yatenga historique, et que, si les Mossi venaient<br />
s’y établir en grand nombre, il n’y aurait plus jamais <strong>de</strong> famine à <strong>Ouahigouya</strong>. C’est un<br />
rêve, mais l’administration croyait sincèrement, à l’époque, pouvoir le réaliser. En 1945,<br />
5564 Mossi en 16 villages seulement seront établis à l’Office <strong>du</strong> Niger.<br />
183
1937<br />
mouvements rési<strong>de</strong>, en ce qui concerne les populations mossi, dans l’insuffisance<br />
<strong>de</strong>s terrains <strong>de</strong> culture existant aux abords <strong>de</strong>s villages actuels. Les inconvénients<br />
<strong>de</strong> cette situation ne pourront que s’accroître avec le développement <strong>de</strong>s cultures<br />
in<strong>du</strong>stpielles qu ‘il est indispensable <strong>de</strong> poursuivre pour permettre le relèvement <strong>du</strong><br />
standard <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s indigènes.<br />
En attendant que les attraits <strong>de</strong> la colonisation et la superficie <strong>de</strong>s territoires mis en<br />
valeur par l’Office <strong>du</strong> Niger permettent les déplacements massifs <strong>de</strong> population<br />
envisagés, il est <strong>de</strong> toute nécessité que <strong>de</strong>s dispositions soient prises au plus tôt pour<br />
donner aux indigènes <strong>de</strong>s terres cultivables correspondant à leurs besoins et à leur<br />
potentiel <strong>de</strong> travail. C’est à cette fin que la Société <strong>de</strong> Prévoyance envisage d’entre-<br />
prendre, dans un très prochain avenir, p!rallèlement aux travaux <strong>de</strong> même nature<br />
qu’elle poursuit dans <strong>de</strong>s villages souffrant <strong>du</strong> manque d’eau, le forage <strong>de</strong> puits<br />
modèle Fre y dans les zones fertiles actuellement encore inhabitées. Quatre empla-<br />
cements <strong>de</strong> nouveaux villages ont déjà été reconnus. Les travdrx seront entrepn.s<br />
dès que les équipes <strong>de</strong> puisatiers complémentaires auront pu être constituées (15).<br />
Evénements politiques et administratifs suTvenus au cours <strong>du</strong> trimestre : Venue à<br />
<strong>Ouahigouya</strong> <strong>du</strong> Chef <strong>du</strong> Service Zootechnique <strong>de</strong> la Côte d’ivoire, chargé d’une<br />
étu<strong>de</strong> sur l’exportation <strong>du</strong> bétail vers cette colonie.<br />
Rencontre <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> et <strong>du</strong> Chef <strong>de</strong> la Subdivision<br />
<strong>de</strong> Bandiagara, à Yoro, en vue <strong>du</strong> règlement <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong>s indigènes installés<br />
irrégulièrement à la limite <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux circonscriptions.<br />
Atterrissage à <strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux avions <strong>de</strong> l’escadrille <strong>de</strong> Bamako.<br />
Venue à <strong>Ouahigouya</strong> <strong>du</strong> Docteur B., Directeur <strong>de</strong> l’institut Pasteur <strong>du</strong> Maroc.<br />
Passage <strong>de</strong> sept touristes accomplissant un raid automobile Paris-Conakry.<br />
Rassemblement <strong>de</strong> cent travailleurs engagés par la Société<strong>de</strong>s Cultties <strong>de</strong>Dù&ndapé.<br />
Célébration <strong>de</strong> la Fête <strong>de</strong> Ckîture <strong>de</strong> la Semaine Coloniale.<br />
Tournée <strong>du</strong> Commandant dans les cantons <strong>de</strong> Rambo, Zitte?lga, Kossouka, Sibni-<br />
Mossi et Tougo.<br />
Séjour à <strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong> M. le Chef <strong>du</strong> Service <strong>de</strong> ljlgriculture.<br />
Examen <strong>du</strong> CertijPicat d “Étu<strong>de</strong>s.<br />
Tournée <strong>du</strong> Commandant dans les cantons <strong>de</strong> Djibo, Tongomayel et 1’Aribinda.<br />
Venue <strong>de</strong> M. l’inspecteur <strong>de</strong>s Affaires Administratives.<br />
Les tournées ont eu pour principal but la préparation <strong>de</strong> la campagne agricole, le<br />
contrôle <strong>du</strong> comman<strong>de</strong>ment indigène, le co?@rôle <strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong> greniers <strong>de</strong><br />
résen>e, le recensement <strong>de</strong>s populafiofis, l’exécution d ‘enquêtes et la surveillance<br />
<strong>de</strong>s chantiers.<br />
(15) Pour la première fois, il est fait mention <strong>du</strong> problème <strong>de</strong> la saturation <strong>de</strong>s espaces cultivés<br />
dans le cercle. Jusqu’alors, il était préconisé d’étendre davantage les cultures. Souvenons-<br />
nous <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong>s années 1928-1932.<br />
184
1937<br />
TROISIÈME TRIMESTRE<br />
Situation générale : Favorablement influencé par l’espoir d’une bonne rekolte que<br />
l’heureuse répartition <strong>de</strong>s pluies permet d’espérer, l’état d’esprit <strong>de</strong>s populations est<br />
d’une façon générale très satisfaisant. Le contact avec les populations continue à<br />
être maintenu par les tournées fréquentes <strong>de</strong>s fonctionnaires européens <strong>du</strong> cercle.<br />
Cette politique commence à porter ses fruits.<br />
Regroupement <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> famille mossi installés dans les cantons peu1 <strong>de</strong> Bahn,<br />
Djibo, Baraboulé et Tongomayel : Depuis une dizaine d Cannées <strong>de</strong> nombreux chefs<br />
<strong>de</strong> famille mossi, ori&-inaires <strong>de</strong>s diffgrents cantons <strong>du</strong> Yatenga et <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong><br />
Ouagadougou, s’insfallent dans les cantons peu1 <strong>du</strong> nord <strong>du</strong> cercle où il existe <strong>de</strong>s<br />
terres cultivables vacantes très éten<strong>du</strong>es. Ils continuent en principe à dépendre <strong>de</strong><br />
ieurs anciens chefs, mais trop éloignés <strong>de</strong> ceux-ci et inconnus <strong>de</strong>s chefs peul, ils sont<br />
.en fait à peu près soustraits <strong>de</strong> tout contrôle administrati& C’est ainsi que la plupart<br />
d’entre eux échappent à la charge <strong>de</strong>s prestations et que certains ne paient même<br />
plus l’impôt <strong>de</strong>puis plusieurs années. L kportame <strong>de</strong>s populations vivant actuellement<br />
dans ces conditions doit, d’après les constations que j’ai fàites au cours <strong>de</strong>s<br />
tournées, atteindre environ trois milliers d’indivi<strong>du</strong>s...<br />
Action pour l’humanisation <strong>de</strong>s coutumes : L àction entreprise en exéwtion <strong>de</strong> la<br />
circulaire na506 AP <strong>du</strong> 25 juin 1937, à l’effet <strong>de</strong> mettre un terme à la pratique <strong>de</strong><br />
kr mise en gages <strong>de</strong> personnes pour siîreté <strong>de</strong> <strong>de</strong>tte. ne rencontre aucune difficulté.<br />
Plus délicate apparaît ltipplication <strong>de</strong>s principes ~OS& en mutière <strong>de</strong> makges indi-<br />
gènes par la circulaire no 290 AP <strong>du</strong> 7 mai 1937. Cette question revêt. en pays<br />
mossi où les indigènes sont <strong>de</strong>meurés très attachés aux usages ancestraux parti-<br />
culièrement choquants en ce qui concerne la situation <strong>de</strong> la femme. une importance<br />
toute spéciale...<br />
Recherche <strong>de</strong>s bons absents : Les recherches sont activement poursuivies. Sur<br />
590 bons-absents récupérés, 21 ont étk reconnus aptes au service militaire.<br />
PROCi%-VERBAL DE LA SOCIÊTB DE PRfiVOYANCE<br />
Fixation <strong>du</strong> taux <strong>de</strong>s primes allaut!es pour <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s fauves : En raison <strong>de</strong>s<br />
dommages causés par les lions et pour encourager la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> ces fauves, le<br />
Prési<strong>de</strong>nt propose <strong>de</strong> porter à 100 francs la prime allouée .par lion abattu et fixée<br />
précé<strong>de</strong>mment à 50 francs. Cette proposition est acceptée à l’unanimité. Durant<br />
l’année, la Société a octroyé <strong>de</strong>s primes pour la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> 23 lions. 32 li@nes<br />
et 2 panthères. Les lions sont nombreux dans le sud <strong>du</strong> cercle et y occasionnent<br />
<strong>de</strong>s dommages importants aux troupeaux et souvent <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts graves aux<br />
185
ti<br />
B
1937<br />
personnes. C’est ainsi que 20 indigënes ont éte tués et 3 autres blessés par ces<br />
fauves en 1937(16).<br />
Cession à crédit <strong>de</strong> matériel agricole et d Mmaux <strong>de</strong> labour : Aucun <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong><br />
famille appelés à participer a l’expérience <strong>de</strong> colonisation <strong>de</strong> Bétenty (17) ne<br />
possë<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> moyens su.#isants pour acquérir le matériel et le cheptel ntkessaires.<br />
Le principe d’une intervention <strong>de</strong> la Société pour faire <strong>de</strong>s avances aux intéressés<br />
est accepté à l’unanimité. Le conseil déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r à crédit à chaque chef <strong>de</strong><br />
famille une charrue, <strong>de</strong>ux bontfs, une herse et une houe. Ces cessions seront faites<br />
au prix coûtant et remboursables : les animaux en <strong>de</strong>ux annuités égales, le matériel<br />
en cinq annuités égales.<br />
(16) Du fait <strong>de</strong>s dEfrichcments répétés, <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong>s cultures et <strong>de</strong> l’installation <strong>de</strong> nou- .<br />
veaux habitats «CI~ brousse», les fauves sortent <strong>de</strong> leurs repaires. L’accroissement <strong>du</strong> nom-<br />
bre d’acci<strong>de</strong>nts provoqués par les fauves est le signal que la «brousse», les lieux «sauvages»,<br />
sont cn train dc disparaître.<br />
(17) Au nord dc ‘I‘hiou, CI une quarantaine <strong>de</strong> kilomètres <strong>du</strong> chef-lieu. Des puits ont été creusés<br />
et <strong>de</strong>s cultivalcurs SC sont installés, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’administration (cf. ci-<strong>de</strong>ssus : rapport<br />
<strong>du</strong> <strong>de</strong>uxi&c trinwstrc).<br />
187
1938 DQCUMENTS DIVERS<br />
RAPPORT POLITIQUE DU PREMIER TRIME§TRE<br />
Faits principaux <strong>du</strong> trimestre: SouCante-trois familles, comprenant au total 580 indi-<br />
vi<strong>du</strong>s, ont été transférées courant février et mars sur les terres <strong>de</strong> colonisation <strong>de</strong><br />
l’Office <strong>du</strong> Niger. Avec les 129 personnes parties au début <strong>de</strong> 1937, cela porz!e à en-<br />
viron 700 1,effectif <strong>de</strong>s colons recrutés dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> par l’întermé-<br />
diaîre <strong>de</strong> 1,Administration.<br />
Il m ‘cl été absolument împossible <strong>de</strong> trouver un plus grand nombre <strong>de</strong> volontaires,<br />
Toute propagan<strong>de</strong> directe effectuée par le Commandant <strong>de</strong> cercle ou par les chefs<br />
se heurte, aussi habile soit-elle, à la méfiance instinctive <strong>de</strong>s Mossi. Indiscutable-<br />
ment, les avantages <strong>de</strong> la colonisation ne sont pas assez manifestes aux yeux <strong>de</strong><br />
ceux-ci pour vaincre leur r&pugnance ti quitter définîtivement leur pays et à accepter<br />
le bouleversement <strong>de</strong> leurs habitu<strong>de</strong>s.<br />
L’intervention <strong>de</strong> 1,Autorité Administrative a permis d’amorcer le mouvement<br />
d ,émigration désiré. ZZ appartient désormais a- dirigeants <strong>de</strong> l’office <strong>du</strong> Niger d’en<br />
favon’ser la continuité et d’en accentuer la ca<strong>de</strong>nce en assurant aux premiers colons<br />
<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie suffisamment attractives pour inciter les habitants <strong>du</strong> Yatenga<br />
à suivre leur exemple. De toute façon, <strong>de</strong> longues années seront nécessaires pour<br />
préparer les esptits à <strong>de</strong>s exo<strong>de</strong>s massifs et, pour longtemps encore, il faut renoncer<br />
à procé<strong>de</strong>r, ainsi que cela a déjà été envisagé, au transfert <strong>de</strong> villages entiers.<br />
Les opérations <strong>de</strong> recensement effectuées <strong>du</strong>rant le trimestre ont porté sur<br />
15515 personnes <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> Tongomayel, 1973 <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> Djibo et<br />
13 886 appartenant à <strong>de</strong>s familles installées isolément dans la brousse et ne dépen-<br />
dant d’aucun groupement.<br />
DUc-sept villages, groupant 7354 habitants, dix. villages groupant 3 445 habitants<br />
et dix villages groupant 3994 habitants ont été respectivement constitués dans les<br />
cantons <strong>de</strong> Tongomayel, Baraboulé et Djibo, avec <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> race mossi et<br />
jùlsé qui échappaient jusqu ,à présent à peu près à tout contrôle (18).<br />
Renseignements <strong>recueil</strong>lis au sujet <strong>de</strong>s agissements <strong>du</strong> chef <strong>de</strong> Province <strong>du</strong> Togo :<br />
Au village <strong>de</strong> Berna, canton <strong>de</strong> Tougo, le Togo-Naba a déclaré qu’il était chargé<br />
par le Commandant <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> recruter <strong>de</strong>s familles qui seraient envoyées sur les<br />
terres <strong>de</strong> coloni~tîon <strong>de</strong> 1,Office <strong>du</strong> Nîger. Il a dés&né un certain nombre <strong>de</strong> chefs<br />
<strong>de</strong> famille par lesquels il s’est ensuite fait remettre <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>aux sous la promesse<br />
qu’il les autoriserait à <strong>de</strong>meurer dans le village. Il a.rep par ce moyen : un âne <strong>du</strong><br />
quartier <strong>de</strong> Gonsin, plusieurs sommes d’argent (2OOfr, 35Ofi), un âne et cent noix<br />
<strong>de</strong> cola d’autres personnes. Le village a dû donner, en outre, collectivement au<br />
.(18) Ce qui fait, au total, 14793 «indépendants>) regrouphs dans trente-sept nouveaux villages<br />
(et non 13886). Six mois auparavant, le commandant estimait leur nombre à 3000.<br />
188
1938<br />
Togo-Naba 14 boucs castrés et 17 grosses charges <strong>de</strong> mil transportées ckm<strong>de</strong>stine-<br />
ment à dos d’âne à Ouah&ouya.<br />
Le quartier <strong>de</strong> Zandogo a donné 3OOfr et un âne pour ne pas participer à la fourni-<br />
ture <strong>de</strong> colans. Le quartier Wemlazaka a donné un âne et une certaine somme<br />
U ‘argent dans les mêmes conditions...<br />
Au village <strong>de</strong> Kalsaka, toujours par le même moyen, il s’est fait remettre 5OOfi et<br />
10 boucs castrés. L’arrivée <strong>de</strong> Monsieur I’Admînistrateur-Adjoint a interrompu<br />
ses manœuvres...<br />
Au village <strong>de</strong> Soulisakaré, le Togo-Naba a désigné le nommé Y. comme colon et lui<br />
a <strong>de</strong>mandé une somme <strong>de</strong> 400 fr. A Béranga, le nommé T. lui a remis 2OOfr pour<br />
le même motif...<br />
Au village <strong>de</strong> Tougou, quatre chefs <strong>de</strong> famille, désignés comme colons, se sont<br />
cotisés pour remettre au Togo-Naba quatre boucs castrés et une ,wmme dont le<br />
montant n’est pas connu.<br />
Le Togo-Naba a fait croire aux habitants <strong>du</strong> quartier Wembatenga <strong>du</strong> village <strong>de</strong><br />
Berna que le quartier tout entier serait transfére dans le Macina et obtenu ainsi un<br />
âne et 12.5 fr. Le quartier Gonsin a versé 4.50 fr dans les mêmes conditions...<br />
Au cours <strong>de</strong> la tournée qu’il a effectuée pour faire constituer les greniws <strong>de</strong> résen>e,<br />
le Togo-Naba s’est fait remettre 12 sacs <strong>de</strong> mil par le village <strong>de</strong> Kalsaha, 30 sacs par<br />
le village <strong>de</strong> Berna et 20 sacs par les habitants <strong>de</strong> Rima et Rikîba. Des habitants <strong>du</strong><br />
village <strong>de</strong> Berna se trouvaient pamzi les porteurs chargés <strong>de</strong> transporter ce mil à<br />
<strong>Ouahigouya</strong>.<br />
Le 29 mai <strong>de</strong>rnier, le Togo-Naba a fait appeler chez lui le chef <strong>du</strong> village <strong>de</strong> Béma<br />
et l’a chargé <strong>de</strong> dire à son père que je Commandant <strong>de</strong> cercle était au cornant <strong>de</strong><br />
cmtains faits et <strong>de</strong>vait procé<strong>de</strong>r à une enquête. Il le prhit <strong>de</strong> prévenir sesadminis-<br />
trés que ceux d’entre ei qui feraient <strong>de</strong>s déclartations à son sujet suaient par la<br />
suite expulsés <strong>du</strong> village. Le Togo-Naba a chargé le Fwmmé S. d’une mission kienti-<br />
que auprès <strong>du</strong> chef <strong>de</strong> village <strong>de</strong> Bougounam où il se serait fait remettre 6 boucs<br />
castrés lors <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> recensement <strong>de</strong> juillet 1937.<br />
Le Togo-Naba s’efforce <strong>de</strong> faire croire à ses ressortissants que 1AdministreteI.a ne<br />
peut rien contre lui et. espère ainsi les empêcher <strong>de</strong> parlm (19).<br />
RAPPORT D’INSPECTION<br />
mai 1938<br />
Extraits concernant le Bureau <strong>du</strong> Travail (20) : Travailleurs engagés et employés<br />
dans le cercle sans contrat écrit : 403 par les entreprises privées et 45 par les services<br />
publics. Avec contiat écrit ; néaartt.<br />
(19) Belle illustration <strong>de</strong>s exactions <strong>de</strong>s chefs. Elle permet d’apprécier aussi ce que les adminis<br />
trateurs appelaient <strong>de</strong>s «colons volontaires».<br />
(20) Le gouvernement <strong>de</strong> Front Populaire (1936-1937) a pour conséquence la créatron dans<br />
chaque colonie d’offices régionaux <strong>du</strong> Travail ou Bureaux <strong>du</strong> Travail. Ces Bureaux fxent<br />
à 5 % <strong>de</strong> la population <strong>de</strong>s cercles le contingent annuel <strong>de</strong> manœuvres à ne pas dépasser,<br />
suppriment les contrôles médicaux au départ <strong>de</strong>s travailleurs, ainsi que le carnet <strong>de</strong> pécule<br />
(Cf. note 50, 2e pério<strong>de</strong>). Remarquons que le Front Populaire n’a pas eu <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />
répercussions dans les colonies.<br />
189
1938<br />
Travailleurs engagés dans le cercle et employés hors <strong>du</strong> cercle, avec contrat écrit :<br />
a) par les entreprises privées : 125, Compagnie <strong>de</strong> Culture Cotonnière <strong>de</strong> Diré ;<br />
251, Sociétés <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Dr&&apé ; 79, Sisaleraies et Carburants Africains<br />
<strong>de</strong> Samarono ;<br />
b) par les services publics : 511, Office <strong>du</strong> Niger (manœuvres, salaùes journaliers <strong>de</strong><br />
2,50 fr <strong>du</strong> ler mai au 30 octobre et2 fr <strong>du</strong> ler rwvembre au 30 avril, ration réglementaire<br />
journalière, logement et soins médicaux assurés).<br />
L ‘encadrement par <strong>de</strong>s surveillants recrutés dans le cercle d or&ine est préférable:<br />
Les mesures actuellement prévues (transport en camions bâchés, limitation <strong>de</strong> h<br />
longueur <strong>de</strong>s étapes, limitation <strong>du</strong> nombre d’hommes transportés par rapport à la<br />
surface <strong>de</strong> la plate-forme <strong>du</strong> véhicule) paraissent suffisantes pour assurer le transport<br />
<strong>de</strong>s travailleurs dans les meilleures conditions possibles. Il semble préférable <strong>de</strong><br />
pourvoir les travailleurs d’aliments à préparer aux étapes.<br />
‘Disponibilité en main d ‘œuvre : le contingent <strong>de</strong> manœuvres quittant annuellement<br />
le cercle pour aller travailler à l’extérieur peut être évalué à 12 000 indivi<strong>du</strong>s. La<br />
Gond-Coast bénéficie <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la main d’œuvre qui peut être<br />
estimée à 8500 travailleurs. La Colonie <strong>de</strong> la Côte d Yvoire absorbe également une<br />
partie <strong>de</strong> cette main d’œuvre : environ un millier d’indivi<strong>du</strong>s. Le restant <strong>de</strong> la<br />
main d ‘œuvre fournie par le cercle se rend sur les chantiers et les plantations <strong>de</strong> la<br />
vallée <strong>du</strong> Niger. C’est donc environ a 2500 hommes que peut être évaluée la main<br />
d’œuvre mossi disponible pour le Soudan. Plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> cette main d’œuvre<br />
va s’engager sur place en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tout contrôle administratif. L ‘effectif annuel <strong>de</strong><br />
travailleurs pouvant être recruté par l’intermédhire <strong>du</strong> Ckmandant <strong>de</strong> cercle ne<br />
dépasse pas 1000 hommes (21).<br />
Jusqu ‘ici la main d ‘œuvre 1-1 ‘a pas manifesté <strong>de</strong> répugnance particulière à l’égard <strong>de</strong>s<br />
entreprises privées. C’est la discipline <strong>de</strong>s chantiers et surtout la trop longue <strong>du</strong>rée<br />
<strong>de</strong>s contrats proposés qui peut expliquer la repugnance <strong>de</strong>s manœuvres à s’engager<br />
pour servir dans les entreprises privées et publiques <strong>de</strong> la Colonie.<br />
Les travailleurs souscrivent assez facilement à <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> six mois mais cette<br />
<strong>du</strong>rée est estimée en général insuffisante par les employeurs. On pourrait peut-être<br />
inciter les partants à contracter <strong>de</strong>s engagements d’un an en leur octroyant au<br />
moment <strong>du</strong> départ une prime assez élevée pour les tenter. Il serait éminement désUable<strong>de</strong>détourner<br />
vers le Soudan, ou tout au moins vers les coloniesJTan&ses, le courant<br />
d’émigration annuelle qui se rend en Gond Toast. Mais il faut tenir compte que<br />
cette émigration temporaire est <strong>de</strong>puis langtemps déjà entrée dans les mœurs ; que<br />
les travailleurs mossi sont employés en colonie britannique par les planteurs indigènes<br />
et que le régime <strong>de</strong> travailqui leur est imposé est sans doute moins pénible que<br />
celui <strong>de</strong>s chantiers <strong>de</strong> kt Vallée <strong>du</strong> Niger, tout en se rapprochant très sensiblement<br />
(21) Il est étonnant <strong>de</strong> lie que la Côte d’ivoire absorbe mille indivi<strong>du</strong>s annuellement car, <strong>de</strong>puis<br />
1932, les recrutements privés et publics pour la Côte d’ivoire ont cessé. s’agirait-t-il <strong>de</strong><br />
volontaires que leur nombre paraîtrait encore très fort car les conditions <strong>de</strong> travail en<br />
Basse Côte sont très <strong>du</strong>res. Dans les autres cercles <strong>du</strong> Mossi, dépendant <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong> Côte<br />
d’koire, les recrutements absorbent pour la Basse Côte : 85.5 hommes (1935) -<br />
3952 (1936) - 7186 (1937) - 8768 (1938) et 9565 (1939).<br />
190
1938<br />
<strong>de</strong>s conditions coutumières locales <strong>de</strong> travail. Il ne semble pas qu’avant longtemps<br />
<strong>de</strong>s résultats appréciables puissent être obtenus à ce sujet.<br />
Extraits concernant le Service <strong>du</strong> Gbinet : Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, <strong>de</strong>puis son<br />
rattachement au Soudan, le Ier janvier 1933, n’a, à notre connaissance <strong>du</strong> moins,<br />
pas été inspecté d’une façon générale.<br />
Personnel administratif :<br />
I Administrateur <strong>de</strong> lère chzsse, Commandant <strong>de</strong> cercle - 1 Administrateur-Adjoint<br />
<strong>de</strong> Ière classe? Adjoint <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle - 1 Administrateur-Adjoint <strong>de</strong><br />
3e classe, Service Général - 1 Adjoint Principal <strong>de</strong> classe exceptionnelle <strong>de</strong>s Services<br />
civils - Agent spécial, assistés <strong>de</strong> 3 interprètes, 4 écrivains.<br />
Personnel technique :<br />
/<br />
Assistance Médicale Indigène : 1 mé<strong>de</strong>cin-Lieutenant <strong>de</strong>s T.C., 1 mé<strong>de</strong>cin auxiliaire,<br />
2 sages femmes, 3 infirmiers, 2 gar<strong>de</strong>s d’hygiène<br />
Service Zootechnique : .l Véténnaire-Lieutenant, I Vétérinaire auxillaire, 4 in@miers<br />
vétérinaires<br />
Enseignement : P Directeur <strong>de</strong> IYkole Régionale, Chef <strong>du</strong> Secteur scolaire, 3 instituteurs<br />
à <strong>Ouahigouya</strong>, 2 instituteurs à Djibo, 1 à T%aré et 1 à Gourcy<br />
Agriculture : 1 Con<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong> Travaux agricoles, 1 moniteur, 2 maltres laboureurs,<br />
2 surveillants agricoles<br />
P.T.T. : 1 commis, 1 surveillant, 1 facteur. <strong>Ouahigouya</strong> est relié à Tougan parfilainsi<br />
qu ‘à Ouagadougou. Cette <strong>de</strong>rnière ligne ne fonc&ne qu’en MS <strong>de</strong> nécessité (22).<br />
Extraits concernant les Travaux Publics : 398 kilomètres <strong>de</strong> routes et 50 7 <strong>de</strong> pistes<br />
principales dans le cercle.<br />
Ponts principaux, tous sont provisoires : 3 ponts <strong>de</strong> 10 m sur la route <strong>Ouahigouya</strong><br />
Mopti, 1 pont <strong>de</strong> 15 m, 1 pont <strong>de</strong> 20 m er 2 ponts <strong>de</strong> 8 m sur la route <strong>Ouahigouya</strong><br />
Ouagadougou ; 2 ponts <strong>de</strong> 8 m et 1 pont <strong>de</strong> 6 m sur la route <strong>Ouahigouya</strong>-Tougan ;<br />
2 ponts <strong>de</strong> 35 m et 2 ponts <strong>de</strong> 10 m sur la route <strong>Ouahigouya</strong>-Kaya et 2 ponts <strong>de</strong><br />
25 m et 3 ponts <strong>de</strong> 6 m sur la route <strong>Ouahigouya</strong>-Djibo (23).<br />
Extraits concernant le hureau <strong>de</strong>s Affaires Ikonomiques :<br />
Société <strong>de</strong> Prévoyance : Depuis sa création relativement récente, Za Sociéfé cherche<br />
sa voie. Elle semble s’orienter d’une part sur la construction <strong>de</strong> puits, en particulier<br />
dans les régiàns septentr+onales <strong>du</strong> cercle qui manquent dkau et sont susceptibles<br />
d’être mises en valeur facilement lorsqu kIles en auront été pourvues ; d’autre part<br />
sur la constitution d’importantes réserves vivrières (constructions <strong>de</strong> silos et achats<br />
<strong>de</strong> mil).<br />
(22) Ouagadougou dépend <strong>de</strong> la Côte d’ivoire et Tougan <strong>du</strong> Soudan. Les limites entre les colo-<br />
nies <strong>de</strong> la fédération sont strictes. Ainsi : <strong>Ouahigouya</strong> dépend pour son ravitailIement <strong>de</strong><br />
Bamako, c’est-à-dire <strong>de</strong> Dakar, alors que son ravitaillement par Abidjan, moins onéreux,<br />
n’est pas envisagé.<br />
(23) C’est la réparation annuelle <strong>de</strong> ces ponts, constitués <strong>de</strong> troncs d’arbres (cailcedrats) qui<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> le plus <strong>de</strong> main d’œuvre prestataire. Les troncs sont enfoncés à plus <strong>de</strong> 2 m dans<br />
le lit <strong>du</strong> marigot. Ils soutiennent <strong>de</strong>s poutres <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 8 m <strong>de</strong> long apportées à tête<br />
d’hommes sur <strong>de</strong>s distances <strong>de</strong> plus en plus gran<strong>de</strong>s (<strong>du</strong> fait <strong>de</strong>s défrichements continus).<br />
Le tablier <strong>de</strong> roulage est constitué <strong>de</strong> rondins.<br />
191
1938<br />
Le plan quinquennal <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction dressé au début <strong>de</strong> l’année ne suggère, en ce qui<br />
concerne le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, pas d’observation particulière et le programme<br />
<strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Prévoyance concor<strong>de</strong> parfaitement. La culture <strong>du</strong> coton Allen ne<br />
semble pas cependant jouir d’une faveur exceptionnelle auprès <strong>de</strong>s cultivateurs.<br />
&ns doute les ren<strong>de</strong>ments obtenus : 187 kg/ha en 1935, 121 en 1936 et 95 seule-<br />
ment en 1937 ne paraissent-ils pas en rapport avec le travail fourni.<br />
Les semences d’arachi<strong>de</strong> sont mises en réserve par les pro<strong>du</strong>cteurs eux-mêmes. La<br />
Société <strong>de</strong> Prévoyance dispose seulement d’un stock restreint <strong>de</strong> 15 tonnes environ<br />
<strong>de</strong>stiné à ravitailler les imprévoyants.<br />
Ci-<strong>de</strong>ssous sont indiquées les principales pro<strong>du</strong>ctions <strong>du</strong> cercle :<br />
1934 1935 1936 1937<br />
Pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> cueillette :<br />
Karité 459 T 500 T 450 T 100 T<br />
Kapok 50 25 11 ?<br />
Pro<strong>du</strong>its d’exportation :<br />
Arachi<strong>de</strong>s 3650 T 5600 T 6500 T 9500 T<br />
Coton 938 640 515 660 (24).<br />
Les greniers <strong>de</strong> réserve ont été organisés par village. Immédiatement après l’hiver-<br />
nage, le dépôt <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tines <strong>de</strong> mil par contribuable a été effectué réellement sous<br />
le contrôle <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> I’Administration, soit 32 kg, mais en réalité on ne peut<br />
compter que sur 25 kg par contribuable. Ces greniers sont groupés dans une en-<br />
ceinte fermée et gardée. Sont également à l’abri sous la même surveillance les réser-<br />
ves <strong>de</strong> semences d arachi<strong>de</strong>s, sur la base <strong>de</strong> 7 kg par contribuable. Le mil ainsi stocke<br />
sera mis à la disposition <strong>de</strong>s intéressés à partir <strong>du</strong> ler août prochain. Il s’as-t donc<br />
uniquement <strong>de</strong> réserves <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>re qui peuvent être évaluées à 4 000 tonnes actuel-<br />
lement. La Société <strong>de</strong> Prévoyance elle-même ne dispose que d’un stock insigni’ïznt<br />
<strong>de</strong> 27 tonnes.<br />
Conclusions : Géographiquement et économiquement, le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> ne<br />
dépend pas <strong>du</strong> Soudan Franpis. Son rattachement à cette colonie se justifie cepen-<br />
dant d’une part en raison <strong>de</strong> l’aversion <strong>du</strong> Yatenga-Naba et <strong>de</strong> ses sujets pour tout<br />
ce qui touche Ouagadougou et d’autre part par l’installation déja effectuée d’un<br />
certain nombre <strong>de</strong> colons mossi sur les terres irriguées <strong>de</strong> l’office <strong>du</strong> Niger. Ce lien<br />
peut.paraitre un peu ténu en raison <strong>de</strong>s convoitises toujours en éveil <strong>de</strong>s colonies<br />
voisines. Il serait bon, dans ces conditions <strong>de</strong> le renforcer dans toute ,+z mesure <strong>du</strong><br />
possible et <strong>de</strong> montrer par <strong>de</strong>s faits tangibles que le Soudan ne se désintéresse en<br />
rien <strong>de</strong> cette circonscription plut& excentrique.<br />
NOUS avons suggéré le renforcement <strong>du</strong> personnel administratif Nous proposerons<br />
en outre que le plan quinquennal<strong>de</strong> construction <strong>de</strong>s Travaux Publics, qui comporte<br />
(24) Nous émettons <strong>de</strong>s doutes sérieux sur la validité <strong>de</strong> ces chiffres qui concernent la pro<strong>du</strong>c-<br />
tion globale et non celle commercialisée. Notamment, les pro<strong>du</strong>ctions données pour 1933<br />
et 1934 sont incompatibles avec les mauvaises saisons agricoles <strong>de</strong> ces mêmes années.<br />
192
1938<br />
pour <strong>Ouahigouya</strong> la construction d’une rési<strong>de</strong>nce, soit mis en couvre dès lu campa-<br />
gne prochaine et poursuivi les annees suivantes par l’kménagknnent définitif <strong>du</strong><br />
<strong>poste</strong>, en commençant par les bureaux qui sont exagétiment exigus.<br />
Ces travaux complèteraient heureusement les travaux importants d’assainissement<br />
entrepris par Monsieur B. <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans d Ouahtgouya même et qui comportent<br />
le comblement <strong>de</strong> mares, la construction <strong>de</strong> caniveaux et la rt2aliz&ion d’une voirie<br />
convenable. Le Ytienga-Naba, les notables et même les habitants nous ont fait part<br />
<strong>de</strong> leur satisfaction d’avoir une agglomération pouvant rivaliser avec Ouagadougou.<br />
Ce patriotisme local... doit être encouragé. Au surplus, il convient <strong>de</strong> ne pas oublier<br />
que <strong>Ouahigouya</strong> rapporte, bon an mal an, <strong>de</strong>ux millions au budget local.<br />
193
1939 APPORT D’INSPECTION<br />
m08, 18 mars<br />
Affaires politiques et administratives : Popuhrtion d aprés les <strong>de</strong>rniers recensements :<br />
Mossi 306 304 Peu1 73 674<br />
Fulsé 38 421 Divers 5 495<br />
Yarcé 17186 Européens 21 Total : 441101 habitants<br />
De faqon générale, l’organisation actuelle <strong>de</strong> l’État <strong>du</strong> Yatenga est absolument féodale<br />
et les possessions <strong>de</strong>s grands feudataires disséminées un peu au hasard dans l’ensem-<br />
ble <strong>de</strong> l’État, souvent sans aucun lien géographique. Il serait désirable éminemment<br />
<strong>de</strong> les regrouper. Il serait préférable <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une enquete préalable et précise<br />
<strong>de</strong>vant déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> cette opération qui n’est rt%hsabb qu’avec le consentement <strong>du</strong><br />
chef <strong>de</strong> 1’Etat et qui nécessitera <strong>de</strong> nombreux échanges qu’il faudra déci<strong>de</strong>r les chefs<br />
actuels <strong>de</strong> Province à accepter volontairement. L’opération a, parait-il, été faite à<br />
Ouagadougou avec un plein succès. Neuf cantons sont à regrouper dans ce sens.<br />
Emigration : Temporaire sur la Gold Coast 4 000 environ<br />
surségou 1000<br />
sur Mopti 800<br />
sur Tougan 250<br />
sur Bamako 350<br />
Définitive sus Ire Côte d Ivoire 830<br />
sur le Niges 385<br />
sur Mopti 72<br />
sur Tougan 74<br />
Les recensements ont permis <strong>de</strong> déceler 4 à 5 000 indigènes venus<strong>de</strong> le Côte d ‘Ivoire<br />
s’installer dans le cerile au cours <strong>de</strong>s quatre <strong>de</strong>rnières années (25).<br />
Alimentation : Une réserve <strong>de</strong> 100 tonnes <strong>de</strong> mil est constituée à <strong>Ouahigouya</strong>. Le<br />
grain sera cédé aux sociétaires <strong>de</strong> la 8. <strong>de</strong> Prévoyance pendant l’hivernage afin <strong>de</strong> le<br />
renouveler pour 1940.<br />
La Société <strong>de</strong> prévoyance a organisé le marché au coton et celui <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong>. Si<br />
cette <strong>de</strong>rnière culture se développe, il sera nécessaire <strong>de</strong> prevoir d’autres marchés et<br />
d’étudier le décorticage mécanique <strong>de</strong>s graines.<br />
En 1938, 120 hectares <strong>de</strong> manioc ont été phmtés et en 1939 : 59 dans 218 villages.<br />
Notons encore 2207 hectares <strong>de</strong> coton dans 703 villages. Cette culture est aussi peu<br />
(25) Cf.note 1.<br />
194
1939<br />
populaire que possible en raison <strong>de</strong>s aléas qu’elle présente et <strong>de</strong>s prix trop bas<br />
offerts par le commerce.<br />
La <strong>de</strong>rnière récolte <strong>de</strong> mil est bonne dans l’ensemble. Les greniers <strong>de</strong> réserve sont<br />
garnis après kz récolte dans les conditions prévues par la réglementation en vigueur :<br />
greniers <strong>de</strong> villages ou <strong>de</strong> quartiers dans les grosses agglomérations ; trois tines <strong>de</strong><br />
mil par contribuable ; une tine <strong>de</strong> semences d’arachi<strong>de</strong> par homme. 18 000 tonnes<br />
ont ainsi été réservées dont 13000 pour le mil. La <strong>de</strong>rnière sou<strong>du</strong>re n’a soulevé<br />
aucune difficulté. Les greniers sont ouverts, avec l’autorisation <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong><br />
cercle, au début <strong>du</strong> mois d’août.<br />
Exportations : En 1938 arachi<strong>de</strong>s décortiquées 703 tonnes<br />
coton brut 173 ‘tonnes<br />
kapok brut 8 tonnes<br />
beurre <strong>de</strong> karité 20 tonnes<br />
Prévisions pour 1939 arachi<strong>de</strong>s décortiquées 1000 tonnes<br />
coton brut 150 tonnes<br />
kapok 10 tonnes<br />
beurre <strong>de</strong> karité 200 tonnes P51<br />
ColomWùw : 595 colons (familles comprises) ont été dirigés sur l’office <strong>du</strong> Niger<br />
en 1938. Un recrutement d ‘égale importance (600 personnes) est prévu incessam-<br />
ment. Tous les colons sont volontaires.<br />
Prestations : Aucune difficulté spéciale mais il est nécessaire <strong>de</strong> les surveiller<br />
attentivement pour empêcher que les chefs ‘<strong>de</strong> village n’envoient <strong>de</strong> trop<br />
jeunes garçons. En 1938, sur 87905 prestataires inscrits au rôle pour 7 jours,<br />
35242 seulement ont fait réellement leurs prestatians. Il y a eu 512 rachats<br />
à 31,50 fr, soit 18128 j?ancs.<br />
En raison <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité exceptionnelle <strong>de</strong> la population, les prestataires travaillent<br />
dans leur circonscription d’origine. En 1938,5 753 kg <strong>de</strong> mil et 135 kg <strong>de</strong> vuzn<strong>de</strong><br />
ont été distribués au titre <strong>de</strong>s rations.<br />
Recrutement I938-1939 :<br />
Diakandapé 1 an 150 manœuvres. 6 août 1938<br />
Samanko ’ 1 an 150 manœuvres 29 août 1938<br />
Dhzkandapé 1 an 150 manœuvres 5 novembre 1938<br />
S.T.A.P.S. 6 mois 200 manœuvres 5 décembre 1938<br />
S.T.A.P.S. 8 mois 200 manœuvres 15 mars 1939<br />
Office <strong>du</strong> N&sr 1 an 300 manœuvres 15 janvier 1939.<br />
Les manœuvres, tous volontaires, reçoivent une prime au départ <strong>de</strong> 15Ofr pour un<br />
an et <strong>de</strong> 100 fr pour six à huit mois.<br />
(26) Chiffres vraisemblables.<br />
195
1939<br />
Les possibilités <strong>de</strong> recrutement <strong>de</strong>s manœuvres sont <strong>de</strong> 1800 à 2 000 hommes par<br />
an. Il serait nécessaire <strong>de</strong> porter la prime d’engagement à 2OOfr par an lorsque le<br />
travail doit être particulièrement pénible comme au ST’S et à l’Office <strong>du</strong> Niger<br />
et d’augmenter en ce cas, dans <strong>de</strong>s proportions raisonnables, le salaire journalier.<br />
Il en est ainsi en Côte d’ivoire : les salaires étant plus elevés dans les entreprises<br />
forestières que dans les plantations.<br />
Finances : Recettes 1541610,15fr<br />
Dépenses 59 742,87fr<br />
Sol<strong>de</strong> 148186 728 .fk<br />
L agent spécial <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est l’un <strong>de</strong>s plus chargés <strong>de</strong> la Colonie, spécialement<br />
au début <strong>de</strong> chaque année, au moment <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong> l’impôt. Le taux <strong>de</strong><br />
capitation pour 1939 est <strong>de</strong> 12 flancs. Sans observations.<br />
Au 20 mars 1938, la totalité <strong>de</strong>s taxes était perçue, soit 3 041609 francs.<br />
Routes : La route la plus intéressante au point <strong>de</strong> vue commercial est celle <strong>de</strong><br />
Ouagadougou à Ouahïgouya et à Mopti. Elle est parcourue journellement, <strong>de</strong><br />
décembre à avril, par une dizaine <strong>de</strong> camions en moyenne venant <strong>de</strong> la Gold-<br />
Coast ou <strong>de</strong> la Côte d’ivoire pour se rendre à Mopti, charger <strong>du</strong> poisson sec. La<br />
permanence <strong>de</strong> la route <strong>Ouahigouya</strong>-Mopti est indispensable au développement<br />
écorwmique <strong>du</strong> cercle...<br />
Aucune donnee intéressant la situation<br />
politique ou économique <strong>du</strong> cercle en1940<br />
n’a pu être retrouvee. Il n’est questionque<br />
<strong>de</strong> retards dans le courrier postal et <strong>de</strong><br />
démarches en vue <strong>de</strong> l’achat d’une auto-<br />
mobile pour le Yatenga-Naba... (27).<br />
(27) Le 10 mai 1940, la Belgique et la Hollan<strong>de</strong> sont envahies. Le 10 juin, l’Italie déclare la<br />
guerre à la France. Le 25 juin, l’armistice entre l’Allemagne et la France d’une part, et<br />
l’Italie et la France, d’autre part, entre en vigueur.<br />
196
1941 RAPPORT D’INSPECTION<br />
no 67,16 avril<br />
Installation <strong>de</strong>s Bureaax administratijIs :Elle est déplorable. Les pièces sont petites,<br />
obscures, sales. Le mobilier est à l’avenant. Des groupes compacts d’indigènes se<br />
pressent aux entrées Le Commandant <strong>de</strong> cercle, pour échapper à cette ambiance,<br />
travaille dans sa rési<strong>de</strong>nce ; ce qui n’est pas sans présenter <strong>de</strong>s inconvénients. Il serait<br />
temps <strong>de</strong> doter PAdministmtion <strong>du</strong> cercle d’une installation décente... La guerre<br />
ti arrêté le programme <strong>de</strong> constructions neuves dont <strong>de</strong>vait bénéficier ce cercle. La<br />
situation stgnalée <strong>de</strong>man<strong>de</strong> cependant une solution urgente. Les ressources budgé-<br />
taires, la pénurie <strong>de</strong> matériaux tels que fers et ciment ne permettront peut-être pas<br />
<strong>de</strong> m*aliser une installation définitive.<br />
Affaües politiques : Popuhttùm : 466 5 70 habitants.<br />
Mossi 310110 Habbé (dogon) 1516<br />
PaCl 71614 Bambara 729<br />
Yarcé 22480 Marancé 5224<br />
Fulsé 50 994 Bella 462<br />
&mo 3205 Haoussa 236<br />
Prestations : Le rkgime <strong>de</strong> hz taxe additionnelle (28) a été mis en vigueur en 1940<br />
chez les populations Fulbé. A raison <strong>de</strong> 31552 contribuables et au taux <strong>de</strong> 4 jr, les<br />
recouvrements à ce titre se sont élevés à 126 208 fr ; le crédit correspondant ris<br />
tourne au cercle fit <strong>de</strong> 125 412 fr.<br />
Convient-il d’étendre ce régime à l’ensemble <strong>du</strong> cercle ?Dans son rapport politique<br />
<strong>de</strong> 1938, le &mmano%nt <strong>de</strong> cercle a écr?t : Une mention à peu près i<strong>de</strong>ntique figure dans les rap-<br />
ports 1939-1940.<br />
S’agissant spécialement <strong>de</strong>s Mossi, et sans nier leur aptitu<strong>de</strong> au travail, je serais<br />
w-pris qu Vs ne pn?ferent pas un travail rémunéré à un travail gratuit. Je suis éga-<br />
lement convaincu qu’ils accepteraient volontiers <strong>de</strong> payer la taxe additionnelle, au<br />
taux modique <strong>de</strong> 4 fi, pour échapper aux levées <strong>de</strong> prestataires.<br />
(28) II s’agit d’une taxe rendant ca<strong>du</strong>ques les travaux sur prestations. La Taxe additionnelle,<br />
instaurée au Soudan en 1940, <strong>de</strong>vait permettre la création d’un fonds <strong>de</strong>s Travaux Publics.<br />
Le commandant note, en annexe <strong>de</strong> son rapport d’inspection, : UQU point <strong>de</strong> vue tkonomique.<br />
je ne VO~ que <strong>de</strong>s avantages à ce que la taxe soit app&uée a toute la population.<br />
On pourrait enfin équiper en immeubles et en ponts défmitifs le <strong>poste</strong> et les routes. c’est<br />
le véritable moyen <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> l’ornière <strong>de</strong>s ouvrages provisoires en bois et en banco. Par<br />
ailleurs, les in&ènes pro<strong>du</strong>iront akvantage pour payer un impôt plus élevé . ..d>.<br />
197
1941<br />
A raison <strong>de</strong> 279 700 imposables et au taux <strong>de</strong> 4 fr, les recouvrements atteindraient<br />
Il18 8OOfp somme permettant sans aucun doute un entretien parfm.t. <strong>du</strong> réseau<br />
routier <strong>du</strong> cercle, rendant <strong>de</strong> surcro M inutile la délégation <strong>de</strong> 2.5 000 j? prévue pour<br />
l’entretien <strong>de</strong>s routes et <strong>de</strong>s ponts,<br />
Recrutement <strong>de</strong>s travailleurs :<br />
1940 Office <strong>du</strong> Niger 100 pour 1 an<br />
S.T.A.P.S. a Gae 100 pour 1 an.<br />
Tous ces recrutements ont eu lieu pour une <strong>du</strong>rée <strong>de</strong>un an. Les engagés rejoignent<br />
les chantiers a pied, en raison <strong>de</strong> la pénurie d’essence. Un recrutement <strong>de</strong> 300 hom-<br />
mes est en cours pour la Societé <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Diakandapé.<br />
A ces recrutements <strong>de</strong> travailleurs temporaires, il convient d’ajouter celui <strong>de</strong> colons<br />
<strong>de</strong>stinés aux terres irriguées <strong>de</strong> l*OfEce <strong>du</strong> Niger, qui continuent à bénéficier <strong>du</strong><br />
transport en camions. 270 colons ont été recrutés en 1940 et 5.50 <strong>de</strong>puis le début<br />
<strong>de</strong> 1941.<br />
Taxe sur le bitail : Selon Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> M. le Vétérinaire, le nombre d’animaux portés<br />
au role ne dépasserait pas 12 à 18 % <strong>de</strong> l’effectif réel <strong>de</strong>s troupeaux. pai rapproché,<br />
pour les-cantons peu1 <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, le nombre d’imposables et celui <strong>de</strong>s<br />
bœufs ayant payé la taxe en 1940 : il y aurait 80 661 imposables et 56290 bafs.<br />
La disproportion entre ces <strong>de</strong>ux chiffres est excessive, mais elle n’a pas lieu <strong>de</strong> sur-<br />
prendre si, comme me la déclaré le Commandant <strong>de</strong> cercle, les râles sont établis<br />
d après les seules déclarations <strong>de</strong>s éleveurs. Il n’est pas douteux que le Service<br />
Zootechnique est seul a même dItvoir une idée approchée <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s<br />
troupeaux. Le recensement <strong>du</strong> bétail apparaît, par suite, comme une <strong>de</strong> ses tâches<br />
essentielles (29).<br />
Affaires écorwmiques : Les transactions commerciales ont porté en 1939, <strong>de</strong>rnière<br />
année normale, sur :<br />
- arachi<strong>de</strong>s décortiquées 813 tonnes OJO frlkg<br />
- coton allen 71 tonnes 1,30 à l,OO.fF/kg<br />
- coton indigène 200 tonnes 3,50 à 5 frfkg<br />
- kapok 29 tonnes 1,30 à 1,.5Ofr/kg<br />
- aman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> karité 71 tonnes<br />
- beurre <strong>de</strong> kan-té 61 tonnes 1,20 à 1,.50 frlkg.<br />
Les arachi<strong>de</strong>s prennent une part croissante dans lizlimentation indigène.<br />
(29) Aujourd’hui, il est encore impossible (et impensable) <strong>de</strong> réaliser un recensement précis<br />
<strong>du</strong> cheptel.<br />
198
1941<br />
Vulgarisation agricole : Dans quel sens convient-il <strong>de</strong> l’orienter ?Je viens d’indiquer<br />
que le coton occupe une place prépondérante dans l’économie <strong>du</strong> cercle. Le chef <strong>de</strong><br />
circonscription signale <strong>de</strong> son côté, le ren<strong>de</strong>ment infime <strong>du</strong> coton allen : 90 kg/&,<br />
avec les procédés culturaux indigènes ; 125 kgjha affirme le chef <strong>de</strong> secteur agricole.<br />
N’est-il pas permis <strong>de</strong> penser que ce ren<strong>de</strong>ment pourrait doubler si le sol était tra-<br />
vaillé mémniquement ? Le. cultivateur mossi, qui s’edapte sans peine à la culture<br />
attelée sur les terres irriguées <strong>de</strong> l’office <strong>du</strong> Niger, ne saurait s’y montrer rebelle<br />
<strong>de</strong>ns son paybd’origine. La creation <strong>de</strong> secteurs <strong>de</strong> vulgarisation me paraît le SO~U-<br />
tion à retenir (30).<br />
Enseiguement : L ‘école régionale <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est actuellement fréquentée par<br />
230 élèves dont 35 fillettes On est surpris <strong>de</strong> constater qu’elle ne comporte ni<br />
enseignement ménager pour les filles, ni d’atelier pour les garçons.<br />
Conclusion : L’impression générale qui se dégage <strong>de</strong> l’inspection <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong><br />
<strong>Ouahigouya</strong> est celle d’un effort heureusement poursuivi au cours <strong>de</strong>s plus<br />
récentes années pour donner à ce <strong>poste</strong> une faça<strong>de</strong> flatteuse. Je citerai notam-<br />
ment : l’équipement <strong>de</strong>s principales voies daceès en ouvrages d’art définittfs,<br />
les avenues bien tracées et plantées d’arbres, les installations bien comprises <strong>de</strong><br />
la Société <strong>de</strong> Prévoyance.<br />
L’action administrative ne saurait toutefois être limitée à ce domaine. J’ai mentùm-<br />
né dans le cours <strong>de</strong> mon rapport les divers redressements à accomplir, qui tous ap<br />
pellent un contact plus étroit <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle avec ses bureaux, d’une<br />
part, avec ses administrés, d autre part...<br />
(30) Le Commandant <strong>de</strong> cercle émet quelques réserves mr ce propos dans un rapport annexe.<br />
II écrit : ~AU prochain projet <strong>de</strong> budget <strong>de</strong> la Societé <strong>de</strong> Prévoyance, sera prévu l’achat <strong>de</strong><br />
15 charrues et <strong>de</strong> 1.5 houes et l’installation d’une ferme école <strong>de</strong> labourage. On ne peut<br />
cé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s charrues et <strong>de</strong>s bœufs qu’à <strong>de</strong>s gens à qui on a appris à s’en servir et en ayant<br />
compris l’utilité. Pour avoir une belle récolte, labourer est sans doute un point essentiel2<br />
mais il faut aussi que la fumure soit rationnellement pratkpke et que le régime <strong>de</strong>s pluies<br />
soit propice.» Et le commandant <strong>de</strong> cercle a Iraison. L’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la culture mécanisée<br />
considérée comme un moyen <strong>de</strong> prog&s indiscutable, se heurtera en Afrique à <strong>de</strong>s<br />
problèmes multiples et enregistrera un nombre considérable d’échecs, ce qui ne veut pas<br />
dire que la leçon ait servi.<br />
199
1941<br />
Il est évi<strong>de</strong>nt, par ailleurs, que l’importance <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> exige que le<br />
Commandant soit effectivement secondé par un adjoint. Or, Monsieur l’Adminis<br />
trateur-Adjoint L. est le sixième fonctionnaire qui ait été appelé à ce <strong>poste</strong> en<br />
trois ans. c’est beaucoup !<br />
Remarques <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle sur les esmclusions <strong>de</strong> son inspection<br />
Je me permets <strong>de</strong> renouveller respectueusement que ma place, lorsque je ne suis pas<br />
en tournée, est dans les bureaux <strong>du</strong> cercle, au milieu <strong>de</strong> mes collaborateurs euro-<br />
péens et indigènes. C’est tout à fait exceptionnellement pour rédiger en toute tran-<br />
quilité d’esprit les longs mpports annuels ou <strong>de</strong>s lettres confi<strong>de</strong>ntielles <strong>de</strong> quelque<br />
importance que, <strong>de</strong> même que mes prét&esseurs, je me retire akns le bureau qui se<br />
trouve à hz rési<strong>de</strong>nce. Quiconquea vu hz disposition <strong>de</strong>s bureaux <strong>du</strong> cercle comprend<br />
aisément pourquoi.<br />
Il n’est au cours <strong>de</strong> l’année 1940, pas un versement d’impôt à laAgence ou à la<br />
Sociéte <strong>de</strong> Prévoyance qui n ‘ait été l’objet d’un ordre d’encaissement <strong>de</strong> ma part et<br />
d’un report <strong>de</strong> la quittance à la souche et je ne crois pas avoir-cesse pendant trois<br />
ans <strong>de</strong> contrôler un seul registre <strong>de</strong> l’Agence, <strong>de</strong> la Justice et <strong>du</strong> Bureau Militaire ou<br />
<strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Prévoyance.<br />
Personne, dans les bureaux, n ‘a fait quoi que ce soit que ce ne fût sous mon impul-<br />
sion, mes conseils ou sous mon contrôle. JE été l’animateur et l’entraîneur <strong>de</strong><br />
l’équipe quelles que firent les résistances indivi<strong>du</strong>elles que j’ai pu rencontrer.<br />
J’ai travailIle’ seul avec un agent spécial pendant plus <strong>du</strong>n an (<strong>du</strong> 8 septembre 1939<br />
au 18 novembre 1940). J’ai cependant réussi la gageure d’accomplir, en 1940,<br />
84 jours <strong>de</strong> tournée pour conserver un contact indispensable avec l’indigène.<br />
La paix politique, tous les différends entre indigènes : source ordinaire <strong>de</strong> troubles,<br />
réglés ; la rentrée facile <strong>de</strong>s impôts accrus chaque ann&e ; la culture <strong>du</strong> coton et<br />
<strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong> poussée <strong>de</strong> façon intensive ; les pro<strong>du</strong>its ven<strong>du</strong>s <strong>de</strong> la façon la plus<br />
avantageuse pour les indigènes ; le recensement <strong>de</strong> 250 000 indigènes effectué en<br />
trois ans ; l’émigration détournée <strong>de</strong> Gond Toast vers les chantiers <strong>de</strong> la Colonie<br />
(1450 hommes en 1941) ou vers les terres irriguées <strong>de</strong> 1’Ofice <strong>du</strong> Niger (1167 co-<br />
lons en 1941) ; la levée <strong>de</strong> septembre 1939 à juin l940 <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 6 000 hommes,<br />
recrues ou réservistes - le sixième <strong>de</strong> l’effecttf que d&ait fournir le Soudan - les<br />
greniers <strong>de</strong> réserve bien remplis, etc... tout ceci n ‘e pu être accompli que grdce à une<br />
connaissance certaine <strong>de</strong>s possibilités <strong>du</strong> cercle et à une étroite collabomtùm avec<br />
l’indigène.<br />
200
Si les <strong>de</strong>rnières années qu’il nous a été donné<br />
d’observer ne sont pas celles d’une remise en<br />
cause <strong>de</strong> la con<strong>du</strong>ite politique et économique<br />
<strong>du</strong> cercle - beaucoup s’en faut - elles n’en témoi-<br />
gnent pasmoins d’un apaisement <strong>de</strong>s contraintes<br />
exercées sur les populations ; en un mot, d’une<br />
«humanisation» <strong>de</strong>s rapports entre le Comman-<br />
dant <strong>de</strong> cercle et ses administrés.<br />
Bien enten<strong>du</strong>, il n’est pas question <strong>de</strong> diminuer<br />
l’impôt - 1932 auraété une exception - toutefois,<br />
la précision plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s recensements nomi-<br />
natifs dont le rythme s’accélère permet sans<br />
doute <strong>de</strong> répartir cet impôt plus equitablement.<br />
Un fait est certain : <strong>Ouahigouya</strong>. en 1939, paie<br />
moins d’impôts que <strong>Ouahigouya</strong> en 1932, quand<br />
le cercle dépendait <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>... et le<br />
franc s’est dévalué !...<br />
D’autre part, les charges prestataires sont moins<br />
pesantes que <strong>du</strong>rant la pério<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nte. Il<br />
n’y a plus <strong>de</strong> corvées <strong>de</strong> transport ;les hommes<br />
sont réquisitionnës pour <strong>de</strong>s travaux â proximité<br />
<strong>de</strong> leur village et le nombre <strong>de</strong> journées <strong>de</strong><br />
prestations est <strong>de</strong> 247000 en 1938 contre<br />
677 000 en 1930. En 1940, ces prestations sont<br />
supprimées dans la colonie <strong>du</strong> Soudan en appli-<br />
cation d’une décision <strong>de</strong> 1936 créant une section<br />
<strong>de</strong> Travaux Publics dans chaque cercle <strong>de</strong>s<br />
colonies.<br />
Toujours dans le même temps, si l’administration<br />
<strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> recrute bien <strong>de</strong> 700 â 900 hom-<br />
mes par an pour les ((travaux d’infrastructure<br />
impériale», ce sont plus <strong>de</strong> 9 500 hommes qui<br />
sont réquisitionnés en 1939 dans les cercles voi-<br />
sins <strong>de</strong> Ouagadougou et <strong>de</strong> Kaya (intégrés â la<br />
Côte d’ivoire) pour aller travailler {(au chemin<br />
<strong>de</strong> fer <strong>du</strong> Mossi)) ou encore dans les plantations<br />
et chantiers forestiers <strong>du</strong> Sud.<br />
Ajoutons enfin que les autorités révisent sérieu-<br />
sement leur attitu<strong>de</strong> - jusqu’alors très compré-<br />
hensive - â l’égard <strong>de</strong>s chefs coutûmiers et que,<br />
dans le cadre <strong>de</strong> «l’action pour l’humanisation<br />
201
202<br />
a
<strong>de</strong>s coutûmes)), elles appliquent le décret Man<strong>de</strong>1<br />
(juin 1939) visant «à libéraliser la femme indi-<br />
g&e>) (3 1).<br />
.<br />
Entendons-nous bien : les administrateurs ne<br />
sont pas <strong>de</strong>venus spontanément <strong>de</strong>s bienfaiteurs.<br />
Seulement, les temps ont changé : la Colonie<br />
n’est plus obnubilée parla nécessité d’aller vite !<br />
On ne cherche plus tant à exploiter (sous la<br />
forme
EN CZJI$EûE 60NGLUSIQN :<br />
Les textes qui viennent d’être présentés n’engagent-ils que leurs auteurs ?<br />
Autrement dit, avons-nous découvert les divers styles et personnalités d’une trentaine<br />
d’administrateurs qui se sont succédés au comman<strong>de</strong>ment d’une quelconque cir-<br />
conscription <strong>de</strong> L’A-OF. ou bien avorwnous observé l’ensemble <strong>du</strong> dispositif colo-<br />
nial où chacun à son <strong>poste</strong>, <strong>du</strong> Gouverneur Général - voire <strong>du</strong> Ministre <strong>de</strong>s Colonies -<br />
jusqu’au chef <strong>de</strong> village, a eu sa part <strong>de</strong> responsabilité dans l’application d’une<br />
politique ?<br />
Le commandant <strong>de</strong> cercle n’est pas un clément anonyme <strong>de</strong> cette chaîne<br />
administrative, qui exécute consciencieusement - parfois avez zéle - les ordres<br />
venus <strong>de</strong> haut et transmis <strong>de</strong> façon impersonnelle (circulaires, tlélgrammes). C’est<br />
l’informateur privil&ié <strong>du</strong> gouvernement local et fédéral, l’observateur <strong>de</strong> terrain,<br />
en quelque sorte. Le contenu <strong>de</strong>s rapports qu’il transmet régulièrement à ses supé-<br />
rieurs - tels ceux soumis ici à lecture - doit susciter, déclencher les décisions &<br />
prendre en haut lieu. Ainsi restonanous interdits quand, sous une forme anecdo-<br />
tique et dans la rubrique «impôts)>, nous apprenons - presque par hasard - qu’une<br />
disette Sevit, parce que le commandant cherche à se faire excuser <strong>de</strong> n’avoir pu<br />
dans les temps percevoir la totalité <strong>de</strong>s rôles.<br />
Il est témoin et que fait-il ? Conscient-<strong>de</strong> la situation (manque <strong>de</strong> vivres et d’argent)<br />
il s’évertue - s’entête parfois avec cynisme - à recouvrir la totalité <strong>de</strong>s impositions.<br />
Est-il besoin <strong>de</strong> souligner que le centre d’intérêt d’une telle politique est fort éloigné<br />
<strong>de</strong> d’izuvre civiliwriee~ en faveur <strong>de</strong>s administrés ?<br />
L’essentiel <strong>de</strong> l’activité économique <strong>du</strong> Yatenga repose sur les cultures et<br />
trouve son facteur limitant dans l’irrégularité, la concentration et la faiblesse <strong>de</strong>s<br />
précipitations. C’est le leitmotiv <strong>de</strong> tous les rapports. Les poLkrlations sont à la<br />
merci <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’hivernage. Mais la métropole est avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its et<br />
l’administration locale <strong>de</strong> recettes. Les paysans doivent, en conséquence, pro<strong>du</strong>ire<br />
davantage. Les défrichements s’accélerent, les champs s’éten<strong>de</strong>nt .et la faune est<br />
décimée. En 1937, les autorités se ren<strong>de</strong>nt compte <strong>de</strong> #insuffisance <strong>de</strong>s terres <strong>de</strong><br />
cultures autour <strong>de</strong> Quah&ouyat et vont jusqu’à reconnaître que
suivant les prescriptions <strong>de</strong>s ingénieurs <strong>de</strong>s services agricoles. Àjoutons que les ren<strong>de</strong>-<br />
ments obtenus à l’époque varient <strong>de</strong> 50 & 90 kg <strong>de</strong> coton à l’hectare et l’on appré-<br />
ciera la consommation <strong>de</strong> terres neuves requises annuellement : 1500 ha en moyenne<br />
pour 100 T <strong>de</strong> coton.<br />
Ce ne sera qu’autour <strong>de</strong>s années 50 que les autorités locales reconnaîtront<br />
enfin les effets néfastes <strong>de</strong> la culture extensive : manque <strong>de</strong> bois pour l’alimentation<br />
<strong>de</strong>s foyers domestiques et la construction <strong>de</strong>s habitations, extension rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’érosion sur les sols cultivés. Alors, commencera «l’équipement <strong>du</strong> territoires :<br />
création <strong>de</strong> pépinières et <strong>de</strong> parcelles <strong>de</strong> reboisement, construction <strong>de</strong> petits barrages<br />
et aménagement <strong>de</strong> banquettes ami-érosives (1957-1963). Ces interventions pour-<br />
ront être jugées bien tardives quand on considère que l’équilibre écologique a sans<br />
doute été rompu au cours <strong>de</strong>s années 30.<br />
Les administrateurs ne portent pas attention aux cultures vivrières ; ils<br />
déplorent seulement les disettes ou les famines et procè<strong>de</strong>nt hativement à la «consfi-<br />
tution <strong>de</strong> grekers <strong>de</strong> r.?serve» pour ne plus s’en préoccuper avec le retour <strong>de</strong>s<br />
«années normales>. Que surviennent alors <strong>de</strong>s vols <strong>de</strong> sauterelles et les habitants<br />
subviendront eux-mêmes à leurs besoins, allant échanger leur bétail contre le mil<br />
<strong>de</strong>s régions voisines ; ils en ont l’habitu<strong>de</strong> ! Que <strong>de</strong>s épizooties provoquent <strong>de</strong>s<br />
hécatombes dans le troupeau, que les animaux se ven<strong>de</strong>nt mal par suite d’une forte<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> céréales... qu’importe ! Pluies ou sécheresses, épizooties ou non, les<br />
impôts augmentent sensiblement d’une année & l’autre. La bonne gestion <strong>du</strong> cercle<br />
est sauve.<br />
Par exemple, en 1927, année <strong>de</strong> mauvaises récoltes, l’institution <strong>de</strong> greniers<br />
<strong>de</strong> réserve est remise à l’honneur mais, parallèlement, la campagne m’errée par l’admi-<br />
nistrateur pour étendre les cultures s’intéresse préférentiellement à l’extension <strong>de</strong>s<br />
cotonneraies. Les années suivantes, au milieu <strong>du</strong> marasme économique<strong>de</strong>s années 30,<br />
la seule intervention <strong>de</strong>s autorités consiste à intro<strong>du</strong>ire une variéte <strong>de</strong> petit mil hâtif<br />
dont nous ignorons les résultats..<br />
Ne nous attardons pas sur le programme <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Prévoyance qui,<br />
aux dires mêmes <strong>de</strong> l’administration, ne répond pas aux besoins immédiats <strong>de</strong> la<br />
population. Soulignons, pour finir, qu’en 1941, lorsqu’un secteur d’agriculture<br />
est créé dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, l’objectif prioritaire est <strong>de</strong> vulgariser la<br />
culture attelée pour améliorer - une fois encore r- la pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> coton Allen et<br />
<strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong>.<br />
Alors, au bout <strong>du</strong> compte, qu’a-t-il été propose aux habitants <strong>du</strong> cercle<br />
pour améliorer leur bien-être, mis à part les rares écoles et les vaccinations ? Détour-<br />
nons la repense : pendant trois décennies, le mot d’ordre a eté d’exploiter le pays en<br />
exigeant, d’abord, la collecte <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> cueillette - la traite - puis en voulant<br />
accroître constamment les pro<strong>du</strong>ctions dites (
souvent enten<strong>du</strong>s, ajoutons que certains effets <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> naguère sont<br />
pourtant longs à disparaître. Nous ne reviendrons pas sur le
1 - Valeur <strong>du</strong> franc français courant (en centimes <strong>de</strong> franc E 974)<br />
1901<br />
1926<br />
182<br />
1926 36<br />
1927 44<br />
1928 37<br />
1936<br />
N.B. -<br />
1936 26<br />
1937 22<br />
1938 16<br />
1939 15<br />
1940<br />
1944<br />
13<br />
1945 12<br />
1946<br />
1947 4$7<br />
1948<br />
1950 26 ’<br />
1950<br />
1958 136<br />
ANNEXES<br />
1958 193<br />
1959 1,126<br />
1960<br />
1968<br />
1969<br />
1974<br />
L’institution <strong>du</strong> «franc lourd» ne correspond pas à une réévaluation <strong>du</strong><br />
Franc. Il n’y a pas lieu d’en tenir compte pour mesurer là dévaluation progressive.<br />
La valeur <strong>du</strong> Franc <strong>de</strong>puis 1900 est dé<strong>du</strong>ite <strong>de</strong> l’évolution <strong>du</strong> cours d’achat<br />
<strong>de</strong> l’or par la Banque <strong>de</strong> France <strong>de</strong>puis cette date (source INSEE).<br />
1,13<br />
1<br />
209
2 - Indice <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> détail en France (base : 1 = 1938) (source INSEE)<br />
210<br />
1901 0,13 1938 1 ,oo<br />
1902 0,13 1939 1,07<br />
1903 0,13 1940 1,26<br />
1904 0,13 1941 1,48<br />
1905 0,13 1942 1,78<br />
1906 0,12 1943 2,21<br />
1907 ‘0,13 1944 2,70<br />
1908 0,13 1945 4,Ol<br />
1909 0,13 1946 6,12<br />
1910 0,13 1947 9,13<br />
1911 0,15 1948 14,49<br />
1912 0,15 1949 16,40<br />
1913 0,15 1950 18,04<br />
1914 0,15 1951 20,97<br />
1915 0,18 1952 23,47<br />
1916 0,20 1953 23,07<br />
1917 0,24 1954 23,17<br />
1918 0,31 1955 23,39<br />
1919 0,38 1956 24,37<br />
1920 0,53 1957 25,ll<br />
1921 0,46 1958 28,89<br />
1922 0,45 1959 30,67<br />
1923 0,49. 1960 31,78<br />
1924 0,56 1961 32,83<br />
1925 0,60 1962 34,41<br />
1926 0,79 1963 36,lO<br />
1927 0,82 1964 37,23<br />
1928 0,82 1965 38,26<br />
1929 0,87 1966 39,50<br />
1930 0,88 1967 40,74<br />
1931 0,84 1968 42,67<br />
1932 0,77 1969 44,87<br />
1933 0,74 1970 48,Ol<br />
1934 0,71 1971 51,37<br />
1935 0,65 1972 54,96<br />
1936 0,70 1973 58,80<br />
1937 0,88 1974 62,91
3 - Copie <strong>du</strong> TRAIT& DE PAIX ET DE PROTECTORAT (1897)<br />
(( Au nom <strong>de</strong> la République Française, entre nous, <strong>de</strong> TRENTINIAN, colonel<br />
d’Infanterie <strong>de</strong> Marine, Lieutenant-Gouverneur <strong>du</strong> Soudan Français, officier <strong>de</strong> la<br />
Légion d’honneur, représenté par le Lieutenant VOULET <strong>de</strong> l’infanterie <strong>de</strong> marine,<br />
chevalier <strong>de</strong> la Légion d’honneur, chargé <strong>de</strong> mission et agissant avec les pleins pou-<br />
voirs, d’une part, et KOUKA-KOUTOU, <strong>de</strong> la famille royale <strong>de</strong>s Konda, Naba <strong>du</strong><br />
Mossi, d’autre part, a été conclu le traité <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> protectorat suivant :<br />
1) Les hostilités entre la France et le Mossi cessent, pour toutes les régions soumises,<br />
à dater <strong>de</strong> la signature <strong>du</strong> présent traité.<br />
2) BOKARY -KOUTOU, ayant au mépris <strong>du</strong> droit <strong>de</strong>s gens fait attaquer une mission<br />
pacifique, insulte le pavillon français, chasse après les avoir maltraités les envoyés<br />
<strong>de</strong> la France, est déchu <strong>de</strong> tous ses droits à la souveraineté <strong>du</strong> Mossi et dépen-<br />
dances.<br />
3) KOUKA-KOUTOU, au nom <strong>de</strong> la France.et avec l’assentiment <strong>de</strong>s chefs et <strong>de</strong>s<br />
populations;est reconnu .comme Naba <strong>du</strong> Mossi et dépendances, au lieu et place<br />
<strong>de</strong> son frère BOKARY-KOUTOU déchu.<br />
4) KOUKA est confié dans la plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tous ses droits et souveraineté atta-<br />
chés à la personne <strong>du</strong> Naba <strong>du</strong> Mossi, notamment en ce qui concerne lasuzerai-<br />
neté à l’égard <strong>de</strong>s nabas vassaux et <strong>de</strong> tous les territoires qui dépen<strong>de</strong>nt légiti-<br />
mement <strong>du</strong> Mossi.<br />
5) En témoignage <strong>de</strong> sa reconnaissance, KOUKA-KOUTOU place sous le protec-<br />
torat exclusif et sous la souveraineté absolue <strong>de</strong> la France, le Mossi et tous les<br />
territoires qui en <strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt légitimement.<br />
6) Dépen<strong>de</strong>nt legitimement <strong>du</strong> Mossi : le Tous les territoires où la langue mossi<br />
est en usage. 2e Les territoires placés sous le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s Nabas vassaux,<br />
3e Tous les pays qui dépen<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Mossi en raison <strong>de</strong> la tradition et <strong>de</strong>s droits<br />
historiques, 4e Les territoires reconnaissant la souveraineté <strong>du</strong> Mossi y compris<br />
ceux où la langue mossi n’est pas en usage, Se Le pays connu sous le nom <strong>de</strong><br />
Boussansé ou Boussanga qui dépend <strong>du</strong> Mossi par droit historique.<br />
7) Le Naba <strong>du</strong> Mossi et ses successeurs légitimes ne pourront conclure aucun<br />
traité ou arrangement avec une puissance autre que la France.<br />
8) Le Naba signataire <strong>du</strong> présent acte, déclare nul et sans valeur tout traité ou arran-<br />
gement antérieur, dont pourrait se prévaloir une puissance autre que la France.<br />
9) Le Naba s’engage à accepter dans sa capitale, ainsi que dans toute autre localité<br />
<strong>de</strong> ses états, un rési<strong>de</strong>nt français avec une escorte dont l’effectif est laisse à<br />
l’appreciation <strong>du</strong> Gouvernement <strong>de</strong> la République Française.<br />
211
10) Le Gouvernement Français s’engage a donner ai<strong>de</strong> et appui au Naba <strong>du</strong> Mossi<br />
contre tous ses ennemis extérieurs.<br />
11) Comme réciprocité, le Naba <strong>du</strong> Mossi s’engage à donner ai<strong>de</strong> et protection à<br />
tout commerçant ou sujet français. Les marchandises d’origine franmçaise ne<br />
seront frappées d’aucun droit <strong>de</strong> douane ni <strong>de</strong> transit.<br />
12) KOUTA-KOUTOU, Naba <strong>du</strong> Mossi, a reçu <strong>de</strong>s mains <strong>du</strong> Lieutenant VOULET,<br />
un pavillon français qu’il s’est engagé à conserver et à présenter à tout sujet<br />
d’une puissance étrangère voyageant au Mossi.<br />
Fait à Ouagadougou, le vingt janvier dix-huit cent quatre-vingt dix-sept..<br />
Signé. VOULET, Lieutenant d’infanterie <strong>de</strong> marine, chef <strong>de</strong> mission,<br />
J. CHANOINE, Lieutenant au 2e escadron <strong>de</strong> spahis soudanais,<br />
Dr HENBIC, Mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> 2e classe <strong>de</strong> la marine, mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> la mission,<br />
LAURY, Sergent d’infanterie <strong>de</strong> marine,<br />
LE JARIEL, Sergent d’infanterie <strong>de</strong> marine.<br />
(Archives C. V.R.S. - Ouagadougou ; copie avec tra<strong>du</strong>ction en arabe jointe)<br />
4 - Liste <strong>de</strong>s affectations au <strong>poste</strong> <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> (1897 - 1941)<br />
Administrateurs militaires :<br />
212<br />
29 mars 1897 -juin 1897<br />
juin 1897 - septembre &83Jk<br />
septembre 1897 - 12 janvier 1898<br />
13 janvier 1898 - 12 avril 1898<br />
13 avril,1898 - 12 janvier 1899<br />
13 janvier 1899 - 31 mai 1899<br />
ler juin 1899 - 30 juin 1899<br />
ler juillet 1899 - 25 mai 1900<br />
26 mai 1900 -mai 1901<br />
mai 1901- 14 septembre 1902<br />
15 septembre 1902 - 22 avril 1904<br />
0<br />
Adj . RAGOT<br />
Mar. <strong>de</strong>s Logis THIEBAUX<br />
Lieut. SALAMAN<br />
Capt. AMMAN<br />
Sergt. PINAULT<br />
Lieut. BOUTICQ<br />
Lieut. DESCLAUX<br />
Capt. BOUVET<br />
Capt . GRANDEBYE<br />
Lieut. RIPAULT<br />
Capt. NOIRE
Administrateurs civils :<br />
23 avril 1904 - 1905<br />
1905 - 1906<br />
1906 - 10 octobre 1908<br />
16 octobre 1908 - 20 janvier 1910<br />
21 janvier 1910 - ler janvier 1911<br />
janvier 1911- 23 avril 1911<br />
lermai 1911 -juin.1912<br />
juillet 1912 - 15 septembre 1913<br />
16 septembre 1913 - septembre 1914<br />
10 octobre 1914 -mai 1915<br />
juin 1915 -juin 1916<br />
juillet 1916 - 1917<br />
septembre 1918 - ?<br />
? -juin 1919<br />
juin 1919 - avril 1920<br />
avril 1920 -juin 1921<br />
juin 1921 -décembre 1923<br />
janvier 1924 - novembre 1924<br />
décembre 1924 -mars 1925<br />
avril 1925 - avril 1927<br />
mai 1927 - novembre 1927<br />
décembre 1927 -juin 1929<br />
juillet 1929 - 28 avril 1932<br />
29 avril 1932 - 24 janvier 1933<br />
25 janvier 1933 - 7 avril 1933<br />
8 avril 1933 - 2 mai 1933<br />
3 mai 1933 - ler février 1934<br />
2 février 1934 - 14 avril 1934<br />
.15 avril 1934 - 10 septembre 1935<br />
11 septembre 1935 - 30 octobre 1935<br />
ler novembre 1935 - 5 mai 1936<br />
6 mai 1936 -mai 1938<br />
juin 1938 - avril 1941<br />
BEFk4RD<br />
RELHIER<br />
P?R... (décédé à <strong>Ouahigouya</strong>)<br />
VAD...<br />
BLE...<br />
CEC... (décédé à <strong>Ouahigouya</strong>)<br />
LEM...<br />
CLE...<br />
TAUXIER<br />
GIR...<br />
TAUXIER<br />
MAR...<br />
FLO...<br />
CAV...<br />
CLE...<br />
DAG...<br />
MAT...<br />
DAG...<br />
BOU...<br />
MAT...<br />
GIB...<br />
POR...<br />
COR...<br />
BAU...<br />
DEL... (par intérim)<br />
LEH... (par intérim)<br />
TE...<br />
LEH... (par intérim)<br />
ALL...<br />
GAU... (par intérim)<br />
DIM... (par intérim)<br />
DON...<br />
LAN...<br />
N.B. - Les noms <strong>de</strong>s administrateurs, auteurs <strong>de</strong>s rapports, sont volontairement<br />
incomplets, pour préserver l’anonymat.<br />
213
5 - Tableau <strong>de</strong>s saisons agricoles (1907 - 1942) d’après les informations livrkes<br />
par les archives<br />
Année<br />
214<br />
Pluviométrie<br />
(<strong>Ouahigouya</strong>) RÉCOLTE<br />
Total Nbre<br />
Etat général<br />
(mm) jours<br />
OBSERVATIONS<br />
1907 - - Mauvais Très mauvaise récolte à Gourcy et<br />
Séguénéga<br />
1908 - - Bon Sou<strong>du</strong>re difficile et disette en août<br />
1909 - - Médiocre à bon<br />
1910 503 44 Médiocre Sou<strong>du</strong>re difficile. Mauvaise récolte au<br />
sud-ouest et nord-est <strong>du</strong> cercle<br />
1911 - - Médiocre Sou<strong>du</strong>re difficile. Sécheresse en août et<br />
septembre. Récolte hâtive. Mauvaise<br />
récolte au nord<br />
1912 658<br />
1913<br />
1914<br />
1915<br />
1916<br />
1917<br />
1918<br />
1919<br />
1920<br />
1921<br />
1922 1020<br />
1923<br />
1924 531,3<br />
1925 570,5<br />
1926 612,2<br />
1927 721,§<br />
38<br />
53<br />
Bon<br />
Tres mauvais<br />
Bon<br />
Bon<br />
Bon<br />
Très bon<br />
Très bon<br />
Bon<br />
Bon<br />
Mediocre (? )<br />
Très bon<br />
Très bon<br />
Très bon<br />
Mauvais<br />
Très mauvais<br />
Très bon<br />
Pluies tardives<br />
Sécheresse après torna<strong>de</strong>s violentes en<br />
juin. Récolte médiocre au sud<br />
Famine. Manque <strong>de</strong> semences. Récolte<br />
médiocre au nord<br />
Greniers <strong>de</strong> réserve<br />
Pluies tardives mais régulières jusqu’à<br />
la récolte<br />
Greniers <strong>de</strong> réserve<br />
Bonne répartition <strong>de</strong>s pluies. Greniers<br />
<strong>de</strong> réserves<br />
Sécheresse<br />
Bonne répartition <strong>de</strong>s pluies. Greniers<br />
<strong>de</strong> réserves<br />
Sécheresse en septembre. Récolte<br />
hâtive<br />
Sou<strong>du</strong>re difficile. Sécheresse en<br />
septembre-octobre. Récolte nulle au<br />
nord-ouest. Importation <strong>de</strong> grains<br />
Sou<strong>du</strong>re difficile. Disette. Très bonne<br />
répartition <strong>de</strong>s pluies.
Médiocre<br />
Très mauvais<br />
Bon<br />
Bon<br />
Bon<br />
&uvais<br />
Très mauvais<br />
Bon<br />
Très bon<br />
Très bon<br />
Bon<br />
Très bon<br />
Très mauvais<br />
Très mauvais<br />
Très mauvais<br />
Greniers <strong>de</strong> réserve. Secheresse en<br />
septembre. Acridiens en octobre.<br />
Récolte hâtive<br />
Sou<strong>du</strong>re difficile. Sécheresse en août.<br />
Accroissement <strong>de</strong>s surfaces en céréales.<br />
Acridiens. 80% <strong>de</strong> la récolte per<strong>du</strong>e<br />
Famine. Pluies tardives. Invasion <strong>de</strong><br />
chenilles. Sauterelles en septembre<br />
Récolte médiocre au centre <strong>du</strong> cercle<br />
Manque <strong>de</strong> numéraire. Vente <strong>de</strong> mil.<br />
Disette. Manque <strong>de</strong> semences<br />
Acridiens. Récolte hâtive<br />
Sou<strong>du</strong>re difficile. Disette. Acridiens.<br />
Récolte hâtive<br />
Sou<strong>du</strong>re difficile<br />
Greniers <strong>de</strong> réserves. Bonne répartition<br />
<strong>de</strong>s pluies<br />
Greniers <strong>de</strong> réserves<br />
Greniers <strong>de</strong> réserves<br />
Bonne répartition <strong>de</strong>s pluies. Invasion<br />
acridiemte<br />
Disette. Prélèvement dans les greniers<br />
<strong>de</strong> réserves. Sécheresse en septembre.<br />
Acridiens<br />
Disette. Pluies bien réparties. Acridiens<br />
215
OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFlcZUE<br />
ET TECHNIQUE OUTRE-MER<br />
O.R.S.T.O.M. Editeur<br />
Dépôt légal : Ier trim. 1981<br />
I.S.B.N. : 2-7099-0581-7<br />
Imp. S.S.C. - Bondy<br />
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