La Voix Sépharade - Communauté sépharade unifiée du Québec
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5.00 $ 37ème année.vol 1, septembre-octobre 2008 / Tishri – Heshvan 5769
COMMUNAUTÉ<br />
Un nouveau Président<br />
nommé Kakon<br />
PORTRAIT<br />
Le pasteur Thomas Vanda,<br />
symbole d’unité<br />
POINTS DE VUE<br />
Les défis <strong>du</strong> nouveau<br />
Grand Rabbin de France<br />
DOSSIER<br />
Il s’appelait<br />
James Dahan<br />
Un grand dossier hommage avec photos et témoignages. Le parcours<br />
d’une personnalité hors <strong>du</strong> commun, depuis le Maroc jusqu’au Canada.<br />
Les réalisations communautaires et la vision d’un homme passionné<br />
et dévoué à une noble cause : l’épanouissement de la jeunesse<br />
Déjà, enfant, James Dahan cultivait un certain sens de la rigueur<br />
et de la droiture; deux qualités qui le suivront tout au long de sa vie.
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Charles Abikhzer, ing.<br />
Président et chef de la direction
SmallTypePUB lvs:<strong>La</strong>yout 1 9/19/2008 3:39 PM Page 1<br />
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SOmmAIRe LVS<br />
COmmunAuTÉ ça s’est passé ici 11<br />
Un nouveau Président nommé Kakon<br />
CARneT c’est vous 23<br />
DOSSIeR il s’appelait James Dahan 34<br />
Toute une communauté<br />
lui rend hommage<br />
PORTRAIT d’ici 56<br />
Le Pasteur Thomas Vanda<br />
POInTS De vue 58<br />
CuLTuRe cinéma, livres, artistes 62<br />
Israël au dernier FFM de Montréal<br />
HumeuR passagère 70<br />
1 Carré Cummings, bureau 216,<br />
Montréal, (<strong>Québec</strong>) Canada H3W 1M6<br />
Tél. : 514-733-4998<br />
Télec. : 514-733-3158<br />
redactionlvs@csuq.org<br />
www.csuq.org<br />
Président Marc Kakon<br />
directeur général robert Abitbol<br />
directeur de la Publication Elie Benchetrit<br />
conseiller à la rédaction Philippe regnoux<br />
ont collaboré à ce numéro Marcel Acoca, Mady Anidjar,<br />
Emmanuelle Assor, David Bensoussan<br />
Joseph Elfassi, Joseph Gabay,<br />
Naim Katan, Frédérique Paquin,<br />
Michel rykner, Sylvia Serruya<br />
resPonsables <strong>du</strong> dossier Suzanne Danino<br />
et Elie Benchetrit<br />
Photos Joseph Elfassi, Edmond Silber,<br />
roland Harari, l’Arche<br />
révision de texte<br />
concePtion graPhique Mikimya<br />
Joanna Luck<br />
imPression MPI impressions<br />
Michel Perez 514-236 0526<br />
exPédition Postale Joncas postes Expert<br />
Le présent numéro de <strong>La</strong> <strong>Voix</strong> <strong>Sépharade</strong> a été tiré à 7000 exemplaires. Le magazine est publié 5 fois par an. Les<br />
exemplaires sont acheminés par voie postale à <strong>Québec</strong>, en Ontario et dans le reste <strong>du</strong> Canada, aux Etats-Unis et à<br />
l’étranger. Abonnements (1 an - 5 numéros): <strong>Québec</strong> 26$, Canada et U.S.A. 36$, Outre-Mer 56$. ISSN: 0704-5352.<br />
Dépôt légal aux bibliothéques nationales <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> et <strong>du</strong> Canada. Courrier de 3e classe-Permis 40011565<br />
Les lettres ou articles doivent être adressés à Elie Benchetri au ebenchetri@csuq.org, <strong>La</strong> voix <strong>sépharade</strong>, 1 Carré<br />
Cummings, bureau 216, Montréal, <strong>Québec</strong> H3W 1M6 ou par e-mail: redactionlvs@csuq.org<br />
Sous peine d’être refusés, les articles ou lettres adressés au journal doivent mentionner le nom de l’auteur, son adresse<br />
complète et son numéro de téléphone. Aucun accusé de réception ne sera envoyé et les articles ou lettres non publiés ne<br />
seront pas retournés. Pour des raisons d’espace et de clarté, les articles ou lettres pourraient être ré<strong>du</strong>its ou révisés.<br />
CONVENTION DE LA POSTE-PUBLICATIONS NO 40011565<br />
rETOUrNEr TOUTE COrrESPONDANCE NE POUVANT êTrE LIVrÉE AU CANADA AU SErVICE DES PUBLICATIONS<br />
123 rUE SAINTE-CATHErINE, MONTrÉAL, QC H3z 2y7<br />
« Nous reconnaissons l’aide financière accordée par le Gouvernement <strong>du</strong><br />
Canada pour nos coûts rédactionnels par l’entremise <strong>du</strong> Fonds <strong>du</strong> Canada<br />
pour les magazines. »<br />
ÉDITORIAL<br />
Un nouveau<br />
départ<br />
Une nouvelle année pointe à l’aube de l’histoire<br />
<strong>du</strong> peuple juif et chacun de nous dans son<br />
for intérieur et dans la ferveur des prières qui<br />
s’élèveront de nos synagogues tout au long des<br />
fêtes de Tishri, exprimera cet ardent souhait<br />
de voir se réaliser nos vœux les plus chers pour<br />
nos familles, notre communauté, le peuple juif<br />
dans son ensemble et bien enten<strong>du</strong> pour la paix en Israël et dans le monde. Nous<br />
formulerons également le vœu de nous améliorer pour pouvoir contribuer de façon<br />
plus positive au bien-être de ceux qui nous entourent en participant à l’édification<br />
d’une communauté forte et unie.<br />
L’année qui vient de s’écouler s’est achevée, pour la communauté juive montréalaise,<br />
sur une note bien triste. Une tristesse à la mesure de la grandeur <strong>du</strong> personnage<br />
qui nous a quittés prématurément : James Dahan de mémoire bénie. Secoués<br />
par cette terrible nouvelle, nous l’avons tous été <strong>du</strong> plus jeune au plus âgé, car<br />
James, Cabri, tout au long de sa vie, avait touché par ses actions diverses générations<br />
au sein de la communauté juive que ce soit dans son Maroc natal ou ici à<br />
Montréal et bien sûr en Israël où, signe <strong>du</strong> destin, sa vie a pris fin.<br />
<strong>La</strong> <strong>Communauté</strong> <strong>Sépharade</strong> Unifiée <strong>du</strong> <strong>Québec</strong>, à travers ses vecteurs de communications,<br />
son site internet tout d’abord et <strong>La</strong> <strong>Voix</strong> <strong>Sépharade</strong> ensuite, a voulu<br />
rendre hommage à ce leader exceptionnel qui laisse une empreinte indélébile dans<br />
l’histoire de notre communauté.<br />
Quelle meilleure façon d’honorer sa mémoire que de laisser parler ces hommes et<br />
ces femmes, ces jeunes et ces moins jeunes qui ont eu ce magnifique privilège de<br />
le côtoyer comme chef scout, comme meneur de projets, ou comme professionnel<br />
de la communauté ? Nous avons eu, quant à nous la chance, grâce à l’accord de<br />
sa famille de pénétrer dans l’univers de James à travers ses innombrables albums<br />
de photos qui retracent l’histoire de toute une vie, de milliers de vies : le scoutisme<br />
au Maroc avec les EI., les raiders, l’arrivée à Montréal, le Neighbourhood House, le<br />
Centre Communautaire juif, l’AJCS, <strong>La</strong> CSQ, PASI , le EI et j’en passe...Nous avons<br />
glané ça et là des images que nous publions ici et qui à notre avis reflétaient ces<br />
périodes de la vie d’un homme qui a su donner aux autres, sans compter, ce qu’il<br />
avait de meilleur en lui.<br />
Avec l’année qui s’achève prennent fin les deux mandats consécutifs <strong>du</strong> Dr David<br />
Bensoussan comme président de la CSUQ. Quatre années d’un travail pas toujours<br />
facile, mais aussi marquées par de belles réalisations dans plusieurs domaines et<br />
dont il rend compte dans son rapport moral que nous publions ici.<br />
Avec l’année nouvelle, débute le mandat d’un nouveau président, M. Marc<br />
Kakon, un communautaire de haut calibre à la personnalité attachante et dont<br />
l’engagement soutenu auprès de la communauté juive montréalaise lui a valu une<br />
solide réputation d’homme d’action sachant relever les plus grands défis. Marc, a<br />
bien voulu nous tracer les grandes lignes de sa vision ainsi que des projets qui lui<br />
tiennent à cœur et qui permettront à la CSUQ de répondre de manière optimale aux<br />
besoins de ses membres.<br />
Comme chaque année nous nous adressons à tous nos lecteurs pour qu’ils<br />
contribuent généreusement à la Campagne de l’Appel Juif afin de relever les grand<br />
défis qui se posent à l’ensemble de la communauté juive de Montréal et de l’État<br />
d’Israël. De même nous les invitons à soutenir les efforts que nous entreprenons au<br />
sein de la <strong>Voix</strong> <strong>Sépharade</strong> pour en faire un magazine digne de notre communauté.<br />
Au nom de toute l’équipe rédactionnelle, nous vous souhaitons Chana Tova, un<br />
nouveau départ et nos meilleurs vœux de bonheur.<br />
Elie Benchetrit.<br />
Directeur de la publication<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 |<br />
7
TIRE DU MAGAZINE « MONTREAL RECOMMENDS »-JUIN 2008<br />
Vous prenez un thé vert dans la salle d’attente d’un établissement moderne, très design.<br />
L’espace est meublé de cuir blanc avec des accents argentés : l’atmosphère<br />
vibre d’un dynamisme réconfortant, résolument féminin. Devant vous, à l’écran plat<br />
d’une télé, l’animateur d’une émission de cuisine prépare une recette d’agneau<br />
braisé. A sa sortie, une cliente est calme et arbore un sourire plus éclatant qu’il ne<br />
l’était à son arrivée. Ren<strong>du</strong>e à votre tour, une femme radieuse répond à toutes vos<br />
questions de façon intelligente et avec compassion. Ensemble, vous planifiez un<br />
programme de traitements qui améliorera votre santé ainsi que votre qualité de vie<br />
et ce, sans douleur. Il va sans dire que vous êtes emballée à l’idée de commencer<br />
les traitements. C’est ici que vous pourriez vous arrêter pour faire le point : vous<br />
n’êtes pas dans un spa de rêves et vous n’avez pas non plus était transportée dans<br />
le futur…. vous vous trouvez plutôt dans le cabinet dentaire de Dr. Patricia Harrosch.<br />
Pratiquant la chirurgie dentaire depuis 15 ans, Dr. Harrosch s’est méritée des éloges<br />
de toutes parts en raison de son grand dévouement. Sa passion consiste à offrir, à<br />
sa pratique sans cesse croissante, des soins dentaires à la fine pointe de la technologie,<br />
des traitements d’endodontie mécanique ainsi qu’une vaste gamme de<br />
traitements cosmétiques : blanchiment des dents Zoom, incrustations de porcelaine,<br />
ou encore correction des dents désalignées à l’aide <strong>du</strong> système Invisalign (des<br />
«broches» amovibles, presque invisibles pour a<strong>du</strong>ltes). L’exercice de sa profession<br />
nourrit 8 son | SEPTEMBrE enthousiasme 2008 | lvs«éternelle<br />
étudiante» et la pousse constamment à faire<br />
l’acquisition de nouvelles technologies. Grâce à toute conjecture sur le diagnostic,<br />
de radiographies numériques détaillées, ainsi<br />
que l’imagerie 3-D (intégrée partout dans le cabinet),<br />
Dr Harrosch a à sa disposition des<br />
représentations dentaires exactes pour chacun<br />
de ses patients. Ces photos éliminent toute conjecture<br />
au diagnostic et améliorent par le fait<br />
même le niveau de confiance. Ainsi, les patients<br />
peuvent voir ce qu’ils ont ou ce qu’ils deviendront.<br />
<strong>La</strong> clinique Dentaire <strong>du</strong> Dr. Harrosch est située<br />
dans l’édifice Physimed à Ville St-<strong>La</strong>urent, à<br />
proximité d’autres services médicaux spécialisés,<br />
privés. Ainsi, d’autres professionnels de la santé<br />
peuvent, au besoin, référer des cas à l’extérieur<br />
de leur discipline afin d’offrir une gamme de<br />
soins de santé supérieure. Le centre est très<br />
populaire auprès des cadres à l’emploi <strong>du</strong> temps<br />
très chargé qui cherchent une solution à tous<br />
leurs besoins en matière de soins de santé sous<br />
un même toit. Mais pour Dr. Harrosch, l’investissement<br />
personnel, l’art et "l’âme" qui<br />
habitent son cabinet sont tout aussi importants<br />
que l’aspect technique de l’art dentaire. En tant<br />
"qu’architecte <strong>du</strong> sourire" son travail est de nature<br />
esthétique, mais inséparable de l’étude et la<br />
création de la beauté et de l’équilibre. C’est avec<br />
sagesse, talent et le respect des "proportions divines"<br />
: "<strong>du</strong> nombre d’or de Leonard de Vinci"<br />
inhérentes à chaque patient que Dr. Harrosch<br />
crée des sourires gracieux et tout à fait naturels.<br />
Au-delà d’une technicité des plus exactes, ces<br />
sourires sont l’extériorisation de la joie et <strong>du</strong><br />
plaisir que les patients portent en eux, sentiments<br />
qu’ils n’auraient peut-être jamais pu<br />
transmettre sans paroles. Dr. Harrosch et<br />
l’équipe professionnelle composée de Dr.<br />
Noemie Elhadad, Dr. Kwong Li, Dr. Gurpal Buttar<br />
sont assistés par une équipe de soutien de<br />
haut niveau et offrant un service personnalisé a<br />
chaque patient. Que ce soit pour aller au delà<br />
des normes requises de l’ordre des dentistes <strong>du</strong><br />
<strong>Québec</strong> ou au delà des soins d’une clinique<br />
dentaire traditionnelle, toute l’équipe professionnelle<br />
offre un service unique et adapté à chaque<br />
patient.<br />
Grâce aux meilleures et toutes récentes technologies<br />
disponibles et à la chaleur bienveillante<br />
qui règne, toute l’équipe de la clinique s’assure<br />
de donner le maximum de satisfaction.<br />
Les horaires de <strong>La</strong> Clinique Dentaire Physimed<br />
sont particulièrement adaptés aux besoins de<br />
ses patients (soirées et week-end compris). <strong>La</strong><br />
clinique est affiliée a l’Hôpital Général Juif.<br />
Parmi les derniers traitements révolutionnaires,<br />
la clinique offre le service de blanchiment par la<br />
technologie Zoom ainsi que l’orthodontie invisible<br />
(sans boîtier et fils métalliques).<br />
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6363 Transcanadienne, suite 115<br />
Ville St-<strong>La</strong>urent, Quebec H4T 1Z9/<br />
Telephone : 514-747-4040<br />
Physimed_dentaire@bellnet.ca/<br />
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Marc Kakon, une équipe<br />
Comité exécutif restreint :<br />
Marc Kakon<br />
Armand Afilalo<br />
Henri Elbaz<br />
Georges Dayan<br />
Jean Alloul<br />
Salomon Oziel<br />
David Bensoussan<br />
Ralph Benatar<br />
Albert Mann<br />
Marc Kakon a démontré pendant plusieurs mois sa force de conviction<br />
et sa vision d’avenir pour prendre les rênes de la <strong>Communauté</strong> <strong>Sépharade</strong>.<br />
Un nouveau président<br />
nommé Kakon<br />
M. Marc Kakon, nouveau président<br />
de la <strong>Communauté</strong> <strong>Sépharade</strong> Unifiée<br />
<strong>du</strong> <strong>Québec</strong><br />
L’Assemblée générale de la <strong>Communauté</strong> <strong>Sépharade</strong> Unifiée<br />
<strong>du</strong> <strong>Québec</strong> qui s’est tenue le 24 septembre dernier a accueilli<br />
avec enthousiasme le nouveau président Marc Kakon qui assumera<br />
ses nouvelles fonctions pour un mandat de deux ans.<br />
M. Marc Kakon est un dynamique homme d’affaires, président <strong>du</strong> groupe<br />
MK, très respecté dans la communauté juive montréalaise. Il a été l’élément<br />
moteur qui a permis la réalisation de ce magnifique projet en faveur de nos<br />
aînés : la Résidence Salomon.<br />
Homme d’action, M.Kakon s’est entouré d’une équipe solide de leaders<br />
communautaires (voir Marc Kakon, une équipe) qui constitueront le fer de<br />
lance dans la mise en application de ses projets futurs.<br />
LVS | SEPTEMBRE 2008 | 11<br />
COMMUNAUTÉ ça s’est passé ici
COmmunAuTÉ Ça ça s’est passé ici<br />
Monsieur Bensousssan<br />
Mesdames et Messieurs les dignitaires,<br />
Mesdames et Messieurs,<br />
En premier lieu, je tiens à vous remercier de la confiance<br />
que vous avez placée en moi afin d’assumer deux mandats<br />
consécutifs à la présidence de la communauté. L’expérience<br />
fut des plus enrichissantes et m’a permis de contribuer de<br />
mon mieux à l’édification de la communauté. Je rends hommage<br />
à mes prédécesseurs et transmets mes meilleurs vœux<br />
à mon successeur.<br />
Ensemble, nous avons fait un long chemin. Au cours de ces années, les<br />
réalisations furent nombreuses mais de grandes choses restent à faire.<br />
<strong>La</strong> communauté est prête à assumer un nouvel essor, qui relèvera d’une<br />
équipe de professionnels chevronnés et de bénévoles sur lesquels elle<br />
pourra compter. Le détail des accomplissements figure dans le rapport<br />
de mandat et je sais gré à tous ceux qui m’ont épaulé dans les domaines<br />
des relations publiques, des services sociaux, des services communautaires,<br />
des services é<strong>du</strong>catifs et administratifs. Ce mandat prend fin avec<br />
à son actif quelques réalisations majeures dont un site web interactif,<br />
des campagnes réussies de paniers de fête, des représentations auprès<br />
d’instances gouvernementales, une nouvelle synagogue dans nos locaux<br />
de Westbury, une résidence pour personnes âgées autonomes opérationnelle,<br />
des festivals <strong>sépharade</strong>s devenus des événements annuels, des<br />
12 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
David Bensoussan<br />
4 ans passés<br />
à la tête de la<br />
CSUQ<br />
rentrées culturelles travaillées qui ont donné à nos créateurs artistiques<br />
une plateforme leur permettant de manifester leur talent en musique, en<br />
théâtre, en peinture et en littérature ainsi qu’une collaboration réussie<br />
avec le Congrès juif canadien et la Fédération CJA. Nous avons contribué<br />
activement au groupe d’Advocacy qui a soumis le rapport de la communauté<br />
juive à la commission Taylor Bouchard et avons œuvré pour mettre<br />
à l’ordre <strong>du</strong> jour la réalité des réfugiés juifs des pays arabes en participant<br />
activement à l’organisation Justice for Jews in Arab <strong>La</strong>nds, convaincus<br />
que nous sommes qu’une vrai paix consiste à reconnaître le vécu et la<br />
souffrance de toutes les parties <strong>du</strong> conflit moyen-oriental. Les archives<br />
d’aujourd’hui montrent combien leur exil fut planifié, et combien la réalité<br />
des réfugiés juifs des pays arabes a été méconnue et oubliée.<br />
Notre communauté a complété un cycle mouvementé qui s’est<br />
éten<strong>du</strong> sur tout le vingtième siècle. Il est peut-être temps de faire le<br />
point sur son évolution et de considérer la meilleure façon d’envisager<br />
l’avenir. Bien que je vais m’attarder dans ce qui suit sur l’évolution de la<br />
communauté juive marocaine qui constitue la grande majorité de la<br />
communauté <strong>sépharade</strong> québécoise, l’évolution dans les autres pays<br />
de la diaspora <strong>sépharade</strong> fut quasi-similaire. Toute une société qui s’est<br />
francisée, anglicisée ou italianisée, a connu la même réalité sinon que,<br />
pour les Juifs d’Orient, l’émigration fut bien plus dramatique qu’elle n’a<br />
pu l’avoir été au Maroc.
À la fin <strong>du</strong> XIXe siècle, la communauté juive marocaine vivait dans un<br />
état précaire, sans moyen de protection devant des abus de toute sorte<br />
et, mis à part une infime minorité de nantis, les voyageurs ont décrit<br />
notre communauté comme une proie facile et sans défense, ployant sous<br />
le fardeau de la misère dans des mellahs surpeuplés. Tant bien que mal,<br />
la communauté a surmonté des épisodes de famine, d’épidémie et de<br />
razzias grâce à une organisation communautaire qui, avec fort peu de<br />
moyens, tenta l’impossible. Dans plus d’un sens, le leadership communautaire<br />
était dépassé par l’immensité de la tâche à accomplir.<br />
Heureusement, il se trouva des personnes d’une grande trempe qui<br />
décidèrent de se consacrer entièrement à relever la communauté sur les<br />
plans social et économique. Il était facile pour beaucoup de personnes<br />
qui s’étaient fait une situation, de tourner le dos aux leurs et de ne veiller<br />
qu’à leur propre intérêt. Mais il se trouva des grands hommes qui agirent<br />
pour façonner un judaïsme marocain nouveau et articulé dans sa société<br />
et dans son siècle. Je me permettrai de mentionner quelques uns d’entre<br />
eux envers qui nous avons une grande dette.<br />
David Sémach, Élias Harrus, Émile Seban et tant d’autres encore, se sont<br />
consacrés à l’Alliance israélite universelle qui, pour beaucoup, représentait<br />
le progrès et l’espoir de jours meilleurs et l’écrasante majorité des<br />
parents juifs y envoyèrent leurs enfants.<br />
Samuel D. Lévy fut l’inspirateur d’une kyrielle d’organismes de bienfaisance<br />
efficaces auxquels il se dévoua sa vie <strong>du</strong>rant en convaincant et en<br />
inspirant les siens pendant tout un siècle : la Maternelle, l’Aide scolaire, le<br />
Centre anti-tuberculeux, la Fédération des associations juives pour la lutte<br />
contre la tuberculose, le Préventorium de Ben-Ahmed, l’Union des associations<br />
juives de Casablanca, le Comité d’études juives, Maghen David,<br />
l’École normale hébraïque de l’Alliance, l’œuvre des bourses Abraham<br />
ribbi, le Centre social <strong>du</strong> Mellah, l’école professionnelle de l’O.r.T.,<br />
l’organisation de santé O.S.E. et bien d’autres encore. Par ailleurs, il fut<br />
président <strong>du</strong> Fonds national juif au Maroc pendant 35 ans.<br />
Alfonso Sabah fut l’âme <strong>du</strong> centre Charles Netter à Casablanca et collabora<br />
avec le DEJJ ou Département É<strong>du</strong>catif de la Jeunesse Juive pour<br />
maintenir une activité culturelle vibrante donnant à la jeunesse les moyens<br />
de conjuguer judéité et modernité. Il offrit de la sorte une grande gamme<br />
d’activités é<strong>du</strong>catives et sportives : séminaires, soirées dansantes, conférences,<br />
sorties en plein air, synagogue, terrain de sport etc.<br />
Léon Ashkénazi, alias Manitou sut redonner le goût de l’héritage humaniste<br />
juif qu’il réconcilia avec l’orthodoxie traditionnelle <strong>du</strong> judaïsme<br />
ainsi qu’avec la philosophie et la pensée modernes.<br />
David Amar, secrétaire général <strong>du</strong> Conseil des <strong>Communauté</strong>s sut exiger<br />
publiquement le respect des libertés civiques des Juifs marocains<br />
à l’heure où des relents d’un passé de minoritaires tolérés refaisaient<br />
surface.<br />
Le Dr Léon Benzaquen et Carlos De Nesry ont su, par leurs articles et<br />
leurs éditoriaux, articuler avec brio le besoin d’auto émancipation <strong>du</strong><br />
judaïsme marocain.<br />
Sam Avital (Abitbol) et Élie Ohayon furent les architectes de l’Aliya<br />
clandestine, convaincus que c’était dans un état juif que la communauté<br />
se réaliserait.<br />
Torjman œuvra dans les mouvements de jeunesse des Cadets et<br />
des UP (Unités Populaires) qui offrirent de magnifiques heures de<br />
détente aux écoliers ainsi que des colonies de vacances d’été. Entre<br />
autres dirigeants scouts, Edgar Guedj, Jo Bengio et James Dahan,<br />
marquèrent, chacun à leur façon, leur génération. Les camps qu’ils<br />
organisèrent formèrent toute une jeunesse.<br />
<strong>La</strong> communauté est entrée de plain-pied dans le vingtième siècle et<br />
les magnifiques institutions qu’elle fonda <strong>du</strong>rent gérer une croissance<br />
phénoménale puis une décroissance importante <strong>du</strong>e à l’émigration,<br />
essentiellement vers Israël. Il fallut la tragédie <strong>du</strong> Pisces pour que bien<br />
des intellectuels se penchent sur le sort des leurs partis en Israël et<br />
c’est ainsi que l’Aliya estudiantine <strong>du</strong> mouvement Oded se lança dans<br />
le travail social. <strong>La</strong> communauté dispersée et privée de ses leaders<br />
naturels avait souffert d’incompréhension en Israël. Les révoltes de<br />
Wadi Salib et des Panthères noires tra<strong>du</strong>isirent la profonde humiliation<br />
qu’elles éprouvèrent. Il fallut quelques décennies pour que la communauté<br />
<strong>sépharade</strong> puisse s’affirmer en Israël en s’assumant telle<br />
qu’elle était. <strong>La</strong> réalité en Israël a changé. Il reste que les besoins<br />
sociaux sont criants et que les conditions de sécurité sont un fardeau<br />
que les Israéliens portent depuis plusieurs décennies. Nous devons<br />
avoir présent à l’esprit cette réalité, concourir à leur épanouissement<br />
et faire de notre mieux pour faire avancer la paix entre Israël et ses<br />
voisins. Malgré les tensions qui persistent, nous sommes convaincus<br />
que le passé dans les pays arabo-musulmans ne connut pas que des<br />
moments difficiles. Il y eut aussi de grands moments de symbiose et de<br />
compréhension sur lesquelles nous pouvons aujourd’hui bâtir un avenir<br />
commun. Il nous revient de rassembler les bonnes volontés de toutes<br />
parts dans un objectif commun.<br />
Dans la diaspora, notre communauté a vécu dans un environnement<br />
beaucoup moins difficile. Mais notre succès relatif au plan économique<br />
ne doit pas voiler le fait qu’au niveau de notre identité, au niveau de la<br />
qualité de nos institutions é<strong>du</strong>catives, de grands pas ont été accomplis.<br />
De plus grands pas sont à faire encore. Nous nous trouvons à un tournant.<br />
Je suis convaincu que c’est la contribution au plan humain, des<br />
valeurs civiques et judaïques qui demeurent la priorité de premier plan et<br />
je suis également convaincu que c’est par l’action sociale que nous irons<br />
en progressant.<br />
Par le passé, ceux qui avaient décidé d’investir en des populations<br />
miséreuses vivant dans des mellahs exigus eux eurent raison de tous les<br />
sceptiques. Le judaïsme, c’est voir en chaque enfant un Einstein et un<br />
Maimonide qui ne demandent qu’à éclore. C’est à nous qu’il revient de<br />
faire en sorte que chaque enfant de la communauté puisse évoluer dans<br />
une atmosphère de valeurs qui en feront des hommes accomplis. C’est<br />
à nous qu’il incombe aussi de coopérer avec la société prise dans son<br />
ensemble, de prendre une part active à son essor et de veiller au bien<br />
être de tous.<br />
Je dois cependant souligner que les générations précédentes ont su<br />
trouver des formules qui ont répon<strong>du</strong> aux désirs de la jeunesse. À date,<br />
nos institutions ont répon<strong>du</strong> aux besoins de la communauté immigrante<br />
afin de faciliter son intégration au <strong>Québec</strong> et au Canada. Toutefois, une<br />
nouvelle génération est née et ses besoins différent de celles de la génération<br />
immigrante. Nous devons donc revoir nos façons de faire car<br />
nos jeunes pensent différemment. Les anciennes formules doivent être<br />
repensées par eux et avec eux afin de permettre l’épanouissement des<br />
spécificités culturelles juives séfarades.<br />
Les défis sont pressants et présents et je lance un appel particulier aux<br />
jeunes de notre communauté pour qu’ils s’impliquent dans la magnifique<br />
histoire de notre peuple.<br />
‘Am Israël Haï ! |<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 |<br />
13<br />
COmmunAuTÉ Ça ça s’est passé ici
Par Bensahin Duvshani<br />
Dieu n’a pas eu besoin de l’homme pour créer le monde mais il<br />
a besoin de lui pour réaliser les deux étapes suivantes de son<br />
projet, la Révélation et la Rédemption. Si l’homme n’est pas présent<br />
au Mont Sinaï pour dire nous ferons et nous comprendrons en<br />
acceptant volontairement la parole de Dieu, la Révélation reste<br />
inaccomplie. Si l’homme n’est pas là pour préparer les chemins <strong>du</strong><br />
Messie, aucun Messie ne viendra.<br />
C’est avec cette idée-force de la présence obligatoire de l’homme dans<br />
tout projet divin en tant que partenaire dans l’Alliance que nous pouvons,<br />
nous, hommes d’aujourd’hui, penser la réalité de la Parole de Dieu.<br />
Cette parole est omniprésente au monde depuis la Création, puisqu’elle<br />
exprime le projet de Dieu pour le monde qu’il a créé. Le peuple d’Israël<br />
sorti d’Égypte et arrivant au Mont Sinaï par le réveil d’en bas initié par sa<br />
présence, permet à cette parole transcendante de rentrer dans le monde<br />
en parlant le langage des hommes, de gérer le monde de l’immanence,<br />
et rend possible à la Qedouchah, la Sainteté, d’imprégner nos vies icibas.<br />
C’est pour cela que les premières tables de la Loi ont destinées à<br />
êtres brisées, étant trop divines et pas assez humaines et remplacées par<br />
les deuxièmes, que Moise ramène le jour même de kippour. Il suffit de<br />
comparer le commandement concernant le shabbat dans les unes et les<br />
autres pour s’en persuader.<br />
Le même raisonnement peut nous con<strong>du</strong>ire à la compréhension de<br />
l’idée <strong>du</strong> Pardon de Dieu. Le Pardon coexiste avec le monde depuis sa<br />
création car sans lui, le projet divin pour l’homme n’a aucune chance de<br />
réussir. Quand l’homme, par le réveil d’en bas accepte le Pardon, celuici<br />
prend son plein sens. L’homme ne crée pas le Pardon, il y répond,<br />
car celui-ci est accordé d’emblée à l’homme qui se tourne vers Dieu en<br />
reconnaissance de souveraineté pour lui donner son plein sens.<br />
Quand nous pensons au déroulement des dix jours de pénitence,<br />
une question nous interpelle : quel est le sens de Roch Hachana dans<br />
le déroulement <strong>du</strong> processus <strong>du</strong> Pardon ? Si je me réfère au livre de<br />
Néhémie et à ce qui est raconté sur un Roch Hachana mémorable<br />
(probablement en -444), si je me réfère à la coutume de s’habiller en<br />
Préparation fêtes<br />
<strong>La</strong> Parole<br />
et<br />
le Pardon<br />
blanc tout simplement parce qu’on est sûr d’être jugé favorablement,<br />
j’en conclu que Roch Hachana est le vrai jour <strong>du</strong> jugement et <strong>du</strong> Pardon.<br />
Il suffit de sonner <strong>du</strong> shofar et de décréter Dieu Roi et Juge suprême<br />
pour recevoir le Pardon et rentrer chez soi. Mais alors à quoi sert le<br />
jour des Expiations ? Justement à permettre que le Pardon, trop divin,<br />
devienne le résultat d’une collaboration entre Dieu et l’homme. Dieu a<br />
pardonné le jour de Roch Hachana, mais j’ai besoin de venir témoigner<br />
que j’accepte ce Pardon et que je le mérite. Kippour, qui était déjà le jour<br />
de la réception des deuxièmes Tables de la Loi, devient, en même temps,<br />
le jour de la réception <strong>du</strong> Pardon tel que l’homme le veut, pas seulement<br />
un octroi mais un acte de mérite. Roch Hachana est contrairement à ce<br />
qu’on pourrait imaginer, le jour qui exprime l’amour total de Dieu, tandis<br />
que Kippour est le jour où l’homme s’impose la rigueur absolue pour<br />
équilibrer cet amour<br />
Dans l’arbre séfirotique, tout ce qui vient d’être dit paraît clairement.<br />
Il suffit de comparer les sept jours de fête prescrits par la Torah avec les<br />
sept séfiroth intérieures. Le premier jour de Pessah correspond à Hessed,<br />
l’Amour, le septième jour de Pessah correspond à Guévourah, la rigueur :<br />
Chavouot à Tif’ereth, l’équilibre ; Roch Hachana à Netsa’h dans la colonne<br />
de droite, donc à l’Amour et Kippour à Hod, dans la colonne de<br />
gauche , donc à la Rigueur, etc.<br />
D’ailleurs la Séfirah Netsa’h correspond à Moise,, celui qui prie Dieu<br />
pour le Pardon et qui le reçoit pour le peuple d’Israël, la séfirah Hod, elle<br />
correspond à Aaron, le grand prêtre, soumis à la rigueur <strong>du</strong> rituel et qui<br />
est le personnage principal de Kippour.<br />
Vision étonnante, peut-être, des choses, mais qui permet à l’homme<br />
d’aujourd’hui de mieux saisir le sens profond de ce qui est l’apport immense<br />
<strong>du</strong> peuple juif au monde : la parole de Dieu et son Pardon.<br />
Bonne année pour Roch Hachana, qui commence l’année nouvelle, et<br />
pour Yom Kippour qui termine l’année passée, pour le Pardon-cadeau et<br />
le pour le Pardon-mérité. |<br />
*Ce texte tiré <strong>du</strong> numéro 498-499 de l’Arche a été repro<strong>du</strong>it avec l’aimable autorisation de la<br />
direction de la revue.<br />
LVS | SEPTEMBRE 2008 | 15<br />
COMMUNAUTÉ ça s’est passé ici
COmmunAuTÉ Ça ça s’est passé ici<br />
Notre amie et collaboratrice à la <strong>Voix</strong> <strong>Sépharade</strong>, Annette<br />
Paquot, nous a quittés le 4 septembre dernier à la suite,<br />
de ce qu’on l’on nomme pudiquement, une cruelle maladie.<br />
Il n’est pas exagéré de dire et d’écrire que la communauté<br />
juive de Montréal et l’État d’Israël perdent en Annette, une<br />
des amies les plus loyales et les plus dévouées qu’ils aient<br />
eu au cours de cette dernière décennie.<br />
Annette, professeure au département de langues et de linguistique et<br />
tra<strong>du</strong>ction à l’Université <strong>La</strong>val, a su mettre sa belle plume et la pertinence<br />
de ses analyses au service d’Israël et <strong>du</strong> peuple juif à un moment<br />
où ceux-ci comptaient sur les doigts d’une main ses véritables amis. Lors<br />
<strong>du</strong> numéro de notre magazine consacré au soixantième anniversaire de<br />
l’État d’Israël elle nous avait envoyé un texte, magistral par sa clarté,<br />
intitulé Seul, Israël......<br />
Ce qu’il faudra souligner, et on ne le dira jamais assez, c’est qu’Annette<br />
a su faire preuve d’un immense courage dans un environnement où il<br />
n’était pas de bon ton de se déclarer solidaire des juifs en général et<br />
d’Israël en particulier. Ce fut le cas notamment lors d’attaques terroristes<br />
meurtrières, comme celle à la cafétéria de l’Université Hébraïque de<br />
16 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
Une nouvelle carrière<br />
au cinéma pour<br />
notre amie<br />
Liliane Abitbol<br />
Notre Freha nationale, après avoir triomphé<br />
pendant des années sur les scènes <strong>du</strong> Festival,<br />
prend la vedette aux côtés <strong>du</strong> non moins illustre<br />
Gad Elmaleh lors <strong>du</strong> tournage de son prochain<br />
film à Paris. Le début d’une grande carrière ?<br />
À suivre...<br />
Annette Paquot n’est plus<br />
Adieu à une<br />
grande dame<br />
Jérusalem ou tout simplement quand la légitimité de l’État d’Israël, était<br />
remise en cause par ceux qui se réclament pompeusement de la gauche<br />
progressiste et alter-mondialiste.<br />
Oui, Annette a été de tous les combats pour Israël, tout simplement<br />
parce qu’elle croyait profondément aux causes justes<br />
Annette, faut-il le rappeler n’était pas juive et pourtant c’est au sein de<br />
la communauté juive de Montréal qu’elle se sentait chez elle. <strong>La</strong> dernière<br />
fois d’ailleurs où nous l’avions vue ce fut lors de l’intronisation d’un séfer<br />
torah à la résidence Salomon. On la sentait malade malgré cet incomparable<br />
et franc sourire qui éclairait son visage<br />
C’est avec une infinie tristesse que nous te disons adieu Annette, avec<br />
tant d’autres qui se sont distingués dans le combat contre la haine, le<br />
mépris, et le mensonge tu mérites de porter avec honneur le titre de<br />
juste parmi les nations.<br />
repose en paix, nous te gardons une place de choix dans nos cœurs..<br />
elie benchetrit
COMMUNAUTÉ ça s’est passé ici<br />
« Votre aide est une force »,<br />
nouveau slogan<br />
des Affaires sociales<br />
Pour toutes ses campagnes<br />
de dons, le département des<br />
Affaires Sociales lance un<br />
nouveau leitmotiv :<br />
« Votre aide est une force ».<br />
Il faut dire que, <strong>du</strong>rant le temps des<br />
fêtes, des familles nécessiteuses ont<br />
plus que jamais besoin de nous...<br />
ET DE VOUS AUSSI...<br />
18 | SEPTEMBRE 2008 | LVS<br />
Chaque fois que vous avez été sollicité, vous avez su répondre<br />
généreusement à notre appel. Par votre contribution<br />
vous participez à l’effort collectif qui permet<br />
à ces familles de passer les fêtes dans la joie et la dignité.<br />
Nous comptons une fois de plus sur votre soutien aux<br />
différentes campagnes qui vont être menées et nous vous<br />
invitons à adresser votre don directement à la <strong>Communauté</strong><br />
<strong>Sépharade</strong> Unifiée <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> au (514) 733-4998 poste<br />
3442. Par votre don, un reçu d’impôts vous sera remis.<br />
Un Grand «Merci» à ceux ou celles qui ont déjà envoyé<br />
leurs dons.<br />
En vous souhaitant à vous et à vos familles, santé et<br />
prospérité.<br />
Chana Tova Oumétouka<br />
Retrouvez l’actualité des Services communautaires en temps réel sur le www.csuq.org
Les Bénévoles :<br />
une dynamique<br />
est en train de naître<br />
Sous un soleil radieux, jeudi 28 août 2008,<br />
un BBQ de remerciement a été offert à<br />
plus d’une cinquantaine de bénévoles.<br />
L’occasion de réaffirmer la force <strong>du</strong> bénévolat dans l’action quotidienne de la communauté<br />
<strong>sépharade</strong> auprès des populations les plus en difficulté et le plaisir de réaliser, chaque année,<br />
une action collective qui porte de plus en plus ses fruits sur le terrain.<br />
Un diaporama savamment concocté et commenté avec émotion par Sylvia Serruya a permis<br />
de revivre les moments forts de l’année, et un T-shirt identificateur a été offert aux bénévoles.<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 |<br />
19<br />
COmmunAuTÉ Ça ça s’est passé ici
A Mahané, le travail manuel est de mise<br />
Les camps d’été<br />
les plus belles images<br />
A Mahané, on pense, on rit et on partage...<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 |<br />
21<br />
COmmunAuTÉ ça s’est passé ici
COmmunAuTÉ ça s’est passé ici<br />
Et quand on est si bien ensemble, et que l’amitié nous rassemble...<br />
22 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
A Mahané, on aime découvrir des lieux insolites.<br />
Qui connaît « Nominingue » ? !...<br />
A Mahané, on forme aussi des grands chefs.<br />
Les arts de la scène ont agrémenté le séjour des enfants.<br />
Des enfants heureux et des animateurs dévoués.
Bar Mitzva<br />
Nous avons le plaisir et l’immense joie d’annoncer la<br />
Bar-Mitzvah de Jonathan-Raphaël Mamane célébrée<br />
le 31 août 2008. Nous souhaitons un grand mazal Tov<br />
à Jonathan qui a lu avec brio la Parasha Ekev ainsi que<br />
la Haphtara.<br />
Toute la famille est très fière de toi Jonathan. Nos<br />
félicitations auxparents Nathalie et David Mamane,<br />
aux grands-parents Rphael et Régine Elfassy. Isaac et<br />
Raymonde Mamane.<br />
Fiançailles<br />
Nous avons le plaisir et l’immense joie d’annoncer les<br />
fiançailles de Jennifer-Fyon Elkabass avec Avi Dahan<br />
qui ont eu lieu le 1 er juin 2008. Nous leur souhaitons un<br />
grand Mazal Tov et une bonne continuation. Nos félicitations<br />
également aux parents Nicole et Zion Elkabas,<br />
Jeanine et Sylvain Dahan aux grands parents Yoram et<br />
Jacqueline Dahan Raphaël et Régine Elfassy.<br />
Mariage<br />
REMERCIEMENTS<br />
Jacob Mrejen Z’L<br />
1943-2008<br />
<strong>La</strong> famille Mrejen voudrait exprimer leurs sincères<br />
remerciements a toute sa famille et amis ainsi que<br />
toute la communauté pour leur support et réconfort a<br />
la suite <strong>du</strong> décès de notre cher mari, père et grandpère<br />
Jacob Mrejen Z’L.<br />
Il nous laisse un vide immense qui ne sera jamais<br />
remplacé.<br />
Nous avons le plaisir d’annoncer le mariage de notre<br />
charmante amie et ancienne collègue, Valérie<br />
Abitbol avec Avi Cohen le 14 août 2008 .<br />
Nous adressons un grand Mazal Tov aux jeunes mariés<br />
ainis qu’aux familles, Abitbol, Revah, Cohen et Sebag.<br />
Décès<br />
Naissance<br />
Jessica et Frank Neuman<br />
sont fiers d’annoncer l’arrivée<br />
de Léa Esther, petite<br />
soeur de Ilan et Béatrice,<br />
néé le 1er Avril 2008.<br />
Mazal tov aux grands parents<br />
Isy Neuman, Esther<br />
et Salomon Amar ainsi<br />
qu’aux arrières grands<br />
mères Léa Gorfinkel et<br />
Marcelle Bendrihem.<br />
Née le 19 mars 2008, la petite Liora- Rebecca, illumine<br />
le foyer de ses parents David et Nathalie Maman,<br />
ses frères et ses grands-parents Raphaël et Régine<br />
Elfassy, Isaac et Raymonde Mamane, très heureux et<br />
fiers.Un grand Mazal Tov et longue vie au bébé.<br />
C’est avec une grande tristesse que nous avons<br />
appris le décès de madame Mahalu Reghina Arditi (zl.)<br />
Distinction<br />
le vendredi 25 juillet 2008 au Centre Gériatrique de<br />
Maïmonide. Les bénévoles et les professionnelles de<br />
Un de nos administrateurs honoré<br />
la <strong>Communauté</strong> <strong>Sépharade</strong> Unifiée <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> adres-<br />
par Ingénieurs Canada<br />
sent leurs sincères condoléances à toute la famille.<br />
À titre d’ingénieur principal <strong>du</strong> projet d’autoroute<br />
transisraélienne Yitzak Rabin Cross Nous avons la profonde tristesse d’annoncer le décès<br />
Israel Highway, M. Gabriel Soudry a de M. Abraham Ohayon Z.L.Il laisse dans le deuil sa<br />
été honoré par Ingénieurs Canada le 24 femme Simy Ohayon ainsi que ses enfants Isaac, Victor,<br />
mai dernier en se voyant décerner le Prix Yaacov, Alain, Marc, Patrick, Evelyne et Monique.<br />
national pour une projet ou une réalisation<br />
en génie.<br />
Project1:<strong>La</strong>yout 1 9/16/2008 4:50 PM<br />
À<br />
Page<br />
sa famille,<br />
1<br />
nous présentons<br />
Mechaly:<strong>La</strong>yout<br />
nos sincères condo-<br />
1 9/10/2008 2:08 PM Page 1<br />
léanceset leur souhaitons beaucoup de courage pour<br />
affronter cette cruelle épreuve.<br />
Jonathan et Rahel Bitton, les heureux parents,<br />
Abraham Nissim son grand frère ont l’immense joie<br />
d’annoncer la naissance de Daniel Haim le 16 juin<br />
2008 à Montréal<br />
Nos félicitations aux grands parents : Mordechai et<br />
Joelle Sabbah, Maxime et Mimi Bitton, aux arrières<br />
grands parents M. le Grand rabbin David Sabbah et<br />
son épouse Anat,<br />
Mme Anita Sabbah, et Mme Solange Benchetrit.<br />
Meyer Méchaly<br />
Z.L<br />
À notre cher époux et père bien-aimé,<br />
Meyer Méchaly Z.L , décédé le 30 juillet 2008.<br />
Sa femme Alice et ses enfants Myriam, Émilie, Alain, Dany et Linda.<br />
Notre peine est immense, tu demeures avec nous à jamais, empreint dans<br />
nos précieux souvenirs : ton sourire complice, tes paroles réconfortantes,<br />
ton écoute attentive, tes larmes de partage à nos peines. À Casablanca, dans<br />
ton imprimerie populaire ou ailleurs, tes employés, tes amis, tes connaissances<br />
te respectaient, t’appréciaient, toi l’intègre, qui avait grand cœur<br />
Ici à Montréal, membre actif <strong>du</strong> Centre communautaire, tu étais estimé<br />
pour ton engagement et tes bonnes actions. Tu as été un époux, un père, un<br />
grand père et un arrière grand-père généreux, aimant et attentionné.<br />
Tu aimais la vie<br />
LVS | SEPTEMBRE 2008 | 23<br />
Carnet c’est vous
CAMPAGNE SÉPHARADE DE L’APPEL JUIF UNIFIÉ 2008<br />
Par Albert Mann<br />
et Renée Mahfoda-Azoulay<br />
Chaque année, l’Appel juif unifié s’avère<br />
l’occasion de démontrer jusqu’à quel<br />
point nous tenons à nos valeurs juives.<br />
<strong>La</strong> Campagne nous offre une occasion<br />
de poser un geste de tzedakah, un<br />
geste philanthropique. Par ailleurs, nous<br />
sommes tous conscients que ce terme<br />
hébreu signifie aussi justice. Nous<br />
sommes justes lorsque nous faisons<br />
preuve de philanthropie. Autrement dit,<br />
il est injuste que des membres de notre<br />
communauté souffrent de faim ou soient<br />
mal logés, que des enfants ne puissent<br />
pas avoir accès à leur héritage juif ou<br />
encore que la moindre personne de<br />
notre famille élargie en Israël soit<br />
inquiète pour son avenir. Une contribution<br />
à l’Appel juif unifié nous permet, à<br />
chacun de nous, de combattre l’injustice<br />
et de travailler à améliorer le monde.<br />
Le tikoun olam – la réparation <strong>du</strong><br />
monde – fait également partie des<br />
valeurs juives qui servent de pivot à<br />
l’Appel juif unifié. Nous avons la<br />
responsabilité d’y contribuer. Chaque<br />
fois que nous faisons la tzedakah et<br />
que nous améliorons la qualité de vie<br />
d’une seule personne, nous participons<br />
à la réparation <strong>du</strong> monde. <strong>La</strong><br />
multiplication de bonnes actions peut<br />
engendrer des résultats tangibles et<br />
fort importants, et ce, une personne à<br />
la fois. On peut donc résumer l’essentiel<br />
de l’Appel juif unifié ainsi : quand<br />
tous ceux qui le peuvent donnent,<br />
nous avons la possibilité de ré<strong>du</strong>ire<br />
efficacement les besoins des membres<br />
de notre communauté.<br />
Albert Mann | Président, Campagne <strong>sépharade</strong> 2008 Renée Mahfoda-Azoulay | Présidente, Campagne<br />
<strong>sépharade</strong> des femmes 2008<br />
En outre, en raison de la réalité<br />
économique actuelle, les besoins sont<br />
sans cesse grandissants. D’une part, les<br />
parents vivant sous le seuil de la pauvreté<br />
éprouvent de plus en plus de difficulté<br />
à nourrir leurs enfants et à les loger<br />
adéquatement. D’autre part, pour les<br />
personnes âgées dont le revenu est fixe,<br />
les fins de mois sont souvent difficiles.<br />
Il arrive même que certaines familles se<br />
trouvent devant l’obligation de ré<strong>du</strong>ire<br />
leurs dépenses. S’ensuit le retrait de<br />
leurs enfants des écoles juives, <strong>du</strong> camp<br />
d’été juif ou d’un voyage-expérience en<br />
Israël. Une telle décision risque de mettre<br />
en péril la relation qu’entretient un<br />
jeune avec son identité juive, pour la vie.<br />
Nombreux sont les enfants israéliens<br />
affectés par les conséquences d’une<br />
exposition prolongée au stress et à la<br />
peur. Les jeunes de l’Ouest <strong>du</strong> Néguev,<br />
et en particulier ceux de Sderot, exigent<br />
<strong>du</strong> soutien pour surmonter les dom-<br />
INFORMATION Campagne <strong>sépharade</strong> de l’Appel juif unifié 2008<br />
Alicia Salama, directrice, 514 345-2645, poste 3372<br />
Claude Benarroch, directrice adjointe, poste 3243<br />
mages psychologiques causés, pendant<br />
sept ans, par la menace des attaques de<br />
missiles en provenance de la bande de<br />
Gaza. Cet appui devra parfois <strong>du</strong>rer pendant<br />
des années.<br />
« Faire un don à l‘Appel juif unifié c’est<br />
plus que de la tzedakah, c’est contribuer<br />
tangiblement à assurer notre avenir en<br />
tant que Juifs à Montréal. »<br />
Grâce à votre générosité, tous ceux qui<br />
se tourneront vers nous bénéficieront de<br />
notre assistance : c’est l’objectif de la<br />
Campagne <strong>sépharade</strong>. Pour en savoir<br />
davantage sur ce que nous faisons et<br />
sur la façon dont vous pouvez nous<br />
appuyer, nous vous invitons à vous<br />
rendre sur www.reparerlemonde.ca.<br />
Nous comptons encore une fois cette<br />
année sur l’appui indéfectible et la<br />
grande générosité des membres de<br />
notre communauté.
Quinze secondes à Sderot<br />
Quinze secondes.<br />
Quinze secondes <strong>du</strong> lancement<br />
à l’impact. Quinze secondes<br />
entre la vie et la mort.<br />
Quinze secondes pour choisir<br />
une direction vers laquelle fuir,<br />
en espérant avoir la chance de<br />
s’éloigner de l’explosion.<br />
Puis, juste le temps de faire le point et<br />
d’espérer que la famille et les amis ont<br />
eux aussi pris la bonne décision et qu’ils<br />
ont survécu à une autre attaque contre<br />
Sderot. Et espérer que le missile<br />
Kassam lancé au hasard s’est écrasé<br />
sur une route déserte ou un terrain<br />
vague plutôt que sur un immeuble, une<br />
école ou une boutique.<br />
Sderot, petite ville de l’Ouest <strong>du</strong> Neguev<br />
en Israël, est en proie, depuis sept ans,<br />
aux attaques de missiles de la bande de<br />
Gaza. Lorsque l’alerte Aube rouge est<br />
déclenchée, tous les citoyens cessent<br />
immédiatement leurs activités et s’empressent<br />
de se mettre à l’abri. Alors, peu<br />
importe ce qu’ils font ou l’endroit vers<br />
lequel ils se dirigent, ils doivent trouver<br />
l’abri le plus près. Ils doivent s’éloigner<br />
des endroits découverts de peur de ne<br />
pas pouvoir se mettre à l’abri. Les<br />
enfants ne peuvent pas jouer en toute<br />
liberté; ils doivent rester près des<br />
refuges.<br />
« Toute activité exige une réflexion<br />
préalable. Nous laissons nos chaussures<br />
près de la porte, au cas où il nous<br />
faudrait évacuer la maison en toute hâte.<br />
Nous ne bouclons jamais nos ceintures<br />
de sécurité en voiture, car nous serions<br />
ralentis s’il nous fallait sortir en vitesse,<br />
raconte, M. Avi Sulimany, le directeur <strong>du</strong><br />
Centre communautaire de Sderot, qui a<br />
par ailleurs été bombardé. Nous n’avons<br />
pas l’intention de devenir des héros.<br />
Nous désirons simplement vivre normalement.<br />
»<br />
Malheureusement, aucune vie ne peut<br />
être normale quand vous craignez<br />
constamment la prochaine attaque.<br />
Aux yeux <strong>du</strong> monde, en raison <strong>du</strong> faible<br />
nombre de victimes, la gravité des bombardements<br />
a été atténuée.<br />
Les enfants, en particulier, sont affectés<br />
par les bombardements. Ils sont<br />
nerveux et ils perdent à la fois concen-<br />
Une mère venant d’apprendre que ses enfants avaient été blessés.<br />
tration et sommeil. Plus de 75 % des<br />
enfants de Sderot souffrent de stress<br />
post-traumatique.<br />
« Nous faisons tout notre possible pour<br />
en arriver à conserver des habitudes de<br />
vie saines », insiste M. Sulimany.<br />
Ce qui équivaut, entre autres choses, à<br />
garder le Centre communautaire ouvert,<br />
car, rien ne pourrait arriver de pire aux<br />
habitants, qui ont choisi de demeurer à<br />
Sderot, que de voir leur vie s’immobiliser<br />
complètement.<br />
« Le centre communautaire est un<br />
endroit où nous pouvons reprendre<br />
notre souffle, affirme M. Zohar Avitan,<br />
responsable des études préuniversitaires<br />
<strong>du</strong> collège Sapir situé à proximité<br />
de Sderot et directeur de la cinémathèque<br />
de Sderot, l’une des quatre cinémathèques<br />
d’Israël. Aussi, n’annulonsnous<br />
aucune répétition de la chorale.<br />
Nous ouvrons la cinémathèque tous les<br />
jours, et ce, pour quatre représentations.<br />
Nous devons alimenter les citoyens en<br />
culture et en é<strong>du</strong>cation, car ce sont les<br />
sources de l’espoir. »<br />
Et M. Sulimary d’ajouter : « <strong>La</strong> crainte de<br />
perdre espoir est redoutable. Nous<br />
tenons le coup, mais en vérité nous ne<br />
voyons pas d’issue. »<br />
<strong>La</strong> FEDERATION CJA a été la première fédération canadienne à reconnaître la situation critique de Sderot<br />
et à apporter un soutien immédiat à la collectivité. À ce jour, la communauté juive de Montréal, par le biais<br />
de la FEDERATION CJA, a fait don de plus de 1,3 million de dollars à Sderot.<br />
Photo : une gracieuseté de The Israel Project
ICS.LVS:ICS 9/22/2008 9:37 AM Page 1<br />
M. Judah Castiel et le Conseil d’administration de<br />
l’Institut de la Culture <strong>Sépharade</strong> sont heureux de<br />
présenter à l’ensemble de la communauté juive<br />
montréalaise, leurs meilleurs vœux de santé, bonheur<br />
et prospérité à l’occasion de Roch Hachana<br />
et des fêtes de Tishri.<br />
Que l’an 5769 soit l’occasion de réaliser d’importants<br />
projets visant au rayonnement de la culture<br />
<strong>sépharade</strong>.<br />
CETTE ANNÉE, JE PROMETS…<br />
CHANA TOVA!<br />
DE M’INFORMER D’ÊTRE ENTENDU D’AGIR<br />
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LA VOIX SEPHARADE (Quebec) - FRENCH
CMDA RSH FRENCH COLOR.qxd:<strong>La</strong>yout 1 2/9/08 12:45 Page 1<br />
Tous nos vœux de bonheur bonheur et de santé<br />
à l’occasion l’occasion de la Nouvelle Nouvelle Année - 5769<br />
à nos généreux généreux donateurs, donateurs, familles et amis.<br />
Les membres membres <strong>du</strong> Conseil d’administration<br />
d’administration<br />
et le personnel personnel de CMDA.<br />
Prions pour la paix en Israël, que nous<br />
aimons tant – Am Y'lsrael Chai!<br />
Norton Segal, CR<br />
Président<br />
SIÈGE SOCIAL CANADIEN DE CMDA<br />
6900, boul. Décarie, bureau 3110, Montréal (<strong>Québec</strong>) H3X 2T8<br />
Tél. : 514-731-4400 • Fax : 514-731-2490<br />
www.cmdai.org<br />
N’oubliez pas de commander nos superbes<br />
cartes de vœux et certificats pour les Fêtes.<br />
Vos souhaits seront encore plus appréciés!<br />
Arnold Rosner<br />
Directeur général
JCharest:Pub J Charest 9/17/2008 3:01 PM Page 1<br />
À l’occasion de Rosh Hashanah, j’offre mes vœux les plus<br />
chaleureux à l’ensemble des Montréalaises et des<br />
Montréalais qui célèbrent dans la joie et l’allégresse une<br />
des fêtes les plus importantes <strong>du</strong> calendrier hébraïque.<br />
Je vous adresse mes meilleurs vœux pour cette nouvelle<br />
année qui débute.<br />
Gérald Tremblay<br />
Maire de Montréal<br />
Mayor of Montréal<br />
On the occasion of Rosh Hashanah I would like to offer<br />
my best wishes to Montrealers who are joyfully celebrating<br />
one of the most important Jewish holidays.<br />
Have a very happy new year.<br />
Mot <strong>du</strong> premier ministre<br />
Ce 29 septembre marque le début d’une toute nouvelle année pour les<br />
membres de la communauté juive. Une période de réjouissances et<br />
une belle occasion de se rassembler et de célébrer solennellement cet<br />
an 5769 <strong>du</strong> calendrier hébraïque qui commence. Une tout aussi belle<br />
occasion de se recueillir, de saluer les liens qui unissent la grande communauté<br />
juive des quatre coins <strong>du</strong> monde et d’entreprendre dans la<br />
joie, la paix et le bonheur, dans la prospérité, la fierté et la douceur,<br />
les prémices de ce cycle nouveau.<br />
À tous, mes meilleurs vœux à l’occasion de la Fête de Rosh Hachana.<br />
Jean Charest
231<br />
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F: (514) 842 8021
Courchesne:COURCHESNE 9/16/2008 3:03 PM Page 1<br />
MESSAGE DE LA MINISTRE DE<br />
L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU<br />
SPORT ET MINISTRE DE LA<br />
FAMILLE<br />
Je souhaite un joyeux Rosh<br />
Hashana 5769 à tous les membres<br />
de la communauté juive <strong>du</strong><br />
<strong>Québec</strong>.<br />
Que cette nouvelle année soit sous le signe de la santé et<br />
de la prospérité.<br />
Mes meilleurs vœux à vous et vos proches.<br />
Michelle Courchesne<br />
Project5:SIMARD 9/16/2008 4:02 PM Page 1<br />
SYLVAIN SIMARD<br />
Député de Richelieu<br />
À l’occasion de la fête solennelle de Roch Hachana qui<br />
marque le début d’une nouvelle année, j’adresse mes<br />
meilleurs vœux de bonheur, santé, prospérité et paix à<br />
l’ensemble de la communauté juive montréalaise.
DOSSIeR il s’appellait James Dahan<br />
34 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
En 1991, dans les anciens locaux de la CSQ (angle Côte Ste-Catherine et Victoria), James Dahan (au centre), alors Directeur général, entouré de son équipe :<br />
(de gauche à droite) Franklin Naccache, Gisèle Azoulay, Jean-Claude Léon, Toby Benlolo, Brigitte Amor, Elie Benchetrit, et yvette Soussana.<br />
Il s’<br />
J
appellait<br />
ames Dahan<br />
Un pilier de la CSQ disparaît,<br />
et avec lui un pan d’histoire<br />
communautaire. Un dossier<br />
en images retrace le parcours<br />
et les principales réalisations<br />
d’un leader hors-<strong>du</strong>-commun.<br />
J’aimerai en tant que consul général d’Israël à Montréal, exprimer mes<br />
condoléances attristées à la famille <strong>du</strong> défunt et à la communauté toute<br />
entière pour la perte d’un si grand homme qui marqua toute une génération<br />
de jeunes et moins jeunes et qui a su insuffler en eux son amour<br />
indéfectible pour l’État d’Israël<br />
James Dahan, plus connu sous son totem Cabri, a été un pionnier de<br />
la communauté séfarade <strong>du</strong> <strong>Québec</strong>. Depuis le Maroc déjà, Cabri œuvrait<br />
clandestinement pour Israël. Des son arrivée à Montréal, il consacra sa<br />
vie au développement de la communauté et à l’implication des jeunes<br />
dans divers programmes communautaires.<br />
Son dévouement à l’État d’Israël était admirable. Son projet PASI,<br />
d’aide sociale en Israël a été instrumental au développement des villes<br />
de Béer-Sheva, Ofakim, Netivot, Yeruham et Sderot. Son œuvre dans le<br />
sud d’Israël a marqué toute une génération qui lui sera reconnaissante à<br />
tout jamais.<br />
Le scoutisme était l’autre passion de Cabri. Scout déjà au Maroc, il a<br />
commencé à travers le scoutisme, le premier mouvement de jeunesse<br />
juive séfarade à Montréal. Ce mouvement accueillait semaine après<br />
semaine, une centaine de jeunes dévoués au développement de leur<br />
communauté et au Tikkun Olam. Ce mouvement a su souder cette jeune<br />
communauté et a créé nos futurs leaders communautaires.<br />
Son départ soudain nous attriste tous profondément et nous nous devons<br />
tous d’honorer sa mémoire en entretenant son œuvre magistrale.<br />
Tehi Nafsho Tseroura Bitsor Hayaim<br />
LVS | SEPTEMBRE 2008 |<br />
35<br />
DOSSIER il s’appellait James Dahan
DOSSIER il s’appellait James Dahan<br />
Hommage à<br />
l’homme<br />
EulogiE <strong>du</strong> dr david BEnsoussan,<br />
PrésidEnt dE la <strong>Communauté</strong> séPharadE uniFiéE <strong>du</strong> QuéBEC<br />
C’est avec grand regret que la <strong>Communauté</strong> <strong>sépharade</strong> <strong>unifiée</strong> <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> est affligée par la perte d’un des fleurons<br />
des leaders <strong>du</strong> judaïsme marocain. L’histoire mouvementée de notre communauté n’a pu encore faire en sorte que<br />
l’on puisse prendre le recul qui se doit pour comprendre la contribution des grands leaders qui décidèrent de sortir<br />
leur communauté de son état difficile sur les plans social et économique. James Dahan fut au nombre des grands <strong>du</strong><br />
siècle qui formèrent la jeunesse juive marocaine. Il a su mener de main de maître toute une génération et lui donner<br />
les outils nécessaires pour qu’elle parvienne à se prendre en main.<br />
James Dahan s’inscrit dans la lignée des géants qui ont su façonner<br />
le judaïsme marocain, que ce soit au sein de l’Alliance israélite universelle,<br />
des organismes de bienfaisance, <strong>du</strong> centre Charles Netter<br />
à Casablanca, <strong>du</strong> DEJJ ou Département É<strong>du</strong>catif de la Jeunesse<br />
Juive, <strong>du</strong> leadership spirituel, <strong>du</strong> secrétariat général <strong>du</strong> Conseil des<br />
<strong>Communauté</strong>s, des leaders d’opinion, des architectes de l’Aliya clandestine<br />
et des dirigeants des mouvements de jeunesse des Cadets<br />
et des Unités populaires. Son action s’inscrivit à l’origine dans la<br />
formation de la jeunesse, via le scoutisme, au sein des Éclaireurs<br />
israélites de France devenus Éclaireurs israélites <strong>du</strong> Maroc après<br />
l’indépendance <strong>du</strong> Maroc.<br />
C’est dans le mouvement scout que Cabri s’est épanoui, en perpétuant<br />
la tradition <strong>du</strong> Code d’honneur scout et en favorisant les<br />
séjours dans la nature. Très vite, il nous apprit à chasser de notre<br />
esprit et de notre langage le terme impossible. Il nous faisait voir<br />
grand. Ceux qui parmi nous se souviennent <strong>du</strong> camp volant dans<br />
le Sud saharien, des longues randonnées dans les hauteurs de<br />
l’Atlas, à Ain Kalaa, Afekfak, Ben-Smine, Thioumiline, Ras-El-Ma,<br />
Ain Kerzouza, Aicha Ben-M’Bark, les Chênes, Ain Sferjla et Camp-<br />
Boulhaut, au Puy de Sancy ou dans les forêts <strong>du</strong> Vercors, camps<br />
qui nous transportèrent en France, en Suisse et en Italie ont pu apprécier<br />
l’énergie, le leadership et le charisme de Cabri qui sut rallier<br />
autour de lui les bonnes volontés pour travailler à ses côtés avec un<br />
sens d’abnégation comme on en a rarement vu.<br />
Scouts, nous avons vécu un rêve. Nous avons appris à partager<br />
dans l’amitié, à évoluer dans la nature, à chanter à tue-tête, en canon<br />
et à trois voix. Avec Cabri, nous vivions notre rêve et la chanson était<br />
dans nos cœurs. Nous autres matelots, avions toujours le bon vent.<br />
Passer les ruisseaux, grimper les coteaux et de sa voix faire chanter<br />
les échos n’était pas qu’un simple refrain. Nous vivions cette réalité<br />
jour et nuit, avec toute notre énergie, dans une allégresse sans<br />
borne. Nos veillées étaient des bains de bonheur et d’amitié, assis<br />
tous autour d’une flamme qui symbolisait nos espoirs les plus fous.<br />
Cet enchantement dans lequel baignait toute une jeunesse,<br />
s’accompagna d’un enseignement des valeurs. Nous avons été<br />
é<strong>du</strong>qués et avons é<strong>du</strong>qué à notre tour à des valeurs d’intégrité, de<br />
franchise, de ponctualité et d’une amitié réelle. Nous avons appris<br />
et inculqué à notre tour la fidélité à nos valeurs et traditions juives,<br />
36 | SEPTEMBRE 2008 | LVS<br />
ainsi que le dévouement et l’engagement communautaire. Les activités<br />
de plein air et les valeurs transmises par Cabri ont contribué à<br />
oxygéner toute une jeunesse à l’unisson.<br />
Cabri planifiait un autre camp à New York lorsque, la communauté<br />
se dépeuplant de plus en plus, il émigra au Canada et nombreux<br />
furent ceux qui le suivirent. Nulle surprise si les premiers regroupements<br />
communautaires se firent autour de sa personnalité, que ce<br />
soit au Neighbouhood House ou au Centre communautaire juif.<br />
Son génie de l’organisation, son souci de la planification jusque<br />
dans le moindre détail, les évaluations méticuleuses des activités<br />
engagées ont contribué à former des dirigeants et des travailleurs<br />
de la <strong>Communauté</strong> en les élevant à un niveau de professionnalisme<br />
tel que l’organisation communautaire que nous connaissons, lui en<br />
est redevable. Ses talents furent ensuite mis à profit auprès de la<br />
direction <strong>du</strong> Saydie Bronfman, de celle de l’Appel juif unifié autant<br />
que de celle de la communauté <strong>sépharade</strong> <strong>du</strong> <strong>Québec</strong>.<br />
À la famille de James, sachez que nous sommes des centaines<br />
et des centaines à avoir vécu nos plus belles heures aux côtés de<br />
Cabri. Notre jeunesse a eu une chance magnifique de vivre son idéal<br />
dans une atmosphère de joie. Au fil des ans, bien que les amis de<br />
tout temps aient dû se disperser de par le monde, il n’en demeure<br />
pas moins que notre amitié est demeurée intacte. Il est en chacun<br />
de nous un petit coin où l’on a conservé le souvenir de nos longues<br />
veillées et feux de camp, nos longues marches dans les bois et dans<br />
les pistes de l’Atlas, nos concours de débrouillardise, nos camps<br />
et l’enthousiasme contagieux de Cabri. Puisse son exemple nous<br />
inspirer pour aller toujours de l’avant avec l’allant qu’il avait et que,<br />
conformément à la devise scoute « Toujours prêt », nous puissions<br />
relever les défis tout comme il a si bien su nous le montrer.<br />
Durant toutes ses années au Canada, Cabri a organisé annuellement<br />
des voyages dans les villes de développement en Israël, offrant<br />
à leurs résidents des heures d’activité bénéfiques. C’est là encore une<br />
fidélité exemplaire à un idéal qu’il nous incombe d’émuler. Au nom<br />
des anciens ÉI <strong>du</strong> Maroc et <strong>du</strong> <strong>Québec</strong>, au nom de la <strong>Communauté</strong><br />
<strong>sépharade</strong> <strong>unifiée</strong> <strong>du</strong> <strong>Québec</strong>, je m’incline devant ce grand leader<br />
avec ces mots d’adieu tirés <strong>du</strong> chant scout <strong>du</strong> district Gabirol de<br />
Casablanca : « Quand par les routes familières, tu t’en iras camper au<br />
loin. ÉI souviens-toi de tes frères... ÉI souviens-toi ! » |
Hommage à<br />
l’homme<br />
oraison Par JosEPh gaBay<br />
la nouvelle nous a frappé de plein fouet, James dahan pour<br />
certains, James pour d’autres mais Cabri pour la plupart, Cabri<br />
nous a quitté: il a été emporté en moins d’une semaine alors<br />
qu’il était en vacances en israël, cet israël si cher à son cœur.<br />
Égal à lui-même, Cabri nous a quittés à la manière dont il a vécu,<br />
emporté par surprise.<br />
Emporté, peu le savent mais son totem était « Cabri emporté »,<br />
oui, déjà très jeune ce trait de caractère dominait.<br />
Mais qu’on ne s’y méprenne pas, il ne s’agit pas de cet emportement<br />
intempestif, coléreux, nerveux, non ! Il faut comprendre qu’il<br />
est question ici de ce qui caractérise les êtres entiers, convaincus,<br />
dont l’authenticité ne tolère pas les demi mesures, dont l’intégrité<br />
ne souffre pas le compromis, un peu à la manière de cet officier<br />
français, qui, révolté devant les atrocités nazies s’est exclamé « mon<br />
dieu, maintenez moi dans ma sainte colère » , un peu à la manière<br />
de Pinhas, le héros de la paracha de la semaine dernière, qui, grâce à<br />
son emportement, a sauvé le peuple hébreu !<br />
Cabri emporté, c’est le refus <strong>du</strong> politically correct, le refus de la raison d’état !<br />
On pourrait objecter qu’une telle intransigeance est incompatible avec<br />
les qualités atten<strong>du</strong>es <strong>du</strong> leader qui a inspiré des centaines de jeunes<br />
dont il a été le mentor, le « rôle modèle ». Eh bien non car il faut savoir<br />
que Cabri était d’abord et avant tout un être particulièrement généreux<br />
et attentif à l’autre, dans ses moindres besoins.<br />
Une des leçons que j’ai reçues a pour cadre un camp scout, 300 participants<br />
à qui, au petit déjeuner, on servait <strong>du</strong> chocolat chaud. Arrive un<br />
jeune qui dit ne pas supporter le chocolat. Sans hésiter, Cabri demande<br />
qu’on lui prépare un café ! C’est ça un chef ! C’est ça Cabri, attentif aux<br />
besoins de chacun.<br />
Coïncidence ou non, c’est toujours dans la paracha de Pinhas que<br />
Moïse, demandant à Dieu de nommer un dirigeant pour le peuple,<br />
s’adresse à Lui en disant « yfkod ado. Élohé harouhot lékhol bassar ich<br />
‘al haéda » - « Que l’Éternel, Dieu des esprits de toute chair, institue un<br />
chef sur cette communauté », ce que rachi explique en disant : « Donne<br />
leur un guide qui soit à même de supporter chacun selon son tempérament<br />
personnel ».<br />
Notre peuple est une somme de spécificités, chacune, chacun, constitue<br />
un rouah spécifique, une âme bien particulière. Cela, Cabri ne l’a<br />
pas appris dans la paracha Pinhas, il le sentait, le ressentait, guidé par<br />
son instinct.<br />
Un instinct stupéfiant, Cabri voyait juste, il était capable de concevoir<br />
des projets surprenants de témérité...et de les réaliser. Doué d’ un esprit<br />
créatif, il avait une vision lucide, une approche originale et un jugement<br />
perspicace des situations, des personnes et de la réalité.<br />
Pour ajouter à la surprise, cet être instinctif était un administrateur<br />
méticuleux et un gestionnaire de talent.<br />
J’ai bien conscience de décrire ici un être paradoxal. Eh bien oui,<br />
c’est vrai, il faut le dire : Cabri était un être paradoxal....en apparence<br />
seulement.<br />
Surprenant, tout comme le sont les Sabras, avec leurs épines extérieures,<br />
mais, intérieurement d’une tendresse exquise, d’une âme vouée<br />
à son idéal, dévouée au bien être collectif, prête à se sacrifier pour son<br />
peuple ! Cabri était un grand cœur.<br />
Permettez-moi un souvenir personnel. J’avais 11/12 ans, l’âge où le<br />
louveteau devient éclaireur, l’âge où l’on passe de la meute à la troupe.<br />
Pour la cérémonie de passage, on m’a bandé les yeux et j’ai suivi, à tâtons,<br />
une piste constituée de morceaux de bois. Arrivé au bout de la piste<br />
j’ai été soulevé, comme un baluchon, par une main qui m’a fait franchir<br />
la barrière séparant le monde des louveteaux de celui des éclaireurs.<br />
J’avais instantanément grandi, je venais d’entrer dans la ligue<br />
majeure et j’ai encore la sensation que procure la plénitude d’un tel<br />
accomplissement.<br />
Vous l’avez deviné, cette main qui m’avait soulevé, élevé, c’était celle<br />
de Cabri.<br />
Et je ne suis pas le seul, loin de là !<br />
Cabri a soulevé, élevé, un nombre considérable de jeunes et de jeunes<br />
a<strong>du</strong>ltes pour leur permettre d’effectuer le passage qui leur a permis de<br />
développer et d’actualiser leur potentiel. Avec Cabri, ils faisaient partie d’une<br />
équipe, ils avaient un but, ils étaient responsables, ils étaient a<strong>du</strong>ltes.<br />
Je passerai assez rapidement sur sa carrière au Maroc<br />
Très jeune il est déjà impliqué dans le travail social, il est responsable<br />
des U.P. les unités populaires, mouvement qui regroupait les adolescents<br />
issus de milieux défavorisés pour leur offrir des activités récréatives.<br />
Je me dois ici de mentionner que les UP ont été une création<br />
d’Edgard Guedj-Lynclair, qui nous a quittés il y a quelques mois. Ce<br />
visionnaire a été l’âme des mouvements de jeunesse juive au Maroc<br />
qu’il a quitté en 1962 afin d’accueillir la jeunesse juive qui quittait<br />
l’Algérie pour s’installer en France. Lynclair zL a certainement été un<br />
des mentors de Cabri.<br />
En 54 James part faire son service militaire en Tunisie et en Algérie,<br />
il en revient avec le grade de Sous Lieutenant de réserve. (suite p. 38)<br />
Retrouvez l’info de votre communauté en temps réel sur le www.csuq.org<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 | 37<br />
DOSSIER il s’appellait James Dahan
DOSSIeR il s’appellait James Dahan<br />
Hommage à<br />
l’homme<br />
Dès 59 Cabri reprend <strong>du</strong> service avec les EIM, il organisera notamment deux<br />
camps en France, Jéricho en 62 et Chalom en 64.( vous entendez les<br />
noms choisis ? Souvenez-vous, nous sommes au Maroc, en 62/64 !)<br />
Au départ de Lynclair, Cabri devient commissaire général des EI, entendez<br />
par là, responsable de la jeunesse à travers le pays, responsabilité<br />
qu’il assumera jusqu’en 68 date de son immigration au Canada.<br />
Aussitôt arrivé à Montréal, il fonde le Département Francophone <strong>du</strong> y<br />
dont l’objectif est de canaliser la jeunesse <strong>sépharade</strong> pour lui permettre<br />
une intégration harmonieuse dans sa nouvelle réalité socio culturelle.<br />
Ce département prenant de l’ampleur, il fallait le relocaliser sur la<br />
rue Darlington, c’était le Neighbourhood house qui regroupait ,avec<br />
le même objectif, les jeunes de 7 à 77 ans, puis finalement en 78<br />
le Neighbourhood reviendra dans les locaux <strong>du</strong> y, on parlera désormais<br />
<strong>du</strong> Centre Communautaire Juif dont Cabri assurera la direction<br />
jusqu’au début des années 80.<br />
Tu nous quittes beaucoup<br />
trop tôt mais tu peux dire<br />
James sera successivement directeur <strong>du</strong> Davis y, <strong>du</strong> centre Saidie<br />
Bronfman, de la campagne <strong>Sépharade</strong> de l’appel juif unifié, avant de devenir<br />
en 89 directeur général de la <strong>Communauté</strong> <strong>Sépharade</strong> <strong>du</strong> <strong>Québec</strong>,<br />
poste qu’il assumera jusqu’à sa retraite.<br />
Au nombre des activités et projets initiés par Cabri, je voudrais citer<br />
les « camps Igloo », camps de formation de cadre qui ont donné à notre<br />
communauté un bon nombre de bénévoles et de professionnels encore<br />
actifs aujourd’hui à Montréal, sans compter ceux qui oeuvrent dans les<br />
communautés de France et d’Israël.<br />
Je voudrais mentionner la chorale Kinor fondée en 69 avec Solly Lévy,<br />
Chorale qui nous a représenté à la zimriya en Israël ainsi qu’au Maroc,<br />
devant le roi Hassan II, je voudrais mentionner les galas des bénévoles,<br />
Cabri savait dire merci, la création d’un mouvement scout avec des ramifications<br />
à Toronto, mais je tiens à mettre l’accent sur une initiative qu’à<br />
mon avis, seul Cabri et j’insiste, seul Cabri, pouvait concevoir et réaliser,<br />
il s’agit de PASI : un projet d’action sociale en Israël.<br />
Imaginez 20 à 30 jeunes travaillant pendant un à deux ans, pour<br />
préparer un programme d’activités socio récréatives et récolter les<br />
fonds nécessaires à sa réalisation, parce que convaincus que leur attachement<br />
à Israël devait se tra<strong>du</strong>ire par une implication concrète sur<br />
le terrain<br />
Ces activités, destinées à la population des villes défavorisées <strong>du</strong><br />
38 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
mission accomplie<br />
Néguev consistaient par exemple à regrouper les participants des villes<br />
choisies et à leur faire vivre une journée pique nique, une journée plage<br />
une journée tourisme, un pèlerinage au Kotel ou des jeux olympiques<br />
inter villes.<br />
C’est aussi au Kotel que PASI permettait à une trentaine de jeunes<br />
garçons de célébrer dignement leur Bar Mitsva.<br />
Les élus étaient habillés de pied en cap, on leur fournissait Taleth,<br />
Téfilines, Sidour, on leur offrait un cadeau de Bar Mitsvah, et le soir,<br />
après l’office et le petit déjeuner <strong>du</strong> matin, ces jeunes, se retrouvaient<br />
avec leur famille et leurs invités, pour festoyer en musique.<br />
PASI, qui a débuté en 84 et s’est poursuivi jusqu’en 2001, a fait<br />
l’admiration de bien des communautés à travers le monde, et Cabri insistait<br />
sur le fait que chacun des membres de PASI payait la totalité de ses frais<br />
de voyage et dormait en moyenne 4 heures par nuit, ce qui a fait qu’à<br />
l’interne on disait PASI = pas assez de sommeil en Israel !<br />
Tous ceux qui ont connu Cabri de près ont probablement retrouvé<br />
dans ce qui précède un ou plusieurs épisodes de leur parcours communautaire,<br />
quant aux autres ils ont eu droit aux têtes de chapitres d’une<br />
histoire qui mérite d’être écrite un jour.<br />
Avec votre permission, je voudrais dire maintenant quelques mots à<br />
mon ami.<br />
Haimito, je viens de parler de toi en 1433 mots, c’est beaucoup, je<br />
sais, mais il faut ce qu’il faut. Tel que je te connais tu dois te marrer<br />
parce que même après ton départ, tu as réussi à semer l’émoi dans<br />
la communauté, le téléphone ne dérougit pas, les copains, le Clan,<br />
les raiders, les anciens, tes collègues, tous, me chargent de te dire,<br />
combien ils sont bouleversés et combien ils te sont redevables !<br />
<strong>La</strong> CSUQ a ouvert sur son site un livre d’or pour y recueillir tous<br />
ces témoignages. Les belles sœurs, beaux frères, neveux et nièces<br />
réalisent combien ils t’aiment. Tes sœurs n’y croient pas encore, tes<br />
frères non plus sans doute. Martine, Philippe, Cynthia et Jacqui sont<br />
comme dans un brouillard, ils réalisent difficilement ce qui leur arrive.<br />
Tu vas beaucoup leur manquer. Ils ont des amis fantastiques qui<br />
sont très présents.<br />
Quant à Gracia, celle qui t’a suivi dans toutes tes folies, elle a été, dans<br />
la circonstance, égale à elle-même, tout simplement impeccable.<br />
Voilà mon ami, c’est tout pour aujourd’hui, de là haut pense à nous ,<br />
tu sais qu’ici, en bas, on n’est pas prêts de t’oublier.<br />
Tu nous quittes beaucoup trop tôt mais tu peux dire mission accomplie<br />
Salut chef, salut l’ami<br />
repose en paix. |
Hommage à<br />
l’homme<br />
homéliE PrononCéE Par marCEl aCoCa<br />
Messieurs les Rabbins, gracia, Martine, Philippe, Cynthia, Jacquy,<br />
Mady, Georges, Jo, Lucien, Monique,<br />
Aussi incroyable que cela puisse paraître, cabri n’est plus et nous<br />
pleurons tous cette brutale disparition. Cabri était mon père, mon<br />
frère, mon ami, mon confident, bref, mon mentor...<br />
Les mots exprimés ne peuvent aujourd’hui apaiser notre lourde<br />
peine, la perte d’un être cher se veut une épreuve extrêmement<br />
douloureuse qui porte à réflexion sur le sens de la vie. Comment<br />
devons-nous nous comporter<br />
avec autrui. Quels principes doivent guider et mener<br />
notre vie personnelle au quotidien ?<br />
Cabri était un bâtisseur qui ne reculait devant rien. Il était<br />
coriace, acharné, parfois même entété au travail. Mais derrière<br />
ce monument de volonté se cachait un être fragile empreint de<br />
douceur, de délicatesse et surtout d’attentions pour tous ceux qui le<br />
côtoyaient de près ou de loin. Sa mission au sein de la communauté<br />
juive de montréal a débuté en 1968. Mission impossible, diriez-<br />
vous ? C’était mal le connaître : rien ne lui résistait.<br />
Son acharnemnent pour l’atteinte de la perfection, le souci <strong>du</strong><br />
détail dans les opérations de grande envergure était omniprésent<br />
chez lui, contraint toujours à l’exceptionnel. Pasi est devenu son<br />
champ de bataille, encore une fois sa passion et son dévouement<br />
pour cette noble cause ont contribué à rendre des milliers de gens<br />
heureux et fiers en israel et ailleurs.<br />
Ceux qui ont participé à ce merveilleux programme se souviendront<br />
certainemnent de cette expérience enrichissante et unique.<br />
Cabri, je peux t’affirmer que tu as été admiré et vénéré par<br />
d’inombrables jeunes qui pleurent aujourd’hui ton départ soudain<br />
et inatten<strong>du</strong>.<br />
Ce souci de faire plaisir au monde qui t’entoure se tra<strong>du</strong>it par une<br />
bonté et une générosité sans limite et exemplaire : seul comptait<br />
pour lui l’intérêt et le bien-être des gens.<br />
Cabri, tu nous quittes aujourd’hui , avec le souci <strong>du</strong> devoir<br />
accompli, une vie remplie d’entraide, une vie dévouée envers<br />
autrui, envers ceux qui t’aiment, ton épouse gracia, tes ennants,<br />
tes frères , tes sœurs, tes innombrables amis.<br />
Tu as été un grand homme, grand par ta simplicité, grand par tes<br />
compétences, grand par tes vertus , ton humilté et ta modestie.<br />
Ton énorme rigueur, ta parfaite tolérance et ton dévouement sans<br />
faille, t’ont permis d’ètre un homme bon, juste et admirable.<br />
Tu as prôné une vie basée sur des valeurs authentiques<br />
et réelles , au service de ton prochain, de ta communauté,. Ce sont<br />
là certainement quelques-unes des qualités que nous retiendrons<br />
de ta vie.<br />
Ton départ est un arrachement, un déchirement, un cri de douleur.<br />
Il va laisser un vide que personne ne pourra combler.<br />
Je sais toutefois, que tu continueras à nous protéger<br />
et à veiller sur nous.<br />
Par delà la mort, et par delà l’immense affliction que nous laisse<br />
cette disparition, que le cher et inoubliable souvenir de notre ami<br />
soit pour toi gracia, tes enfants, ta famille et tout ceux qui t’ont<br />
connu et aimé, un exemple, un soutien, une inspiration de bonté,<br />
de joie de vivre et d’humour.<br />
Cabri excellait par son talent, il triomphait par l’effort, son<br />
charisme a traversé les océans et les continents<br />
et laissera sans aucun doute une empreinte indélébile<br />
à des centaines de personnes .<br />
Cher cabri, on t’aime et que ton âme repose en paix<br />
Et comme tu me disais souvent : saludo amigo. |<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 | 39<br />
DOSSIER il s’appellait James Dahan
DOSSIeR il s’appellait James Dahan<br />
James Dahan,<br />
40<br />
| SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
une vie marocaine<br />
Tu nous a aidés à nous construire, tu as<br />
été le phare de notre jeunesse, tu restes<br />
un point d’ancrage fondateur. Pour te<br />
plaire et pour mériter ton amitié nous<br />
nous sommes dépassés physiquement<br />
et spirituellement. Tu nous a menés<br />
dans la joie et le respect aux portes de<br />
la maturité. Tu resteras à jamais, le chef,<br />
le guide, le confident, le modèle et, surtout,<br />
l’ami irremplaçable. Tu es de ceux<br />
dont la disparition appauvrit le monde.<br />
Ce n’est qu’un au revoir chef.<br />
Solange Pinto
M. Simon Dahan père de James<br />
retour presque 50 ans en arriére et quelle émotion ce flash back<br />
Inoubliable ton sourire, ton regard vif, ta démarche assurée et ton ardeur<br />
à décomplexer cette jeunesse qui t’admirait tant.<br />
Je ne t’ai plus revu depuis Casa 1965, mais comment t’oublier ainsi que ce<br />
feu de camp immense où tous les scouts des villes <strong>du</strong> Maroc étaient réunis,et<br />
sans préparation tu m’as demandé de les faire chanter en cadence ; tu exaltais<br />
notre courage et notre audace ; grâce à toi et à toutes les impulsions positives<br />
que tu nous envoyais et grâce à cette soirée j’ai grandi avec l’amour des<br />
autres et de la vie Merci Cabri ; nous t’évoquerons souvent<br />
Claire Abensour -Derhy<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 |<br />
41<br />
DOSSIER il s’appellait James Dahan
DOSSIeR il s’appellait James Dahan<br />
42 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
Cabri fait partie de ces êtres un peu mythiques dont on n’imagine pas qu’ils puissent<br />
quitter la scène communautaire. Nous avons fait ensemble un long parcours aux<br />
E.I. <strong>du</strong> Maroc et nous avons toujours admiré ses qualités exceptionnelles de chef<br />
doué d’une énergie peu commune, d’un immense dévouement, d’un sens aigu de<br />
l’organisation et chez qui la fraternité n’était pas un vain mot. Dans le sillage de<br />
notre maître Lynclair (Edgard Guedj z’l) disparu l’an dernier, il a œuvré avec efficacité<br />
en faveur de la jeunesse juive au Maroc puis au <strong>Québec</strong> tout en maintenant des<br />
liens étroits avec Israël. C’était un vrai pionnier, un de ces ‘haloutsim dont parle la<br />
parasha de cette semaine...<br />
A Gracia, à ses enfants, nous exprimons notre chagrin et notre sympathie.<br />
Esther et Lionel Ifrah (Fourmi et Loutre)<br />
Tu n’est plus là, c’est incroyable ! en 1960 à Casa tu m’engageas à MILA -18 pour la réalisation <strong>du</strong> camp volant<br />
“Chalom” et en 2000 tu engageas mon Fils Chay et ma fille Judith dans ce rêve qui était “PASI” avec qui tu<br />
es resté en contact jusqu’à ton départ. Mon autre fils Daniel a été éclaireur avec toi, et mon épouse Haya a<br />
collaboré avec toi pour tous les événements de levée de fond pour financer tes rêves communautaires. Ma<br />
famille a vibré en ta présence le respect, l’amitié, et l’appréciation de ta personnalité. Tu as changé notre vie à<br />
tous moi-même, Haya, Judith, Chay et Daniel.<br />
Que ton âme repose en paix - Nos Condoléances à Gracia, Martine, Philippe, Cynthia, Jacky, Mady et à nous tous.<br />
Cabri
Mme Rachel Dahan mère de James<br />
À la famille et aux amis que Cabri quitte j’aimerais leur<br />
dire que James représentait toute ma jeunesse passée<br />
au Maroc. J’ai eu le privilège de faire partie de son cercle<br />
de leaders aussi bien que celui de ses amis. son «rôle<br />
model» m’a permis de continuer son exemple au sein<br />
de ma communauté <strong>sépharade</strong> de Toronto. Je regrette<br />
ne m’être pas déplacé plus souvent à Montréal “and<br />
shoot the breeze with him”. James restera à toujours<br />
gravé dans mon cœur. Puisse-t-il reposer en paix.<br />
Simon Medina (levrier)<br />
ERRATUM : Dans notre dernière édition, à la page 31, nous avons placé par erreur une ketouba dans l’annonce publicitaire de M. Henri Bohadana. Celui-ci nous<br />
a signalé que cette œuvre n’est pas de lui, dont acte. Nous nous excusons auprès de l’annonceur et de l’auteur de ladite ketouba pour cette erreur.<br />
LVS | SEPTEMBRE 2008 | 43<br />
DOSSIER il s’appellait James Dahan
DOSSIeR il s’appellait James Dahan<br />
James Dahan,<br />
la communauté se souvient<br />
J’ai eu la chance qu’il traverse ma vie depuis 1988. J’ai eu le privilège de travailler pour lui pendant plus de 10 ans et mon étonnement<br />
s’est chaque fois renouvelé quand je voyais avec quelle facilité il ralliait les jeunes autour de lui. Un coup de téléphone et ils étaient tous là<br />
pour lui. A quoi était dû ce charisme qui ne se démentait jamais ? Il leur a voué sa vie et ils savaient qu’il serait toujours là pour eux.<br />
James, tu vas me manquer, je perds un ami, moi qui croyais que tu serais encore là longtemps. Quelle illusion ! Merci pour ce que tu<br />
m’as apporté, merci à la providence qui m’a fait te connaître. Adieu. 600600600122Gracia, les enfants, je suis tellement triste de vous<br />
savoir endeuillés, je vous soutiens de tout mon coeur et partage votre douleur.<br />
Gisèle Azoulay<br />
44 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
James, tu n’es plus parmi nous.<br />
Je penserai toujours à toi avec<br />
tendresse. Ton passage à l’école<br />
Maimonide m’a fait prendre<br />
conscience de tes vraies valeurs.<br />
Tu es et resteras à jamais un<br />
grand homme, remarquable,<br />
souriant et attachant. Je ne<br />
t’oublierai jamais et ton souvenir<br />
restera à jamais gravé dans ma<br />
mémoire. Repose en paix et que<br />
ta famille trouve la force de surmonter<br />
ces moments difficiles.<br />
Adieu Cabri.<br />
Joelle Soussana
Cher James,<br />
En écrivant ces mots, mes yeux<br />
s’embuent. Je vois à peine les<br />
lettres. Tu vas cruellement nous<br />
manquer à tous, même si ces<br />
dernières années tu avais décidé<br />
de t’occuper de ton jardin.<br />
Malgré ton caractère bourru,<br />
ta générosité communautaire<br />
était sans borne. Un vrai scout :<br />
Toujours prêt !... à aider ces<br />
<strong>Sépharade</strong>s qui te tenaient tant<br />
à coeur.<br />
Ton charisme auprès de notre<br />
jeunesse était exceptionnel,<br />
magique. En créant le mouvement<br />
scout à Montréal, tu as<br />
créé une solidarité indéfectible<br />
chez nos jeunes et tu as donné<br />
un sens concret à leurs valeurs<br />
juives.<br />
Toute la communauté juive de<br />
Montréal a une dette envers<br />
toi, que l’on ait été scout ou<br />
membre de PASI ou non. Je<br />
souhaite que la communauté<br />
commémore de façon appropriée<br />
l’impact de ton passage<br />
parmi nous.<br />
Aux proches parents de James,<br />
j’espère que vous trouverez<br />
dans les divers témoignages<br />
d’affection et d’admiration,<br />
un réconfort qui atténuera<br />
votre peine.<br />
Jean-Claude <strong>La</strong>sry<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 |<br />
45<br />
DOSSIER il s’appellait James Dahan
DOSSIeR il s’appellait James Dahan<br />
James Dahan zL incarnait un message de<br />
chaleur humaine et d’amitié, qui inspirera<br />
toujours ceux et celles qui ont eu le privilège<br />
de le côtoyer.<br />
Il avait une personnalité qui imprimait un<br />
regard lucide de sa profonde sensibilité et<br />
<strong>du</strong> souci permanent des autres.<br />
Sa bonne humeur trahissait sa détermination<br />
de rappeler à son entourage qu’une vie doit<br />
être vécue, et remplie de joie et d’amour.<br />
Il a toujours gagné l’amitié, l’adhésion,<br />
l’attachement et l’affection de la jeunesse<br />
<strong>sépharade</strong> aussi bien au Maroc qu’au <strong>Québec</strong>.<br />
J’aimerais dans ces moments extrêmement<br />
pénibles et douloureux, exprimer à son<br />
épouse Gracia, à ses enfants et à sa famille<br />
ma très forte affliction devant ce drame.<br />
Nous vivons cette disparition avec beaucoup<br />
de tristesse, et nous savons que rien ne<br />
peut remplacer le départ d’un époux et<br />
d’un père.<br />
Son souvenir sera gravé dans nos mémoires,<br />
et son absence sera ressentie par ses amis<br />
et sa communauté.<br />
James Dahan zL restera toujours une source<br />
d’inspiration pour chacun d’entre nous.<br />
106<br />
46 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
ralph Benatar<br />
Président sortant<br />
<strong>Communauté</strong> <strong>Sépharade</strong> Unifiée<br />
<strong>du</strong> <strong>Québec</strong>
CONDO À VENDRE OU À LOUER<br />
De 800 à 16000 p.c.<br />
ARIE AMAR :<br />
514-562-6411<br />
514-944-9147<br />
James pourquoi vous, non je ne le crois pas et ne le<br />
croirai jamais, vous êtes toujours là avec nous. N’est ce<br />
pas !<br />
Lorsque je me suis présentée à la CSQ pour la 1ere<br />
fois en 1992 immigrante de France, je ne savais pas ce<br />
que c’était la <strong>Communauté</strong> <strong>sépharade</strong>. Au fil des jours<br />
grâce à vous j ai appris ce qu’est un <strong>sépharade</strong> tout<br />
d’abord, un communautaire, et ce qu’est l’humanité, et<br />
surtout les paniers de fêtes qui étaient un compte de<br />
fée pour moi, je n’ai que de bons souvenirs passés à la<br />
CSQ. Comment les oublier ! Chanceux ceux qui ont eu<br />
James comme Boss, un Boss extra, un Boss merveilleux,<br />
un Boss cool, un Boss comme on en a jamais vu. James<br />
je me souviens que vous m’avez toujours demandé de<br />
vous tutoyer, me disant : ici nous sommes au <strong>Québec</strong><br />
et tout le monde se tutoie, mais je n’ai jamais pu tellement<br />
je vous respectais, tellement vous étiez un grand<br />
homme pour moi, tellement je vous admirais James, je<br />
ne trouverai jamais les mots pour vous dire combien<br />
vous allez me manquer, combien il est <strong>du</strong>r de supporter<br />
cette douleur, combien il sera difficile de l’accepter.<br />
Que D. aide toute la famille. Amen<br />
James tu seras à jamais dans mon cœur<br />
comme dit Sénèque on a des mots pour dire une peine<br />
légère mais les grandes douleurs ne savent que se taire.<br />
Olga Lecousy<br />
(projet)<br />
SECTEUR CHABANEL<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 | 47<br />
DOSSIER il s’appellait James Dahan
DOSSIeR il s’appellait James Dahan<br />
Pasi<br />
l’œuvre inachevée<br />
de James Dahan...<br />
48 | SEPTEMBrE 2008 | lvs
Mes sincères condoléances à la famille Dahan.<br />
Écrire ces quelques mots est tellement difficile vu<br />
l’importance que Cabri a joué <strong>du</strong>rant mes débuts de<br />
communautaire. De plus, si aujourd’hui j’ai fondé avec<br />
ma femme une famille en Israël, je peux honnêtement<br />
dire que Cabri, à travers les programmes PASI, JLS et<br />
en général grâce à son support constant, a joué un<br />
rôle dans ma décision d’avoir fait Aliyah.<br />
Merci pour tout ce que tu as fait.<br />
Eric E<br />
Cher Cabs,<br />
I can’t believe that you’re gone... So much of who<br />
I’ve become today is owed to you. We worked<br />
closely together for many years planning Pasi and<br />
in that time I learned so much. I have so many fond<br />
memories of you. Like when you sent me alone at<br />
the age of 21 to exchange $125 000 (for PASI 1997)<br />
downtown by metro ! I realize now that you did it to<br />
give me confidence and to show me that you trusted<br />
me. you’ve touched the lives of many with your<br />
unbelieveable generosity. I am so grateful to have<br />
learned from you. The community has lost a great<br />
man but your spark will remain in us forever. Thank<br />
you for your patience, wisdom, integrity, generosity,<br />
and your passion for eretz Israel.<br />
Tout le reste, c’est la couleur des bonbons.<br />
Adieu,<br />
Annie Krespil<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 | 49<br />
DOSSIER il s’appellait James Dahan
DOSSIeR il s’appellait James Dahan<br />
50 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
A Cabri.<br />
Nous étions sensés nous rencontrer le<br />
lendemain même de ton départ de ce<br />
monde, à Beer Sheva. Juste pour prendre<br />
un pot et rencontrer tes bons amis à toi<br />
ici. Beer Sheva, le bastion <strong>du</strong> projet PASI.<br />
<strong>La</strong> capitale <strong>du</strong> Néguev pour lequel tu as<br />
tant investi : Netivot, yerucham, Dimona,<br />
Ofakim, etc.<br />
Et moi, qui téléphone à ton frère Joe,<br />
pour fixer l’heure de notre rencontre,<br />
et j’apprends cette tragique nouvelle.<br />
Leadership, organiser tout en<br />
improvisant, récolter des fonds pour<br />
atteindre ses buts, sensibiliser aux<br />
causes sociales- surtout dans le Sud<br />
d’Israël, maitriser les principes de travail<br />
avec les jeunes, les bénévoles, la communauté.<br />
être fier de son patrimoine<br />
et savoir apprendre de tous. Ce ne sont<br />
que quelques exemples des valeurs qui<br />
sont si ancrées chez des centaines et<br />
centaines de jeunes et moins jeunes de<br />
notre communauté, grâce à toi, Cabri.<br />
Nos Sages nous enseignent : « tous ceux<br />
qui s’occupent des affaires publiques et<br />
communautaires avec conviction, le Saint<br />
Béni soit-Il, lui paiera leurs mérites »- leurs<br />
mérites et non pas Son mérite- c’est-àdire<br />
le mérite de tous lui revient.<br />
Aujourd’hui, voilà 5 ans déjà que j’ai fait<br />
mon alyah en Israël et j’habite dans le<br />
Sud, dans la région de Beer Sheva par<br />
l’amour sioniste que tu as réussi à nous<br />
inculquer à tous.<br />
Juste ce dernier shabbath, je disais à ma<br />
femme que j’avais hâte de rencontrer, ici<br />
en Israël, “MOrI VÉ rABI”, en Hébreu<br />
Mon maitre et mon Mentor.<br />
Cette triste nouvelle a affecté des<br />
dizaines de personnes ici, à Beer Sheva<br />
qui parlent encore de toi et de PASI.<br />
Le maire de Beer Sheva, les dirigeants de<br />
la municipalité, notre cher Avi Doron, et<br />
tous qui t’ont côtoyé ici en Israël, dans le<br />
Néguev, se joignent à nous pour présenter<br />
leurs condoléances aux familles <strong>du</strong> défunt.<br />
Que D. nous réconforte tous et fasse<br />
valoir les grands mérites de cet homme<br />
exceptionnel qui a toujours entonné le<br />
chant Scout “pour le bien toujours prêt. “<br />
Tehe nafsho Bitsror Hayim,<br />
Arie Levy<br />
représentant de la Fédération CJA<br />
de Montréal en Israël.<br />
PAC 1993-1994, Scouts Israelites 1995-1998, PASI 1999
Pour l’émergence d’une<br />
Fondation<br />
James Dahan<br />
Mady Anidjar - souhaite élaborer un projet de grande envergure pour aider les jeunes <strong>sépharade</strong>s. Elle<br />
souhaite, dans le prolongement de l’œuvre de James Dahan, améliorer la vie sociale de quelques centaines<br />
de membres de la communauté qui, en dehors <strong>du</strong> travail, de l’Université, <strong>du</strong> Cégep, des discothèques...<br />
aimeraient trouver et donner un sens à leur vie à travers des projets collectifs.<br />
Elle souhaite ainsi créer la Fondation James Dahan et faire qu’elle vive longtemps, qu’elle apporte aux<br />
jeunes ce que James Dahan a toujours donné et toujours souhaité : voir les gens heureux, pleins de vie,<br />
comme l’étaient vos parents au temps <strong>du</strong> « y », et qu’ils attendaient impatiemment le dimanche et le<br />
mercredi pour se rencontrer.<br />
Il faut, selon elle, réussir et toutes les personnes qui vont décider d’aider la Fondation à fonctionner<br />
doivent savoir que c’est pour longtemps, et que ça doit marcher. Avec votre aide les jeunes, et tous<br />
les autres qui pourraient envoyer des mails, téléphoner, organiser, quêter de l’argent, en donner....<br />
parce que, c’est évident, on en aura besoin.<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 |<br />
51<br />
DOSSIER il s’appellait James Dahan
DOSSIeR il s’appellait James Dahan<br />
207 J’étais un jeune éclaireur au Maroc quand<br />
James Dahan se distinguait déjà. Par son<br />
savoir faire, son intégrité, sa manière calme de<br />
faire les choses il était et reste remarquable.<br />
C’était un faiseur, une figure de proue et un<br />
vrai leader qui voulait, qui pouvait changer les<br />
choses et qui le faisait.<br />
Professionnel et passionné par la communauté,<br />
il lui a donné une place privilégiée dans<br />
sa vie et la communauté en reconnaissant<br />
son travail et ses compétences, l’a toujours<br />
reconnu et apprécié à sa juste valeur. Qu’il<br />
repose en paix<br />
A mon bon ami Cabri<br />
Condoléances<br />
Toi, chef de troupe et moi éclaireur, ensemble nous avons goûté aux grandes joies <strong>du</strong><br />
scoutisme. J’ai toujours vu en toi un leader né car tu as touché chacun qui a croisé ta Bob Ore Abitbol<br />
route et je suis honoré d’être de ceux-là et de pouvoir aujourd’hui te le dire.<br />
Ta vie entière, tu l’as mise au service des autres, puisse alors le cumul de tous nos<br />
témoignages te hisser au sommet pour que tu jouisses enfin de la paix dans le repos<br />
bien mérité.<br />
Shalom Cabri<br />
Joseph Levy (Epervier)<br />
52 | SEPTEMBrE 2008 | lvs
Pour lui, c’était<br />
scouts toujours<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 |<br />
53<br />
DOSSIER il s’appellait James Dahan
DOSSIeR il s’appellait James Dahan<br />
Cabri, il est <strong>du</strong>r de croire que tu n’es<br />
plus là. Quand j’étais jeune, tu étais la<br />
flamme <strong>du</strong> Centre Communautaire Juif<br />
et tu as su allumer en moi une flamme<br />
qui brûle avec une passion pour notre<br />
communauté. C’est toi il y a dix ans<br />
qui m’a embobiné (comme tu savais si<br />
bien le faire) dans les scouts et qui m’a<br />
donné la chance de découvrir ce mouvement<br />
incroyable qui te tenait tant<br />
à cœur. Grace à toi, j’ai participé à un<br />
voyage de formation en France auprès<br />
des EEIF, là j’ai rencontré un homme<br />
que j’ai fini par épouser. Aujourd’hui,<br />
j’espère que nous serons à la hauteur<br />
pour pouvoir continuer ce que tu as<br />
commencé avec les EEIC. Cabri tu étais<br />
une personne extraordinaire, rempli<br />
d’un amour pour Israël et la jeunesse<br />
que je n’ai encore jamais vu. Tu<br />
incarnais la vraie définition <strong>du</strong> Leader,<br />
attentif, efficace, généreux et ponctuel.<br />
Cabri que ton âme repose en paix, car<br />
tu vas nous manquer mais jamais tu ne<br />
seras oublié...<br />
Jessica Amar-Neuman<br />
toté LOUVE<br />
Cette nouvelle de ton décès a eu l’effet d’une bombe, car, on ne pouvait<br />
pas imaginer que tu étais mortel. Les plus grandes réalisations communautaires<br />
ici ont été à la base faites par toi, et je suis fier d’y avoir<br />
participé et d’avoir été à tes côtés dans ces moments-là. Ton charisme<br />
a fait que des milliers de jeunes ont eu le goût de se dépasser toujours<br />
pour une bonne cause, que ce soit les scouts au Maroc, le peu de<br />
temps passé à Paris, ou les réalisations à Montréal (CCJ, Chorale, PASI,<br />
Éclaireurs, etc..) .<br />
« Pour le bien toujours prêt » C’était ta devise et tu l’as prouvé à maintes reprises<br />
James, Cabri, je garderais toujours ton sourire en coin et je suis persuadé<br />
que tu es en train d’organiser quelque chose là où tu es. Mes pensées<br />
vont à tes enfants, Martine, Philippe, Cynthia et Jackie, ainsi qu’à Gracia<br />
Dave Dadoun<br />
54 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
Cher Cabri, notre chef...<br />
Tu as été notre chef ici à Montréal après<br />
avoir été, au Maroc, celui de notre<br />
père, Elie Benchetrit, que tu appelais<br />
souvent Platon. Tu nous a fait vivre<br />
de merveilleux moments et ça nous ne<br />
l’oublierons jamais. Que la terre te soit<br />
légère et que ton souvenir demeure à<br />
jamais dans nos cœurs.<br />
José et Jonathan Benchetrit
Comment se portent les<br />
EI ?<br />
Après une cinquième année d’existence à Montréal, les plus rassembleuse et plus riche intellectuellement. L’é<strong>du</strong>cation <strong>du</strong> jeune<br />
Éclaireuses et Éclaireurs Israélites <strong>du</strong> Canada se devaient de par le jeune nous permet de créer <strong>du</strong> leadership et de former nos pro-<br />
faire un bref état des lieux. Camps, activités, shabbatons, pres cadres. Et ces cadres dépassent les frontières <strong>du</strong> mouvement ! À<br />
tikoun olam... les EI s’efforcent d’apporter, tout au long de Montréal, bon nombre des cadres communautaires sont issus des scouts<br />
l’année, des moments d’exception dans la vie et l’évolution de Cabri. En France, avec une plus grande visibilité <strong>du</strong> mouvement, ce<br />
des jeunes juifs de Montréal. Mais qui sont-ils exactement ? sont la plupart des leaders et des intellectuels juifs qui sont issus des EI.<br />
Et qui sommes-nous, nous, les EI de Montréal ?<br />
Vieux de 85 ans en France, les EI de robert Gamzon ont su devenir le<br />
Pour tous ceux-là, les EI ont été un tremplin, une formation, et surtout<br />
un excellent moment de leur vie.<br />
premier mouvement de jeunesse juif français avec des effectifs de plus Pour toutes ces raisons, les EI de Montréal se réclament tout autant de<br />
de 5000 personnes dont près de 500 animateurs. Quelle a été la clef de l’héritage français que de l’héritage de Cabri. Aujourd’hui, les défis ne<br />
ce succès ? Avant tout, une histoire <strong>du</strong> mouvement qui a su s’adapter sont pas les mêmes. Il s’agit de s’adapter aux évolutions spécifiques de la<br />
à chacune des évolutions religieuses, sociales ou technologiques que société actuelle québécoise. Intégrer plus de technologie dans notre mé-<br />
présentait le cadre français. En arrivant à Montréal, le défi des EI a thode pédagogique tout en apprenant à vivre sans. Contrer l’isolement<br />
donc moins été de recréer à l’identique le mouvement tel qu’il était en de certains jeunes. Intégrer l’immigration juive montréalaise. redonner<br />
France ou au Maroc que d’apporter un outil pédagogique souple qui <strong>du</strong> punch à la jeunesse juive car elle est l’avenir de notre communauté,<br />
saurait faire évoluer sur le long terme les jeunes de notre communauté. et la communauté se doit d’être représentative de toutes les tendances<br />
Le modèle d’é<strong>du</strong>cation des EI repose sur le judaïsme, le scoutisme et juives montréalaises, et pas seulement d’une minorité fréquentant quel-<br />
le civisme. Le judaïsme et le civisme car ils sont notre réalité. Quant au<br />
scoutisme, il met en avant des valeurs saines comme la responsabilisaques<br />
écoles juives ou quelques synagogues.<br />
tion, la débrouillardise ou l’entraide, et donne un cadre d’ouverture au Aujourd’hui plus que jamais, nous nous devons de rendre hommage à<br />
mouvement.<br />
l’œuvre de Cabri, à une certaine idée de notre communauté et à une volonté<br />
de mettre en avant la jeunesse. Même si la plupart d’entre nous ne<br />
Ainsi chaque année se côtoient aux EI des jeunes de toutes tendances l’ont connu que de loin, il a insufflé à tous l’envie irrépressible de pour-<br />
religieuses et de toutes origines géographiques ou sociales, se rassemblant<br />
autour d’un projet commun basé sur le sentiment identitaire <strong>du</strong><br />
judaïsme. Le pluralisme (mis en œuvre à travers le minimum commun<br />
suivre l’aventure scoute, toujours prêt et toujours de bonne humeur.<br />
religieux) nous permet de développer une communauté plus ouverte,<br />
Nathan Hibou Bedock<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 |<br />
55<br />
DOSSIER il s’appellait James Dahan
PORTRAIT d’ici<br />
Pasteur Thomas Vanda :<br />
un Africain au pays<br />
de tous les siens<br />
Par EmmanuEllE assor<br />
«Noirs et Juifs, mêmes racines, même destinée». Voilà le<br />
titre intrigant d’une conférence présentée par le pasteur<br />
Thomas Vanda en février 2008, lors <strong>du</strong> Mois de l’histoire des<br />
noirs. Au nombre des conférenciers figurait le Grand Rabbin<br />
<strong>du</strong> <strong>Québec</strong> David Sabbah ainsi que le pasteur Thomas Vanda,<br />
président de l’association Réunification Juda-Israel, jeune<br />
organisation qui n’existe que depuis 4 ans et dont l’action<br />
gagne à être connue.<br />
Titulaire d’un doctorat en théologie obtenu au Brésil, Secrétaire<br />
<strong>du</strong> centre évangélique francophone de la Borne en Afrique centrale,<br />
président de la chambre de commerce Brésil-Congo et résident canadien<br />
depuis dix ans, le pasteur Thomas Vanda a une impressionnante<br />
feuille de route. Le sujet de sa thèse de doctorat, et non le<br />
moindre : « Les grands secrets d’Israël découverts chez les Bantous<br />
d’Afrique et le sens sacré <strong>du</strong> livre le Cantique des Cantiques de<br />
Salomon tra<strong>du</strong>it selon la palabre africaine ». Son projet le plus cher :<br />
créer une plate-forme pour que les Africains et les Juifs puissent<br />
se retrouver puisqu’ils ont les mêmes origines, ce qu’ils ne savent<br />
probablement pas.<br />
56 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
Après de longues années d’études et de recherches, M. Vanda nous<br />
explique que la présence juive en Afrique remonte au temps <strong>du</strong> royaume<br />
d’Israël et des 10 tribus ayant évolué vers la création de plusieurs Etats<br />
africains. Selon lui, ces racines communes expliqueraient le fait que les<br />
Noirs ont vécu les mêmes difficultés que les Juifs tout au long de leur<br />
histoire. M. Vanda abonde en exemples et nomme Napoléon et Hitler<br />
comme persécuteurs communs de ces deux peuples. Il ajoute que ces<br />
persécutions ont eu lieu afin que les oppresseurs puissent contrôler des<br />
territoires et des civilisations, sujet toujours d’actualité aujourd’hui.<br />
«Pour tout être humain, son identité est la chose la plus importante.<br />
C’est pourquoi nous sommes tous à la recherche de qui nous sommes<br />
et d’où nous venons» affirme-t-il sans hésitation. Équipé de nombreux<br />
documents appuyant sa thèse, M. Vanda démontre la présence juive en<br />
Afrique : symbole d’Israël, les oiseaux de proie sont souvent utilisés dans<br />
l’imagerie africaine. Au Congo, le peuple des Bambala (le mot Bambala<br />
vient de Ben-Baala) présente des particularités qui les rapprochent de la<br />
culture ancienne juive. Par ailleurs, tous leurs villages portent des noms<br />
bibliques ou yéménites. Autre exemple, le nom de zimbabwe est un<br />
diminutif <strong>du</strong> mot shona zimba remabwe (grande maison de pierre) et M.
Vanda souligne que le mot Shona vient de Sion. Au Burundi, le drapeau<br />
de l’Etat affiche fièrement 3 étoiles de David, symbole <strong>du</strong> royaume <strong>du</strong><br />
Congo. (Selon M. Vanda, 99% des Congolais seraient juifs). Des études<br />
scientifiques confirment aussi que les membres <strong>du</strong> peuple Lemba ayant<br />
formé l’Angola, anciennement nommé Golan, sont des descendants des<br />
prêtes d’Israël ayant le même ADN que les Cohen. Enfin, car la liste des<br />
similarités est longue, il paraît que les rites lors d’un mariage ou d’un enterrement<br />
africain seraient les mêmes pour un Juif que pour un Africain,<br />
<strong>du</strong> Sénégal jusqu’en Afrique <strong>du</strong> Sud.<br />
Selon le pasteur Vanda, cette relecture originale de l’histoire est prophétique<br />
et actuelle.<br />
«<strong>La</strong> prophétie concorde avec le développement des choses» nous dit-il<br />
avec assurance.<br />
Il ajoute même que «la réunification des deux peuples ne saurait tarder<br />
car nous vivons dans des temps bibliques». Concrètement, que cette<br />
théorie plaise ou déplaise, son but est de rapprocher des peuples. Sa<br />
proposition est simple : grâce à la religion, créer des groupes d’échanges<br />
et regrouper des éléments culturels pour mieux se retrouver.<br />
M. Vanda ne cache pas son attachement à Israël et il aimerait que de<br />
nombreux Africains fassent des pèlerinages en Terre sainte. De la même<br />
façon, il souhaiterait voir des Juifs visiter l’Afrique, berceau commun de<br />
ces deux civilisations. Il conclut que la libre circulation des deux peuples<br />
mènera à elle seule à leur réunification.<br />
A ce jour, trois facultés de théologies africaines supportent le projet<br />
réunification Juda-Israël ainsi que de nombreux étudiants et chefs de<br />
tribus. A Montréal, le terrain semble propice pour des échanges, des liens<br />
ayant déjà été tissés avec la communauté Bavili, avec celle des Loubavitch<br />
et avec le peuple congolais. Les conférences de réunification Juda-Israël<br />
vont bon train et il paraît que plusieurs en ressortent bouleversés.<br />
Homme de paix et de religion, M.Vanda a de nombreux projets en<br />
tête dont la réalisation d’un documentaire et d’un film qui expliqueront<br />
l’histoire <strong>du</strong> peuple africain et ses racines juives. D’ici là, gardons les yeux<br />
sur ce pasteur qui n’a pas fini de nous surprendre. |<br />
Pour plus de renseignements : www.rjudaisrael.org<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 | 57<br />
PORTRAIT d’ici
POInTS De vue<br />
Les défis <strong>du</strong> nouveau<br />
grand rabbin de France<br />
Par Victor malka<br />
gilles bernheim: 184 voix ; Joseph sitruk: 93. Formulé de cette<br />
manière, le résultat des élections au grand rabbinat de France<br />
qui se sont déroulées le 22 juin dernier, est explicite par luimême.<br />
les amis les plus fidèles <strong>du</strong> nouveau grand rabbin de<br />
France n’avaient jamais osé imaginer, dans leurs scénarii les<br />
plus optimistes, un tel score. en effet, les choses semblaient<br />
au départ, selon tous les observateurs, serrées et l’un ou<br />
l’autre des deux rabbins aurait pu l’emporter, sans constituer<br />
de véritable surprise. l’étonnant a été donc l’écart des résultats<br />
obtenus par les deux concurrents. il faut cependant dire<br />
que les deniers jours de la campagne électorale menée par les<br />
soutiens des deux rabbins, ont donné lieu à de disgracieux<br />
dérapages qui ont défrayé la chronique nationale. Certains se<br />
sont mis à développer le thème selon lequel, bernheim étant<br />
beaucoup trop proche des milieux chrétiens, « on allait désigner<br />
un cardinal comme grand rabbin de France ».<br />
Il n’est pas interdit de penser que la violence ainsi insufflée à la campagne<br />
aura, en dernier ressort, joué contre ceux qui ont intro<strong>du</strong>it dans<br />
le débat public ce thème guère reluisant. Sans doute aussi quelques<br />
électeurs laïcs ont dû se raviser à la dernière minute et ont décidé de<br />
punir ceux qui avaient pris l’initiative de ce dérapage.<br />
Par-delà la signification des chiffres et les conséquences que les<br />
dérapages en question ont pu avoir sur le résultat, il y a incontestablement<br />
le fait que cela faisait 21 ans que le grand rabbin Sitruk<br />
occupait ce poste de chef spirituel et que, de l’avis de bien des<br />
responsables et d’une partie non négligeable des fidèles, nul ne<br />
pouvait prétendre de bonne foi que le bilan d’activité des deux décennies<br />
à la tête <strong>du</strong> rabbinat français ait été exceptionnel ou même<br />
impressionnant.<br />
L’ancien grand rabbin de France est certes un homme de qualité<br />
possédant un grand charisme personnel. Il sait, quand il s’adresse<br />
58 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
aux auditeurs, soit lors de conférences, soit encore lors des cours<br />
qu’il dispense, comment retenir leur attention. Il chante son texte<br />
plus qu’il ne le récite. Il y mêle en permanence légendes et propos<br />
poétiques. Il sait émouvoir et cela plaît assurément en particulier à<br />
ses jeunes auditeurs. Mais est-ce seulement cela qu’on attend de la<br />
part d’un grand rabbin de France ? A-t-il par exemple, peu ou prou,<br />
transformé le Séminaire rabbinique afin que les nouveaux jeunes<br />
rabbins qui en sortent soient plus en symbiose avec les évolutions<br />
<strong>du</strong> judaïsme français ? N’a-t-il pas souvent donné le sentiment aux<br />
uns et aux autres de prêcher pour un judaïsme proche des milieux<br />
intégristes ? Bref, qui pourrait contester que le grand rabbin Sitruk<br />
quitte ses fonctions en ne laissant pas une meilleure situation que<br />
celle qu’il a trouvée en y arrivant il y a 21 ans.<br />
Les intellectuels juifs ont été nombreux à prendre position contre<br />
Sitruk. L’un d’entre eux, Armand Abécassis, professeur de philosophie,<br />
a écrit, la veille de l’élection, un article où il expliquait que, selon lui, le<br />
judaïsme français est spécifique et ne doit pas perdre son identité ni se<br />
dissoudre dans les autres modalités américaine, allemande ou polonaise.<br />
Et Abécassis ajoutait une critique à peine à fleurets mouchetés des choix<br />
et de l’idéologie <strong>du</strong> grand rabbin Sitruk : « <strong>La</strong> tâche importante <strong>du</strong> grand<br />
rabbin de France est de veiller à la sauvegarde et à l’originalité <strong>du</strong> judaïsme<br />
français comme à son unité et à sa spécificité, unissant la hokhma<br />
ou sagesse des nations à la Torah ou sagesse juive ».<br />
C’est seulement le 1 er janvier prochain que le rabbin Sitruk passera<br />
ses pouvoirs à son successeur. Le grand rabbin Bernheim s’est engagé<br />
à s’adresser à tous les juifs de France, qu’ils soient pratiquants ou non.<br />
Il proclame sa volonté de diriger le rabbinat de façon moderne et de<br />
renforcer les piliers de la vie juive française.<br />
Il ne se passera sans doute pas beaucoup de temps avant qu’on<br />
puisse se faire une idée précise <strong>du</strong> style de travail <strong>du</strong> nouveau<br />
grand rabbin. Ce qui est certain c’est qu’il a beaucoup de pain sur
la planche. Il devra très vite faire ses preuves et montrer en quoi il<br />
diffère de son prédécesseur.<br />
Quinquagénaire, le grand rabbin Gilles Bernheim a fait des études de<br />
philosophie en même temps qu’il se formait dans un kollel en Israël.<br />
Tandis que ses parents voulaient faire de lui un médecin, il se voyait,<br />
lui, en professeur de géographie. C’est en rencontrant des rabbins et<br />
des enseignants « lumineux et attentifs » qu’il a décidé de se tourner<br />
vers le rabbinat. Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, avec<br />
qui Bernheim vient de signer un livre remarquable et remarqué, dit de<br />
lui qu’il ne fait jamais dans la démagogie. Et il souligne « les qualités<br />
intellectuelles de cette belle figure d’humanité, attentif à la vie sociale,<br />
homme de Dieu, de prières et d’étude »<br />
Comme les amis <strong>du</strong> rabbin Sitruk lui ont reproché de trop mettre l’accent<br />
sur le dialogue judéo-chrétien, Bernheim répond qu’outre que ce<br />
dialogue est indispensable, il doit, à ses yeux, servir d’exemple à celui qui<br />
devrait s’instaurer entre juifs et musulmans.<br />
C’est un rabbin qui lit tous les jours le journal « L’Equipe » et qui fait <strong>du</strong><br />
ski régulièrement qui vient d’être appelé aux responsabilités. Veut-il marier<br />
modernité et traditions ? On peut le penser. Dans le livre qu’il vient de signer<br />
The<br />
Demographic<br />
Scare in<br />
Israel<br />
JEan-michEl ryknEr<br />
MYTH<br />
&<br />
REALITY<br />
Israel’s Prime Minister and many Israeli politicians are<br />
convinced that demography constitutes a lethal threat to<br />
the existence of Israel. They employ demographic scare tactics<br />
to galvanize support for “disengagement” from Judea<br />
& Samaria.<br />
This is a mistaken and distorted view according to the documents presented<br />
to the US Congress and largely discussed in Israel since its first<br />
presentation in january 2006 at the famous Herzlyiah Conference by<br />
demographer and Ambassador (ret.) yoram Ettinger, a member of the<br />
American-Israel Demographic research Group (AIDrG).<br />
Ettinger who served as Minister for Congressional Affairs at Israel’s<br />
Embassy in Washington, Israel’s Consul General in Houston and<br />
Director of Israel’s Government Press Office notes that pessimistic<br />
avec le cardinal Barbarin, il déclare entre autres : « A mes enfants, j’apprends<br />
deux choses : à vivre des rites ensemble et à ouvrir des livres. Pourquoi ?<br />
Parce que le réseau de significations est infini, donc difficilement transmissible.<br />
Il est fragile, insaisissable, mouvant, car lié à toute la complexité de celui<br />
qui transmet ». Et on y trouve aussi cette belle définition : « L’humour est<br />
une manière de ne pas faire peser sur l’autre la dimension tragique de notre<br />
existence : c’est la fine pointe spirituelle de la charité » |<br />
predictions about Jewish growth in Israel “systematically crash upon<br />
the cliffs of reality.”<br />
It basically says that there is a demographic challenge to the Jewish<br />
State, but there is no “demographic sword” on its throat, and the trend<br />
of the last 100 years – and certainly of the last 10 years – has been<br />
con<strong>du</strong>cive to a robust Jewish majority. Israel’s population is currently at<br />
7.3 million, and over 75% jewish.<br />
In 1948-51, an exchange of populations occurred when 820,000<br />
Jewish refugees were expelled from – or fled - Arab countries, while<br />
315,000 Palestinian refugees were created by the aforementioned developments.<br />
A mega-million population exchange took place between<br />
India and Pakistan (Hin<strong>du</strong>s and Muslims) and in East Europe (Poles<br />
and Germans). 100 million refugees were created via wars since World<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 | 59<br />
POINTS DE VUE
POInTS De vue<br />
The<br />
Demographic<br />
Scare in<br />
Israel<br />
War II and 80 million refugees <strong>du</strong>ring 1933-45. Most of them are no<br />
longer refugees.<br />
The 1948/9 Palestinian-Arab refugees totaled 315,000, in contrast to<br />
conventional “wisdom”. 800,000 Palestinian Arabs resided within the<br />
“Green Line” before the war and 170,000 remained at the end of the<br />
war. Of the 630,000 gap, 100,000 were absorbed after the war by Israel,<br />
100,000 (middle and upper class) were absorbed by surrounding Arab<br />
countries, 50,000 were migrant laborers who returned to their countries,<br />
50,000 were Bedouins who joined their tribes in Jordan and Egypt and<br />
10,000-15,000 were war fatalities.<br />
The number of Arabs in Judea & Samaria – which has been accepted by<br />
Israel’s demographic, media, political and security establishments – has<br />
been inflated by 70% (1.5 million and not 2.5 million !). The number of<br />
Arabs in Judea & Samaria and Gaza has been inflated by over 50% (2.6<br />
million and not 4 million !).<br />
They did not know that the Palestinian Central Bureau of Statistics<br />
(PCBS) base number and projections include some 400,000 overseas<br />
residents, in contravention of internationally-accepted demographic<br />
standards, which consider only de-facto residents (e.g. Israel subtracts<br />
from its count any Israeli who stays away for over a year). They were<br />
unaware of the double-count of some quarter million Arabs, who reside<br />
within Jerusalem’s Israeli municipal lines (as Israelis by the ICBS<br />
(Israel Central Bureau of Statistics) and as West Bankers by the PCBS).<br />
They ignored PCBS’ assumption of a massive net-Immigration of over<br />
300,000 Arabs to Judea & Samaria and Gaza (since 1998), which has<br />
been disproved by a massive net-Emigration of over 100,000. 105,000<br />
Palestinians received Israeli ID cards (through marriage) <strong>du</strong>ring 1997-<br />
2003, 150,000 since 1993 and over 250,000 since 1967.<br />
Israel’s demographic establishment accepted PCBS projections in spite of<br />
the fact that they were based on an assumed population growth rate that<br />
would have been twice as high as the five leading countries in the world in<br />
population growth rate: Afghanistan, Somalia, Eritrea, Niger and Sierra Leon.<br />
The gap between myth and reality is as dramatic within the “Green<br />
Line,” highlighted by the remarkable decline in Arab fertility. Thus,<br />
the Jewish-Arab fertility gap has shrunk from 6 children per woman, in<br />
1969, to 0.8 in 2006 (Haaretz April 12, 2007). For the first time, since<br />
1948, there is a convergence between Arab and Jewish fertility rates in<br />
Jerusalem – 3.9 children per woman. While the annual number of Arab<br />
births has stabilized at 38,500 since 1995, the annual number of Jewish<br />
births (including the Olim from the former USSr, who are not recognized<br />
yet as Jews by the rabbinate) has increased by 36% <strong>du</strong>ring the last 12<br />
years – from 80,400 to 109,188 per year ! In 1995, the number of Jewish<br />
births amounted to 69% of total births, in 2006 it increased to 74% and<br />
<strong>du</strong>ring the first half of 2007 it reached 75% ! Since 1949, the Jewish<br />
population grew 9 times, while the Arab population grew 3 times.<br />
60 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
Moreover, according to yedioth Acharonot” (April 8, 2007), 38% of<br />
Palestinians wish to emigrate, according to a February 2007 survey con<strong>du</strong>cted<br />
by A-Najah University in Nablus and a survey con<strong>du</strong>cted by Nabil<br />
Kukali’s research center in Beit Sakhur. A September 2006 study, by Bir<br />
zeit University, indicated that 44% of the 20-30 age group, and 32% of<br />
the total Palestinian population, want to emigrate.<br />
45,000 emigration requests were submitted to foreign Consulates <strong>du</strong>ring<br />
the second half of 2006.<br />
yoram Ettinger notes that until 2000, most emigrants were Christians,<br />
but since then most have been Moslems, bureaucrats, intellectuals and<br />
businessmen. Palestinian net-emigration has been a regional phenomenon<br />
since 1950.<br />
Palestinian annual average net-emigration has exceeded 10,000,<br />
reaching 16,000 in 2005, and a higher level in 2006 (25000), as a result<br />
of the January 2006 Hamas ascension to power. Emigration has increased<br />
substantially, while the PA has become the highest recipient of<br />
foreign aid per capita.<br />
Notwithstanding its serial blunders, Israel’s demographic establishment<br />
convinced Israeli movers and shakers that demography was supposedly<br />
a liability, while in fact it has been a strategic asset. It impressed upon<br />
Israel’s policy-makers that the demographic threat was lethal and more<br />
significant than historical and security considerations, in determining the<br />
future of Judea & Samaria.<br />
Paradoxically, zionist leaders rejected demographic fatalism when<br />
Jews constituted a mere 8% minority (Herzl – 1900) and a 33% minority<br />
(Ben Gurion – 1947).<br />
In 1948, Prof. Bacchi (founder of the ICBS, Israel Central Bureau<br />
of Statistics) attempted to persuade Ben Gurion to postpone<br />
declaration of independence until Jewish demography (600,000)<br />
improves, lest there be a Jewish minority in 1967 within the mini-<br />
1947 borders. But, in 1967 there was a 14% Arab minority within<br />
the expanded-1949 borders ! In 1967 and in 1973, the demographic<br />
establishment pressured Prime Ministers Levy Eshkol and Golda<br />
Meir to retreat from Judea & Samaria and Gaza, in order to avoid<br />
an Arab majority west of the Jordan river by 1987/90. But, in 1987<br />
there was a 62.4% Jewish majority, compared with a 63.35% majority<br />
in 1967, <strong>du</strong>ring the peak of Arab population growth rate. In<br />
1949, Prof. Bacchi contended that there would be no Aliya to the<br />
poor, conflict-ridden Jewish State. But, about 1 million Olim (immigrants)<br />
arrived in 4 years.<br />
Professor Sergio DellaPergola( of Hebrew University ), a senior member<br />
of Israel’s demographic establishment, has followed in the footsteps<br />
of his mentor, Prof. Bacchi. In the mid-1980s, he stated that there would
e no substantial Aliya from the USSr for economic, cultural, technological<br />
and security reasons. But, one million immigrants (70 % of them<br />
Jews) arrived from the former USSr !<br />
The current Israeli political establishment has succumbed to<br />
Demographobia, at a time when the Jewish State has acquired<br />
critical mass demographically, militarily, economically and<br />
technologically.<br />
Demographic reality has vindicated early zionist leaders, who<br />
persisted in their drive to establish a Jewish State, in defiance<br />
of horrific security, financial, political and demographic odds.<br />
They did not shape strategy, in accordance with demography;<br />
they shaped demography, in accordance with strategic requirements.<br />
The current leadership subscribes to flawed assumptions,<br />
and therefore it is doomed to formulate flawed national security<br />
policy, which jeopardizes the survival of the Jewish State.<br />
The claim that Jews are doomed to become a minority, between the<br />
Jordan river and the Mediterranean, is in direct contradiction of demographic<br />
reality. Such a claim has yielded demographic fatalism, which has<br />
dominated Israel’s academic, media, political and security sectors. It has<br />
become a basis for critical national security decisions. Grossly erroneous<br />
assumptions pro<strong>du</strong>ce grossly erroneous policies.<br />
Ettinger accuses the leading Israel’s demographic establishment of<br />
“basing their predictions on linear extrapolations, which are doomed to<br />
failure, especially in the long-term. They also tend to deal with Jewish<br />
demographics in normative Western terms - corresponding income and<br />
e<strong>du</strong>cation with child-bearing - when in fact this is generally not relevant<br />
to the Jewish nation, which is non-normative.”<br />
There is a demographic problem, but it is not lethal. Moreover, the<br />
demographic momentum is Jewish and not Arab. The number of Arabs<br />
in Judea & Samaria has been inflated by 70%, “Green Line” Arab fertility<br />
has declined 20 year faster than projected by the ICBS, Jewish fertility<br />
has been higher than the ICBS’ best case scenario and Arab emigration<br />
from Judea & Samaria has been significant since 1950, boosted by a<br />
recent escalation. A retreat from Judea & Samaria geography/topography<br />
would pro<strong>du</strong>ce a relief of a non-lethal demographic burden, while<br />
exacerbating a lethal security and water burden.<br />
“Anyone contending that there is a demographic machete at the<br />
throat of the Jewish State is either drastically mistaken or outrageously<br />
misleading !” says yoram Ettinger. |<br />
Vous en avez long à dire?<br />
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lvs | SEPTEMBrE 2008 | 61<br />
POINTS DE VUE
CuLTuRe découverte<br />
Un <strong>du</strong>o de cœur à Galeria<br />
Les œuvres de Fiby Autmezgine empruntent beaucoup à l’art abstrait<br />
et, pour certains aspects, au cubisme. L’utilisation des couleurs<br />
et des volumes visent à susciter un sentiment de profondeur et<br />
d’introspection.<br />
62 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
Dans ce tableau, comme dans nombre de créations de Anny Serfaty,<br />
les teintes vives et les élans <strong>du</strong> tracé tra<strong>du</strong>isent une grande émotion<br />
et une sensibilité très prononcée.
ISRAËL<br />
au festival des films <strong>du</strong> monde<br />
Par FrédériquE Paquin<br />
Moins d’un mois après l’annonce des nominations pour les<br />
Ophir Awards (prix israéliens décernés pour le cinéma), le<br />
Festival des films <strong>du</strong> monde a offert aux cinéphiles montréalais<br />
plusieurs de ces potentiels lauréats, leur permettant<br />
ainsi de tâter le pouls de la nouvelle cuvée israélienne et de<br />
se faire leur propre idée sur cette lointaine compétition.<br />
J’étais <strong>du</strong> lot des curieux et c’est avec beaucoup d’enthousiasme que je me<br />
suis ren<strong>du</strong>e à quatre des représentations. J’ai eu un plaisir insoupçonné, mais<br />
non boudé, à renouer avec le public amateur de films israéliens que j’avais<br />
rencontré lors <strong>du</strong> festival consacré aux films de ce pays au printemps dernier.<br />
Ils étaient toujours aussi expressifs et il semble qu’en leur compagnie les comédies<br />
les plus grises s’illumineraient et les drames les plus doux deviendraient<br />
poignants ! Côté programmation je n’ai pas toujours été aussi charmée, mais<br />
j’ai assisté à une sélection suffisamment diversifiée qui m’a permis d’avoir un<br />
aperçu intéressant de cette pro<strong>du</strong>ction cinématographique en plein essor.<br />
En compétition mondiale, on retrouvait « It all begins at the sea »,<br />
film qui s’est mérité le Prix de l’innovation <strong>du</strong> festival. Ce film éton-<br />
nant, naviguant entre absurde burlesque et drame réaliste, bien que<br />
possédant quelques moments d’une grande beauté se perdait souvent<br />
sur des eaux incertaines. On y suit, à travers trois tableaux, l’histoire<br />
d’une jeune famille. Témoins des drames qui ombragent la vie <strong>du</strong> petit<br />
clan, nous n’arrivons jamais à vraiment saisir ce qui les anime. Un film<br />
somme toute agréable, mais qui part dans trop de directions et c’est<br />
bien dommage car le réalisateur, Eitan Green, sait manier un humour<br />
savoureux et nous offre quelques scènes particulièrement touchantes et<br />
d’une grande vérité sur les sentiments qui régissent le fragile équilibre<br />
de cette famille. On regrette d’avoir l’impression de manquer le bateau<br />
en cours de route.<br />
Igal Burstzyn nous propose lui aussi un film traitant avec humour de<br />
réalités humaines pas toujours rigolotes. « Out of the blue », raconte<br />
l’histoire de deux meilleurs amis, un père de famille irresponsable et son<br />
acolyte, un sympathique simplet, dont la relation apparemment inébranlable<br />
menace de s’écrouler quand les deux compères font la rencontre<br />
d’un top modèle et que l’amour vient semer la bisbille dans leur amitié.<br />
Cette comédie est l’un des chouchous des Ophir Awards, en nomination<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 | 63<br />
CULTURE cinéma
CuLTuRe cinéma<br />
ISRAËL<br />
au festival des films <strong>du</strong> monde<br />
64 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
entre autres pour le meilleur<br />
film et le meilleur acteur<br />
(Moshe Igvy). Ce dernier offre<br />
effectivement une performance<br />
particulièrement attachante et<br />
le film, malgré quelques longueurs<br />
et quelques imbroglios<br />
inutiles, est assez réussi et<br />
nous fait sourire de bon cœur.<br />
Nous sommes cependant loin<br />
de la profondeur de la comédie<br />
« <strong>La</strong> visite de la fanfare » qui<br />
avait décroché ces deux mêmes<br />
titres l’an dernier.<br />
Mes coups de cœurs vont<br />
par ailleur aux deux drames<br />
de la programmation. Avec<br />
« Pour mon père » et « Les<br />
citronniers », nous avons eu<br />
droit à deux fables humanistes<br />
sur le conflit israélo-palestinien.<br />
Tous deux s’appliquent<br />
à brouiller les frontières entre bons et méchants et à brosser un tableau<br />
à hauteur d’homme d’un conflit qui dépasse pourtant chacun des<br />
protagonistes. Si cela ne semble étonner personne de l’autre côté de<br />
l’océan, j’ai été, personnellement, agréablement surprise de constater<br />
que ces deux films, ayant pour héros des Palestiniens, étaient en lice<br />
pour plusieurs titres des Ophir awards. Un festival cinématographique<br />
comme celui de Montréal me paraît prendre tout son sens lors de projections<br />
comme celles-ci qui ouvrent de nouvelles perspectives sur le<br />
monde et permettent un dialogue précieux et rare.<br />
Pour notre plus grand bonheur, le réalisateur de « Pour mon père »,<br />
Dror zahavi, était à Montréal pour présenter son film. Celui-ci raconte<br />
les dernières heures d’un Palestinien arrivé au marché Carmel de Tel-Aviv<br />
pour se faire exploser. Le dispositif ne fonctionnant pas comme prévu,<br />
le jeune homme passera deux jours à errer et, au fil des rencontres en<br />
sol israélien, à remettre en question son acte meurtrier. <strong>La</strong> position pacifiste<br />
<strong>du</strong> réalisateur est clairement campée dans un récit bien ficelé qui<br />
réussit à captiver malgré son manque d’originalité. Outre les deux clans<br />
extrémistes, juifs et arabes, qui sévissent de chaque côté de la ligne verte<br />
et que zahavi n’hésite pas à montrer <strong>du</strong> doigt et à dépeindre comme retors,<br />
la galerie de personnages est très touchante. Un jeune Palestinien,<br />
un couple d’immigrants d’Europe de l’Est et une jeune orthodoxe en<br />
cavale se rencontrent dans des circonstances improbables et s’ouvrent<br />
l’un à l’autre, unis par la même solitude. Cette solitude est celle des<br />
êtres dont la vie est brisée par les entités qui la régissent, qu’elles soient<br />
étatiques ou religieuses. Ce qui pourrait sauver ces êtres c’est bien sûr<br />
le dialogue, point de vue peut-être naïf, mais qu’on a envie d’adopter et<br />
que Dror zahavi maintient jusqu’au bout.<br />
C’est ce même dialogue qu’il a amené jusque dans la salle <strong>du</strong> Quartier<br />
latin où Montréalais d’origines juive, palestinienne ou pure laine ont pu<br />
échanger avec lui. Et c’est cet échange qu’il regrette de ne pouvoir vivre<br />
en Palestine où un film israélien, quelle que soit la nature de son propos,<br />
n’a pratiquement aucune chance d’être distribué. Maigre consolation<br />
donc, mais ô combien appréciée, que ces quelques Palestiniens qui se<br />
sont levés pour le remercier de la justesse de son film la semaine dernière<br />
à Montréal. Mais malgré ces contraintes le réalisateur nous donne envie<br />
de croire que le cinéma peut faire sa part, aussi minime soit-elle, pour<br />
changer les mentalités et je retiendrai longtemps l’histoire de cette<br />
femme israélienne qui a abordé zahavi pour lui dire qu’elle s’en voulait<br />
d’avoir autant de sympathie pour le héros palestinien de son film alors<br />
qu’elle ne devrait que le haïr pour ce que les terroristes avaient fait à<br />
son frère, mort dans un attentat. Et si vraiment, un film pouvait apaiser<br />
la haine ?<br />
Avec plus de poésie, Eran riklis, qui nous avait donné le magnifique<br />
« <strong>La</strong> fiancèe syrienne » présenté au FFM en 2004, aborde lui aussi le<br />
thème de la cohabitation entre Juifs et Arabes. À la frontière de la ligne<br />
verte, une veuve palestinienne voit sa plantation de citronniers menacée<br />
par les velléités protectrices <strong>du</strong> ministère de la défense israélien<br />
qui y voit un éventuel repaire de terroristes, d’autant plus menaçant<br />
qu’il jouxte la nouvelle demeure de son ministre. Cette femme forte<br />
et indépendante, aidée d’un avocat charitable, se battra bec et ongles<br />
pour protéger le seul bien qu’elle possède et dont l’anéantissement<br />
équivaudrait à la négation de sa propre existence. riklis choisit de<br />
montrer l’absurdité de l’implacable logique défensive de l’État d’Israël<br />
et la disproportion de certaines de ses mesures concrètes, logique qui<br />
s’apparente trop souvent aux ridicules sophismes que le soldat chargé<br />
de surveiller les citronniers écoute en boucle, bien installé dans sa tour<br />
de garde.<br />
Si « Les citronniers » possédait toute la matière pour en tirer un film<br />
pamphlétaire, riklis en fait plutôt un récit nuancé dans lequel la caméra<br />
glisse sur un face à face silencieux entre deux femmes : la paysanne palestinienne<br />
d’un côté et la femme <strong>du</strong> ministre, bourgeoise israélienne, de<br />
l’autre. Ces femmes se regardent à travers une grille qui leur rappelle les<br />
limites dont sont faites leurs vies, mais c’est aussi dans ce face à face,<br />
jeu de miroir révélateur, qu’elles trouveront chacune la force d’avancer<br />
et de se battre pour prendre la place qu’elles estiment mériter, celle que<br />
tout homme devrait avoir, peu importe sa situation. Sur fond de conflit<br />
israélo-palestinien, c’est donc à la fois une ode à la liberté et un vibrant<br />
hommage aux femmes que riklis nous offre. Un film magnifique qui<br />
pose beaucoup de questions et laisse le spectateur charmé par le récit,<br />
mais peu optimiste face à la situation politique. « Il n’y a pas d’issue »<br />
ont simplement commenté mes voisines quand les lumières se sont<br />
rallumées. Triste constat, mais qui est allégé par un humanisme juste<br />
et profond et, encore une fois, par cet espoir d’un dialogue possible,<br />
entrevu en cours de route, bien que per<strong>du</strong> derrière un mur de béton dans<br />
les dernières minutes <strong>du</strong> film. |<br />
« Les citronniers » est présenté en salle depuis le 29 août, à Montréal.
JosEPh ElFassi<br />
Dans son livre « Les Juifs et leur avenir », Adin<br />
Steinsaltz, de par son amour inconditionnel pour<br />
Dieu, analyse tout selon l’Entité Divine comme<br />
réponse universelle. Ainsi il ré<strong>du</strong>it les théories de<br />
Marx, Freud et Einstein à la recherche d’une réponse<br />
unique et absolue qui remplace Dieu. Puisqu’ils sont<br />
Juifs, ils ne peuvent pas échapper au schéma d’analyse<br />
juif, selon l’auteur.<br />
Si ces théories peuvent se ré<strong>du</strong>ire à Dieu pour Steinsaltz, tous<br />
les domaines d’études se ré<strong>du</strong>isent à la religion, ainsi mathématiques,<br />
psychologie et autres sciences ne sont que des religions,<br />
au même niveau que le judaïsme, le christianisme et l’islam. Le<br />
problème de ces domaines, de ces sciences, selon Steinsaltz, est<br />
qu’elles se trompent, parce qu’elles ne sont pas le judaïsme.<br />
Les Juifs<br />
et leur avenir<br />
idéEs<br />
livrEs<br />
Aussi, tentative de définir le judaïsme comme une famille de<br />
laquelle on n’échappe pas (comme les Corleone!) et qui nous façonne<br />
et nous influence, peu importe notre bagage ou formation<br />
intellectuelle. Les Juifs sont une famille qui ne rejette jamais les<br />
siens (il oublie Spinoza!) et qui partage un même avenir (très peu<br />
abordé pour un livre avec un titre pareil) à cause d’une origine<br />
lointaine commune.<br />
Passons outre les critiques de la modernité laïque qu’il voit<br />
comme signes d’une décadence sociale, compréhensible pour un<br />
rabbin somme toute conservateur, Steinsaltz effleure quantité de<br />
sujets qu’il ne maîtrise pas particulièrement, et s’éloigne donc de<br />
son expertise religieuse. Un livre intéressant sur certains points<br />
(concernant des détails de la Torah et <strong>du</strong> Talmud) mais décevant<br />
dans l’ensemble. |<br />
STEINSALTz, Adin, « Les Juifs et leur avenir », Albin Michel, 212 pages, 2008<br />
Consultez l’agenda culturel de votre communauté en temps réel sur le www.csuq.org<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 | 65<br />
CULTURE idées livres
CuLTuRe idées livres<br />
Le yiddish<br />
ou l’art de<br />
se plaindre<br />
naïm kattan<br />
Kvetch : le yiddish ou l’art de se plaindre par Michael Wex,<br />
tra<strong>du</strong>it de l’anglais par Anne-Sophie Dreyfus, Editions<br />
Denoël, Paris, 319 pages<br />
Le mot yiddish « kvetch » veut dire se plaindre, se lamenter,<br />
se désoler. Michael Wex un écrivain universitaire et comédien<br />
de Toronto maintient que ce mot définit le judaïsme,<br />
celui qui pendant plusieurs générations s’est exprimé en<br />
yiddish. A travers l’histoire de cette langue, sa formation,<br />
ses métamorphoses selon les lieux et ses emprunts, il nous<br />
propose une exploration <strong>du</strong> judaïsme ashkénaze. <strong>La</strong>ngue<br />
d’emprunt au départ puisque l’allemand en constitue corps,<br />
lexique et métaphores, mais aussi langue en perpétuelle<br />
formation par ses emprunts d’abord à l’hébreu, ensuite aux<br />
langues de Pologne, Russie, Ukraine, Lituanie et plus récemment<br />
des Etats-Unis. <strong>La</strong> Shoah ayant éliminé l’immense<br />
majorité de ses locuteurs, cette langue appartient de plus<br />
en plus à l’histoire.<br />
A sa naissance, le yiddish fut la langue des pauvres, des groupes isolés,<br />
marginalisés par les majorités qui les entouraient, victimes des préjugés<br />
et périodiquement proies des pogroms. Aussi, le yiddish exprime-t-il la<br />
plainte contre le destin, avec des ingrédients pour se protéger contre le<br />
mauvais œil, et un humour consistant essentiellement en une autodérision<br />
qui est une affirmation d’une présence face à l’adversité et l’expression<br />
d’une identité fertile en créativité artistique et intellectuelle.<br />
Pour réagir à l’hostilité ambiante, les habitants des shtetls, les petites<br />
bourgades juives, ont pro<strong>du</strong>it une littérature où l’humour exprime à la<br />
fois la misère, la joie d’une continuité et la confiance d’une affirmation.<br />
Celle-ci naît de la lecture <strong>du</strong> Livre et la poursuite de l’interrogation et<br />
<strong>du</strong> débat pratiqués au cours des siècles à Babylone et à Jérusalem dans<br />
l’élaboration <strong>du</strong> Talmud. Grâce à la lecture, l’étude et la prière dans la<br />
langue ancestrale, ces groupes dispersés ont trouvé sinon une unité, <strong>du</strong><br />
moins une voix commune.<br />
66 | SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
Max Wex nous fait suivre, à travers la langue, le déroulement de la<br />
vie des Juifs de l’Europe de l’Est depuis la naissance jusqu’à la mort de<br />
l’indivi<strong>du</strong>. Il consacre un chapitre au vocabulaire de la nourriture et la<br />
désignation de ce qui est permis ou interdit par les lois diététiques de<br />
la cacheroute. Il mêle l’érudition linguistique à l’humour et à l’ironie<br />
sans jamais s’écarter des faits de la vie quotidienne et des préceptes<br />
de la Torah.<br />
<strong>La</strong> malédiction , par exemple, se mue en déchaînement de paroles qui<br />
impliquent un comportement et une pensée :<br />
Que vous possédiez mille maisons<br />
avec mille pièces dans chaque maison<br />
et mille lits dans chaque pièce.<br />
Et que vous dormiez chaque nuit dans un lit différent<br />
dans une pièce différente<br />
et que vous vous leviez chaque matin<br />
et que vous descendiez des escaliers différents<br />
et que vous montiez dans une voiture différente,<br />
con<strong>du</strong>ite par un chauffeur différent,<br />
qui vous con<strong>du</strong>irait chez un docteur différent- et ce<br />
dernier ne saurait ce qui ne va pas chez vous.<br />
Shnorer, un mot qui est passé dans le vocabulaire de l’Amérique <strong>du</strong><br />
Nord est expliqué à partir d’un comportement :<br />
Le shnorer est considéré comme un tapeur, quelqu’un qui vit aux crochets<br />
des autres. Mendier est une profession, et beaucoup de ceux qui la<br />
pratiquent jouent de la musique, chantent, font des acrobaties, nettoient<br />
les pare-brises des voitures arrêtées aux feux ou s’engagent dans d’autres<br />
activités rémunérées. Un shnorer crée un lien avec ses victimes<br />
<strong>La</strong> désignation des membres d’un couple, de l’homme et de la femme<br />
est spécifique dans son originalité :<br />
Le yiddish désigne les membres <strong>du</strong> couple de différentes manières<br />
originales, pas toutes aussi insultantes qu’elles n’y paraissent Mayn alter<br />
ou mayn alte, voire le plus démonstratif mayn altitshker ou altitshke<br />
signifient « mon vieux mari » ou « ma vieille femme », mais sont des<br />
manières très affectueuses de le dire... Appeler « vieux » son mari ou sa<br />
femme, c’est lui donner une espèce de bénédiction surprise pour qu’il<br />
(ou elle) vive longtemps – un moyen de tromper l’ange de la mort pour<br />
qu’il ne s’acharne pas sur la personne aimée<br />
Le yiddish traite le sexe ouvertement ce qui n’empêche nullement la pudeur :<br />
Un homme est obligé de céder son oyne, ses « droits conjugaux », à sa<br />
femme même s’il préfère étudier la Torah.<br />
J’ai lu ce livre avec l’appétit de la découverte. Ici et là j’ai pu reconnaître<br />
et déceler des correspondances avec le judaïsme <strong>sépharade</strong>. Certes,<br />
des comparaisons avec le judéo-arabe me manquaient mais aussi des<br />
références à Maïmonide, Ibn Paqudah ou Halevy. Cependant, je sais<br />
qu’heureusement en Israël, les études sont nombreuses et multiples sur<br />
le judéo-arabe, sur les ressemblances et les différences dans les pratiques<br />
quotidiennes des Juifs de Tlemcen, de Casablanca ou de Bagdad qui<br />
vivaient au sein de majorités musulmanes. Mais c’est d’un autre livre<br />
qu’il s’agirait. |
Retour aux<br />
pour Solly Lévy<br />
Solly Lévy en compagnie de Sandra Israël, Directrice des Editions Hébraica, de Madrid.<br />
LVS - Solly Lévy vous venez de publier un livre, El Libro de<br />
Selomó, qui a la particularité d’avoir été écrit en haketia, une<br />
langue qui malheureusement est appelée à disparaître, estce<br />
que cela signifie que c’est un peu le chant <strong>du</strong> cygne ou au<br />
contraire un sursaut pour redonner ses lettres de noblesse à<br />
une forme d’expression qui relève pour certains <strong>du</strong> folklore<br />
ou d’un passé révolu ?<br />
SL- En1977 paraît l’un des livres les plus diffusés que le professeur Haïm<br />
Vidal Séphiha ait jamais écrits, L’Agonie des Judéo-Espagnols. Le mot<br />
agonie y est employé au sens grec <strong>du</strong> terme, c’est-à-dire au sens de<br />
« lutte » (agon) : le professeur se défend d’y avoir annoncé la disparition<br />
de la langue judéo-espagnole. <strong>La</strong> même année, Séphiha publie<br />
deux thèses relatives au ladino - qu’il appelle judéo-espagnol calque,<br />
une langue essentiellement écrite, dont les structures syntaxiques sont<br />
calquées sur celles de l’hébreu - pour le différencier <strong>du</strong> judezmo, le<br />
racines<br />
judéo-espagnol vernaculaire, langue parlée aussi bien qu’écrite. Malgré<br />
les efforts de l’apôtre de ces deux judéo-langues exclusivement balkaniques,<br />
aujourd’hui, <strong>du</strong> moins en Israël, toutes deux s’appellent ladino.<br />
Si je devais, quant à moi, écrire un livre sur la langue et la culture de<br />
mes ancêtres, je l’intitulerais L’Agonie de la langue et de la culture des<br />
Judéo-Espagnols marocains, à l’instar <strong>du</strong> grand maître, mais je donnerais<br />
au mot agonie le sens dans lequel on l’emploie couramment aujourd’hui,<br />
«les derniers moments de la vie, caractérisés par un ralentissement des<br />
fonctions vitales.» Nous, les juifs originaires de l’ancienne zone espagnole<br />
<strong>du</strong> Maroc, sommes bien vivants, Toda la Él (comme on disait au Maroc,<br />
avant l’invasion tous azimuts <strong>du</strong> Baroukh Hachem), mais notre culture est<br />
en voie de disparition. Nous sommes en instance d’extinction de voix.<br />
Et El Libro de Selomó ? «Chant <strong>du</strong> cygne», me demandez-vous, ou<br />
«sursaut pour redonner ses lettres de noblesse» à la haquétia ? «Baroud<br />
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CULTURE idées livres
CuLTuRe idées livres<br />
d’honneur», répondrais-je, parce que le chant <strong>du</strong> signe est trop doux et<br />
trop triste, et que, par tempérament, je préfère monter au front, même<br />
quand je sais qu’il est trop tard et que les dés sont jetés. Cyrano disait<br />
(Acte V, sc. 6) :<br />
Mais on ne se bat pas dans l’espoir <strong>du</strong> succès !<br />
Non ! Non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile<br />
LVS - En racontant votre vie dans cet ouvrage, est-ce un<br />
peu un retour vers le pays de Yahasrá avec une connotation<br />
proustienne ou peut-être un appel <strong>du</strong> pied à ceux qui<br />
se sont éloignés de leurs racines ?<br />
SL – <strong>La</strong> nostalgie, elle aussi, est belle parce qu’elle est inutile. Feu<br />
notre ami le Tangérois Oleg Vargas, fondateur et rédacteur en chef de<br />
Malabata, avait inventé un mot qui lui a survécu. <strong>La</strong> nostangie. Cela vaut<br />
tout un discours. Guidé par cette nostangie, j’ai essayé - oui à la manière<br />
de Proust, comme le font tous ceux, innombrables, qui se lancent par<br />
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écrit dans un processus de remémoration – de ramasser et de recoller des<br />
tessons d’un passé qui ne veut pas tout â fait mourir.<br />
Quant à «l’appel <strong>du</strong> pied» à mes compatriotes, oui, j’essaie à nouveau<br />
dans ce livre, tout comme j’ai essayé il y 16 ans avec yahasrá, Escenas<br />
haquetiescas, tout comme j’ai essayé il y a 5 ans avec la Cantate yamim<br />
Noraïm, tout comme j’essaie tous les mardis depuis plus de quatre ans<br />
sur les ondes Internet de radio Sefarad, Madrid avec le programme<br />
Tiempo de Sefarad en Haketía.<br />
J’espère que cette entrevue que LVS me fait l’honneur de publier sera<br />
perçue comme un énième «appel <strong>du</strong> pied» et que celui-ci, au moins,<br />
portera ses fruits.<br />
LVS - <strong>La</strong> langue yiddish, grâce à ses ardents défenseurs, a<br />
retrouvé un second souffle avec l’œuvre de Bashevis Singer,<br />
le théâtre yiddish se maintient vivant contre vents et marées,<br />
comment se fait-il que cette culture de la hakétia qui a<br />
planté ses racines dans des siècles d’histoire séfarade dans
le Nord <strong>du</strong> Maroc a connu ce déclin et que vous êtes pratiquement<br />
le seul à la défendre à travers vos ouvrages. Vous<br />
percevez-vous parfois comme un Don Quichotte luttant<br />
contre les moulins à vent ?<br />
SL – J’ai cité Cyrano, vous citez Don Quichotte, pour lequel, d’ailleurs le<br />
héros au grand nez avait le plus grand respect. Voyez plutôt comment il<br />
l’évoque (Acte II, Sc. 7) :<br />
DE GUICHE<br />
Avez-vous lu ‘Don Quichot’ ?<br />
CyrANO:<br />
Je l’ai lu.<br />
Et me découvre au nom de cet hurluberlu.<br />
DE GUICHE:<br />
Veuillez donc méditer alors. . . Sur le chapitre des moulins ! […]<br />
Car, lorsqu’on les attaque, il arrive souvent […]<br />
Qu’un moulinet de leurs grands bras chargés de toiles<br />
Vous lance dans la boue !. . .<br />
CyrANO:<br />
Ou bien dans les étoiles ! […]<br />
Oui, j’entends déjà quelques lecteurs de LVS protester avec une sainte<br />
indignation : «Mais pour qui se prend-il ? Pour qui veut-on le faire passer<br />
? Pour Cyrano ? Pour Proust ? Pour Don Quichotte ? On ose mettre<br />
son nom dans le même paragraphe que Bashevis Singer ! Mais enfin, y a<br />
quand même des limites …<br />
Mais non, Madame, mais non, Monsieur, il ne s’agit là que de simples<br />
rapprochements, pour fixer un peu les idées. Quand on compare, par<br />
exemple la structure de l’atome à celle <strong>du</strong> système solaire, on comprend<br />
bien qu’il y a une petite différence dans les dimensions. Pas vrai ?»<br />
Le yiddish, bien que, comme vous le dites, il ait retrouvé un second<br />
souffle, reste quand même vulnérable, fragile, menacé d’étouffement par<br />
les macro-cultures au sein desquelles il essaie de survivre, tant en Europe<br />
qu’en Israël et dans le continent américain. Et pourtant, il compte à son<br />
actif à peu près 3000 œuvres littéraires publiées, ainsi que d’innombrables<br />
journaux et revues. Et pourtant, outre Isaac Bashevis Singer, de très nombreux<br />
écrivains se sont illustrés dans cette langue, par exemple : Chaïm<br />
Potok, Cholem Aleichem, Élie Wiesel, Chava rosenfarb, etc.<br />
Si, malgré cette armée d’écrivains célèbres, malgré la présence <strong>du</strong> yiddish<br />
dans les programmes de plusieurs écoles juives, malgré les troupes<br />
de théâtre yiddish comme celle que dirige à Montréal Bryna Wasserman,<br />
la langue vernaculaire des Ashkénazes ne se maintient pas sans peine,<br />
alors que dire de la haquétia à laquelle certains juifs <strong>du</strong> nord <strong>du</strong> Maroc<br />
refusent même de donner le titre de langue ? Que dire de la haquétia,<br />
cette parente pauvre, sciemment ignorée de la plupart de nos coreligionnaires<br />
<strong>sépharade</strong>s et a fortiori ashkénazes ? Que dire de cette langue<br />
prédestinée à disparaître depuis des siècles puisque, à la différence <strong>du</strong><br />
prestigieux yiddish et <strong>du</strong> non moins prestigieux ladino, elle n’a jamais été<br />
écrite de façon officielle ni systématique ?<br />
Quand les ailes des éoliennes montréalaises et torontoises auront<br />
envoyé en l’air tous les Chevaliers judéo-espagnols à la Triste Figure<br />
<strong>du</strong> Maroc, je suis sûr qu’il s’en trouvera au moins un pour crier, avant<br />
que sa trajectoire au ralenti aboutisse sur le plancher des vaches : «Je<br />
m’adresse à vous, enfants de ces Canadiens-Marocains juifs espagnols<br />
dont on fête aujourd’hui les 50 premières années d’installation<br />
dans ce pays. Vous avez 40, 50 ans. Je vous invite à faire des recherches<br />
sur vos racines, à apprendre – ou réapprendre - l’espagnol<br />
pour redécouvrir la hakétia, à retrouver les albums de photos, de<br />
cartes postales, les lettres et les cahiers que vos grands-parents ont<br />
apportés <strong>du</strong> Maroc, à former sur l’Internet des groupes de jeunes<br />
haquétiophones pour échanger, pour partager, pour découvrir. Si<br />
notre identité a un avenir, il est entre vos mains. Ne lui tournez pas le<br />
dos. Que el Dio boz ayude. » |<br />
lvs | SEPTEMBrE 2008 | 69<br />
CULTURE littérature
HumeuR passagère<br />
70<br />
| SEPTEMBrE 2008 | lvs<br />
Retour douloureux d’Alaska<br />
Chers lecteurs et lectrices, dans notre dernière édition de LVS, nous<br />
avions, dans la foulée des destinations préférées des <strong>sépharade</strong>s en vacances,<br />
voulu intro<strong>du</strong>ire un peu d’humour pour donner le ton. Vous aviez<br />
sûrement remarqué que sous la rubrique, bien lisible, humeur passagère,<br />
notre journaliste, Al Fazi, avait déjà, dans le numéro, d’avril-mai, écrit un<br />
billet ayant pour titre retour en terre banale et que dans celui de février,<br />
notre ami rené Méchaly, nous avait servi une hilarante Carte d’Évitation.<br />
Nous avions délibérément choisi de créer cette page pour nous protéger<br />
quelque peu de la publicité d’un salon funéraire omniprésent sur la page de<br />
droite et qui est censé malheureusement nous rappeler que tôt ou tard, le<br />
plus tard possible espérons-le ( longue, longue vie à nous tous), nous aurons<br />
affaire à ses services.<br />
revenons donc à ce hassid qui a soulevé l’ire de quelques lecteurs et<br />
lectrices. Ce personnage inventé de toutes pièces, faudra-t-il le répéter<br />
encore et toujours, préfère, dit-il, les éten<strong>du</strong>es glaciales <strong>du</strong> Grand Nord aux<br />
plages tropicales où le farniente est de rigueur et où on se laisse bronzer en<br />
songeant avec commisération aux pauvres amis obligés de rester au <strong>Québec</strong><br />
pour y subir les affres d’un été exagérément pluvieux.<br />
Cet homme, misogyne jusqu’au bout des ongles, voue aux gémonies les<br />
femmes, surtout celles qui ont des moeurs légères, pour jeter son dévolu sur<br />
celles qui ont, au contraire, des mœurs lourdes. Il y aura toujours des gens<br />
qui privilégient la quantité par rapport à la qualité. Mais que voulez-vous ?<br />
car comme le dit si bien le dicton populaire, il faut de tout pour faire un<br />
monde. Cependant il avoue, à contrecoeur toutefois, que malgré tout il aura<br />
besoin d’une femme afin d’assurer sa descendance avec un héritier mâle<br />
comme il se doit. Notre saint homme, pas trop sain, aux mœurs si puritaines,<br />
cachez ce sein que je ne saurais voir, lance également quelques flèches en<br />
direction des homosexuels et des athées et pour finir, o suprême outrage !<br />
il s’en ira boire un thé avec <strong>du</strong> lait et <strong>du</strong> miel, au lieu <strong>du</strong> traditionnel thé à<br />
la menthe qui fait partie intégrante de notre culture et de nos traditions<br />
<strong>sépharade</strong>s. Ce détail qui en dit long sur la personnalité de ce soi-disant<br />
hassid, et que personne n’a relevé, soit dit en passant, nous prouve bien<br />
que ce monsieur n’est pas de chez nous et qu’il mérite tout simplement<br />
notre mépris et qu’on lui paye, comme nous l’a suggéré un de nos lecteurs<br />
en furie, un billet aller simple aux pays des ayatollahs. Nous sommes sûrs<br />
que le très humaniste président Ahmadinejad pourrait même lui offrir le<br />
ministère <strong>du</strong> statut de la femme.<br />
Heureusement que malgré tout nous avons encore le droit de rêver, quelque<br />
soit le régime où nous vivons.<br />
Platon
lvs | SEPTEMBrE 2008 | 71