LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN

s’est converti, selon les experts, en un centre et une bourse de vente d’importants
lots d’armements exportables. Les mitraillettes UZI (copie du
modèle israélien) produites en Tchetchnie sont régulièrement retrouvées
en Allemagne entre les mains des bandes locales, en Bosnie-
Herzégovine. Grozny est le seul endroit de Russie où l’on peut, depuis
trois ans déjà, débarquer sans visa, voire sans passeport, de Moscou
comme d’Istanbul.
Le général Doudaev parraine l’exportation illégale de grands lots de
matériaux nucléaires vers les pays radicaux, notamment au Proche-
Orient, écrivent les auteurs du rapport américain. Les armes de Doudaev
sont bien accueillies en Turquie, en Iran, au Soudan, en Afghanistan, au
Pakistan, en Libye, en Algérie et… au Tatarstan. Les Tchétchènes recrutent
en effet des Tatars et des Bachkirs pour leurs combines bancaires dans
ces républiques de Russie et au Kazakhstan, tout comme pour les « opérations
militaires » au Tadjikistan. Certains milieux de l’armée et du KGB de
Russie sont complices avec le Tatarstan (arsenaux d’armes clandestins),
avec le CMI et les autorités locales, avec la Tchetchnie (couloir sans
douanes et sans barrières vers le Proche-Orient, la Turquie et les Balkans,
à travers la Géorgie ou l’Abkhazie), avec la Bulgarie (où les collaborateurs
des anciens services spéciaux restent nombreux), avec le milieu de
Yougoslavie et d’Italie. Toujours selon les experts américains, des entrepôts
de matériaux nucléaires venus des pays de la CEI se trouvent en
Croatie et dans d’autres lieux d’Europe de l’Ouest. On amène en
Allemagne des échantillons et des documents techniques, cependant que
les transactions se font dans les centres financiers de ce pays et sous l’œil
de la mafia italienne. Les États islamiques radicaux approvisionnent les
intermédiaires italiens en drogue et faux dollars afin de payer les matériaux
nucléaires.
La chane reliant la Tchetchnie aux Balkans s’est créée à mesure que
les troupes soviétiques quittaient la Pologne et l’Allemagne. En 1992, dit
le rapport cité, les agents polonais avaient « tenté à plusieurs reprises d’intercepter
les ogives nucléaires sortant de Letnica, la principale base soviétique
dans le sud-ouest de la Pologne ». Au début de 1993, poursuivent les
experts, « la mafia proposa 9 bombes atomiques à des pays proche-orientaux
». Tout ceci ressemble fort à la vérité car un « spécialiste » moyen du
KGB ou du GRU pouvait facilement organiser la livraison de centaines de
tonnes de marchandises — tout comme des convois militaires — par les
aérodromes militaires russes en Pologne, en Allemagne et en Russie, sans
la moindre ingérence des douanes. Même chose des convois militaires. Le
journaliste Youri Chekotchikhine, qui a publié dans le journal mentionné
le rapport des experts J. Bodazki et Von S. Forrest destiné au Congrès (7
juillet 1993), rappelle que les matériaux nucléaires sont aujourd’hui une
des principales sources de revenus criminels. Mais la presse russe passe
généralement ces faits sous silence, étant donné que nos personnages officiels
(ministère de l’Énergie atomique, douanes, sécurité) s’indignent et
tiennent les publications de la presse occidentale sur ce sujet pour une
propagande hostile.
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