LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN
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fortement les États-Unis qui ont accompli des démarches diplomatiques<br />
d’une sévérité inoue en ce qui concerne le marché russo-indien qui se<br />
préparait. La situation se complique du fait que, lors de sa visite en Inde,<br />
Eltsine a juré qu’il procurerait ces technologies aux Indiens. L’Inde doit à<br />
la Russie 15 milliards de dollars et… ne les rembourse pas. 70 % de ses<br />
armements sont « made in USSR », aussi notre complexe militaire espèret-il<br />
poursuivre ses fournitures militaires à ce pays.<br />
Nous n’avons aucun intérêt à nous disputer avec l’Inde, semble-t-il. Il<br />
ne fallait pas, alors, faire des promesses inconsidérées contredisant nos<br />
engagements internationaux à ne pas diffuser les technologies militaires.<br />
Un jour déjà, nous avons vendu au Proche-Orient un lot très important de<br />
missiles soviétiques qu’en Occident on appelle SCAD. Leur portée de 300<br />
km, tolérée par le traité de non-prolifération, a pu être augmentée jusqu’à<br />
1 000 km par des gens adroits. Pendant que les Américains exerçaient des<br />
pressions et s’indignaient, la somme réelle perçue par la Russie pour la<br />
première partie du contrat indien sur les moteurs de fusées atteignit 33<br />
millions de dollars, cependant que l’Inde recevait… 50 % de la documentation<br />
technique sur les moteurs cryogéniques russes (Vek, 23 juillet 1993).<br />
A Krasnoarsk, le ministre russe des Affaires étrangères, Kozyrev, a<br />
déclaré que le transfert à l’Inde des technologies des fusées inspirerait aux<br />
voisins d’Asie des programmes analogues et que l’on verrait s’installer une<br />
« ceinture d’instabilité » à nos frontières méridionales (Moskovskié novosti,<br />
22 août 1993). Au bout d’une année de disputes entre Moscou,<br />
Washington et Delhi, les moteurs ont tout de même été livrés à l’Inde,<br />
mais pas leur technologie, encore qu’elle ait été transmise de facto, et pratiquement<br />
pour rien, en plus. Le reste sera accompli sur place en un<br />
tournemain. Il y a trois ans, les États-Unis usèrent de vendre à l’Inde un<br />
superordinateur pour son programme spatial, mais Delhi est parvenu à en<br />
créer un, en deux ans à peine, et l’a finalement vendu au Canada, à<br />
l’Allemagne et à la Russie.<br />
Washington a vu dans cette affaire de moteurs pour l’Inde le plus<br />
sérieux accroc entre Moscou et Washington depuis la fin de la « guerre<br />
froide ». Les États-Unis ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour gâter<br />
l’alliance militaire indo-russe et réorienter la machine militaire indienne<br />
vers les États-Unis. La Russie s’est retrouvée dans une situation délicate,<br />
étant contrainte de se dédire publiquement de ses promesses antérieures.<br />
(Par là même, maints autres marchés militaires avec Delhi ont été remis<br />
en question, comme la vente de Mig 29 pour la somme d’un milliard de<br />
dollars ; viendra le tour du programme de modification des ailes des 400<br />
Mig 21 des forces aériennes indiennes proposé par la partie russe, sans<br />
parler des projets de fabrication conjointe de Mig 21.)<br />
Mais jouer selon les règles internationales présente parfois des avantages<br />
économiques. En avril 1993, l’organisation internationale Inmarsat<br />
a signé à Moscou un contrat de lancement d’un satellite commercial de<br />
communication sur une fusée Proton. Notre lanceur enverra directement<br />
le satellite sur orbite géostationnaire, pour seulement 36 000 dollars. Nous<br />
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