actes du Printemps des Citoyens 2012 - Ville de Metz
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METZ 13 - 17 MARS <strong>2012</strong><br />
CONSTRUISONS LA VILLE ENSEMBLE<br />
WWW. METZ. FR
Actes<br />
Assises<br />
<strong>de</strong> la<br />
Citoyenneté<br />
13 - 17<br />
Mars<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> <strong>Metz</strong> <strong>2012</strong><br />
METZ<br />
<strong>2012</strong><br />
Accueil <strong><strong>de</strong>s</strong> participants<br />
Atelier 1<br />
Éco-quartiers, éco-cités, villes <strong>du</strong>rables : comment<br />
replacer les citoyens au cœur <strong>de</strong> l’urbanisme ?<br />
Atelier 2<br />
Comment la ville numérique peut-elle être citoyenne ?<br />
Atelier 3<br />
C’est quoi, une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier ?<br />
Rassemblement / Synthèse<br />
Rassemblement <strong><strong>de</strong>s</strong> participants en plénière/Synthèse<br />
Clôture <strong>du</strong> <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong><br />
Par Richard Lioger, premier Adjoint au Maire<br />
3<br />
5<br />
14<br />
27<br />
35<br />
37
Discours d’accueil <strong>de</strong> Patricia Sallusti,<br />
adjointe au maire en charge <strong>de</strong> la Citoyenneté,<br />
<strong>de</strong> la Démocratie participative,<br />
et <strong>du</strong> Conseil économique et social local<br />
Mesdames et Messieurs, bonjour.<br />
J’ai le privilège d’ouvrir cette rencontre et <strong>de</strong> vous<br />
accueillir pour ces troisièmes assises qui sont à<br />
la fois le point d’orgue et la conclusion d’une semaine<br />
stimulante <strong>de</strong> débats et d’animations.<br />
J’en profite pour remercier l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
membres <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes instances <strong>de</strong> la démocratie<br />
participative qui s’investissent tout au long <strong>de</strong><br />
l’année en donnant leur temps et leur énergie, mais<br />
aussi tous les Messins qui prennent part aux débats<br />
dans notre cité – débats que nous voulons multiples,<br />
nombreux et riches. Je remercie également la<br />
présence <strong>de</strong> mes collègues élus, d’autres collègues<br />
<strong>du</strong> Conseil régional, l’équipe <strong>du</strong> lycée Alain-Fournier,<br />
les élèves <strong>du</strong> bac pro Proximité et vie locale<br />
qui contribuent à la réussite <strong>de</strong> cette manifestation.<br />
Dans notre démarche, le <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
<strong>Citoyens</strong> est un temps particulier, un temps <strong>de</strong><br />
réflexion et d’échanges dans la cité, un temps que<br />
nous avons voulu annuel et pérenne. C’est aussi une<br />
manière pour nous <strong>de</strong> poser <strong><strong>de</strong>s</strong> jalons, <strong>de</strong> prendre<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> repères, <strong>de</strong> respirer, <strong>de</strong> nous enrichir. En<br />
préparant cet événement, j’ai relu les <strong>actes</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />
précé<strong>de</strong>ntes éditions et j’ai été frappée par le fait que<br />
chaque édition <strong>du</strong> <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong>, finalement,<br />
marque une étape franchie collectivement.<br />
En 2010, après une année <strong>de</strong> fonctionnement<br />
qui fut une année <strong>de</strong> découverte d’une<br />
parole plus libérée, d’une démarche collective,<br />
<strong>de</strong> la confrontation <strong><strong>de</strong>s</strong> temps <strong><strong>de</strong>s</strong> élus, <strong><strong>de</strong>s</strong> services<br />
et <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens, les Assises <strong>de</strong> la citoyenneté<br />
ont été finalement un premier bilan sur les outils<br />
que nous mettions en place. Ce bilan, parfois<br />
très critique, a permis à chacun <strong>de</strong> se rencontrer<br />
et d’échanger sur cette pratique nouvelle, <strong>de</strong> trouver<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> convergences – ce qui rassure toujours –,<br />
mais aussi <strong>de</strong> distinguer <strong><strong>de</strong>s</strong> différences permettant<br />
à chacun <strong>de</strong> trouver d’autres pistes <strong>de</strong> solutions.<br />
Le <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> est un temps <strong>de</strong> respiration<br />
qui a permis d’ancrer notre dispositif. C’est<br />
vrai, il est imparfait, mais il a le mérite d’exister et il<br />
permet à tous <strong>de</strong> s’exprimer <strong>de</strong> différentes manières.<br />
En 2011, la <strong>de</strong>uxième édition s’est tournée vers<br />
d’autres publics. C’est la première fois que nous<br />
avions <strong><strong>de</strong>s</strong> animations, mais aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> rencontres<br />
avec d’autres villes, d’autres collectivités ; nous avons<br />
pu confronter et comparer nos expériences, mesurer<br />
le chemin que nous avions parcouru en <strong>de</strong>ux<br />
ans et entrevoir celui qui nous restait à parcourir.<br />
Ce <strong>Printemps</strong>-là a aussi été l’occasion<br />
<strong>de</strong> lancer la réflexion <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> notre<br />
démarche ; il est important <strong>de</strong> la peaufiner<br />
en permanence au travers <strong><strong>de</strong>s</strong> comités <strong>de</strong> pilotage<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> instances, et <strong>de</strong> prendre en compte leurs<br />
avis pour faire évoluer l’ensemble <strong>du</strong> dispositif.<br />
À la fin <strong>de</strong> l’année 2011, nous avons amené<br />
d’autres personnes dans les comités <strong>de</strong> quartier<br />
pour la <strong>de</strong>uxième étape <strong>de</strong> leur fonctionnement<br />
qui a d’ailleurs été amélioré, <strong>de</strong> même que celui<br />
d’autres instances. Ce sont donc plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
13 - 17<br />
Mars<br />
<strong>2012</strong><br />
3 Accueil <strong><strong>de</strong>s</strong> participants
cent cinquante nouveaux membres qui ont rejoint<br />
les comités <strong>de</strong> quartier, soit un peu plus<br />
que ceux qui ont renouvelé leur engagement.<br />
Tout cela est <strong>de</strong> bon augure parce que ce renouvellement<br />
permet la continuité <strong><strong>de</strong>s</strong> projets qui<br />
n’étaient pas encore terminés, tout en favorisant <strong>de</strong><br />
nouvelles dynamiques et <strong>de</strong> nouvelles orientations.<br />
Depuis 2008, nous avons également diversifié<br />
tous les mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> concertation et <strong>de</strong> communication<br />
avec les citoyens <strong>de</strong> la ville : hormis<br />
les réunions publiques habituelles, il y a maintenant<br />
les visites <strong>du</strong> maire dans les quartiers,<br />
l’e-démocratie avec les forums, les chats, ce qui<br />
nous permet <strong>de</strong> dialoguer avec <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes<br />
qui ne viennent pas forcément dans ces lieux <strong>de</strong><br />
débats, mais qui ont envie <strong>de</strong> donner leur avis.<br />
La concertation se diffuse aujourd’hui<br />
dans l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> délégations <strong>de</strong> la municipalité,<br />
et chacun <strong>de</strong> mes collègues la pratique <strong>de</strong><br />
différentes manières. Information, communication,<br />
formation, écoute <strong>de</strong> chacun, respect et volonté<br />
d’argumenter : tels sont les maîtres mots qui<br />
gui<strong>de</strong>nt notre apprentissage collectif <strong>de</strong> la participation<br />
citoyenne. Cet objectif doit être commun aux<br />
élus, aux services, aux associations et aux citoyens.<br />
Ce troisième <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong><br />
marque une nouvelle étape<br />
dans le processus <strong>de</strong> maturité <strong>du</strong> dispositif.<br />
En traitant non plus <strong>de</strong> l’outil,<br />
mais <strong>de</strong> la finalité <strong>de</strong> la démocratie participative,<br />
nous construisons la ville ensemble<br />
<strong>de</strong> façon très concrète et pragmatique, car<br />
l’objectif est bien d’améliorer les projets, <strong>de</strong><br />
les enrichir au profit <strong>de</strong> l’intérêt général et<br />
<strong>de</strong> contribuer ainsi à la vie <strong>de</strong> la commune.<br />
Cette troisième édition poursuit encore<br />
plus loin la rencontre avec d’autres publics<br />
: elle compte un atelier enfants, un café citoyen,<br />
une lecture-débat, une conférence <strong>du</strong><br />
sociologue Jean-Yves Trépos, une rencontre<br />
avec plusieurs vice-prési<strong>de</strong>nts <strong><strong>de</strong>s</strong> Conseils<br />
<strong>de</strong> développement <strong>de</strong> <strong>Metz</strong>, Nancy et Reims.<br />
Vous l’aurez compris, à <strong>Metz</strong>, plus que<br />
jamais, vous avez chacun votre mot à dire.<br />
Merci aux intervenants, aux partenaires associatifs<br />
impliqués dans les événements organisés<br />
cette semaine, aux investissements <strong>de</strong> tous qui<br />
sont l’illustration <strong>de</strong> la capacité qu’à la démocratie<br />
participative à revivifier et à enrichir les<br />
échan-ges, voire à créer ce lien social si précieux<br />
à la vie <strong>de</strong> la cité pour faire ville ensemble.<br />
ACCUEIL DES PARTICIPANTS<br />
4
Éco-quartiers, éco-cités, villes <strong>du</strong>rables :<br />
comment replacer les citoyens au cœur <strong>de</strong> l’urbanisme ?<br />
Les projets d’éco-quartiers fleurissent un peu partout sous forme<br />
<strong>de</strong> ZAC ou d’îlots au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> agglomérations. Sont-ils appelés à rester <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
îlots ou au contraire à faire évoluer les quartiers actuels plus anciens par reconstruction<br />
progressive ? Quelle influence peuvent avoir les citoyens sur<br />
les choix d’urbanisme écologiques ? Est-ce accessible à tous les citoyens ?<br />
Intervenants :<br />
-Clément Boniteau et Benoît Le Plomb, AGURAM (Agence d’urbanisme<br />
d’agglomérations <strong>de</strong> Moselle)<br />
- Driss Cherradi et Jacques Trémon, association Clairlieu Éco-Défi à <strong>Ville</strong>rs-lès-Nancy<br />
- Animatrice : Céline Hodiesne (architecte DPLG)<br />
Les missions <strong>de</strong> l’AGURAM<br />
Exposé <strong>de</strong> Clément Boniteau<br />
L’Agence d’urbanisme d’agglomérations <strong>de</strong> Moselle œuvre dans l’assistance à maîtrise<br />
d’ouvrage pour les collectivités locales, <strong>Metz</strong> Métropole et d’autres intercommunalités. Notre but est<br />
d’accompagner au mieux chaque collectivité sur les enjeux profonds en matière d’urbanisme, <strong>de</strong> déplacements,<br />
<strong>de</strong> construction <strong>de</strong> la ville dans son ensemble. Nous nous positionnons comme un levier<br />
entre les pouvoirs publics et les collectivités décisionnelles politiques et nous nous plaçons comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
conseillers pour essayer <strong>de</strong> réaliser le diagnostic <strong>de</strong> territoire le plus fin possible afin d’accompagner les élus.<br />
Qu’est-ce que le développement <strong>du</strong>rable ?<br />
Pour faire évoluer les quartiers existants vers <strong><strong>de</strong>s</strong> quartiers <strong>du</strong>rables, il nous semble important <strong>de</strong> replacer<br />
exactement ce qu’est le développement <strong>du</strong>rable. C’est la rencontre entre trois sphères : celle <strong>de</strong> l’environnemental,<br />
celle <strong>du</strong> social et celle <strong>de</strong> l’économique, qui sont trois leviers essentiels <strong>de</strong> notre société. Pouvoir faire <strong>du</strong> développement<br />
<strong>du</strong>rable, c’est tenir compte <strong>de</strong> l’environnement, <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants en matière d’équipements et<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> activités économiques d’un territoire. Face à ces trois dimensions, nous pouvons faire les constats suivants :<br />
- sur le plan environnemental, 25 % <strong><strong>de</strong>s</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre sont pro<strong>du</strong>its par les bâtiments dans lesquels nous vivons<br />
et travaillons ;<br />
- sur le plan économique, le prix <strong>de</strong> certaines énergies a plus que doublé en dix ans;<br />
- sur le plan social, certains quartiers ne répon<strong>de</strong>nt pas ou plus aux besoins actuels <strong>de</strong> leurs habitants en matière <strong>de</strong> déplacements<br />
doux, <strong>de</strong> services <strong>de</strong> proximité, <strong>de</strong> mixité <strong>du</strong> logement.<br />
Une quatrième dimension qui vient encadrer les champs <strong>de</strong> l’existant est celle <strong><strong>de</strong>s</strong> lois Grenelle et <strong>de</strong> la loi SRU (Solidarité<br />
et renouvellement urbain) auxquelles nous sommes soumis et dans lesquelles <strong>de</strong> nombreuses notions <strong>de</strong> développement <strong>du</strong>rable<br />
ont été intro<strong>du</strong>ites.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
ATELIER 1<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté<br />
Page 5 - Atelier 1
La définition <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs<br />
Dans un premier temps, il faut bien sûr définir <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs,<br />
l’idée étant <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire les consommations d’énergie, <strong>de</strong> réintro<strong>du</strong>ire<br />
<strong>de</strong> la biodiversité et d’encourager les mixités, quelles qu’elles soient.<br />
La mixité sociale est souvent évoquée, mais la mixité <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions<br />
urbaines est pour nous encore plus importante : certains quartiers regroupent<br />
toutes les fonctions urbaines telles que commerces, équipements<br />
et logements, mais dans d’autres, appelés quartiers-dortoirs, la représentation<br />
<strong>du</strong> logement est trop importante. D’autres aspects doivent être pris en compte :<br />
- travailler sur l’existant engendre <strong><strong>de</strong>s</strong> contraintes. Les constructeurs savent que la<br />
réhabilitation <strong><strong>de</strong>s</strong> constructions anciennes coûte beaucoup plus cher que <strong>de</strong> créer <strong>du</strong><br />
neuf ;<br />
- les nombreux acteurs en place sur le territoire doivent être mobilisés, et chacun a <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
besoins différents qu’il faut réussir à mettre en synergie ;<br />
- dans le cadre <strong><strong>de</strong>s</strong> évolutions réglementaires, il faut tenir compte <strong>de</strong> certaines réalités qui,<br />
face au terrain, sont parfois complexes à mettre en œuvre. Les documents d’urbanisme font<br />
partie <strong><strong>de</strong>s</strong> contraintes que nous <strong>de</strong>vons prendre en considération.<br />
Une fois ces aspects posés, l’idée est <strong>de</strong> mettre en œuvre un projet global.<br />
Cette notion s’est parfois per<strong>du</strong>e dans la réalisation <strong>de</strong> certains quartiers, notamment dans<br />
les années 1970 où un projet global <strong>de</strong> création d’un quartier avait au fur et à mesure tendance<br />
à s’effiler. Ces quartiers-là doivent retrouver un vrai projet d’ensemble, tenant compte<br />
<strong>de</strong> tous les acteurs et <strong>de</strong> tous les besoins. Fédérer l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> acteurs autour d’un projet<br />
va <strong>de</strong> soi : il s’agit <strong><strong>de</strong>s</strong> élus, mais aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants, <strong><strong>de</strong>s</strong> maîtres d’œuvre, <strong><strong>de</strong>s</strong> artisans et<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> constructeurs. Enfin, améliorer le cadre <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> tous est l’objectif et l’essence <strong>de</strong> ce travail.<br />
Réaliser un bilan <strong>de</strong> l’existant<br />
Comment aboutir à une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail ? L’important est <strong>de</strong> réaliser un bilan <strong>de</strong> l’existant pour<br />
avoir un diagnostic pertinent <strong>de</strong> ce qu’est concrètement le quartier aujourd’hui. Avec les questions suivantes :<br />
- comment le quartier se positionne-t-il dans son environnement urbain, c’est-à-dire comment s’insère-t-il par<br />
rapport au reste <strong>de</strong> la ville ?<br />
- où travaillent les habitants et comment se déplacent-ils ? La question <strong>de</strong> la mobilité est extrêmement importante sur<br />
la notion <strong>de</strong> <strong>du</strong>rabilité <strong>du</strong> quartier ;<br />
- quelles sont les fonctions urbaines présentes dans le quartier ?<br />
- où en sont les constructions par rapport aux normes sur lesquelles nous sommes censés rendre <strong><strong>de</strong>s</strong> comptes sur <strong><strong>de</strong>s</strong> constructions<br />
nouvelles ?<br />
Dans ce diagnostic, il s’agit <strong>de</strong> faire la distinction entre le ressenti, qui est très important, et le réel, et d’avoir ainsi une<br />
vision <strong>du</strong> quotidien <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants et une vision technique propre à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> urbanistes et <strong><strong>de</strong>s</strong> experts. Bien sûr, ces <strong>de</strong>ux visions<br />
ne doivent pas faire fi <strong>du</strong> cadre réglementaire dans lequel nous pouvons évoluer et finalement définir quels sont nos enjeux. L’idée<br />
est d’aboutir à une méthodologie globale définissant <strong><strong>de</strong>s</strong> axes <strong>de</strong> travail et déterminant le rôle <strong>de</strong> chacun : qu’estce<br />
qui relève <strong>de</strong> la sphère publique, <strong><strong>de</strong>s</strong> pouvoirs publics, <strong>de</strong> la collectivité ? Qu’est-ce qui<br />
relève <strong>du</strong> privé, c’est-à-dire <strong>du</strong> propriétaire avec sa construction, <strong>du</strong><br />
promoteur qui va reconstruire dans un quartier ?<br />
Page 6 - Atelier 1<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong>
Quelques outils <strong>de</strong> diagnostic<br />
Les outils pouvant être employés pour rendre <strong><strong>de</strong>s</strong> quartiers<br />
plus <strong>du</strong>rables sont un point <strong>de</strong> départ et font la valeur d’un bon diagnostic.<br />
Un outil particulièrement intéressant pour les urbanistes est la <strong>de</strong>nsité<br />
: cette valeur permet <strong>de</strong> quantifier et <strong>de</strong> qualifier la ville. Sur une parcelle<br />
sensiblement similaire, le nombre <strong>de</strong> logements peut être multiplié<br />
par huit afin d’optimiser l’espace et donc <strong>de</strong> limiter les coûts <strong>du</strong> collectif sur<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> postes tels que les réseaux, les routes, les équipements <strong>de</strong> proximité.<br />
Le travail sur l’intensification d’un quartier permet <strong>de</strong> mutualiser ses besoins<br />
et <strong>de</strong> rendre un équipement beaucoup plus performant, <strong>de</strong> renforcer l’attractivité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
transports en commun, d’accroître les potentiels économiques et sociaux avec <strong><strong>de</strong>s</strong> commerces<br />
<strong>de</strong> proximité viables, d’avoir plus <strong>de</strong> mixité sociale avec une diversification <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
types <strong>de</strong> logements.<br />
Enfin, le turn-over plus important <strong>de</strong> la population permet <strong>de</strong> faire venir<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> gens nouveaux, d’alimenter les écoles, les commerces, etc. Finalement,<br />
la <strong>du</strong>rabilité d’un espace est essentiellement liée à sa capacité à être dynamique.<br />
Un autre outil est la question <strong>de</strong> la gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> déchets, sachant qu’il faut ré<strong>du</strong>ire leur volume à la<br />
source. Quelques exemples : l’emploi <strong>du</strong> compostage a une capacité <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ction <strong><strong>de</strong>s</strong> déchets fermentescibles<br />
que l’on peut reconvertir dans un coin <strong>de</strong> son jardin. L’autocollant « stop pub » permet<br />
<strong>de</strong> ne pas consommer ce papier qui représente 20 kg par habitant et par an. Les problématiques<br />
liées au tri sélectif peuvent être gérées en amont avec l’installation <strong>de</strong> points d’apport volontaire.<br />
ATELIER 1<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté<br />
Concernant la gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux <strong>de</strong> pluie, il faut anticiper en amont les problématiques<br />
liées à l’écoulement <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux pluviales par l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> trois données : la collecte et la<br />
gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> écoulements d’eau par le biais <strong>du</strong> réseau et <strong>de</strong> son entretien, l’anticipation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
risques liés aux pluies et aux inondations, et le réapprovisionnement <strong><strong>de</strong>s</strong> nappes phréatiques.<br />
Concernant l’éclairage public, nous sommes face à une problématique : aujourd’hui, il<br />
est difficile <strong>de</strong> ne plus éclairer le soir, notamment en ville, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons sécuritaires.<br />
Comment essayer <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire les consommations d’énergie vis-à-vis <strong>de</strong> cet éclairage public extrêmement<br />
impactant, sachant qu’un habitant consomme en moyenne 91 kWh par an ? Les énergies renouvelables<br />
peuvent être employées avec le solaire, l’éolien ou les leds, mais ces technologies nécessitent <strong><strong>de</strong>s</strong> progrès<br />
et il ne faut pas passer directement à un éclairage <strong>du</strong>rable sans tenir compte <strong><strong>de</strong>s</strong> réalités <strong>du</strong> territoire.<br />
Les espaces verts et les déplacements doux paraissent également essentiels, avec l’idée d’une réflexion globale<br />
sur les espaces publics <strong>du</strong> quartier pour trois raisons : ré<strong>du</strong>ire les consommations <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre, accompagner<br />
la politique <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> santé publique en marchant plus ou en faisant plus <strong>de</strong> vélo, améliorer le cadre <strong>de</strong> vie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
habitants puisque le fait <strong>de</strong> quitter l’aspect minéral <strong><strong>de</strong>s</strong> routes pour l’agrément <strong><strong>de</strong>s</strong> cheminements naturels a un vrai impact<br />
sur la qualité <strong>de</strong> vie. Finalement, il s’agit <strong>de</strong> varier les espèces végétales qui composent nos espaces verts, <strong>de</strong> mo<strong>du</strong>ler<br />
leur type <strong>de</strong> traitement sous forme <strong>de</strong> parcs, <strong>de</strong> haies, d’espaces fleuris, etc. Encourager les mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> déplacement alternatifs<br />
à l’automobile est un élément fondamental pour lutter contre la consommation <strong><strong>de</strong>s</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre. D’autres actions<br />
peuvent être entreprises : organiser <strong><strong>de</strong>s</strong> itinéraires pédibus sur lesquels les enfants forment <strong><strong>de</strong>s</strong> bus <strong>de</strong> piétons pour se rendre<br />
à l’école ; créer <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces <strong>de</strong> stationnement pour vélos ; gérer plus efficacement le stationnement automobile avec sa mutualisation<br />
par <strong><strong>de</strong>s</strong> parkings en silo, et regagner les emplacements le long <strong><strong>de</strong>s</strong> rues pour les cheminements et les espaces verts.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Page 7 - Atelier 1
Pour terminer, l’amélioration <strong>du</strong> bâti nécessite, comme évoqué<br />
plus haut, d’établir un véritable diagnostic préalable à tous travaux : ne pas<br />
se lancer dans <strong>du</strong> solaire, <strong><strong>de</strong>s</strong> panneaux photovoltaïques ou <strong>de</strong> la récupération<br />
d’eaux pluviales sans avoir pris en compte toutes les problématiques liées à<br />
la construction. Un outil particulièrement intéressant et très utilisé en urbanisme<br />
est le bilan thermographique qui permet d’améliorer l’isolation <strong><strong>de</strong>s</strong> constructions.<br />
Un élément qui nous paraît fondamental est <strong>de</strong> travailler sur l’isolation extérieure<br />
pour trois raisons : c’est une diminution <strong>de</strong> perte d’énergie efficace, il n’y a pas <strong>de</strong><br />
perte <strong>de</strong> surface habitable, et c’est une manière pour chacun <strong>de</strong> travailler sur la beauté et<br />
la qualité paysagère <strong>de</strong> son quartier. D’autres solutions existent en matière d’amélioration<br />
<strong>du</strong> bâti telles que l’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong> énergies renouvelables pour le chauffage ou la ventilation,<br />
mais le type d’action reste à définir en fonction <strong>de</strong> chaque situation. Aucun choix ne prévaut<br />
sur un autre : il y a vraiment un bilan à faire et <strong><strong>de</strong>s</strong> choix à adopter en fonction <strong>de</strong> ce bilan.<br />
Quelques idées clés à retenir<br />
Page 8 - Atelier 1 <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
ATELIER 1<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté<br />
Il n’y a pas <strong>de</strong> solution parfaite en matière d’outils <strong>de</strong> <strong>du</strong>rabilité : chaque quartier est différent et nécessite un<br />
projet singulier. La mutation d’un quartier ne peut se faire qu’en concertation avec l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> acteurs en présence,<br />
sans quoi sa <strong>du</strong>rabilité ne sera pas garantie ; l’idée <strong>de</strong> projet partagé est donc essentielle. Le recours aux énergies renouvelables<br />
ne doit être envisagé qu’après avoir étudié les mesures visant à ré<strong>du</strong>ire les consommations d’énergie.<br />
Enfin, les technologies que l’on connaît auront considérablement évolué dans dix, vingt ou quarante ans et les techniques<br />
qui s’offriront à nous seront bien différentes. En conséquence, un projet ne doit pas être fixé sur le présent, mais il faut<br />
pouvoir le laisser se développer dans le futur.
Réactions, échanges et débat<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Réactions,<br />
échanges<br />
et débat<br />
Les thèmes abordés sont résumés sous forme <strong>de</strong> questions, sous lesquelles figurent<br />
les réponses et remarques apportées par les intervenants et le public.<br />
Quelles sont les dispositions prises pour pallier au manque <strong>de</strong> stationnement<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> bicyclettes sur les lieux <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce ?<br />
Il est vrai qu’en matière d’urbanisme, la question <strong>du</strong> stationnement n’a été abordée très longtemps qu’au<br />
travers <strong>de</strong> la voiture. De ce fait, dans l’écriture <strong><strong>de</strong>s</strong> Plans d’occupation <strong><strong>de</strong>s</strong> sols ou <strong><strong>de</strong>s</strong> Plans locaux d’urbanisme, le<br />
stationnement <strong><strong>de</strong>s</strong> vélos n’était pas pris en compte. <strong>Metz</strong> Métropole, au travers <strong>de</strong> son PDU (Plan <strong>de</strong> déplacements<br />
urbains), a imposé à l’écriture <strong>de</strong> tous les documents d’urbanisme <strong><strong>de</strong>s</strong> communes <strong>de</strong> l’agglomération <strong>de</strong><br />
prendre en compte cette question. Aujourd’hui, le problème est que cela reste <strong><strong>de</strong>s</strong> normes – pour tant <strong>de</strong> mètres<br />
carrés construits, il faut réaliser un espace pour l’accueil <strong><strong>de</strong>s</strong> vélos – qui ne sont pas assez développées. Peut-être<br />
faudrait-il aller plus loin <strong>de</strong>main. C’est également en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> réactions <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens que les élus et urbanistes<br />
<strong>de</strong>vront mieux prendre en compte cette question, en imposant plus d’aménagements pour les vélos dans les constructions<br />
nouvelles. Quant aux constructions anciennes, malheureusement, la difficulté est <strong>de</strong> travailler sur l’existant.<br />
Pourquoi les usagers <strong>du</strong> futur Mettis ne pourrontils<br />
pas y faire entrer leur bicyclette, contrairement<br />
au TER ou au TGV ?<br />
En fonction <strong>du</strong> retour d’expérience, il sera probablement<br />
possible <strong>de</strong> mettre un jour un vélo dans le Mettis. Il y a<br />
aussi un aspect économique à tout cela, c’est-à-dire que<br />
la transition entre le réseau <strong>de</strong> bus actuel et celui <strong>de</strong> <strong>de</strong>main<br />
a un coût. Cette possibilité n’interviendra peut-être<br />
que dans quelques années, mais si les citoyens sont nombreux<br />
à soulever la question, cela <strong>de</strong>vient un problème<br />
collectif et dans ce cas, les choses se feront naturellement.<br />
Qu’ en est-il <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés <strong>de</strong> stationnement<br />
automobile, qui ne sont pas suffisamment prises en<br />
compte dans les nouvelles constructions ?<br />
Aujourd’hui, le stationnement automobile est un besoin<br />
parce qu’on n’envisage pas forcément la construction<br />
<strong>de</strong> notre société différemment qu’avec l’automobile. La<br />
réalité est que les pouvoirs publics et les urbanistes,<br />
lorsqu’ils travaillent sur les quartiers nouveaux, sont obligés<br />
<strong>de</strong> tenir compte d’une contrainte qui est l’automobile.<br />
Mais d’autres villes telles que Fribourg se positionnent<br />
différemment en privilégiant les mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> déplacement<br />
alternatifs à l’automobile, comme le tramway ou le parking<br />
relais, pour tenir compte <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> circulation et<br />
<strong>de</strong> stationnement. Quant aux constructions anciennes, il<br />
est très complexe <strong>de</strong> gérer le stationnement d’un quartier<br />
façonné à une époque où l’on ne pensait pas <strong>du</strong> tout<br />
à l’automobile et où personne ne tenait compte <strong>du</strong> fait<br />
qu’un bâtiment pouvait passer <strong>de</strong> trois à cinq logements.<br />
C’est une difficulté, mais il faut essayer d’aller plus avant<br />
et se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si la ville <strong>de</strong> <strong>de</strong>main sera toujours la ville<br />
<strong>de</strong> la voiture. Travaillons à ce que cette voiture reste à une<br />
place qu’elle doit avoir, c’est-à-dire une place honorable,<br />
mais qu’elle ne soit plus le vecteur principal <strong>de</strong> la ville.<br />
Comment préserver le patrimoine agricole<br />
lors <strong>de</strong> nouvelles constructions ?<br />
La question <strong><strong>de</strong>s</strong> consommations d’espaces naturels et<br />
aricoles est au cœur <strong>de</strong> la problématique à laquelle l’État,<br />
les urbanistes et les collectivités locales sont soumis. La<br />
<strong>de</strong>nsification et la requalification <strong>de</strong> l’existant sont les réponses<br />
essentielles à cette question ; à noter que « plus<br />
<strong>de</strong>nse » veut souvent dire « plus haut ». Cette acceptation<br />
en ville <strong>de</strong> vivre plus nombreux est aussi une manière<br />
<strong>de</strong> ne pas toucher à notre patrimoine agricole et naturel.<br />
Page 9 - Atelier 1
ATELIER 1<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté<br />
La mixité <strong>de</strong> la voie publique n’est-elle pas un danger<br />
pour les piétons ?<br />
A priori, aller vers un quartier plus <strong>du</strong>rable, c’est aussi<br />
essayer <strong>de</strong> mixer les moyens <strong>de</strong> transport et tolérer à<br />
la fois les vélos et les piétons. Cela doit se passer dans<br />
le respect <strong>de</strong> chacun, les vélos arrivant sur les voies<br />
mixtes <strong>de</strong>vant klaxonner et les piétons se pousser.<br />
Mais la piste cyclable reste une problématique <strong>de</strong> la<br />
ville. Bien évi<strong>de</strong>mment, le diagnostic doit tenir compte<br />
<strong>de</strong> tous les usagers et <strong>de</strong> la réalité existante <strong>du</strong> territoire.<br />
Il faut s’adapter, peut-être aménager <strong><strong>de</strong>s</strong> itinéraires<br />
pour les vélos, peut-être favoriser les piétons,<br />
ou alors arriver à ré<strong>du</strong>ire la place <strong>de</strong> l’automobile.<br />
Page 10 - Atelier 1 <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Faut-il mener une réflexion pédagogique <strong>de</strong> fond<br />
auprès <strong>de</strong> la population pour l’inciter à utiliser les<br />
mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> déplacement alternatifs ?<br />
C’est évi<strong>de</strong>nt, et l’évolution est <strong>de</strong> mutualiser les moyens<br />
et d’œuvrer solidairement. Avec le covoiturage, le nombre<br />
<strong>de</strong> voitures pourrait être ré<strong>du</strong>it <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux, trois ou quatre.<br />
Nous voyons tous sur les autoroutes une seule personne<br />
par voiture, ce qui, d’un point <strong>de</strong> vue économique,<br />
environnemental et sociétal, est aberrant. Il faut une<br />
prise <strong>de</strong> conscience et un passage progressif vers d’autres<br />
mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> transport, sachant qu’il y a un temps <strong>de</strong> transition<br />
pour passer d’une solution A à une solution B.
Exposé <strong>de</strong> Jacques Trémont et Driss Cherradi<br />
Clairlieu Éco-Défi : une expérience<br />
d’éco-rénovation solidaire<br />
L’association Clairlieu Éco-Défi est un exemple d’investissement<br />
colectif réalisé par les habitants <strong>de</strong> notre quartier, situé au sud-ouest <strong>de</strong><br />
Nancy, en vue d’une vaste opération d’éco-rénovation. C’est le premier projet<br />
<strong>de</strong> ce type en France, et a priori le premier en Europe <strong>de</strong> cette dimension.<br />
Le quartier <strong>de</strong> Clairlieu, construit en 1970, compte 3 000 habitants et 1 300 pavillons.<br />
En 1974, la consommation atteignait 50 000 kWh par maison et par an ; après <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
travaux d’isolation réalisés indivi<strong>du</strong>ellement dans un certain nombre <strong>de</strong> maisons, elle était<br />
encore <strong>de</strong> 30 000 kWh en 2009. Quelques habitants ont pris conscience que <strong><strong>de</strong>s</strong> rénovations<br />
s’avéraient nécessaires, mais <strong>de</strong> façon collective : en effet, entreprendre <strong>de</strong> tels travaux à<br />
titre indivi<strong>du</strong>el est un parcours incroyablement compliqué qu’il est difficile <strong>de</strong> résoudre seul.<br />
Ainsi, l’association Clairlieu Éco-Défi a été créée en novembre 2009 dans le but <strong>de</strong> faire<br />
aboutir ce projet, d’informer et <strong>de</strong> former les citoyens et les professionnels à l’économie d’énergie,<br />
et <strong>de</strong> fédérer les habitants d’un territoire autour d’un projet collectif <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong> l’énergie. La<br />
cible visée est le label Effinergie, avec une consommation <strong>de</strong> 104 kWh par mètre carré et par an.<br />
Comment obtenir ce label ?<br />
Dans un premier temps, nous avons fait appel à un bureau d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> à Perpignan qui a établi<br />
un diagnostic partiellement financé par la région Lorraine, l’ADEME (Agence <strong>de</strong> l’environnement<br />
et <strong>de</strong> la maîtrise <strong>de</strong> l’énergie), la CUGN (Communauté urbaine <strong>du</strong> Grand Nancy) et la <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> Villé.<br />
ATELIER 1<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté<br />
Cette étu<strong>de</strong> a révélé que techniquement, il est possible <strong>de</strong> réhabiliter les maisons <strong>de</strong><br />
Clairlieu en BBC (bâtiment basse consommation). L’association a ensuite créé <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes <strong>de</strong> travail<br />
avec l’ai<strong>de</strong> <strong>du</strong> CAUE (Conseil d’architecture, d’urbanisme et <strong>de</strong> l’environnement) <strong>de</strong> Nancy pour étudier<br />
les approches techniques et mener une réflexion globale sur le cadre <strong>de</strong> vie <strong>du</strong> quartier. Un groupe a travaillé<br />
sur le choix, le prix et la mise en œuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux écologiques, avec l’ai<strong>de</strong> d’un architecte. Un<br />
autre groupe s’est penché sur la problématique <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes âgées souhaitant rester à Clairlieu parce qu’elles<br />
s’y sentent bien, mais dont les factures énergétiques dépassent 10 % <strong>de</strong> leurs revenus. Un autre encore a éten<strong>du</strong><br />
sa réflexion sur l’aspect environnemental et sur la présence <strong>de</strong> voitures en surnombre dans ce quartier.<br />
Ensuite, une coopérative a été montée, que nous allons transformer cette année en une SCIC (Société coopérative<br />
d’intérêts collectifs) qui gérera les réalisations <strong>de</strong> ce projet. Des embauches sont prévues, mais il s’agit avant tout d’un<br />
chantier participatif composé <strong>de</strong> bénévoles. Ceux-ci travaillent <strong>de</strong>puis septembre 2011 sur la première maison dont les<br />
consommations ont baissé <strong>de</strong> 80 % alors qu’elle n’est pas complètement achevée. En moyenne, nous allons diviser par sept<br />
les consommations <strong>de</strong> chauffage et d’eau chau<strong>de</strong>. Dix projets d’éco-rénovation doivent en principe aboutir cette année. Nous<br />
avons prévu d’embaucher <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes que nous allons former, parce qu’aucune entreprise ne dit pouvoir réaliser le projet<br />
global <strong>du</strong> fait <strong><strong>de</strong>s</strong> nombreux corps <strong>de</strong> métier impliqués. Pour cet objectif commun et groupé, la réflexion <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants a mené à<br />
la création <strong>de</strong> cette association, à une entrai<strong>de</strong> et à une distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches pour faire <strong>de</strong> Clairlieu un quartier <strong>du</strong>rable, notamment<br />
en matière <strong>de</strong> maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts <strong>de</strong> l’énergie.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Page 11 - Atelier 1
Quelles sont les techniques utilisées pour obtenir un bâtiment<br />
basse consommation ?<br />
Réactions,<br />
échanges<br />
et débat<br />
La première maison rénovée dispose d’une ventilation à double flux : l’air pris à l’extérieur à -15 °C ventile<br />
l’habitation à 19 °C avant d’être rejeté à l’extérieur. Dans le cadre <strong>de</strong> ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, l’association Airlor installera <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
son<strong><strong>de</strong>s</strong> pour analyser l’air soufflé par rapport à celui qui est injecté dans la maison. Nous sommes dans un contexte<br />
expérimental qui permet à <strong><strong>de</strong>s</strong> structures <strong>de</strong> s’appuyer sur notre projet, pour que cela puisse servir à tout le mon<strong>de</strong>.<br />
Un ballon <strong>de</strong> 500 litres situé au sous-sol est chauffé par <strong><strong>de</strong>s</strong> panneaux solaires et par un poêle étanche à l’air placé<br />
dans la salle à manger – c’est le premier poêle <strong>de</strong> ce type installé en France. Le ballon <strong>de</strong> 500 litres alimente<br />
non seulement la batterie <strong>de</strong> la VMC qui réchauffe l’air entrant, mais également les radiateurs et l’eau chau<strong>de</strong>.<br />
D’un point <strong>de</strong> vue économique, une telle<br />
réalisation peut-elle être accessible à tous ?<br />
À Clairlieu, c’est un <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes que l’association<br />
essaie <strong>de</strong> régler en trouvant <strong><strong>de</strong>s</strong> financements pour que<br />
tout le mon<strong>de</strong> y ait accès. Pour le moment, elle est à la<br />
recherche <strong>de</strong> solutions telles que les prêts à taux zéro, les<br />
ai<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> collectivités… Il serait déjà formidable d’arriver<br />
à payer la même somme en prêt qu’en économie d’énergie.<br />
Au niveau <strong>de</strong> la Meurthe-et-Moselle, la CUGN a mis<br />
en place en 2011 un projet sur trois ans. Elle mène<br />
une étu<strong>de</strong> sur les quartiers défavorisés et les constructions<br />
anciennes insalubres, et a monté une société locale<br />
et publique qui tentera <strong>de</strong> rénover ces maisons.<br />
Une liste <strong>de</strong> quartiers où se situent les bâtiments les<br />
plus insalubres est en cours <strong>de</strong> constitution, dans le but<br />
<strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la rénovation solidaire. Cela dénote qu’il y<br />
a un mouvement et que <strong><strong>de</strong>s</strong> actions sont entreprises.<br />
L’AGURAM a également travaillé sur la question <strong>de</strong><br />
l’habitat indigne et <strong>de</strong> l’isolation, avec un diagnostic<br />
réalisé il y a peu <strong>de</strong> temps sur certaines communes <strong>de</strong><br />
l’agglomération. Il existe <strong>de</strong>ux problématiques. D’une<br />
part, certains quartiers sociaux sont gérés par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
bailleurs qui ont un <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> mise aux normes <strong>de</strong> leurs<br />
constructions ainsi que <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens, et dans ce cas, la<br />
question <strong>de</strong> la prise en compte <strong><strong>de</strong>s</strong> logements sociaux est<br />
beaucoup plus aisée. D’autre part, une question se pose :<br />
Page 12 - Atelier 1 <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
comment une frange <strong>de</strong> la population se situant entre le<br />
social et les classes moyennes peut-elle arriver à entretenir<br />
un bien ? La collectivité, au travers <strong>du</strong> Plan <strong>de</strong> déplacements<br />
urbains et <strong>du</strong> Programme local <strong>de</strong> l’habitat, tente<br />
<strong>de</strong> diffuser les champs <strong><strong>de</strong>s</strong> possibles à tout un chacun.<br />
Peut-on pro<strong>du</strong>ire soi-même son énergie ?<br />
Les Allemands ont fait <strong>de</strong> l’éolien indivi<strong>du</strong>el qui<br />
charge <strong><strong>de</strong>s</strong> batteries en journée. Ils se servent <strong>de</strong><br />
cette énergie le soir et nous la reven<strong>de</strong>nt au prix fort<br />
lorsque nous en avons besoin entre 18 et 22 heures,<br />
ce qui est tout <strong>de</strong> même extraordinaire et dénote le<br />
manque <strong>de</strong> savoir-faire <strong><strong>de</strong>s</strong> Français dans ce domaine.<br />
Sur ce thème, au sein <strong>de</strong> Clairlieu Éco-Défi, nous<br />
avons étudié la possibilité d’une énergie renouvelable<br />
à 100 % dans une maison, mais cela s’avère techniquement<br />
infaisable. Le seul choix possible est <strong>de</strong><br />
consommer moins d’énergie et d’isoler par l’extérieur.<br />
L’association projette également d’installer <strong>du</strong> photovoltaïque<br />
qui sera reven<strong>du</strong> à EDF. Les sommes<br />
perçues seront mutualisées pour les habitants <strong>de</strong><br />
Clairlieu n’ayant pas la possibilité <strong>de</strong> faire <strong><strong>de</strong>s</strong> prêts,<br />
afin qu’ils puissent réaliser leurs travaux d’isolation.<br />
Les toits photovoltaïques installés seront loués à<br />
l’association pour un euro symbolique. D’un point <strong>de</strong> vue<br />
juridique, la procé<strong>du</strong>re est encore très floue, mais nous<br />
y arriverons parce qu’il faut bien inventer <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions.
ATELIER 1<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté<br />
Réflexions en sous-groupes<br />
Il est proposé aux participants <strong>de</strong> se constituer en trois sous-groupes d’habitants : centre-ville, quartiers périphériques<br />
et communes avoisinantes.<br />
Neuf propositions d’action sur la thématique <strong>de</strong> l’éco-quartier leur sont présentées, avec pour mission <strong>de</strong> les classer<br />
par priorités :<br />
1. Proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions alternatives à la voiture<br />
2. Mélanger les habitants et les activités<br />
3. Choisir la part d’espaces construits et d’espaces libres<br />
4. Économies d’énergie<br />
5. Favoriser les échanges et les rencontres au sein d’un quartier<br />
6. Respecter le cycle <strong>de</strong> l’eau<br />
7. Renforcer la présence <strong>de</strong> la nature<br />
8. Gérer les déchets<br />
9. Impliquer les habitants.<br />
Seules <strong>de</strong>ux actions apparaissent unanimement comme prioritaires :<br />
« Mélanger les habitants et les activités » et « Impliquer les habitants ».<br />
Les autres actions ne font pas l’objet d’un consensus <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> leur importance. Le groupe <strong>du</strong><br />
centre-ville, par exemple, a placé dans ses priorités la thématique « Proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions alternatives à la voiture »,<br />
alors que le groupe <strong><strong>de</strong>s</strong> communes avoisinantes l’a classée en sixième position. La proposition « Économies d’énergie<br />
», quant à elle, a été classée comme prioritaire uniquement par le groupe <strong><strong>de</strong>s</strong> communes avoisinantes. Ces disparités<br />
peuvent cependant s’expliquer ainsi : il a été <strong>de</strong>mandé aux groupes <strong>de</strong> faire un classement en fonction <strong>de</strong> leur propre<br />
quartier. Or, si une action telle que le transport est déjà bien engagée, le groupe concerné ne la considérera pas comme<br />
prioritaire, même s’il y attache beaucoup d’importance. Il en va <strong>de</strong> même pour la gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> déchets ou la présence<br />
<strong>de</strong> la nature, que personne n’a considérée comme prioritaire puisque la réflexion à ce sujet est déjà bien engagée ; <strong>de</strong> ce<br />
fait, les groupes ne souhaitent pas présenter ces thèmes aux élus comme étant <strong><strong>de</strong>s</strong> priorités d’action. Cela montre les<br />
limites <strong>de</strong> cet exercice.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Page 13 - Atelier 1
Les évolutions technologiques intro<strong>du</strong>isent le numérique dans tous les domaines :<br />
services publics, commerce, échanges sociaux… Comment les citoyens peuvent-ils s’emparer<br />
<strong>de</strong> ces ou-tils pour s’exprimer face aux pouvoirs publics et économiques ? Sont-ils tous égaux<br />
face à ces technologies ? Quelles formations citoyennes à l’usage <strong>du</strong> numérique faut-il mettre<br />
en place ? Comment les citoyens peuvent-ils influencer les choix numériques pour éviter la<br />
création <strong>de</strong> fractures sociales ou générationnelles ?<br />
Intervenants :<br />
- Franck Taton, association Tousbranchés.com<br />
- Véronique Kleck, agence Civic’Média<br />
- Olivier Payrau<strong>de</strong>au, Adjoint au Maire en charge <strong>du</strong> Développement numérique<br />
- Animateur : Phillipe Henaux, mission Développement numérique<br />
Exposé <strong>de</strong> Véronique Kleck<br />
L’agence Civic Média, spécialisée en communication numérique, est issue <strong>de</strong> l’association Vecam<br />
qui, dès 1997, s’est intéressée à la veille européenne et citoyenne sur les autoroutes <strong>de</strong> l’information. Dès<br />
le départ, nous nous sommes intéressés à la façon dont ces technologies allaient pouvoir être utiles aux<br />
citoyens, d’où la notion <strong>de</strong> citoyenneté active. Nous avons recherché comment ces nouveaux réseaux peuvent<br />
être utiles à la démocratie participative et comment les citoyens peuvent véritablement <strong>de</strong>venir acteurs.<br />
Une mutation profon<strong>de</strong> et ses enjeux<br />
Avant <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comment la ville numérique peut être citoyenne, une question préalable se pose<br />
: pourquoi la ville numérique doit-elle être citoyenne ? En partant <strong>du</strong> contexte politique actuel, il suffit <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r<br />
autour <strong>de</strong> soi pour se rendre compte qu’il y a une crise profon<strong>de</strong>, <strong>du</strong>rable, grave <strong>de</strong> la politique, que ce<br />
soit au niveau <strong>de</strong> la participation électorale, <strong>de</strong> la confiance que nous pouvons avoir dans nos élus, <strong>de</strong> l’intérêt<br />
pour les affaires dites politiques. Il y a un <strong>du</strong>rcissement général <strong>de</strong> toutes les questions <strong>de</strong> la vie quotidienne qui<br />
intéressent tous les indivi<strong>du</strong>s : augmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> inégalités, montée <strong><strong>de</strong>s</strong> violences, sentiment d’impuissance.<br />
Parallèlement à ce constat, nous observons à l’international ces mouvements qui ont donné naissance aux<br />
révolutions dans les pays arabes <strong>du</strong> pourtour méditerranéen, ou au mouvement <strong><strong>de</strong>s</strong> Indignés, qui ne pourraient pas se<br />
répandre sans ces technologies numériques ; et dans nos villes, dans nos quartiers, <strong><strong>de</strong>s</strong> mouvements civiques et sociaux<br />
défen<strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> points <strong>de</strong> vue et <strong><strong>de</strong>s</strong> idées sur l’eau, sur l’école, sur l’emploi, etc. L’espace sur ces réseaux publics est <strong>de</strong> plus<br />
en plus riche et <strong>de</strong> plus en plus actif.<br />
Entre ces <strong>de</strong>ux champs – l’absence <strong>de</strong> confiance vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong> élus et l’investissement sur le<br />
terrain au travers <strong><strong>de</strong>s</strong> réseaux publics –, nous tentons d’établir <strong><strong>de</strong>s</strong> passerelles en apportant aux élus la connaissance<br />
<strong>de</strong> ces outils et pratiques pour aller là où les gens, sur les forums ou dans les réseaux, discutent.<br />
Qu’on le veuille ou non, nous sommes dans une mutation en profon<strong>de</strong>ur, liée plus au changement <strong>de</strong><br />
culture numérique qu’aux outillages technologiques. Nous avons <strong><strong>de</strong>s</strong> réseaux numériques omniprésents, un<br />
nombre <strong>de</strong> citoyens connectés en croissance rapi<strong>de</strong> et une innovation <strong><strong>de</strong>s</strong> savoirs et <strong><strong>de</strong>s</strong> expertises.<br />
Page 14 - Atelier 2<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
ATELIER 2<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté
Pourquoi une ville numérique doit-elle être citoyenne ?<br />
Nous partons <strong>de</strong> la certitu<strong>de</strong> que tous ces réseaux – Internet, réseaux mobiles, etc.<br />
– sont <strong><strong>de</strong>s</strong> vecteurs d’apprentissage <strong>de</strong> la participation. C’est pour cela qu’il faut faciliter, appuyer,<br />
accompagner l’égalité d’usage et l’égalité d’action. Par ailleurs, la culture numérique créant une nouvelle<br />
relation au pouvoir, il est obligatoire d’accompagner le changement, car rien n’est encore décidé<br />
sur cette nouvelle organisation démocratique <strong>de</strong> notre société qui est en train d’émerger.<br />
Comment la ville numérique peut-elle être citoyenne ?<br />
Elle n’est pas automatiquement citoyenne, loin <strong>de</strong> là. Avant tout, il faut une forte volonté<br />
politique, <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens humains et financiers et un accompagnement sur le long terme. En revanche, si une<br />
ville numérique n’est pas automatiquement citoyenne, nous dirons qu’une ville citoyenne est nécessairement<br />
numérique, car lorsque les gens veulent être actifs, ils ne peuvent pas se passer <strong><strong>de</strong>s</strong> réseaux ou, <strong>du</strong><br />
moins, feront beaucoup mieux avec.<br />
Après être passés d’une ville préin<strong>du</strong>strielle à une ville in<strong>du</strong>strielle, nous sommes aujourd’hui<br />
dans une ville dite digitale qui a un système nerveux et un cerveau : lorsqu’il se passe quelque chose à un<br />
endroit, les nouvelles techniques provoquent une réaction en chaîne à cet événement. Progressivement, nous<br />
nous sommes complexifiés, nous sommes censés être <strong>de</strong>venus plus intelligents, tout comme la ville numérique<br />
est censée être plus intelligente, surtout si elle est citoyenne.<br />
Élaborer une stratégie politique cohérente<br />
Dans l’accompagnement que nous pouvons faire auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> municipalités, nous travaillons sur quatre<br />
volets :<br />
- La première chose que doit faire une municipalité ou une collectivité est d’abord d’éclairer pour sensibiliser les<br />
publics. Elle doit savoir ce qu’elle va lancer avec le numérique : une démarche <strong>de</strong> participation, <strong>de</strong> concertation…<br />
- Ensuite, il faut écouter, c’est-à-dire recueillir les attentes ; c’est une démarche permanente et très importante.<br />
Ceux qui travaillent sur la question le savent bien : parce qu’ on l’a vu dans une autre ville, ou<br />
parce qu’on pense que cela correspond aux souhaits <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants, on lance <strong><strong>de</strong>s</strong> choses sans avoir fait<br />
un recueil <strong><strong>de</strong>s</strong> attentes. Et finalement, cela ne fonctionne pas. Ces <strong>de</strong>ux premières étapes - éclairer et<br />
écouter – peuvent être longues, mais sont indispensables à la mise en place d’un dispositif numérique.<br />
- La troisième étape est la collaboration : il faut constituer <strong><strong>de</strong>s</strong> réseaux, pro<strong>du</strong>ire les contenus, animer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
projets, ce qui est toujours le cas lorsque l’on crée <strong>de</strong> la démocratie participative, avec ou sans numérique.<br />
- La <strong>de</strong>rnière chose que l’on oublie parfois <strong>de</strong> faire est l’ évaluation et la valorisation, c’est-à-dire qu’il faut montrer<br />
ce que l’on a fait, dire ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. C’est un temps <strong>de</strong> réflexion et <strong>de</strong> bilan.<br />
Quelques exemples <strong>de</strong> réalisations<br />
De nombreuses villes mettent en place une citoyenneté sur les réseaux numériques, et ce <strong>de</strong> diverses façons.<br />
Les réseaux permettent la contribution à <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs <strong>de</strong> service public, construits avec l’usager. Les blogs créent <strong>du</strong> service,<br />
<strong>de</strong> la solidarité, <strong>de</strong> la proximité. Le numérique peut être un outil d’évaluation <strong>de</strong> la politique publique ; dans le domaine <strong>du</strong><br />
déve-loppement <strong>du</strong>rable, il permet d’initier <strong>de</strong> nouvelles pratiques et <strong>de</strong> nouveaux comportements.<br />
Page 15 - Atelier 2<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13-17 Avril <strong>2012</strong>
Sur certains sites, les habitants laissent <strong><strong>de</strong>s</strong> commentaires, <strong><strong>de</strong>s</strong> messages ou font partager<br />
leurs coups <strong>de</strong> cœur sur tous les sujets qui peuvent les intéresser : conférences, petites annonces,<br />
programmes d’activité <strong><strong>de</strong>s</strong> associations…<br />
Un site <strong>de</strong> marché citoyen permet aux publics <strong>de</strong> donner <strong><strong>de</strong>s</strong> informations sur les points <strong>de</strong><br />
vente qui proposent <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction locale.<br />
Les sites <strong><strong>de</strong>s</strong> régions sont très axés sur les infrastructures, mais portent<br />
aussi sur les usages, les pratiques, le tourisme. Ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> villes proposent <strong><strong>de</strong>s</strong> débats, <strong><strong>de</strong>s</strong> vidéos,<br />
un formulaire d’inscription en ligne pour la fête <strong><strong>de</strong>s</strong> voisins, une page Facebook pour la<br />
commission consultative <strong>de</strong> la jeunesse… Certaines municipalités donnent une gran<strong>de</strong> transparence<br />
à l’information, ou travaillent sur la participation et l’accès pour tous les publics.<br />
En matière <strong>de</strong> tourisme, <strong><strong>de</strong>s</strong> exemples montrent que ce sont les utilisateurs qui créent les contenus<br />
d’informations touristiques. Les applications mobiles sont une révolution : nous pouvons tous avoir un<br />
petit outil qui nous permet <strong>de</strong> participer activement à certaines espaces. Il existe toute une liste d’applications<br />
mobiles au service <strong>de</strong> la citoyenneté. De nombreux autres exemples sont disponibles sur le site www.villesinternet.net,<br />
qui incite les villes à partager leurs expériences.<br />
ATELIER 2<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong> Page 16 - Atelier 2
Réactions,<br />
échanges<br />
et débat<br />
Atelier 2<br />
Les thèmes abordés sont résumés sous forme <strong>de</strong> questions, sous lesquelles figurent les<br />
réponses et remarques apportées par les intervenants et le public.<br />
La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens en matière <strong>de</strong> service numérique a-t-elle évolué à <strong>Metz</strong> ?<br />
Hormis les dispositifs téléphoniques classiques qui recueillent un nombre d’appels assez constant<br />
à la mairie <strong>de</strong> <strong>Metz</strong>, les élus, adjoints <strong>de</strong> quartier et chargés <strong>de</strong> missions sont réactifs dès qu’ils<br />
sont sollicités par mail. Ils ont régulièrement <strong><strong>de</strong>s</strong> messages provenant <strong>de</strong> personnes <strong>de</strong> toutes générations,<br />
et communiquent sur une gran<strong>de</strong> partie <strong><strong>de</strong>s</strong> actions engagées par la <strong>Ville</strong>. Ce type <strong>de</strong> contact est<br />
beaucoup moins formel et semble se développer. Les chats sur l’é<strong>du</strong>cation ou sur d’autres thématiques ont<br />
bien fonctionné. Si la citoyenneté, le sentiment d’appartenance à sa ville et le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> participation et<br />
d’implication <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants évoluent, ce sera beaucoup grâce aux outils que les équipes auront développés ;<br />
le numérique joue donc un rôle fondamental, ce qui<br />
n’était pas le cas il y a quelques années. Lors <strong><strong>de</strong>s</strong> rencontres<br />
sur le terrain, les citoyens parlent beaucoup<br />
<strong>du</strong> site Internet et posent <strong><strong>de</strong>s</strong> questions nouvelles :<br />
est-ce que les élus twittent, qui est sur Facebook, estce<br />
le maire lui-même qui s’occupe <strong>de</strong> sa page…<br />
Facebook peut être un outil <strong>de</strong> communication<br />
sur le travail politique, sur l’engagement,<br />
sur divers événements qui se déroulent à <strong>Metz</strong>.<br />
Au fur et à mesure, l’on parvient même à sortir<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> frontières <strong>de</strong> la ville et à susciter l’intérêt<br />
<strong>de</strong> citoyens d’autres régions et d’autres pays.<br />
Facebook, Twitter, chat… Toutes les<br />
générations peuvent-elles s’adapter à ces<br />
technologies perçues comme obscures et qui font<br />
parfois peur ?<br />
La difficulté est effectivement <strong>de</strong> parler à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
personnes n’ayant pas une intuition sur ces technologies,<br />
contrairement cette génération que l’on<br />
appelle digital native.<br />
Page 17 - Atelier 2<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
À noter qu’il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux à <strong>Metz</strong> où l’on peut apprendre<br />
les rudiments <strong>de</strong> Facebook, Twitter ou chat.<br />
Cependant, surtout concernant Facebook, nous<br />
sommes loin <strong>du</strong> cliché selon lequel uniquement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
jeunes qui se servent <strong>de</strong> ces technologies.<br />
Sur la page Facebook <strong>de</strong> la <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> Vandœuvre,<br />
ce sont majoritairement <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 45<br />
ans qui se connectent parce que les sujets abordés<br />
n’intéressent pas nécessairement les 15-24 ans. Dans<br />
le cadre <strong>de</strong> la rénovation urbaine <strong>de</strong> cette ville par<br />
exemple, la municipalité présente <strong><strong>de</strong>s</strong> plans, <strong><strong>de</strong>s</strong> cartes,<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> visuels, car les citoyens souhaitent en discuter et<br />
amen<strong>de</strong>r les projets en apportant leur point <strong>de</strong> vue.<br />
Le numérique a cependant tendance à être<br />
un peu envahissant et peut être perçu comme<br />
complexe, mais il faut aussi que les générations<br />
les plus anciennes gar<strong>de</strong>nt le plaisir d’avoir connu<br />
le temps où Internet n’existait pas et qui peuvent<br />
apporter aux digital native une gran<strong>de</strong> richesse.<br />
Même si le numérique est présent dans nos<br />
vies, il ne doit pas être envahissant pour que<br />
nous gardions la poésie, le plaisir <strong>du</strong> texte, etc.
Les réseaux sociaux, même s’ils sont un outil indispensable <strong>de</strong> communication<br />
et <strong>de</strong> travail, restent un complément et ne remplaceront jamais le contact humain, les<br />
réunions publiques, les bala<strong><strong>de</strong>s</strong> dans les quartiers et tous ces moments donnés aux citoyens.<br />
Comment mettre en place <strong>de</strong> façon efficace ce type d’outils ?<br />
L’intérêt n’est pas simplement <strong>de</strong> délivrer le message <strong>de</strong> façon verticale, mais d’avoir une démarche<br />
<strong>de</strong> co-construction avec les citoyens. Ce n’est pas le cas <strong>de</strong> certaines villes qui utilisent l’outil, mais qui<br />
ont tendance à vouloir être dans cette démarche verticale peu intéressante. La problématique est aussi<br />
que les administrations, les élus et les collectivités ne sont pas toujours formés à ce type <strong>de</strong> questions.<br />
Le recueil <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins, la formation et la sensibilisation à la fois <strong><strong>de</strong>s</strong> élus, <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens et <strong><strong>de</strong>s</strong> personnels<br />
administratifs sont essentiels, sans quoi les services numériques mis en place sont amenés à péricliter.<br />
Les on<strong><strong>de</strong>s</strong> électromagnétiques peuvent-elles générer <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> santé ?<br />
METZ<br />
<strong>2012</strong><br />
Le problème <strong><strong>de</strong>s</strong> antennes mobiles est récurrent et les habitants posent souvent <strong><strong>de</strong>s</strong> questions sur<br />
les risques potentiels sanitaires. À ce jour, l’on ne connaît pas scientifiquement la réalité <strong>du</strong> danger que<br />
représentent ces on<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />
La <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> a signé une charte avec les différents opérateurs qui porte sur l’information au<br />
niveau <strong>de</strong> l’implantation <strong><strong>de</strong>s</strong> antennes, mais elle n’est pas compétente en matière <strong>de</strong> police <strong><strong>de</strong>s</strong> antennes<br />
; en 2011, un arrêt <strong>du</strong> Conseil d’État a même annulé un grand nombre d’arrêtés municipaux pris par<br />
différents maires en matière d’antennes mobiles.<br />
Les rayonnements sont régulièrement mesurés, et la cartographie <strong>de</strong> ces mesures est accessible<br />
sur le site Internet <strong>de</strong> l’agence publique ANRF (Agence nationale <strong>de</strong> radiofréquence).<br />
La <strong>Ville</strong> est très vigilante et essaie au maximum <strong>de</strong> respecter ce principe <strong>de</strong> précaution dans<br />
l’intérêt <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens, dans la limite <strong>de</strong> ce que la loi permet à ce jour. La <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> proscrit l’utilisation<br />
<strong>du</strong> Wifi dans les écoles.<br />
Quant au WiFi, il y a dix-sept hotspots sur le domaine public <strong>de</strong> la ville, plus d’autres, privés,<br />
dans certains hôtels et cafés. Quelques sites Internet recensent les emplacements <strong>de</strong> ces hotspots, dont la<br />
portée est relativement limitée et les rayonnements très faibles. En revanche, le CPL (courant porteur en<br />
ligne) à domicile, par exemple pour l’Internet, génère <strong><strong>de</strong>s</strong> doses massives d’on<strong><strong>de</strong>s</strong>. Ces enjeux sanitaires<br />
importants nécessitent d’être vigilant et <strong>de</strong> se tenir informé <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> faites au niveau scientifique.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Page 18 - Atelier 2
Objectif : ré<strong>du</strong>ire la fracture numérique<br />
Exposé <strong>de</strong> Franck Taton<br />
L’action <strong>de</strong> l’association Tous Branchés.com vise à ré<strong>du</strong>ire ce que l’on appelle communément<br />
la fracture numérique. En France, environ 20 % <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens sont relativement en<br />
difficulté avec les nouvelles technologies. Parmi eux, on distingue <strong>de</strong>ux groupes. Le premier peut<br />
être considéré comme une espèce en voie <strong>de</strong> disparition : il s’agit <strong>de</strong> personnes qui, <strong>de</strong>puis les années<br />
90, ne se sont pas intéressées à ces nouveaux outils, bien qu’elles en avaient le potentiel. Aujourd’hui,<br />
elles se ren<strong>de</strong>nt dans <strong><strong>de</strong>s</strong> ateliers et ont tous les moyens nécessaires pour rattraper leur retard.<br />
Pour le <strong>de</strong>uxième groupe, les choses s’avèrent plus compliquées parce qu’elles concernent<br />
les « handicapés <strong>de</strong> la technologie ». Pourquoi ? Soit parce qu’ils ne savent pas lire, soit ils ont toujours<br />
eu <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes avec l’apprentissage, soit on leur a dit qu’ils étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> incapables et ils ont<br />
fini par le croire, soit ils se sentent trop âgés pour s’y mettre. Toutes ces personnes sont dans la fracture<br />
numérique et elles n’en sortiront pas, d’autant que les réseaux seront bientôt omniprésents et incontournables.<br />
Pourtant, très peu <strong>de</strong> gens sont incapables potentiellement d’utiliser ces outils, et les<br />
freins sont avant tout psychologiques. Au sein <strong>de</strong> Tous Branchés.com, nous pensons qu’il faut lever<br />
ces freins et que notre travail doit essentiellement porter sur la démystification <strong>de</strong> ces technologies.<br />
Stratégie : se déplacer et motiver<br />
Notre approche repose sur <strong>de</strong>ux axes dont le premier est la proximité et la mobilité<br />
: avec notre équipement, nous allons au-<strong>de</strong>vant <strong><strong>de</strong>s</strong> publics en nous rendant dans les clubs <strong>du</strong><br />
troisième âge, dans les salles <strong><strong>de</strong>s</strong> quartiers, là où se trouvent les gens que nous voulons toucher.<br />
Nous ne leur proposons pas <strong>de</strong> venir dans un espace public équipé d’ordinateurs, car ils ne s’y rendront pas.<br />
C’est ainsi que nous organisons <strong><strong>de</strong>s</strong> sessions <strong>de</strong> sensibilisation, d’initiation et <strong>de</strong> perfectionnement.<br />
La <strong>de</strong>uxième chose importante est que comme nous travaillons sur <strong><strong>de</strong>s</strong> blocages psychologiques,<br />
il faut faire naître la motivation. Lorsque nous nous adressons aux familles – enfants et parents – socialement<br />
fragiles, nous ne leur proposons pas d’emblée un apprentissage <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvelles technologies.<br />
Nous commençons par faire une bala<strong>de</strong> à <strong>Metz</strong>, nous faisons <strong><strong>de</strong>s</strong> photos, puis nous travaillons la bureautique<br />
en faisant <strong><strong>de</strong>s</strong> diaporamas ou <strong><strong>de</strong>s</strong> mises en page avec les photos <strong>de</strong> la famille et <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants.<br />
Naturellement, en termes <strong>de</strong> motivation, l’on s’investit beaucoup plus en travaillant avec sa propre<br />
image. Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens <strong>de</strong> toucher <strong><strong>de</strong>s</strong> publics en difficulté ou même en rupture <strong>de</strong> lien social.<br />
Ce principe est appliqué à d’autres cas, par exemple dans les clubs <strong>du</strong> troisième âge. Ainsi, une séance <strong>de</strong> karaoké<br />
live sur Internet a eu énormément <strong>de</strong> succès. Les gens adorent chanter, trouvent magique que l’on<br />
soit capable <strong>de</strong> retrouver <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles <strong>de</strong> chansons en <strong>de</strong>ux clics et <strong>du</strong> coup, ils ont envie <strong>de</strong> s’y mettre.<br />
Page 19 - Atelier 2 <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong>
Quelques applications dans le domaine<br />
<strong>de</strong> la citoyenneté<br />
La <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> s’est lancée dans le chat, qui est évi<strong>de</strong>mment quelque<br />
chose d’un peu bizarre pour les non-initiés. En matière <strong>de</strong> citoyenneté, ils sont plutôt habitués<br />
aux débats publics avec la présence d’un élu, mais le chat permet à l’élu un élargissement<br />
<strong>du</strong> débat. Avec notre équipement, nous nous sommes ren<strong>du</strong>s dans une salle collective et<br />
avons proposé aux habitants <strong>de</strong> participer au chat organisé par la <strong>Ville</strong> et <strong>de</strong> chatter avec un élu.<br />
Ce fut un laboratoire vivant <strong>de</strong> comparaison entre la démocratie via Internet et la démocratie<br />
sur place : le public voyait bien la richesse et les limites <strong>du</strong> chat, et il voyait aussi la richesse<br />
<strong>du</strong> débat en commun dans la salle. Avec les habitants <strong><strong>de</strong>s</strong> quartiers, nous avons vécu une vraie expérience<br />
<strong>de</strong> démocratie et <strong>de</strong> réflexion sur les évolutions <strong>de</strong> ces outils dans nos comportements citoyens.<br />
Un autre type d’application porte sur l’accompagnement <strong><strong>de</strong>s</strong> municipalités. Nous<br />
avons <strong>de</strong>ux projets importants. Le premier est d’épauler les comités <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> dans<br />
l’informatisation <strong>de</strong> leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement, soit en les aidant à définir les éléments qui<br />
seront mis en place, soit en formant ceux qui sont assez loin <strong>de</strong> la maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvelles technologies.<br />
Dans un second projet, nous allons ai<strong>de</strong>r les habitants d’une petite ville <strong>de</strong> la région à réaliser le site<br />
Internet <strong>de</strong> leur commune. Avec les structures associatives, le club <strong>du</strong> troisième âge, l’école, etc., ils pourront<br />
contribuer à l’animation, à la rédaction et à la publication <strong>de</strong> ce site Internet. Cette action leur permettra à la<br />
fois <strong>de</strong> se mettre aux nouvelles technologies et <strong>de</strong> mener une<br />
action citoyenne.<br />
Enfin, nous menons <strong><strong>de</strong>s</strong> actions multimédias citoyennes. Lors <strong>de</strong> la précé<strong>de</strong>nte Semaine<br />
européenne <strong>de</strong> la démocratie locale, dans un atelier situé sur une place publique à <strong>Metz</strong>,<br />
les gens pouvaient s’exprimer sur les droits <strong>de</strong> l’homme, soit au travers <strong>de</strong> photos qu’ils apportaient<br />
sur ce thème, soit en commentant ces mêmes photos diffusées à l’ai<strong>de</strong> d’un dispositif technique.<br />
Au fil <strong>de</strong> la journée, un album photo commenté a été constitué. Aujourd’hui même, à<br />
l’occasion <strong>de</strong> ce <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong>, nous refaisons ce type d’expérimentation en essayant <strong>de</strong><br />
filmer ce que nous appelons les mots <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens : nous invitons tous les passants à s’exprimer<br />
sur les questions <strong>de</strong> démocratie <strong>de</strong>vant un dispositif vidéo simple, original et accessible.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Page 20 - Atelier 2
Comment intéresser les populations les plus réfractaires aux<br />
nouvelles technologies ?<br />
En 2011, l’association Tous Branchés.com a accompagné cinq cents personnes. C’est une bonne opération, mais<br />
il en découle que la population restante est <strong>de</strong> plus en plus difficile à toucher. Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui ne voudront pas entrer<br />
dans le numérique, et il est évi<strong>de</strong>nt qu’il ne faut pas les forcer.<br />
D’autres personnes choisissent volontairement <strong>de</strong> ne pas s’inclure dans ces dispositifs, mais cela ne les<br />
empêche pas <strong>de</strong> s’engager dans la démocratie participative, car la communication classique existe toujours. Il est<br />
important que les nouvelles technologies soient là en complément ou en optimisation, mais pas en substitution.<br />
Quels types <strong>de</strong> dérives peut-on<br />
constater avec les dispositifs existants ?<br />
Chez Pôle Emploi, il faut une adresse mail,<br />
même si le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur recherche un emploi ne nécessitant<br />
pas la maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvelles technologies. Il<br />
est inadmissible que l’on puisse dire à un chômeur, <strong>de</strong><br />
surcroît s’il est en difficulté sociale, qu’il ne pourra pas<br />
être agent d’entretien parce qu’il n’a pas d’adresse mail.<br />
Le vocabulaire utilisé n’est pas toujours simple à<br />
comprendre, d’autant que certaines personnes ont tendance<br />
à jargonner. L’acquisition <strong>du</strong> vocabulaire fait partie<br />
<strong>de</strong> la formation, mais il faut aussi savoir s’exprimer clairement<br />
et simplement.<br />
Certaines personnes ont tendance à pianoter et<br />
à envoyer <strong><strong>de</strong>s</strong> messages à tout moment, qu’elles soient<br />
en réunion, au restaurant, au cinéma… Cela peut gêner<br />
énormément d’avoir quelqu’un en face <strong>de</strong> soi qui écoute<br />
et envoie un message en même temps, et cela <strong>de</strong>vient un<br />
vrai problème.<br />
Page 21 - Atelier 2<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Réactions,<br />
échanges<br />
et débat<br />
Atelier 2<br />
ATELIER 2<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté<br />
Des paniers à portables <strong>de</strong>vraient être installés à l’entrée<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> salles <strong>de</strong> réunion. Les enfants sont tous connectés<br />
très tôt, mais à <strong><strong>de</strong>s</strong> choses qui ne sont parfois pas très<br />
pertinentes.<br />
Il est important que les collectivités, les<br />
enseignants et les parents se penchent sur les métho<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
permettant à l’enfant d’être capable <strong>de</strong> faire le tri. Le site<br />
villes-internet.net a développé le réseau « Écoles Internet »<br />
qui mène une réflexion sur les apprentissages nécessaires.<br />
En effet, si les enfants n’ont pas préalablement<br />
été é<strong>du</strong>qués à l’analyse <strong>du</strong> texte et <strong>de</strong><br />
l’image sur Internet, ils n’ont pas le recul nécessaire.<br />
Dans les petites classes en particulier,<br />
lors <strong>de</strong> l’apprentissage <strong>de</strong> la lecture, l’enseignant<br />
travaille justement à faire cette analyse.<br />
METZ<br />
<strong>2012</strong>
Exposé <strong>de</strong> Philippe Henaux et Olivier Payrau<strong>de</strong>au<br />
L’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins technologiques<br />
En termes <strong>de</strong> stratégie d’aménagement numérique <strong>du</strong> territoire <strong>de</strong> <strong>Metz</strong>, nous avons la chance<br />
d’avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> offres multiples d’accès à Internet avec au moins trois familles <strong>de</strong> services : les opérateurs ADSL<br />
dont le débit n’est pas forcément garanti ; les réseaux câblés, notamment l’opérateur Numéricable qui offre<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> services homogènes sur l’ensemble <strong>du</strong> territoire <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> ; le FTTH, c’est-à-dire la fibre optique qui<br />
compte déjà plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille abonnés à <strong>Metz</strong> et qui offre <strong><strong>de</strong>s</strong> débits dix fois supérieurs à l’ADSL classique.<br />
D’ici à 2015, l’ensemble <strong>de</strong> la population messine pourra bénéficier <strong>de</strong> ce service <strong>de</strong> fibre optique à la maison.<br />
Concernant les communes aux alentours <strong>de</strong> <strong>Metz</strong>, l’idée est qu’en 2013, il n’y ait plus un habitant qui n’ait pas<br />
au moins un accès haut débit chez lui. Les usages et les besoins évoluent. À <strong>Metz</strong>, nous sommes bien pourvus,<br />
mais les besoins doublent régulièrement et sont multipliés par dix tous les dix ans. En 2000 nous étions<br />
contents d’avoir un méga, aujourd’hui nous sommes cohérents lorsque nous avons dix mégas, et 2020 nous<br />
permettra d’avoir cent mégas.<br />
Il est vrai que les nouvelles technologies changent la donne. Elles ont par exemple changé les règles <strong>de</strong><br />
l’in<strong>du</strong>strie musicale : il y a dix ans, nous faisions l’acquisition <strong>de</strong> CD et aujourd’hui, nous achetons <strong>de</strong> la<br />
musique dématérialisée. Les professionnels <strong>de</strong> ce milieu n’ont pas vu venir ces virages et n’avaient pas conscience<br />
<strong>de</strong> la révolution qui était en marche. Il est important que tous les acteurs, publics notamment, intègrent<br />
les évolutions in<strong>du</strong>strielles, économiques et sociales pour qu’à l’intérieur <strong>de</strong> leur politique générale,<br />
ils puissent apporter plus <strong>de</strong> proximité, plus <strong>de</strong> souplesse et une meilleure qualité <strong>de</strong> vie dans la ville.<br />
Combler les fossés numériques<br />
Il y a plusieurs raisons pour qu’une ville s’investisse pour développer la citoyenneté. La première est que<br />
80 % <strong>de</strong> la population vit dans les villes et que les défis sont <strong>de</strong> plus en plus importants en matière <strong>de</strong> transports,<br />
d’environnement, d’énergie, <strong>de</strong> sécurité au sens large. Dans ce contexte, la ville ne pouvait pas s’écarter <strong>du</strong> domaine<br />
<strong>du</strong> numérique qui a pris une gran<strong>de</strong> place dans notre quotidien. La secon<strong>de</strong> raison est que les entreprises et les<br />
opérateurs privés n’ont pas un intérêt particulier à intervenir pour combler ce que l’on appelle le fossé numérique<br />
entre les territoires. Leur logique étant une logique <strong>de</strong> consommation, ce n’est qu’inci<strong>de</strong>mment qu’elles interviennent<br />
spontanément dans la citoyenneté. Voilà <strong>de</strong>ux raisons importantes qui assoient le concept <strong>de</strong> ville numérique.<br />
Pourquoi la <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> est-elle intervenue dans ce paradigme <strong>de</strong> ville numérique et quelles sont les facettes<br />
<strong>de</strong> son intervention, notamment pour développer la citoyenneté ? D’abord, cela se justifie par le constat qu’une partie<br />
<strong>de</strong> la population est en marge <strong>de</strong> cette évolution. En avril 2011, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>du</strong> Parlement, un rapport intitulé Le<br />
Fossé numérique en France a été publié par le Conseil d’analyse stratégique ; il est téléchargeable sur son site Internet.<br />
Ce rapport donne non seulement un éclairage sur les catégories <strong>de</strong> personnes qui n’ont pas d’équipement informatique,<br />
mais il analyse aussi la relation entre le travail scolaire et l’Internet, entre les acteurs associatifs et le fossé numérique,<br />
entre les seniors et l’Internet. Selon ses auteurs, il y a non pas un, mais trois fossés numériques :<br />
- un fossé générationnel, car 18 % <strong><strong>de</strong>s</strong> seniors seulement utilisent Internet en France, alors qu’ils sont 65 % au Danemark,<br />
ce qui montre le retard pris en France dans ce domaine ;<br />
- un fossé social puisqu’un tiers <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes à revenus faibles – à savoir moins <strong>de</strong> 1 000 € par mois dans cette étu<strong>de</strong> –<br />
n’ont pas accès à Internet, alors que 91 % <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes à revenus dits élevés utilisent Internet journellement ;<br />
- enfin, un fossé culturel : ce sont soit <strong><strong>de</strong>s</strong> populations fragiles, soit <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes sortant <strong>du</strong> circuit scolaire et qui ont<br />
besoin d’un accompagnement.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Page 22 - Atelier 2
Une stratégie reposant sur trois piliers<br />
La stratégie <strong>de</strong> la <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> repose sur trois axes essentiels : déployer les réseaux, développer<br />
les services dans un sens qui favorise la citoyenneté et accompagner la population dans l’appropriation<br />
<strong>de</strong> ces outils. <strong>Metz</strong> a été l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> premières villes à avoir un réseau dit <strong>de</strong> communication, ce qui lui a<br />
permis d’avoir <strong>de</strong> très bonnes relations avec les opérateurs qui ont une attention particulière pour elle.<br />
En janvier <strong>de</strong>rnier, elle a signé une convention avec Numéricable, dont elle avait déjà obtenu<br />
un tarif social dans les logements collectifs. Actuellement, Numéricable est en train d’équiper<br />
les écoles <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> en fibre optique très haut débit. <strong>Metz</strong> Métropole, quant à elle, a constaté <strong>de</strong> nombreuses<br />
zones blanches : environ 25 % <strong><strong>de</strong>s</strong> communes <strong>de</strong> l’agglomération n’ont pas accès au haut<br />
débit. Le plan « Haut débit pour tous » prévoit qu’aucune commune ne soit pas <strong><strong>de</strong>s</strong>servie par <strong>du</strong><br />
haut débit. C’est un projet assez ambitieux qui verra le jour en 2013 et qui coûtera 2 millions d’euros,<br />
mais il montre que <strong>Metz</strong> et <strong>Metz</strong> Métropole mettent l’accent sur cette fracture territoriale. Par<br />
ailleurs, plusieurs communes se sont regroupées dans un syndicat <strong>de</strong> communes pour développer<br />
la fibre optique à domicile ; l’objectif est <strong>de</strong> mettre en place une délégation <strong>de</strong> service public,<br />
<strong>de</strong> créer un réseau à très haut débit sur leur territoire et <strong>de</strong> le faire exploiter par un opérateur privé.<br />
Enfin, il existe les bornes WiFi que l’on trouve sur les places <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> et qui peuvent être déployées<br />
assez rapi<strong>de</strong>ment, ce qui constitue un atout notamment pour les touristes et les jeunes qui se connectent en<br />
plein air. Dans le domaine <strong><strong>de</strong>s</strong> services, <strong>Metz</strong> a été là aussi pionnière par l’ouverture <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers espaces publics<br />
numériques en 1999, <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à proposer un accompagnement sur les technologies. Au fil <strong>du</strong> temps, il s’est avéré<br />
que cette logique <strong>de</strong> formation n’était plus adaptée : la fréquentation diminuait et le public n’était pas celui qui<br />
nécessitait le plus un accompagnement vers les NTIC. Cela a poussé la <strong>Ville</strong> à repenser ses espaces publics en les<br />
ouvrant vers le public pour un accompagnement aux outils, et vers les personnes en difficulté pour l’insertion sociale,<br />
la rédaction <strong>de</strong> CV et l’accompagnement dans l’emploi. En complément à ce redimensionnement <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces<br />
multimédias, elle a commencé un travail avec les associations parce qu’elles accueillent plus facilement un certain<br />
type <strong>de</strong> population, qui vient plus spontanément chez elles que dans un espace numérique municipal ; l’appui sur<br />
le tissu associatif permet un panel d’accompagnement beaucoup plus large.<br />
Une autre expérience démarrée en 2010 touche les publics en difficulté : il s’agit <strong>du</strong> centre pénitencier <strong>de</strong><br />
<strong>Metz</strong>-Queuleu dans lequel un centre multimédia a été créé, en partenariat avec la Caisse <strong><strong>de</strong>s</strong> dépôts et quelques associations.<br />
Cet espace, équipé <strong>de</strong> quatorze postes informatiques, accueille les détenus pour différents types <strong>de</strong> formations<br />
: lutte contre l’illettrisme, apprentissage <strong><strong>de</strong>s</strong> techniques <strong>de</strong> base, sensibilisation aux technologies <strong>de</strong> l’information<br />
et <strong>de</strong> la communication, préparation d’une réinsertion dans la vie civile… Cette expérience est aujourd’hui un succès<br />
et l’on ne peut que s’en féliciter. Enfin, dans cette association ville numérique et citoyenneté, un projet important est en<br />
cours : c’est le concept d’e-mairie. D’une part, le service Allô mairie, ouvert <strong>de</strong>puis janvier <strong>de</strong>rnier, permet <strong>de</strong> faciliter<br />
les échanges entre l’usager et les services <strong>de</strong> la <strong>Ville</strong> avec un suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong>. D’autre part, la refonte <strong>du</strong> site Internet<br />
<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong>vrait être achevée vers septembre <strong>2012</strong>. Le nouveau site permettra un accès rapi<strong>de</strong> aux informations citoyennes.<br />
Il sera complété <strong>de</strong> fonctions supplémentaires : chats entre les citoyens et les élus, entre les citoyens et les comités<br />
<strong>de</strong> quartier, entre les services dématérialisés et les membres <strong><strong>de</strong>s</strong> différents comités <strong>de</strong> quartier, blogs, extranet <strong><strong>de</strong>s</strong> comités<br />
<strong>de</strong> quartier. Des flashco<strong><strong>de</strong>s</strong> seront également utilisés, et l’on pourra avec un smartphone accé<strong>de</strong>r à <strong><strong>de</strong>s</strong> informations contextualisées.<br />
La communication mobile<br />
La citoyenneté numérique peut aussi être exercée en mobilité, en développant <strong>de</strong> nouveaux services<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à ai<strong>de</strong>r le citoyen dans la ville. La ville <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> est équipée d’un paiement <strong>du</strong> stationnement<br />
par téléphonie mobile. Ce service, gratuit pour l’usager et accessible avec n’importe quel type <strong>de</strong> téléphone,<br />
est une réussite puisqu’il compte 800 inscrits et environ 15 000 transactions réalisées en un an.<br />
Page 23 - Atelier 2 <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong>
Ce système <strong>de</strong> paiement par téléphone mobile a aussi servi d’expérience dans le cadre d’un<br />
appel d’offres pour le projet NFC, c’est-à-dire une communication se faisant avec un faible contact<br />
entre <strong>de</strong>ux objets, et il suffit d’approcher son téléphone d’un système pour effectuer une communication.<br />
Le but est <strong>de</strong> développer un système pour les transports dits intelligents, notamment pour le<br />
Mettis, ou pour payer facilement avec un téléphone mobile une entrée dans un musée. Il est<br />
aussi possible d’obtenir, en présentant un téléphone près d’une borne, <strong><strong>de</strong>s</strong> informations particulières<br />
liées aux lieux contextuels, c’est-à-dire au moment et à l’endroit où l’on se trouve. La ville s’est associée<br />
avec d’autres municipalités pour former un pool <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> mutualisation sur ce fameux NFC.<br />
En conclusion<br />
Tous ces services constituent une chaîne permettant à la citoyenneté <strong>de</strong> s’ exprimer par le numérique.<br />
Ces outils ne sont pas une fin en soi, mais ils sont essentiels parce qu’ils facilitent énormément la communication.<br />
Voilà pourquoi une ville ne peut pas ne pas être numérique – et elle ne peut pas ne pas être citoyenne<br />
parce que son objet premier est <strong>de</strong> créer ce tissu citoyen –, et voilà pourquoi, dans sa politique, <strong>Metz</strong> considère<br />
ce volet numérique comme important. Aujourd’hui, les dispositifs proposés aux citoyens par les collectivités<br />
locales sont nombreux, mais très disparates. Ils ont tous un intérêt, mais ne traitent qu’une partie <strong>du</strong> besoin ci<br />
toyen. L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> enjeux est <strong>de</strong> donner une cohérence à l’ensemble <strong>de</strong> ces outils pour les rendre plus faciles d’accès,<br />
et c’est sur ce concept que la <strong>Ville</strong> travaille actuellement.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
ATELIER 2<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté<br />
Page 24 - Atelier 2
<strong>Metz</strong> disposera bientôt <strong>de</strong> la fibre optique, mais<br />
comment résoudre la problématique <strong><strong>de</strong>s</strong> quartiers<br />
et <strong><strong>de</strong>s</strong> villes périphériques en matière <strong>de</strong> solutions<br />
techniques ?<br />
Il est vrai que <strong>Metz</strong> a été choisie comme ville pilote<br />
pour l’installation <strong>de</strong> la fibre optique, et que la problématique<br />
est très différente dans les communes avoisinantes moins<br />
<strong>de</strong>nses. Certaines d’entre elles optent pour l’ADSL, d’autres<br />
pour la fibre optique ; il n’y a pas <strong>de</strong> cohérence, mais il est difficile<br />
d’avoir une stratégie commune dans la mesure où le coût<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> travaux est toujours très important. La situation <strong>de</strong> certaines<br />
communes a été étudiée, et une solution technique<br />
pourrait être <strong>de</strong> doper ADSL pour arriver à environ 10 mégas.<br />
Une question se pose cependant : pourquoi mettre <strong>du</strong> haut débit<br />
dans les communes ? La réponse relève d’un vrai choix politique.<br />
Lorsque les citoyens veulent construire dans une ville périphérique,<br />
ils souhaitent profiter <strong><strong>de</strong>s</strong> avantages <strong>de</strong> la campagne, mais mettent<br />
aussi en avant trois critères qui sont d’avoir les transports, le mé<strong>de</strong>cin<br />
et l’ADSL. Cela peut également être vrai pour les entreprises,<br />
et notamment les auto-entrepreneurs, qui peuvent avoir envie <strong>de</strong><br />
s’installer en périphérie <strong><strong>de</strong>s</strong> villes, mais sous réserve d’avoir <strong>du</strong> débit<br />
pour pouvoir faire <strong>du</strong> télétravail. Cela dit, le très haut débit n’est pas<br />
indispensable, sauf peut-être pour un certain type d’entreprises.<br />
Les formations en milieu carcéral sont-elles évaluées sur le<br />
plan <strong><strong>de</strong>s</strong> acquisitions ou <strong>de</strong> la<br />
citoyenneté ?<br />
Il existe actuellement huit cyberbases en milieu carcéral, toutes<br />
très récentes. L’évaluation qui a été faite à <strong>Metz</strong>-Queuleu est surtout<br />
pédagogique. Il semble que la formation à la lecture par exemple,<br />
évaluée à l’intérieur <strong>du</strong> cyberespace, soit un succès, mais elle n’a pas<br />
été mesurée à l’extérieur à cause <strong>du</strong> caractère récent <strong>de</strong> l’initiative.<br />
En fait, <strong>de</strong>ux situations se profilent. Si les détenus ayant démarré<br />
un cycle <strong>de</strong> formation le poursuivent à la sortie, ils sont suivis. La<br />
question se pose pour les autres qui ont terminé leur cycle en détention<br />
: une fois qu’ils sont sortis, forcément, il n’est plus possible<br />
Page 25 - Atelier 2<br />
Réactions,<br />
échanges<br />
et débat<br />
Atelier 2<br />
d’assurer leur suivi. Nous avons donc<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés à savoir quel est le bénéfice<br />
à long terme <strong>de</strong> ces formations.<br />
Ne faudrait-il pas initier un réel débat<br />
concernant les risques sanitaires<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> on<strong><strong>de</strong>s</strong> électromagnétiques ?<br />
La présence <strong>de</strong> nombreux équipements<br />
électroniques peut engendrer <strong><strong>de</strong>s</strong> gênes<br />
chez les personnes qui y sont sensibles. Un<br />
courant porteur en ligne utilisant le circuit<br />
électrique d’un appartement et permettant<br />
d’avoir la télévision sur Internet dans une<br />
pièce, Internet lui-même<br />
dans une autre, le téléphone ailleurs, provoque<br />
un rayonnement très important qui<br />
fait une boucle dans l’appartement. Il est<br />
prouvé par exemple qu’habiter sous une<br />
ligne à haute tension n’est pas sans effets,<br />
donc l’on peut penser <strong>de</strong> même pour les<br />
on<strong><strong>de</strong>s</strong> électromagnétiques.<br />
C’est un problème pour lequel<br />
la vigilance est <strong>de</strong> mise, et la <strong>Ville</strong> suit<br />
l’actualité scientifique et réglementaire<br />
dans ce domaine. La responsabilité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
élus est d’être sensibles à cette question, <strong>de</strong><br />
prendre toutes les mesures au niveau <strong>de</strong> la<br />
commune, d’appliquer le principe <strong>de</strong> précaution<br />
et <strong>de</strong> faire face aux risques sanitaires<br />
dans le cadre <strong>de</strong> la réglementation.<br />
ATELIER 2<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong>
Des communes ont essayé d’imposer <strong><strong>de</strong>s</strong> normes plus strictes aux opérateurs, mais un arrêt récent <strong>du</strong> Conseil<br />
d’État leur bri<strong>de</strong> malheureusement toute possibilité d’action. Cet arrêt dit clairement que tout ce qui relève <strong>de</strong> la police<br />
d’installation <strong><strong>de</strong>s</strong> antennes mobiles relève exclusivement <strong>du</strong> ministre chargé <strong><strong>de</strong>s</strong> télécommunications. La municipalité<br />
<strong>de</strong> <strong>Metz</strong> n’est pas sans armes parce que les opérateurs travaillent dans la ville, mais elle n’a pas <strong>de</strong> pouvoir coercitif.<br />
Il faudrait effectivement avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> normes beaucoup plus strictes – cet avis est partagé par beaucoup<br />
d’élus à <strong>Metz</strong>. La mobilisation citoyenne pourrait permettre <strong>de</strong> faire bouger les autorités et contrebalancer<br />
le poids qu’ont les opérateurs dans les recherches montrant la soi-disant innocuité <strong><strong>de</strong>s</strong> on<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />
De nombreux citoyens <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt une réunion d’information contradictoire concernant les risques sanitaires <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
on<strong><strong>de</strong>s</strong> électromagnétiques. Des associations telles que<br />
Robin <strong><strong>de</strong>s</strong> Toits ont beaucoup travaillé sur ce thème et auraient <strong><strong>de</strong>s</strong> informations à communiquer. Il est toutefois délicat<br />
d’organiser ce type <strong>de</strong> réunion dans la sérénité, chaque acteur ayant sa propre position sur le sujet, mais il faudrait<br />
effectivement que ce débat ait lieu.<br />
En quoi les nouvelles technologies pourraient-elles contribuer à l’é<strong>du</strong>cation à la citoyenneté ?<br />
Pourquoi attendre <strong><strong>de</strong>s</strong> technologies numériques qu’elles comblent spontanément le fossé entre la société civile<br />
et la société politique ? Elles ne sont pas une solution miracle. L’é<strong>du</strong>cation à la citoyenneté commence à l’école, par<br />
l’é<strong>du</strong>cation <strong><strong>de</strong>s</strong> parents, dès le plus jeune âge, et ne peut être compensée par les nouveaux outils. Preuve en est cette<br />
journée <strong>du</strong> <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong>… Les dispositifs numériques offrent cependant d’autres avantages : ils permettent<br />
à <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens <strong>de</strong> participer à <strong><strong>de</strong>s</strong> réunions sans qu’ils soient présents physiquement, par manque <strong>de</strong> temps ou par peur<br />
<strong>de</strong> s’exprimer en public. Ils permettent à la <strong>Ville</strong> d’offrir <strong><strong>de</strong>s</strong> services. Enfin, certaines personnes se sentent réellement<br />
plus proches <strong><strong>de</strong>s</strong> élus et <strong><strong>de</strong>s</strong> services <strong>de</strong> la municipalité, car elles peuvent communiquer plus facilement.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Page 26 - Atelier 2
C’est quoi, une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier ?<br />
Dans le cadre <strong>du</strong> cinquantenaire <strong>du</strong> rattachement <strong><strong>de</strong>s</strong> communes <strong>de</strong> Magny, Grigy, Borny et Vallières à la<br />
commune <strong>de</strong> <strong>Metz</strong>, quelle a été l’évolution <strong>de</strong> ces quartiers, tant au niveau <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité que <strong>de</strong> l’évolution<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> formes urbaines ? Quels projets, quelles actions peuvent être mis en œuvre pour comprendre et développer<br />
l’i<strong>de</strong>ntité <strong><strong>de</strong>s</strong> quartiers et <strong>de</strong> la ville ? En quoi ces projets ren<strong>de</strong>nt-ils les citoyens acteurs <strong>de</strong> leur ville ?<br />
Intervenants :<br />
- Hervé Marchal, sociologue, Université <strong>de</strong> Lorraine<br />
- Animateur : Jean-Louis Vuillaume<br />
La dimension sociale et spatiale d’un quartier<br />
Exposé <strong>de</strong> Hervé Marchal<br />
Lorsque l’on parle d’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier, il faut comprendre qu’un quartier, c’est à la fois <strong>du</strong> social et <strong>du</strong><br />
spatial. Le social, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> gens avec <strong><strong>de</strong>s</strong> manières <strong>de</strong> vivre, <strong><strong>de</strong>s</strong> représentations, <strong><strong>de</strong>s</strong> rituels, <strong><strong>de</strong>s</strong> normes. Le spatial,<br />
c’est la matérialité, le cadre bâti avec ce qu’il qu’incarne et les représentations qu’il génère. Parler d’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier est<br />
extrêmement difficile et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à toujours conjuguer le versant social et le versant spatial d’un quartier pour pouvoir le<br />
comprendre. J’insiste sur ce point parce que bien souvent, on a <strong>du</strong> mal à conjuguer le quartier avec ces <strong>de</strong>ux dimensions.<br />
Au niveau spatial, ce qui fon<strong>de</strong> une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier est la configuration <strong><strong>de</strong>s</strong> bâtiments et les représentations<br />
positives ou négatives qu’ils renvoient. Certaines formes urbaines sont stigmatisées, d’autres légitimées et en raison<br />
<strong>de</strong> leur matérialité spécifique, peuvent véhiculer un message, dire <strong><strong>de</strong>s</strong> choses à notre place et instituer <strong>de</strong> fait une i<strong>de</strong>ntité<br />
collective. C’est pourquoi la matérialité doit être prise en compte, d’autant plus que les choses peuvent exercer <strong><strong>de</strong>s</strong> effets<br />
sur les indivi<strong>du</strong>s – c’est ce que j’appelle <strong><strong>de</strong>s</strong> effets i<strong>de</strong>ntitaires – et influencer leur i<strong>de</strong>ntité personnelle. Par i<strong>de</strong>ntité personnelle,<br />
j’entends <strong><strong>de</strong>s</strong> manières <strong>de</strong> se réfléchir, <strong>de</strong> se présenter à l’autre, <strong>de</strong> se voir, mais aussi et peut-être surtout <strong>de</strong> se sentir.<br />
Page 27 - Atelier 3<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
ATELIER 3<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté
Aujourd’hui, certaines formes architecturales sont vues comme négatives, tels les grands ensembles<br />
HLM que l’on déconstruit ; or, il y a cinquante ans, c’était la forme urbaine qui allait sauver la France.<br />
Les effets que cette forme urbaine va pro<strong>du</strong>ire sur les indivi<strong>du</strong>s varient donc au cours <strong>de</strong> l’histoire, car ce<br />
sont les gens qui lui donnent <strong>du</strong> sens. Les choses ont ceci <strong>de</strong> particulier qu’elles sont extérieures à nous, mais<br />
qu’elles peuvent avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> effets extrêmement subjectifs et avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> répercussions sur notre intériorité.<br />
Quant au versant social, qu’est-ce qui fon<strong>de</strong> au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> indivi<strong>du</strong>s une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier ?<br />
Ce sont parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> représentations communes. Dans certains quartiers, <strong><strong>de</strong>s</strong> projets collectifs<br />
importants peuvent être fondateurs d’une i<strong>de</strong>ntité collective. Lorsqu’une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier s’installe, à certains<br />
moments, nous mettons notre i<strong>de</strong>ntité personnelle <strong>de</strong> côté pour nous réclamer <strong>de</strong> cette i<strong>de</strong>ntité collective<br />
; cela n’arrive pas souvent, car nous préférons aujourd’hui mettre en avant l’i<strong>de</strong>ntité personnelle plutôt que sociale,<br />
mais l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier est d’autant plus valorisée qu’elle sera bénéfique pour notre vie personnelle. Et<br />
plus nous nous réclamons d’une i<strong>de</strong>ntité collective parce qu’elle nous parle, plus il y aura une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier.<br />
De ce point <strong>de</strong> vue là, il n’est pas certain <strong>du</strong> tout qu’une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier soit uniquement la somme <strong>de</strong><br />
représentations indivi<strong>du</strong>elles ; c’est plus que cela. Elle doit incarner une sorte <strong>de</strong> petit univers où les gens sont<br />
à peu près d’accord sur <strong><strong>de</strong>s</strong> manières <strong>de</strong> voir et <strong>de</strong> vivre. Nous n’avons pas tous les mêmes manières <strong>de</strong> vivre,<br />
que cela soit dans un quartier bourgeois ou populaire, et même si j’aime bien mon voisin sur certains points, il<br />
n’est pas évi<strong>de</strong>nt que je me réclame d’une même i<strong>de</strong>ntité avec lui. Ceci dit, c’est plus facile dans un quartier où<br />
les gens sont davantage favorisés. Pourquoi ? Parce que quand l’autre incarne ce que je suis et que je n’aime pas<br />
ce que je suis, je ne supporte pas l’autre. Donc, bien souvent, l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier a plus <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> prendre<br />
si mes voisins incarnent une partie <strong>de</strong> ce que je suis et que j’aime. Pour autant, <strong>de</strong>rrière le mot quartier, il ne faut<br />
pas voir un ensemble parfaitement homogène d’indivi<strong>du</strong>s qui vivraient exactement <strong>de</strong> la même façon.<br />
L’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier : une question <strong>de</strong> ressenti<br />
Un autre ingrédient pour qu’une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier prenne est la distinction par rapport à d’autres quartiers<br />
: l’i<strong>de</strong>ntité se construit toujours dans la ressemblance et la différence. Pour qu’il y ait i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier, il faut que<br />
nous nous pensions ressemblants à quelqu’un d’autre, et il faut que nous ressentions une différence à l’égard d’autres<br />
personnes ; tous les êtres humains construisent leur i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> cette façon-là. Une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier prend d’autant<br />
plus <strong>de</strong> consistance qu’elle va se construire en référence à d’autres quartiers, ceux auxquels nous ne voulons pas ressembler<br />
et dont nous n’acceptons pas certaines choses telles que l’anonymat, l’insécurité… Souvent, une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier<br />
s’installe par rapport à un processus <strong>de</strong> distinction sociale : il faut se distinguer <strong>de</strong> l’autre pour savoir qui nous sommes.<br />
Certaines personnes considèrent que nous sommes dans une société indivi<strong>du</strong>aliste où les indivi<strong>du</strong>s se moquent<br />
<strong>du</strong> collectif. Je ne partage pas cet avis, parce que la ville rappelle qu’il y a encore <strong><strong>de</strong>s</strong> i<strong>de</strong>ntités collectives, qu’elles font<br />
sens et qu’elles existent ; elles sont soit incarnées par <strong>du</strong> cadre bâti, <strong>de</strong> la matérialité, soit par <strong><strong>de</strong>s</strong> représentations communes,<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> normes, <strong><strong>de</strong>s</strong> co<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> règles, <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs, etc. Nous voyons finalement à quel point nous pouvons être dans<br />
une société d’indivi<strong>du</strong>s, et à quel point ils peuvent mener leur vie d’indivi<strong>du</strong> en se référant à <strong><strong>de</strong>s</strong> i<strong>de</strong>ntités collectives.<br />
Finalement, aussi indivi<strong>du</strong>alisés sommes-nous, nous avons le besoin fondamental <strong>de</strong> donner <strong>du</strong> sens<br />
aux autres et aux choses. L’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier est une i<strong>de</strong>ntité parmi d’autres, mais elle donne sens<br />
au lieu que nous habitons. C’est pour cela qu’il est légitime que nous soyons attachés à notre quartier.<br />
Page 28 - Atelier 3 <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong>
Quelles sont les composantes nécessaires pour<br />
façonner une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier ?<br />
Un groupe <strong>de</strong> travail <strong>du</strong> comité <strong>de</strong> quartier <strong>du</strong><br />
Sablon a mené une réflexion sur la notion d’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier,<br />
et a défini trois critères pouvant la façonner : l’Histoire,<br />
le mélange <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences vécues et la prise en compte<br />
<strong>du</strong> potentiel public et privé, urbanistique ou associatif.<br />
Il revient effectivement aux citoyens <strong>de</strong> s’approprier<br />
l’Histoire écrite par les historiens, afin <strong>de</strong> lui donner<br />
<strong>du</strong> sens et <strong>de</strong> construire la mémoire, celle-ci participant<br />
<strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité collective. Une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier<br />
peut donc aussi être fondée sur l’histoire <strong>de</strong> ce quartier.<br />
Les mémoires sont plurielles : cela peut être une construction<br />
architecturale, une mine, une carrière, un lavoir…<br />
Du coup, les gens s’approprient le lieu et en prennent soin.<br />
Même l’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> techniques <strong>de</strong> construction peut être<br />
valorisée, car certaines d’entre elles ont complètement révolutionné<br />
nos manières <strong>de</strong> vivre. On peut par exemple être très<br />
fier <strong>de</strong> vivre dans un pavillon préfabriqué construit dans les<br />
années soixante-dix et aujourd’hui, <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes se battent<br />
pour les préserver alors que ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> passoires énergétiques<br />
; <strong><strong>de</strong>s</strong> associations se créent et font en sorte que ces pavillons<br />
soient écologiquement pertinents. Cela peut fon<strong>de</strong>r une i<strong>de</strong>ntité<br />
architecturale qui va participer à l’i<strong>de</strong>ntité d’un quartier.<br />
Quant au mélange <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences vécues, il<br />
est essentiel, car nous vivons les expériences à la fois<br />
dans notre esprit et dans notre chair, mais aussi dans<br />
nos sens. À l’heure où le mon<strong>de</strong> s’uniformise, il faut<br />
tout <strong>de</strong> même rappeler combien il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> endroits où<br />
l’on se sent bien, et c’est cela qui participe <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité.<br />
Enfin, concernant le potentiel public et privé, <strong>de</strong><br />
nombreux projets sont portés par les associations<br />
qui sont <strong><strong>de</strong>s</strong> formes sociales assez flexibles, dans<br />
lesquelles les expériences vécues s’affirment, au travers<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong>quelles les mémoires peuvent se construire.<br />
Réactions,<br />
échanges<br />
et débat<br />
Atelier 3<br />
Les thèmes abordés sont résumés sous forme <strong>de</strong> questions, sous lesquelles figurent<br />
les réponses et remarques apportées par les intervenants et le public.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Ces composantes sont certes essentielles,<br />
mais le mot<br />
i<strong>de</strong>ntité a-t-il le même sens pour tous ?<br />
Pour qu’il y ait i<strong>de</strong>ntité, il faut qu’il y ait<br />
une certaine ressemblance entre les indivi<strong>du</strong>s.<br />
Non pas qu’ils soient i<strong>de</strong>ntiques, mais une certaine<br />
représentation est nécessaire pour que les gens<br />
partagent une i<strong>de</strong>ntité collective <strong>de</strong> quartier. Ensuite,<br />
en fonction <strong>du</strong> statut social <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants et<br />
en fonction <strong>du</strong> quartier, l’i<strong>de</strong>ntité n’ a pas le même<br />
sens puisqu’on peut très bien se réclamer d’une<br />
i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier, mais on peut aussi la subir. Dès<br />
lors qu’un habitant la subit, cela veut dire qu’il ne<br />
la choisit pas et qu’il n’en <strong><strong>de</strong>s</strong>sine pas les contours.<br />
Ce qui est parfois terrible dans une i<strong>de</strong>ntité subie,<br />
c’est qu’elle peut avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> conséquences non seulement<br />
sur le quotidien <strong><strong>de</strong>s</strong> indivi<strong>du</strong>s, mais aussi<br />
sur la manière qu’ils ont <strong>de</strong> se voir et <strong>de</strong> se définir.<br />
Cela pose également la question <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
échelles i<strong>de</strong>ntitaires, qui sont multiples : il y a<br />
notre i<strong>de</strong>ntité personnelle, puis l’échelle <strong>de</strong> notre<br />
logement, <strong>de</strong> notre quartier ou <strong>de</strong> notre coin<br />
<strong>de</strong> quartier, l’échelle régionale, nationale, européenne…<br />
Donc, l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier n’est<br />
qu’une échelle i<strong>de</strong>ntitaire parmi d’autres, et il<br />
faut le rappeler pour ne pas faire <strong>du</strong> quartier<br />
une sorte d’instance plus légitime que les autres.<br />
Il peut faire davantage sens que la nation par<br />
exemple, mais il faut faire attention parce que dès<br />
lors qu’on isole une échelle i<strong>de</strong>ntitaire, on interroge<br />
l’organisation politique <strong>de</strong> notre société : en France,<br />
jusqu’à preuve <strong>du</strong> contraire, nous ne sommes pas<br />
citoyens d’un quartier, mais d’une nation<br />
républicaine.<br />
Page 29 - Atelier 3
C’est quoi, une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier ?<br />
Page 30 - Atelier 3<br />
Le cas <strong>de</strong> la Grange-aux-Bois : comment<br />
conserver une i<strong>de</strong>ntité qui s’effrite ?<br />
La Grange-aux-Bois est un vaste quartier périphérique <strong>de</strong><br />
<strong>Metz</strong> qui n’a que trente-cinq ans d’âge. C’est sur une vaste éten<strong>du</strong>e<br />
dépourvue d’habitations que <strong><strong>de</strong>s</strong> constructions pavillonnaires ont<br />
été édifiées, donnant au lieu le nom <strong>de</strong> « ville à la campagne ». Au<br />
fur et à mesure, <strong><strong>de</strong>s</strong> équipements ont vu le jour grâce à la volonté<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> habitants qui ont cherché à donner une i<strong>de</strong>ntité à leur quartier<br />
: école, église, centre socioculturel… Petit à petit, le lien social<br />
s’est créé au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> 3 500 habitants, mais uniquement tant que le<br />
quartier avait une dimension humaine et tant qu’il se situait d’un<br />
seul côté <strong>de</strong> la route menant à <strong>Metz</strong>. Dans un <strong>de</strong>uxième temps,<br />
lorsque <strong><strong>de</strong>s</strong> immeubles collectifs ont été construits, la Grange-aux-<br />
Bois a été scindée en <strong>de</strong>ux parties par la route. Les personnes ont vite<br />
senti que les choses leur échappaient : ils n’avaient plus les mêmes<br />
relations et les nouveaux venus n’avaient pas les mêmes implications<br />
parce qu’ils étaient locataires. Les habitants ont eu le réflexe<br />
<strong>de</strong> vouloir gar<strong>de</strong>r cette i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier vert et agréable à vivre,<br />
et se sont mobilisés avec succès pour rejeter le passage <strong>du</strong> Mettis.<br />
Cette histoire montre que l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier a permis <strong>de</strong><br />
faire avancer les choses, mais les habitants s’interrogent sur la façon<br />
dont elle peut être conservée. Selon l’analyse <strong>de</strong> Hervé Marchal, la<br />
Grange-aux-Bois est passée <strong>du</strong> village à l’urbain sans pour autant être<br />
une ville, la ville étant caractérisée par <strong><strong>de</strong>s</strong> bâtiments uniques qui font<br />
i<strong>de</strong>ntité, contrairement à l’urbain qui est uniformisé. Par ailleurs,<br />
l’augmentation <strong>de</strong> la mobilité ne contribue pas à fon<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité<br />
si les habitants ne restent que cinq ou dix ans. Cela veut dire que les<br />
projets familiaux ne sont pas nécessairement reliés au quartier et que<br />
ce ne sont pas forcément les jeunes ménages – on ne peut pas leur en<br />
vouloir – qui vont permettre <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r cette i<strong>de</strong>ntité.<br />
C’est une question que cette évolution <strong>de</strong> la société nous<br />
pose. Pour un jeune ménage, ce n’est pas le pavillon qu’ils ont<br />
acheté qui fait sens, mais la maison <strong>de</strong> famille qu’ils vont acquérir<br />
plus tard et qu’ils vont rénover. Enfin, les nouvelles technologies<br />
<strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> la communication peuvent mettre en<br />
cause l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier : Internet est en train <strong>de</strong> rendre accessible<br />
une multiplicité <strong>de</strong> valeurs, mais lorsque l’on est <strong>de</strong>vant son ordinateur,<br />
on est seul. C’est un immense paradoxe <strong>de</strong> notre société.<br />
L’i<strong>de</strong>ntité numérique est-elle compatible avec<br />
l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier ?<br />
Cela dit, tout n’est pas per<strong>du</strong> pour la Grange-aux-Bois… Le<br />
quartier est trop grand, mais <strong><strong>de</strong>s</strong> sous-parties peuvent être i<strong>de</strong>ntifiées<br />
; ces morceaux <strong>de</strong> territoires hétérogènes n’ont pas la même<br />
charge i<strong>de</strong>ntitaire et ne sont pas perçus par les gens <strong>de</strong> la même façon.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
ATELIER 3<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté<br />
Cela est très important. Comment y<br />
créer <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité ? Une église peutelle<br />
fon<strong>de</strong>r l’i<strong>de</strong>ntité d’un village, d’un<br />
quartier ? Cela suppose bien souvent <strong>de</strong><br />
changer la fonction primordiale d’un<br />
lieu en le patrimonialisant, c’est-à-dire<br />
en dissociant le cadre bâti et la fonction.<br />
Donner un sens différent à un bâtiment<br />
est un moyen <strong>de</strong> construire une i<strong>de</strong>ntité<br />
<strong>de</strong> quartier, parce qu’un tel projet permet<br />
<strong>de</strong> s’approprier collectivement un lieu.<br />
Dans certains quartiers, le lien social repose<br />
sur une base encore peu connue <strong><strong>de</strong>s</strong> sociologues,<br />
à mi-chemin entre le rural et l’urbain.<br />
Cette sociabilité un peu hybri<strong>de</strong> ne<br />
se trouve ni dans les lieux anonymes, ni<br />
dans les villages où l’on se connaît <strong>de</strong>puis<br />
longtemps. Son avantage est qu’on ne<br />
subit pas les i<strong>de</strong>ntités familiales, son inconvénient<br />
est que le lien social ne va pas <strong>de</strong><br />
soi, même s’il existe. On pourrait appeler<br />
cela une sociabilité <strong>de</strong> distanciation : je veux<br />
bien je connaître le voisin, prendre l’apéritif<br />
une fois l’an avec lui, mais pas trop quand<br />
même, sinon il va s’immiscer dans ma vie et<br />
je n’en ai pas envie, car si j’ai quitté mon village,<br />
c’est précisément pour être tranquille.<br />
Cela dit, les anciens habitants <strong>de</strong> la<br />
Grange-aux-Bois ont <strong><strong>de</strong>s</strong> liens peut-être<br />
plus personnalisés. En résumé, il n’y a pas<br />
<strong>de</strong> formule magique pour créer une i<strong>de</strong>ntité<br />
<strong>de</strong> quartier, mais les aspects matériel<br />
et social sont <strong>de</strong>ux versants sur lesquels il<br />
est possible <strong>de</strong> s’appuyer. Aux habitants <strong>de</strong><br />
composer sur la base <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments qu’ils<br />
peuvent i<strong>de</strong>ntifier.
Exposé <strong>de</strong> Hervé Marchal - partie 2<br />
La prise en compte <strong>de</strong> tous les acteurs pour concevoir un quartier et créer son i<strong>de</strong>ntité<br />
Pour cette <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> mon exposé, je voudrais attirer l’attention sur un fait important : il y a différentes<br />
définitions <strong>de</strong> ce qu’est un quartier. Les définitions politiques et institutionnelles, construites dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
univers étrangers à l’univers <strong>du</strong> quartier, aboutissent à <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures qui doivent faire sens pour les haitants,<br />
sans quoi elles avortent. Cela veut dire qu’il faut distinguer cette définition extérieure aux indivi<strong>du</strong>s <strong>de</strong> la<br />
définition subjective, vécue, <strong>du</strong> quartier. Si les i<strong>de</strong>ntités officielles <strong>de</strong> quartier ne font pas sens, bien souvent,<br />
dans les comités <strong>de</strong> quartier ou les réunions publiques, les <strong>de</strong>ux définitions se télescopent au lieu <strong>de</strong> se comprendre.<br />
Ce n’est pas simple, et si les habitants ont <strong><strong>de</strong>s</strong> intérêts qui sont parfois contre l’intérêt collectif, les politiques<br />
rappellent que c’est pour la collectivité ; donc, il faut bien conjuguer les <strong>de</strong>ux, car un quartier ne peut pas<br />
être la somme <strong><strong>de</strong>s</strong> intérêts indivi<strong>du</strong>els. En conjuguant les <strong>de</strong>ux, comment pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier ?<br />
Un <strong>de</strong>uxième point que je voudrais soulever porte sur la tension entre le local et le global. Nous<br />
sommes globalisés, ne serait-ce que par nos vêtements, les émissions que nous regardons, les informations<br />
que nous avons, etc. Mais le global ne se suffit pas à lui-même ; l’être humain ayant aussi besoin d’un ancrage<br />
local et <strong>de</strong> proximité relationnelle, l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier prend sens dans cette tension, par exemple autour<br />
d’une école ou autour <strong>de</strong> projets collectifs. Il ne faut donc pas uniquement mettre l’accent sur <strong><strong>de</strong>s</strong> logiques<br />
extérieures qui uniformiseraient les indivi<strong>du</strong>s, et qui en aucun cas ne permettraient d’être compatibles avec la<br />
proximité relationnelle. Il en va <strong>de</strong> même pour la tension entre la mobilité et l’ancrage : ce n’est pas parce que<br />
les indivi<strong>du</strong>s sont mobiles qu’ils n’ont pas besoin d’être ancrés. Autrement dit, il faut penser les choses dans<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> couples <strong>de</strong> tension – être globalisé et localisé, être mobile et ancré – et non pas d’un point <strong>de</strong> vue unique.<br />
À mon avis, au regard <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches que nous menons dans notre laboratoire, l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> obstacles majeurs<br />
aujourd’hui pour créer <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier est la disponibilité temporelle <strong><strong>de</strong>s</strong> ménages, parce que la<br />
donne a changé. Quand faire <strong><strong>de</strong>s</strong> comités, quand faire <strong><strong>de</strong>s</strong> réunions publiques ? Les soirs <strong>de</strong> semaine, quand<br />
on a travaillé toute la journée, qu’il faut s’occuper <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants, qu’on est fatigué et qu’on n’a plus envie <strong>de</strong> sortir<br />
<strong>de</strong> chez soi ? Le samedi, quand on a la semaine <strong>de</strong>rrière soi et qu’il faut faire les courses pour la semaine suivante<br />
? Il est difficile <strong>de</strong> trouver une temporalité commune et l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier doit composer avec cela.<br />
À titre d’exemple, les habitants d’une zone pavillonnaire ont organisé <strong><strong>de</strong>s</strong> marches pluriannuelles<br />
qui ont été un vrai succès. Nous avons analysé les raisons <strong>de</strong> cette réussite : les habitants qui marchent apprennent<br />
à connaître leurs voisins, discutent avec eux et personnalisent la relation <strong>du</strong>rant ce laps <strong>de</strong> temps. La<br />
marche formalise un cadre temporel <strong>du</strong>rant lequel ils ne sont pas uniquement les habitants d’un quartier, mais<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes singulières et reconnues comme telles. L’être humain a besoin <strong>de</strong> ces relations personnalisées.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Page 31 - Atelier 3
L’i<strong>de</strong>ntité d’un quartier peut-elle rester immuable ?<br />
L’i<strong>de</strong>ntité n’est pas une sorte d’entité immuable, mais doit<br />
être considérée comme un projet en construction permanente. À<br />
partir <strong>du</strong> moment où les gens ne passent plus leur vie dans un seul<br />
quartier, l’i<strong>de</strong>ntité est une notion qui doit s’inscrire dans un espacetemps,<br />
celui d’un projet fédérateur tenant compte <strong>de</strong> toutes les personnes<br />
qui s’y trouvent à un instant donné. Si nous maintenons une<br />
sorte <strong>de</strong> nostalgie d’un quartier tel qu’il était, nous n’intégrons pas<br />
les habitants qui s’y installent et apportent nécessairement <strong>de</strong> la<br />
nouveauté. Vouloir continuer à rester dans notre i<strong>de</strong>ntité telle que<br />
nous l’avons vécue est humain et logique, mais elle n’est jamais figée.<br />
Les structures formelles influencent-elles l’esprit <strong>de</strong> quartier ?<br />
L’ i<strong>de</strong>ntité d’un quartier est soutenue par <strong><strong>de</strong>s</strong> structures<br />
formelles telles que les associations, mais les rencontres dans les commerces,<br />
les visages familiers, une rue dans laquelle on se sent bien,<br />
sont <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments qui relèvent <strong>de</strong> l’informel et qui forment l’esprit <strong>de</strong><br />
quartier. L’informel fait parfois davantage sens que le formel, mais<br />
ce sont <strong>de</strong>ux notions qui doivent être conjuguées et non opposées.<br />
Quand nous réfléchissons à cette tension entre informel et formel,<br />
nous pouvons nous poser la question : est-ce qu’une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong><br />
quartier a besoin d’être nommée, explicitée, formalisée, pour<br />
exister ? Pas forcément. Il peut y avoir un côté diffus d’une i<strong>de</strong>ntité<br />
<strong>de</strong> quartier, qui peut être partagée entre quelques habitants, voire<br />
se limiter à une rue ; si c’est cela qui fait sens pour les gens et permet<br />
d’ établir <strong><strong>de</strong>s</strong> relations personnalisées, si c’est la bonne échelle<br />
pour qu’il y ait un projet collectif qui fonctionne, pourquoi pas ?<br />
Les citoyens doivent-ils nécessairement s’engager pour leur<br />
quartier en passant par <strong><strong>de</strong>s</strong> structures formelles ? Faut-il<br />
attendre d’eux un effort indivi<strong>du</strong>el pour se rapprocher <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
structures associatives ?<br />
L’ effort indivi<strong>du</strong>el est une question complexe. Les responsables<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> associations atten<strong>de</strong>nt, à raison, un certain engagement<br />
<strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens. La structure associative est très adaptée pour<br />
fon<strong>de</strong>r une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier, passer <strong><strong>de</strong>s</strong> actions claires et formelles<br />
et organiser les choses. Cependant, il ne faut pas oublier que <strong>de</strong>r-<br />
Page 32 - Atelier 3<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Réactions,<br />
échanges<br />
et débat<br />
Atelier 3<br />
rière une action associative, quelle qu’elle<br />
soit, c’est une certaine manière <strong>de</strong> voir le<br />
quartier qui est véhiculée ; cette manière<br />
<strong>de</strong> voir est éminemment respectable, mais<br />
entraîne quelquefois <strong><strong>de</strong>s</strong> conflits interassociatifs<br />
au sein d’un quartier. Il existe aussi<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> associations qui cherchent à moraliser<br />
la vie ; la morale collective est nécessaire,<br />
mais quelle morale, et comment voulonsnous<br />
vivre ensemble dans un quartier ?<br />
Mais les structures associatives ne sont pas<br />
le seul dispositif permettant aux citoyens <strong>de</strong><br />
s’impliquer dans leur quartier ; il y a d’autres<br />
moyens plus informels. Voici l’exemple d’une<br />
situation où une logique <strong>de</strong> quartier a été<br />
cassée <strong>de</strong> façon involontaire : les habitants<br />
utilisaient un parking pour bricoler autour<br />
<strong>de</strong> leurs voitures. Une ethnologue a très bien<br />
montré qu’effectivement, les activités <strong>de</strong> bricolage<br />
fon<strong>de</strong>nt une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier car<br />
les gens apprennent à se connaître, mais ce<br />
type d’engagement informel n’est pas reconu ;<br />
il s’agit cependant bien d’un engagement par<br />
le fait que les bricoleurs nettoient le parking,<br />
s’entrai<strong>de</strong>nt les uns les autres, disent à un<br />
groupe <strong>de</strong> jeunes <strong>de</strong> ne pas faire ceci, etc. Par<br />
la suite, le parking a été supprimé par <strong><strong>de</strong>s</strong> urbanistes<br />
qui n’ont pas pris le temps <strong>de</strong> comprendre<br />
la situation. Finalement, on va casser<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> logiques et dire qu’il n’y a pas d’i<strong>de</strong>ntité<br />
dans le quartier ; celle-ci existait bel et bien,<br />
mais elle n’a pas été reconnue et personne<br />
n’a pris le temps <strong>de</strong> la découvrir. Pourtant,<br />
c’est cela qui faisait sens pour les indivi<strong>du</strong>s.<br />
L’i<strong>de</strong>ntité peut-elle entraîner <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
dérives <strong>de</strong> type sectaire ?<br />
Si notre i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>vient synonyme<br />
<strong>de</strong> catégorisation <strong>de</strong> l’autre parce qu’il ne<br />
partage pas la même i<strong>de</strong>ntité que nous, nous
tombons dans <strong><strong>de</strong>s</strong> attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> discriminantes en mettant l’autre à l’écart, en le ré<strong>du</strong>isant à une seule i<strong>de</strong>ntité. Si notre engagement<br />
dans une association <strong>de</strong>vient synonyme <strong>de</strong> cette catégorisation, si nous considérons que notre i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier est<br />
la seule qui soit bonne, cela <strong>de</strong>vient problématique au niveau <strong>de</strong> la vie sociale, <strong>de</strong> la vie collective et <strong>de</strong> la vie dans le quartier.<br />
Pourquoi les marches entre habitants d’un même secteur fonctionnent-elles bien ? Durant cette activité, nous<br />
ne catégorisons plus l’autre parce que nous apprenons à le connaître en tant que personne, nous ne le ré<strong>du</strong>isons plus à<br />
une seule i<strong>de</strong>ntité. Il <strong>de</strong>vient une personne plus complexe que l’ i<strong>de</strong>ntité que nous projetions sur lui.<br />
Quel est le rôle <strong><strong>de</strong>s</strong> élus dans l’i<strong>de</strong>ntité d’un quartier ?<br />
L’ élu doit mettre en œuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> actions avec <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens politiques, rappeler l’intérêt collectif tout en faisant en<br />
sorte qu’il ne soit pas complètement déconnecté <strong>de</strong> l’intérêt <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants. Il sait bien que si l’intérêt politique et collectif<br />
ne fait pas sens pour les habitants, le projet avorte. Il doit conjuguer ce qui est pensé par les concepteurs et les<br />
acteurs politiques <strong>de</strong> la ville avec le vécu <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants, sans tomber dans l’un ou l’autre excès. Si le projet ne fait pas<br />
sens pour les habitants, ils s’en moquent ; s’il est mis en œuvre uniquement par les habitants, il n’est pas relayé et ne<br />
dispose ni <strong>de</strong> moyens politiques et institutionnels, ni <strong>de</strong> moyens financiers. Il faut donc que les <strong>de</strong>ux aillent <strong>de</strong> pair.<br />
ATELIER 3<br />
Actes <strong><strong>de</strong>s</strong> Assises<br />
<strong>de</strong> la Citoyenneté<br />
Réflexions en sous-groupes<br />
Il est proposé aux participants <strong>de</strong> se constituer en <strong>de</strong>ux sous-groupes pour mener une réflexion sur les sujets suivants :<br />
- Groupe 1 : comment célébrer le 50e anniversaire <strong>du</strong> rattachement <strong><strong>de</strong>s</strong> communes <strong>de</strong> Magny, Grigy, Borny et<br />
Vallières à la <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> ?<br />
- Groupe 2 : bilan et échanges d’expériences <strong><strong>de</strong>s</strong> comités <strong>de</strong> quartier.<br />
Restitution <strong>du</strong> groupe 1 : comment célébrer le 50e anniversaire <strong>du</strong> rattachement <strong><strong>de</strong>s</strong> communes <strong>de</strong> Magny,<br />
Grigy, Borny et Vallières à la <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> ?<br />
Notre groupe était constitué <strong>de</strong> représentants <strong>de</strong> plusieurs comités <strong>de</strong> quartier <strong><strong>de</strong>s</strong> communes qui vont marquer<br />
le cinquantième anniversaire <strong>de</strong> leur rattachement. Nous nous sommes interrogés sur ce qu’il pouvait être souhaitable<br />
<strong>de</strong> proposer et <strong>de</strong> réaliser, en coordination avec ce que la <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> avait déjà imaginé organiser. Le comité <strong>de</strong><br />
quartier <strong>de</strong> Magny avait déjà engagé une réflexion sur la question et nous nous sommes rejoints sur les idées essentielles.<br />
D’une part, il est nécessaire <strong>de</strong> marquer cet anniversaire. D’autre part, dans la mesure où il concerne plusieurs<br />
quartiers, nous comprenons bien que l’organisation sera centralisée, mais en même temps, nous nous disons qu’il faut<br />
qu’il y ait <strong><strong>de</strong>s</strong> retombées sur les quartiers. L’intention <strong>de</strong> la <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> est <strong>de</strong> faire un rappel historique <strong>de</strong> ce qu’ont<br />
vécu ces communes avant d’être rattachées, mais ce que nous verrions bien dans ces quatre quartiers, c’est quelque<br />
chose qui montre leur évolution <strong>de</strong>puis qu’ils sont rattachés à la ville.<br />
Parmi les festivités, la <strong>Ville</strong> prévoit une exposition qui pourrait ensuite être décentralisée dans les quartiers.<br />
Nous voudrions amener la population <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> à venir voir nos quartiers et les réalisations qui y ont été faites. Un petit<br />
bus pourrait circuler. Une rétrospective pourrait montrer, par décennie, comment ces quartiers ont évolué et ce qui s’y<br />
est constitué avec l’éclosion <strong><strong>de</strong>s</strong> associations, <strong><strong>de</strong>s</strong> services publics et <strong><strong>de</strong>s</strong> aménagements urbains.<br />
Se pose la question <strong>du</strong> planning. Si les services <strong>de</strong> la <strong>Ville</strong> ont prévu <strong>de</strong> marquer l’événement en <strong>2012</strong>, il est<br />
clair que dans les quartiers, alors que nous avons à peine ébauché <strong><strong>de</strong>s</strong> projets, la phase <strong>de</strong> recueil d’informations, puis<br />
la phase <strong>de</strong> réalisation, nécessiteront <strong>du</strong> temps. Donc, notre organisation pourrait être consécutive à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> services<br />
municipaux, soit en 2013.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Page 33 - Atelier 3
Restitution <strong>du</strong> groupe 2 : bilan et échanges d’expériences <strong><strong>de</strong>s</strong> comités <strong>de</strong> quartier<br />
Nous avons souligné l’importance <strong>de</strong> proposer un projet fédérateur pour sensibiliser l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants<br />
d’un quartier. Cela passe par un diagnostic, c’est-à-dire une phase <strong>de</strong> recherche basée sur <strong><strong>de</strong>s</strong> enquêtes auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants<br />
et sur <strong><strong>de</strong>s</strong> actions qui leur permettent <strong>de</strong> s’exprimer, <strong>de</strong> participer à <strong><strong>de</strong>s</strong> bala<strong><strong>de</strong>s</strong> urbaines pour i<strong>de</strong>ntifier le patrimoine<br />
à valoriser ou <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs <strong>du</strong> quartier à ne pas oublier.<br />
Dans cette phase <strong>de</strong> diagnostic, il ne faut pas omettre d’i<strong>de</strong>ntifier les associations et les partenaires<br />
<strong>du</strong> comité <strong>de</strong> quartier ; cela permet <strong>de</strong> créer un réseau, <strong>de</strong> fédérer ainsi l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> structures intermédiaires,<br />
<strong>de</strong> s’appuyer <strong><strong>de</strong>s</strong>sus pour irriguer l’ensemble <strong>du</strong> quartier et toucher le maximum d’habitants.<br />
Cette méthodologie nous a paru très importante. La question <strong>de</strong> la communication a été abordée. Nous avons<br />
souligné que la communication institutionnelle via Internet, via les courriers, ne suffit pas et qu’il faut aller vers les<br />
habitants pour communiquer directement avec eux. Ces contacts directs peuvent sans doute avoir lieu en organisant<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> événements, en allant vers les structures et les lieux où les habitants se croisent. Nous pouvons communiquer sur le<br />
comité <strong>de</strong> quartier et ses initiatives, essayer <strong>de</strong> mobiliser les habitants autour <strong>de</strong> nos actions <strong>de</strong> valorisation <strong><strong>de</strong>s</strong> patrimoines<br />
architecturaux et verts, ce qui est important pour eux.<br />
La communication consiste aussi à faire connaître et à rendre visibles nos activités. Nous avons également évoqué<br />
l’approche intergénérationnelle, par le biais d’actions <strong>de</strong> sensibilisation auprès <strong>de</strong> l’enfance, <strong>de</strong> l’adolescence et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
publics plus âgés. Le comité <strong>de</strong> quartier <strong>de</strong> Nancy a évoqué son dispositif <strong>de</strong> consultation avec <strong><strong>de</strong>s</strong> adolescents par exemple,<br />
qui n’existe pas à <strong>Metz</strong>.<br />
Enfin, nous avons parlé <strong>de</strong> nos difficultés : disponibilité <strong><strong>de</strong>s</strong> membres, difficulté à toucher <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes <strong>de</strong><br />
plus en plus refermées sur elles-mêmes, et phénomène global d’indivi<strong>du</strong>alisme qui ne permet pas d’engagement<br />
sur <strong><strong>de</strong>s</strong> actions collectives. Nous avons également éprouvé <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés à travailler avec les services <strong>de</strong> la <strong>Ville</strong>,<br />
<strong>du</strong> moins au départ. Il semble que l’organisation <strong>de</strong> petites actions, dans le cadre d’un projet global <strong>de</strong> valorisation<br />
patrimoniale ou architecturale, fonctionne mieux avec la <strong>Ville</strong> et correspond à la disponibilité <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants.<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Page 34 - Atelier 3
Rassemblement <strong><strong>de</strong>s</strong> participants en plénière / Synthèse<br />
La séance plénière <strong>du</strong> <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> permet aux rapporteurs <strong>de</strong> faire une courte synthèse <strong>de</strong> chaque<br />
atelier.<br />
Cette séquence est ponctuée d’interventions diverses :<br />
- Compte ren<strong>du</strong> <strong>de</strong> l’atelier <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants, con<strong>du</strong>it par Gwenaëlle Le Bras. Les jeunes citoyens ont eu l’occasion <strong>de</strong><br />
visiter l’Arsenal et <strong>de</strong> réfléchir au cadre <strong>de</strong> vie qu’ils souhaiteraient créer ; ils évoquent en quelques mots-clés leur<br />
ville idéale : calme, eau, végétation, silence, sculptures, vélo, tram, calèche…<br />
- Projection d’un film réalisé par l’association Tous Branchés.com : <strong>du</strong>rant cette journée <strong>du</strong> <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
<strong>Citoyens</strong>, un dispositif vidéo installé sur la place <strong>de</strong> la République a permis aux passants qui le souhaitaient <strong>de</strong><br />
s’exprimer sur la notion <strong>de</strong> démocratie.<br />
- Spectacle d’improvisation <strong><strong>de</strong>s</strong> « Clownanalystes » <strong>de</strong> la compagnie Bataclown, expertisant à leur manière les propos<br />
échangés en cours <strong>de</strong> journée.<br />
Synthèse <strong>de</strong> l’atelier 1 - Éco-quartiers, éco-cités, villes <strong>du</strong>rables :<br />
comment replacer les citoyens au cœur <strong>de</strong> l’urbanisme ?<br />
Rapporteur : Céline Hodiesne<br />
Cet atelier fut relativement animé avec une très bonne participation, quelques personnes s’étant<br />
exprimées parfois vivement sur certains sujets. Différents thèmes ont été développés, notamment, pour les plus forts,<br />
les propositions alternatives à la voiture. La place <strong>du</strong> vélo et <strong><strong>de</strong>s</strong> pistes cyclables a été évoquée et débattue, sachant<br />
qu’aujourd’hui, nous sommes déjà sur <strong><strong>de</strong>s</strong> transports alternatifs à la voiture au sein <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> <strong>Metz</strong>. Cette problématique<br />
<strong>du</strong> vélo est apparue comme majeure.<br />
Les participants se sont ensuite constitués en trois groupes d’habitants – centre-ville, quartiers périphériques et<br />
communes avoisinantes – et ont classé par priorités neuf propositions d’action à présenter aux élus sur la thématique <strong>de</strong><br />
l’éco-quartier :<br />
1. Proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions alternatives à la voiture<br />
2. Mélanger les habitants et les activités<br />
3. Choisir la part d’espaces construits et d’espaces libres<br />
4. Économies d’énergie<br />
5. Favoriser les échanges et les rencontres au sein d’un quartier<br />
6. Respecter le cycle <strong>de</strong> l’eau<br />
7. Renforcer la présence <strong>de</strong> la nature<br />
8. Gérer les déchets<br />
9. Impliquer les habitants.<br />
Page 35 - Synthèse
La proposition « Mélanger les habitants et les activités » est apparue globalement<br />
comme prioritaire : elle permet d’avoir au sein <strong>de</strong> la ville une mixité générationnelle,<br />
<strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire les distances, <strong>de</strong> permettre à chaque habitant d’avoir accès à la culture, aux<br />
loisirs, aux manifestations festives.<br />
La proposition « Impliquer les habitants » a également été considérée comme très importante,<br />
car la création d’un éco-quartier ne peut avoir lieu sans une volonté d’implication<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> habitants et sans un souci d’éco-citoyenneté. La difficulté a été <strong>de</strong> s’entendre sur d’autres<br />
actions prioritaires, et chacun a pu se rendre compte qu’il n’est pas aisé d’établir un consensus<br />
sur les actions à mener.<br />
Rapporteur : Philippe Henaux<br />
Synthèse <strong>de</strong> l’atelier 2<br />
Comment la ville numérique peut-elle être citoyenne ?<br />
Cet atelier a donné lieu à trois débats dont le premier a considéré que la ville citoyenne <strong>de</strong>vait<br />
évi<strong>de</strong>mment être numérique, mais sans omettre les facteurs humains et sociaux. Si la <strong>Ville</strong> veut<br />
s’adresser à tous les citoyens, il faut faire en sorte qu’ils puissent comprendre les technologies numériques<br />
et aient accès aux services proposés. L’humain doit donc rester au centre <strong>du</strong> dispositif. Nous avons<br />
ensuite eu un échange autour <strong><strong>de</strong>s</strong> causes profon<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> la fracture numérique. Il y a une quinzaine d’années,<br />
cette fracture était plutôt liée à l’accès à Internet, alors qu’actuellement, 20 % <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens n’accè<strong>de</strong>nt pas à<br />
la technologie à cause <strong>de</strong> difficultés sociales ou culturelles, ou tout simplement à cause <strong><strong>de</strong>s</strong> barrières <strong>de</strong> la<br />
langue. Si auparavant, il était possible d’ouvrir un espace pour faire venir les gens et leur apporter un savoirfaire<br />
en matière <strong>de</strong> technologie, aujourd’hui, il faut aller au-<strong>de</strong>vant <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes en difficulté <strong>de</strong> façon à ce<br />
qu’elles puissent, en proximité, acquérir ces savoir-faire.<br />
Dans un troisième temps, Olivier Payrau<strong>de</strong>au nous a décrit l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> actions <strong>de</strong> la <strong>Ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Metz</strong><br />
autour <strong>de</strong> trois domaines. Le premier se situe dans une logique d’aménagement numérique <strong>du</strong> territoire, en<br />
faisant en sorte que tous les habitants <strong>de</strong> la ville aient un accès à Internet ; cette réflexion s’étend au niveau <strong>de</strong><br />
<strong>Metz</strong> Métropole. Précisons que dans un certain nombre <strong>de</strong> logements, <strong><strong>de</strong>s</strong> tarifs sociaux sont pratiqués par les<br />
opérateurs. Le <strong>de</strong>uxième élément est que la ville <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> cherche à ré<strong>du</strong>ire cette fracture numérique ; nous avons<br />
refait un peu d’histoire, en focalisant notamment sur les activités <strong>de</strong> l’association Tous Branchés.com et sur les<br />
actions menées dans la prison <strong>de</strong> <strong>Metz</strong>-Queuleu. Le <strong>de</strong>rnier élément est une dimension prospective en termes <strong>de</strong><br />
services autour <strong><strong>de</strong>s</strong> technologies, par le biais d’un site Internet baptisé e-mairie, permettant <strong>de</strong> meilleurs contacts<br />
avec les citoyens et une bonne prise en compte <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />
La conclusion que nous pouvons faire est qu’évi<strong>de</strong>mment, les technologies numériques contribuent à rendre<br />
la ville citoyenne. Nous avons également relevé que ces technologies ne sont que <strong><strong>de</strong>s</strong> outils complémentaires aux<br />
dispositifs existants, et que la dimension humaine ainsi que l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> outils et <strong><strong>de</strong>s</strong> supports sont extrêmement<br />
importants. Un autre élément est apparu dans nos débats : il y a visiblement une forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour comprendre les<br />
méfaits <strong><strong>de</strong>s</strong> on<strong><strong>de</strong>s</strong> électromagnétiques, ce qui pourrait faire l’objet d’une réunion <strong>de</strong> comité <strong>de</strong> quartier dans les prochains<br />
mois. Enfin, nous avons considéré que le numérique peut apporter beaucoup <strong>de</strong> choses, mais ne doit pas remplacer<br />
l’imaginaire.<br />
Page 36 - Synthèse<br />
Actes<br />
Assises<br />
<strong>de</strong> la<br />
Citoyenneté
Rapporteur : Jean-Louis Vuillaume<br />
Synthèse <strong>de</strong> l’atelier 3<br />
C’est quoi, une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier ?<br />
Dans son exposé, le sociologue Hervé Marchal nous a expliqué qu’un quartier, c’est <strong>du</strong> spatial,<br />
mais c’est aussi et surtout <strong>du</strong> social, et la conjugaison <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux pourrait être génératrice d’une i<strong>de</strong>ntité<br />
<strong>de</strong> quartier. Cette i<strong>de</strong>ntité, disait-il, est plus que la somme <strong><strong>de</strong>s</strong> i<strong>de</strong>ntités indivi<strong>du</strong>elles, plus que la<br />
somme <strong><strong>de</strong>s</strong> indivi<strong>du</strong>s participant à cette dynamique <strong>de</strong> quartier.<br />
Quels peuvent être les éléments constitutifs d’une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier ? Plusieurs critères ont été<br />
évoqués :<br />
- l’Histoire <strong>du</strong> quartier : les dates, les événements, mais aussi le marquage social<br />
que représente l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> techniques et <strong>du</strong> bâti ;<br />
- le mélange d’expériences vécues dans les quartiers ;<br />
- la prise en compte <strong>du</strong> potentiel public et privé, en particulier la dimension associative qui est très forte<br />
dans certains secteurs ;<br />
- les initiatives non formelles, non repérées, non institutionnelles, mais qui participent à cette i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong><br />
quartier ;<br />
- l’existence d’un projet est un élément fédérateur d’une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier.<br />
L’atelier s’est ensuite scindé en <strong>de</strong>ux groupes, dont le premier a mené une réflexion sur le cinquantième<br />
anniversaire <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre communes rattachées à la ville <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> : Borny, Grigy, Magny et Vallières. L’idée<br />
d’une fête a été unanimement approuvée pour marquer cet anniversaire. Certes, la municipalité a prévu <strong>de</strong> façon<br />
centralisée <strong>de</strong> fêter l’événement, mais il faut aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> retombées dans chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> quartiers concernés. Certains<br />
comités <strong>de</strong> quartier y ont déjà réfléchi, et plusieurs suggestions ont été émises : exposition généraliste, exposition<br />
par quartier, participation <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la population messine, petit train ou minibus itinérant traversant les<br />
quartiers… Concernant les expositions, outre les archives officielles <strong>de</strong> la <strong>Ville</strong>, plusieurs personnes ont émis l’idée<br />
d’y ajouter l’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants, et ont proposé d’aller rechercher les gens qui ont construit et ont fait avancer<br />
l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> ces quartiers.<br />
Le <strong>de</strong>uxième groupe, représentatif <strong><strong>de</strong>s</strong> comités <strong>de</strong> quartier, a fait un point et s’est livré à un échange d’expériences<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> comités. Parmi les projets qui ont été cités, ceux qui fonctionnent bien sont les bala<strong><strong>de</strong>s</strong> urbaines thématiques, les<br />
questionnaires en direction <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants, les fêtes et les commémorations. Une personne a cité un livret d’accueil <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné<br />
aux nouveaux arrivants, mais d’autres ont signalé que même les anciens habitants ne connaissent pas forcément leur<br />
quartier. La question <strong>de</strong> l’intergénérationnel a été posée, et il a été souligné qu’il serait intéressant <strong>de</strong> faire une place aux<br />
projets intergénérationnels. Enfin, le pro-blème <strong>de</strong> la communication a fait l’objet d’une discussion. Certes, il existe la communication<br />
institutionnelle, les journaux, Internet, mais comment faire connaître les actions et les projets entrepris dans les<br />
quartiers ? Comment rendre visibles et lisibles les activités <strong><strong>de</strong>s</strong> comités <strong>de</strong> quartier ? Cette visibilité assurerait la crédibilité<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> comités et leur permettrait <strong>de</strong> se développer en étant valorisés au travers <strong><strong>de</strong>s</strong> actions qui sont construites.<br />
Page 37- Clôture
Clôture <strong>du</strong> <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> par Richard Lioger,<br />
Premier Adjoint au Maire<br />
Je vous remercie <strong>de</strong> votre présence malgré l’heure relativement tardive. Monsieur le maire ne<br />
pouvait venir et m’a confié la tâche <strong>de</strong> conclure cette journée. La démocratie, vous en conviendrez<br />
tous, est une valeur fondamentale <strong>de</strong> notre société et, pour être vivante, doit constamment évoluer et<br />
s’enrichir <strong>de</strong> nouvelles pratiques. En tant qu’élus, nous ne pouvons plus aujourd’hui aller à la rencontre<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens uniquement au rythme <strong><strong>de</strong>s</strong> échéances électorales ; nous <strong>de</strong>vons, et c’est une attente légitime,<br />
rendre <strong><strong>de</strong>s</strong> comptes sur notre action en permanence, dans une société complexe où l’information circule<br />
vite et sous <strong><strong>de</strong>s</strong> formes nombreuses. L’écoute et le dialogue doivent être permanents et nous tenons compte<br />
<strong>de</strong> cette nouvelle donne <strong>de</strong> plusieurs façons pour mener un travail <strong>de</strong> fond.<br />
Dès le début <strong>de</strong> notre mandat, monsieur le maire a ainsi souhaité que la municipalité soit en prise<br />
directe avec les citoyens et la réalité <strong>du</strong> terrain, au travers <strong><strong>de</strong>s</strong> permanences d’élus et <strong>de</strong> la police municipale<br />
dans les mairies <strong>de</strong> quartier. J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt les réflexions sur l’i<strong>de</strong>ntité <strong><strong>de</strong>s</strong> quartiers<br />
qui nous intéresse beaucoup. Nous avons également voulu créer une délégation à la relation aux usagers<br />
pour mieux répondre aux nombreux appels, courriers et courriels que nous recevons, et ce service ren<strong>du</strong> à<br />
la population est très important. Nous avons enfin renforcé rapi<strong>de</strong>ment les instances participatives qui nous<br />
permettent d’enrichir notre vie locale grâce à une approche par projet, par quartier, mais aussi grâce à une démarche<br />
commune propre aux citoyens puisque les élus n’y sont pas présents. Donner à cette intelligence collective<br />
la place qu’elle mérite n’est pas chose facile, car les attentes et les exigences <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens se situent dans une<br />
temporalité parfois différente <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> services ou <strong><strong>de</strong>s</strong> élus. Gérer ces prescriptions, marquer ces injonctions<br />
paradoxales, voilà un nécessaire sujet <strong>de</strong> débat que le <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> nous donne l’occasion <strong>de</strong> développer,<br />
ce qui n’est pas le moindre <strong>de</strong> ses mérites.<br />
Nous avons fait le choix <strong>de</strong> l’expérimentation et <strong>de</strong> la construction progressive <strong>du</strong> dispositif paticipatif,<br />
et notre municipalité ne le regrette pas. Aujourd’hui, nous avons avancé à grands pas puisqu’il<br />
y a eu une belle participation et surtout une qualité <strong>de</strong> participation qui s’est améliorée d’année en année.<br />
Bien sûr, les choses <strong>de</strong>meurent perfectibles. Le réflexe participatif peut, nous l’avons constaté,<br />
susciter une insatisfaction ou une déception diffuse, mais c’est le propre <strong>de</strong> la démocratie participative;<br />
l’expérience <strong><strong>de</strong>s</strong> villes engagées <strong>de</strong> longue date dans cette démarche nous le confirme, et c’est un risque que<br />
nous assumons volontiers pour encourager le débat à <strong>Metz</strong>. Nous avons appris ensemble, créant ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> liens humains<br />
passionnants et nouveaux grâce auxquels nous sommes <strong>de</strong>venus plus riches. Votre présence en témoigne et renforce<br />
notre conviction en matière <strong>de</strong> démocratie participative, qui peut effectivement s’avérer être tout à fait ludique.<br />
Nous souhaitons toucher un maximum <strong>de</strong> citoyens, y compris les plus jeunes, les plus fragiles, les plus éloignés <strong>de</strong> la<br />
chose publique. Pour cela, nous multiplions les initiatives et les formes <strong>de</strong> dialogue – il a été question tout à l’heure <strong>de</strong><br />
bala<strong><strong>de</strong>s</strong> urbaines, <strong>de</strong> forums Internet, d’animations dans les quartiers – et ces assises <strong>de</strong> la citoyenneté en sont le symbole.<br />
En tant qu’adjoint à l’Urbanisme, j’ai été particulièrement attentif au thème <strong>de</strong> cette édition et à l’expression «<br />
construisons la ville ensemble » qui a été formulée. En matière d’urbanisme, nous avons essayé <strong>de</strong> faire le maximum dans<br />
la construction, notamment <strong><strong>de</strong>s</strong> nouveaux quartiers, et dans le maillage entre anciens et nouveaux quartiers. Une <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
questions essentielles, comme vous l’avez très bien rappelé, sera <strong>de</strong> réfléchir non pas à l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> ces nouveaux quartiers,<br />
parce qu’elle est en construction, mais à une manière <strong>de</strong> construire cette i<strong>de</strong>ntité ; je pense par exemple au quartier <strong>de</strong><br />
l’Amphithéâtre qui est en <strong>de</strong>venir et qui est très important pour le développement <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> <strong>Metz</strong>. L’urbanisme est un<br />
champ d’action complexe et en constante évolution qui doit répondre aux besoins actuels <strong>de</strong> la population, mais aussi et surtout<br />
anticiper ceux <strong>de</strong> <strong>de</strong>main, le tout avec <strong><strong>de</strong>s</strong> contraintes réglementaires et budgétaires très fortes qui ren<strong>de</strong>nt quelquefois<br />
les rêves difficiles.<br />
Je voudrais remercier les <strong>Ville</strong>s <strong>de</strong> Nancy, Thionville et Épinal pour leur partenariat dans le cadre <strong>du</strong> Sillon lorrain dans<br />
lequel nous <strong>de</strong>vons réfléchir et construire la ville <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. Notre réflexion doit se tourner aussi bien vers l’échelle <strong>du</strong> quartier<br />
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<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 avril <strong>2012</strong>
que vers celle <strong>du</strong> Sillon lorrain ou <strong>de</strong> l’international, parce que notre prétention, notamment en<br />
construisant une gran<strong>de</strong> métropole, est <strong>de</strong> rayonner au maximum à l’extérieur. Cela n’est pas sans<br />
poser un certain nombre <strong>de</strong> questions telles que les transports ou la localisation <strong>de</strong> certains services<br />
publics. Quelquefois, le désir <strong>de</strong> proximité <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens rencontre <strong><strong>de</strong>s</strong> désirs politiques plus vastes et<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> horizons qui nous obligent à être extrêmement attractifs et à avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> projets d’envergure, mais qui<br />
<strong>de</strong>vraient attirer <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> entier pour faire leurs étu<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’université <strong>de</strong> Nancy 2 – <strong>de</strong>venue<br />
université <strong>de</strong> Lorraine <strong>de</strong>puis le 1er janvier <strong>de</strong>rnier. Cet exemple d’université <strong>de</strong> Lorraine, avec le CHR,<br />
le CHU et d’autres, montre bien que nous sommes en train d’essayer <strong>de</strong> construire un avenir qui transcen<strong>de</strong><br />
la vie <strong><strong>de</strong>s</strong> quartiers et qui nous amène à poser <strong><strong>de</strong>s</strong> questions importantes <strong>de</strong> déplacements urbains.<br />
Votre travail <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers jours a été intense, <strong>du</strong>rant vos ateliers, à travers le café citoyen <strong>de</strong> La<br />
Chaouée qui a été un temps très convivial, lors <strong>de</strong> la conférence <strong>du</strong> sociologue Jean-Yves Trépos qui a<br />
apporté son éclairage et son positionnement. Hier soir, la table ron<strong>de</strong> avec le Conseil économique et social<br />
<strong>de</strong> <strong>Metz</strong> et le Comité <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> <strong>Metz</strong> Métropole et <strong>du</strong> Grand Nancy ont été une réussite.<br />
Je voudrais remercier les personnes <strong>de</strong> la région rémoise qui ont animé les débats avec un certain nombre<br />
<strong>de</strong> projets <strong>de</strong> quartier et d’agglomération. Nous voyons que finalement, toutes les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> villes mènent<br />
aujourd’hui le même genre <strong>de</strong> réflexion : il s’agit à la fois <strong>de</strong> discuter avec les citoyens et <strong>de</strong> construire une<br />
métropole attractive. Enfin, les ateliers d’aujourd’hui sur la ville <strong>du</strong>rable et les moyens <strong>de</strong> replacer les citoyens<br />
au cœur <strong>de</strong> l’urbanisme ont permis <strong>de</strong> montrer que construire la ville n’est plus la seule affaire <strong><strong>de</strong>s</strong> techniciens<br />
et <strong><strong>de</strong>s</strong> élus.<br />
Cette année, le <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> a exploré les diverses manières d’appréhen<strong>de</strong>r la ville et le vivre<br />
ensemble. Nous espérons que ces assises <strong>de</strong> la citoyenneté susciteront chez chacun d’entre vous la réflexion,<br />
l’envie <strong>de</strong> participer et <strong>de</strong> débattre pour que la démocratie soit vivante. Nous espérons que vous puissiez <strong>de</strong>venir<br />
les relais <strong>de</strong> l’intérêt pour la démocratie participative, <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong>de</strong>urs citoyens auprès <strong>de</strong> vos voisins et <strong>de</strong> vos<br />
proches. C’est par cet effet boule <strong>de</strong> neige que nous arriverons à une participation plus importante, et que les élus<br />
réfléchiront <strong>de</strong> manière plus intense aux propositions faites par les administrés.<br />
Merci encore une fois <strong>de</strong> votre présence aujourd’hui. Ren<strong>de</strong>z-vous pour les Rencontres <strong>de</strong> la Participation<br />
Grand-Est le 6 avril 2013 dans le cadre <strong>de</strong> la 4 ème<br />
édition <strong>du</strong> <strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong>.<br />
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<strong>Ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Metz</strong><br />
Service Citoyenneté et Démocratie Participative<br />
scdp@mairie-metz.fr<br />
03. 87. 55. 51. 07.<br />
03. 87. 55. 51. 08.