27.06.2013 Views

montréal vibre au rythme d'israël - Communauté sépharade unifiée ...

montréal vibre au rythme d'israël - Communauté sépharade unifiée ...

montréal vibre au rythme d'israël - Communauté sépharade unifiée ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Transformez vos PDF en papier électronique et augmentez vos revenus !

Optimisez vos papiers électroniques pour le SEO, utilisez des backlinks puissants et du contenu multimédia pour maximiser votre visibilité et vos ventes.

Sommaire LVS<br />

Commun<strong>au</strong>té ÇA S’EST PASSÉ ICI 9<br />

9<br />

Carnet C’EST VOUS 23<br />

Dossier ISRAËL, 60 ANS APRÈS… 24<br />

42<br />

Portrait D’ICI 46<br />

Point de vue 50<br />

CINÉMA, LIVRE, ARTISTE 56<br />

63<br />

Le musicien Al Maghribi n’est plus<br />

(photo « 1948 » dossier photos Sami)<br />

Israël, 60 ans après…<br />

(photo « 2002 04 17 Rally for Israel 006 »<br />

dans dossier Photo Montréal et Israël)<br />

CD de saison, Yoav, entre Beck et Bjork<br />

(Photo « Yoav 036 » dans dossier CD de<br />

saison)<br />

Humeur PASAGÈRE 66<br />

1, Carré Cummings - Suite 216<br />

Montréal (Quèbec ) Canada H3W 1<br />

M6<br />

Tél.: (514)733-4998<br />

Télécopieur: (514)733-3158<br />

redactionlvs@csuq.org<br />

www.csuq.org<br />

PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ David Bensoussan<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL Robert Abitbol<br />

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Élie Benchetrit<br />

CONSEILLER À LA RÉDACTION Philippe Regnoux<br />

ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO Emmanuelle Assor, Joseph Elfassi,<br />

Victor Malka, Daniel Haik, Hélène<br />

Berrubé, Annette Pacquot, Naim<br />

Kattan, Nelly Roffé, Joseph Gabay,<br />

Arié Lévy, Guy Bouthillier, Sylvain<br />

Dahan, Frédérique Paquin.<br />

PHOTOS Archives du Congrès Juif Canadien<br />

( Région du Québec), Yolande Amzallag,<br />

Joseph Elfassi, Edmond Silber<br />

CONCEPTION GRAPHIQUE Rivka Design 514-574-0999<br />

IMPRESSION MPI Impressions<br />

EXPÉDITION POSTALE Joncas Postes Expert<br />

Le présent numéro de La voix <strong>sépharade</strong> a été tiré à 7000 exemplaires. Le magazine est publié 5 fois par an.<br />

Les exemplaires sont acheminés par voie postale à Québec, en Ontario et dans le reste du Canada, <strong>au</strong>x<br />

Etats-Unis et à l'étranger. Abonnements (1 an - 5 numéros): Québec 26$, Canada et U.S.A. 36$, Outre-Mer<br />

56$. ISSN: 0704-5352. Dépôt légal <strong>au</strong>x bibliothéques nationales du Québec et du Canada. Courrier de 3e<br />

classe-Permis 40011565<br />

Les lettres ou articles doivent être adressés à Élie Benchetrit, La voix <strong>sépharade</strong>, 1 Carré Cummings, bure<strong>au</strong><br />

216, Montréal, Québec H3W 1M6 ou par e-mail: redactionlvs@csuq.org<br />

Sous peine d’être refusés, les articles ou lettres adressés <strong>au</strong> journal doivent mentionner le nom de l’<strong>au</strong>teur,<br />

son adresse complète et son numéro de téléphone. Aucun accusé de réception ne sera envoyé et les articles<br />

ou lettres non publiés ne seront pas retournés. Pour des raisons d’espace et de clarté, les articles ou lettres<br />

pourraient être réduits ou révisés.<br />

CONVENTION DE LA POSTE-PUBLICATIONS NO 40011565<br />

RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA AU SERVICE DES PUBLICATIONS 123 RUE<br />

SAINTE-CATHERINE, MONTRÉAL, QC H3Z 2Y7<br />

« Nous reconnaissons l'aide financière accordée par le<br />

Gouvernement du Canada pour nos coûts rédactionnels<br />

par l’entremise du Fonds du Canada pour les magazines. »<br />

Éditorial LVS<br />

L’ÉTAT D’ISRAËL,<br />

FIERTÉ DU PEUPLE JUIF<br />

Il y a soixante ans, le 15 mai 1948, une nation est née sur la terre de ses<br />

ancêtres renouant ainsi avec son histoire plusieurs fois millénaire. Ainsi s’est<br />

accomplie l’espérance d’un peuple qui n’a cessé de répéter dans ses prières,<br />

pendant près de deux mille ans : l’an prochain à Jérusalem.<br />

Si vous le voulez, avait prophétisé Théodor Herzl père du sionisme moderne,<br />

ce ne sera pas une légende. Et nous l’avons voulu et ce furent des hommes et<br />

des femmes, dont des milliers ont payé de leur vie, qui transformèrent le rêve<br />

en vérité et bâti cet État qui nous a rendu notre fierté et surtout renforcé<br />

notre espoir.<br />

Oui, il f<strong>au</strong>t se réjouir et être prêts à célébrer avec nos frères et sœurs d’Israël<br />

ce Yom Ha’atsmaout dans un esprit de solidarité festive. Faisons en sorte que<br />

cette fête de Pessah soit l’occasion de commémorer avec la sortie d’Égypte<br />

de nos ancêtres, la naissance d’une nation.<br />

La Voix Sépharade consacre presque exclusivement ce numéro à cet<br />

anniversaire en donnant la parole <strong>au</strong>x amis d’Israël, juifs et non juifs confondus.<br />

Des universitaires, des journalistes nous proposent des analyses percutantes<br />

quant à la situation actuelle et <strong>au</strong> devenir d’Israël. Nous remercions Annette<br />

Pacquot, Guy Bouthillier, Victor Malka, Daniel Haik pour leur collaboration<br />

spéciale à ce numéro. Mais nous avons demandé également à des jeunes<br />

québécois dont certains ont découvert ce pays il y a à peine quelques mois et<br />

d’<strong>au</strong>tres qui l’ont choisi pour y vivre, de nous livrer leurs impressions. Leur<br />

témoignage nous apporte une note de fraîcheur, d’optimisme et d’espoir. Une<br />

constatation en effet se dégage de leurs dires : Israël est un pays qui mérite<br />

d’être découvert et apprécié pour les valeurs de liberté et de démocratie qu’il<br />

représente dans une région ou souvent la raison du plus fort est toujours la<br />

meilleure. Un pays ou se côtoient <strong>au</strong> quotidien mille et unes cultures qui<br />

s’épanouissent dans le creuset d’une diversité acceptée par chacun, un vrai<br />

désir de vivre ensemble qui transcende les sensibilités politiques ou religieuses.<br />

Des zones d’ombre <strong>au</strong> table<strong>au</strong> ? Pourquoi les nier? des disparités sociales qui<br />

choquent? Sans <strong>au</strong>cun doute, une situation de guerre qui draine une partie<br />

importante des ressources du pays avec pour corollaire le prix du sang à payer<br />

pour une sécurité <strong>au</strong>quel tout citoyen qui se respecte a droit? mais quel<br />

gouvernement, même <strong>au</strong> sein des pays les plus développés de la planète,<br />

pourrait prétendre que tout est parfait chez eux?<br />

Il y a exactement 60 ans le 15 mai 1948, Joseph Kessel membre de l’Académie<br />

française, était correspondant de guerre dans ce pays qui venait à peine de<br />

naître, et il écrivait en parlant de ces hommes et de ces femmes allant <strong>au</strong><br />

combat : «Ils marchaient sous le ciel du printemps , et des chants<br />

accompagnaient cette marche. Chants de Russie. Chants de Pologne. Chants<br />

du Yémen. Et d’Auschwitz. Et de Treblinka. Et du ghetto de Varsovie …. En<br />

les écoutant je me demandais ainsi que tous mes camarades : comment<br />

pourront-ils tenir?Et s’ils ne le peuvent pas, que deviendront les champs, les<br />

vergers, cultivés, avec tant de foi et d’amour? Et qu’adviendra-t-il d’Israël<br />

ressuscité et de tous les hommes, de toutes les femmes qui l’ont rendu à la<br />

vie?» 15 mai 2008, Israël continue d’exister et de fleurir et son hymne national,<br />

l’Hatikva, l’Espoir résonnera toujours dans le cœur de ses citoyens et du<br />

Peuple juif. Hag Saméah à tous nos lecteurs!<br />

Élie Benchetrit<br />

LVS mars 2008 7


SAMY ELMAGHRIBI<br />

Une voix légendaire<br />

disparaît<br />

Le légendaire chanteur Samy Elmaghribi s’est éteint à<br />

Montréal, le 9 mars dernier, à l’âge de 86 ans. Les<br />

témoignages de ceux qui l’ont connu.<br />

En 1948, son premier succès<br />

Loukane Elmlayin le propulse<br />

à Paris où il réalise son<br />

premier enregistrement chez<br />

Pathé Marconi.<br />

LVS mars 2008 9<br />

Commun<strong>au</strong>té ÇA S’EST PASSÉ ICI


Commun<strong>au</strong>té ÇA S’EST PASSÉ ICI<br />

Motsaé chabbat, je me prépare afin de prendre la route tôt<br />

dimanche matin. Samy Elmaghribi et moi-même avons été<br />

engagés par M. Joe Abergel, président de cette synagogue du<br />

New Jersey, afin de diriger les offices de Yamim noraim cette<br />

année là.<br />

Le téléphone sonne; c’est Samy à l’<strong>au</strong>tre bout du fil :<br />

SAMY : Sylvain? Shavouah tov!<br />

MOI: Shavouah tov Samy. Es-tu prêt pour demain?<br />

SAMY : Comment va-tu te rendre à Fort Lee?<br />

MOI: En voiture bien sûr.<br />

SAMY : Tu sais bien que je devais prendre un vol demain<br />

pour New York. Eh bien, le vol est annulé!<br />

En effet, la terrible tragédie du 11 septembre n’était vieille que<br />

de quatre jours et tous les avions étaient cloués <strong>au</strong> sol.<br />

SAMY : Est-ce que je peux voyager avec toi?<br />

MOI: Baroukh Haba Samy!<br />

SAMY : Merci Sylvain, mais il y a <strong>au</strong>ssi mon épouse et les<br />

les bagagges….<br />

MOI: Mais il n’y <strong>au</strong> <strong>au</strong>cun problème Samy; Je vous prends<br />

demain matin à la maison.<br />

« avec Samy, rien<br />

n’était laissé <strong>au</strong> hasard... »<br />

Quelle agréable surprise et quel voyage mémorable! Que de<br />

souvenirs de ces journées passées en sa compagnie et celle de<br />

son épouse Messody (Que D. lui donne Santé et longue vie!),<br />

à le côtoyer, à discuter avec lui de sujets variés, à répéter ces<br />

airs merveilleux de prière afin d’être fin prêt…<br />

Mais <strong>au</strong>-delà de tout cela, je retiens ce privilège qui m’a été<br />

donné de seconder Samy pour la direction de ces offices<br />

religieux; la fierté d’être à ses côtés, de le voir dans cette toge<br />

blanche qu’il portait avant tant de classe et de l’écouter de si<br />

près entonner de façon magistrale, notre belle liturgie<br />

marocaine de Rosh hashana et Kippour. Avec Samy rien n’était<br />

laissé <strong>au</strong> hasard. Ses directives quant <strong>au</strong> déroulement des<br />

prières, ses conseils, la discipline qu’il s’imposait, tout était<br />

matière à apprentissage.<br />

Je me souviens de cette phrase qu’il m’avait dite et qui<br />

<strong>au</strong>jourd’hui encore me revient à l’esprit chaque fois que je<br />

monte à la Téva : “Le chant, les prières, c’est comme un sport;<br />

il f<strong>au</strong>t savoir comment se tenir et comment ménager ses<br />

énergies afin d’aller jusqu’<strong>au</strong> bout!”.<br />

Merci Samy pour tout! Tu as été un Maître, un modèle à suivre,<br />

un père spirituel pour tant de hazzanims, paytanims et<br />

chanteurs partout où tu es passé ! Tu as vécu, tu vis et tu<br />

vivras à jamais dans nos cœurs et nos pensées. C’est à notre<br />

tour de préserver mais surtout de transmettre à nos enfants,<br />

cet immense héritage musical, poétique et liturgique que tu<br />

nous laisses…..<br />

10 mars 2008 LVS<br />

Sylvain Dahan<br />

Samy Elmaghribi reçu<br />

par sa Majesté Sidi<br />

Mohammed V<br />

à St-Germain-en-Laye,<br />

le 6 novembre 1955.


MON CHER SAMY<br />

Comme tu peux le voir, et pour citer un de tes<br />

confrères, « ils sont venus, ils sont –presque- tous là »<br />

dès qu’ils ont appris la triste nouvelle. « Mina’ar véad<br />

zakène », les grands et les petits... Et s’ils n’avaient<br />

qu’une seule chose à te dire ce serait « Samy tu es<br />

notre fierté ».<br />

Je vais donc essayer de parler de toi dans les mots<br />

que tu <strong>au</strong>rais souhaité l’entendre, sans f<strong>au</strong>sse pudeur<br />

et sans craindre de blesser ta modestie.<br />

Chers amis,<br />

Ce n’est pas tous les jours que dans un salon funéraire on<br />

accompagne un « immortel » à sa dernière demeure. Si l’une des<br />

devises de Salomon Amzallag était « être ou ne pas être », on peut <strong>au</strong>ssi<br />

dire de lui « être et ne plus être » : Samy est encore alors que,<br />

malheureusement, il n’est plus. J’ai cité Shakespeare parce que le choix<br />

de Samy a été d’être lui-même, d’optimiser tout son potentiel, de<br />

s’assumer comme individu, comme artiste, comme personnage public,<br />

comme père de famille, comme citoyen marocain, comme juif,<br />

héritier d’une tradition qu’il a profondément respectée et à laquelle il<br />

fait honneur. Samy, tu es notre fierté.<br />

Comme individu, comme personne, Samy a dit de lui-même « Je suis<br />

le plus heureux des hommes parce que je fais ce que j’aime ». Heureux<br />

l’homme qui a sa passion comme métier. Être pleinement ce qu’on<br />

est, vivre de ce qui nous fait <strong>vibre</strong>r, être capable de <strong>vibre</strong>r, c’est cela,<br />

être. Autrement, on n’est pas, on existe. Samy a été et, artiste, il nous<br />

l’a dit à travers ses chansons, car une grande partie de son œuvre est<br />

<strong>au</strong>tobiographique.<br />

Vous vous souvenez certainement de sa chanson Loukane Elmlayin,<br />

Ah! si j’étais millionnaire! « El Baporat Outiyarat Nekte’ Elbhor Ounlali<br />

Fessamouat, Neftech ‘Ala ‘Ghrami Fikoul Lemkan ». Dans cette chanson,<br />

Samy nous livre ses rêves : « les bate<strong>au</strong>x, les avions, traverser les mers et<br />

se balader dans les cieux, rechercher son bonheur où qu’il se trouve... Ah! si<br />

j’étais millionnaire! » Eh bien, lorsque j’ai revu Samy à Montréal, l’une<br />

des premières chansons qu’il a interprétée, c’était New York, chanson<br />

dans laquelle il décrit les « Arba’ houmat Me’rofin, Manhattan, Queens,<br />

Bronks ou Brooklyn » entourées de l’Hudson et de l’East River, la ville<br />

des millionnaires…. Je lui ai demandé si New York représentait la<br />

réalisation de Loukane Elmlayin... et il a souri.<br />

Samy est né à Safi en 1922 et déjà enfant il ramassait les fils de lin dans<br />

l’atelier de son père tailleur, pour en confectionner des mandolines.<br />

Sa voix se révèle très tôt, il chante à la synagogue et dans les fêtes de<br />

famille. En 1948, son premier succès Loukane Elmlayin le propulse à<br />

Paris où il réalise son premier enregistrement chez Pathé Marconi. En<br />

1950, il est de retour <strong>au</strong> Maroc et c’est là que je l’ai connu, avec son<br />

orchestre, Samy’s Boys.<br />

Je faisais partie des privilégiés qui avaient accès à la vedette de<br />

Casablanca : Samy Elmaghribi. En effet, mon oncle comptait parmi ses<br />

intimes et j’adorais lui rendre visite… surtout pour côtoyer l’artiste!<br />

Déjà, à l’époque, Samy avait été très « sympa » avec moi : croyez-le<br />

ou non, il m’emmenait à Radio Maroc pour assister à ses<br />

enregistrements et à ses concerts! Un orchestre imposant, hyper<br />

rodé, définissait le <strong>rythme</strong> sur lequel Samy allait intervenir et… la<br />

magie opérait! D’une voix claire, ch<strong>au</strong>de, posée, structurée, avec une<br />

diction parfaite, Samy égrenait les syllabes sur la musique. Il avait<br />

toujours la même attitude : on ne peut plus sérieuse. Il l’est resté : qu’il<br />

chante l’amour, la nostalgie, l’hommage à sa mère, qu’il vante les<br />

Durant les dernières années de sa vie, Samy Elmaghribi n’a<br />

cessé d’enthousiasmer son public, comme ici en 2005, lors<br />

d’un concert hommage à Israël.<br />

be<strong>au</strong>tés de New York ou qu’il fantasme sur ce qu’il ferait s’il avait des<br />

millions, Samy a toujours le même regard, la même posture : il est<br />

tout entier investi dans ce qu’il fait : il chante. Il ne communique ni par<br />

le regard ni par les expressions du visage, il communique par le chant,<br />

entendez par là paroles et musique. Mais n’allez surtout pas croire<br />

que Samy Elmaghribi est un homme <strong>au</strong>stère! Loin de là : <strong>au</strong>ssitôt son<br />

oûd déposé, il se met à blaguer! Mais là <strong>au</strong>ssi, il s’impose des limites.<br />

En un mot, il chante, il blague et il vit avec classe. Samy est un<br />

aristocrate.<br />

Un aristocrate engagé et si la musique et le chant l’ont détourné d’un<br />

début de carrière politique, il a voulu immortaliser le retour du Roi<br />

Mohammed V après son exil forcé : Alef Hniya Ouhniya, œuvre écrite<br />

à la gloire du Roi Mohammed V et de son pays, consacre Samy<br />

comme artiste national. Il conquiert le palais royal où il est accueilli<br />

comme l’un des chanteurs favoris des regrettés rois Mohammed V et<br />

Hassan II.<br />

Entre 1942 et 1964, Samy compose un répertoire de chansons<br />

populaires connu dans tout le Maghreb; il multiplie les tournées, en<br />

particulier en Algérie, où il se produit avec l’orchestre symphonique<br />

de Radio Alger. Tout comme il a su immortaliser l’événement<br />

politique de 1956, il n’est pas resté indifférent à la catastrophe de<br />

1960, à la suite de laquelle il écrit Agadir.<br />

Mais déjà, il songe à explorer d’<strong>au</strong>tres horizons :<br />

Ma Tebkich Ya Leghrib – Ne pleure pas, étranger, toi qui t’es séparé<br />

des tiens, Dieu est partout où tu vas et Il te réconfortera. Essa’a Elli<br />

N’ta Fiha – Ne regrette pas le passé, attache-toi à l’avenir. Cet avenir<br />

le conduira en Israël, qui lui réserve un accueil triomphal, d’<strong>au</strong>tant qu’il<br />

décide de chanter, devant des salles combles, Enta Oumri, grand<br />

succès de la très populaire Oum Qalsoum.<br />

En 1966, les succès de ses concerts à New York et à Montréal le<br />

persuadent qu’il a <strong>au</strong>ssi des fans en Amérique du Nord. Il décide de<br />

s’installer à Montréal et de mettre son talent <strong>au</strong> service de la<br />

synagogue et de la commun<strong>au</strong>té.<br />

Que de souvenirs! En 1970, la commun<strong>au</strong>té <strong>sépharade</strong> de Montréal<br />

commençait à se structurer. Il fallait la faire connaître. Samy et moi<br />

avions conçu une présentation qui retraçait les différentes étapes de<br />

la vie juive selon le rite <strong>sépharade</strong> : la circoncision, la bar mitzvah, la<br />

cérémonie du henné, le mariage, le chabbat et les fêtes. Je présentais<br />

chacun des thèmes et il l’illustrait en chansons. Le public de la semaine<br />

<strong>sépharade</strong> avait été ravi... mais pas <strong>au</strong>tant que les moines trappistes<br />

d’Oka, qui découvraient que judaïsme, sépharadisme, francophonie<br />

et… grand art, pouvaient faire bon ménage.<br />

Au registre de la liturgie, je garde surtout en mémoire les offices de<br />

jeûnes <strong>au</strong>xquels Samy apportait son concours. C’était à Moinier, vers<br />

la fin des années 50, il était assis en face de moi, à environ deux<br />

mètres. Lorsqu’il chantait en solo, mon livre vibrait littéralement et<br />

Suite page 12<br />

LVS mars 2008 11<br />

Commun<strong>au</strong>té ÇA S’EST PASSÉ ICI


Commun<strong>au</strong>té ÇA S’EST PASSÉ ICI<br />

Le chant de la Havdala par les enfants de l’école Maïmonide,<br />

le 16 février, à la Congrégation Spanish & Portuguese.<br />

L’État d’Israël fête ses soixante ans. Soixante<br />

ans d’existence juridique mais des millénaires<br />

de présence réelle continue.<br />

C’est dans l’esprit de cette continuité<br />

historique que l’Ecole Maïmonide cherche à<br />

transmettre à nos enfants une éducation juive<br />

et <strong>sépharade</strong>. A l’occasion du 60ième<br />

anniversaire de l’État d’Israël, l’Ecole<br />

Maïmonide a organisé une première<br />

manifestation pour célébrer cet événement<br />

marquant. Parents et enfants des grades 5 et<br />

6 des deux campus se sont réunis à la<br />

synagogue Spanish et Portuguèse, le16 février<br />

à 19h30, après la sortie du Chabbat pour une<br />

cérémonie en l’honneur d’Israël.<br />

Le chant de la Havdala<br />

Le programme de liturgie à l’Ecole<br />

Son site internet fait état d'une discographie imposante. On y apprend,<br />

entre <strong>au</strong>tres, que Samy a fait école : « professeur invité à la Yeshiva<br />

University de New York, il a initié des élèves qui sont <strong>au</strong>jourd'hui les<br />

chantres de grandes synagogues en France, <strong>au</strong> Canada et en Israël ». Ce<br />

12 mars 2008 LVS<br />

ISRAEL À 60 ANS<br />

Maïmonide est spécifique à<br />

notre institution et se situe<br />

<strong>au</strong> cœur même de notre<br />

tradition juive et <strong>sépharade</strong>.<br />

Il vise à marquer les<br />

moments religieux les plus<br />

importants de notre vécu du<br />

Judaïsme à la maison et à la<br />

synagogue. Comme<br />

échantillon de cet<br />

enseignement, la soirée a<br />

débuté sur le chant de la<br />

Havdala interprété par les<br />

élèves sous la direction du professeur et<br />

cantor, M. Daniel Lasry.<br />

Les élèves ont été magnifiques dans leur<br />

prestation musicale selon la tradition<br />

<strong>sépharade</strong>.<br />

Quand la Torah approche parents et enfants<br />

La seconde partie de la célébration était<br />

articulée <strong>au</strong>tour du projet Mibéreshit<br />

Suite de la page 11: Cher ami<br />

c’est cette même sensation d’intensité que son kahal ressentait lorsqu’il<br />

officiait en tant que hazan de la Spanish, ou du Rabbinat.<br />

L’identité de vedette de la chanson et celle de hazan peuvent sembler<br />

incompatibles. Samy a tenu à s’en expliquer dans une chanson célèbre<br />

Enghenni Ounselli – Comment pourrais-je servir Dieu mieux qu’avec ce<br />

dont il m’a doté, mon talent? Lorsqu’il officiait, Samy mettait tout son<br />

cœur dans ses prières, comme il a toujours mis son cœur dans tout ce<br />

qu’il entreprenait.<br />

Samy maitrisait et conjuguait harmonieusement quatre genres : la<br />

chanson populaire marocaine ancienne et moderne, le chant classique<br />

andalou et le chant liturgique, qui combine les précédents, et <strong>au</strong>xquels il<br />

intègre des mélodies de Turquie et d’Europe Centrale.<br />

Pour ses quatre-vingts ans, Samy nous a offert un gala <strong>au</strong> cours duquel il<br />

a interprété sa dernière composition, Ana Oueld Tmanine Sana – J’ai<br />

quatre-vingts ans et je suis dans la musique depuis soixante ans.<br />

J’ajouterais, « soixante ans et pour longtemps encore! »<br />

Plus de deux cents parents et enfants se sont<br />

mesurés à un « mini-quiz » sur dix parachiot<br />

du livre de la Genèse.<br />

Dans une atmosphère détendue et joviale,<br />

parents et enfants dialoguaient et s’éclairaient<br />

mutuellement. Tous les élèves ont reçu un<br />

be<strong>au</strong> certificat de participation, appelant sur<br />

eux et leurs parents les bénédictions de la<br />

Torah, et les plus méritants ont été<br />

récompensés. M. Lasry a invité l’assistance à<br />

chanter en chœur des mélodies sur Israël,<br />

faisant ainsi <strong>vibre</strong>r la salle de joie et<br />

d’allégresse.<br />

La parole <strong>au</strong>x invités<br />

« Shalom et Shavoua Tov. J’ai le plaisir de<br />

transmettre mes salutations, <strong>au</strong> nom de l’État<br />

d’Israël à l’assemblée réunie ce soir » Ce sont<br />

là les premiers mots de la lettre de<br />

félicitations et d’encouragement que nous a<br />

adressé Monsieur Yoram Elron, Consul<br />

général d’Israël à Montréal. Nous avons eu le<br />

plaisir d’accueillir Monsieur David<br />

Bensoussan, président de la Commun<strong>au</strong>té<br />

<strong>sépharade</strong> <strong>unifiée</strong> du Québec, accompagné de<br />

son épouse.<br />

Il a ensuite félicité les élèves et les<br />

organisateurs de la soirée pour une si belle<br />

initiative et réitéré le soutien de la C.S.U.Q. à<br />

l’Ecole Maïmonide.<br />

Ce fut une soirée pleine d’émotion et de<br />

Kédoucha. Par leur présence, tous les<br />

participants, ont souligné leur attachement et<br />

leur soutien à l’Ecole Maïmonide, et affirmé le<br />

lien indéfectible qui les unit à l’État d’Israël.<br />

M. Jaime Benabou<br />

Maître de cérémonie<br />

Directeur des Études juives à l’École Maïmonide<br />

que le site ne mentionne pas, c'est que Samy prépare la relève pour les<br />

générations à venir d’une <strong>au</strong>tre façon encore : il a écrit des partitions de<br />

musique marocaine, algérienne, tunisienne et égyptienne, musique qui<br />

jusqu'alors ne s’enseignait qu’oralement, de maître à disciple. En Israël, où<br />

il a passé dix années, il a créé le Merkaz Piyyout Veshira, a formé la<br />

chorale de paytanim et les musiciens de l’Orchestre Andalou d’Israël et<br />

les a dirigés dans une série de concerts et de tournées. Ce souci de la<br />

transmission, ce scrupule pour l'avenir, viennent confirmer l'intuition que<br />

nous avions il y a un demi-siècle : Samy est et restera un Maître.<br />

De lui, sa fille Yolande a dit : « Il nous a appris que l’amour et l’affection<br />

priment tout <strong>au</strong>tre intérêt, qu’<strong>au</strong>cun compromis ne v<strong>au</strong>t l’intégrité et<br />

l’<strong>au</strong>thenticité. Il nous a donné le goût de l’art et de la perfection, l’exemple de<br />

la rigueur et du dépassement de soi ». Quant à nous, nous tenons à<br />

témoigner notre affection et notre fierté à son épouse Messody, ses six<br />

enfants, ses quatorze petits-enfants et ses seize arrière- petits-enfants, en<br />

les remerciant de nous avoir permis de nous approprier leur Samy.<br />

Voilà, Samy, j’ai terminé et je te quitte en te disant que, lorsqu’à travers<br />

les synagogues du monde entier tu entendras la Kédoucha chantée sur<br />

l’air de ‘Omri Ma Nennsek Ya Mama, souviens-toi qu’ici, dans notre<br />

monde, on ne t’oublie pas non plus.<br />

Repose en paix.


PARRAINAGE<br />

Faites une mitzva, donner de la joie et du bonheur à nos<br />

aînés en parrainant une activité que nous organiserons en<br />

votre nom <strong>au</strong>près des personnes âgées <strong>sépharade</strong>s.<br />

Nous remercions sincèrement, Mme Lévy qui grâce à un<br />

don généreux nous a permis de réaliser une superbe<br />

activité à l’hôpital CHSLD juif de Montréal à l’occasion<br />

de la fête de Tou Bishevat.<br />

Contacter Sylvia Serruya <strong>au</strong> 733-4998 ext. 3150 ou<br />

sserruya@csuq.org<br />

BÉNÉVOLAT<br />

EN ACTION SOCIALE<br />

Donner, c’est recevoir !<br />

Nos personnes âgées ont besoin de notre aide, de votre<br />

aide. Faire du bénévolat est une action stimulante et<br />

enrichissante. Nous avons besoin de vous !<br />

Contacter Sylvia <strong>au</strong> 733-4998 ext. 3150<br />

SOIRÉE MIMOUNA<br />

À l’occasion de la soirée de la Mimouna, les services<br />

commun<strong>au</strong>taires de la Commun<strong>au</strong>té Sépharade Unifiée du<br />

Québec invitent les membres de notre commun<strong>au</strong>té à<br />

venir célébrer la fête dans un cadre convivial et musical,<br />

dimanche 27 avril 2008 à partir de 22h30 <strong>au</strong> Centre<br />

Commun<strong>au</strong>taire juif Ben Weider, 5400 Westbury<br />

Contacter Sabine <strong>au</strong> 733-4998 ext. 8230<br />

La sexologue Esther Perel<br />

invitée par la Campagne Sépharade<br />

des Femmes 2008<br />

La conférence « Parent, amant, faire vivre le désir<br />

dans le couple » s’est tenue le 4 mars dernier à la<br />

salle Gelber devant 350 personnes.(de g. à d.)Alicia<br />

Salama Directrice de La Campagne <strong>sépharade</strong>,<br />

Michael Ettinson Président de la Campagne générale,<br />

Cl<strong>au</strong>de Benarroch, Directrice adjointe Campagne<br />

<strong>sépharade</strong>, Rika Bohbot Cohen, Présidente sortante<br />

de la Campagne <strong>sépharade</strong> 2007, Esther Perel,<br />

conférencière, Pascale Hasen, présidente de la<br />

Campagne des femmes 2008, Renée Mahfoda<br />

Azoulay, Présidente de la campagne <strong>sépharade</strong> des<br />

femmes 2008, Camille Cohen et Josie Suissa<br />

Lupovich, coprésidentes Outreach.<br />

Mazal Renford<br />

à la rencontre des femmes Juives francophones<br />

Ce sont environ cent cinquante personnes<br />

qui ont répondu à l'appel des Femmes juives<br />

francophones le 19 février dernier <strong>au</strong><br />

Centre Interculturel de Côte-des-Neiges<br />

pour écouter la grande conférencière,<br />

Mazal Renford, directrice de l'institut Golda<br />

Meir du Mont Carmel en Israël.<br />

« Éducation et leadership : Passeport pour<br />

l'<strong>au</strong>tonomie des femmes », tel était le thème<br />

de la conférence de cette femme de terrain<br />

qui a décrit le travail trop méconnu mené<br />

par Israël <strong>au</strong>près des femmes, sur un plan<br />

humanitaire, et ce partout dans le monde.<br />

La conférencière a ainsi galvanisé un public<br />

largement multiculturel et a porté un<br />

message de Hasbara des plus efficaces.<br />

Le Comité des Femmes<br />

juives francophones entoure<br />

la conférencière Mazal<br />

Renford (3ème en partant<br />

de la g<strong>au</strong>che). On notera la<br />

présence notamment<br />

d’Annie Myara, Directrice<br />

Relations Interculturelles à<br />

la CSUQ (5ème en partant<br />

de la g<strong>au</strong>che), de Maïr<br />

Verthuy, de l’Institut<br />

Simone de Be<strong>au</strong>voir (6ème<br />

en partant de la g<strong>au</strong>che), et<br />

de Suzanne Danino,<br />

Présidente du Comité des<br />

Femmes juives<br />

francophones (2ème en<br />

partant de la droite).<br />

Pour les Femmes juives francophones,<br />

l'événement était un franc succès, d'<strong>au</strong>tant<br />

plus qu'il atteint parfaitement un de leurs objectifs visant une meilleure<br />

compréhension interculturelle.<br />

Voila qui <strong>au</strong>gure bien des événements à venir ce printemps <strong>au</strong>xquels s’est<br />

déjà attelé le comité des Femmes juives francophones. Surveillez-les!<br />

LVS mars 2008 13<br />

Commun<strong>au</strong>té ÇA S’EST PASSÉ ICI


Commun<strong>au</strong>té ÇA S’EST PASSÉ ICI<br />

SERVICES SOCIAUX<br />

DÉFILÉ DE CAFTANS À L’HÔPITAL MAÏMONIDE<br />

Comme chaque année à l’Hôpital Maimonide, a lieu un magnifique<br />

défilé de caftans. Cette année les dames du Centre Sépharade<br />

Francophone ont offert le 24 février dernier un très be<strong>au</strong> spectacle<br />

dans la synagogue de l’Hôpital. La salle était comble, les résidents et<br />

leurs familles sont venus assister à ce défilé, coloré, animé par Rabbin<br />

Chriqui, Sylvia Serruya, coordonnatrice de la CSUQ et Cl<strong>au</strong>de Elbaz,<br />

professionnel du CSF et accompagné par l’orchestre de Daniel<br />

Oiknine.<br />

175 résidents, familles et compagnons ont assisté à ce be<strong>au</strong> défilé de<br />

caftans.<br />

« Un Grand Merci» à Allison Friedman, récréologue de l’Hôpital, Cl<strong>au</strong>de<br />

Elbaz et ses bénévoles ainsi que les bénévoles de la CSUQ qui ont<br />

participé a cette belle activité.<br />

14 mars 2008 LVS<br />

MADY PARLE DE TOUT<br />

ET DE RIENS…<br />

Je m’adresse à tous les surtaxés de rides et d’années.<br />

À nous qu’on dit des plus…( plus quoi?) parce que si nous<br />

sommes des plu, <strong>au</strong>tant faire plus dans notre vie de tous les<br />

jours.<br />

Nous devons donc plus nous amuser, plus profiter de nos<br />

journées, plus penser à nous. Le cercle Sépharade<br />

francophone ( CSF) s’est donné pour mandat d’organiser<br />

très souvent des manifestations où tous les plus et<br />

quelquefois même …les <strong>au</strong>tres dansent , chantent et<br />

s’amusent.<br />

Le comité du CSF se dit que quand on veut on peut et<br />

quand on peut …on doit.<br />

Donc en dehors des soirées , conférences sorties que nous<br />

organisons tous les mois, il existe :<br />

3 fois par semaine des clubs de rencontre à la synagogue<br />

Petah Tikvah les lundis, les mardis <strong>au</strong> Centre Cummings et<br />

les mercredi à la Spanish &Portuguese.<br />

Pour : Jouer <strong>au</strong>x cartes , papoter, se raconter ce qui nous<br />

arrive et arrive <strong>au</strong> monde qui nous entoure en dégustant un<br />

thé, un café et des viennoiseries…<br />

Chaque jour devrait nous apporter des moments de petits<br />

bonheurs, de joies , de rires.<br />

Par-dessus tout, nous devons nous dire que chaque jour qui<br />

passe , et qui passe correctement est un jour de plus et<br />

pour qu’il passe le plus correctement possible, nous devons<br />

sortir ne pas rester seuls. Et si par hasard vous n’avez pas<br />

de transport vous nous passez un coup de fil et on<br />

s’arrange.<br />

Mady Anidjar<br />

LA FÉDÉRATION<br />

SÉPHARADE CANADIENNE<br />

La Fédération Sépharade canadienne est<br />

fière de participer à divers projets de<br />

tsédaka en Israël dont celui dirigé par le<br />

Rabbin Yamin Levy du Maimonides Heritage<br />

Center à Tibériade qui a reçu une aide de<br />

10,000$ pour venir en aide e<strong>au</strong>x enfants<br />

défavorisés de cette ville.<br />

Cinq mille petits déjeuners ont été<br />

également offerts <strong>au</strong>x enfants défavorisés du<br />

Négev et six Bar mitsva ont été offertes à<br />

des enfant éthiopiens en Israel..


COMMUNICATIONS<br />

La CSUQ renforce l’échange commun<strong>au</strong>taire<br />

Depuis novembre dernier, la CSUQ a entamé une<br />

refonte de ses méthodes et outils de communications.<br />

Le lancement de son portail Sépharade sur internet<br />

est une grande étape dans sa démarche d’information<br />

commun<strong>au</strong>taire et interculturelle.<br />

C’est une petite révolution. Le lancement sur internet, <strong>au</strong><br />

début du mois d’avril, du premier portail Sépharade de la<br />

CSUQ marque un tournant indiscutable dans la<br />

communications des informations <strong>au</strong> sein de notre<br />

commun<strong>au</strong>té.<br />

Le www.csuq.org constitue en effet la première initiative qui<br />

consiste à rendre de plus en plus interactif le partage des<br />

informations pratiques ou événementielles entre les Juifs<br />

francophones, toutes générations confondues.<br />

« En pariant sur une réactualisation quasi quotidienne de ses<br />

informations, et en permettant <strong>au</strong>x intern<strong>au</strong>tes d’utiliser des outils<br />

simples et efficaces pour participer et consulter tous les aspects de<br />

la vie commun<strong>au</strong>taire, la CSUQ passe d’une communication<br />

institutionnelle à une communication de rése<strong>au</strong> social », estime<br />

Philippe Régnoux, Consultant en Marketing éditorial pour la<br />

CSUQ. « C’est un véritable bond en avant qui va induire un réel<br />

changement de mentalité à de nombreux nive<strong>au</strong>x. »<br />

Un avis partagé par Alain Bidjerano, Président du comité<br />

Relations Publiques à la CSUQ, selon qui « le site web de notre<br />

commun<strong>au</strong>té était attendu depuis longtemps, il tient maintenant à<br />

nous de le faire vivre et d’en faire un lieu de partage et<br />

d’échanges.»<br />

Célébration de la réception du<br />

premier Sefer Torah <strong>sépharade</strong><br />

<strong>au</strong> Centre gériatrique Maimonides<br />

Plus de 150 invités, dignitaires, bénévoles et membres de l'équipe de<br />

direction du Centre gériatrique Maimonides se sont réunis le 7 février<br />

dernier dans la synagogue du Centre à l'occasion d'une joyeuse<br />

célébration visant à accueillir le premier Sefer Torah <strong>sépharade</strong> de<br />

Maimonides. Commandé en Israël, cette magnifique Torah a été<br />

généreusement donnée par les membres de la famille Assouline en<br />

l'honneur de leur mère, Mme Simy Assouline, résidente de<br />

Maimonides. Entourée de toute sa famille, Mme Assouline, âgée de 93<br />

ans, s'est adressée <strong>au</strong>x invités. Laissons-lui la parole : « C’est avec une<br />

grande joie que je dédie ce sefer Torah à l’hôpital Maimonide en guise<br />

d’appréciation pour les soins qui me sont prodigues. Je tiens à<br />

remercier particulièrement le rabbin Wolf, le rabbin Chriqui et le<br />

comite organisateur de cette merveilleuse soirée. »<br />

La radio : outil complémentaire d’internet<br />

« L’arrivée de l’outil internet ne peut que renforcer le lien<br />

commun<strong>au</strong>taire déjà existant », affirme Elie Benchetrit. Mais, pour le<br />

Directeur des Relations Publiques à la CSUQ, « la commun<strong>au</strong>té<br />

<strong>sépharade</strong> doit <strong>au</strong>ssi exploiter le vecteur que constitue la radio et<br />

poursuivre son effort de solidarité à l’égard de la seule radio Juive<br />

actuellement en onde <strong>au</strong> Québec, Radio Shalom ».<br />

« C’est un tribune idéale pour la commun<strong>au</strong>té, et un complément<br />

parfait à l’interactivité que procure internet », juge Philippe Régnoux,<br />

qui fut <strong>au</strong>ssi Directeur des programmes de Radio Shalom<br />

Montréal. « Pour moi, il est indispensable de créer rapidement un<br />

rendez-vous radiophonique régulier et en direct pour la commun<strong>au</strong>té ».<br />

Un projet d’émission Sépharade a donc été proposé par la CSUQ<br />

à Radio Shalom sur la base d’un partenariat commun<strong>au</strong>taire. Et<br />

même si, pour le moment, ce projet n’a pu se réaliser pour des<br />

raisons budgétaires, la CSUQ ne baisse pas les bras et explore de<br />

nouvelles avenues.<br />

LVS mars 2008 15<br />

Commun<strong>au</strong>té ÇA S’EST PASSÉ ICI


Publi-reportage


LVS mars 2008 17<br />

Publi-reportage


Commun<strong>au</strong>té ÇA S’EST PASSÉ ICI<br />

Le 20 février, un atelier sur le thème du<br />

«sommeil chez les enfants», animé par<br />

Stéphanie Fragman, a été organisé et plus de 30<br />

parents du CPE ont assisté à cette réunion<br />

éducative sur un sujet qui intéresse tous les<br />

parents.<br />

18 mars 2008 LVS<br />

Lors de la Semaine de Relâche,<br />

du 25 <strong>au</strong> 29 février, 45<br />

participants de 6 à 12 ans ont<br />

visité le Cosmodôme, la<br />

Récréathèque, l’Aquadôme, le<br />

Centre des Sciences IMAX <strong>au</strong><br />

Vieux-Montréal. Tout cela s’est<br />

passé quand ils n’étaient pas en<br />

train de profiter des Glissades<br />

<strong>au</strong> Mont Avila dans les<br />

L<strong>au</strong>rentides.<br />

AU DÉPARTEMENT JEUNESSE...<br />

Au Camp d'hiver Kif Kef du<br />

25 décembre 2007 <strong>au</strong> 1<br />

janvier 2008, on a reçu 128<br />

jeunes dont 16 Israéliens de<br />

Beer Sheva, les 26<br />

animateurs (tous bénévoles)<br />

étaient dirigés par Eric<br />

Mechaly, Arielle Ouaknine,<br />

Lorenz Gerlicher et Patrick<br />

Bensoussan. Une semaine<br />

remplie d’activités dont tous<br />

parlent encore : Tubing,<br />

Arbraska; Maccabiades;<br />

Journées Thèmes; Soirées<br />

Disco…<br />

L’École de Ski Chéleg a encore accueilli 53<br />

participants (de 6 à 12 ans), du 20 janvier <strong>au</strong> 2<br />

mars, pendant 7 dimanches consécutifs <strong>au</strong><br />

Chantecler, à Ste-Adèle. Tous ont dévalé les<br />

pentes de ski, <strong>au</strong>tant les parents que les enfants,<br />

qui prenaient la relève quand ceux-ci prenaient<br />

des cours de ski.<br />

ACTIVITÉS DES SERVICES COMMUNAUTAIRES<br />

AUX CPE...<br />

L’hiver bat son plein et on en profite<br />

bien avec toutes sortes d’activités<br />

de saison.<br />

Aux CPE , les enfants de la prématernelle<br />

du CPE ont assisté à<br />

leur premier concert de jazz en<br />

ce début d’année avec le<br />

«Quatuor de Jazz Shulich» <strong>au</strong><br />

Centre Segal, le 21 février 2008.<br />

En plus de découvrir ce qu’est un<br />

groupe de jazz, les enfants ont eu<br />

l’opportunité de se familiariser<br />

avec les différents instruments et<br />

de découvrir tout un univers<br />

musical.<br />

Les 18 et 25 février, les enfants<br />

du CPE ont pris d’ass<strong>au</strong>t le<br />

Banana Zoo, centre de<br />

récréathèque où ils ont joué sur<br />

un xylophone géant.


Au CHSLD juif de Montréal,nous fêtons les 60 ans<br />

de l'Etat d'Israël avec les résidents de l'hopital et<br />

comme toujours avec la collaboration de nos très<br />

chers bénévoles toujours présents et très<br />

dévoués.A g<strong>au</strong>che :Mme Zagury georgie,Amzallag<br />

Cl<strong>au</strong>dine,Arobas P<strong>au</strong>la,David Cohen Et David<br />

Tolédano,en arrière notre chanteur Yaacov<br />

Saassi.<br />

AU DÉPARTEMENT DES BÉNÉVOLES<br />

POUR L’ACTION SOCIALE...<br />

AU DÉPARTEMENT ADULTE...<br />

Le nouve<strong>au</strong> Département Adultes, pour les<br />

45 ans et plus, est heureux d’avoir mis sur<br />

pied un intéressant partenariat avec la<br />

Bibliothèque de Côte St Luc. A l’année<br />

longue des expositions de nos artistes seront<br />

ouvertes <strong>au</strong> grand public qui pourra admirer<br />

les toiles des peintres du Cercle des Artistes.<br />

Au nombre des activités prévues dans ce<br />

nouve<strong>au</strong> lieu convivial, une soirée de<br />

«Contes <strong>au</strong> coin du feu», pour adultes et en<br />

français, par Mme Oro Anahory Librowicz, le<br />

26 mars.<br />

Vernissage de Beryl Deitcher à la Bibliothèque de<br />

Côte St Luc, le 17 février dernier. Près de 30<br />

personnes se sont déplacés pour l’événement, et<br />

ce malgré une pluie verglassante particulièrement<br />

rebutante.<br />

De son côté, le Département des bénévoles pour l’action sociale organise plus d’une activité pour<br />

tisser des liens entre membres de la commun<strong>au</strong>té: M.Bénizri, résident <strong>au</strong> centre gériatrique de<br />

Maïmonide, lors d'une activité organisée par Sylvia Serruya et Cl<strong>au</strong>de Elbaz, en collaboration avec<br />

leurs bénévoles.<br />

Photo de droite: en arrière de M. Benizri,Sylvia Serruya, à ses côtés Mme Esther Lévy, bénévole de la CSUQ<br />

et Mme Dabda Solly; bénévole du CSF, en caftan vert Mlle Allison Friedman;récréologue du Centre Gériatrique<br />

Maïmonide.<br />

Le Rabbin Wolf tenait le drape<strong>au</strong> d'Israel avec Mme Zagury(bénévole de la<br />

CSUQ) lors de notre activité <strong>au</strong> CHSLD Juif de Montréal à l'occasion des "60<br />

ans de la creation de l'Etat d'Israel".<br />

LVS mars 2008 19<br />

Commun<strong>au</strong>té ÇA S’EST PASSÉ ICI


Naissances<br />

Décès<br />

Yossi et Ella Mouyal et Avigael ont<br />

l’immense joie d’annoncer la<br />

naissance de leur fils et petit frère<br />

Elisha Mouyal, le 22 janvier 2008 à<br />

Montréal. Un grand Mazal Tov <strong>au</strong>x<br />

heureux parents et <strong>au</strong>x granfds<br />

parents Ouri et Alice Barr, Jacob et<br />

Esther Mouyal<br />

Nous avons le plaisir d’annoncer la naissance de<br />

Myriam le 26 novembre 2007 dans le foyer de d’Avi<br />

et Sevrine Ben Ami . Un grand mazal tov <strong>au</strong>x parents<br />

et grands parents.<br />

Meir et Samantha Israel ont le<br />

plaisir d’annoncer la naissance<br />

de leur fils Joshua Emmanuel<br />

à Montréal le 13 mars 2008, 6<br />

adar 5768. Nous adressons un<br />

grand Mazal Tov <strong>au</strong>x heureux<br />

parents ainsi qu’<strong>au</strong>x grands parents Isaac et Ofelia<br />

Israel et Victor et Barbara Benedeck.<br />

Départ<br />

Nous avons la tristesse d’annoncer le décès de Mme Esther<br />

Oziel Z.L survenu à Toronto le 20 février 2008. Mme Oziel était<br />

la mère de neuf enfants, dont Monsieur Salomon Oziel ancien<br />

président de la Commun<strong>au</strong>té Sépharade du Québec, ainsi que de<br />

nombreux petits enfants. Nous adressons à sa famille et tout<br />

particulièrement à notre ami Salomon Oziel, l’expression de nos<br />

sincères condoléances.<br />

Avec une grande émotion nous avons appris le décès de Monsieur<br />

Cadosh-Delmar Charles (zl.) le samedi 2 février 2008 <strong>au</strong><br />

CHSLD juif de Montréal. Les bénévoles et professionnels(les) de la<br />

Commun<strong>au</strong>té Sépharade Unifiée du Québec offrent sincèrement<br />

toutes leurs condoléances à toute la famille.<br />

Nous avons l’immense tristesse d’annoncer le décès de Monsieur<br />

Salomon Amzallag Z.L connu sous le nom artistique de Sami el<br />

Maghribi, chantre de la musique traditionnelle arabo andalouse et<br />

hazan émérite, survenu le 9 mars 2008 à Montréal. La<br />

Commun<strong>au</strong>té Sépharade <strong>unifiée</strong> du Québec adresse à sa veuve et<br />

et ses enfants l’expression de ses sincères condoléances.<br />

Nous avons la tristesse d’annoncer le décès de Mme Denise<br />

Zafrani Z.L Survenu à Montréal le 29 janvier 2008, Elle était la<br />

mère de Gilberte, Eva, Marc, David et Nathan Zafrani et grandmère<br />

de 10 petits enfants. Nous adressons à sa famille nos sincères<br />

condoléances.<br />

Photo prise le 23 janvier 2008 de Mme<br />

Zafrani <strong>au</strong> Centre Gériatrique de<br />

Maimonides à l’ occasion de la fête de Tou<br />

Bishevat en compagnie de son très cher<br />

dévoué mari une semaine avant son décès.<br />

Katia Ruelle Malka,<br />

notre sympathique<br />

infographe <strong>au</strong>x Services<br />

Commun<strong>au</strong>taires de la<br />

CSUQ et à La Voix<br />

Sépharade nous quitte<br />

après 6 ans d’excellents<br />

services pour exercer ses<br />

talents dans le privé. Elle<br />

nous laisse un merveilleux<br />

souvenir comme collègue<br />

et comme personne.<br />

Nous lui souhaitons<br />

bonne chance dans sa<br />

nouvelle vie.<br />

Nominations<br />

Nous avons le plaisir d’annoncer la nomination<br />

de M. Gabriel Chetrit comme président de<br />

la Commun<strong>au</strong>té Sépharade de Laval Or<br />

Séfarad. Il succède à ce poste à M. Marc<br />

Serfaty.<br />

Nous avons le plaisir d’annonce la nomination<br />

de M. Gad Elkaim comme Directeur des<br />

finances à la Commun<strong>au</strong>té Sépharade Unifiée<br />

du Québec. M. Elkaim est titulaire d’un MBA<br />

qu’il a obtenu à Paris et il a été en poste<br />

pendant 5 ans à la firme Bombardier Produits<br />

Récréatifs Inc. Il est marié et père de trois<br />

enfants. Nous souhaitons à Gad une excellente<br />

carrière <strong>au</strong>près de nous<br />

Nous avons le plaisir<br />

d’annoncer la<br />

nomination de Karine<br />

Zriel comme adjointe<br />

<strong>au</strong> Département<br />

jeunesse des Services<br />

Commun<strong>au</strong>taires de la<br />

CSUQ.<br />

LVS mars 2008 25<br />

Carnet C’EST VOUS


Dossier<br />

Israël, 60 ans après…<br />

Quand les jeunes Québécois<br />

découvrent la Terre promise<br />

26 mars 2008 LVS<br />

Un reportage photo signé Joseph Elfassi et réalisé dans le cadre d’un<br />

voyage en Israël organisé par Birthright, en décembre dernier. Des<br />

images inoubliables pour les jeunes Québécoises et Québécois qui<br />

ont pu bénéficier de cette magnifique opportunité.


Mon expérience israélienne<br />

Les jeunes Québécois du<br />

programme Birthright découvrent<br />

à dos de chame<strong>au</strong> l’immensité du<br />

désert du Négev. Le silence du lieu:<br />

une émotion indicible…<br />

Négocier les prix dans les rues bondées et actives de Jérusalem<br />

avant le début de Shabat. Errer tranquillement dans les vieilles<br />

rues de Tsfad, où les immeubles sont encore criblés de balles<br />

des guerres passées. S’asseoir à Tel Aviv, à l’endroit même où<br />

Itzhak Rabin a donné son dernier discours, avant d’être<br />

assassiné. Escalader des montages et voir quatre pays.<br />

Traverser une partie de désert à chame<strong>au</strong>. Tout ceci, sans<br />

payer un centime. Voilà ce que m’a permis de faire, comme<br />

d’<strong>au</strong>tres jeunes Juifs venus de partout à travers le monde,<br />

l’organisation Birthright (droit de naissance).<br />

Dans ce voyage, le spirituel et le politique se sont mêlés, se<br />

sont confondus, s’entrechoquèrent. Au Musée Yad Vashem,<br />

nous sommes témoins de l’horreur vécue par les Juifs durant<br />

l’Holoc<strong>au</strong>ste : de simple discrimination à exil, pour ensuite<br />

LVS mars 2008 27<br />

Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS


Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS<br />

aller à l’élimination pure et simple, nous<br />

traversons les difficiles années d’Europe<br />

dans un musée qui devient de plus en plus<br />

étroit à chaque pas. Le musée est<br />

unidirectionnel, il n’y a qu’une porte de<br />

sortie (excepté d’urgence, bien sur), il f<strong>au</strong>t<br />

donc le traverser, revivre les rues<br />

polonaises, les ghettos, les camps, dont<br />

certains vestiges ont été directement<br />

importés <strong>au</strong> musée. Ensuite, direction du<br />

cimetière militaire d’Israël. L’agenda de<br />

cette journée est très claire. Montrer<br />

comment des millions de Juifs sont morts<br />

et ensuite pourquoi des milliers de Juifs<br />

sont prêts à mourir. Une des soldates qui<br />

nous accompagne, dans un moment de<br />

recueillement, pose une pierre sur le<br />

tombe<strong>au</strong> d’Herzl, père fondateur du<br />

sionisme.<br />

Les jeunes sont <strong>au</strong>ssi appelés à vivre des<br />

expériences nouvelles, uniques. Nous<br />

dormons tous dans une tente de bédouin,<br />

nous mangeons par terre, chantons <strong>au</strong>tour<br />

d’un feu dans un désert noir la nuit. Nous<br />

vivons pendant deux jours dans un<br />

kibbutz. Nous traversons des parties de<br />

désert en chame<strong>au</strong>. Nous visitions de<br />

vieilles villes israéliennes, certaines ayant<br />

très peu de contact avec la modernité,<br />

avec l’extérieur. Nous nageons dans la mer<br />

morte, plutôt nous flottons, sans effort<br />

évidemment, dans cette mer trop salée<br />

pour y abriter la vie. Nous forgeons des<br />

amitiés, <strong>au</strong>tant avec des Juifs canadiens<br />

que nous découvrons durant le voyage,<br />

<strong>au</strong>tant avec de jeunes soldats israéliens qui<br />

nous accompagnent, nous émeuvent, nous<br />

font rire.<br />

Comme toute bonne chose a une fin,<br />

après dix jours d’escalade, de baignade, de<br />

tourisme, de voyage, nous repartons,<br />

souvenirs à la main pour nos proches <strong>au</strong><br />

Canada, un peu fatigués d’une expérience<br />

riche en activités mais p<strong>au</strong>vre en sommeil<br />

pour certains. Certains restent pour<br />

davantage visiter, quelques uns s’y<br />

installent, les <strong>au</strong>tres repartent. Pour la<br />

plupart des participants, c’était leur<br />

premier voyage en Israël, ils n’y avaient<br />

jamais mis pieds. Et chose certaine, ce<br />

voyage sera le premier de nombreux.<br />

28 mars 2008 LVS<br />

Joseph Elfassi


Sur la place Yitzhak Rabin, une jeune<br />

Québécoise se souvient d’un certain 4<br />

novembre 1995. Ici, comme elle, des milliers<br />

de témoins directs, et des millions de<br />

téléspectateurs à travers le monde, ont assisté<br />

à l’évanouissement d’un espoir.<br />

LVS mars 2008 29


Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS<br />

L’effort que nécessite<br />

l’escalade d’un mont à<br />

travers le Négev<br />

n’empêche pas le<br />

dialogue. Bien <strong>au</strong><br />

contraire, il le suscite<br />

presque constamment.<br />

30 mars 2008 LVS<br />

Face <strong>au</strong> Mur des<br />

Lamentations, la<br />

prière est<br />

universelle. La<br />

preuve…


Face à la tombe de<br />

Théodore Herzl, le<br />

recueillement devant le<br />

visionnaire.<br />

L’aridité du lieu n’est pas<br />

obstacle à la volonté<br />

d’atteindre le sommet. C’est<br />

la preuve, pour ces jeunes,<br />

que l’esprit guide le corps.<br />

LVS mars 2008 31<br />

Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS


Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS<br />

Je suis arrivée en Israël quelque part dans les années 40. Je<br />

m’attendais de voir défiler fièrement de jeunes membres<br />

enthousiastes du Betar ou du Hashomer Hatzair. Visitant un<br />

kibboutz, je brûlais de me rendre manger dans la salle commune et<br />

de m’entretenir avec son secrétaire général, qui m’accueillerait<br />

sûrement en maillot de corps, sandales et short kaki. Boulevard<br />

Rothschild, dans la modeste maison de stucco du premier maire de<br />

Tel-Aviv, Meir Dizengoff, je m’étais rendue dans l’exiguë pièce où<br />

une foule entassée avait écouté fiévreusement David Ben Gourion<br />

déclarer l’indépendance de l’État d’Israël. Bien qu’entretenant des<br />

sentiments contradictoires à l’égard du nationalisme, mais ne<br />

pouvant chasser de mon esprit l’histoire de mon propre peuple, il<br />

m’était difficile de ne pas céder à l’émotion du moment. Neuf mois<br />

plus tard, l’imaginaire nourri de mes lectures antérieures a cédé le<br />

pas à la réalité contemporaine d’Israël : je suis maintenant bel et bien<br />

en 2008. Pourtant, je n’ai jamais besoin de chercher bien loin pour<br />

trouver ce qui m’avait séduite et poussée à vouloir venir ici.<br />

Dès le tout début, j’ai été accueillie par les Israéliens par leur<br />

singulière chaleur commun<strong>au</strong>taire; en moins de deux mois, j’avais<br />

une famille de substitution et un rése<strong>au</strong> d’amis tel que je n’en avais<br />

jamais eu <strong>au</strong> Québec! Si j’ai pu persévérer et rester ici malgré les<br />

difficultés et les spleens, c’est notamment parce que je savais pouvoir<br />

compter sur mon entourage. Ou alors je sortais m’acheter un sac de<br />

Bamba (des Cheetos…qui goûtent le beurre de peanut –un délice<br />

local!) et restais à discuter avec l’épicier du coin pour une demiheure.<br />

Lors de Hanuka, m’installant rue Sheinkin <strong>au</strong> légendaire Café<br />

Tamar avec mon ordinateur, je n’ai pas eu le plaisir d’observer la<br />

bohème f<strong>au</strong>ne d’artistes bien longtemps que la célèbre propriétaire<br />

des lieux, accompagnée d’Amos Lavi -dont même les années n’ont<br />

pu chasser le charme irrésistible- et sa bande de joyeux lurons<br />

m’entraînaient avec eux pour prendre part activement à la<br />

célébration, m’incitant à prendre un coup et à entonner les airs de<br />

circonstance.<br />

Pourtant, certains de mes amis sont prompts à critiquer l’évolution de<br />

l’individualisme dans le pays et à déclarer mort l’esprit des premières<br />

décennies du pays, où sacrifices personnels et solidarité étaient les<br />

mots d’ordre. Côté institutionnel, il est vrai que l’État a pris un sérieux<br />

virage néo-libéral lors des dernières décennies, mais la solidarité<br />

commun<strong>au</strong>taire me surprend toujours. Lors de mes premiers mois ici,<br />

excitée de pouvoir enfin rencontrer les acteurs de la société civile et<br />

de m’impliquer, je ne savais plus où donner de la tête. « Israël, me<br />

confiait récemment Gershon Baskin, demeure le pays où le nombre<br />

d’organisations de bénévoles per capita est nul part égalé <strong>au</strong> monde<br />

32 mars 2008 LVS<br />

DE L’HISTOIRE<br />

AUX HISTOIRES<br />

». Sur mon chemin, j’ai rencontré comme moi plusieurs jeunes<br />

Allemands, Suédois, Hollandais, Japonais, etc., venus ici pour<br />

s’impliquer ou pour étudier et qui cherchaient par tous les moyens<br />

à pouvoir rester. Et les Israéliens, toujours, nous demandent : « mais<br />

que diable venez-vous chercher ici alors que vous avez tout dans vos<br />

pays idylliques! Vous pourriez faire tellement plus de sous et avoir<br />

une vie facile là-bas, non? ». Bonne question.<br />

Je pourrais répondre en évoquant apprécier la richesse culturelle du<br />

pays: le cinéma israélien cette année par exemple, avec The Band,<br />

Noodles, Medusa, etc., s’est épanoui comme jamais; la scène littéraire,<br />

que je ne cesse de découvrir avec un plaisir sans nom (à ce sujet, les<br />

écrivains israéliens seront les invités d’honneur du Salon du Livre de<br />

Paris en mars, 39 d’entre eux s’y rendront présenter leurs œuvres.<br />

C’est à suivre!) ; la vie artistique et nocturne de Tel-Aviv qui me<br />

détourne trop souvent de mes devoirs d’hébreu le soir, etc. Je<br />

pourrais également répondre en invoquant que le dynamisme du<br />

pays et des plus stimulants : tous ces jeunes entreprenants qui ont<br />

fait d’Israël un géant du Hight Tech, ou encore combien il est<br />

fascinant de constater qu’en si peu de temps, le pari risqué de<br />

développer l’agriculture et de « faire fleurir le désert » a fonctionné et<br />

vous permet notamment d’apprécier chaque jour les délices loc<strong>au</strong>x<br />

et les produits frais, etc. Finalement, un classique, je pourrais <strong>au</strong>ssi<br />

m’appuyer sur sa géographie : la Galilée, <strong>au</strong> nord, avec ses vallées<br />

verdoyantes (précisément en cette période de l’année où le vert<br />

tendre des nouvelles pousses contraste sublimement avec les feuilles<br />

argentées des oliviers et des amandiers) et ses h<strong>au</strong>teurs qui donnent<br />

une p<strong>au</strong>se à vos poumons après des mois de l’air pollué de la ville.<br />

Et, <strong>au</strong> sud, les déserts de Judée et du Néguev, qui, pour une<br />

Québécoise, demeurent toujours une valeur sûre pour le<br />

dépaysement, et j’en passe…<br />

Mais fondamentalement, pourquoi j’aime la vie ici? Car malgré tous<br />

les problèmes qui font les choux gras des cyniques et des détracteurs<br />

d’Israël, j’aime aller dans la vieille ville de Jérusalem et constater<br />

l’intimité particulière que partagent Juifs, Musulmans et Chrétiens.<br />

J’aime me lever le matin et décider qu’<strong>au</strong>jourd’hui, je vais aller goûter<br />

la soupe yéménite dans un petit boui boui près de l’odorant souk<br />

haCarmel. J’aime me perdre en voiture et que, soudainement, mon<br />

copain me dise « ah tu te souviens l’histoire de Samson dans la Bible,<br />

c’est ici que ça commence lorsqu’il…etc. ». J’aime la tradition du<br />

humus le samedi à Jaffa, où Arabes et Juifs israéliens se rendent<br />

communier, en quelque sorte. J’aime savoir que je peux avoir une<br />

vie tout à fait moderne et urbaine à Tel-Aviv et que, si j’en ai marre,<br />

je peux aller me ressourcer dans le silence du couvent de sœurs


cloitrées françaises à Beit Gemal. J’aime les personnages<br />

excentriques que l’on croise dans les rues de Tel-Aviv. J’aime aller<br />

jogger sur la plage et prendre une p<strong>au</strong>se pour observer les surfeurs<br />

faire corps avec les vagues. J’aime flâner sur Rotschild avec une<br />

copine, attendant qu’une nouvelle péripétie nous arrive encore.<br />

J’aime mes amis des moshavim et de Jérusalem qui s’enflamment<br />

contre les Tel-Aviviens et leur vie superficielle mais qui viennent le<br />

week-end apprécier l’un de ses innombrables Yom Huledet party où<br />

une foule enjouée vient célébrer comme nulle part ailleurs<br />

l’anniversaire d’un pur inconnu. J’aime me surprendre à comprendre<br />

LA TERRE PROMISE EST PERMISE<br />

Lorsque j’étais encore étudiant a<br />

l’École Maimonide, je me souviens<br />

d’un cours de Mr Benabou <strong>au</strong> sujet<br />

des Explorateurs du temps de Moise<br />

inspire d’un essai d’Emmanuel Levinas<br />

« La Terre Promise ou Terre Permise ?».<br />

Je me souviens de m’être posé la<br />

question que se pose tout <strong>sépharade</strong><br />

nourri <strong>au</strong> sionisme- mais pourquoi<br />

cette question ? Y a-t-il un doute<br />

quelconque a ce sujet?<br />

Et c’est la, avec le temps que j’ai<br />

découvert que le peuple juif a une<br />

relation très sophistiquée avec sa<br />

Terre depuis toujours. Certains y<br />

habitent comme réfugiés, d’<strong>au</strong>tres par<br />

choix, certains adorent l’association<br />

avec des symboles nation<strong>au</strong>x (le<br />

drape<strong>au</strong>, l’Hatikva, etc.), d’<strong>au</strong>tres<br />

aiment la visiter- tout en<br />

s’interrogeant avec une pointe d’inquiétude : « Et si on lavait le<br />

cerve<strong>au</strong> à mes enfants un jour pour qu’ils aillent y habiter un jour.»<br />

Voila, il y a près de 5 ans, un groupe de jeunes groupés <strong>au</strong>près<br />

du projet Maghsimim- les réalisateurs-, ma femme Ruth, et moimême<br />

avons décidé de faire quelque chose de nouve<strong>au</strong> a<br />

Montréal. De réussir l’accomplissement de notre Aliyah., par la<br />

suite d’<strong>au</strong>tres nous ont suivis.<br />

Et depuis, c’est la question qui revient à chaque fois que je<br />

rencontre un membre de la commun<strong>au</strong>té que soit à Montréal ou<br />

ici : « Alors, ca va? vous êtes contents- <strong>au</strong> moins? Ce n’est pas trop<br />

dur? Vous êtes vraiment courageux… »<br />

Alors, voila- je, j’ai décidé de vous répondre à vous tous de<br />

manière concise et formelle. C’est vrai que je m’exprime en mon<br />

nom, mais je suis convaincu quelque part que la plupart de ceux<br />

et celles qui ont fait ce choix seraient d’accord avec mon propos.<br />

Soyez rassurés, Cela va très très bien. Nous avons plus que réalisé<br />

notre rêve, nous le vivons <strong>au</strong> quotidien. Cela n’a pas été plus dur<br />

que n’importe quel grand changement dans la vie. Nous avons été<br />

entourés par de nombreux soutiens et avons trouvé notre place<br />

tranquillement.<br />

Depuis notre arrivée, Ruth et moi ,mariés depuis seulement deux<br />

mois avant notre départ, avons eu le temps de perfectionner notre<br />

hébreu, de participer <strong>au</strong> service militaire, de nous installer dans<br />

notre petit Yichouv de Metar (15 minutes <strong>au</strong> Nord Est de Beer<br />

les paroles de la chanson d’Ivri Lieder qui joue sur Gal Galaz et les<br />

trouver magnifiques. J’aime m’asseoir avec un vieux professeur de 70<br />

ans et l’écouter me raconter comment c’était ici, <strong>au</strong> tout début. Car<br />

après tout, ce que j’aime le plus ici, <strong>au</strong>-delà de toute l’Histoire qui s’y<br />

trouve, c’est ce réservoir sans fin d’histoires, celles que je vis mais<br />

encore davantage celles des gens que je rencontre. C’est parfois<br />

essoufflant, mais on ne s’ennuie jamais.<br />

Helène Berrubé<br />

Sheva), d’avoirdonné naissance à deux merveilleuses petites filles,<br />

Ayelet et Noa, trouver un boulot et élargir notre cercle d’amis<br />

Israéliens. Bien sûr, ce qui est le plus intéressant par fois dans ce<br />

pays ce sont les petites incidences du quotidien, comme payer<br />

ses impôts, se disputer une place dans le stationnement, se figer <strong>au</strong><br />

garde à vous lorsque la sirène retentit pour la minute de silence<br />

à Yom Hazikaron, participer a un débat politique sur une question<br />

qui ne nous touche guère et, sans oublier la fascination que nous<br />

avons pour la devise américaine qui règne encore en maître dans<br />

notre pays… Bref, la vie normale. si on peut l’appeler ainsi d’un<br />

citoyen quelconque.<br />

En résumé, nous sommes très heureux. Deux choses me manquent<br />

cruellement: la famille (pas de baby-sitters près de chez nous et les<br />

sympathiques disputes pour voir à qui le tour de nous inviter pour<br />

la Daf du Chabat et évidemment…… le hockey. Peut être <strong>au</strong>ssi la<br />

toute première neige (seulement).<br />

Je travaille <strong>au</strong>jourd’hui a représenter la commun<strong>au</strong>té de Montréal<br />

jumelée à la région de Beer Sheva et Bnei Shimon et dans le but<br />

de rapprocher de façon continue les Juifs de la Diaspora et les<br />

Israéliens. Ruth, est Diététiste-clinique dans un hôpital de<br />

convalescence a Beer Sheva.<br />

Nous voulons continuer a jouir de cette immenses satisfaction qui<br />

nous accompagne depuis 2003. Nous aimons habiter dans le<br />

région du Sud d’Israël et espérons de voir cette région se<br />

développer de manière harmonieuse pour le bien du pays.<br />

Personnellement, je crois, qu’après 60 ans, le temps est venu pour<br />

que les Juifs de par le monde, s’interrogent sur leur relation à Israël<br />

et de leur avenir dans la Diaspora. Ceci est d’<strong>au</strong>tant plus important<br />

pour les <strong>sépharade</strong>s, qui depuis toujours ont produit les plus<br />

grandes figures du sionisme bien avant Herzl et Jabotinski : R.<br />

Yehuda Halevi, Maimonide, Nachmanide et tous les <strong>au</strong>tres grandes<br />

figures contemporaines qui n’ont jamais hésité de voir en Israël,<br />

plus qu »un foyer national- mais un summum de la vie juive basée<br />

sur trois piliers : le Peuple d’Israël, selon la Torah d’Israël, sur la<br />

Terre d’Israël.<br />

Je vous invite à tous et à toutes de venir nous visiter en Israël et<br />

tout particulièrement à Beer Sheva a l’occasion de cette année très<br />

spéciale.<br />

Arié Levy<br />

Représentant de la Fédération CJA<br />

de Montréal en Israël<br />

LVS mars 2008 33<br />

Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS


Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS<br />

Dans le cadre d’une mission organisée par le Comité<br />

Québec-Israel un groupe de jeunes québécois s’est<br />

rendu en Israel en décembre dernier, Sylvain Perron et<br />

Sebastien Lemire étaient parmi eux. Ils ont bien voulu<br />

partager leur expérience israélienne lors d’une<br />

rencontre dans nos loc<strong>au</strong>x. Sylvain Perron est attaché<br />

politique du député Pierre Simon Diamond de l’A.D.Q.<br />

Sebastien Lemire est quant à lui Président du Comité<br />

Jeunesse du Parti Québécois.<br />

LVS – Avant votre voyage, quelle était votre perception des juifs<br />

premièrement et d’Israel ensuite?<br />

Sébastien L.- J’ai eu l’occasion de rencontrer et d’apprécier lorsque<br />

je vivais à Rouyn-Noranda, un jeune juif, Joseph Elfassi qui m’a invité<br />

à plusieurs occasions chez lui et c’était il est vrai le premier juif que<br />

je découvrais. Ceci dit je n’avais <strong>au</strong>paravant <strong>au</strong>cun préjugé ni<br />

favorable ni défavorable à l’encontre des juifs tout en ayant été<br />

particulièrement sensible d’un point de vue humain à la tragédie de<br />

la Shoah..<br />

Sylvain Perron - Ce fut pareil pour moi qui suis originaire de<br />

Boucherville une localité où je ne pense pas qu’il y ait des juifs. À<br />

l’instar de Sébastien je peux dire également que je n’avais comme lui<br />

<strong>au</strong>cun préjugé à leur égard.<br />

Sébastien L - Une des grandes forces de ce voyage reste le fait que,<br />

parmi la trentaine de jeunes participants issu des diverses formations<br />

politiques du tant <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> provincial que fédéral, il y avait<br />

34 mars 2008 LVS<br />

TÉMOIGNAGES<br />

DEUX JEUNES<br />

QUÉBÉCOIS<br />

REVIENNENT<br />

D’ISRAËL<br />

également des jeunes juifs avec qui nous avons pu échanger de<br />

manière spontanée afin de mieux connaître certains aspects du<br />

judaïsme en général et de la commun<strong>au</strong>té juive <strong>montréal</strong>aise en<br />

particulier. J’ai pu découvrir ainsi que le judaïsme n’est pas seulement<br />

une religion mais <strong>au</strong>ssi et surtout un mode de vie. D’identité.<br />

Sylvain L - l’expérience de la pratique du chabat a été marquante<br />

pour moi, découvrir ainsi des jeunes juifs pratiquants s’apprêter à<br />

célébrer ce jour sacré et puis leur poser des questions afin de mieux<br />

comprendre la signification de cette journée.<br />

Sébastien L - C’est une expérience fascinante que de constater qu’en<br />

2008, des gens arrivent à se détacher de tout cet univers matériel qui<br />

nous entoure et surtout sans consommer de l’énergie. Il f<strong>au</strong>t l’avoir<br />

vécu pour mieux le comprendre et l’apprécier. Un <strong>au</strong>tre élément<br />

fondamental qui m’a be<strong>au</strong>coup frappé lors de mes contacts<br />

préliminaires avec les jeunes juifs qui allaient participer <strong>au</strong> voyage,<br />

ce fut le h<strong>au</strong>t degré de solidarité et d’identification des juifs de la<br />

diaspora avec l’État d’Israel. Cela m’a peut-être permis de mieux<br />

comprendre la perception du statut de minoritaire.<br />

LVS - Quelle a été votre perception générale d’Israël à travers<br />

les endroits que vous avez visités?<br />

Sylvain P – j’ai été surtout frappé par les contrastes , si l’on prend<br />

pour exemple Jérusalem, une ville chargée d’histoire, de vieux<br />

bâtiments de son atmosphère spirituelle et puis Tel Aviv avec ses<br />

tours, son modernisme, ses technologies. Nous sommes loin de<br />

l’uniformité que l’on retrouve en général dans la plupart des villes du<br />

Québec.<br />

J’ai été également frappé par le mur séparant la ville des territoires<br />

palestiniens, quelque chose qu’il serait inconcevable d’imaginer <strong>au</strong>


Québec. Le mur nous ramène brutalement à la réalité du<br />

conflit israèlo-palestinien.<br />

LVS -Avez-vous eu l’impression de vous trouver<br />

justement dans un pays en guerre?<br />

Sylvain P - La seule chose qui me rappelaient la guerre<br />

c’était de voir qu’il y avait des soldats partout. Ceci dit, je ne<br />

me suis jamais senti en danger.<br />

Sébastien L - En visitant Jérusalem, j’ai eu le sentiment<br />

d’avoir visité une des plus belles villes <strong>au</strong> monde. J’ai pu<br />

constater que dans cette ville chaque quartier représente non<br />

seulement une religion mais <strong>au</strong>ssi une façon de vivre.<br />

Pour revenir <strong>au</strong> conflit, J’ai eu comme l’impression que les<br />

israéliens ont appris à vivre et à intérioriser cet état de<br />

tension En ce qui concerne le mur que certains appellent ici<br />

le mur de la honte, je me mets à la place des israéliens pour<br />

me dire que malgré tout ce qu’on a pu dire et écrire, la réalité<br />

est que ce mur permet de prévenir des attentats suicides. Ce<br />

sont des exemples comme ceux-ci qui viennent me<br />

confronter dans mes valeurs établies. C’est la même chose<br />

pour les check points israéliens entre deux villes<br />

palestiniennes. Quand on constate de visu cette réalité on ne<br />

peut que mieux comprendre ce besoin de sécurité<br />

qu’éprouve chaque citoyen d’Israël. Ce voyage m’a permis<br />

de mettre en situation de débat constant avec moi-même.<br />

J’ai été impressionné également par le Musée de la Shoah,<br />

un <strong>au</strong>tre moment fort de ma visite.<br />

Malgré tout ce qu’on peut<br />

dire et écrire, la réalité est<br />

que ce mur permet de<br />

prévenir des attentats<br />

suicides.<br />

Sylvain P – je souscris<br />

totalement à ce que vient<br />

de dire Sébastien en ce qui<br />

concerne le mur. Je suis<br />

convaincu que sans cette<br />

barrière, il y <strong>au</strong>rait encore<br />

des morts à Tel Aviv, à<br />

Jérusalem ou ailleurs <strong>au</strong><br />

pays.<br />

LVS - Quand il s’agit de stigmatiser l’État d’Israël, certains<br />

médias, partis politiques ou organisations dites progressistes n’y<br />

vont pas avec le dos de la cuillère, État raciste, colonialiste,<br />

spoliateur, régime d’Apartheid ….et j’en passe sont devenus les<br />

termes à las mode. Je déduis de vos propos que vous n’avez pas<br />

été influencées par cette prose qui malheureusement influence<br />

be<strong>au</strong>coup de jeunes québécois, qui à mon avis reprennent ces<br />

propos be<strong>au</strong>coup plus par solidarité avec les palestiniens<br />

considérés comme l’underdog, que par haine envers les juifs. Estce<br />

que votre voyage vous <strong>au</strong>rait-il permis de mieux cerner la<br />

réalité?<br />

Sébastien L - Je pense que la plupart des gens ici ont une<br />

méconnaissance du problème. Au nive<strong>au</strong> d’un conflit lui même qui<br />

demeure complexe. Il ne s’agit point de prendre parti pour l’u ou<br />

l’<strong>au</strong>tre des parties. Il y a trop de vies en jeu de part et d’<strong>au</strong>tre pour<br />

que l’on prenne parti pour l’un ou l’<strong>au</strong>tre des adversaires en se<br />

basant uniquement sur des considérations purement idéologiques.<br />

Sylvain P – Ce voyage nous a particulièrement éclairés sur plusieurs<br />

aspects. Je prends pour exemple le cas de la Cour Suprême d’Israël<br />

où une c<strong>au</strong>se peut-être entendue en une seule journée, une<br />

institution qui permet à des particuliers fussent-ils juifs, arabes<br />

israéliens ou palestiniens de contester des décisions émanant du<br />

gouvernement, elle n’a rien à envier à notre Charte des Droits et<br />

Libertés et demeure un exemple vivant de la vitalité de la démocratie<br />

israélienne. De ce point de vue là, je ne me suis jamais senti dépaysé<br />

<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> des institutions.<br />

Quand j’ai visité Massada, j’ai pu constater en me référant à l’histoire<br />

qu’à ce même endroit il y a deux mille ans, des gens se sont<br />

retrouvés en situation d’assiégés.<br />

Un québécois ne pourra jamais comprendre la situation d’Israël s’il<br />

ne réalise pas la superficie géographique de ce pays et l’exiguïté de<br />

ses frontières à certains endroits.<br />

LVS- Pourriez-vous me décrire le ou les moments forts de ce<br />

voyages et qui vous ont laissé les souvenirs le plus marquants?<br />

Sylvain P –Pour moi cela a été la visite de la frontière nord d’Israel<br />

avec le Liban.<br />

C’était pour moi l’occasion de voir le conflit dans toute sa géographie<br />

en observant également l’endroit où les deux soldats israéliens furent<br />

kidnappés par le Hezbbollah.<br />

La personne qui nous expliquait la situation n’était <strong>au</strong>tre que le<br />

responsable de la sécurité pour la région nord d’Israël lors de la<br />

guerre contre le Hezbollah en été 2006..<br />

Sébastien L - Ma visite à la Knesseth, le parlement israélien a été<br />

pour moi, militant politique, un moment particulièrement marquant.<br />

J’ai été également impressionné par les rencontres avec les<br />

journalistes qui exprimaient leur point de vue avec une liberté et un<br />

franc parler qui reflétaient encore une fois la vitalité de la liberté de<br />

presse n Israël.<br />

J’ai été particulièrement frappé par les propos tenus par un<br />

journaliste palestinien faisant justement l’éloge de cette liberté de<br />

presse qui n’existait pas dans les territoires sous administration de<br />

l’Autorité Palestinienne.<br />

Évidemment ma visite à Jérusalem découverte sous le prisme de mon<br />

héritage chrétien, le Chemin de Croix de Jésus, le Mont des Oliviers.<br />

Les gens en prières <strong>au</strong> Mur des Lamentations.<br />

Ce fut un voyage tellement riche et complet qu’il me paraît difficile<br />

de répondre à la question.<br />

LVS- un mot peut-être sur le caractère des israéliens?<br />

Sylvain P – Je ne pense pas qu’il y ait de grandes différences avec<br />

les Québécois.<br />

Sébastien L - Là je ne suis pas d’accord, j’ai passé le réveillon de fin<br />

d’année dans une disco à Tel Aviv et j’ai pu découvrir la curiosité,<br />

l’ouverture d’esprit et le dynamisme de la jeunesse israélienne avec<br />

le sens du <strong>rythme</strong> en plus que nous n’avons pas <strong>au</strong> Québec.<br />

Et puis cette confiance en eux –mêmes qui m’a fortement<br />

impressionné.<br />

LVS-Avez-vous un enseignement particulier à tirer de ce<br />

voyage?<br />

Sylvain P –Je pense que notre objectif sera d’informer le plus de<br />

gens de ce qui se passe en Israel. Autrement dit de ce que j’ai vu<br />

réellement et non de ce que l’on nous montre à la télévision ou de<br />

ce que l’on lit dans les journ<strong>au</strong>x, Nous devons exprimer un point de<br />

vue le plus objectif possible. Nous avons le devoir de garder cette<br />

objectivité qui fait tellement déf<strong>au</strong>t <strong>au</strong>x médias québécois.<br />

Sébastien L - Ce concept du voyage nous a permis de découvrir<br />

certaines réalités, il reste selon moi be<strong>au</strong>coup d’éléments qui restent<br />

encore à découvrir et à comprendre. Cependant je pense que nous<br />

avons un rôle d’ambassadeurs à jouer et que j’assume pleinement..<br />

Il s’agit en effet <strong>au</strong>tant que possible d’éliminer les préjugés et pour<br />

inciter d’<strong>au</strong>tre jeunes québécois à vivre cette même expérience et<br />

tout particulièrement d’aller visiter cette belle ville de Jérusalem.<br />

LVS mars 2008 35<br />

Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS


Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS<br />

Il est cinq heures du matin, le 24 décembre, quand je pose<br />

le pied à Jérusalem. La ville s’étend devant moi, toute<br />

blanche, baignée de la lumière orangée d’un soleil déjà<br />

éblouissant. La scène est impressionnante. Israël nous fait un<br />

accueil parfait, du genre qu’on ose à peine imaginer. Et c’est<br />

là que je réalise que je n’avais justement RIEN imaginé! Quel<br />

choc! Si j’avais bien lu sur le conflit, sur l’identité juive et<br />

l’histoire du pays, jamais je n’avais pensé à l’Israël du<br />

quotidien. Je ne m’étais jamais demandé à quoi<br />

ressemblaient les rues, les maisons et les cafés où vont<br />

traîner les gens. Dans l’humidité du petit matin, je me rends<br />

compte que j’avais pris l’avion pour un « État juif », « laïque »<br />

en m’attendant à y rencontrer une « majorité modérée ». Pas<br />

évident à visualiser! Il est vrai que le site du ministère des<br />

Affaires étrangères, s’il m’avait prévenu de faire « preuve<br />

d’une grande prudence », ne m’avait rien dit de la lumière,<br />

des odeurs ou des saveurs du pays. On n’aborde pas Israël<br />

comme l’Italie ou la Guadeloupe, il f<strong>au</strong>t croire que c’est un<br />

sujet trop sérieux!<br />

Mais Israël n’a pas tardé à s’imposer à moi et, il f<strong>au</strong>t le dire,<br />

à me charmer totalement. J’étais bel et bien arrivée dans un<br />

pays réel, vivant et, surtout, imperméable à toute tentative<br />

d’y appliquer les concepts appris dans les livres ou les<br />

journ<strong>au</strong>x! J’avais l’impression d’être dans une véritable<br />

mosaïque où se croisent jeunes filles en mini-jupes, juifs ultra<br />

orthodoxes, arabes en complets et femmes voilées. D’une<br />

rue commerciale où tous les grands noms de la mode ont<br />

pignon sur rue, on débouche sans avertissement dans un<br />

souk moyen-oriental, ce qui, par ailleurs, ne semblait<br />

surprendre que moi.<br />

Plus je marchais dans les rues, plus j’écoutais et discutais<br />

avec les Israéliens et plus j’étais prise de vertiges. Pour<br />

quelqu’un qui ne vit pas quotidiennement avec les<br />

36 mars 2008 LVS<br />

J’ai découvert Israël<br />

L’<strong>au</strong>tomne dernier, j’ai été<br />

invitée par le Comité Québec-<br />

Israël à participer à un voyage<br />

d’information en Israël. J’étais<br />

folle de joie à l’idée de visiter<br />

ce pays mythique, mais mon<br />

enthousiasme se heurtait à<br />

l’incompréhension de mes<br />

amis et collègues. « En Israël?<br />

As-tu consulté le site du<br />

ministère des Affaires<br />

étrangères pour les conseils<br />

<strong>au</strong>x voyageurs ?» Voilà toute<br />

l’émotion que mon entreprise<br />

suscitait chez la plupart de<br />

mes interlocuteurs. Qu’à cela<br />

ne tienne, ils pouvaient garder<br />

leurs inquiétudes, moi j’avais la<br />

conviction intime que j’allais<br />

vivre une expérience<br />

formidable.<br />

nombreuses dualités du pays, les contrastes opposant<br />

tradition et modernité, religion et laïcité, militaire et civil,<br />

peuvent être déroutants. Comment ne pas être saisi en<br />

voyant des jeunes filles aller se recueillir <strong>au</strong> mur des<br />

lamentations avec leurs mitraillettes en bandoulière? Pour<br />

moi qui n’avais jamais vu d’arme à feu ailleurs que dans une<br />

salle de cinéma et qui ai été élevée dans un milieu laïque, le<br />

table<strong>au</strong> était mystifiant et incarnait bien l’image que j’avais<br />

du pays. Je n’arrivais pas à me figurer comment les Israéliens<br />

vivaient dans ce maelström culturel et idéologique. Leur<br />

réalité me paraissait insaisissable, mais j’étais fascinée par sa<br />

richesse.<br />

Chaque rencontre ajoutait à ma confusion. De l’homme<br />

politique à l’étudiante rencontrée <strong>au</strong> Irish Pub de Tel Aviv,<br />

en passant par les journalistes et les ch<strong>au</strong>ffeurs de taxi, en<br />

Israël, tout le monde a son opinion sur les questions<br />

politiques, sa façon de vivre sa foi, sa manière de s’identifier<br />

<strong>au</strong> pays. Et chacun assume pleinement son point de vue. Je<br />

découvrais le vrai visage de la « majorité modérée », visage<br />

multiple et incernable. Très vite je me suis mise à rechercher<br />

ces discussions politiques et identitaires. Je savais que je ne<br />

pourrais jamais embrasser toute la complexité du pays, mais<br />

j’étais avide de chaque parcelle d’information et le temps<br />

m’était compté. Au moment de repartir j’avais l’impression<br />

que la seule certitude que je pouvais mettre dans mes<br />

bagages était que les Israéliens n’ont de typique que le fait<br />

d’être atypiques. Pour le reste ma tête était pleine d’images<br />

fabuleuses, d’échanges stimulants et d’une multitude<br />

d’opinions qui s’y brasseront encore longtemps.<br />

Frédérique Paquin<br />

Étudiante en cinéma à l’UQAM


Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS<br />

« C’est une injustice<br />

que de ne pas voir Israël<br />

en Francophonie »<br />

ENTREVUE AVEC JACQUES SAADA / 14 FÉVRIER 2008<br />

LVS / Jacques Saada, vous êtes quasiment né <strong>au</strong> même<br />

moment que l’État d’Israël. Que représente Israël, pour<br />

vous ?<br />

Jacques Saada / C’était un idéal, et je crois que ça doit<br />

demeurer un idéal. A l’époque, c’était un idéal, parce qu’il y<br />

avait un modèle de construction. C’est un pays qui, <strong>au</strong>ssi<br />

paradoxal que cela puisse paraître, a besoin de rester un pays<br />

d’idéal et qui a besoin de devenir un pays comme un <strong>au</strong>tre.<br />

LVS / Quand on parle d’ « idéal », on parle de quoi ? De<br />

valeurs ? D’héritage ?...<br />

Jacques Saada / Oui, c’était par rapport à l’héritage judaïque,<br />

bien sûr. C’était <strong>au</strong>ssi par rapport à ce besoin de sécurité qu’on<br />

a appris à ressentir très jeune quand nos parents s’intéressaient<br />

à ces questions-là. Israël représente à la fois l’idéal, le refuge,<br />

l’exemple mais <strong>au</strong>ssi, et plus fondamentalement peut-être, le<br />

désir d’une façon d’être : le fait de pouvoir exprimer le<br />

sentiment d’être fier d’être Juif, et que personne n’a le droit de<br />

nous priver de ce droit d’être fier d’être Juif.<br />

LVS / Cet idéal, on peut imaginer qu’il était présent à<br />

votre esprit lorsque, ministre, vous avez proposé de voir<br />

Israël, tout comme l’Autorité Palestinienne, adhérer à<br />

l’Office International de la Francophonie. Le fait que cette<br />

IT / Jacques Saada était ministre Canadien de la<br />

Francophonie lorsque, en 2005, il suggéra l’adhésion<br />

simultanée d’Israël et de l’Autorité Palestinienne à<br />

l’Organisation Internationale de la Francophonie. A<br />

l’heure où l’on célèbre les 60 ans de la naissance d’Israël,<br />

l’état hébreu, qui compte pourtant 500.000 francophones,<br />

ne fait toujours pas partie de cette instance<br />

internationale. Jacques Saada en tire ses propres<br />

conclusions pour LVS. Entrevue.<br />

proposition n’ait pas aboutie vous laisse quelle impression<br />

? Quel sentiment ?<br />

Jacques Saada / Il est clair que la Francophonie comporte un<br />

grand nombre de pays, dont certains sont très<br />

fondamentalement opposés à l’entrée d’Israël <strong>au</strong> sein de cette<br />

instance. Pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la<br />

francophonie, mais bien pour des raisons de politique locale<br />

ou régionale.<br />

Il y a une injustice fondamentale dans le fait qu’Israël ne fasse<br />

pas partie de la Francophonie. En fait, les deux seuls pays<br />

vraiment francophones par le nombre sont Israël et l’Algérie.<br />

La différence entre Israël et l’Algérie c’est que cette dernière a<br />

choisi de ne pas adhérer à la Francophonie. Quant à Israël,<br />

elle a joué de prudence en ne faisant jamais acte de<br />

candidature pour ne pas être rejetée. Ce qui, à mon avis, est<br />

une bonne approche.<br />

Mais c’est une injustice que de ne pas voir Israël en<br />

Francophonie. C’est une injustice à plusieurs titres. D’abord,<br />

parce que c’est un pays francophone. Deuxièmement, Israël et<br />

la Francophonie ont be<strong>au</strong>coup de choses en commun : la<br />

Francophonie a une vocation de coopération, d’aide, et Israël<br />

a une forte tradition d’aide en Afrique. Israël a un souci<br />

extrêmement grand du développement culturel. La<br />

Francophonie, <strong>au</strong>ssi. Israël a toujours une perspective<br />

internationaliste des choses. La Francophonie, <strong>au</strong>ssi. Il y a


donc be<strong>au</strong>coup de ressemblances<br />

philosophiques entre les deux.<br />

Et puis la Francophonie peut être un<br />

vecteur de paix. Lorsqu’en 2005, j’ai<br />

proposé un arrangement entre les deux<br />

parties, Autorité Palestinienne et Israël,<br />

j’ai pensé que d’offrir la possibilité <strong>au</strong>x<br />

deux de siéger à une même table, de leur<br />

donner un forum supplémentaire, non<br />

pas pour parler uniquement du conflit, de<br />

ce qui les oppose, mais de ce qu’elles<br />

peuvent faire en commun, constituait une<br />

approche différente des choses.<br />

Israël a joué de prudence<br />

en ne faisant jamais acte<br />

de candidature<br />

pour ne pas être rejetée.<br />

LVS / Du coup, leur non adhésion<br />

constitue pour vous un échec ?<br />

Jacques Saada / C’est un projet de longue haleine, qui<br />

demande be<strong>au</strong>coup d’abnégation.<br />

LVS / Est-ce que, selon vous, le gouvernement actuel<br />

poursuit dans cette voie-là ?<br />

Jacques Saada / S’il l’a fait, c’est dans le plus grand secret.<br />

Car, je n’ai pas entendu parler de ça. Bien sûr, <strong>au</strong>ssi, la<br />

situation a évolué en cours de route, ce qui a compliqué un<br />

peu plus les choses…<br />

LVS / … le conflit <strong>au</strong> Liban, l’échec du processus de paix,…<br />

Jacques Saada / … absolument. Ce qui fait que c’était plus<br />

compliqué. Ce que je veux dire, c’est que c’est un projet qui<br />

ne pouvait pas se finir en quelques mois, mais on pouvait<br />

L’ancien ministre,<br />

Jacques Saada, nous a<br />

accordé un entretien<br />

dans le Vieux-Montréal<br />

permettre à l’Autorité Palestinienne et à Israël de commencer<br />

à intégrer progressivement la Francophonie sans pour <strong>au</strong>tant<br />

qu’elles y adhérent intégralement, en les faisant siéger<br />

ensemble dans certains comités, celui de la Culture, par<br />

exemple.<br />

LVS / Est-ce que Israël <strong>au</strong> sein de la Francophonie ça reste<br />

un doux rêve, un idéal ou bien est-ce une réalité possible?<br />

Jacques Saada / Je pense qu’il f<strong>au</strong>t prendre l’exemple sur<br />

ceux qui croyaient à l’État d’Israël avant la naissance d’Israël.<br />

C’était un obstacle infiniment supérieur à celui de l’entrée<br />

dans la Francophonie, et pourtant ils y ont cru, contre toute<br />

logique pragmatique, et ça a marché. Ils n’ont donnent une<br />

leçon, alors il f<strong>au</strong>t la suivre. Bien sûr, que j’ai confiance.<br />

Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS


Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS<br />

LUCIANO DEL NEGRO,<br />

défenseur des droits de L’HOMME<br />

Né en Belgique de parents italiens immigrés <strong>au</strong> Canada une<br />

première fois en 1956, retournés en Italie puis revenus <strong>au</strong><br />

Canada dans les années 60, non pratiquant mais bouddhiste<br />

à ses heures, Luciano Del Negro n’a pas le profil habituel<br />

des leaders de la commun<strong>au</strong>té juive. Son parcours est<br />

complexe : des études secondaires chez les jésuites, une<br />

maîtrise en sciences politiques à l’UQAM, un certificat en<br />

études ethniques à l’Université de Montréal, une licence en<br />

droit à l’UQAM, voilà un étudiant éternel n’ayant pas peur<br />

des bancs d’école. Pourtant tout l’a mené à devenir<br />

directeur du CQI (Comité Québec-Israël) en 2006.<br />

Depuis plus de 30 ans, cet homme plus<br />

grand que nature entretient des<br />

liens avec la commun<strong>au</strong>té juive,<br />

les premiers liens ayant été<br />

initiés lorsqu’il prenait des<br />

cours de karaté avec des<br />

juifs de son quartier.<br />

Défenseur des droits<br />

de l’homme, Luciano<br />

a longtemps milité<br />

dans les groupes<br />

d’extrême g<strong>au</strong>che<br />

marxistesléninistes<br />

pendant<br />

les années 60 et<br />

70. Secrétaire<br />

international<br />

d’organisations de<br />

g<strong>au</strong>che, il a<br />

toujours été<br />

intéressé par la<br />

question d’Israël<br />

envers qui il<br />

éprouvait une<br />

sympathie profonde.<br />

Impliqué dans plusieurs<br />

mouvements de libération<br />

nationale (contre les Khmers<br />

rouges, la guerre <strong>au</strong> Vietnam et<br />

les Afrikaners en Afrique du Sud),<br />

la c<strong>au</strong>se du peuple juif dont le désir<br />

est de retourner dans sa terre ancestrale<br />

le touche et il pense depuis longtemps<br />

qu’Israël a le droit d’exister en tant qu’État juif dans des<br />

frontières sécuritaires.<br />

Sympathique <strong>au</strong> processus d’Oslo et partisan du<br />

désengagement de Gaza, il a été invité par le Comité<br />

40 mars 2008 LVS<br />

Québec-Israël à visiter Israël en 2004. Mais le coup de<br />

cœur, il l’avait déjà, ce qu’il ne cache pas, bien <strong>au</strong> contraire.<br />

Son mandat actuel : être le porte-parole de la commun<strong>au</strong>té<br />

juive en ce qui concerne Israël; faire évoluer les mentalités<br />

grâce à différents types d’interventions, faire reconnaître<br />

<strong>au</strong>x Québécois la complexité de la situation d’Israël;<br />

organiser des briefings, séminaires et rencontres sur Israël<br />

et le Moyen-Orient; éduquer et informer le grand public sur<br />

ces questions et faire en sorte que les médias offrent une<br />

vision plus complète de ce qui se passe <strong>au</strong> Moyen Orient.<br />

Les enjeux de son poste actuel : contrer l’antisionisme qui<br />

est devenu la nouvelle forme d’antisémitisme<br />

contemporain. Les défis que représentent les 60 ans de<br />

l’État hébreu : rien de plus que ce qui a été déjà fait. «L’an<br />

0 a été l’année charnière, la plus importante depuis sa<br />

création, l’année où Israël est sorti victorieux à peine 3 ans<br />

après l’Holoc<strong>au</strong>ste. Cette épreuve nous a montré que le<br />

peuple juif est indomptable» affirme M. Del Negro.<br />

Son rôle? Répondre à la désinformation et <strong>au</strong>x demi vérités<br />

mais surtout faire parler d’Israël de façon positive, pas<br />

seulement de la guerre et des conflits avec les pays<br />

limitrophes. Le CQI veut faire ressortir des valeurs<br />

partagées, présenter Israël en tant qu’État démocratique et<br />

moderne, faire connaître la situation économique enviable,<br />

le cinéma et la musique comme domaines émergeants et<br />

populaires, exposer les incroyables avancées<br />

technologiques.<br />

A l’avenir, il f<strong>au</strong>dra renforcer les interventions (surtout les<br />

relations gouvernementales <strong>au</strong>près des 3 partis), faire<br />

connaître Israël dans les régions québécoises comme un<br />

État démocratique dont l’existence reste menacée par des<br />

forces obscurantistes et réactionnaires, et enfin, démontrer<br />

le lien qui unit Israël à la commun<strong>au</strong>té juive.<br />

Le bilan établi par Luciano est très positif en ce qui<br />

concerne le Québec malgré certains défis persistants. Les<br />

Québécois partagent les valeurs démocratiques et<br />

reconnaissent la légitimité du peuple juif et d’Israël. La<br />

naïveté des années 70 est révolue et M. Del Negro est plein<br />

d’espoir pour l’avenir. Il espère rester en poste tant qu’il<br />

pourra pour continuer de faire évoluer l’opinion publique<br />

québécoise afin que tous aient une meilleure<br />

compréhension du Moyen Orient.<br />

Emmanuelle Assor


Comme le vent a tourné <strong>au</strong> Comité Québec-Israel! La preuve:<br />

un site web moderne et dynamique, à l’image de la nouvelle<br />

génération de leaders qui dirigent l’organisation.<br />

David Ouellette, directeur des nouve<strong>au</strong>x médias et<br />

recherche, constate qu’il était temps de se renouveler car<br />

l’ancien site était un site de première génération, basique et<br />

statique comme tous les <strong>au</strong>tres sites de l’époque.<br />

A l’heure actuelle, le site du CQI a bien changé et s’est<br />

métamorphosé en site d’information et d’analyse sur tout ce<br />

qui se passe <strong>au</strong> Moyen-Orient. Mais ça ne s’arrête pas là : <strong>au</strong><br />

quotidien, le site est mis à jour par M. Ouellette, qui lit et<br />

décortique pour vous toutes les chroniques et articles de<br />

fond concernant Israel dans la presse internationale. Ensuite,<br />

il en fait une analyse qu’il met en ligne afin d’offrir un point<br />

de vue diversifié et éclairé sur les questions de l’heure. Cette<br />

revue de presse critique, revue qui demande des heures de<br />

travail, est accessible à tous en un seul clic, grâce à internet!<br />

Autre nouve<strong>au</strong>té sur le site, le blogue d’Hélène Bérubé,<br />

jeune étudiante qui était partie en mai dernier pour visiter<br />

Israel avec le groupe des jeunes leaders du Québec et qui<br />

LE SITE WEB DU CQI<br />

FAIT PEAU NEUVE<br />

n’est jamais revenue. Dans sa section, «Chronique d’une<br />

Québécoise en Israel», Hélène nous raconte, comme si on y<br />

était, ses aventures et impressions de ce pays qui l’a tant<br />

charmé.<br />

Dans la section «Perspectives», on retrouve des articles de<br />

fond, d’opinion et des éditori<strong>au</strong>x de la presse française,<br />

britannique, américaine et israélienne traduits en français, ce<br />

qui est denrée rare dans la majorité des sites d’informations<br />

sur Israel. Le rôle du site? Éduquer la société québécoise at<br />

large et faire découvrir les richesses d’un pays dont on parle<br />

trop souvent en mal et en non-connaissance de c<strong>au</strong>se.<br />

«Présenter Israel de façon complète est le défi que nous<br />

tentons de relever tous les jours. Au-delà du conflit, Israel est<br />

un pays d’innovations technologiques, dont le cinéma<br />

s’internationalise et qui produit même des bons vins» confie<br />

M. Ouellette. Pour s’abonner à la lettre d’information<br />

(gratuite) ou simplement pour en savoir plus :<br />

www.qic-cqi.org<br />

Emmanuelle Assor<br />

LVS mars 2008 41<br />

Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS


Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS<br />

MONTRÉAL ET ISRAËL<br />

EN 1948, LA VILLE SE MOBILISE…<br />

Le premier rally Montréalais<br />

en faveur d’Israël est organisé<br />

quelques jours seulement<br />

après la proclamation de<br />

l’Etat hébreu, en mai 1948.<br />

42 mars 2008 LVS


Une des premières<br />

levées de fonds à<br />

Montréal en faveur<br />

d’Israël. De<br />

nombreuses <strong>au</strong>tres<br />

suivront par la<br />

suite…<br />

/ La première diffusion<br />

Canadienne vers Israël fut un<br />

grand moment d’émotion<br />

collective partagé par des<br />

milliers d’<strong>au</strong>diteurs.<br />

LVS mars 2008 43<br />

Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS


Dossier CSUQ ISRAËLEN 60 2008 ANS APRÈS<br />

… AUJOURD’HUI ENCORE,<br />

MONTRÉAL VIBRE AU RYTHME D’ISRAËL<br />

44 mars 2008 LVS<br />

Certaines années la<br />

foule est si dense et les<br />

drape<strong>au</strong>x israéliens si<br />

nombreux que la place<br />

du Canada finit par<br />

n’offrir que deux<br />

couleurs principales : le<br />

blanc et le bleu.


Depuis 2003, chaque année, des milliers de<br />

Montréalais expriment en mai, à l’occasion<br />

de Yom Hahatzmaout, leur amour d’Israël.<br />

Sur les pancartes, outre les messages de<br />

paix, les manifestants tiennent à exprimer<br />

l’attachement du Québec à Israël.<br />

LVS mars 2008 45<br />

Dossier ISRAËL 60 ANS APRÈS


HENRI ELBAZ<br />

Après 32 années de service... Henri Elbaz a décidé<br />

de quitter la direction de l’Hôpital Général Juif .<br />

Une institution qu’il a servi non seulement avec<br />

loy<strong>au</strong>té, mais également avec un doigté, une<br />

efficacité et une expertise à faire pâlir d’envie les<br />

dirigeants des plus grandes entreprises<br />

québécoises.. Malgré un emploi du temps chargé, il<br />

a accepté sans hésitation de nous recevoir pour<br />

nous livrer quelques réflexions sur son parcours.<br />

Entrevue portrait.<br />

LVS-Monsieur Elbaz, alors que par votre formation et vos<br />

fonctions passées <strong>au</strong>x HEC et à la Bourse de Montréal, rien ne<br />

vous destinait à la direction d’une institution hospitalière, vous<br />

avez accepté de diriger pendant 32 ans l’Hôpital Général Juif.<br />

H.E- Disons que c’est sûrement le destin qui a voulu que mon chemin<br />

se croise avec celui de l’Hôpital, un mariage en quelque sorte qui a<br />

été préparé dans le ciel. Un mariage heureux et également passionné<br />

doublé d’un accomplissement spirituel. L’Hôpital, je tiens à le dire,<br />

constitue un environnement privilégié, un lieu ou l’on a à se pencher<br />

sur le cas de centaines de gens à un moment particulièrement<br />

vulnérable de leur vie. C’est là que l’on retrouve ce dénominateur<br />

commun : la fragilité de l’être humain. Ajoutez à cela la dimension<br />

commun<strong>au</strong>taire, puisque l’Hôpital reste l’institution la plus connue de<br />

la commun<strong>au</strong>té juive. Un Hôpital ou se côtoient les gens de tous les<br />

horizons, de toutes les origines , de toutes les religions qui constituent<br />

une famille , une équipe qui travaille ensemble en harmonie dans<br />

l’accomplissement d’un même mission, le bien-être commun. N’estce<br />

pas merveilleux de voir travailler ensemble des médecins Israéliens<br />

avec des confrères d’Arabie Séoudite ou du Koweit?<br />

LVS- Vous aviez déjà depuis votre jeune âge <strong>au</strong> Maroc, ce qu’on<br />

appelle la fibre commun<strong>au</strong>taire.<br />

H E-En effet je peux dire qu’une des grandes réussites du DEJJ, le<br />

Département éducatif de la jeunesse juive fut de nous inculquer des<br />

valeurs commun<strong>au</strong>taires, du bien-être de l’Autre et bien entendu ce<br />

magnifique esprit de fraternité, de camaraderie. Oui de ce côté là, je<br />

peux dire que j’ai été à la bonne école.<br />

LVS- Toute vie <strong>au</strong> sein d’une entreprise ou d’une institution est<br />

émaillée de moments fastes et d’<strong>au</strong>tres plus difficiles, pouvezvous<br />

nous relater quelques uns de ces événements survenus <strong>au</strong><br />

cours de votre carrière.<br />

H E- Il est certain qu’<strong>au</strong> cours de 32 ans de service, nous avons connu<br />

des moments difficiles. Mais je ne dirais jamais que ces moments là<br />

ont été reliés à des crises voire à des plaintes comme celle qui fut<br />

déposée il y a quelques années à l’Office de la langue française. Les<br />

crises quant elles, relèvent plutôt des situations quand nous avons des<br />

patients qui ont besoin d’avoir accès à l’Hôpital et que nous devons<br />

mobiliser toutes les ressources de ce dernier pour répondre à ce<br />

besoin. Les défis par exemple c’est par exemple quand on a du<br />

LVS mars 2008 47<br />

Portrait D’ICI


Portrait D’ICI<br />

« L’INAUGURATION DU PREMIER CENTRE<br />

AMBULATOIRE DU QUÉBEC. NOUS AVONS<br />

ÉTÉ LE PREMIER HÔPITAL À AVOIR CONÇU<br />

ET RÉALISÉ CE CENTRE. C’EST POUR<br />

PERMETTRE JUSTEMENT À PLUS DE GENS<br />

D’AVOIR ACCÈS À UN TRAITEMENT<br />

AMBULATOIRE PLUTÔT QU’HOSPITALIER. »<br />

48 mars 2008 LVS<br />

travailler d’arrache pied pour bâtir un centre du cancer, le premier à<br />

Québec. Nous avons eu quelques plaintes mais sans plus. Nous<br />

sommes reconnus comme un hôpital bilingue. J’ai tenu la plupart des<br />

réunions de mes comités de régie , en français. La plupart du<br />

personnel de l’Hôpital est francophone. Nous avons été<br />

complètement blanchis lors de l’affaire Norman Lester, par l’Office de<br />

la Langue française.<br />

LVS- un moment faste?<br />

H E- Je dirais …l’in<strong>au</strong>guration du premier Centre ambulatoire du<br />

Québec. Nous avons été le premier hôpital à avoir conçu et réalisé ce<br />

centre. C’est pour permettre justement à plus de gens d’avoir accès à<br />

un traitement ambulatoire plutôt qu’hospitalier. C’est un concept<br />

innovateur ici <strong>au</strong> Québec. Quand on le privilège d’assister à cette<br />

in<strong>au</strong>guration et de voir les soins prodigués <strong>au</strong>x premiers patients,<br />

dans la dignité et surtout de la manière la plus professionnelle<br />

possible par des médecins de choisis parmi les meilleurs candidats à<br />

l’échelle canadienne et voire mondiale, oui…je peux affirmer que ce<br />

sont là les meilleurs moments qu’il m’a été donné de vivre dans le<br />

cadre de mes fonctions. Le Centre du Cancer reste un <strong>au</strong>tre exemple<br />

qui m’a rendu fier. Un projet qui a nécessité 25 années de préparation!<br />

Je voudrais ajouter que cette fierté là, je ne l’ai pas vécu en tant<br />

qu’individu mais surtout parce que j’ai fait partie d’une équipe.<br />

LVS-Quelles sont vos préoccupations face <strong>au</strong> débat en cours<br />

concernant l’avenir de notre système en matière de santé?<br />

H E- Je suis et je reste un adepte du service public de santé. J’ai<br />

étudié les différents systèmes dans les pays occident<strong>au</strong>x et je suis<br />

arrivé à la conclusion que le meilleur système de santé pour une<br />

population, non pas pour un élite qui peut payer, c’est le système<br />

public. Il est évident que ceci reste un défi à relever pour les pays tels<br />

que le Canada les États Unis et les pays de l’OCDE.. Les dépenses en<br />

santé <strong>au</strong>gmentent, il ne f<strong>au</strong>t pas l’oublier à un <strong>rythme</strong> be<strong>au</strong>coup plus<br />

élevé que la richesse collective. Avec le vieillissement de la<br />

population le <strong>rythme</strong> va s’accélérer. Mais je ne pense pas que la<br />

solution réside dans le système privé. Nous ne pouvons permettre de<br />

laisser à des cliniques pratiquer des chirurgies ou l’on ne peut pas<br />

contrôler la qualité des<br />

Interventions pratiquées voire même de leur pertinence. On ne peut<br />

pas accepter que des infirmières qualifiées et qui devraient être<br />

affectées à des interventions ou il est question de vie ou de mort,<br />

soient détournées vers le privé pratiquer dans des cliniques orientées<br />

vers la chirurgie esthétique par exemple ou pour injecter du bodox.<br />

Nous sommes dans un système justement ou la pénurie d’infirmières<br />

est flagrante. La même situation est valable pour les médecins.<br />

LVS- Des projets d’avenir pour quelqu’un qui, comme vous, n’a<br />

pas atteint l’âge de la retraite?<br />

Il est certain que je vais continuer à m’intéresser <strong>au</strong> système public de<br />

santé. J’ai L’intention de continuer à animer des conseils de résident<br />

dans l’administration de la santé. Je suis chargé de formation et de<br />

pratique dans la gestion de la santé à l’Université de Montréal. Je<br />

continuerais à animer des séminaires. Je continuerais à étudier les<br />

systèmes de santé et è défendre le système public Il va de soi que je<br />

continuerais à m’impliquer dans la commun<strong>au</strong>té quelle soit juive ou<br />

non juive, c’est à dire à défendre les bonnes c<strong>au</strong>ses et last but not least<br />

je vais être plus disponible pour ma famille.<br />

Entrevue réalisée par Elie Benchetrit


Point de vue<br />

RÉFLEXION<br />

60 ans après<br />

Israël, toujours en quête de normalité et d'identité<br />

Daniel Haïk - journaliste israélien<br />

Les Israéliens célèbrent le 60ème anniversaire de leur état<br />

avec des sentiments mitigés.<br />

Certes, dans de nombreux domaines Israël est, comme l'a<br />

dit le Président français Nicolas Sarkozy l'un des grands<br />

miracles du XXème siècle: en 60 ans, l'Etat d'Israël a réussi<br />

à décupler sa population et intégré des millions<br />

d'immigrants. Son t<strong>au</strong>x de croissance économique annuel<br />

dépasse depuis quatre ans les 5% et son PIB per capita,<br />

les 25.000 $!. Sa monnaie, le shekel, n'a plus <strong>au</strong>cun<br />

complexe face <strong>au</strong> dollar américain en crise. Son industrie<br />

de h<strong>au</strong>te technologie compte parmi les plus performantes<br />

<strong>au</strong> monde. Sa médecine force l'admiration, y compris dans<br />

le monde arabe. Au cours des quatre dernières années,<br />

quatre Israéliens se sont vus décerner des Prix Nobel! La<br />

culture israélienne est en perpétuelle ébullition: ses<br />

écrivains, artistes, chanteurs se distinguent régulièrement<br />

sur la scène internationale. Sur le plan spirituel, Israël<br />

compte plus de 1500 yéchivot soit plus que n'en a jamais<br />

CULTURE<br />

RELIGION<br />

DÉBATS<br />

FAMILLE<br />

Les réalisations d'Israël <strong>au</strong> cours de ces six dernières décennies forcent l'admiration. Pourtant les Israéliens<br />

eux-mêmes semblent avoir pris leurs marques des symboles qui ont fait la légende d'Israël. L'échec de la<br />

seconde guerre du Liban a amplifié un malaise identitaire déjà perçu durant l'Intifada. Cette analyse qui nous<br />

ramène à la création de l'état d'Israël tente d'expliquer comment les Israéliens ont compris que la normalité<br />

de leur état n'était pas encore pour demain.<br />

50 mars 2008 LVS<br />

compté un état ou roy<strong>au</strong>me juif souverain même à l'âge<br />

d'or du roi Salomon!<br />

Pourquoi donc, à l'approche de ces festivités du 60ème<br />

anniversaire, tant d'Israéliens avouent avoir du mal à<br />

festoyer. Pourquoi be<strong>au</strong>coup ressentent un inexplicable<br />

malaise lorsqu'il évoquent l'avenir de leur état voir sur sa<br />

raison d'être?<br />

Pour tenter de répondre à ces questions et de comprendre<br />

les c<strong>au</strong>ses profondes de ce malaise, un rappel historique,<br />

chronologique et quasiment schématique s'impose:<br />

Les 60 années d'existence d'Israël peuvent se diviser en<br />

plusieurs périodes majeures. Les trente premières années<br />

de 1948 a 1977 ont été marquées par l'hégémonie politique<br />

et idéologique de la g<strong>au</strong>che socialiste israélienne. Ce fut<br />

l'époque des pères fondateurs de l'Israël moderne, de<br />

David Ben Gourion, à Itzhak Rabin en passant par Moché<br />

Dayan et Golda Meïr. Ce fut l'époque d'un Israël qui


sachant son existence menacée savait s'unir <strong>au</strong>tour de<br />

l'idéal sioniste pour faire face à l'adversité du monde<br />

arabe. Ce fut l'époque d'un Israël qui, <strong>au</strong> travers de<br />

l'expérience kibboutzique, tendait vers une société<br />

égalitaire et équitable.<br />

Les quinze années suivantes, de 1977 à 1992 ont été<br />

marquées par la domination de l'idéologie de droite<br />

nationaliste, véhiculée par des figures de proue telles que<br />

Menahem Begin et Itzhak Shamir. Sur le plan social, ces<br />

quinze années furent celles d'une refonte capitaliste de<br />

l'état d'Israël, d'une ouverture vers l'extérieur et du début<br />

d'une prospérité occidentale.<br />

Pour la g<strong>au</strong>che idéologique et travailliste du Avoda-Meretz,<br />

Oslo doit conduire Israël vers la Paix. Pour la droite<br />

idéologique et nationaliste du Likoud-PNR, Olso va<br />

conduire Israël vers la Guerre. Ce débat d'idée va torturer,<br />

scinder et même briser une société israélienne qui n'a<br />

jamais su trouver son unité ailleurs que sur les champs de<br />

bataille. Cette polémique sera tellement exacerbée qu'elle<br />

conduira un juif religieux issu des franges radicales du<br />

mouvement nationaliste à prendre une arme pour<br />

assassiner Itzhak Rabin.<br />

Mais le "processus d'Oslo" va également provoquer une<br />

confusion des valeurs qui va déséquilibrer la société<br />

israélienne. Avec la poignée de main "historique" entre<br />

Rabin et Arafat sur les pelouses de la Maison Blanche, le<br />

13 septembre 1993, une partie importante de la population<br />

israélienne va assimiler ce processus de paix à une paix<br />

déjà établie entre Israël et les Palestiniens. Les attentats qui<br />

ont jalonné ce processus d'Oslo ont certes contrarié<br />

l'enthousiasme de certains des pacifistes, mais pour<br />

l'ensemble cette course à la normalité était engagée.<br />

Elle va se traduire concrètement, durant les années d'Oslo<br />

entre septembre1993 et septembre 2000, par la violation de<br />

certains principes jusque là tabou et par de mini<br />

bouleversements dans la<br />

MAIS LE<br />

plupart des instances du<br />

pouvoir en Israël. En voici<br />

"PROCESSUS D'OSLO"<br />

quelques exemples:<br />

VA ÉGALEMENT<br />

Primo, le statut du Président<br />

de l'état: dans la perception<br />

PROVOQUER<br />

des fondateurs d'Israël, le<br />

UNE CONFUSION<br />

Président devait être un<br />

savant d'envergure, véritable<br />

DES VALEURS QUI VA phare de la sagesse juive qui<br />

serait placé <strong>au</strong> dessus de tous<br />

DÉSÉQUILIBRER les clivages politiques. Mais<br />

LA SOCIÉTÉ<br />

en 1993, l'échelon politique<br />

décide de faire mainmise sur<br />

ISRAÉLIENNE<br />

cette prestigieuse fonction.<br />

Elle est ainsi offerte comme<br />

lot de consolation à un<br />

Ezer Weitman frustré de<br />

voir Itzhak Rabin le<br />

devancer <strong>au</strong> poste de<br />

Premier ministre.<br />

Weitzman sera tout <strong>au</strong>ssi<br />

controversé sous son<br />

étiquette présidentielle<br />

que sous celle de<br />

responsable politique.<br />

L'éclat consensuel de la<br />

Présidence s'estompe. Il<br />

finira de se ternir sous le<br />

mandat à scandale du<br />

Président Katzav, <strong>au</strong>tre<br />

politicien controversé et<br />

médiocre, qui avant même<br />

d'humilier son titre, s'avèrera incapable de représenter<br />

l'ensemble de la Nation.<br />

Second exemple: la Cour Suprême: dans sa course à la<br />

normalité, Israël va confier, en 1995, la Présidence de la<br />

Cour Suprême à un brillantissime juriste le Professeur<br />

Aaron Barak. Aaron Barak va, de facto, déstabiliser les<br />

pouvoirs sapant celui du législatif(la Knesset) <strong>au</strong> profit du<br />

juridique. Il va faire de la Cour Suprême un "superpouvoir"<br />

dont les Palestiniens s<strong>au</strong>ront tirer grandement<br />

profit <strong>au</strong> travers de la loi fondamentale sur les droits de<br />

l'homme.<br />

Troisième exemple: l'effritement du pouvoir législatif. C'est<br />

durant cette course à la normalité des "années d'Oslo"que<br />

le système électoral sera modifié: <strong>au</strong> lieu de voter<br />

uniquement pour une liste politique à la proportionnelle,<br />

les Israéliens devront, en 1996, 1999, et 2001, voter <strong>au</strong>ssi<br />

pour l'élection du Premier ministre <strong>au</strong> suffrage universel<br />

direct. Cette réforme se soldera par un cuisant échec. Ce<br />

nouve<strong>au</strong> système accordera un trop-plein de pouvoir <strong>au</strong><br />

Premier ministre <strong>au</strong> détriment d'un Parlement israélien<br />

sévèrement morcelé. Il y <strong>au</strong>ra durant cette période pas<br />

moins de 16 formations politiques représentées dans une<br />

Knesset de 120 députés!<br />

Enfin ultime déstabilisation dans cette course à la normalité<br />

entamée avec le processus d'Oslo: le quatrième pouvoir,<br />

celui des médias.<br />

1993, l'année d'Oslo va voir la création de la nouvelle<br />

chaîne de télévision commerciale, "Aroutz 2". D'emblée<br />

celle-ci va s'imposer comme vecteur culturel d'une<br />

redoutable efficacité s'empressant d'importer de l'étranger<br />

la panoplie d'émissions de real-télévision qui ont envahi<br />

les écrans occident<strong>au</strong>x. Ainsi sous le pouvoir<br />

incontournable de cette chaîne, le héros d'Israël n'est plus<br />

le combattant qui cultive son champ l'arme en bandoulière,<br />

ou l'officier qui mène ses troupes <strong>au</strong> combat mais plutôt la<br />

LVS mars 2008 51


Point de vue<br />

jeune et jolie chanteuse l<strong>au</strong>réate de la Star Ac' israélienne.<br />

Et c'est ainsi que l'état d'Israël est devenu dans la bouche<br />

de nombreux israéliens eux-même, "Medinat Aroutz 2"<br />

l'état de la seconde chaîne".<br />

L'Israël des années 90 se conduit comme s'il était en passe<br />

de devenir un état normatif, alors que, sur le fond, Oslo,<br />

loin de résoudre des problèmes, en a crée de nouve<strong>au</strong>x,<br />

que les attentats se multiplient et que les "victimes de la<br />

paix" tombent dans les carcasses calcinés des <strong>au</strong>tobus<br />

israéliens. Une ultime tentative de régler le conflit,<br />

généreuse mais maladroite, est initiée en juillet 2000 à<br />

Camp David .<br />

Dans sa course à la normalité, Israël a laissé une partie de<br />

son âme et de son idéal.<br />

Au sein de la droite idéologique du Likoud, de plus en<br />

plus de responsables se disent prêts à échanger leurs<br />

valeurs contre le pragmatisme et admettent qu'il ne sera<br />

pas possible de conserver le Grand Israël dans son<br />

intégralité. Ce bloc réaliste rejoint, sur l'échiquier politique,<br />

le centre-droit. A u sein de la g<strong>au</strong>che idéologique et<br />

socialiste, de plus en plus de responsables admettent qu'il<br />

n'y <strong>au</strong>ra pas de "Paix maintenant", que les Palestiniens ne<br />

sont pas murs pour un règlement, qu'ils ne sont pas des<br />

partenaires fiables. Ils optent <strong>au</strong>ssi pour la voie du<br />

pragmatisme et rejoignent le centre-g<strong>au</strong>che.<br />

Le décor est posé pour le grand "Bing Bang" politique.<br />

Ariel Sharon, dernier grand dinos<strong>au</strong>re politique<br />

israélien(avec Shimon Peres) est appelé à la rescousse<br />

pour faire face à l'Intifada.<br />

Mais en 2003, alors que l'Intifada commence à être<br />

maîtrisée, la question de la normalité d'Israël surgit à<br />

nouve<strong>au</strong>. Réélu h<strong>au</strong>t la main, Arik Sharon, le seul homme<br />

politique qui ne fut ni de g<strong>au</strong>che ni de droite, et qui n'eut<br />

52 mars 2008 LVS<br />

jamais d'<strong>au</strong>tre doctrine idéologique que la<br />

Défense d'Israël, reprend à son compte cette<br />

quête de la normalité d'Israël. Israël va cesser<br />

d'être l'otage des Arafat et Abou Maazen en<br />

traçant lui-même, unilatéralement, ces futures<br />

frontières: ce sera d'abord Gaza, <strong>au</strong> sud: pour<br />

Sharon le sacrifice des 8000 résidents du<br />

Goush Katif durant l'été 2005, v<strong>au</strong>t bien cette<br />

aspiration à la normalité. Ce devait être<br />

ensuite les terres historiques de Judée et<br />

Samarie qui seraient scindés par la fameuse<br />

barrière de sécurité dont Sharon avait<br />

finalement accepté la construction. Ainsi<br />

Israël va pouvoir se replier(c'est le terme qui<br />

sera ensuite utilisé par Ehoud Olmert) sur luimême<br />

sans se préoccuper de ce qui se passe à<br />

l'extérieur.<br />

Sachant parfaitement lire la carte politique de<br />

ce nouvel Israël, il va appeler <strong>au</strong> rassemblement des<br />

pragmatiques de centre g<strong>au</strong>che et centre-droit qui s'étaient<br />

détachés des grands courants idéologiques. Et il va créer<br />

une formation dont la raison d'être est d'aller de l'avant,<br />

"Kadima" vers un Israël normal, vers un état comme les<br />

<strong>au</strong>tres.<br />

La maladie va freiner l'élan de Sharon, mais pas celui de<br />

ses disciples. Ehoud Olmert qui reprend le flambe<strong>au</strong> donne<br />

immédiatement le ton: "Nous en avons assez de combattre,<br />

nous en avons assez des guerres" dira-t-il alors.<br />

C'est donc le gouvernement d'un homme qui est fatigué<br />

des guerres, et<br />

d'un homme sans<br />

idéal, qui va se DANS SA COURSE À LA<br />

retrouver plongé,<br />

du jour <strong>au</strong><br />

NORMALITÉ, ISRAËL A LAISSÉ<br />

lendemain dans la UNE PARTIE DE SON ÂME ET<br />

seconde guerre du<br />

Liban. C'est ce<br />

gouvernement de<br />

DE SON IDÉAL<br />

novices, qui va<br />

être agressé par deux fois, le 25 juin 2006, avec la capture<br />

de Guilad Shalit, et le 12 juillet avec celle d'Elda Reguev et<br />

Ehoud Goldwasser. C'est ce gouvernement qui prônait le<br />

repli d'Israël sur lui-même qui va devoir faire face à ceux<br />

qui ouvertement refuse sa reconnaissance et prêchent sa<br />

destruction!<br />

Alors si, <strong>au</strong>-delà des dizaines de commission d'enquête qui<br />

ont suivi cette seconde guerre du Liban, la première guerre<br />

qu'Israël n'ait pas remporté, le malaise demeure, c'est<br />

avant tout parce que les Israéliens ont eu le sentiment de<br />

s'être fait piéger:<br />

Et ils se sont rendus compte qu'ils s'étaient trompés. Ils se<br />

sont rendus compte que ces retraits territori<strong>au</strong>x du Sud<br />

Suite p. 54


29 NOVEMBRE 1947<br />

GUY BOUTHILLIER<br />

Cette nuit-là, on a dansé dans les rues de Jérusalem et de Tel-Aviv.<br />

À Montréal <strong>au</strong>ssi, et partout où les Juifs venaient d’apprendre<br />

qu’enfin eux <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong>raient un État à eux.<br />

C’était un samedi, à Lake Success, près de New York, où s’était<br />

réunie l’Assemblée générale des Nations-Unies pour voter la<br />

résolution 181 qui allait déboucher, quelques mois plus tard, sur la<br />

création de l’État d’Israël.<br />

Le OUI l’avait emporté par 33 voix contre 13 et 10 abstentions. Les<br />

deux blocs, menés l’un par l’URSS, l’<strong>au</strong>tre par les Etats-Unis et la<br />

France, s’étaient pour l’occasion mis d’accord. Le Roy<strong>au</strong>me-Uni,<br />

puissance mandataire, s’était abstenu, mais le Canada, l’aîné du<br />

Commonwealth, avait voté pour .<br />

On se doutait bien que, tous les pays arabes ayant dit NON, l’avenir<br />

n’allait pas être facile. Mais ce qu’on célébrait d’abord, c’était la fin<br />

annoncée des brimades et des humiliations subies de père en fils et de fils<br />

en petits-fils dans le silence et la honte impuissante de la diaspora. « Plus<br />

jamais, c’est fini. Pour toujours », raconte Amos Oz, témoin de la<br />

manifestation de joie qui avait éclaté ce soir-là dans les rues de<br />

Kerem Avraham.<br />

Chez nous, cette année, le 29 novembre, on a fêté <strong>au</strong>ssi,<br />

plus discrètement certes, pour saluer le 60e<br />

anniversaire de ce grand jour. Nos médias en ont peu<br />

parlé, mais nos dirigeants à Ottawa et à Québec ont<br />

tenu à saluer l’événement. Certains même s’étaient<br />

déplacés. Sans doute avaient-ils compris qu’avant<br />

d’être matière à débats dans les forums<br />

internation<strong>au</strong>x, cet événement était --et<br />

demeurera à jamais--source d’émotion et de<br />

fierté pour les Juifs partout dans le monde.<br />

Ce soir-là, je m’étais mêlé <strong>au</strong>x jeunes et <strong>au</strong>x<br />

moins jeunes de la synagogue de la rue<br />

Bailey pour partager leur joie, écouter leurs<br />

chants et entendre des soldats venus exprès<br />

nous parler de leur patrie, de leur «home<br />

», et de la fierté de s’être engagé à la<br />

défendre. Mais je n’y suis pas allé sans<br />

d’abord avoir relu Amos Oz et ses<br />

souvenirs de l’époque. À l’heure de<br />

la commission Bouchard-Taylor,<br />

où l’on mesure chaque jour un<br />

peu plus l’importance pour<br />

chacun de chercher à<br />

connaître son<br />

Suite p. 54<br />

LVS mars 2008 53<br />

Point de vue


Point de vue<br />

Suite 60 ans après Suite Bouthillier<br />

Liban(en 2000) et de Gaza(en 2005) qu'ils avaient<br />

pris pour de la générosité politique avaient été<br />

perçus par leurs voisins palestiniens et chiites<br />

comme une immense marque de faiblesse.<br />

Bref, ils ont compris que 60 ans après la création de<br />

leur état, la normalité d'Israël devrait encore<br />

patienter.<br />

Mais <strong>au</strong>-delà, certains Israéliens,- pas tous-, mais<br />

de plus en plus nombreux ont compris, <strong>au</strong> travers<br />

de cet acharnement du Hamas et du Hizbollah à<br />

vouloir les détruire, qu'il était temps, peut-être de<br />

redéfinir la raison d'être d'Israël, de repenser son<br />

identité.<br />

Que dans cette course à l'occidentalisme, à<br />

l'individualisme, à la prospérité factice, Israël avait<br />

perdu les repères qui avaient fait sa légende,<br />

qu'Israël s'était par trop éloigné de ce qu'il devait<br />

être: le porteur de la sagesse juive, le garant de son<br />

patrimoine historique, le vecteur d'un message<br />

identitaire qui lui a permis de survivre et de<br />

surmonter pendant 2000 ans d'exil, les pogroms,<br />

l'Inquisition, la Shoah.. Qu'il devait cesser de<br />

vouloir être une copie plus ou moins pâle des<br />

nations d'Occident pour enfin être lui-même, pour<br />

être enfin, ce que les nations arabes refusent qu'il<br />

soit: un état juif fier de ses racines, proche de sa<br />

tradition.<br />

Que le leadership politique israélien actuel était<br />

plus préoccupé par ses propres intérêts que par<br />

ceux de la Nation et que ce faisant il se démarquait<br />

des pères fondateurs et de leur héritage.<br />

Que, 60 ans plus tard, Israël se devait de retrouver<br />

un idéal suprême qui soit le ciment de sa société.<br />

Un idéal pour lequel ses citoyens et soldats aspirent<br />

certes à vivre mais pour lequel ils sont également<br />

prêts à mourir.<br />

Que 60 ans après sa création, Israël comprenait,<br />

dans cette quête identitaire, qu'il ne sera jamais un<br />

État normal.<br />

60 ans après sa création, Israël doit renaître de son<br />

sein pour être enfin ce que l'on attend qu'il soit: la<br />

Nation du Livre et le Phare des Nations.<br />

54 mars 2008 LVS<br />

Daniel Haïk<br />

Jérusalem, février 2008<br />

voisin, comment en effet pourrais-je mieux comprendre ce que mes<br />

amis, mes voisins juifs ressentent <strong>au</strong> plus profond d’eux-mêmes que<br />

de demander à un écrivain israélien de me faire partager leur<br />

sentiment?<br />

Dans son roman <strong>au</strong>tobiographique Une Histoire d’amour et de<br />

ténèbres, Oz décrit cette nuit du 29 novembre où, jeune encore (il est<br />

né en 1939), il avait participé <strong>au</strong> côté de son père à la formidable<br />

manifestation de joie qui avait alors éclaté dans les rues de son<br />

quartier à Jérusalem, et que son père lui avait fait promettre de ne<br />

jamais oublier ni de laisser oublier par ses enfants et les enfants de<br />

ses enfants : « Regarde bien, mon fils, regarde de tous tes yeux, parce<br />

que tu n’oublieras jamais cette nuit de ta vie ». Puis il raconte ce que<br />

lui a dit son père cette nuit-là.<br />

« Très tard dans la nuit, à une heure où <strong>au</strong>cun enfant n’a le droit de ne<br />

pas être couché depuis belle lurette, peut-être à trois ou quatre heures<br />

du matin, je me mis <strong>au</strong> lit tout habillé dans le noir. Un peu après, mon<br />

père souleva la couverture, non pour me gronder de m’être couché<br />

tout habillé, mais pour s’allonger à côté de moi, sans même ôter ses<br />

vêtements trempés de sueur, comme les miens d’ailleurs (…) Papa<br />

resta allongé près de moi sans rien dire, lui qui, d’ordinaire, détestait<br />

tellement le silence qu’il s’ingéniait à le rompre par tous les moyens.<br />

Mais cette fois il ne troubla pas le silence qui régnait entre nous, mais<br />

il s’y associa et se borna à me caresser la tête. Comme si, dans<br />

l’obscurité, il s’était métamorphosé en ma mère.<br />

Papa resta allongé près de moi sans rien dire, lui qui, d’ordinaire,<br />

détestait tellement le silence qu’il s’ingéniait à le rompre par tous les<br />

moyens. Mais cette fois il ne troubla pas le silence qui régnait entre<br />

nous, mais il s’y associa et se borna à me caresser la tête.<br />

Alors il me raconta à mi-voix(…), ce que des voyous leur avaient fait,<br />

à lui et à son frère David, à Odessa, et ce qu’il avait enduré de la part<br />

de jeunes goys <strong>au</strong> lycée polonais de Vilna -- les filles s’en étaient<br />

mêlées <strong>au</strong>ssi-- et quand son père, grand-père Alexandre, était venu<br />

demander des comptes à l’école, ces v<strong>au</strong>riens n’avaient pas rendu le<br />

pantalon déchiré, mais devant lui ils s’en étaient pris à son père, mon<br />

grand-père, ils l’avaient jeté à terre et lui avaient enlevé son pantalon<br />

<strong>au</strong> milieu de la cour, alors que les filles se moquaient de lui et lui<br />

lançaient des obscénités, que les Juifs étaient ceci et cela, sous les yeux<br />

des professeurs qui observaient la scène sans rien dire, à moins qu’ils<br />

n’aient ri, eux <strong>au</strong>ssi.<br />

Et avec une voix de ténèbres, tandis que sa main s’égarait dans mes<br />

cheveux, (il n’avait pas l’habitude de me caresser), papa déclara sous<br />

ma couverture, à l’<strong>au</strong>be du 30 novembre 1947 : « Tu seras sans doute<br />

en butte à des garnements dans la rue ou à l’école. Peut-être parce que<br />

tu me ressembleras un peu. Mais désormais, du moment que nous<br />

avons un État à nous, on ne te malmènera plus jamais parce que tu es<br />

juif et parce que les Juifs sont comme ceci et comme cela. Plus jamais,<br />

non. À partir de maintenant, c’est fini. Pour toujours. »<br />

À moitié endormi, j’étendis le bras pour toucher son visage, juste <strong>au</strong>dessous<br />

de son h<strong>au</strong>t front, et soudain, à la place de ses lunettes, je<br />

sentis des larmes. De toute ma vie, ni avant ni après cette nuit, pas<br />

même à la mort de ma mère, je n’ai vu mon père pleurer. En fait je ne<br />

l’avais pas vu cette nuit-là non plus. Il faisait trop sombre. Seule ma<br />

main g<strong>au</strong>che l’avait « vu».<br />

Amos OZ, « Une histoire d’amour et de ténèbres », Traduit de l’hébreu<br />

par Sylvie Cohen, Paris, Gallimard, 2004, pp.377-378.


SEUL,<br />

ISRAËL...<br />

Depuis sa création, Israël n’a connu que la guerre, guerre<br />

«classique» des armées arabes et guerre de guérilla des terroristes<br />

palestiniens. Il a perdu des soldats et des civils, tués, blessés,<br />

torturés, dans une proportion inimaginable pour ceux qui,<br />

depuis plus de soixante ans, justement, vivent dans des sociétés<br />

en paix et hyper-protégées. En Israël, les traces de ces guerres<br />

sont, partout, très frappantes : contrôles de sécurité à l’entrée des<br />

rest<strong>au</strong>rants et des cinémas, camions calcinés sur la route de<br />

Jérusalem, arc de la Hurva, vestige de la synagogue détruite en<br />

1948...<br />

Et pourtant, en Israël, l’amour de la vie et le dynamisme<br />

l’emportent : les gens vivent quasi «normalement», travaillent,<br />

s’amusent, font du sport, prient, étudient et mettent leur génie<br />

<strong>au</strong> service du développement intellectuel et matériel de leur<br />

pays. Ils accumulent les réussites : créations culturelles,<br />

découvertes scientifiques, brevets industriels, miracles agricoles<br />

et sylvicoles etc. Où les gens ordinaires sont-ils <strong>au</strong>ssi courageux?<br />

Quel pays peut se vanter de tels progrès en si peu d’années?<br />

Les attentats-suicides ne cessent jamais longtemps, le Hezbollah<br />

ne désarme pas, les roquettes pleuvent sur les maisons de Sderot<br />

et l’Iran ne cache pas ses intentions génocidaires. Et pourtant,<br />

Israël fait preuve d’une retenue trop peu soulignée. Il est le seul<br />

pays à alimenter, à Gaza, ses ennemis déclarés en vivres et en<br />

énergie et, en Cisjordanie, à exposer ses soldats sur le terrain<br />

pour éviter des opérations aériennes massives contre ceux qui<br />

attaquent ses populations civiles. Agressé de la sorte, quel <strong>au</strong>tre<br />

pays ferait preuve d’un tel sang-froid et d’un tel respect de l’<strong>au</strong>tre<br />

dans la défense de ses citoyens? En état de guerre continuel,<br />

quel <strong>au</strong>tre pays maintiendrait <strong>au</strong>ssi longtemps une démocratie<br />

<strong>au</strong>ssi ouverte et <strong>au</strong>ssi effervescente?<br />

Depuis sa naissance, Israël a été délégitimé, dénigré, calomnié<br />

de toutes les façons possibles. Créé par l’ONU et bénéficiant de<br />

ce fait d’une légitimité internationale unique, il n’est toujours pas<br />

reconnu officiellement et explicitement par bon nombre de<br />

pays. D’<strong>au</strong>tres feignent d’ignorer cette non-reconnaissance ou<br />

susurent à demi-mot que réclamer une vraie reconnaissance,<br />

claire et nette, comme condition à des négociations sérieuses<br />

avec ses ennemis est une exigence excessive de sa part. Quel<br />

<strong>au</strong>tre pays est ainsi nié dans son être? À quel <strong>au</strong>tre pays<br />

demande-t-on de faire une concession <strong>au</strong>ssi absurde avant toute<br />

négociation? Et pourtant, Israël mène une diplomatie prudente<br />

et ouverte. Ses politiques de coopération avec les pays en voie<br />

de développementsont particulièrement généreuses et il<br />

s’obstine à rechercher la paix avec ceux qui le nient. Pourquoi<br />

est-il désigné si souvent à la réprobation générale?<br />

On reproche à Israël de protéger ses citoyens des attaques<br />

terroristes par la construction du «mur». Ceux qui sans relâche<br />

dénoncent ce «mur» ont-ils condamné la barrière qui, en Irlande<br />

du Nord, sépara pendant des décennies les protestants des<br />

catholiques? La barrière érigée le long de la frontière entre les<br />

USA et le Mexique les préoccupe-t-elle <strong>au</strong>tant? La «forteresse<br />

Europe», que de nombreux misérables tentent de rallier <strong>au</strong> péril<br />

de leur vie, n'est-elle pas plus barricadée que si elle était<br />

entourée d'un mur? Des dizaines d'Albanais ont péri noyés il y<br />

a quelques années pour avoir voulu y aborder. Plus récemment,<br />

des Africains sont morts <strong>au</strong> Maroc pour avoir tenté de franchir<br />

les barbelés derrière lesquels elle se retranche. Pourquoi n’y a-til<br />

pas de campagne mondiale de mobilisation contre tous ces<br />

dispositifs qui entravent la libre circulation des humains sur<br />

notre planète? Que cache ce désir de dénier <strong>au</strong> seul Israël le<br />

droit de se protéger d’intrusions pourtant bien plus meurtrières?<br />

On impute à Israël le péché capital de la responsabilité du<br />

«problème» des réfugiés. Si les réfugiés palestiniens ne sont pas<br />

intégrés dans les pays arabes où ils se trouvent et vivent depuis<br />

trois générations dans des conditions misérables, ces pays n’en<br />

sont-ils pas responsables? À quel <strong>au</strong>tre pays fait-on grief des<br />

f<strong>au</strong>tes de ses voisins? Israël a, lui, intégré à peu près le même<br />

nombre de réfugiés juifs des pays arabes. Qui salue l’effort que<br />

cela a représenté?<br />

On qualifie Israël d’État pratiquant «l’apartheid» à l’égard de ses<br />

citoyens arabes. L’accusation revient quasi rituellement. Pourtant,<br />

en Israël, les non-juifs<br />

peuvent fréquenter les<br />

mêmes lieux publics,<br />

trains, <strong>au</strong>tobus,<br />

commerces, plages, que<br />

les juifs. Ils ont accès <strong>au</strong>x<br />

mêmes professions et <strong>au</strong>x<br />

mêmes fonctions<br />

administratives et jouissent<br />

des mêmes avantages<br />

soci<strong>au</strong>x que les juifs. Les<br />

Israéliens arabes le savent<br />

si bien que des sondages<br />

montrent que,<br />

majoritairement, ils ne<br />

QUEL AUTRE PAYS EST<br />

AINSI NIÉ DANS SON<br />

ÊTRE? À QUEL AUTRE<br />

PAYS DEMANDE-T-ON DE<br />

FAIRE UNE CONCESSION<br />

AUSSI ABSURDE AVANT<br />

TOUTE NÉGOCIATION?<br />

veulent pas devenir citoyens palestiniens si cet État devait être<br />

créé : ils préfèrent garder leur citoyenneté israélienne. Qui le sait<br />

en Occident?<br />

Soixante ans d’État, soixante ans d’hostilité injuste et soixante<br />

ans d’exemplarité. Israël est bien la création du peuple du livre<br />

et le produit de l’éthique juive. Quand les nations lui rendrontelles<br />

justice? L’honneur d’Israël survivra. Celui des nations est<br />

irrémédiablement compromis par les injustices dont elles se<br />

rendent coupables à son égard.<br />

Annette Paquot<br />

Professeur Université Laval<br />

LVS mars 2008 55<br />

Point de vue


Point de vue<br />

LE LABORATOIRE<br />

du judaïsme de demain<br />

Il y a trente ans, un grand journaliste français, Raymond<br />

Cartier, disait à un jeune journaliste qui l’interrogeait pour<br />

la radio israélienne : « L’Etat d’Israël vient de célébrer son<br />

trentième anniversaire mais trente ans et même un siècle ne<br />

représentent pas grand-chose dans la vie et dans l’histoire<br />

d’une nation. Je crains que le combat d’Israël ne soit encore<br />

bien long avant qu’il puisse asseoir de manière pérenne son<br />

existence dans le concert des nations. Il pourrait, qu’à Dieu<br />

ne plaise ! n’être qu’une parenthèse ». J’étais ce jeune<br />

journaliste et je me souviens que l’observation du directeur<br />

de Paris Match m’avait, ce jour-là, plongé dans de<br />

profondes réflexions et de vives inquiétudes.<br />

Trente ans plus tard, à l’heure où l’Etat d’Israël célèbre son<br />

entrée dans l’âge que le<br />

JE CRAINS QUE LE Traité des Pères considère<br />

comme étant celui de la<br />

COMBAT D’ISRAËL NE<br />

vieillesse (de la maturité et<br />

SOIT ENCORE BIEN de la sagesse), je repense<br />

LONG AVANT QU’IL à la formule de cet<br />

PUISSE ASSEOIR DE éminent journaliste qui<br />

était naturellement, <strong>au</strong><br />

MANIÈRE PÉRENNE SON<br />

sein de la société<br />

EXISTENCE DANS LE française, un des plus<br />

CONCERT DES<br />

grands amis de l’Etat juif.<br />

NATIONS<br />

Déjà soixante ans ? A<br />

peine soixante ans? Quelle<br />

que soit l’adversité des nations, les polémiques et les<br />

attaques <strong>au</strong>xquelles il a encore à faire face <strong>au</strong>jourd’hui, qui<br />

peut contester que le sionisme <strong>au</strong>ra réussi, en l’espace de<br />

quelques décennies, à transformer de fond en comble<br />

l’histoire et la géographie du peuple juif. Il sera parvenu à<br />

ressusciter un peuple et une promesse de nation qui, <strong>au</strong><br />

lendemain de la guerre, étaient en perdition. Sortis de la<br />

guerre, nous avions six millions d’épines dans nos cœurs et<br />

notre âme – collective et individuelle - était totalement<br />

déchiquetée. Les leaders du sionisme, ses théoriciens et ses<br />

amants, en leurs diversités, ont fait flèche de tout bois. Il<br />

fallait ramener les exilés des différents lieux de leur<br />

diaspora, les nourrir et les loger, en faire des constructeurs<br />

et donner sens à leur nouvelle vie. Bâtir une nation. En<br />

même temps, il ne fallait pas relâcher l’effort de sécurité,<br />

l’adapter constamment <strong>au</strong>x plans de destruction ourdis par<br />

les ennemis du nouvel Etat. Israël a décolonisé l’être juif. Et<br />

le sionisme s’est inscrit dans la mappemonde géopolitique<br />

56 mars 2008 LVS<br />

- malgré les oppositions et les pièges des uns et des <strong>au</strong>tres<br />

– comme l’un plus puissants mouvements de libération du<br />

vingtième siècle.<br />

Mais par-dessus tout, le sionisme a ressuscité l’hébreu qui<br />

n’était jusque là que la langue du sacré et de la liturgie et<br />

en a fait – expérience unique dans l’histoire des langues et<br />

des peuples - un idiome moderne qui est <strong>au</strong>jourd’hui <strong>au</strong><br />

service de toutes les technologies, de toutes les sciences et<br />

de toutes les modernités. Voir des dizaines d’écrivains<br />

israéliens <strong>au</strong>jourd’hui traduits en français et invités <strong>au</strong><br />

Salon du livre à Paris est une des joies qui, en vérité,<br />

mériterait le traditionnel « cheheheyanou » que les juifs de<br />

la tradition disent en des circonstances peut-être moins<br />

solennelles.<br />

Soixante ans après, le sionisme a-t-il donc réussi ? La<br />

croissance économique est <strong>au</strong> rendez-vous ; une<br />

démocratie brouillonne, turbulente mais exigeante ; une<br />

société ouverte à tous les vents de la modernité ; des<br />

millions de réfugiés ont été intégrés, un cinéma et une<br />

littérature en plein essor : qui dit mieux ? Sans doute<br />

Gershom Scholem a-t-il eu raison d’écrire qu’il y a dans le<br />

sionisme des dimensions mystiques – oui mystiques – qui<br />

n’ont pas toutes été découvertes. En tout cas, peut-être<br />

peut-on <strong>au</strong> moins convenir, avec Martin Buber cette fois-ci,<br />

que « le sionisme n’a pas échoué ».<br />

Pourquoi être inquiet alors, <strong>au</strong> moment même de la<br />

célébration de ce soixantième anniversaire ? Non, ce ne<br />

sont ni les menaces du Hamas ni celles du Hezbollah qui<br />

nourrissent en profondeur ces inquiétudes. Ce ne sont pas<br />

même les rodomontades des ayatollah de Téhéran et leurs<br />

menaces nucléaires quotidiennes qui inspirent <strong>au</strong> signataire<br />

angoisses et interrogations. Encore qu’il serait sans doute<br />

irresponsable de totalement les ignorer, de passer son<br />

chemin et de faire comme si elles n’existaient pas. Ce qui,<br />

jour après jour, conduit l’observateur à un relatif<br />

pessimisme et à des questions <strong>au</strong>jourd’hui sans réponse ce<br />

sont les ombres et les faiblesses, les difficultés et les<br />

pesanteurs de la société israélienne. Les relations entre les<br />

uns et les <strong>au</strong>tres – religieux et laïcs, séfarades et<br />

ashkénazes, riches et p<strong>au</strong>vres, bref Jérusalem et Tel Aviv -<br />

n’ont jamais été <strong>au</strong>ssi tendues. Il arrive que la lecture<br />

quotidienne de la presse israélienne inspire anxiété,<br />

pessimisme et inquiétude. Aux déclarations excessives des


uns correspondent les prises de position fanatiques des<br />

<strong>au</strong>tres. Il y a, qu’on le veuille ou non, deux extrémismes (<br />

deux intégrismes ) qui se nourrissent l’un l’<strong>au</strong>tre : le laïc<br />

et le religieux. Ainsi deux écrivains – et des plus connus –<br />

viennent l’un et l’<strong>au</strong>tre de s’en prendre sans nuance <strong>au</strong><br />

judaïsme de la tradition. Disons d’abord qu’on peut admirer<br />

les œuvres de M.Amos Oz et de M.Yehoshua sans être<br />

obligé de partager tous leurs points de vue quand,<br />

d’aventure, ils abandonnent le domaine de la fiction pour<br />

s’aventurer dans celui des opinions politiques, culturelles et<br />

a fortiori religieuses.<br />

M.Yehoshua a pris l’habitude depuis quelques années de<br />

considérer les juifs vivant en diaspora comme « des juifs<br />

partiels ». Sans doute n’a-t-il pas tort de penser (et de le<br />

dire) que les juifs d’Israël, en raison même de leur<br />

éducation, de leurs combats quotidiens, des sacrifices qu’ils<br />

consentent et de la culture hébraïque <strong>au</strong> sein de laquelle ils<br />

vivent, assument <strong>au</strong>jourd’hui plus que d’<strong>au</strong>tres toutes les<br />

composantes du destin juif. Mais cela <strong>au</strong>torise-t-il l’écrivain<br />

de parler de juifs complets et de demi- juifs ?<br />

M.Amos Oz va encore plus loin que son distingué collègue.<br />

Dans une récente déclaration qu’il a faite <strong>au</strong> cours d’un<br />

colloque consacré <strong>au</strong> judaïsme laïc, il dit que « le judaïsme<br />

orthodoxe s’est gelé sur place dans l’Europe froide ». Il<br />

ajoute que « la culture juive est passée <strong>au</strong> 21 ème siècle du<br />

monde orthodoxe à celui des laïcs ». M.Oz nous oblige donc<br />

à choisir entre l’une ou l’<strong>au</strong>tre : soit le passé soit l’avenir.<br />

Ou bien on choisit le Talmud, le Midrash, la Kabbale et le<br />

hassidisme ou bien on ne s’intéresse qu’<strong>au</strong>x nouve<strong>au</strong>x<br />

écrivains israéliens qui ont<br />

VEUT-ON DIRE QUE inscrit en pertes et profits<br />

TOUT LE PASSÉ EST À toute l’histoire culturelle<br />

passée du peuple juif ?<br />

ÉLIMINER ? N’Y A –T-IL<br />

Veut-on dire que tout le<br />

VRAIMENT RIEN À Y passé est à éliminer ? N’y a<br />

SAUVER ? FAUT-IL –t-il vraiment rien à y<br />

s<strong>au</strong>ver ? F<strong>au</strong>t-il échanger<br />

ÉCHANGER UN<br />

un Maïmonide et un rabbi<br />

MAÏMONIDE ET UN Akiva contre un Appelfeld<br />

RABBI AKIVA CONTRE et un Grossman ? A en<br />

UN APPELFELD ET UN croire nos deux <strong>au</strong>teurs, il<br />

f<strong>au</strong>drait se résigner à jeter<br />

GROSSMAN ?<br />

<strong>au</strong>x oubliettes cinquante<br />

siècles de productions intellectuelles et d’effervescences<br />

religieuses pour ne saluer<br />

désormais que les <strong>au</strong>teurs<br />

laïcs de l’Israël moderne.<br />

Nos deux <strong>au</strong>teurs répètent<br />

à l’envi que l’Etat d’Israël<br />

doit aspirer à la « normalité<br />

» mais ils ne répondent<br />

rien quand on leur fait<br />

observer que, dans ce cas,<br />

les jeunes préféreront<br />

toujours l’original à une<br />

pâle copie de Los Angeles<br />

ou de Montréal.<br />

M.YEHOSHUA A PRIS<br />

L’HABITUDE DEPUIS<br />

QUELQUES ANNÉES DE<br />

CONSIDÉRER LES JUIFS<br />

VIVANT EN DIASPORA<br />

COMME « DES JUIFS<br />

PARTIELS ».<br />

De l’<strong>au</strong>tre côté de l’échiquier religieux, les choses ne sont<br />

guère plus réjouissantes. Un rabbin israélien vient de<br />

déclarer que la Shoah n’a existé que parce que les juifs<br />

s’étaient éloignés de la pratique religieuse ; un second que<br />

les tremblements de terre sont la conséquence de<br />

l’existence chez les juifs d’un certain nombre<br />

d’homosexuels ; un troisième encore, s’inspirant sans doute<br />

d’on ne sait quel ayatollah de Téhéran, que ceux des<br />

Israéliens qui voteraient pour tel parti iraient <strong>au</strong><br />

paradis…Des rabbins qui savent toujours ce que veut Dieu<br />

et ce qu’il va faire, comme s’ils étaient en contact<br />

permanent avec l’administration du ciel. Et <strong>au</strong> lieu de traiter<br />

des grands problèmes qui se posent <strong>au</strong>x juifs pratiquants<br />

dans le monde moderne, une sommité rabbinique préfère<br />

consacrer sa réflexion halakhique <strong>au</strong> fait de savoir si on a<br />

le droit de s’arracher les poils du nez un jour de<br />

shabbat…Je pense souvent à la formule de l’un de nos plus<br />

éminents penseurs, Isaiah Berlin parce qu’elle constitue un<br />

chant contre l’intolérance : « Peu de choses – écrivait-il –<br />

ont engendré davantage de malheurs que la conviction<br />

d’individus ou de groupes…d’être les seuls dépositaires de<br />

la vérité. C’est une terrible et dangereuse arrogance que de<br />

croire que vous êtes le seul à avoir raison : vous avez un<br />

œil magique qui voit la vérité et les <strong>au</strong>tres ne peuvent donc<br />

avoir raison s’ils sont en désaccord avec vous »<br />

Quel Etat d’Israël veut-on ? Comment réconcilier le passé et<br />

l’avenir ? Etre israélien sans cesser d’être juif ?<br />

Israël est jeune : soixante ans, c’est l’âge d’un homme. Mais<br />

son existence doit être conditionnée par le double héritage<br />

de notre histoire plurimillénaire et des nécessités de la<br />

modernité. Israël est le laboratoire où se façonne le<br />

judaïsme de demain.<br />

La question est : quel Israël allons-nous transmettre <strong>au</strong>x<br />

nouvelles générations ? Et à cette question, le sionisme n’a<br />

pas encore répondu.<br />

Victor Malka<br />

Rédacteur en chef à l’Information juive<br />

LVS mars 2008 57<br />

Point de vue


Point de vue<br />

Rencontres avec des<br />

écrivains israéliens<br />

Naïm Kattan en compagnie de l’écrivain Aharon Appelfeld.<br />

Au cours des années, j’ai eu la chance de connaître<br />

personnellement de nombreux écrivains israéliens. L’an dernier<br />

l’Association des écrivains israéliens a convié à Jérusalem et réuni<br />

pour la première fois des écrivains de nombreux pays ainsi que des<br />

écrivains israéliens qui se considéraient comme juifs <strong>au</strong> même titre<br />

que les <strong>au</strong>tres. Je voudrais ici parler de trois écrivains israéliens.<br />

D’abord Aharon Appelfeld . Un homme admirable de chaleur et<br />

de ferveur. Son œuvre le situe <strong>au</strong> cœur de la littérature universelle<br />

et il s’adresse <strong>au</strong> monde comme écrivain juif et israélien. Je<br />

souhaite faire état de deux de ses livres parus récemment en<br />

français : Histoire d’une vie et L’amour, soudain. Né en 1932 à<br />

Czernovitz en Bucovine, région des Carpates partagée entre<br />

l’Ukraine et la Roumanie, Appelfeld a connu, enfant, toutes les<br />

horreurs que les juifs ont subi pendant la guerre dans ce territoire.<br />

Sa mère fut assassinée par les nazis et son père est mort en<br />

déportation. A dix ans, il se trouvait totalement seul, cerné et<br />

pourchassé par les nazis allemands et leurs acolytes ukrainiens.<br />

Cachant son identité, il a vécu dans la forêt se nourrissant de<br />

plantes et de fruits s<strong>au</strong>vages et a travaillé pour des paysans. A la<br />

fin de la guerre, il a quitté le camp de réfugiés où il fut recueilli<br />

pour se rendre en Israël où il vit <strong>au</strong>jourd’hui.<br />

En Israël, il fréquente l’écrivain Agnon, lui <strong>au</strong>ssi originaire de<br />

Bucovine et il a alors l’occasion de parler le yiddish la langue de<br />

ses grands parents et l’allemand, celle de se parents et cela le<br />

réconcilie avec son passé.<br />

Dans L’amour, soudain (Editions de l’Olivier) un homme de<br />

soixante-dix ans, accablé par la solitude, puis frappé par la<br />

maladie, accueille l’amour d’une femme de trente ans qui l’entoure<br />

et le soigne en silence. Elle l’arrache à l’oubli, à la culpabilité et à<br />

l’interdit, d’une enfance trahie et qui remonte à la surface. Jeune<br />

adolescent, il avait rejoint les communistes, rejetant ses parents et<br />

la religion de ses ancêtres. A l’approche de la mort, l’amour d’une<br />

femme fait resurgir la mémoire de ses grands parents, de ses<br />

parents, des champs et des arbres de son enfance. Il s’efforce de<br />

rejoindre les sources qu’il avait désertées, trahies et réussit à en<br />

inscrire des bribes. Grâce à l’amour, cet écrivain qui n’avait presque<br />

jamais publié ses textes revit ce qui, <strong>au</strong> fond de lui, est le plus<br />

profond et le plus vrai. C’est l’amour qui lui révèle l’éclat des mots<br />

transmis de génération en génération.<br />

Dans ces deux be<strong>au</strong>x livres, Appelfeld nous fait vivement sentir la<br />

résonance d’une mémoire lointaine et vibrante.<br />

58 mars 2008 LVS<br />

Cela fait plus de trente ans que j’ai eu le plaisir de connaître Haïm<br />

Gouri. Nous nous sommes vus à Montréal où il fut l’invité de la<br />

Rencontre québécoise internationale des écrivains et ensuite à<br />

Jérusalem. Poète parmi les plus importants en Israël, Gouri est<br />

également essayiste et journaliste. Il a assisté <strong>au</strong> procès Eichmann<br />

à Jérusalem et en a décrit le déroulement et les péripéties dans un<br />

ouvrage saisissant : La cage de verre. Son seul roman L’Affaire<br />

chocolat, écrit il y a plus de tente ans, fut récemment réédité en<br />

Israël.<br />

Deux hommes, Robi et Mordi se rencontrent à la gare d’une ville<br />

en ruine, de l’Est de l’Europe. Ils sont des Juifs rescapés des camps<br />

de la mort qui s’étaient connus <strong>au</strong>paravant. Ils couchent à la cave<br />

d’un couvent et leur seul repas est celui que leur dispense la soupe<br />

populaire. Ce sont des ombres et, dans leur esprit, la réalité se<br />

confond avec le rêve et les morts avec les vivants. La mémoire est<br />

trop lourde à supporter et <strong>au</strong>cun mot n’indique l’existence des<br />

camps, ne fait mention de l’horreur. Robi recherche une famille<br />

disparue et rêve de fortune,de luxe et de jours heureux alors que<br />

Mordi, prostré, se laisse aller à la mort.<br />

Robi se présente à un docteur Hoffmann dont on devine le passé<br />

criminel et lui propose une affaire qui les doterait l’un et l’<strong>au</strong>tre<br />

d’une fabuleuse fortune. Ce serait sa victoire sur le passé. Les<br />

Américains libérateurs ont apporté une grande quantité de<br />

chocolats. Il s’agirait de répandre la rumeur que ces chocolats<br />

contiennent une matière apaisante qui anéantit la pulsion et<br />

l’énergie sexuelles. Les gens s’en débarrasseraient et Robi et<br />

Hoffmann achèteraient à vil prix ce matériel menaçant et<br />

annonceraient ensuite qu’il s’agissait d’un mensonge. Le prix du<br />

chocolat grimperait et la victime et le bourre<strong>au</strong> feraient fortune.<br />

Tous deux sont alliés dans leur besoin d’oublier le crime et la<br />

catastrophe.<br />

Gouri ne fait pas explicitement mention de la Shoah. Nulle trace de<br />

plainte et encore moins de ressentiment. Sans décrire les années<br />

d’horreur, Gouri nous en fait sentir le poids. Ses deux morts vivants<br />

arrachent à l’indicible les mots d’enfer.<br />

Je voudrais enfin évoquer l’amitié qui me lie à A.B. Yehoshoua. Lui<br />

<strong>au</strong>ssi fut jadis un invité de la Rencontre québécoise internationale<br />

des écrivains. Il y a quelques semaines je l’ai revu à Paris à<br />

l’occasion de la sortie de son dernier roman. Son principal intérêt<br />

est la peinture des rapports humains. Par ailleurs Yohoshoua est un<br />

polémiste et comme de nombreux <strong>au</strong>tres écrivains israéliens, il se<br />

situe à g<strong>au</strong>che. Il provoque des controverses par son attitude<br />

envers les juifs de la diaspora. Il a émis ses opinions <strong>au</strong>ssi bien à<br />

Montréal et New York qu’à Londres et Paris. D’après lui seuls les<br />

juifs israéliens sont des juifs entiers. « C’est en Israël que je paie mes<br />

impôts, que je fais mon service militaire, que je choisis mes<br />

représentants parlementaires. Vous, Français n’êtes qu’à moitié<br />

juifs». Il affirme qu’il ne critique pas ni ne condamne mais, tout<br />

simplement, constate. Il le dit avec le sourire comme si cela<br />

l’amuse. Il y a trois ans, encore à Paris, s’adressant à un <strong>au</strong>ditoire<br />

juif, il avait lancé :» Nous n’avons pas besoin des juifs de la<br />

diaspora». Ce qui peut sembler paradoxal c’est que Yehoshousa<br />

n’est pas poussé par l’orgueil et encore moins par la vantardise. Ses<br />

prises de positions sont contestées en Israël. Cela ne lui déplait pas<br />

car, vivant <strong>au</strong> sein d’une démocratie vivante, el en profite. Il<br />

accepte la contradiction.<br />

Naïm Kattan


PESSAH la longue veillée du dialogue<br />

Ce soir-là, l’histoire des générations d’Israël s’écrit. Chacun,<br />

à là table du Séder, rapporte à l’<strong>au</strong>tre ce qui lui fut transmis.<br />

Ce n’est pas le moindre paradoxe du Séder, la veillée ou les<br />

veillées de Pessah, de signifier ordre cérémonial et de s’opposer<br />

<strong>au</strong>x articles élémentaires de l’étiquette . Si d’aventure, sans qu’on<br />

le lui ait imposé, votre enfant faisait silence à la table du Séder,<br />

prêt à laisser les adultes converser<br />

doctement sur la sortie d’Égypte, thème<br />

essentiel de de la soirée, il vous f<strong>au</strong>drait ,<br />

enjoint la Haggada, ce manuel du savoir –<br />

vivre de la veillée de Pessah, tout<br />

entreprendre pour l’inciter à s’exprimer ,<br />

de manière , à vous poser , toujours et<br />

encore , l’exaspérant c’est quoi?<br />

Alors, le Séder , c’est quoi? La fête des<br />

enfants? Pas exactement. Celle des adultes?<br />

pas non plus vraiment. C’est la grande réunion<br />

des adultes et des enfants, c’est la<br />

longue nuit du dialogue qui va se<br />

poursuivre, comme hier de Pessah à Pessah, pour écrire<br />

l’histoire des générations d’Israël. C’est dire avant d’en revenir à<br />

l’essentiel, que le Séder n’est en <strong>au</strong>cune façon une assemblée de<br />

prières <strong>au</strong> cours de laquelle le récitant lit un texte que<br />

l’assistance comprend peu, prou, ou pas du tout en attendant<br />

que le repas soit servi. Et ce n’est guère non plus une grande<br />

bouffe, quel que puisse être le plaisir de retrouver à l’issue de<br />

la première partie de la Haggada, le fumet des plats propres à<br />

la fête.<br />

Non, l’essentiel c’est le dialogue. Alors <strong>au</strong> besoin servez-vous<br />

de la Haggada seulement comme canevas, et pour les courts<br />

passages qui constituent le rituel (Kidouch, bénédictions…) et<br />

faites le Séder en français. Parlez de Mosché, de sa rencontre<br />

avec les hébreux ses frères et avec Dieu <strong>au</strong> buisson ardent, de<br />

la sortie d’Égypte, des esclaves et de la liberté, de l’Histoire<br />

juive d’hier( notamment de la révolte du ghetto de Varsovie qui<br />

commença le soir de Pessah) et de demain alors que notre<br />

génération a ce privilège , refusé à nos pères pendant vingt<br />

siècles, de pouvoir imiter la conduite des premiers hébreux <strong>au</strong><br />

premier Pessah de l’histoire, quand ils prirent le chemin qui<br />

mène à la terre promise.<br />

Il suffit de parcourir le texte de la Haggada en hébreu, ou dans<br />

l’une des traductions françaises aisément disponibles, pour<br />

découvrir l’importance que les rabbins attachaient <strong>au</strong> dialogue<br />

entre les parents et les enfants.. Ces maîtres de l’antiquité étaient<br />

doués d’un sens pédagogique surprenant. Ils insistaient pour<br />

que les enfants interrogent, qu’on ne se contente pas de leur<br />

soumettre une question afin de donner l’occasion <strong>au</strong>x adultes<br />

d’y répondre. L’ordre suivi pendant la veillée, les objets<br />

disposés sur le plat du Séder ont pour but principal d’éveiller<br />

l’attention et la curiosité des enfants, alors que Pessah, bien<br />

davantage qu’une <strong>au</strong>tre fête ou célébration d’un anniversaire<br />

historique, traduit le rôle essentiel de la mémoire collective<br />

d’Israël, depuis que Dieu intervint dans l’histoire des hommes.<br />

Grâce <strong>au</strong> dialogue des parents-enfants, chaque génération<br />

rapporte à l’<strong>au</strong>tre, depuis lors, par la chaîne interrompue de la<br />

mémoire engagée, le témoignage qui lui fut transmis par le père<br />

et le grand-père à la table du Séder. Au<br />

demeurant, c’est un exercice permanent<br />

qui ne nous occupe pas seulement à<br />

Pessah.<br />

La première instruction du Chéma, ce<br />

crédo du peuple juif après le manifeste de<br />

l’unité de Dieu et l’injonction de prendre<br />

à coeur , est ainsi formulée : Tu<br />

l’enseigneras à ton enfant et tu<br />

t’entretiendras des propos de la Torah.<br />

Pessah n’était que le début de ce<br />

processus –que nous formalisons chaque<br />

année <strong>au</strong> cours de la veillée anniversairedu<br />

dialogue permanent chargé <strong>au</strong>ssi bien d’ouvrir le cœur et<br />

l’intelligence des enfants à l’enseignement des parents et de<br />

l’histoire, que de permettre <strong>au</strong>x parents de découvrir, grâce <strong>au</strong>x<br />

propos de l’enfant, cet espace commun ou les générations sont<br />

conviées à s’unir pour en écrire la suite.<br />

Et en lisant dans le Livre le dernier message du dernier<br />

prophète biblique, Malachie, lequel annonçait le tournant d’une<br />

histoire ou Dieu confiait désormais <strong>au</strong>x hommes la<br />

responsabilité de leur planète, on s’étonnera à peine de<br />

découvrir cette assurance, pour le cas ou ils seraient incapable<br />

de prendre en main leur destin : Voici, dit-il à Israël, je vous<br />

enverrai Élie le prophète , avant que n’arrive Le Jour grand et<br />

redoutable . Il ramènera le cœur des parents à leurs enfants et le<br />

cœur des enfants à leurs parents…<br />

ALORS AU BESOIN SERVEZ-<br />

VOUS DE LA HAGGADA<br />

SEULEMENT COMME CANEVAS,<br />

ET POUR LES COURTS<br />

PASSAGES QUI CONSTITUENT<br />

LE RITUEL (KIDOUCH,<br />

BÉNÉDICTIONS…) ET FAITES<br />

LE SÉDER EN FRANÇAIS.<br />

Yehouda Vardi<br />

NB : Ce texte a été reproduit avec l’aimable <strong>au</strong>torisation de la<br />

direction du magazine l’Arche, le mensuel du judaïsme français<br />

LVS mars 2008 59<br />

Point de vue


Photo: Jean-François Leblanc, Agence Stock Photo<br />

Culture ARTISTE PEINTRE<br />

60 mars 2008 LVS<br />

Court entretien<br />

Esther Trépanier<br />

<strong>au</strong>teur de l’ouvrage<br />

LVS : Avez-vous remarque une<br />

différence entre l`art juif séfarade<br />

et ashkénaze?<br />

Esther Trépanier : Il n`existe pas, en<br />

fait, de grande différence entre les<br />

artistes ashkénazes et les artistes<br />

séfarades de Montréal. La plupart<br />

d`entre eux ne sont pas définis par<br />

leur religion, et ne se rangent pas dans<br />

des cadres religieux, par exemple le<br />

fait qu`il soit impossible de<br />

représenter Dieu dans les synagogues<br />

ou les mosquées.<br />

LVS : Ces artistes étaient-ils<br />

religieux?<br />

ET : La plupart des artistes Juifs dont il<br />

est question se qualifieraient plutôt de<br />

laïcs, ils disent avoir une spiritualité<br />

plutôt large…Ce qui les distingue<br />

particulièrement, c`est leur intérêt<br />

élargi pour la condition humaine. Ce<br />

n`est pas un intérêt qui leur est<br />

exclusif, mais ils sont particulièrement<br />

marqués par ça.<br />

LVS : Qu`est-ce qui unit donc ces<br />

artistes Juifs?<br />

ET : Ce qu`ils ont en commun,<br />

surtout, ce sont des caractéristiques<br />

des années 30, d`artistes modernes<br />

figuratifs qui sont en lien avec leur<br />

milieu, ici, Montréal. Ces artistes ont<br />

en commun la ville, et sont davantage<br />

influencés par cet élément de leur vie.


Avec l’aimable <strong>au</strong>torisation du magazine Information Juive (Paris).<br />

idées<br />

Livres<br />

LA BOMBE IRANIENNE<br />

D'ici à quelques mois.<br />

l'Iran détiendra l'arme atomique.<br />

Il menacera Israël, qu'il dit<br />

vouloir " rayer de la carte ", et<br />

sans doute <strong>au</strong>ssi d'<strong>au</strong>tres pays<br />

voisins. Dès lors, comment ne<br />

pas craindre une " shoah<br />

nucléaire " perpétrée par un pays<br />

dont le président nie le génocide<br />

nazi ? Et comment croire que la<br />

pression internationale suffira à<br />

calmer l'ardeur guerrière des<br />

pasdarans ? Vaste enquête sur ce<br />

bouleversement géostratégique<br />

majeur, ce livre raconte en détail la<br />

façon dont la République islamique s'équipe de l'arme nucléaire, mais<br />

<strong>au</strong>ssi par quels moyens l'État hébreu entend faire face à la menace.<br />

De Téhéran à Jérusalem, d'Istanbul à Gaza, de Bagdad à Riyad en<br />

passant par Washington et Paris, cette enquête nous fait découvrir les<br />

princip<strong>au</strong>x protagonistes, militaires, politiques et religieux de ce dossier<br />

particulièrement inquiétant. Elle met en perspective les événements<br />

majeurs qui déchirent <strong>au</strong>jourd'hui le Proche-Orient, dessinant pour les<br />

crises à venir une toile de fond teintée d'apocalypse.<br />

Elle éclaire la crise internationale qui se noue sous nos yeux.<br />

COUP DE PROJECTEUR PATRICK ANIDJAR<br />

Patrick Anidjar dirige le bure<strong>au</strong> de l’Agence France Presse à<br />

Jérusalem après avoir été en poste en Europe et <strong>au</strong>x Etats-<br />

Unis. Il vient de publier <strong>au</strong>x éditions du seuil La bombe<br />

iranienne, un ouvrage qui est d’abord une vaste enquête sur le<br />

bouleversement géo-stratégique majeur que constitue<br />

l’appropriation par l’Iran de l’arme nucléaire. L’enquête<br />

d’Anidjar analyse les protagonistes et les possibles évolutions<br />

de ce dossier particulièrement inquiétant.<br />

IJ : Dès le début de votre enquête vous envisagez le scénario<br />

catastrophe redouté par l’état-major israélien. Le croyez-vous<br />

possible?<br />

P A : bien sûr, nous savons depuis longtemps que tout est possible dans<br />

cette région h<strong>au</strong>te. en couleurs Cependant, dans ce cas précis. Je crois<br />

qu’il est bon de raison garder. Il est du rôle d’un État-major, surtout<br />

celui de l’armée israélienne, décrié dans un passé récent dans le<br />

contexte libanais de se préparer <strong>au</strong> pire. Ce qu’il fait . Mais cela ne<br />

signifie pas que le scénario va se concrétiser.<br />

IJ : Vous semblez penser qu’on prend Ahmadinejad à la légère<br />

en le considérant comme un pion manipulé par les régime des<br />

mollahs ?<br />

P A : Un président iranien est toujours manipulé par les mollahs. C’est<br />

une règle depuis le retour en Iran de l’Ayatollah Khomeiny. Mais à la<br />

différence de ses prédécesseurs, Ahmadinejad est ouvertement porté<br />

par l’énorme machine des Gardiens de la révolution, les fameux<br />

Pasdaran, qui le soutiennent à tous les nive<strong>au</strong>x du pouvoir et qui ont,<br />

entre <strong>au</strong>tres, la responsabilité du programme nucléaire de leur pays. Ce<br />

sont eux qui lui confèrent la force politique nécessaire, ils l’ont aidé à<br />

se faire élire en 2005, ils sont <strong>au</strong>jourd’hui derrière la répression des<br />

manifestations étudiantes. Ils l’<strong>au</strong>torisent à faire preuve d’une telle<br />

agressivité à l’égard des États-Unis et d’Israël<br />

IJ : On est stupéfait d’apprendre en vous lisant qu’à ce jour<br />

l’Iran ne figure pas dans la liste des États qu’Israel considère<br />

comme hostiles. Comment expliquez-vous ce fait ?<br />

PA : J’ai moi-même posé la question à des responsables israéliens. Il y a<br />

l’aspect négligence. Nous n’avions pas pensé…. Cela laisse<br />

rêveur…..Nous avions d’<strong>au</strong>tres soucis en tête.. m’a-t-on répondu, tout<br />

<strong>au</strong>ssi gentiment. Et puis a surgi l’histoire de ces israéliens nées en Iran<br />

qui retournent régulièrement dans leur pays natal pour rendre visite à<br />

leurs proches. Et avec ces visites sont apparues les craintes que certains<br />

de ces juifs ne soient contactés par les services de renseignements<br />

iraniens et ne deviennent des espions à la solde de Téhéran. Il y a en<br />

déjà eu quelques cas . Et puis il y a <strong>au</strong>ssi l’Histoire. Les relations entre<br />

les deux pays étaient extrêmement proches avant la révolution<br />

islamique. Quelque part , les Israéliens espérent toujours qu’elles se<br />

rétabliront un jour.<br />

Extraits de l’entrevue publiée dans Information Juive de Février 20008.<br />

LVS mars 2008 61<br />

Culture IDÉES LIVRES


Culture IDÉES LIVRES<br />

LA LITTÉRATURE<br />

ISRAÉLIENNE<br />

à l’honneur à la Foire du Livre<br />

de Turin et <strong>au</strong> Salon du Livre de Paris<br />

62 mars 2008 LVS<br />

PERSONNE NE M'AURAIT CRU, ALORS JE ME SUIS TU<br />

Personne ne m'<strong>au</strong>rait cru, alors je me suis tu retrace les pas qu'a franchi involontairement<br />

Sam Br<strong>au</strong>n, jeune français Juif durant la seconde guerre mondiale. En forme de discussion<br />

/entrevue entre un journaliste et un survivant de l'Holoc<strong>au</strong>ste, le livre retrace la cassure<br />

nette entre la vie relativement paisible d'une famille juive française et l'enfer vécu sous le<br />

joug du règne des SS. Particulièrement émouvant grâce <strong>au</strong> pacifisme infaillible de Sam<br />

Br<strong>au</strong>n, le livre est une ode <strong>au</strong> pacifisme, à l'humanisme, et un testament qui tente de<br />

transmettre par la parole ou par l'écrit la culture de la mémoire, pour que ce qui s'est<br />

produit dans le passé n'ait plus lieu dans le futur. Après quarante ans de silence, Sam<br />

Br<strong>au</strong>n s`exprime finalement sur le supplice que sa famille et lui ont vécu, et qui reste<br />

toujours d`une étonnante actualité.<br />

Extrait : Le passeur de mémoire est celui qui poursuit le «travail de mémoire», la réflexion sur<br />

l`homme après Auschwitz. Il doit transmettre sa foi en l`homme et en sa perfectibilité.<br />

Transmettre <strong>au</strong>ssi le respect de l`<strong>au</strong>tre et pas uniquement l`amour de l`<strong>au</strong>tre.<br />

Qui étaient les justes, appelés maintenant «Juste d`entre les Nations»? Des êtres humains qui se<br />

sont tout simplement comportés comme des êtres humains en traitant les Juifs comme des<br />

hommes a part entières, comme des humains parmi les <strong>au</strong>tres humains.<br />

Sam Br<strong>au</strong>n, entretien avec Stephane Guinoise<strong>au</strong>, Personne ne m`<strong>au</strong>rait cru, alors je me<br />

suis tu. Aux Editions Albin Michel, 2008, 263 pages.<br />

La Foire du Livre de Turin (8 <strong>au</strong> 12 mai<br />

2008) et le Salon du Livre de Paris (14 <strong>au</strong><br />

18 mars 2008), ont choisi de célébrer<br />

Israël puisque cela correspond <strong>au</strong>x<br />

soixante ans de la création de cet Etat.<br />

Les appels <strong>au</strong> boycott sont nombreux<br />

.Pierre Assouline réagit dans son blog <strong>au</strong>x<br />

propos tenus par Tarik Ramadan et même<br />

si le poète israélien Aaron Shabtaï affirme<br />

qu’il ne se joindra pas à la délégation de<br />

son pays, Serge Eyrolles, l’organisateur du<br />

Salon, invite trente neufs <strong>au</strong>teurs de fiction<br />

, privilégiant les écrivains de langue<br />

hébraïque traduits et publiés en français et<br />

qui vivent en Israël.<br />

<br />

De fait, ces trente neuf écrivains israéliens<br />

, issus de toutes générations, d’Aharon<br />

Appelfeld à Etgar Keret, sans oublier<br />

quelques grandes figures comme Amos<br />

Oz,David Grosman ou Avraham B.<br />

Yehoshua , seront présents Porte de<br />

Versailles du 14 <strong>au</strong> 19 mars.<br />

Joseph Elfassi<br />

Le 13, l’in<strong>au</strong>guration <strong>au</strong>ra lieu en présence<br />

du Président Nicolas Sarkozy et de son<br />

homologue israélien Shimon Pérès.<br />

Finalement, le L<strong>au</strong>réat du prix francoisraélien<br />

« Raymond Wallier » 2008 est<br />

Eshkol Nevo pour son roman « Quatre<br />

maisons et un exil », kaléidoscope narratif<br />

de destins croisés.<br />

Cette histoire, parue <strong>au</strong>x éditions<br />

Gallimard en juin 2008 décrit un pays<br />

traversé par des failles de plus en plus<br />

profondes.<br />

Mais il dessine <strong>au</strong>ssi une société où l’espoir<br />

et les rêves sont omniprésents dans le<br />

quotidien et où tout reste à faire.<br />

L’<strong>au</strong>teur, né à Jérusalem en 1971 , a passé<br />

son enfance à Détroit et dans plusieurs<br />

villes israéliennes. Son premier roman est<br />

resté sur les listes des meilleures ventes<br />

pendant de longs mois en Israël et sera<br />

publié dans la plupart des pays européens.<br />

Nelly Roffé


Yoav : un nom, un son, un be<strong>au</strong> visage. Né en Israël mais ayant<br />

grandi en Afrique du Sud et <strong>au</strong>jourd’hui résident de Londres, Yoav<br />

est un artiste inclassifiable. Auteur-compositeur-interprète, son<br />

talent est incontesté, plusieurs crient déjà <strong>au</strong> génie mais ce n’est<br />

que depuis quelques mois que l’on entend parler de lui partout.<br />

Celui qui n’était que l’artiste invité à assurer la première partie des<br />

spectacles de Tori Amos l’an dernier, s’est taillé une place <strong>au</strong> sein<br />

du petit groupe d’artistes cools indépendants pop-folk dont on<br />

parle constamment et dont on n’a jamais assez. Certains le<br />

comparent à Radiohead ou à Jack Johnson, le son de sa guitare<br />

s’apparente à celui des premiers jours de U2 ou d’INXS et même<br />

de Ravi Shankar mais l’artiste dit de lui-même que son style est un<br />

croisement entre Beck, Bjork et Jeff Buckley. Et si seulement on<br />

disait que sa musique est unique et que c’est pour cela qu’elle<br />

fascine?<br />

Le cheminement de Yoav est à l’image de sa musique : atypique.<br />

C’est l’histoire d’un enfant né de parents juifs, en Israël, d’un père<br />

Israélien, mais parti à l’âge d’un an à Cape Town, ville natale de sa<br />

mère, et qui ne parle pas l’hébreu (toute sa famille le parle s<strong>au</strong>f<br />

lui). Celui à qui l’on avait interdit d’écouter de la musique pop –<br />

son père rêvait qu’il devienne un pianiste classique - a lentement<br />

mais sûrement frayé son chemin, pour se retrouver à New York<br />

dans les années 90 et y tenter sa chance. Une guitare acoustique à<br />

la main, il a débuté sa carrière en fréquentant les milieux branchés<br />

des boîtes de nuit new-yorkaises. C’est de là qu’est venue l’idée de<br />

marier une infinité d’influences sonores pour traduire le dance<br />

music en musique pour guitare. Trouvaille ou long fruit d’un<br />

amour particulier pour la guitare, le résultat se décline en 11<br />

chansons sur son album «Charmed and Strange» sorti en Amérique<br />

du Nord le 4 mars.<br />

Fraîchement débarqué à Montréal un soir de tempête, le 5 mars<br />

exactement, <strong>au</strong> Cabaret Juste pour Rire, devant une salle comble,<br />

Yoav séduit facilement la foule. Sur scène, son style est surprenant<br />

: les sonorités de batteries et de synthétiseurs sont mystérieusement<br />

générées pas sa guitare acoustique qu’il utilise <strong>au</strong>ssi telles des<br />

percussions. Parfois même, il frappe l’instrument et chante dans sa<br />

caisse de résonance. «Je mixe avec ma guitare comme si c’était une<br />

platine» dit-il simplement, lui qui n’est pas DJ mais qui incorpore<br />

des éléments de hip hop, de musique électronique et de drum n’<br />

bass pour inventer son propre style musical.<br />

En plus d’être le tombeur de ces dames, l’Israélien de 30 ans a une<br />

présence sur scène étonnante. Entre sa voix sensuelle et<br />

mélancolique qui atteint des sommets de féminité telle la voix d’un<br />

Balavoine anglo-saxon, son joli minois et son jean déchiré, Yoav<br />

est l’exemple même de la star qui s’ignore. On n’est pas non plus<br />

surpris d’entendre des sonorités orientales dans sa musique,<br />

trahissant ses origines dont il est fier. Bien qu’il ne soit pas retourné<br />

en Israël depuis les années 90, il avoue être attaché à sa terre<br />

natale, espère y retourner bientôt et y avoir <strong>au</strong>tant de succès qu’en<br />

Angleterre, <strong>au</strong>x Etats-Unis et <strong>au</strong> Canada.<br />

«Charmed and Strange», ses «greatest and only hits» comme il dit<br />

avec humour, est déjà en vente chez tous les bons disquaires mais<br />

on peut entendre ses chansons Club Thing et Adore Adore sur<br />

Internet (www.yoavmusic.com). Sa version planante de «Where is<br />

my mind» des Pixies, a elle seule v<strong>au</strong>t le détour.<br />

Quand à son avenir, il est déjà tracé d’avance même si Yoav va là<br />

où le vente le mène. L’étiquette internationale de disque Universal<br />

a signé l’artiste et nous pouvons déjà parier qu’il ne sera pas long<br />

avant qu’il vienne <strong>au</strong> Festival de Jazz de Montréal nous montrer<br />

que finalement le pop n’a pas besoin de ses lettres de noblesse…<br />

Emmanuelle Assor<br />

ARTISTE DU MOIS<br />

YOAV d’Israël à Montréal,<br />

le cheminement d’une star<br />

LVS mars 2008 63<br />

Culture MUSIQUE


Publi-reportage


Publi-reportage


Humeur PASSAGÈRE<br />

Retour en Terre Banale<br />

Vous ignorez peut-être que, lorsque nous avons quitte la Terre Promise, mon groupe<br />

et moi, pour retourner en Terre Banale, plusieurs d`entre nous étions malades durant<br />

le vol. Avant de paniquer, de m`envoyer des fleurs et des infirmières et de l`argent,<br />

sachez que rien ne m`est arrivé à moi, du moins physiquement. Si certains de mes<br />

camarades nouvellement basanés et quelques peu enkilosés ont vomi dans l`avion,<br />

avaient des m<strong>au</strong>x de têtes et <strong>au</strong>tres malaises qui ont même mené à l`évanouissement<br />

chez une voyageuse en particulier, moi, je me sentais bien.<br />

Encore pire, à notre arrivée en Terre Chrétienne, qui réagirait tellement mal à une<br />

attaque terroriste bio-chimique, les <strong>au</strong>torités aéroportuaires décident spontanément<br />

de nous mettre en quarantaine, après avoir laisse une petite poignée des malades<br />

partir et prendre l`avion pour d`<strong>au</strong>tres grandes villes canadiennes. Donc, une partie<br />

de l`avion possiblement contaminée d`on ne sait quelle maladie est en quarantaine,<br />

l`<strong>au</strong>tre est libre. Et quelle quarantaine! Une quarantaine de minutes passées à l`air<br />

libre, dans la même salle que tous les nouve<strong>au</strong>x arrivants à Toronto. Bref, en contact<br />

quasi direct avec d`<strong>au</strong>tres passagers qui eux <strong>au</strong>ssi se repartiront partout a travers le<br />

Canada. A faire frémir Jack B<strong>au</strong>er!<br />

Heureusement pour les <strong>au</strong>torités médicales canadiennes, ce n`était qu`une gastroentérite!<br />

Ce qui rend la quarantaine encore plus absurde, car après une heure<br />

d`isolement nous avons eu droit a des costumes blancs et des mini masques a gaz,<br />

mais rien pour protéger les mains, qui elles propagent la gastro-entérite.<br />

Entre vous et moi, cependant, nous avons tous attrapé quelque chose en Israël, mes<br />

compagnons de voyage et moi. Oui, nous sommes tous maintenant fous pour ce<br />

pays qui peut nous accueillir à n`importe quel moment! Nous avons la fièvre<br />

lorsque nous entendons qu`un soldat israélien peut être dans une situation<br />

périlleuse. Nous tremblons en entendant le mot Hamas, il nous rend malade,<br />

il nous énerve…Non, je ne suis pas revenu indemne de ce voyage en Terre<br />

Promise, mes amis, je suis revenu avec une bonne dose de sionisme! Tel<br />

le HIV pour un sidéen, le sionisme ne quittera jamais mes<br />

hémoglobines et mes globules rouges. Et malgré que je le cacherai<br />

parfois, et que cette saine maladie se manifestera moins <strong>au</strong><br />

Québec, croyez-moi, oh oui croyez-moi, je suis infecté, et<br />

contagieux, et je ne cesse, depuis mon retour d`Israël la<br />

belle, d`Israël la grande, de transmettre cette maladie a<br />

tous ceux que je touche!<br />

Symptômes? Enthousiasme pour Israël,<br />

solidarité juive, Hébreu latent<br />

Diagnostic : Sionisme aigu!<br />

Comment on le traite? Retour en terre<br />

natale, propagation de son<br />

enthousiasme pour Israël,<br />

contrôle des médias <strong>au</strong> nive<strong>au</strong><br />

international!<br />

Al Fazi<br />

70 mars 2008 LVS

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!