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Caligula - fiche enseignant (PDF - 611 Ko) - Opéra de Rouen Haute ...

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Fiche d’accompagnement<br />

pour les <strong>enseignant</strong>s<br />

Contact Geneviève Auguet Dufourd<br />

Chargée <strong>de</strong> l’Action pédagogique<br />

7 rue du Docteur Rambert<br />

76000 <strong>Rouen</strong><br />

02 35 98 50 98<br />

genevieveauguet@opera<strong>de</strong>rouen.fr<br />

photo : Marroussia Podkosava<br />

CALIGuLA<br />

Giovanni Maria Pagliardi<br />

OPérA eT MAriOnneTTeS<br />

<strong>Opéra</strong> en 3 actes créé au Teatro San Giovanni e Paolo à Venise le 18 décembre 1672<br />

Livret Domenico Gisberti<br />

Direction, adaptation livret et partition Vincent Dumestre<br />

Mise en scène Alexandra Rübner, Mimmo Cuticchio<br />

Conception <strong>de</strong>s marionnettes Mimo Cuticchio<br />

Conception <strong>de</strong>s toiles peintes Isaure <strong>de</strong> Beauval<br />

Conception <strong>de</strong>s lumières et direction technique Patrick Naillet<br />

Coproduction Arcal, compagnie nationale <strong>de</strong> Théâtre lyrique, <strong>Opéra</strong> <strong>de</strong> Reims, Arcadi, Fondation Orange, Le Poème Harmonique


InforMatIons Générales<br />

CalIGula<br />

<strong>Opéra</strong> en 3 actes - livret en italien surtitré en français<br />

Séances scolaires<br />

mardi 20 novembre >14h15<br />

Séances tout public<br />

mardi 20 novembre > 20h30<br />

mercredi 21 novembre >10h30, 20h30<br />

ThéâTre ChArLeS DuLLin<br />

Pour PréParer votre venue<br />

nous sommes très heureux <strong>de</strong> vous accueillir à l’opéra <strong>de</strong> rouen <strong>Haute</strong>-normandie.<br />

Cette <strong>fiche</strong> d’accompagnement a été rédigée par le service <strong>de</strong>s actions pédagogiques <strong>de</strong> l’opéra <strong>de</strong> rouen <strong>Haute</strong>- normandie. les informations et<br />

les pistes proposées pour approfondir le travail en classe vous ai<strong>de</strong>ront à préparer votre venue avec les élèves. nous nous tenons à votre disposition<br />

pour toute information complémentaire. n’hésitez pas à nous envoyer tous types <strong>de</strong> retours et <strong>de</strong> témoignages <strong>de</strong>s élèves sur le spectacle.<br />

Conditions générales<br />

> Pour les séances scolaires, le placement se fait en fonction du niveau <strong>de</strong> classe afin d’offrir à tous la meilleure visibilité. nous vous remercions<br />

<strong>de</strong> respecter les places qui vous seront proposées par notre personnel d’accueil.<br />

> n’oubliez pas <strong>de</strong> nous informer bien en amont si vous avez besoin <strong>de</strong> places supplémentaires.<br />

> les élèves sont sous la responsabilité <strong>de</strong>s <strong>enseignant</strong>s et <strong>de</strong>s accompagnateurs. nous vous remercions <strong>de</strong> rester près d’eux afin <strong>de</strong> veiller à la<br />

bonne écoute du spectacle et au respect <strong>de</strong> tous.<br />

Pour profiter au maximum du spectacle, voici quelques recommandations à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s élèves<br />

> le spectacle commence à l’heure indiquée. nous vous remercions d’arriver 30 minutes avant le début du spectacle afin d’avoir le temps <strong>de</strong><br />

vous installer en salle.<br />

> les boissons et nourritures sont à consommer dans le foyer bar et non dans la salle.<br />

> les photographies ainsi que tout type d’enregistrement sont interdits.<br />

> n’oubliez pas <strong>de</strong> rallumer vos téléphones portables à la sortie du spectacle. les sMs et jeux pourront attendre la fin <strong>de</strong> la représentation.<br />

> n’hésitez pas à échanger vos avis pendant les entractes ou à la sortie mais pas pendant le spectacle.<br />

nous vous souhaitons une très bonne représentation !<br />

Geneviève auguet Dufourd remplaçante d’anne Marguerin<br />

<strong>Caligula</strong> > Fiche d’accompagnement


I) rePères HIstorIques<br />

Venise au XVii e siècle<br />

Marionnette à fils : comedia<br />

BnF, Arts du spectacle, Fonds Craig<br />

l’oPéra vénItIen au XvII e sIèCle<br />

le statut particulier <strong>de</strong> la république <strong>de</strong> venise au XvII e siècle a permis l’émergence <strong>de</strong>s premiers<br />

théâtres d’opéra publics et payants en europe. l’inauguration en 1637 du teatro Cassiano<br />

marque le début <strong>de</strong> l’accès à l’opéra à toutes les couches sociales <strong>de</strong> la population et<br />

rompt avec la tradition <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s d’opéra par et pour les princes. Devant le succès <strong>de</strong><br />

cette ouverture, <strong>de</strong> nombreux théâtres virent le jour à venise dont un <strong>de</strong>s plus célèbres fut le<br />

théâtre santi Giovanni e Paolo où furent créés Le Couronnement <strong>de</strong> Popée et <strong>Caligula</strong>.<br />

Cette évolution influence fortement la création artistique : avec peu <strong>de</strong> moyens, les orchestres<br />

font preuve d’une gran<strong>de</strong> inventivité musicale servie par <strong>de</strong>s interprètes virtuoses ; les livrets<br />

<strong>de</strong>viennent aussi importants que la musique et abor<strong>de</strong>nt avec une liberté <strong>de</strong> ton surprenante<br />

<strong>de</strong>s sujets tels que la sensualité, le pouvoir ou l’oppression <strong>de</strong>s femmes.<br />

Forte <strong>de</strong> ses audaces Venise <strong>de</strong>vient, durant la secon<strong>de</strong> moitié du XVii e siècle, un centre<br />

majeur <strong>de</strong> l’opéra en europe : pas moins <strong>de</strong> 400 opéras furent créés entre 1637 et 1700.<br />

l’éMerGenCe Des MarIonnettes<br />

Il est intéressant <strong>de</strong> noter que c’est dans cette même pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> foisonnement culturel qu’apparaissent<br />

les représentations d’opéra pour marionnettes à venise. en effet à côté <strong>de</strong>s théâtres<br />

populaires <strong>de</strong> rues où sont manipulées <strong>de</strong>s marionnettes à gaine, <strong>de</strong>s spectacles voient le jour<br />

à venise dans <strong>de</strong>s théâtres ou dans <strong>de</strong>s <strong>de</strong>meures <strong>de</strong> particuliers avec <strong>de</strong>s marionnettes en<br />

bois ou en cire, élégantes et à la gestuelle raffinée.<br />

Ces marionnettes <strong>de</strong> bois ou <strong>de</strong> cire, dont la manipulation est assurée par une tige sur la tête<br />

et <strong>de</strong>s fils sur les mains, sont accompagnées par <strong>de</strong>s chanteurs et <strong>de</strong>s musiciens cachés <strong>de</strong>rrière<br />

le castelet <strong>de</strong> sorte que l’illusion soit la plus parfaite possible. les marionnettes à fils<br />

permettent <strong>de</strong> reproduire avec un grand réalisme les mouvements du corps.<br />

L’opéra <strong>Caligula</strong> <strong>de</strong>lirante <strong>de</strong> Giovanni Maria Pagliardi n’a pas été écrit pour être un spectacle<br />

<strong>de</strong> marionnettes mais il est contemporain du théâtre lyrique <strong>de</strong> marionnettes à Venise.<br />

<strong>Caligula</strong> > Fiche d’accompagnement


Buste <strong>de</strong> Gaius <strong>Caligula</strong>, empereur 37-41 ap.<br />

J.-C. exposé au Musée du Louvre. L’empereur<br />

porte la barbe en signe du <strong>de</strong>uil <strong>de</strong> sa soeur<br />

Drusilla morte en 38 ap. J.-C. L’aspect souple<br />

et la surface sensible <strong>de</strong> la représentation sont<br />

<strong>de</strong>s réactions contre l’académisme <strong>de</strong> la fin du<br />

règne <strong>de</strong> Tibère.<br />

Trois musiciens à la cour <strong>de</strong> Ferdinand <strong>de</strong><br />

Médicis, après 1687: Giovanni Maria Pagliardi,<br />

Martino Bitti et Checchino <strong>de</strong> Castris. Cette<br />

peinture, illustrant l’esprit baroque, est conservée<br />

au Palazzo Pitti, à la Galerie Palatine à Florence<br />

(italie).<br />

l’eMPereur CalIGula : vérIté ou léGenDe<br />

De son vrai nom Caius Caesar augustus Germanicus, <strong>Caligula</strong> fut empereur <strong>de</strong> rome <strong>de</strong> 37 à<br />

41. Petit, il accompagna souvent ses parents dans les camps militaires. Il portait <strong>de</strong>s chaussures<br />

(caligulae en latin) adaptées à sa petite taille qui lui conférèrent son surnom. Il succèda<br />

à tibère, se faisant reconnaitre par le sénat et éliminant au passage le principal héritier<br />

Gemellus. après un début <strong>de</strong> règne paisible, il sombra dans la démesure et le <strong>de</strong>spotisme, se<br />

livra à tous les excès d’orgueil, <strong>de</strong> débauche et <strong>de</strong> férocité. Il se fit adorer comme un dieu et<br />

ériger un temple à sa dévotion. Ce changement fut attribué à une grave maladie. Devenu très<br />

vite un empereur tyrannique et mégalomane, il sera assassiné par ses propres gar<strong>de</strong>s en 41.<br />

empereur fou et dépravé, son nom est parvenu jusqu’à nous et n’a cessé d’alimenter l’imagination,<br />

au point <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une figure mythique, un archétype <strong>de</strong> la folie et <strong>de</strong> la cruauté.<br />

il a inspiré <strong>de</strong> nombreux auteurs, poètes, dramaturges et chorégraphes.<br />

la seule source d’information dont nous disposons sur le personnage historique vient <strong>de</strong> l’historien<br />

latin suétone qui semblerait s’être éloigné <strong>de</strong> toute objectivité en relatant les règnes <strong>de</strong><br />

plusieurs empereurs. à propos <strong>de</strong> <strong>Caligula</strong>, il n’a pas vraiment établi une biographie mais plutôt<br />

un recueil <strong>de</strong> crimes et une compilation d’horreurs. Il n’est donc pas étonnant que la postérité<br />

se soit servie <strong>de</strong> ce seul témoignage. ainsi, par exemple, Camus décrit dans son œuvre un<br />

<strong>Caligula</strong> <strong>de</strong>venu soudain tyrannique et lunatique après seulement six mois <strong>de</strong> règne.<br />

le CoMPosIteur : GIovannI MarIa PaGlIarDI (1637-1702)<br />

Giovanni Maria Pagliardi est né à Gênes où il fut maître <strong>de</strong> chapelle à l’église <strong>de</strong>l Gesù. Il a<br />

écrit <strong>de</strong> la musique sacrée, <strong>de</strong>s oratorios et <strong>de</strong>s opéras qui contribuèrent essentiellement à sa<br />

renommée. Il <strong>de</strong>vint vers 1670 maître <strong>de</strong> chapelle auprès <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong>s Médicis à florence et<br />

y restera jusqu’à sa mort (1702).<br />

C’est en 1672 qu’il composa sa première pièce lyrique : <strong>Caligula</strong> <strong>de</strong>lirante sur un texte <strong>de</strong><br />

Gisberti, pour le théâtre Santi Giovanni e Paolo à Venise. repris une quinzaine <strong>de</strong> fois dans<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s villes d’italie (naples, Milan, rome….), cette œuvre fut son plus grand succès.<br />

Il composera par la suite plusieus opéras : Lisimaco (1673), Il Tiranno di Colco (1687), Il Pazzo<br />

per Forza (1687), Il Greco in Troïa (1689), Attilio Reolo (1693).<br />

<strong>Caligula</strong> > Fiche d’accompagnement


II) rePères narratIfs<br />

les PersonnaGes<br />

<strong>Caligula</strong> : empereur <strong>de</strong> rome<br />

Cesonia : son épouse<br />

artabano : roi <strong>de</strong>s Parthes<br />

Dominio : consul <strong>de</strong> rome<br />

tigrane : roi <strong>de</strong> Mauritanie<br />

Claudio : fils <strong>de</strong> Domitio<br />

teosena : épouse <strong>de</strong> tigrane<br />

Gelsa : nourrice <strong>de</strong> teosena<br />

nesbo : serviteur <strong>de</strong> la cour<br />

l’arGuMent<br />

empereur <strong>de</strong> rome, <strong>Caligula</strong> tombe amoureux <strong>de</strong> teosana, une reine inconnue qui vient lui<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> après la mort <strong>de</strong> son mari tigrane, roi <strong>de</strong> Mauritanie. Celui-ci a disparu lors<br />

d’un naufrage. ébloui par sa beauté, <strong>Caligula</strong> déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire faire le portrait <strong>de</strong> cette reine et<br />

provoque la jalousie <strong>de</strong> son épouse Cesona. Cette mission revient à un peintre et esclave<br />

également rescapé du naufrage. en réalité, il s’agit <strong>de</strong> tigrane qui cache son i<strong>de</strong>ntité.<br />

Chassée <strong>de</strong> la cour par son mari, Cesona souhaite se venger. elle fait boire à <strong>Caligula</strong> un breuvage.<br />

tigrane cherche à se faire reconnaître <strong>de</strong> teosana mais son <strong>de</strong>ssein se complique car<br />

artabano, le roi <strong>de</strong>s Parthes, tombe aussi sous son charme et cherche à l’enlever.<br />

<strong>Caligula</strong> sombre dans la folie et le délire (il repousse sa femme, chasse ses hôtes, courtise<br />

une vielle nourrice, se prend pour Hercule poursuivant Diane et pour un berger amoureux <strong>de</strong> la<br />

lune). Inquiet, le sénat le <strong>de</strong>stitue et place Claudio sur le trône. Celui-ci met fin à l’exil <strong>de</strong><br />

Cesonia. Pendant ce temps tigrane, qui a retrouvé l’amour <strong>de</strong> sa femme, cherche à faire valoir<br />

ses droits mais artabano ne comprend pas que teosena lui préfère un esclave. alors que la<br />

rumeur court que <strong>Caligula</strong> est mort, l’empereur retrouve ses esprits et tout rentre dans l’ordre.<br />

<strong>Caligula</strong> ai<strong>de</strong> même tigrane à reprendre le contrôle <strong>de</strong> la Mauritanie.<br />

le style<br />

la richesse <strong>de</strong> l’œuvre repose sur la variété <strong>de</strong>s sentiments décrits : désir, jalousie, ambition,<br />

trahison, ruse, magie, espoir, crainte, rage, folie, nostalgie, amour, joie... sont autant d’affects<br />

présents dans l’écriture. à cela s’ajoute le mélange <strong>de</strong> comique et tragique qui nourrit la complexité<br />

du récit. en effet, <strong>Caligula</strong> relève aussi bien du clown que du personnage illustre et<br />

sérieux qu’impose son rang.<br />

III) rePères MusICauX<br />

vous avez DIt baroque ?<br />

le mot baroque vient vraisemblablement du portugais barroco qui désigne <strong>de</strong>s perles <strong>de</strong> forme<br />

irrégulière. Choisi pour qualifier péjorativement l’architecture venue d’Italie, le mot est utilisé<br />

pour la première fois pour qualifier la musique qui lui était contemporaine en 1951 par le claveciniste<br />

français robert veyron-lacroix. toute connotation péjorative a disparu <strong>de</strong>puis. le<br />

terme désigne la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> composition qui s’étend du début du XvII e au milieu du XvIII e<br />

siècle. le baroque succè<strong>de</strong> à la renaissance (apogée du contrepoint et <strong>de</strong> la polymélodie) et<br />

précè<strong>de</strong> le classicisme (naissance d’éléments discursifs). les figures musicales baroques sont<br />

soutenues par une « basse continue » stable (jonction entre contrepoint et harmonie).<br />

<strong>Caligula</strong> > Fiche d’accompagnement


un exemple <strong>de</strong> partition baroque pour un instrument<br />

tout aussi baroque : le luth.<br />

Iv) oPéra baroque et MarIonnettes<br />

© Podkosava<br />

La particularité du spectacle repose sur le fait<br />

que les chanteurs du Poème harmonique interprêtent<br />

plusieurs rôles et qu’il faut donc suivre<br />

le jeu <strong>de</strong>s marionnettes.<br />

la PartItIon<br />

Musicalement inscrite dans la tradition baroque, la partition <strong>de</strong> <strong>Caligula</strong> <strong>de</strong>lirante reprend <strong>de</strong>s<br />

thèmes monteverdiens et se rapproche ainsi du Combattimento di Tancredi e Clorinda.<br />

Pagliardi emprunte aussi <strong>de</strong>s bro<strong>de</strong>ries sentimentales rapprochant genre madrigalesque et<br />

style rappresentativo (imitatif). sa musique est très orginale et mêle un sens fort du sentiment<br />

dramatique à un traitement <strong>de</strong>s voix extrêmement riche. les airs, comme celui <strong>de</strong> Cesonia, <strong>de</strong><br />

teosena ou <strong>de</strong> <strong>Caligula</strong> où sa folie s’exprime, sont intenses et marqués par un lyrisme absolu.<br />

avec <strong>Caligula</strong>, le Poème Harmonique, spécialiste <strong>de</strong> la rhétorique baroque, se lance dans un<br />

nouveau projet original <strong>de</strong> restitution d’une œuvre du XvII e et s’adjoint le savoir-faire <strong>de</strong> la<br />

compagnie figli d’arte Cuticchio, reconnue dans le mon<strong>de</strong> entier pour son théâtre <strong>de</strong> pupi<br />

palermitains, marionnettes à tiges rivalisant d’élégance et <strong>de</strong> raffinement, classées au Patrimoine<br />

mondial <strong>de</strong> l’unesco <strong>de</strong>puis 2008. en s’adressant à Mimmo Cuticchio, célèbre puparo, et<br />

à alexandra rübner, metteur en scène spécialisée dans l’esthétique et la gestuelle baroques,<br />

vincent Dumestre trouve <strong>de</strong>ux compagnons qui, comme lui, ne cherchent pas à conserver la<br />

tradition mais à la transmettre au travers <strong>de</strong> nouvelles expérimentations. Ici, les marionnettistes<br />

évoluent dans un décor <strong>de</strong> toiles peintes éclairé à la bougie et les chanteurs prêtent leur<br />

voix aux personnages.<br />

Deux univers, <strong>de</strong>ux langages, <strong>de</strong>ux arts s’associent pour recréer aujourd’hui cet opéra inédit.<br />

les CHanteurs Du PoèMe HarMonIque<br />

Jan van elsacker, ténor : <strong>Caligula</strong>, empereur <strong>de</strong> rome<br />

Caroline Meng, soprano : Cesonia, son épouse<br />

Florian Götz, baryton : artabano, roi <strong>de</strong>s Parthes et Domitio, consul <strong>de</strong> rome<br />

Jean-François Lombard, haute-contre : tigrane, roi <strong>de</strong> Mauritanie et Claudio, fils <strong>de</strong> Domitio<br />

hasnaa Bennani, soprano : teosena, épouse <strong>de</strong> tigrane<br />

Serge Goubioud, ténor : Gelsa, nourrice <strong>de</strong> teosena / nesbo, serviteur <strong>de</strong> la cour<br />

<strong>Caligula</strong> > Fiche d’accompagnement


© Millot<br />

Les musiciens du Poème harmonique. Au<br />

centre : Vincent Dumestre.<br />

© Podkosava<br />

Mimmo Cutichio avec son équipe.<br />

les MusICIens Du PoèMe HarMonIque<br />

Vincent Dumestre direction et théorbe<br />

Stéphanie Pfister et Johannes Frisch violons<br />

Lucas Peres lirone<br />

Françoise enock violone ;<br />

Thor-harald Johnsen luth<br />

Frédéric rivoal clavecin<br />

les MarIonnettIstes De la CoMPaGnIe fIGlI D’arte CutICCHIo<br />

Filippo Verna Cuticchio marionnettiste<br />

Claire rabant marionnettiste<br />

Sylvain Juret marionnettiste<br />

Alexandra rübner marionnettiste<br />

nicolas roger assistant marionnettes<br />

fabrication <strong>de</strong>s pupi par Mimmo Cuticchio avec Pietro sasso (sculpture <strong>de</strong>s têtes), salvo bumbello<br />

(corps et armures), tania Giordano (costumes, peinture et accessoires)<br />

fabrication du décor : atelier <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> l’opéra <strong>de</strong> reims<br />

Peintures <strong>de</strong>s toiles : atelier Isaure <strong>de</strong> beauval avec Martine nachet et laurence boeringer<br />

l’esPrIt baroque et la teCHnIque Des PuPI au servICe De CalIGula<br />

extraits <strong>de</strong> L’empereur en marionnette par Alexandra Rübner et Vincent Dumestre<br />

Donner ses chances à l’impossible : cette formule nous semble étrangement résumer le credo<br />

<strong>de</strong> la pensée baroque. Cette pensée qui postule que la vie est un songe, que la matière même<br />

du réel est tissée d’illusions, et que nos rêves ont une charge <strong>de</strong> réalité plus <strong>de</strong>nse que ce<br />

qu’il est commodément convenu <strong>de</strong> désigner sous ce nom. Ce sont nos rêves qui sécrètent la<br />

réalité, et, dès lors assurément, <strong>Caligula</strong> est un reflet <strong>de</strong> l’homme baroque. <strong>Caligula</strong> délire,<br />

<strong>Caligula</strong> a perdu la raison, <strong>Caligula</strong> est fou, mais dans sa folie il trouve autre chose à quoi la<br />

raison est aveugle : le mon<strong>de</strong> sous ses yeux se peuple <strong>de</strong> visions poétiques, étranges, monstrueuses.<br />

son regard est celui du visionnaire, son dérèglement <strong>de</strong> tous les sens est une ouverture<br />

au merveilleux. or, c’est précisément dans cette dimension merveilleuse que s’inscrit la<br />

fable mise en musique par Giovanni Pagliardi à venise en 1672; elle déploie le délire comme<br />

un véritable ressort dramatique créateur <strong>de</strong> visions et <strong>de</strong> simulacres. et l’on songe alors aux<br />

grands délirants visionnaires qui peuplent le théâtre baroque : le Matamore <strong>de</strong> Corneille,<br />

<strong>Caligula</strong> > Fiche d’accompagnement


© Podkosava<br />

© Podkosava<br />

© Podkosava<br />

© Podkosava<br />

l’oreste d’andromaque, le sigismond <strong>de</strong> Caldéron, le Mala<strong>de</strong> Imaginaire <strong>de</strong> Molière, les visionnaires<br />

<strong>de</strong> Desmarets <strong>de</strong> saint-sorlin, et quelque part au lointain le spectre du Chevalier à la<br />

triste figure, Don quichotte. la folie apparaîtrait dès lors comme un motif dramaturgique<br />

baroque, comme le pli et la volute seraient ceux <strong>de</strong> l’architecture. au merveilleux il faut encore<br />

ajouter la dimension comique, un comique plaisant, subtil, où affleure le pastiche: sourire corroboré<br />

par les relations déformées, renversées, que <strong>Caligula</strong>, dans sa confusion, entretient<br />

avec les personnages qui <strong>de</strong>viennent naïa<strong>de</strong>, monstre infernal, Hercule.<br />

la marionnette traditionnelle palermitaine - qui met en scène les fameux pupi - à laquelle<br />

nous avons choisi <strong>de</strong> faire appel, n’est pas, contrairement à celle <strong>de</strong>s palais vénitiens <strong>de</strong> la fin<br />

du XvII e siècle, une marionnette à fil. C’est une marionnette manipulée à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> tiges <strong>de</strong> fer<br />

fixées à la tête du personnage <strong>de</strong> bois et à l’un <strong>de</strong>s bras du pupo, notamment pour les scènes<br />

<strong>de</strong> combats, l’autre bras étant relié par un fil. le génie propre aux pupi est non pas mimétique<br />

comme à venise, mais bien poétique. Mieux encore : épique. Il s’adosse à la tradition <strong>de</strong> la<br />

chanson <strong>de</strong> geste, telle que la Chanson <strong>de</strong> Roland, et <strong>de</strong> l’épopée <strong>de</strong>s Paladins <strong>de</strong> la Première<br />

Croisa<strong>de</strong>, telle qu’on la rencontre par exemple dans la Jérusalem Délivrée du tasse ou dans<br />

l’Orlando Furioso <strong>de</strong> l’arioste. Mais surtout, il faut mesurer l’impact décisif <strong>de</strong> la tradition<br />

orale: au XvIII e siècle, à Palerme, les aè<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s places publiques se réapproprient l’immense<br />

matériau épique hérité <strong>de</strong>s poètes, mais aussi <strong>de</strong>s troubadours français - qui, au moyen-âge<br />

avaient importé oralement ces récits en Italie et en sicile - et ravissent le public <strong>de</strong> la rue.<br />

C’est donc dans une double perspective que l’art <strong>de</strong> Mimmo Cuticchio nous a paru le plus juste<br />

pour incarner notre opéra <strong>de</strong> marionnettes; d’abord parce que son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> représentation<br />

épique et non réaliste est en parfaite analogie avec la stylisation poétique du corps théâtral<br />

baroque, défini justement par son refus <strong>de</strong> tout naturalisme. en ce sens le théâtre <strong>de</strong>s pupi<br />

pourrait s’éprouver comme un pendant marionnettique du théâtre baroque, dont nous cherchons,<br />

<strong>de</strong> création en création, à évoquer le souffle et l’esprit. Dans un second temps, et cela<br />

est peut-être le plus fondamental, l’art <strong>de</strong>s pupi nous interroge quant à notre propre manière<br />

d’envisager la tradition théâtrale baroque : Mimmo Cuticchio, nous l’avons compris, est un<br />

artiste qui oeuvre au coeur d’une tradition vivante. Il en est à la fois la mémoire, au sens où il<br />

thésaurise les formes et les techniques <strong>de</strong> l’art, et le prolongement, en tant qu’il ne cesse, au<br />

sein même <strong>de</strong> ce langage théâtral, <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s formes nouvelles, <strong>de</strong> se confronter à <strong>de</strong> nouveaux<br />

répertoires et récits, <strong>de</strong> raconter <strong>de</strong>s histoires à sa manière singulière. Il ne se pose<br />

jamais la question <strong>de</strong> la reconstitution puisque l’art dans lequel il s’exprime n’est jamais mort.<br />

Il ne s’interroge pas, avec scrupules et anxiété, sur l’exactitu<strong>de</strong> historique, mais, librement et<br />

joyeusement, sur la cohérence esthétique et la vérité émotionnelle.<br />

<strong>Caligula</strong> > Fiche d’accompagnement


IblIoGraPHIe<br />

Vie <strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Caligula</strong> par Suétone [Suétone est une <strong>de</strong>s sources antiques majeures <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> <strong>Caligula</strong>]<br />

Vie <strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Caligula</strong> par Aurelius Victor<br />

La vraie vie <strong>de</strong> <strong>Caligula</strong> compte-rendu <strong>de</strong> la parution d'un recueil <strong>de</strong> textes antiques sur <strong>Caligula</strong> publié aux éditions Les Belles Lettres<br />

Les musiciens <strong>de</strong> la cour <strong>de</strong> Florence au cours du principat <strong>de</strong>s Médicis par W.Kirkendale<br />

oeuvres artIstIques InsPIrees De la vIe De CalIGula<br />

Albert Camus a écrit une pièce <strong>de</strong> théâtre <strong>Caligula</strong> où l'on assiste à la réalisation d'un homme contre un mon<strong>de</strong> qui ne lui offre aucun espoir. Il<br />

abor<strong>de</strong> notamment dans cette œuvre le thème <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> la liberté absolue que s’est attribuée <strong>Caligula</strong> et qui entre en contradiction avec son être,<br />

avec sa vie même.<br />

Hubert Monteilhet a écrit un roman historique : Neropolis. Roman <strong>de</strong>s temps néroniens dont la première partie se déroule sous <strong>Caligula</strong> et dans<br />

lequel l'un <strong>de</strong>s protagonistes a à souffrir du regard que l'empereur a posé sur lui.<br />

La journaliste Cristina Rodriguez et l'historiographe Domenico Carro ont publié il y a peu un roman historique, Le César aux pieds nus, retraçant<br />

la fin du règne <strong>de</strong> Tibère et la jeunesse <strong>de</strong> <strong>Caligula</strong>. Cet énorme ouvrage, preuves archéologiques et historiques à l'appui, montre <strong>Caligula</strong> sous un jour<br />

nouveau.<br />

Nicolas Le Riche, danseur étoile à l'<strong>Opéra</strong> national <strong>de</strong> Paris, a créé en 2005 un ballet en cinq actes inspiré <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> <strong>Caligula</strong>.<br />

<strong>Caligula</strong> > Fiche d’accompagnement

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