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<strong>Liane</strong> n°3- Eté 2011<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr<br />

<strong>Le</strong> magazine du <strong>Bénin</strong> <strong>en</strong> <strong>France</strong><br />

Ganvié<br />

laV<strong>en</strong>ise africaine


Tisser davantage le li<strong>en</strong><br />

<strong>en</strong>tre le <strong>Bénin</strong> et la <strong>France</strong><br />

E d i t o r i a l<br />

Du li<strong>en</strong> et <strong>en</strong>core du li<strong>en</strong>. Fort des suggestions des uns et autres, votre magazine s’étoffe et s’ouvre davantage aux diverses s<strong>en</strong>sibilités,<br />

sans se r<strong>en</strong>ier. Sans perdre de vue sa raison d’être. <strong>Liane</strong> élargit sa palette aux merveilles touristiques, aux opportunités d’affaires,<br />

aux richesses culturelles et à la coopération, notamm<strong>en</strong>t déc<strong>en</strong>tralisée : <strong>en</strong>tre la <strong>France</strong> et le <strong>Bénin</strong>. Et s’affiche désormais<br />

comme le magazine du <strong>Bénin</strong> <strong>en</strong> <strong>France</strong>. <strong>Le</strong> créateur de li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre le <strong>Bénin</strong> et la <strong>France</strong>. Aux ressortissants béninois, se joign<strong>en</strong>t<br />

maint<strong>en</strong>ant les touristes, les investisseurs, les acteurs associatifs et les décideurs publics pour tisser dans ces colonnes la liane<br />

unissant nos deux nations. La passerelle de l’amitié. <strong>Le</strong> souffle qui vivifie l’esprit d’agir et de vivre <strong>en</strong>semble.<br />

Justem<strong>en</strong>t, c’est cette culture de l’amitié qui<br />

baigne le <strong>Bénin</strong> ces temps-ci. <strong>Le</strong>s citoy<strong>en</strong>s béninois<br />

épous<strong>en</strong>t cette logique. Au l<strong>en</strong>demain<br />

de la présid<strong>en</strong>tielle, acclamée par les uns et récriminée<br />

par les autres, un candidat victorieux<br />

est sanctifié par les urnes. <strong>Le</strong> <strong>Bénin</strong> franchit un<br />

palier supplém<strong>en</strong>taire dans sa vie politique. <strong>Le</strong><br />

pays tourne désormais durablem<strong>en</strong>t son regard<br />

vers un av<strong>en</strong>ir nouveau. N’oublions pas la sagesse<br />

arabe : « pour chaque regard que nous<br />

jetons <strong>en</strong> arrière, il nous faut regarder deux fois<br />

vers l’av<strong>en</strong>ir ».<br />

D’autant qu’un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’ouverture habite le<br />

présid<strong>en</strong>t élu : une politique de main t<strong>en</strong>due.<br />

Aujourd’hui, que l’on soit fasciné ou révulsé par<br />

cette initiative, il s’avère judicieux de ne pas<br />

stopper la dynamique de notre démocratie.<br />

Nous devons nous approprier une culture de<br />

dialogue, à nouveau. Faire de la parole l’arme<br />

ultime de règlem<strong>en</strong>t des différ<strong>en</strong>ds. L’instrum<strong>en</strong>t<br />

de conjuration du mal qui ronge la cité.<br />

Des mots de chacun pour guérir les maux de<br />

la collectivité. C’est ça être <strong>Bénin</strong>ois. C’est ça<br />

l’empreinte du génie politique de notre pays.<br />

Il ne s’agit pas de claironner un triomphalisme<br />

aveugle. Dire que tout est réglé.<br />

Mais nous savons que « là où il y a de la volonté, il y a un chemin ». Cette<br />

voie, les délégués à la Confér<strong>en</strong>ce nationale l’ont tracée. Ils rest<strong>en</strong>t aux uns<br />

et aux autres à l’emprunter. Pour que le laboratoire de la démocratie béninoise<br />

fleurisse davantage.<br />

Pour ma part, je reti<strong>en</strong>s qu’il suffit de peu pour faire des merveilles. Et<br />

vivre <strong>en</strong> harmonie autant avec soi-même, qu’avec les autres. Cette leçon,<br />

je la ti<strong>en</strong>s de Ganvié. Une cité lacustre du <strong>Bénin</strong>. Elle se révèle à nous dans<br />

cette édition. Depuis des lustres, des femmes et des hommes y viv<strong>en</strong>t dans<br />

la frugalité. L’ess<strong>en</strong>tiel. La visite sur place vaut mieux que mille descriptions.<br />

Mom<strong>en</strong>t de retour sur le s<strong>en</strong>s de la vie. Sur celui que l’on donne à la si<strong>en</strong>ne.<br />

En l’occurr<strong>en</strong>ce de nos jours où cette quête nous traverse. Où nous cherchons<br />

à nous ressourcer, pour mieux agir.<br />

Cette force d’agir, je la croise égalem<strong>en</strong>t dans le cœur de milliers d’acteurs<br />

institutionnels, de citoy<strong>en</strong>s Français et <strong>Bénin</strong>ois qui se batt<strong>en</strong>t dans des projets<br />

pour soulager la peine des plus souffrants. Symbole de cet esprit de<br />

service, Stanislas Tomavo, dont les éprouvettes promett<strong>en</strong>t un vaccin contre<br />

le paludisme. A l’Institut Pasteur, ce natif du <strong>Bénin</strong>, consacre son énergie à<br />

déceler le remède qui r<strong>en</strong>dra l’espoir au million d’<strong>en</strong>fants emportés chaque<br />

année, par ce mal. Il a su trouver l’intellig<strong>en</strong>ce de jeter un pont <strong>en</strong>tre les<br />

autres et lui, <strong>en</strong>tre la <strong>France</strong> et l’Afrique. La <strong>France</strong> et le <strong>Bénin</strong>. Une liane à<br />

tresser davantage. Pour que le li<strong>en</strong> se r<strong>en</strong>force.<br />

SEM Albert AGOSSOU<br />

Ambassadeur du <strong>Bénin</strong> à Paris<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 3


LIANE - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr<br />

Trimestriel édité par l’Ambassade du <strong>Bénin</strong> à Paris<br />

87, av<strong>en</strong>ue Victor Hugo - Paris 75116 - <strong>France</strong><br />

contact@ambassade-b<strong>en</strong>in.fr - www.ambassade-b<strong>en</strong>in.fr<br />

Tel : (+33) 01.45.00.98.82 - Fax : (+33) 01.45.01.82.02<br />

Directeur de publication : Albert Agossou<br />

Conseiller éditorial : Cosme Arouna<br />

Rédacteur <strong>en</strong> chef : Alain Kisito Métodjo<br />

Secrétaire de rédaction : Chantal Simon<br />

Directeur artistique : Franck Aviez<br />

Correction : Michèle Métangmo<br />

Conception & réalisation : PUBLIC METIS<br />

Sarl au capital de 9 000 € - RCS PARIS 509 805 222<br />

18, rue Pasquier - 75008 Paris<br />

Tel : +33 (0) 1 78 41 40 47 - Fax : +33 (0) 1 78 41 44 40<br />

contact@publicmetis.com - www.publicmetis.com<br />

S o m m a i r e<br />

AMBASSADE<br />

• Albert Agossou accrédité à Athènes<br />

CONSULAT<br />

• <strong>Le</strong> Consul général pr<strong>en</strong>d son bâton de pèlerin<br />

OPPORTUNITES<br />

• 3 raisons d’investir au <strong>Bénin</strong><br />

COOPERATION<br />

• Noisiel et Bembèrèkè, la coopération déc<strong>en</strong>tralisée <strong>en</strong> marche<br />

ENVOL<br />

• Ganvié, la V<strong>en</strong>ise africaine<br />

TALENTS<br />

• Stanislas Tomavo<br />

INITIATIVES<br />

• L’ABN laboure le Grand-Ouest<br />

• Des étudiants de Marseille au service du <strong>Bénin</strong><br />

VISITE aux <strong>Bénin</strong>ois de Marseille<br />

• Une communauté discrète<br />

• Interview du Consul honoraire<br />

• <strong>Le</strong>s <strong>Bénin</strong>ois <strong>en</strong> vue<br />

Ganvié – La vie sur l’eau - (Photo Paul Smith)<br />

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www.liane-b<strong>en</strong>in.fr -Eté 2011 5


6 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr


Albert Agossou<br />

accrédité à Athènes<br />

Albert Agossou, Ambassadeur<br />

du <strong>Bénin</strong> à Paris, dont la juridiction<br />

couvre Athènes, a prés<strong>en</strong>té ses lettres<br />

de créance au présid<strong>en</strong>t de la République<br />

hellénique, Karolos Papoulias.<br />

Mom<strong>en</strong>t de sol<strong>en</strong>nité au palais présid<strong>en</strong>tiel<br />

de la Grèce, le 25 mai. L’ambassadeur<br />

béninois prés<strong>en</strong>te le docum<strong>en</strong>t officiel de son<br />

accréditation au plus haut responsable de l’Etat<br />

grec. Pour l’occasion, Cosme Arouna, Ministre<br />

Conseiller l’assiste. Drapé d’une t<strong>en</strong>ue traditionnelle<br />

béninoise trois pièces, Albert Agossou a<br />

assuré le chef de l’Etat hellénique de l’att<strong>en</strong>tion<br />

particulière que le <strong>Bénin</strong> accorde aux préoccupations<br />

de l’heure des autorités helléniques.<br />

A sa sortie, le diplomate béninois synthétise la<br />

t<strong>en</strong>eur de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> : « Après avoir remis les<br />

<strong>Le</strong>ttres de Créance et exprimé au Présid<strong>en</strong>t hellénique<br />

l’estime et les salutations du Docteur<br />

Boni Yayi, Présid<strong>en</strong>t de la République, je l’ai<br />

assuré du souti<strong>en</strong> du <strong>Bénin</strong> dans la crise économique<br />

et financière aigüe à laquelle fait face<br />

la Grèce. Ce souti<strong>en</strong> se manifestera dans toutes<br />

les structures internationales dont le <strong>Bénin</strong> est<br />

membre, et où une décision doit être prise pour<br />

résorber cette crise ».<br />

AMBASSADE<br />

Souti<strong>en</strong>. L’Ambassadeur a assuré le Présid<strong>en</strong>t Karolos Papoulias du souti<strong>en</strong> du <strong>Bénin</strong><br />

Réception chez le présid<strong>en</strong>t de la République<br />

<strong>Le</strong> même jour, dix autres ambassadeurs non résidants ont prés<strong>en</strong>té leurs<br />

<strong>Le</strong>ttres de Créance. Il s’agit de ceux de la Sierra Léone, du Gabon, de Fiji, de<br />

l’Ethiopie, des Bahamas, du Botswana, du Laos, du Brunei Darussalam et de<br />

la République Dominicaine.<br />

Pour terminer la cérémonie, le Présid<strong>en</strong>t Karolos Papoulias a offert une réception<br />

au cours de laquelle il a adressé quelques mots à ses hôtes : <strong>en</strong><br />

affirmant la volonté désormais très claire de la Grèce de nouer avec les pays<br />

africains une coopération basée sur le développem<strong>en</strong>t durable.<br />

La r<strong>en</strong>contre avec le Présid<strong>en</strong>t fut précédée de la remise des Copies figurées<br />

à Madame l’Ambassadeur, Directeur du Protocole au ministère des Affaires<br />

Etrangères. La veille, la délégation béninoise a t<strong>en</strong>u une séance de travail<br />

avec l’Ambassadeur Christophis, Directeur Afrique, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce du Directeur<br />

Adjoint de l’Afrique au Sud du Sahara et du Conseiller économique de la Direction<br />

Afrique. Désormais accrédité, Albert Agossou a les coudées franches<br />

pour exercer dans le berceau de la culture europé<strong>en</strong>ne : la Grèce.<br />

L’intérêt des lettres de créance<br />

Instituée <strong>en</strong> <strong>France</strong> <strong>en</strong> 1586, sous H<strong>en</strong>ri III, la tradition de prés<strong>en</strong>tation des lettres de créance s’est imposée comme l’acte<br />

marquant la reconnaissance d’un nouvel Ambassadeur. Cette pratique revêt un caractère symbolique et juridique. <strong>France</strong><br />

diplomatie m<strong>en</strong>tionne : « En att<strong>en</strong>dant la prés<strong>en</strong>tation de ses lettres de créance au Présid<strong>en</strong>t de la République, le nouvel<br />

Ambassadeur peut r<strong>en</strong>dre visite à ses interlocuteurs français au sein des services des différ<strong>en</strong>tes administrations et aux<br />

membres du corps diplomatique, <strong>en</strong> comm<strong>en</strong>çant par le doy<strong>en</strong>.<br />

Il est <strong>en</strong> revanche invité à ne pas solliciter d’audi<strong>en</strong>ce ou d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> auprès du Présid<strong>en</strong>t de la République ou du Premier<br />

Ministre, ne pas faire de visite aux membres du gouvernem<strong>en</strong>t, aux présid<strong>en</strong>ts de l’Assemblée nationale ou du Sénat et à ne<br />

pas donner d’interviews ».<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 7


CONSULAT<br />

Joseph M<strong>en</strong>ard visite les<br />

<strong>Bénin</strong>ois de <strong>France</strong>, installés <strong>en</strong> province.<br />

Nantes, Lille, Orléans, Poitiers,<br />

Strasbourg l’ont déjà accueilli.<br />

De la proximité <strong>en</strong> actes. « Nous rapprocher<br />

de nos compatriotes, <strong>en</strong> dehors de Paris<br />

et de l’Ile de <strong>France</strong> est l’objectif des r<strong>en</strong>contres<br />

initiées par le Consulat général », éclaire Joseph<br />

Ménard, le Consul général du <strong>Bénin</strong> à Paris. « La<br />

mission du Consulat général est de protéger les<br />

compatriotes et les intérêts du <strong>Bénin</strong> <strong>en</strong> <strong>France</strong>,<br />

d’assurer comme de garantir à ces compatriotes<br />

la délivrance de tous les docum<strong>en</strong>ts consulaires<br />

indisp<strong>en</strong>sables. Mais l’Hexagone ne se limite<br />

pas qu’à la couronne parisi<strong>en</strong>ne. Ceux de la province<br />

ont aussi besoin de nous. Depuis ma prise<br />

de fonction, je suis habité par la volonté de visiter<br />

les <strong>Bénin</strong>ois de l’intérieur ».<br />

Pour autant, la maison devrait faire face à<br />

d’autres impératifs. « Il urgeait d’asseoir les<br />

bases d’un Consulat général représ<strong>en</strong>tatif du<br />

<strong>Bénin</strong> du changem<strong>en</strong>t : <strong>en</strong> restaurant les locaux<br />

de l’espace qui offre la première image<br />

du <strong>Bénin</strong> à toute personne qui s’y r<strong>en</strong>d et qui a<br />

besoin d’un visa. Et <strong>en</strong> imprimant un nouveau<br />

style d’accueil aux usagers. Ensuite, c’est sans<br />

compter avec la préparation des élections de<br />

cette année, qui nous a occupés p<strong>en</strong>dant plusieurs<br />

mois. C’est maint<strong>en</strong>ant que notre ag<strong>en</strong>da<br />

s’allège », m<strong>en</strong>tionne le diplomate. Et il pr<strong>en</strong>d<br />

son bâton de pèlerin pour sillonner les villes<br />

françaises. Nourri par une vision de travail collectif,<br />

le responsable de la mission consulaire<br />

est accompagné par l’un de ses collaborateurs,<br />

à chaque étape.<br />

Des citoy<strong>en</strong>s béninois curieux<br />

Du 17 au 19 juin, le Consul général et le Vice-Consul,<br />

Thimothée Odjo, ont posé leurs valises dans la ville<br />

d’Orléans : la capitale de la région C<strong>en</strong>tre.<br />

8 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr<br />

<strong>Le</strong> Consul général<br />

pr<strong>en</strong>d son bâton de pèlerin<br />

S<strong>en</strong>sibles à ce déplacem<strong>en</strong>t, les <strong>Bénin</strong>ois d’Orléans ont apprécié cette opportunité<br />

donnée pour échanger sur les questions consulaires.<br />

Morceaux choisis : « Que fait le Consulat général ? Quelles sont les pièces<br />

délivrées et leur procédure ? Pourrais-je avoir un acte de naissance béninois<br />

pour mon <strong>en</strong>fant né <strong>en</strong> <strong>France</strong> ? ». Des questions élucidées par des réponses<br />

claires. La curiosité des ressortissants comblée.<br />

Même objectif, même rituel à Poitiers. <strong>Le</strong> 2 juillet, assisté de Philippe Zossou,<br />

le chef du service des Titres de voyage, le Consul général a communié avec<br />

ses compatriotes. <strong>Le</strong> fait est que nombre de <strong>Bénin</strong>ois ignor<strong>en</strong>t qu’ils peuv<strong>en</strong>t<br />

déclarer la naissance de leur <strong>en</strong>fant <strong>en</strong> <strong>France</strong>. Ils ne sav<strong>en</strong>t pas qu’il faut le<br />

faire dans les dix jours afin d’obt<strong>en</strong>ir le Volet N°1. <strong>Le</strong> Consul général a notamm<strong>en</strong>t<br />

rappelé l’importance de l’immatriculation dans les services consulaires<br />

et la nécessité pour tout <strong>Bénin</strong>ois vivant <strong>en</strong> <strong>France</strong> de disposer de sa carte<br />

consulaire. « Comm<strong>en</strong>t améliorer l’<strong>en</strong>voi du matériel humanitaire au pays ? »<br />

Autre préoccupation judicieuse dont la résolution <strong>en</strong>couragera les initiatives<br />

d’aide de la diaspora aux populations locales béninoises. La représ<strong>en</strong>tation<br />

consulaire réfléchit sur l’organisation d’une journée sur cette question avant<br />

la fin de l’année.<br />

<strong>Le</strong> Pèlerin de la Rue de Cherche Midi, siège du Consulat général à Paris, n’a<br />

pas perdu le Nord. A l’occasion du festival Afriques de Wambrechies, près de<br />

Lille, Joseph Ménard s’est r<strong>en</strong>du dans la capitale des Flandres. Il a assisté à<br />

la représ<strong>en</strong>tation des danses de la Cour royale d’Abomey. Il <strong>en</strong> a profité pour<br />

échanger avec les <strong>Bénin</strong>ois du Nord. <strong>Le</strong> chef du service de l’Etat civil du<br />

Consulat général, Honoré Pedro Gonçalves, se trouvait à ses côtés.<br />

Fraternité. <strong>Le</strong> Consul général au milieu des <strong>Bénin</strong>ois de Poitiers


Travail <strong>en</strong> équipe. <strong>Le</strong> Vice-Consul et le Consul général à Orléans.<br />

Deux nouveaux Consulats honoraires<br />

En égr<strong>en</strong>ant le chapelet des villes françaises, le Consul général et sa suite<br />

inscriv<strong>en</strong>t leur action dans la vision des autorités étatiques. Joseph Ménard<br />

argum<strong>en</strong>te : « <strong>Le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t béninois œuvre pour le rapprochem<strong>en</strong>t de<br />

l’administration des administrés. Cette politique s’illustre sur la scène extérieure<br />

par l’ext<strong>en</strong>sion des représ<strong>en</strong>tations diplomatiques et consulaires. En<br />

2006, le Consulat général du <strong>Bénin</strong> est créé à Paris ». Il creuse ce sillon, de<br />

concert avec l’Ambassadeur du <strong>Bénin</strong> à Paris. Deux nouveaux Consulats honoraires<br />

seront implantés <strong>en</strong> <strong>France</strong>, dans les mois à v<strong>en</strong>ir. Nantes et Strasbourg<br />

complèteront la chaine consulaire béninoise <strong>en</strong> <strong>France</strong>, déjà riche de<br />

cinq maillons : Lille, Lyon, Marseille, Bordeaux et La Martinique <strong>en</strong> Outremer.<br />

C’est pourquoi <strong>en</strong> mai, le Consul général et l’Ambassadeur ont échangé avec<br />

la diaspora béninoise de Nantes. Ce déplacem<strong>en</strong>t s’inscrit dans le sillage des<br />

consultations <strong>en</strong> vue de l’installation prochaine du Consulat honoraire du<br />

<strong>Bénin</strong> au cœur de la Bretagne. De même, la capitale alsaci<strong>en</strong>ne a reçu<br />

CONSULAT<br />

les hauts représ<strong>en</strong>tants de l’Ambassade et du<br />

Consulat général du B<strong>en</strong>in <strong>en</strong> <strong>France</strong> et leurs<br />

collaborateurs, du 9 au 10 juillet. A Strasbourg,<br />

les discussions avec la diaspora se cristallis<strong>en</strong>t<br />

autour de l’heureuse nouvelle du Consulat honoraire<br />

à v<strong>en</strong>ir.<br />

A Nantes, Lille, Orléans, Poitiers ou Strasbourg,<br />

ces visites du Consulat général r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t l’esprit<br />

d’appart<strong>en</strong>ance citoy<strong>en</strong>ne des ressortissants<br />

béninois. « Ceci est la preuve que les autorités<br />

de notre pays ne nous oubli<strong>en</strong>t pas », jubile un<br />

jeune participant, à Poitiers. En <strong>France</strong>, les paroles<br />

de la proximité administrative béninoise<br />

concord<strong>en</strong>t avec les actes consulaires.<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 9


10 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr


3<br />

Raisons d’investir au <strong>Bénin</strong><br />

Outre sa stabilité politique<br />

et son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t social apaisé,<br />

le <strong>Bénin</strong> dispose de trois atouts-clés<br />

qui favoris<strong>en</strong>t les investisseurs : sa<br />

position géographique, ses infrastructures<br />

de communication et son<br />

vivier humain.<br />

La position géographique du <strong>Bénin</strong><br />

l’avantage considérablem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong> pays se loge au<br />

carrefour de l’Afrique : à la croisée de l’Ouest et<br />

du C<strong>en</strong>tre du contin<strong>en</strong>t. Son climat tropical limite<br />

les grandes intempéries et génère des températures<br />

douces, comprises <strong>en</strong>tre 25° et 30°. Ni<br />

trop chaud, ni trop froid, le pays est propice à y<br />

vivre et agréable à y travailler.<br />

Il offre un couloir naturel pour l’écoulem<strong>en</strong>t des<br />

produits vers d’autres destinations dans la sousrégion<br />

: <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce le Nigéria, riche de près<br />

de 150 millions de consommateurs. <strong>Le</strong> pays a les<br />

pieds dans l’Océan Atlantique, avec un port compétitif<br />

qui desserre les territoires de l’hinterland :<br />

Niger, Burkina-Faso, Mali, Tchad…<br />

<strong>Le</strong>s infrastructures de communication<br />

<strong>Le</strong> <strong>Bénin</strong> est relié du Nord au Sud, de l’Est à<br />

l’Ouest par un réseau routier de plus de six mille<br />

kilomètres. En outre, les réc<strong>en</strong>tes infrastructures<br />

modernis<strong>en</strong>t la circulation <strong>en</strong>tre les grandes et<br />

petites villes.<br />

<strong>Le</strong>s voies ferrées de quatre c<strong>en</strong>t quarante mille kilomètres form<strong>en</strong>t un<br />

maillage qui développe ses t<strong>en</strong>tacules dans les quatre coins du <strong>Bénin</strong>. En<br />

cours de rénovation, elles seront davantage praticables, très prochainem<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong> Port Autonome de Cotonou couvre mille cinq c<strong>en</strong>ts mètres et permet aux<br />

grands navires de jeter leurs ancres aisém<strong>en</strong>t. Au niveau intérieur, les divers<br />

cours d’eaux permett<strong>en</strong>t une navigation fluviale int<strong>en</strong>se. L’aéroport international<br />

Cardinal Bernardin Gantin dessert le monde <strong>en</strong>tier. Il y a un vol <strong>en</strong>tre la<br />

<strong>France</strong> et Cotonou au quotidi<strong>en</strong>.<br />

<strong>Le</strong> développem<strong>en</strong>t des Technologies de l’Information et de la Communication<br />

facilite la connexion du <strong>Bénin</strong> au village planétaire. Grâce à la fibre optique<br />

sous-marine, le pays bénéficie de l’un des réseaux les plus modernes de la<br />

sous-région, possédant un débit acceptable. <strong>Le</strong> nombre d’abonnés <strong>en</strong> téléphonie<br />

mobile se développe très rapidem<strong>en</strong>t et le taux de couverture gagne<br />

presque l’<strong>en</strong>semble du pays.<br />

Un vivier humain<br />

OPPORTUNITES<br />

Sur le plan démographique, la population béninoise avoisine neuf millions.<br />

Plus de la moitié de ces âmes ont moins de 25 ans : une couche au fort pot<strong>en</strong>tiel<br />

<strong>en</strong> ressources humaines pour les <strong>en</strong>treprises. Un bon nombre maîtrise,<br />

dans divers secteurs d’activités, le savoir, le savoir-faire et le savoir-être : à<br />

l’échelle internationale. <strong>Le</strong>s imaginaires locaux valoris<strong>en</strong>t la formation de<br />

pointe. C’est pourquoi, plusieurs établissem<strong>en</strong>ts supérieurs fleuriss<strong>en</strong>t et se<br />

surpass<strong>en</strong>t pour former des cadres compétitifs.<br />

Une étude de la Direction générale des affaires économiques du ministère de<br />

l’Economie et des Finances révèle que par rapport à sa taille, « le <strong>Bénin</strong> fait<br />

partie des pays africains ayant un ratio de cadres qualifiés des plus élevés sur<br />

le contin<strong>en</strong>t ». Cette perle d’atouts fait du <strong>Bénin</strong> un sésame pour des investisseurs,<br />

<strong>en</strong> quête de terre prometteuse.<br />

Communication. <strong>Le</strong> port de Cotonou, très compétitif, dessert les territoires de l’hinterland<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 11


12 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr


Noisiel et Bembéréké,<br />

la coopération déc<strong>en</strong>tralisée<br />

<strong>en</strong> marche<br />

« Soyons clair, il faut une véritable détermination de la part d’une<br />

équipe d’élus pour initier une coopération avec une ville des pays du Sud »,<br />

s’exclame Anasthasio Diogo, premier Adjoint au Maire de Noisiel, une commune<br />

de Seine-et-Marne située à une vingtaine de kilomètres à l’Est de<br />

Paris. S’il était <strong>en</strong> gestation depuis quelques années, ce projet de coopération<br />

a été inscrit dans le programme du Maire Daniel Vachez, lors de la<br />

dernière campagne municipale <strong>en</strong> 2008. En novembre 2009, le maire réélu<br />

et son premier Adjoint d’origine béninoise se sont r<strong>en</strong>dus à Bembéréké, à<br />

430 kilomètres de Cotonou, pour signer une déclaration d’int<strong>en</strong>tion. Et un<br />

an après, c’était le tour de l’équipe municipale béninoise de v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> <strong>France</strong><br />

pour adopter un protocole de coopération déc<strong>en</strong>tralisée. « C’est la motivation<br />

de l’équipe de Bembéréké qui nous a <strong>en</strong>couragés à choisir cette commune<br />

», précise Anasthasio Diogo.<br />

Un projet construit<br />

Trois volets sont définis dans ce part<strong>en</strong>ariat. <strong>Le</strong> premier prévoit un appui institutionnel<br />

à destination de Bembéréké. « A l’automne, nous nous r<strong>en</strong>drons<br />

sur place pour transmettre notre expertise dans le domaine de l’administration<br />

et de la gestion d’une mairie », explique Anasthasio Diogo.<br />

<strong>Le</strong> deuxième axe est une coopération de projets. Par exemple, la v<strong>en</strong>ue d’un<br />

artiste de Bembéréké à Noisiel à la fin de l’année.<br />

« <strong>Le</strong>s habitants de Noisiel ont beaucoup à appr<strong>en</strong>dre de la culture béninoise.<br />

Cet <strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>t culturel sera notamm<strong>en</strong>t destiné aux écoliers », précise<br />

le premier Adjoint.<br />

Enfin, le troisième volet est tourné vers l’associatif.<br />

Cette fois-ci c’est une association de noiséli<strong>en</strong>s<br />

qui fera le voyage pour évaluer les besoins<br />

des habitants de Bembéréké.<br />

<strong>Le</strong> rôle de la diaspora<br />

COOPÉRATION<br />

Depuis 2008, la mairie de Noisiel, <strong>en</strong> région parisi<strong>en</strong>ne, travaille à tisser des li<strong>en</strong>s avec la<br />

mairie de Bembéréké au nord du <strong>Bénin</strong>. Un long chemin pour les élus des deux pays.<br />

Cordialité. Poignée de main ferme <strong>en</strong>tre les deux maires,<br />

lors de la signature du protocole de coopération<br />

Anasthasio Diogo est né <strong>en</strong> 1958 à Cotonou.<br />

Fonctionnaire de police, il est élu depuis 1989<br />

dans la commune de Noisiel <strong>en</strong> Seine-et-Marne.<br />

Conseiller municipal à ses débuts, il s’est vu<br />

confier davantage de responsabilités au fil des<br />

années. Il est aujourd’hui le premier Adjoint du<br />

Maire PS Daniel Vachez, <strong>en</strong> charge du logem<strong>en</strong>t<br />

et de la solidarité.<br />

« Si mes frères de la diaspora se trouv<strong>en</strong>t<br />

dans une commune où il est possible d’initier<br />

une coopération, je peux leur apporter mon<br />

concours. C’est notre rôle d’œuvrer dans cette<br />

direction » conclut, déterminé, Anasthasio Diogo.<br />

Cet objectif de multiplier les coopérations lui<br />

ti<strong>en</strong>t tant à cœur qu’il souhaite créer une association<br />

pour fédérer les élus béninois de <strong>France</strong><br />

et les aider à amorcer des projets.<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 13


ENVOL<br />

Mode de vie. <strong>Le</strong> visiteur reste ébahi par le mode de vie des habitants et l’originalité des lieux.<br />

14 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr


Ganvié<br />

toute la richesse du monde<br />

A une heure de Cotonou, la grande ville du <strong>Bénin</strong>, la curiosité étanche sa soif à Ganvié, un village<br />

juché sur l’eau. Surnommée la « V<strong>en</strong>ise africaine », cette cité lacustre jette une lumière sur le s<strong>en</strong>s de<br />

la vie. Une originalité à observer de près.<br />

Un <strong>en</strong>vol unique pour l’Afrique. Petite<br />

terre, le <strong>Bénin</strong> n’<strong>en</strong> demeure pas moins un grand<br />

conc<strong>en</strong>tré de merveilles <strong>en</strong>soleillées : plage, safari<br />

et découvertes. A l’ombre de ses cocotiers, le<br />

plaisir vous <strong>en</strong>veloppe dans un cocon de bi<strong>en</strong>être.<br />

Ses parcs zoologiques vous offr<strong>en</strong>t lions,<br />

hippopotames, éléphants... Sur de nombreux<br />

sites, histoire, culture et paysages vous emball<strong>en</strong>t<br />

et vous balad<strong>en</strong>t.<br />

A une quinzaine de kilomètres de Cotonou, la<br />

grande ville du pays, la curiosité étanche sa<br />

soif... dans le lac Nokoué : à Ganvié, un village<br />

juché sur l’eau. Cette citée lacustre fascine. Pour<br />

ses îlots lagunaires, les touristes l’ont baptisée<br />

la V<strong>en</strong>ise africaine. <strong>Le</strong> visiteur reste ébahi par<br />

le mode de vie des habitants et l’originalité des<br />

lieux.<br />

Heureux. Des <strong>en</strong>fants esquiss<strong>en</strong>t des pas de danse, à l’instar de Diane.<br />

ENVOL<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 15


ENVOL<br />

16 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr<br />

Harmonie. <strong>Le</strong>s belles demeures pouss<strong>en</strong>t sur des pilotis <strong>en</strong> bambou.


Aux sources de Ganvié<br />

A bord d’une barque motorisée, une brise rafraîchissante<br />

caresse le visiteur. Des visages joyeux<br />

illumin<strong>en</strong>t le touriste. Des sourires s’offr<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

cadeaux. Et des <strong>en</strong>fants esquiss<strong>en</strong>t des pas de<br />

danse, dans des pirogues. A l’instar de Diane, 9<br />

ans, qui rythme son corps à la cad<strong>en</strong>ce mélodieuse<br />

improvisée par ses pairs. D’autres initi<strong>en</strong>t<br />

des mouvem<strong>en</strong>ts habiles dans l’eau. Fascination<br />

garantie.<br />

L’origine de la contrée remonte au XVIIIème<br />

siècle. En quête de quiétude, ses premiers habitants<br />

y ont migré, pour échapper aux razzias<br />

esclavagistes. Ils se sont installés sur un petit îlot<br />

surnommé Ganvié : « nous sommes <strong>en</strong>fin sauvés ».<br />

Depuis lors, la traite humaine a disparu, mais<br />

l’amour de Ganvié est resté chevillé au cœur<br />

de ses originaires. « Pour cause de surpeuplem<strong>en</strong>t,<br />

petit à petit, des cases sur pilotis sortir<strong>en</strong>t<br />

de l’eau <strong>en</strong>vironnante, Ganvié s’est agrandi et<br />

compte aujourd’hui onze villages », explique Juli<strong>en</strong><br />

Zinzindohoué. Artiste, il peint des tableaux<br />

sur la vie locale. Son stand est installé dans le<br />

hall de l’hôtel de la Francophonie, fraichem<strong>en</strong>t<br />

rénové.<br />

Aujourd’hui, près de quarante mille âmes dorm<strong>en</strong>t<br />

à Ganvié. Pour tout l’or du monde, ils ne<br />

partirai<strong>en</strong>t pas ! Refus ferme, de la terre ferme.<br />

Parce que ces femmes et ces hommes sont dotés<br />

de la plus grande richesse humaine : le bonheur.<br />

Ils ont tout. Toute la richesse du monde.<br />

PRATIQUE<br />

Comm<strong>en</strong>t y aller ?<br />

Vol de Paris vers<br />

Cotonou.<br />

Pr<strong>en</strong>dre un taxi<br />

pour Calavi Kpota.<br />

A l’embarcadère,<br />

location de barque<br />

motorisée avec guide<br />

Où visiter ?<br />

• La place du marché<br />

• <strong>Le</strong>s cases sur pilotis<br />

• La rue des Amoureux<br />

• La rue des pêcheurs<br />

• L’hôtel de la<br />

Francophonie<br />

• L’hôtel Saint-Raphaël<br />

Artiste. Juli<strong>en</strong> Zinzindohoué peint des tableaux sur la vie locale.<br />

Où dormir<br />

et se restaurer ?<br />

• Hôtel Chez Raphaël<br />

• Hôtel Chez Germain<br />

ENVOL<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 17


18 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr


Stanislas Tomavo<br />

Directeur de recherche à l’Institut Pasteur<br />

A l’Institut Pasteur de Lille,<br />

Stanislas Tomavo ti<strong>en</strong>t les rênes de la<br />

recherche d’un vaccin contre le paludisme.<br />

<strong>Le</strong>s tests sur les souris sont<br />

concluants. Un brevet déposé. Et il<br />

poursuit son travail, dans une dynamique<br />

prometteuse. Entre les éprouvettes,<br />

découverte d’un homme qui<br />

cultive la pati<strong>en</strong>ce.<br />

Optimiste à tous crins. Stanislas Tomavo<br />

est plutôt tortue que lièvre. « Mettre <strong>en</strong> place des<br />

idées ou découvrir quelque chose, cela demande<br />

du temps », ponctue-t-il. Et il ne doute point<br />

d’un heureux aboutissem<strong>en</strong>t. Tel le ruisseau qui<br />

l’emporte sur la roche par la persévérance, il carbure<br />

à l’<strong>en</strong>durance. Cette culture de pati<strong>en</strong>ce<br />

drape son quotidi<strong>en</strong>, à la ville, comme au laboratoire<br />

: son aire professionnelle.<br />

Avec son équipe, il creuse le sillon prometteur<br />

d’un vaccin contre le paludisme. <strong>Le</strong>ur idée innovante<br />

: vacciner par voie orale. L’antigène<br />

s’insère dans l’amidon. La protection se trouve<br />

ainsi dans l’alim<strong>en</strong>tation. Ils font d’une pierre<br />

deux coups : se soigner, <strong>en</strong> se nourrissant. Une<br />

originalité saluée par les pontes de la recherche<br />

médicale mondiale. On ne peut trouver mieux<br />

pour lutter contre une maladie qui ravage plus<br />

que le sida, <strong>en</strong> Afrique. Chaque déc<strong>en</strong>nie, ce mal<br />

tue presque une population id<strong>en</strong>tique à celle du<br />

<strong>Bénin</strong>.<br />

Fort heureusem<strong>en</strong>t, les travaux du docteur Tomavo<br />

et de son collègue Stev<strong>en</strong> Ball, réunis au sein<br />

d’une unité de recherche du CNRS, s’affi n<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong>s souris vaccinées développ<strong>en</strong>t une immunité.<br />

Aujourd’hui, un brevet est déposé. L’étape d’expérim<strong>en</strong>tation,<br />

<strong>en</strong> grandeur nature, sur des humains<br />

se profi le. Déjà, on peut augurer d’un futur<br />

sourire <strong>en</strong>soleillé pour des millions d’<strong>en</strong>fants,<br />

de moins de cinq ans, affectés par le parasite.<br />

TALENTS<br />

Un itinéraire bi<strong>en</strong> fl euri<br />

Stanislas Tomavo a emprunté un itinéraire bi<strong>en</strong> fl euri. Né à la veille de l’indép<strong>en</strong>dance<br />

du Dahomey, aujourd’hui <strong>Bénin</strong>, il a passé son baccalauréat au<br />

Gabon. Il arrive <strong>en</strong> <strong>France</strong> <strong>en</strong> 1984 afi n de poursuivre ses études. Son frère<br />

ainé, Servais Tomavo, l’actuel Consul honoraire du <strong>Bénin</strong> à Lille, l’accueille.<br />

A l’université de Lille 1, il souti<strong>en</strong>t une brillante thèse <strong>en</strong> 1989 <strong>en</strong> Sci<strong>en</strong>ces,<br />

avec une spécialisation <strong>en</strong> bio cellulaire et génétique. Il s’<strong>en</strong>vole de la <strong>France</strong><br />

pour l’Allemagne et les Etats-Unis, p<strong>en</strong>dant quatre ans. Ces années de stage<br />

postdoctoral lui offr<strong>en</strong>t l’occasion d’affuter ses armes de recherche, dans des<br />

univers de pointe.<br />

Projet. « Je voudrais que des jeunes béninois fass<strong>en</strong>t des recherches dans nos laboratoires »<br />

De retour <strong>en</strong> <strong>France</strong> <strong>en</strong> 1993, le C<strong>en</strong>tre national de recherche sci<strong>en</strong>tifi que<br />

(CNRS) lui offre un poste. Depuis 1999, il dirige le laboratoire de recherche<br />

<strong>en</strong> biologie cellulaire du CNRS, à l’Institut Pasteur de Lille, et des missions<br />

régulières à Paris. A son actif, plus d’une soixantaine de publications dans<br />

des revues sci<strong>en</strong>tifi ques, aux Etats-Unis, <strong>en</strong> Angleterre et <strong>en</strong> Australie.<br />

Impressionnant physiquem<strong>en</strong>t, Stanislas Tomavo l’est davantage par sa d<strong>en</strong>sité<br />

intellectuelle. Analyse fi ne des logiques sociales et politiques. Exploration<br />

parfaite des solutions pour juguler divers maux. Pour autant, la grosse<br />

tête n’est pas son apanage. Une sérénité doublée de lucidité le conduit. Et<br />

il mesure toute la responsabilité qui lui incombe. En l’occurr<strong>en</strong>ce, il sait que<br />

la malaria tue sur sa terre d’origine plus qu’ailleurs. C’est justem<strong>en</strong>t ce li<strong>en</strong><br />

très fort à son ess<strong>en</strong>ce africaine qui l’oxygène. <strong>Le</strong> <strong>Bénin</strong> l’a façonné au sérieux<br />

dans le travail. A cela, se greffe la sincérité dans les relations humaines.<br />

Seulem<strong>en</strong>t, malgré son int<strong>en</strong>se vœu d’œuvrer pour le pays, il regrette : « il<br />

n’y a pas de répondant sur place ». Dans le passé, il a disp<strong>en</strong>sé des cours au<br />

Sénégal et <strong>en</strong> Guinée, parallèlem<strong>en</strong>t à ses activités <strong>en</strong> Occid<strong>en</strong>t. A prés<strong>en</strong>t,<br />

faire pareil au <strong>Bénin</strong> cristallise son projet africain. « J’ai essayé, mais il n’y a<br />

pas de retour des décideurs locaux » et cela l’affl ige. « Je voudrais que des<br />

jeunes béninois fass<strong>en</strong>t des recherches dans nos laboratoires ». Une noble<br />

aspiration. Il suffi t d’une poignée d’optimisme et de pati<strong>en</strong>ce. Avec Stanislas<br />

Tomavo, la perspective est toujours prometteuse.<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 19


20 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr


<strong>Le</strong>s <strong>Bénin</strong>ois de Nantes<br />

labour<strong>en</strong>t le Grand-Ouest<br />

Dans le Grand-Ouest,<br />

la diaspora s’organise. <strong>Le</strong>s ressortissants<br />

vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de lancer leur association,<br />

ABN : Amicale des <strong>Bénin</strong>ois<br />

de Nantes.<br />

ABN démarre sur les chapeaux de roue.<br />

Constituée le 7 mai, elle est <strong>en</strong>registrée à une date<br />

symbolique. « La préfecture nous a <strong>en</strong>registrés le<br />

10 : date de l’abolition de l’esclavage. Nous avons<br />

déposé nos statuts le 9 mai. Et le l<strong>en</strong>demain déjà,<br />

les services ont validé notre exist<strong>en</strong>ce juridique.<br />

Cette date n’est pas un hasard. C’est un signe du<br />

destin, notamm<strong>en</strong>t lorsqu’on connaît la place<br />

qu’ont occupée Nantes et Ouidah dans l’histoire<br />

de l’esclavage, il y a lieu d’observer un devoir de<br />

mémoire, d’assumer notre passé commun, de<br />

l’exorciser pour cultiver le vivre <strong>en</strong>semble », croit<br />

fermem<strong>en</strong>t Gino Doko, le présid<strong>en</strong>t de l’Amicale.<br />

<strong>Le</strong> fait est que le destin s’allie à leur dynamisme.<br />

Aussitôt née, l’amicale nourrit des projets pragmatiques<br />

et innovants. Des commissions de<br />

réflexion ont été mises sur pied autour de trois<br />

pôles : Accueil et intégration des étudiants et<br />

nouveaux arrivants, Développem<strong>en</strong>t du tourisme<br />

au <strong>Bénin</strong>, Place des <strong>Bénin</strong>ois de <strong>France</strong> dans<br />

l’économie des deux pays.<br />

En octobre, Nantes disposera d’un restaurant associatif,<br />

avec des spécialités <strong>Bénin</strong>oises et aussi<br />

un lieu expositions d’art, sous l’impulsion de<br />

l’ABN. Son présid<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong>thousiasme : « Nous<br />

voulons faire de Nantes un laboratoire dans lequel<br />

puisera la diaspora africaine d’autres villes<br />

<strong>en</strong> <strong>France</strong> pour valoriser un patrimoine méconnu.<br />

Avec nos commissions, nous voulons participer<br />

activem<strong>en</strong>t à la dynamique de développem<strong>en</strong>t<br />

du <strong>Bénin</strong>, et le restaurant, permettra, de faire découvrir,<br />

à moindre frais, la richesse culturelle et<br />

gastronomique aux amis du <strong>Bénin</strong> ».<br />

Un millier de membres avant 2012<br />

INITIATIVES<br />

A ce jour, une soixantaine de personnes sont <strong>en</strong>cartées à l’ABN. <strong>Le</strong>s responsables<br />

vis<strong>en</strong>t un millier de membres, d’ici la fin de l’année. Et ils travaill<strong>en</strong>t<br />

sans relâche, pour ce faire. Pourquoi cette initiative ? « Récemm<strong>en</strong>t, un valeureux<br />

béninois, David Houinsou Houssou, est décédé. A la veillée précédant<br />

le départ du corps pour le pays, sa famille a <strong>en</strong>registré le souti<strong>en</strong> de nombreux<br />

amis Camerounais, Ivoiri<strong>en</strong>s et autres, mais peu de <strong>Bénin</strong>ois. Alors que nous<br />

sommes nombreux dans la région et que l’homme était connu et aimé. Cette<br />

funeste occasion a créé un déclic salvateur pour l’union de nos compatriotes »,<br />

explique Gino Doko.<br />

Explication. Gino Doko, le Présid<strong>en</strong>t de l’ABN au micro : «Nous voulons faire de Nantes<br />

un laboratoire dans lequel puisera la diaspora africaine»<br />

Autre signe du destin, le 21 mai, l’Ambassadeur et le Consul général du <strong>Bénin</strong><br />

sont allés annoncer une heureuse nouvelle à la communauté béninoise.<br />

<strong>Le</strong>ur ville abritera très prochainem<strong>en</strong>t un Consulat honoraire du <strong>Bénin</strong> dans<br />

le Grand-Ouest. Il couvrira les régions de la Bretagne, des Pays de la Loire et<br />

du Poitou-Char<strong>en</strong>tes.<br />

Composé de douze apôtres, le Bureau exécutif de l’Amicale laboure l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te<br />

<strong>en</strong>tre les <strong>Bénin</strong>ois de cette partie de la <strong>France</strong>. <strong>Le</strong>s graines du laboratoire de<br />

l’ABN présag<strong>en</strong>t un bilan fleuri. Grâce à la force du destin et de la détermination<br />

de chacun.<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 21


10% de réduction sur prés<strong>en</strong>tation du magazine<br />

INITIATIVES<br />

22 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr<br />

Des étudiants marseillais<br />

au service du <strong>Bénin</strong><br />

<strong>Le</strong>ur <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t symbolise le marqueur d’une génération. Envie<br />

d’être utile aux plus souffrants. Ils port<strong>en</strong>t des projets <strong>en</strong> Afrique.<br />

Précisém<strong>en</strong>t au <strong>Bénin</strong>.<br />

« Parce que là-bas, les g<strong>en</strong>s ont beaucoup d’idées et manqu<strong>en</strong>t de financem<strong>en</strong>t<br />

» explique posém<strong>en</strong>t Anaïs Delugre, chargée de l’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>euriat de Projet<br />

Vi. Cette association étudiante d’Euromed Managem<strong>en</strong>t, école de commerce<br />

à Marseille, souti<strong>en</strong>t des initiatives locales. Elle contribue à la micro-finance<br />

sociale. <strong>Le</strong>s porteurs de projets sont financés. Ces derniers rembours<strong>en</strong>t quand<br />

leur activité prospère, sans frais. Ensuite, le montant est prêté à un autre. Et<br />

le cycle continu. Une chaine de commerçantes se met ainsi <strong>en</strong> place dans les<br />

villages béninois, grâce à Projet Vi.<br />

<strong>Le</strong>s membres de l’association ne part<strong>en</strong>t<br />

pas avec des solutions toutes faites.<br />

Bi<strong>en</strong> au contraire. Sans tomber dans<br />

les travers du misérabilisme, ces jeunes<br />

sèm<strong>en</strong>t la graine et laiss<strong>en</strong>t les bénéficiaires<br />

l’arroser.<br />

Seulem<strong>en</strong>t, comme le concède Ketsia<br />

Tétégan : « la grande difficulté, c’est le<br />

suivi ». Née <strong>en</strong> Côte-d’Ivoire, cette jeune<br />

femme, toute souriante, à peine 21 ans,<br />

réalise son accomplissem<strong>en</strong>t dans ce<br />

projet : « J’ai vécu trois ans au <strong>Bénin</strong> et<br />

j’ai vu les difficultés. Je veux apporter<br />

aux populations le bi<strong>en</strong>-être. En retour,<br />

j’avoue que cette action donne du s<strong>en</strong>s<br />

à ma vie et me forge socialem<strong>en</strong>t ».<br />

Engagés.<br />

<strong>Le</strong>s jeunes du projets VI<br />

« Nous recherchons des parrains pour les filles <strong>en</strong> difficulté scolaire ».<br />

La c<strong>en</strong>taine d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>euses, financées dans le pays, voi<strong>en</strong>t leur commerce<br />

s’étoffer. Elles sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t des v<strong>en</strong>deuses modestes. Elles ont plus que<br />

d’autres besoin de cet apport pour émerger. A Djibio, un village du Mono, dans le<br />

Sud-ouest du pays, Projet Vi a mis à la disposition du regroupem<strong>en</strong>t des femmes<br />

un fond de roulem<strong>en</strong>t et une machine de transformation du manioc. De plus,<br />

l’association construit des sanitaires publics dans les marchés de Cotonou :<br />

notamm<strong>en</strong>t Fifadji. L’éducation des <strong>en</strong>fants n’<strong>en</strong> demeure pas moins une préoccupation<br />

des jeunes étudiants d’Euromed Managem<strong>en</strong>t. A Zakpota, dans le Zou,<br />

c<strong>en</strong>tre du <strong>Bénin</strong>, près d’une tr<strong>en</strong>taine de filles sont parrainées. Frais de scolarité,<br />

cantine et autres besoins ess<strong>en</strong>tiels sont pris <strong>en</strong> charge.<br />

Mise sur pied <strong>en</strong> 2002, l’association a nourri le projet d’aider les <strong>en</strong>fants de l’orphelinat<br />

de Sainte Anne à Porto-Novo. Justem<strong>en</strong>t le mot «vi»veut dire <strong>en</strong>fant<br />

dans la langue fon : parlée par une bonne partie du <strong>Bénin</strong>. <strong>Le</strong> projet se prés<strong>en</strong>te<br />

comme l’un des seize segm<strong>en</strong>ts de l’association Unis-terre : structure de développem<strong>en</strong>t<br />

durable d’Euromed Managem<strong>en</strong>t. « Quatorze étudiants s’<strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t<br />

pour un à deux ans pour faire fleurir les actions du Projet Vi. Ils form<strong>en</strong>t la relève<br />

», note Anaïs Delugre. Elle s’<strong>en</strong>vole cet été au <strong>Bénin</strong> pour un mois avec les<br />

autres membres. Pressée de dialoguer avec les bénéficiaires, elle lance <strong>en</strong> outre<br />

un appel « nous recherchons des parrains pour les filles <strong>en</strong> difficulté scolaire ».<br />

C’est <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du.


www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 23


VISITE<br />

Double chef lieu de la région PACA et du départem<strong>en</strong>t<br />

des Bouches de Rhône, Marseille nourrit sa réputation de<br />

« facile à vivre ». Jadis, la ville a attiré la main d’œuvre<br />

dahomé<strong>en</strong>ne, alléchée par son port prospère. Elle conserve<br />

aujourd’hui tout son attrait, pour son climat accommodant.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Bénin</strong> et la cité phocé<strong>en</strong>ne ont partie liée. Des projets coopératifs fleuriss<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>tre les deux <strong>en</strong>tités. L’<strong>en</strong>treprise marseillaise SII, Gemalto, a réalisé la base<br />

de données des citoy<strong>en</strong>s du pays. L’Etat béninois dispose désormais d’une liste électorale<br />

perman<strong>en</strong>te informatisée (LEPI). Enjeu politique de taille, cet outil est prés<strong>en</strong>té<br />

comme une garantie de viabilité du vote.<br />

Dans la même veine, la ville de Cotonou a signé une conv<strong>en</strong>tion de part<strong>en</strong>ariat avec<br />

celle du siège de la région PACA : Prov<strong>en</strong>ce-Alpes-Côte d’Azur. Elle augure de bonnes<br />

perspectives. Déjà, la police municipale de la deuxième ville française a été sollicitée<br />

pour apporter toute son expertise à ses cadettes de Porto-Novo et de Cotonou.<br />

En outre, Lokossa dessine la trame d’une charte, voire d’un jumelage avec Arles et<br />

d’autres municipalités de la région. A Salon-de-Prov<strong>en</strong>ce, canton des Bouches-du-<br />

Rhône, les officiers béninois s’instruis<strong>en</strong>t à l’Ecole militaire de l’air. La religion n’est<br />

pas <strong>en</strong> reste. <strong>Le</strong> diocèse d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce et sa consœur de Natitingou, au <strong>Bénin</strong>,<br />

partag<strong>en</strong>t leur foi christique. Ils sont jumelés.<br />

Marseille occupe le deuxième rang des villes françaises. Double chef-lieu de la région<br />

PACA et du départem<strong>en</strong>t des Bouches du Rhône, la ville nourrit sa réputation<br />

de « facile à vivre ». Tout le littoral <strong>en</strong> PACA est très propice au tourisme français. La<br />

Côte d’Azur attire les touristes, comme la ruche magnétise les abeilles. De Cassis à<br />

M<strong>en</strong>ton, la côte ori<strong>en</strong>tale française, trempée dans la Méditerranée, regorge de stations<br />

balnéaires et estivales fécondes <strong>en</strong> notoriété. Cannes et Nice <strong>en</strong> sont les plus<br />

emblématiques. Désirée pour son climat accommodant, la région a plus d’un atout<br />

de séduction à son avantage: un été <strong>en</strong>soleillé autant qu’un hiver doux.<br />

Un Consulat honoraire depuis 1998<br />

De par le passé, le grand port marseillais attirait la main d’œuvre dahomé<strong>en</strong>ne. Des<br />

marins et dockers, originaires du <strong>Bénin</strong> actuel, se sont établis dans la cité phocé<strong>en</strong>ne.<br />

Deuxième génération d’immigrés, celle des ouvriers du BTP. Epic<strong>en</strong>tre de savoir, Marseille<br />

charme, de nos temps, les jeunes étudiants. Des <strong>Bénin</strong>ois se form<strong>en</strong>t dans les<br />

universités d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce, de Nice et évidemm<strong>en</strong>t de Marseille.<br />

Marseille abrite le Consulat honoraire du <strong>Bénin</strong>, depuis 1998.<br />

Consulat à plein temps<br />

A la ville comme au travail, Christine et Stéphane Houénoussi form<strong>en</strong>t un couple<br />

sérieux. Ils ont trois <strong>en</strong>fants. Cousue de complicité et de confiance, leur union est<br />

au service du <strong>Bénin</strong>. C’est justem<strong>en</strong>t sur son épouse que le Consul s’appuie dans ses<br />

tâches consulaires.<br />

Malgré son statut d’honoraire, le Consulat du <strong>Bénin</strong> à Marseille accueille ses usagers<br />

à plein temps. Véritable administration, logée au coeur du cabinet d’expertise<br />

comptable des Hou<strong>en</strong>oussi, la représ<strong>en</strong>tation consulaire béninoise, dans la cité phocé<strong>en</strong>ne,<br />

s’offre comme un cadre convivial aux touristes et ressortissants du <strong>Bénin</strong>.<br />

Deux secrétaires s’affair<strong>en</strong>t pour les satisfaire : avec un sourire radieux.<br />

24 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr<br />

LES<br />

BENINOIS DE MARSEILLE<br />

Une communauté discrète<br />

La juridiction couvre une douzaine de départem<strong>en</strong>ts:<br />

Alpes-de-Haute-Prov<strong>en</strong>ce, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes,<br />

Aude, Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault, Lozère,<br />

Pyrénées Ori<strong>en</strong>tales, Var et Vaucluse. Ainsi que<br />

la région Corse. L’expert-comptable et commissaire<br />

aux comptes, Stéphane Houénoussi assure la charge<br />

de Consul honoraire.<br />

La vie associative reste une friche à labourer<br />

« Très discrète et sans histoire », selon les mots sucrés<br />

de Laetitia Nouatin Edoh, une ressortissante installée<br />

à Nice, la communauté béninoise de la région PACA<br />

ne déroge pas à la règle, non écrite mais tacite, régissant<br />

sa conduite à l’étranger. Quelques associations<br />

t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de réunir les <strong>Bénin</strong>ois, avec plus ou moins de<br />

réussite. Dans ce registre associatif, on peut valablem<strong>en</strong>t<br />

inscrire l’Alliance Fraternelle des Ressortissants<br />

<strong>Bénin</strong>ois des Bouches-du-Rhône, l’Alliance des Ressortissants<br />

<strong>Bénin</strong>ois des Alpes Maritimes, l’Association<br />

des <strong>Bénin</strong>ois du Var et bi<strong>en</strong> d’autres.<br />

Seulem<strong>en</strong>t, les divers segm<strong>en</strong>ts de la diaspora béninoise<br />

dans la région, préfèr<strong>en</strong>t parfois jouer <strong>en</strong> solitaire.<br />

Chacun reste dans son coin. Et la vie d’<strong>en</strong>semble<br />

ainsi que la solidarité s’effrit<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s associations perd<strong>en</strong>t<br />

de leur superbe. Certes pour « vivre mieux, il faut<br />

vivre caché », mais « par mom<strong>en</strong>ts, le regroupem<strong>en</strong>t<br />

est une force ». Parole de Consul, leçon de sagesse.<br />

Tourisme. <strong>Le</strong> Vieux-Port de Marseille<br />

au coeur historique de la ville.


Essai. Habituellem<strong>en</strong>t, le <strong>Bénin</strong> nommait des Consuls français de souche. Mais<br />

l’Ambassadeur Ologoudou m’a dit : « On veut vous tester et voir. Si vous nous décevez,<br />

vous fermerez la porte aux autres <strong>Bénin</strong>ois ».<br />

STEPHANE HOUENOUSSI,<br />

Consul honoraire du <strong>Bénin</strong> à Marseille<br />

Il croit <strong>en</strong> sa bonne étoile. Travailleur impénit<strong>en</strong>t, le<br />

Consul honoraire du <strong>Bénin</strong> à Marseille conjugue l’élégance<br />

et la sobriété. Stéphane Hou<strong>en</strong>oussi allie dynamisme dans<br />

l’action et chaleur dans le relationnel. Expert-comptable et<br />

commissaire aux comptes de profession, il a la précision de<br />

l’horloger dans sa vie quotidi<strong>en</strong>ne. Interview consulaire.<br />

Pourquoi la ville de Marseille est-elle érigée <strong>en</strong> Consulat honoraire ?<br />

Initialem<strong>en</strong>t, le Consulat honoraire dans la région avait ses quartiers à Nice. En 1996,<br />

suite au décès du titulaire du poste, le <strong>Bénin</strong> demande au Quai d’Orsay de fermer<br />

complètem<strong>en</strong>t sa représ<strong>en</strong>tation à Nice pour créer un poste plus large, plus ét<strong>en</strong>du<br />

dans le Sud. Il obti<strong>en</strong>t l’accord de la <strong>France</strong> pour la ville de Marseille, parce que la cité<br />

phocé<strong>en</strong>ne occupe une place c<strong>en</strong>trale au Sud Est de la <strong>France</strong>. Siège de la région et<br />

du départem<strong>en</strong>t, les principaux acteurs institutionnels se trouv<strong>en</strong>t à Marseille. Mieux,<br />

les ressortissants béninois ont plus de facilité à v<strong>en</strong>ir à Marseille qu’à Nice. A leur demande,<br />

l’Ambassadeur André-Guy Ologoudou, alors <strong>en</strong> poste à Paris, a suggéré cette<br />

option au gouvernem<strong>en</strong>t béninois. Une fois l’idée validée par le présid<strong>en</strong>t Mathieu<br />

Kérékou, les Français l’ont <strong>en</strong>suite approuvée.<br />

Vous faites figure de pionnier pour les Consuls honoraires<br />

d’origine béninoise <strong>en</strong> <strong>France</strong>.<br />

Sans doute. Habituellem<strong>en</strong>t, le <strong>Bénin</strong> nommait des Consuls français de souche. Mais<br />

l’Ambassadeur Ologoudou m’a dit : « On veut vous tester et voir. Si vous nous décevez,<br />

vous fermerez la porte aux autres <strong>Bénin</strong>ois ». L’Ambassadeur Ologoudou pr<strong>en</strong>ait un<br />

risque <strong>en</strong> innovant. Il m’a fait confiance et j’essaie d’honorer cette confiance dans<br />

l’exécution de ma mission consulaire. J’ai obt<strong>en</strong>u mon exequatur <strong>en</strong> août 1998 et le<br />

Consulat honoraire à Marseille fonctionne depuis lors. J’avoue qu’au début, j’avais<br />

des craintes. Mais, mes compatriotes m’ont beaucoup sout<strong>en</strong>u et <strong>en</strong>couragé. Je<br />

n’avais plus le choix. Il faut dire que c’est mon destin qui m’a rattrapé. Je m’étais<br />

inscrit à Sci<strong>en</strong>ces-Po à Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> 1976, pour dev<strong>en</strong>ir diplomate. Seulem<strong>en</strong>t,<br />

j’ai changé d’option par la suite pour dev<strong>en</strong>ir expert comptable et commissaire aux<br />

comptes. Me voici maint<strong>en</strong>ant Consul.<br />

Et alors, quel est votre fait d’armes le plus significatif ?<br />

En septembre 2001, s’est t<strong>en</strong>ue la Foire de Marseille. A cette occasion, le <strong>Bénin</strong> a bénéficié<br />

d’une lumière int<strong>en</strong>se. Cinquante exposants béninois ont mis le label du pays<br />

<strong>en</strong> valeur. <strong>Le</strong> ministre du Commerce Lazare Séhouéto conduisait cette délégation.<br />

C’était merveilleux. La presse et les médias locaux se sont particulièrem<strong>en</strong>t intéressés<br />

aux produits du <strong>Bénin</strong>. P<strong>en</strong>dant dix jours, nous étions à l’honneur. Par ailleurs, il faut<br />

aussi noter les nombreux projets humanitaires qui se mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place et reçoiv<strong>en</strong>t<br />

leur exécution dans des actions au <strong>Bénin</strong>.<br />

En outre, les villes de Cotonou et de Lokossa sont <strong>en</strong><br />

grande discussion pour mettre <strong>en</strong> place un dispositif<br />

de coopération déc<strong>en</strong>tralisée avec des villes de notre<br />

région. Ma mission est d’œuvrer pour tisser des li<strong>en</strong>s<br />

avec les institutions du Sud-Est de la <strong>France</strong>, afin de<br />

faciliter la tâche aux autorités béninoises.<br />

Comm<strong>en</strong>t s’organis<strong>en</strong>t les <strong>Bénin</strong>ois d’ici ?<br />

Ils sont <strong>en</strong>viron six c<strong>en</strong>ts à s’inscrire dans nos registres.<br />

Nous disposons d’une association historique : l’Alliance<br />

Fraternelle des Ressortissants <strong>Bénin</strong>ois des<br />

Bouches-du-Rhône. Je me repose sur elle pour agir.<br />

Notamm<strong>en</strong>t, lorsqu’un <strong>Bénin</strong>ois a un problème, nous<br />

travaillons de concert pour le sortir de l’impasse.<br />

D’autres associations vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t se greffer à la première.<br />

Et je collabore avec tout le monde. Je travaille pour la<br />

réussite du <strong>Bénin</strong>, et non celle d’un clan ou d’un parti.<br />

C’est l’ess<strong>en</strong>tiel. Je tisse un relationnel avec les uns et<br />

les autres. Personnellem<strong>en</strong>t, j’essaie d’aider au rapatriem<strong>en</strong>t<br />

de corps de <strong>Bénin</strong>ois décédés ici. Parfois, je<br />

participe aux frais au pays. Parce que les cérémonies<br />

funéraires revêt<strong>en</strong>t un caractère très symbolique dans<br />

nos cultures. Ma philosophie : travailler et laisser dire.<br />

J’essaie de rassembler tout ce qui est épars. <strong>Le</strong>s g<strong>en</strong>s<br />

reconnaiss<strong>en</strong>t toujours le travail bi<strong>en</strong> effectué. C’est<br />

ce qui compte le plus pour moi. Au niveau spirituel, je<br />

reste profondém<strong>en</strong>t convaincu qu’il faut donner pour<br />

recevoir. Si tu fais du bi<strong>en</strong>, tu récolteras du bi<strong>en</strong>. Une<br />

vieille loi de la nature.<br />

Dans l’immédiat, quels sont vos projets ?<br />

Je travaille à la réalisation d’un site Internet. Avec ce<br />

site, nous allons simplifier les formalités administratives<br />

de nos usagers et permettre à nos ressortissants<br />

de disposer d’un outil interactif d’échanges avec leur<br />

maison qu’est le Consulat. De même, il sera très utile<br />

pour v<strong>en</strong>dre la destination <strong>Bénin</strong> aux touristes. Nous<br />

délivrons près de 1200 visas chaque année. Nous<br />

pourrions faire mieux, si le <strong>Bénin</strong> était davantage<br />

connu. J’<strong>en</strong>courage aussi un projet de construction<br />

d’un grand complexe hôtelier au <strong>Bénin</strong>. <strong>Le</strong>s porteurs<br />

de ce projet sont de notre région. Son aboutissem<strong>en</strong>t<br />

me préoccupe nuit et jour. Un autre programme que<br />

j’aimerais que l’on mette <strong>en</strong> place est la lutte contre<br />

la cybercriminalité : l’arnaque sur internet. Tout le mal<br />

déversé sur le <strong>Bénin</strong> m’insupporte. Je nourris le vœu<br />

de voir les autorités du <strong>Bénin</strong> décourager cette pratique.<br />

Il <strong>en</strong> va de l’image de notre pays et de notre<br />

s<strong>en</strong>s des valeurs.<br />

Bio express<br />

1955 : Naissance à Cotonou le 27 mars<br />

1976 : Arrivée à Marseille le 10 septembre<br />

1990 : Diplôme d’Expert Comptable, Commissaire<br />

aux Comptes <strong>en</strong> janvier<br />

1998 : Nommé Consul honoraire du <strong>Bénin</strong> à<br />

Marseille le 25 août<br />

2003 : Elu Trésorier de l’Union des Consuls Honoraires<br />

<strong>en</strong> <strong>France</strong> (UCHF)<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 25


VISITE<br />

UNIVERSITÉ<br />

Léopold Tchiakpè, 61 ans<br />

Professeur des universités <strong>en</strong> Pharmacie<br />

Solidaire. «J’oeuvre pour les transferts de solidarité avec le pays ».<br />

Nuit et jour, un projet habite Léopold Tchiakpè.<br />

Depuis 1995, il œuvre à l’implantation d’une industrie<br />

agro-alim<strong>en</strong>taire au <strong>Bénin</strong>. Sa motivation :<br />

« résoudre le problème d’alim<strong>en</strong>tation ». Pour lui, « les<br />

produits alim<strong>en</strong>taires ne doiv<strong>en</strong>t plus être importés <strong>en</strong><br />

Afrique ». Mais au préalable, il faut résoudre l’équation<br />

de conservation de la production agricole. « <strong>Le</strong>s paysans<br />

produis<strong>en</strong>t par saison, et la majorité de la récolte<br />

est détruite, faute de stockage et de conservation »<br />

démontre-t-il assez facilem<strong>en</strong>t. Ceci est d’autant plus<br />

vrai pour les fruits et légumes.<br />

UNIVERSITÉ<br />

Affaton Pascal, 64 ans<br />

Professeur des universités <strong>en</strong> Géosci<strong>en</strong>ces<br />

Cet homme est un parfait cond<strong>en</strong>sé de sagesse<br />

et de largesse. Pointu dans ses réflexions, il n’<strong>en</strong><br />

veut point à personne. Malgré tout le mal subi au <strong>Bénin</strong>.<br />

Par le pouvoir marxiste et la « béninoiserie ».<br />

Expert <strong>en</strong> géologie, sa thèse, sout<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> 1973 à l’université<br />

de Marseille, mit au jour l’unité géologique inconnue<br />

du Dahomey, de la Haute Volta et du Togo : la<br />

chaine des Dahoméïdes. Une formation de six c<strong>en</strong>ts<br />

millions d’années. <strong>Le</strong> titre obt<strong>en</strong>u, il r<strong>en</strong>tre au <strong>Bénin</strong>,<br />

malgré les propositions de poste <strong>en</strong> <strong>France</strong>. « Je suis<br />

reparti parce que ça coule de source ».<br />

Un poste à son étoffe vi<strong>en</strong>t d’être créé l’année même<br />

à l’université. Il arrive <strong>en</strong> tête du concours organisé<br />

pour ce faire. Pour autant, les puissants d’alors favoris<strong>en</strong>t<br />

le deuxième.<br />

Pascal Affaton part <strong>en</strong>seigner à Dakar, l’année suivante.<br />

Il revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite au <strong>Bénin</strong>, sur insistance du<br />

ministre de l’Education. Mais l’injustice à son <strong>en</strong>contre<br />

continue. Voulant à tout prix servir le <strong>Bénin</strong>, il se résout<br />

à travailler au service des Mines. <strong>Le</strong>s étudiants<br />

sont alors privés d’un brillant professeur.<br />

26 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr<br />

LES BENINOIS EN VUE<br />

A MARSEILLE<br />

A Ouidah, il laboure ce champ. Son idée se concrétise. Il lance <strong>Le</strong>s Glacières du <strong>Bénin</strong>.<br />

Il œuvre dans un domaine qu’il connaît bi<strong>en</strong>. Assez bi<strong>en</strong> même ! Professeur de pharmacie<br />

à l’université de Marseille, son cursus fait la fierté du <strong>Bénin</strong>.<br />

Il arrive à Marseille <strong>en</strong> 1973, après son bac au collège Père Aupiais à Cotonou. Et trois<br />

années passées à Dakar. Il finit sa thèse et se spécialise <strong>en</strong> pharmacie industrielle. De<br />

1982 à 1988, il <strong>en</strong>seigne <strong>en</strong> Angola. Dirige le service de pharmacie à l’hôpital de Luanda.<br />

Il réorganise le système de santé du pays. En 1985, il fait un petit détour au <strong>Bénin</strong><br />

et donne des cours, <strong>en</strong> remplacem<strong>en</strong>t d’un collègue. Et revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>France</strong> <strong>en</strong> 1998.<br />

A son retour à Marseille, il pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> charge le laboratoire de nutrition et diététique à la<br />

Faculté de pharmacie. Il accède au rang de Directeur du Diplôme de Diététique santé.<br />

<strong>Le</strong> professeur Tchiakpè forme les futurs docteurs <strong>en</strong> pharmacie, <strong>en</strong> médecine et <strong>en</strong><br />

nutrition. Qu’apporte concrètem<strong>en</strong>t son laboratoire ? Il m<strong>en</strong>tionne : « 60% des cancers<br />

sont d’origine nutritionnelle. Sauf qu’on n’arrive pas à le spécifier précisém<strong>en</strong>t. Nous<br />

recherchons cela dans l’alim<strong>en</strong>tation et les modes de préparation des alim<strong>en</strong>ts : afin<br />

de mettre <strong>en</strong> place des actions prév<strong>en</strong>tives ».<br />

Il fait montre d’un esprit de concision impressionnant. Va à l’ess<strong>en</strong>tiel avec des mots<br />

simples. Son désir d’œuvrer pour le <strong>Bénin</strong> se jauge à l’aune de son travail à la faculté<br />

de Marseille. La preuve, son industrie agro-alim<strong>en</strong>taire et les valeurs qu’elle porte.<br />

Pour autant, il recherche <strong>en</strong>core des part<strong>en</strong>aires financiers, afin d’oxygéner l’investissem<strong>en</strong>t<br />

dans le projet.<br />

L’agriculture bio s’offre comme une plus value à explorer : afin de r<strong>en</strong>tabiliser efficacem<strong>en</strong>t.<br />

Avec ce second souffle, des emplois feront le bonheur des familles locales. Une<br />

préoccupation majeure qui anime Léopold Tchiakpè. « J’œuvre pour les transferts de<br />

solidarité avec le pays. Je préfère créer des emplois que d’<strong>en</strong>voyer de l’arg<strong>en</strong>t ». Tout<br />

est dit. Ainsi soit-il.<br />

Politologue. « Ce qui manque au <strong>Bénin</strong>, c’est la détermination d’un noyau pour crier gare»<br />

En 1978, il décide de repartir du <strong>Bénin</strong> « <strong>en</strong> douceur », selon son mot. Il saisit l’opportunité<br />

d’une bourse d’étude <strong>en</strong> Arizona et s’éclipse de « l’injustice et du favoritisme ».<br />

Déclaré apatride par le <strong>Bénin</strong>, il n’a d’autre choix que de rester à l’étranger. Il<br />

revi<strong>en</strong>t à Marseille <strong>en</strong> 1981 et souti<strong>en</strong>t son Doctorat d’Etat <strong>en</strong> Géosci<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> 1987.<br />

Démarre une mission de coopérant français <strong>en</strong> Afrique. Professeur et Chef du départem<strong>en</strong>t<br />

Géosci<strong>en</strong>ces à Lomé de 1987 à 1993. Ensuite au Niger. Respecté et accepté<br />

par ses pairs, il préside l’association des géologues africains. <strong>Le</strong> professeur Affaton a<br />

<strong>en</strong> outre effectué de nombreuses études et expertises <strong>en</strong> minéralisation <strong>en</strong> Afrique.<br />

Plusieurs cadres africains, issus de ce secteur, lui <strong>en</strong> sav<strong>en</strong>t gré pour leur formation.<br />

Des c<strong>en</strong>taines de publications sci<strong>en</strong>tifiques sont égalem<strong>en</strong>t à mettre à son actif.<br />

Depuis 1998, il est titulaire d’un poste d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t à l’Université d’Aix-Marseille.<br />

Tout <strong>en</strong> œuvrant <strong>en</strong> <strong>France</strong>, il n’oublie pas le <strong>Bénin</strong>. Il agit dans la vallée avec son<br />

association <strong>Le</strong> Pont Cedek : Concorde Envol pour le développem<strong>en</strong>t de Késsounnou.<br />

Plus généralem<strong>en</strong>t, il jette un regard clairvoyant sur le pays : « ce qui manque, c’est<br />

la détermination d’un noyau pour crier gare, et non pour pr<strong>en</strong>dre le pouvoir». Une<br />

analyse qui explore à merveille les ressorts de la sphère publique béninoise. Bi<strong>en</strong> dit<br />

Monsieur le Professeur.


AFFAIRES<br />

Jonas Akpaca, 48 ans<br />

Juriste & Expert maritime<br />

Jonas Akpaca a l’étoffe des gros dossiers.<br />

Ultra-s<strong>en</strong>sibles même. Quand il s’agit de délivrer des<br />

navires des mailles des pirates somali<strong>en</strong>s, c’est à lui<br />

qu’on fait appel pour les négociations. Impressionnant<br />

par sa taille, il l’est aussi par sa capacité de persuasion.<br />

Homme affable et calme, il se coule dans l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />

ambiant : tel un caméléon. Et prés<strong>en</strong>te<br />

son travail avec modestie : « c’est un honneur de gérer<br />

une affaire de grande importance. De discuter avec les<br />

organismes de sécurité et de r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts les plus<br />

<strong>en</strong> vue ». Quel bilan depuis lors ? Pour quel montant<br />

par opération ? Sourire de mise. Question esquivée.<br />

Discrétion oblige.<br />

Efficacité et perspicacité sont ses maîtres-mots. Juriste<br />

de formation, il dirige à 48 ans les opérations<br />

africaines du groupe Oméga Maritime. La <strong>France</strong> l’accueille<br />

<strong>en</strong> 1989 pour sa maîtrise, <strong>en</strong> Droit des affaires. Il<br />

<strong>en</strong>chaîne avec un DESS <strong>en</strong> Droit Maritime et Droit des<br />

Transports. Un Doctorat <strong>en</strong> Droit Privé. Ne s’arrête pas.<br />

En 1997, il intègre l’école des avocats de Montpellier.<br />

Et sort deux ans plus tard. Compte t<strong>en</strong>u de son statut<br />

d’étranger, il n’avait pas le droit de revêtir la robe<br />

sur place. Mais comble de chance et surtout grâce à<br />

son extraordinaire dossier, il bénéficie d’une dérogation<br />

spéciale du Conseil de l’ordre des avocats : il peut<br />

exercer. Il prête serm<strong>en</strong>t, mais sollicite une « omission<br />

» <strong>en</strong> 2000 pour travailler dans un cabinet d’expertise<br />

maritime.<br />

Depuis lors, il embraye dans le secteur. Son influ<strong>en</strong>ce<br />

fait que des « chasseurs de tête » le cibl<strong>en</strong>t constamm<strong>en</strong>t.<br />

Depuis l’année dernière il a remis pied à l’université.<br />

Pour un autre diplôme ? Quand même ! Cette<br />

fois, il <strong>en</strong>seigne à l’université d’Aix-Marseille 3.<br />

Carré dans son raisonnem<strong>en</strong>t, Jonas Akpaca possède<br />

un code amiral qui guide sa conduite : « quand vous<br />

avez cette chance, il s’avère nécessaire d’être exemplaire.Un<br />

minimum de rigueur. Beaucoup d’Africains<br />

ont suivi mon exemple. Ils ont compris que le travail<br />

paie toujours ». Inlassablem<strong>en</strong>t, il a creusé son sillon et<br />

peut <strong>en</strong> être fier. Très fier même. « <strong>Le</strong> fanfaron perd <strong>en</strong><br />

énergie . L’humilité est une source de performance »,<br />

glisse notre expert maritime. Expert <strong>en</strong> sagesse.<br />

Influ<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s « chasseurs de tête » le cibl<strong>en</strong>t constamm<strong>en</strong>t.<br />

AFFAIRES<br />

Ida Hounsa Agbélékpo, 41 ans<br />

Chef d’<strong>en</strong>treprise<br />

VISITE<br />

Amazone. Courage, persévérance et humilité chemin<strong>en</strong>t avec elle, au quotidi<strong>en</strong><br />

Comme l’abeille produit du miel, Ida Hounsa Agbélékpo produit de la propreté.<br />

Son <strong>en</strong>treprise, qui porte ses initiales, fait briller les surfaces de Nice. Pour <strong>en</strong><br />

arriver là, elle s’est battue trois à quatre fois davantage. Dans un pays qui n’est pas le<br />

si<strong>en</strong>, la jeune femme connaît « la rudesse de la <strong>France</strong> », selon son expression. Son caractère<br />

trempé, l’aide assurém<strong>en</strong>t. « J’étais décidée à créer ma boîte. Je ne voulais plus<br />

travailler pour les autres parce que je ti<strong>en</strong>s à ma liberté ». De fait, après des années<br />

de formation <strong>en</strong> BTS Technico-commercial, elle s’est rabattue, faute de mieux, sur un<br />

boulot dans une école.<br />

La suite de son histoire, c’est elle qui la raconte. « Je remplace une copine un jour<br />

dans un poste de nettoyage. J’ai trouvé cela facile, <strong>en</strong> plus c’est bi<strong>en</strong> payé. J’y pr<strong>en</strong>ds<br />

petit à petit goût. Et le patron me propose un contrat. Je délaisse mon emploi à l’école<br />

et me forme dans le travail d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de surface. Un jour, je propose à mon patron<br />

de travailler <strong>en</strong> sous-traitance. Il refuse. Je raccroche et lance mon <strong>en</strong>treprise dans la<br />

foulée. Et c’est par la suite et aussi pour ne pas perdre les sites dont j’avais la charge<br />

qu’il s’est résolu à me les confier <strong>en</strong> sous-traitance ».<br />

Elle crée alors <strong>en</strong> 2000 HI Services. Son secret pour t<strong>en</strong>ir depuis lors. « Je mise sur un<br />

travail de qualité tous les jours. Mes principaux ag<strong>en</strong>ts commerciaux sont mes cli<strong>en</strong>ts.<br />

De bouche à oreille, ma notoriété augm<strong>en</strong>te ». Sa société emploie aujourd’hui quatre<br />

personnes. Ce n’est pas ri<strong>en</strong> avec les impôts et les charges. En l’occurr<strong>en</strong>ce, dans un<br />

contexte de crise économique, Ida Hounsa Agbélékpo est une amazone. Courage, persévérance<br />

et humilité chemin<strong>en</strong>t avec elle, au quotidi<strong>en</strong>. A Quarante-et-un ans, mariée,<br />

elle combine de pair son travail de chef d’<strong>en</strong>treprise et de mère au foyer.<br />

Née à Djeffa, dans le départem<strong>en</strong>t de l’Ouémé, au <strong>Bénin</strong>, elle rejoint ses par<strong>en</strong>ts <strong>en</strong><br />

<strong>France</strong> <strong>en</strong> 1982. Du <strong>Bénin</strong>, elle mainti<strong>en</strong>t un li<strong>en</strong> int<strong>en</strong>se. Chef d’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> <strong>France</strong>,<br />

elle l’est égalem<strong>en</strong>t au pays de son père, où elle possède une ferme. Justem<strong>en</strong>t, elle<br />

<strong>en</strong>visage aujourd’hui de pr<strong>en</strong>dre sa relève à la tête de l’Association des ressortissants<br />

béninois des Alpes Maritimes. Une association <strong>en</strong> déshér<strong>en</strong>ce depuis que son père<br />

est plus prés<strong>en</strong>t au <strong>Bénin</strong> qu’<strong>en</strong> <strong>France</strong>. Un flambeau à la hauteur de Ida Hounsa<br />

Agbélékpo.<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 27


VISITE<br />

Georgiana Viou, 33 ans<br />

Auteur <strong>en</strong> cuisine<br />

Malgré sa soudaine célébrité Georgiana<br />

Viou reste égale à elle même. Générosité et simplicité<br />

l’habit<strong>en</strong>t. Elle accepte notre r<strong>en</strong>dez-vous<br />

sans protocole. S’installe avec douceur et parle<br />

avec une grâce touchante. La <strong>France</strong> <strong>en</strong>tière la<br />

découvre dans sa passion favorite <strong>en</strong> 2010. Elle<br />

participe à l’émission très suivie sur TF1 : Masterchef.<br />

Sa détermination séduit les téléspectateurs.<br />

Elle est press<strong>en</strong>tie gagnante. A l’arrivée,<br />

elle occupe la treizième place. Reste qu’elle a<br />

scellé son nom à la cuisine française.<br />

« Cuisiner est l’activité qui me réussit le mieux,<br />

qui me fait planer, qui me réjouit le cœur ! ». Et<br />

elle <strong>en</strong> use, avec gourmandise. Georgiana Viou<br />

fait le tour de la <strong>France</strong> pour s’approprier les recettes<br />

des grands chefs, qui lui font spontaném<strong>en</strong>t<br />

confiance et sont séduits par son projet.<br />

Elle vi<strong>en</strong>t juste de sortir son premier livre culinaire<br />

: Ma cuisine de Marseille, chez HC Editions.<br />

Préfacé par Lionel Lévy, étoilé Michelin <strong>en</strong> 2005 et<br />

Chef du restaurant Une Table au Sud à Marseille.<br />

28 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr<br />

LES BENINOIS EN VUE<br />

A MARSEILLE<br />

Histori<strong>en</strong>ne. «J’ai <strong>en</strong>vie de recueillir la mémoire culinaire du <strong>Bénin</strong> ».<br />

Ce livre consacre son tal<strong>en</strong>t. Elle apporte sa touche à vingt neuf recettes prov<strong>en</strong>çales<br />

ou marseillaises. « Marseillaise d’adoption, je puise mon inspiration<br />

culinaire dans les s<strong>en</strong>teurs de thym, les ors de l’huile d’olive et les parfums<br />

d’iode des poissons de la marée au Vieux Port. Je livre ici mes secrets de<br />

cuisine, mes tours de main, mes découvertes de saveurs. C’est mon cahier de<br />

recettes, où se mêl<strong>en</strong>t les produits de la région dans de nouveaux mariages<br />

parfumés et les recettes traditionnelles auxquelles je donne un petit coup de<br />

frais ».<br />

En 2008, notre célébrité a déjà bénéficié d’une int<strong>en</strong>se lumière télévisuelle<br />

avec l’émission Un diner presque parfait sur M6. Née à Cotonou, de père nigérian,<br />

sa mère est Fon. Son nouveau projet ? « J’ai <strong>en</strong>vie de me balader au<br />

<strong>Bénin</strong> pour r<strong>en</strong>contrer les grand-mères et recueillir leur mémoire culinaire ».<br />

<strong>Le</strong> <strong>Bénin</strong> a son futur chef. Chapeau bas.<br />

« Cuisiner est l’activité qui me réussit le mieux,<br />

qui me fait planer, qui me réjouit le cœur ! »


Clém<strong>en</strong>t Yao Akuesson, 60 ans<br />

Artiste<br />

Un valeureux chevalier du <strong>Bénin</strong> <strong>en</strong><br />

<strong>France</strong>. A travers ses cours de danse et de percussions,<br />

Clém<strong>en</strong>t Yao Akuesson infuse la tisane<br />

de l’acceptation des différ<strong>en</strong>ces à Marseille. Tous<br />

les deux ans, il s’<strong>en</strong>vole au <strong>Bénin</strong> avec ses élèves.<br />

Là-bas, les Français se gliss<strong>en</strong>t dans le quotidi<strong>en</strong><br />

des <strong>Bénin</strong>ois. Notamm<strong>en</strong>t dans les villages. « Des<br />

li<strong>en</strong>s se tiss<strong>en</strong>t des deux côtés. <strong>Le</strong>s Blancs dans<strong>en</strong>t<br />

comme les Noirs. <strong>Le</strong>s Noirs appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à<br />

connaître les Blancs. Au fur et à mesure, les surprises<br />

s’estomp<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s barrières tomb<strong>en</strong>t », se<br />

réjouit le constructeur de cette passerelle.<br />

Chevalier. « J’ouvre la porte d’un monde de paix fait d’ocre et de saveurs pim<strong>en</strong>tées »<br />

VISITE<br />

Véritable manufacture, l’association Takita, créée <strong>en</strong> 2002 sous son impulsion,<br />

diffuse les merveilles culturelles béninoises, dans le Sud de la <strong>France</strong>.<br />

De plus, elle capitalise les énergies de solidarité internationale. Bi<strong>en</strong> dans<br />

son corps, bi<strong>en</strong> dans son esprit. A la danse, s’adjoint une âme s<strong>en</strong>sible. <strong>Le</strong>s<br />

stagiaires de Clém<strong>en</strong>t Yao Akuesson mett<strong>en</strong>t la main à la poche, comme à la<br />

tâche. Et des projets locaux de développem<strong>en</strong>t fl euriss<strong>en</strong>t.<br />

L’artiste inscrit ses actions dans une dynamique pér<strong>en</strong>ne. Après leur formation,<br />

la plupart des élèves intègr<strong>en</strong>t sa troupe Assogo. Riche d’une cinquantaine<br />

de membres, elle s’étoffe chaque année. Assogo anime les fêtes de<br />

quartier, des écoles, des r<strong>en</strong>contres. <strong>Le</strong> clou de ces représ<strong>en</strong>tations a lieu le<br />

21 juin, de chaque année. La formule s’applique : « Faites de la musique, Fête<br />

de la Musique ». Lors de cette fête, Assogo rythme le go béninois, <strong>en</strong> plein air.<br />

<strong>Le</strong>s percussions claironn<strong>en</strong>t et rayonn<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s curiosités suscit<strong>en</strong>t l’amour de<br />

la danse africaine. <strong>Le</strong>s corps boug<strong>en</strong>t. Des vocations naiss<strong>en</strong>t. Clém<strong>en</strong>t Yao<br />

nous plonge dans la suite :<br />

« j’insuffl e à mes élèves mon amour pour la mu-<br />

sique sique traditionnelle, traditionnelle, émergeant émergeant de de mon mon <strong>en</strong>fance <strong>en</strong>fance bercée bercée par par les les tam-tams tam-tams ». ».<br />

Né à Cotonou <strong>en</strong> 1950, il arrive <strong>en</strong> <strong>France</strong> <strong>en</strong> 1976. Avec son groupe de danse<br />

d’antan : le Trio Hébiesso. Il sort diplômé des Beaux-Arts d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce<br />

et de l’École Supérieure d’Art et d’Architecture de Luminy (Marseille). La<br />

créativité attachée au corps, il lance une ag<strong>en</strong>ce de communication et travaille<br />

comme graphiste. Et édite le magazine Black Stock, dédié à la cause<br />

des immigrés noirs dans le Sud de la <strong>France</strong>.<br />

Sa deuxième passion aujourd’hui : la peinture. « Mon œuvre est empreinte<br />

de de spirituel, spirituel, tout tout comme comme la la femme femme est est l’ess<strong>en</strong>ce l’ess<strong>en</strong>ce de de ma ma vie, vie, on on la la retrouve retrouve<br />

d’ailleurs d’ailleurs au au fi fi l l de de mes mes toiles, toiles, on on la la s<strong>en</strong>t, s<strong>en</strong>t, on on la la palpe palpe sur sur mes mes portraits portraits ». ». Et<br />

l’artiste r<strong>en</strong>chérit :<br />

« avec mon pinceau, je raconte des histoires d’Afrique avec<br />

tout tout ce ce qu’elle qu’elle possède possède de de lumineux lumineux et et d’<strong>en</strong>chanteur, d’<strong>en</strong>chanteur, j’ouvre j’ouvre la la porte porte d’un d’un<br />

monde monde de de paix paix fait fait d’ocre d’ocre et et de de saveurs saveurs pim<strong>en</strong>tées pim<strong>en</strong>tées ». ».<br />

Sur ses tableaux, le mystique a r<strong>en</strong>dez-vous avec le réel. Il ne peut <strong>en</strong> être<br />

autrem<strong>en</strong>t d’un <strong>en</strong>fant nourri aux t<strong>en</strong>dresses de sa grand-mère, Nana Agbessi<br />

Tossoukpé : une prêtresse vodou. Elle continue d’être d’être sa muse. Et Clém<strong>en</strong>t<br />

Yao Akuesson Akuesson sait lui r<strong>en</strong>d grâce. Avec un tableau généreusem<strong>en</strong>t généreusem<strong>en</strong>t travaillé. travaillé.<br />

Illuminée et colorée, cette peinture s’observe s’observe comme une œuvre passionnée :<br />

une intime communication <strong>en</strong>tre <strong>en</strong>tre l’artiste et et son inspiratrice. Avec Clém<strong>en</strong>t<br />

Yao Akuesson, rigueur et vigueur vigueur se mêl<strong>en</strong>t. La La ponctualité ponctualité et et la la simplicité<br />

sont de mise. <strong>Le</strong> lyrisme se dilue dans la peinture. Des ondulations musicales<br />

se se lis<strong>en</strong>t sur ses toiles. <strong>Le</strong> son rythmé des tam-tams <strong>en</strong>voûte ses tableaux de<br />

couleurs. couleurs. De la suite dans les idées et dans l’action. l’action. Clém<strong>en</strong>t Yao Akuesson,<br />

un homme de cohér<strong>en</strong>ce.<br />

« Avec mon pinceau, je raconte des histoires<br />

d’Afrique »<br />

www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 29


VISITE<br />

CULTURE<br />

Pépé Oléka, 30 ans<br />

Artiste<br />

Avec Pépé Oléka, l’exig<strong>en</strong>ce s’invite. La<br />

courtoisie au r<strong>en</strong>dez-vous. L’<strong>en</strong>semble dans la<br />

simplicité. Nous sommes dans le hall d’un hôtel<br />

marseillais. Elle accepte bi<strong>en</strong> volontiers un<br />

café. Pose soigneuse dans un fauteuil douillet.<br />

Et l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> comm<strong>en</strong>ce, sans protocole. Trait de<br />

caractère ess<strong>en</strong>tiel ? « J’aime être naturelle, avec<br />

mes défauts et mes qualités ». Elle r<strong>en</strong>force, l’air<br />

amusé : « Je ne veux ressembler qu’à moi même ».<br />

On dirait un slogan.<br />

Son visage lisse capte la lumière. L’artiste parle,<br />

comme elle interprète ses chansons. <strong>Le</strong> phrasé<br />

l<strong>en</strong>t, Pépé Oléka retrace sa vie. « Mon père vi<strong>en</strong>t<br />

de la communauté Igbo du Nigéria, où je suis<br />

née : à Badagry, une ville frontalière du <strong>Bénin</strong> ».<br />

Mais la terre nourricière de sa mère, le <strong>Bénin</strong>, a<br />

bercé sa t<strong>en</strong>dre jeunesse. Pépé Oléka y garde un<br />

souv<strong>en</strong>ir inoxydable. En réalité dans sa palette<br />

de référ<strong>en</strong>ces, les couleurs dominantes sont de<br />

culture béninoise.<br />

La musique et la danse chevillées au corps<br />

et à l’âme, elle débute ses prestations à l’âge<br />

de douze ans, à Lomé. Enchaîne dans les cabarets<br />

les plus prestigieux de Cotonou. Gagne <strong>en</strong><br />

confiance. L’expression artistique s’offre à elle<br />

comme « un déclic contre la timidité ». Pour autant,<br />

elle fuit parfois le regard, détourne la tête<br />

ou la baisse. Sous la t<strong>en</strong>ue d’une fille pleine d’assurance,<br />

transpire une s<strong>en</strong>sibilité à la modestie. A<br />

sa décharge, <strong>en</strong> Afrique et plus particulièrem<strong>en</strong>t<br />

au <strong>Bénin</strong>, on ne regarde pas droit dans les yeux.<br />

Choriste des artistes béninois de r<strong>en</strong>om comme<br />

Jean Adagbénon et bi<strong>en</strong> d’autres, elle gomme,<br />

par petites touches, les rétic<strong>en</strong>ces premières de<br />

sa mère : « <strong>Le</strong> salaire confortable m’a permis de<br />

la convaincre que je peux vivre de mon métier ».<br />

En 2004, elle arrive <strong>en</strong> <strong>France</strong> pour des raisons familiales.<br />

Déballe ses valises à Marseille.<br />

Auth<strong>en</strong>tique. « Je ne veux ressembler qu’à moi même »<br />

30 Eté 2011 - www.liane-b<strong>en</strong>in.fr<br />

LES BENINOIS EN VUE<br />

A MARSEILLE<br />

Début laborieux. « C’était difficile au départ de maitriser les codes d’un nouveau<br />

pays », confesse celle qui nage aujourd’hui comme un poisson dans l’eau<br />

dans la cité phocé<strong>en</strong>ne. « J’adore Marseille pour le beau temps, j’ai su pr<strong>en</strong>dre<br />

mes repères », lance Pépé <strong>en</strong>jouée. Tout va bi<strong>en</strong>. Elle baigne dans la notoriété<br />

à Marseille. A usé ses souliers dans la plupart des salles de spectacle de la<br />

ville. Sa r<strong>en</strong>contre avec Ulrich Edoh, <strong>en</strong> 2004, est décisive. Il lui propose d’interpréter<br />

les chansons d’Afrique du Sud, au départ d’une course de voiliers,<br />

à la cité phocé<strong>en</strong>ne. Prestation réussie. Public conquis. Trois mille personnes<br />

au port.<br />

Sa musique s’écoute comme une ode à la nostalgie béninoise. Elle chante la<br />

mélancolie, douce et rêveuse. Elle le fait si bi<strong>en</strong>. Avec un timbre particulier,<br />

langoureux comme suave.<br />

Son album sort <strong>en</strong> octobre. Et il parlera d’elle. Pourquoi ? « Il suffit de l’écouter<br />

pour savoir tout ce qui m’a marquée ». Et après ? « Travailler, <strong>en</strong>core et<br />

<strong>en</strong>core ! ». Celle qui progresse constamm<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>se qu’elle « a toute la mort<br />

pour se reposer ». Toute la spl<strong>en</strong>deur intellectuelle de Pépé Oléka. Une artiste<br />

lyriquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voûtante.<br />

Plus d’infos : pepeoleka.com


www.liane-b<strong>en</strong>in.fr - Eté 2011 29

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