No 06 Le métier d'enseignant.pdf - Etat du Valais
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COURRIER DES LECTEURS<br />
Entre les langues germaniques,<br />
pourquoi ne pas choisir utile?<br />
Lorsque certains de nos concitoyens<br />
de Suisse alémanique ont<br />
envisagé que la deuxième langue<br />
que les jeunes Suisses allemands<br />
devraient apprendre prioritairement<br />
pourrait être l’anglais, la Suisse<br />
romande a vibré en affirmant que<br />
le problème que ce choix poserait<br />
serait celui de l’unité de la Suisse. Je<br />
ne partage pas <strong>du</strong> tout cet avis.<br />
L’essentiel est de pouvoir se comprendre,<br />
peu importe en quelle<br />
langue. <strong>Le</strong>s Européens en font la démonstration<br />
et cela sans que les Portugais<br />
ne parlent le grec ou les Grecs<br />
le finlandais. L’Europe se constitue<br />
sans contrainte politique d’apprentissage<br />
d’une langue ou d’une autre.<br />
En Suisse et en <strong>Valais</strong>, les Constitutions<br />
(resp. art. 12 et art. 4) se préoccupent<br />
de l’égalité des langues<br />
dans les rapports que les citoyens<br />
entretiennent avec l’<strong>Etat</strong>. Cela est<br />
naturel mais ne va pas au-delà.<br />
L’article 18 de la Constitution fédérale<br />
garantit que nous restons libres<br />
de parler et d’apprendre la ou les<br />
langues que nous choisissons et<br />
lorsque l’on dit aux Romands que<br />
l’allemand est le choix prioritaire<br />
harmonique et efficace, je suis tenté<br />
de répondre que c’est au contraire<br />
la voie nationale de la ré<strong>du</strong>ction et<br />
de l’impasse.<br />
Si les jeunes étudiants suisses dialoguent<br />
souvent par-dessus la Sarine<br />
en anglais, ce n’est pas un hasard.<br />
La langue française est plus difficile<br />
que l’anglais pour les jeunes alémaniques<br />
et la langue allemande est<br />
plus difficile que l’anglais pour les<br />
jeunes romands. Mais pour nous<br />
autres Romands, le choix de l’alle-<br />
mand est plus pénalisant que celui<br />
<strong>du</strong> français pour les alémaniques.<br />
Lorsque notre Constitution fédérale<br />
parle de la langue allemande,<br />
parle-t-elle de l’allemand européen<br />
ou de l’allemand <strong>du</strong> Moyen-Âge<br />
parlé en Suisse alémanique?<br />
Lorsque notre Constitution cantonale<br />
parle de l’allemand, parle-t-elle<br />
de l’allemand européen ou de<br />
l’allemand <strong>du</strong> Moyen-Âge ancien<br />
(qui n’a pas subi la deuxième mutation<br />
consonantique) tel que parlé<br />
dans le Haut-<strong>Valais</strong>? <strong>No</strong>us sommes<br />
en présence de trois langues allemandes<br />
et le respect servile des<br />
deux Constitutions, cantonale et fédérale,<br />
imposerait à notre école<br />
cantonale d’enseigner trois allemands<br />
parlés et un allemand écrit?<br />
Malgré cet effort, il n’est pas certain<br />
qu’un étudiant valaisan ayant appris<br />
l’allemand parlé <strong>du</strong> Moyen-<br />
Âge en stage zurichois comprendrait<br />
le soi-disant même allemand<br />
parlé à Altdorf ou à Appenzell.<br />
<strong>Le</strong>s allemands parlés en Suisse ne<br />
représentent donc aucunement un<br />
rôle unificateur majeur pour la<br />
Confédération. S’ils étaient en mesure<br />
de remplir ce rôle, ils représenteraient<br />
un facteur de rapprochement<br />
avec l’Allemagne <strong>du</strong> Sud<br />
où les accents sont apparentés. Cela<br />
n’est de loin pas souhaité et les particularismes<br />
diviseurs demeurent<br />
vivants, plus même, entretenus.<br />
L’apprentissage de l’allemand aussi<br />
bien que <strong>du</strong> français comme deuxième<br />
langue prioritaire con<strong>du</strong>it les<br />
jeunes suisses à une double impasse<br />
si leur choix professionnel n’est pas<br />
NOS RUBRIQUES<br />
l’administration, le droit suisse ou<br />
une activité de type monacal.<br />
D’une part, la priorité de leurs efforts<br />
d’apprentissage linguistiques<br />
doit porter sur l’apprentissage d’une<br />
langue plus difficile que l’anglais.<br />
C’est au départ de la formation une<br />
pénalisation sous l’angle travail – résultat.<br />
Pour les Suisses romands, cette<br />
pénalisation est encore plus ingrate<br />
car l’allemand parlé européen leur<br />
est inutile en Suisse.<br />
D’autre part, l’apprentissage <strong>du</strong> français<br />
ou de l’allemand ne dispensera<br />
pas ceux qui veulent être les<br />
meilleurs dans les grandes branches<br />
des sciences, de l’économie et des services<br />
d’apprendre l’anglais. Aucune<br />
autre langue germanique européenne<br />
ni aucune autre langue au monde<br />
n’assure l’accès à ces grands secteurs<br />
d’activité mieux que l’anglais.<br />
En conclusion, si l’on veut être<br />
grand ou simplement ne pas être limité<br />
dans un pays où la prospérité<br />
est conditionnée par les échanges, il<br />
faut, par soi-même ou par personne<br />
interposée, connaître l’anglais.<br />
Il serait donc souhaitable que nos<br />
écoles établissent leurs priorités de<br />
formation linguistique en fonction<br />
de l’efficacité et des contraintes de<br />
la réalité parmi lesquelles la mondialisation<br />
n’est pas la moindre.<br />
Cette approche devrait donc con<strong>du</strong>ire<br />
les écoles de Suisse à choisir l’anglais<br />
comme deuxième langue tout<br />
en permettant l’apprentissage d’une<br />
deuxième langue nationale.<br />
Wolfang Guerraty<br />
Résonances - Février 2002 33