Chapitre 1 : LE REPÉRAGE FONDAMENTAL - La linguistique du ...
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Le repérage fondamental<br />
- Aktionsart, conjugaisons et marqueurs aspectuels supplémentaires -<br />
1. <strong>LE</strong> <strong>REPÉRAGE</strong> <strong>FONDAMENTAL</strong> : INTRODUCTION<br />
Rappelons que dans toutes langues, le repérage dit fondamental d’un événement<br />
concerne :<br />
- L’Aktionsart – appelé encore aspect <strong>du</strong> procès ou aspect lexical – qui a à voir<br />
avec la manière dont l’intervalle temporel auquel réfère un procès est envisagé<br />
au travers de sa notion 1 , en dehors <strong>du</strong> point de vue <strong>du</strong> sujet énonciateur (alors<br />
que c’est son point de vue qui est impliqué dans l’aspect grammatical)<br />
- Le repérage temporel <strong>du</strong> procès depuis un repère-origine. Il peut s’agir soit <strong>du</strong><br />
moment de l’énonciation (noté T0), soit d’un repère translaté de T0 dans le<br />
passé ou le futur (noté T0’), soit d’un repère fictif, en rupture vis-à-vis <strong>du</strong> plan<br />
de la réalité (noté T0 1 )<br />
- L’aspect lié à la manière dont le procès est envisagé par le sujet énonciateur ou<br />
aspect grammatical. Il oppose le niveau observationnel au niveau aoristique<br />
ainsi que l’événement constitué d’une occurrence unique par contraste à<br />
l’événement dit sériel.<br />
D’une manière générale, on peut dire que l’Aktionsart concerne le lexème verbal et que<br />
le repérage-origine et l’aspect grammatical concernent les marqueurs de la conjugaison –<br />
qu’il s’agisse de morphèmes autonomes ou d’affixes. Néanmoins, en wolof, il existe aussi<br />
des formes ayant trait à l’aspect grammatical qui ne sont pas associables aux paradigmes<br />
que constituent les conjugaisons <strong>du</strong> système verbal. Certes, de telles formes se rapportent<br />
pour beaucoup à des marqueurs grammaticaux tels que des suffixes itératifs ou des verbes<br />
opérateurs tels que faral : “(faire qq. chose) pour la première fois”. Cependant, on compte<br />
aussi beaucoup de formes présentant un caractère plus lexical telles que des adverbes ou<br />
locutions adverbiales comme ba pare : “déjà” (littéralement “jusqu’à finir”) ainsi que des<br />
semi-auxiliaires 2 comme noppi : “terminer”.<br />
De telle sorte que l’on peut se demander si cette étiquette de « grammatical » est bien<br />
appropriée à la dénomination de ce type de relations aspectuelles. Est-ce que les formes<br />
employées pour décrire les valeurs aspectuelles relatives au point de vue <strong>du</strong> sujet<br />
énonciateur sont-elles bien toutes des formes systématiquement grammaticales ? Que dire<br />
alors de verbes pleins comme tàmbali : “commencer” ou noppi : “finir” qui peuvent être<br />
catégorisée comme auxiliaires aspectuels ? Finalement, parle-t-on d’aspect grammatical<br />
pour faire contraster trivialement ces valeurs aspectuelles avec celles liées à l’Aktionsart<br />
qui concerne la notion des lexèmes verbaux comme le suggère <strong>La</strong>urent Gosselin 3 ?<br />
1<br />
Mais attention, non borné notionnellement ne signifie pas non bornable… par un circonstanciel de temps<br />
par exemple (d’après M.-L. Groussier & C. Rivière, 1996, p. 26).<br />
2<br />
Les semi-auxiliaires se distinguent des verbes opérateurs (ou auxiliaires) en ce fait qu’ils présentent<br />
également un fonctionnement<br />
3<br />
1996, p. 257.