Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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n° 336 • mars 2013 <strong>Bull<strong>et</strong>in</strong> <strong>de</strong> <strong>liaison</strong> <strong>et</strong> d’information • 5•<br />
été, là encore, désertées quelques<br />
heures auparavant par les Syriens.<br />
Dans la ville <strong>de</strong> Rumailan, qui a<br />
pour particularité d’être à proximité<br />
d’un important champ pétrolier,<br />
les YPG se sont emparés <strong>de</strong>s<br />
QG <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong> la Sécurité<br />
politique <strong>et</strong> celle <strong>de</strong>s<br />
Renseignements militaires. C<strong>et</strong>te<br />
fois, une dizaine <strong>de</strong> personnes s’y<br />
sont barricadées, pour se rendre<br />
finalement, le 2 mars. C’est en tout<br />
33 prisonniers que le PYD a relâchés<br />
après quelques heures.<br />
La mainmise sur <strong>de</strong>s régions<br />
pétrolières par le PYD s’est accompagnée<br />
d’une déclaration d’intention<br />
<strong>de</strong>s plus claires, à savoir qu’il<br />
serait prêt à « partager les ressources<br />
[en hydrocarbures] avec<br />
l’opposition syrienne, si les<br />
Kur<strong>de</strong>s en recevaient leur part ».<br />
Le PYD entend certainement utiliser<br />
ces champs pétroliers comme<br />
atout dans ses futures négociations<br />
avec l’opposition syrienne, <strong>et</strong><br />
le commandant général <strong>de</strong>s YPG a<br />
déclaré, que « seuls le Conseil<br />
Suprême kur<strong>de</strong> <strong>et</strong> la Coalition<br />
nationale syrienne avaient le droit<br />
<strong>de</strong> débattre du futur <strong>de</strong>s ressources<br />
<strong>de</strong> Hassaké <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’avenir<br />
<strong>de</strong> la Compagnie pétrolière nationale<br />
syrienne. »<br />
Alan Semo, un <strong>de</strong>s porte-parole<br />
du PYD pour la région d’Afrin a<br />
n<strong>et</strong>tement exposé ces vues, qui<br />
ressemblent fort à l’accord sur la<br />
gestion <strong>de</strong>s mêmes ressources au<br />
GRK (<strong>et</strong> qui est un <strong>de</strong>s points litigieux<br />
les plus vifs entre Bagdad <strong>et</strong><br />
Erbil) : « Dans un accord avec un<br />
futur gouvernement syrien, les<br />
Kur<strong>de</strong>s gèrent leurs régions. Le<br />
pétrole est pour toute la Syrie.<br />
Nous sommes une partie <strong>de</strong> la<br />
Syrie – nous ne prenons pas le<br />
pétrole, nous voulons prendre<br />
notre part dans un accord entre<br />
tous les Kur<strong>de</strong>s, Arabes, <strong>et</strong> le<br />
peuple syrien. »<br />
Alan Semo a aussi envisagé<br />
comme « possible » que, en vertu<br />
d’un futur accord, les Kur<strong>de</strong>s<br />
puissent fournir les zones libérées<br />
par l'ASL en pétrole, ce qui les placerait,<br />
évi<strong>de</strong>mment, dans une<br />
position <strong>de</strong> puissance que n’accepteraient<br />
probablement pas le CNS<br />
pas plus que l’ASL.<br />
C<strong>et</strong>te « libération » <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong><br />
pétrole par les YPG est cependant<br />
dénoncée par les partis kur<strong>de</strong>s<br />
rivaux comme une tromperie, du<br />
fait que le Baath aurait choisi, une<br />
fois <strong>de</strong> plus, <strong>de</strong> laisser la place<br />
libre au PYD, sans combat. Ils<br />
accusent ainsi ce parti d’avoir en<br />
fait passé un accord avec Damas<br />
pour « protéger » ces zones pétrolières,<br />
en perm<strong>et</strong>tant ainsi à<br />
l’armée syrienne <strong>de</strong> ne plus avoir<br />
à s’y déployer (ce qui perm<strong>et</strong>trait<br />
au gouvernement syrien <strong>de</strong> renforcer<br />
le front arabe <strong>de</strong>s troupes<br />
déplacées).<br />
Mais les récentes négociations<br />
entamées entre la Turquie <strong>et</strong> le<br />
PKK peuvent infléchir <strong>de</strong> façon<br />
spectaculaire le terrain <strong>de</strong>s Kur<strong>de</strong>s<br />
syriens. Quelques jours après la<br />
déclaration d’Öcalan lue au<br />
Newroz à Diyarbakir, Kur<strong>de</strong>s <strong>et</strong><br />
combattants <strong>de</strong> l’ASL joignaient<br />
leurs forces contre l’armée syrienne<br />
pour prendre possession <strong>de</strong><br />
Sheikh Maqsud, un quartier kur<strong>de</strong><br />
d'Alep, <strong>et</strong> un commandant <strong>de</strong>s<br />
YPG déclarait à l'AFP « avoir le<br />
même but » que les autres rebelles<br />
syriens, soit se débarrasser<br />
d’Assad.<br />
Le quartier kur<strong>de</strong> a été bombardé<br />
par l’armée syrienne fin mars, faisant<br />
près d'une vingtaine <strong>de</strong> victimes.<br />
Cela a déclenché une vague<br />
supplémentaire <strong>de</strong> réfugiés vers la<br />
région d’Afrin, où ils se sont réfugiés<br />
soit chez <strong>de</strong>s parents, soit<br />
quand il s’agit <strong>de</strong> Kur<strong>de</strong>s non originaires<br />
<strong>de</strong> la montagne d’Afrin,<br />
dans <strong>de</strong>s bâtiments publiques<br />
transformés en centres d’hébergement.<br />
Il est donc possible que le processus<br />
politique au Kurdistan <strong>de</strong><br />
Turquie ait aussi <strong>de</strong>s répercussions<br />
au Kurdistan <strong>de</strong> Syrie : les<br />
récents combats entre les YPG <strong>et</strong><br />
l’armée syrienne (sans commune<br />
mesure avec les quelques accrochages<br />
qui avaient eu lieu l'hiver<br />
<strong>de</strong>rnier), que ce soit pour le<br />
contrôle d’Alep ou <strong>de</strong> Qamishlo,<br />
peuvent annoncer le début d’un<br />
r<strong>et</strong>ournement du PYD contre le<br />
régime d’Assad <strong>et</strong> la fin <strong>de</strong> sa<br />
« neutralité » dans le conflit syrien.<br />
IRAK :<br />
BAGDAD ET ERBIL TOUJOURS EN DÉSACCORD SUR LE BUDGET<br />
A<br />
près <strong>de</strong>s mois <strong>de</strong> tension,<br />
le Parlement irakien<br />
a adopté, le 8 mars,<br />
le budg<strong>et</strong> 2013 <strong>de</strong> l’Irak,<br />
qui s’élève à $11 milliards.<br />
En raison du boycott <strong>de</strong>s<br />
députés kur<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> la<br />
liste pro-sunnite Al-Iraqiyya,<br />
seuls 168 <strong>de</strong>s 325 membres du<br />
Parlement ont pris part à ce vote.<br />
Le Gouvernement kur<strong>de</strong> a dénon-<br />
cé la légitimité <strong>de</strong> ce vote <strong>et</strong> a<br />
réitéré ses exigences, à savoir que<br />
les besoins réels <strong>de</strong> la Région<br />
kur<strong>de</strong>, compte tenu <strong>de</strong> son développement,<br />
soient pris en compte<br />
dans la part du budg<strong>et</strong> irakien qui<br />
lui est allouée ; que l’entr<strong>et</strong>ien <strong>de</strong>s<br />
forces Peshmergas soit pris en<br />
charge par le gouvernement central<br />
; que soient enfin payées les<br />
compagnies pétrolières étrangères<br />
qui extraient <strong>et</strong> exportent le pétrole<br />
kur<strong>de</strong> dont les revenus sont<br />
encaissés par Bagdad. Les Kur<strong>de</strong>s<br />
ont à nouveau menacé <strong>de</strong> stopper<br />
leurs exportations <strong>de</strong> brut (prévues<br />
pour une quantité <strong>de</strong> 250 000<br />
barils par jours) tant que l’Irak<br />
n'aurait pas payé ses <strong>de</strong>ttes. Selon<br />
le député kur<strong>de</strong> Muhsin Al-<br />
Saadoun, le GRK envisageait<br />
d’exporter son pétrole <strong>et</strong> d'en