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58 / N°194 / janVier 2012 / la terrasse<br />

classique<br />

Orchestre<br />

natiOnal de<br />

MOntpellier<br />

////// Symphonique /////////////////////////////////////////////////////<br />

SouS la direction de robert tuohy,<br />

la formation montpelliéraine<br />

accompagne, à l’opéra de<br />

VerSailleS, le pianiSte daVid fray et<br />

la Soprano cSilla boroSS.<br />

David Fray joue le Concerto n°9 « Jeune homme » de<br />

Mozart à Versailles.<br />

L’Orchestre national de Montpellier est <strong>en</strong> pleine<br />

mutation. Depuis le départ précipité de <strong>La</strong>wr<strong>en</strong>ce<br />

Foster, la formation recherche un nouveau directeur<br />

musical. A l’Opéra Royal de Versailles, la baguette<br />

sera t<strong>en</strong>ue par le chef assistant de l’Orchestre,<br />

Robert Tuohy. Le programme convoque deux solistes<br />

des plus alléchants : David Fray et Csilla Boross.<br />

Le pianiste, au jeu aussi s<strong>en</strong>sible qu’extraverti, jouera<br />

le Concerto n°9 « Jeune homme » de Mozart, tandis<br />

que la soprano hongroise Csilla Boross, coqueluche<br />

des théâtres itali<strong>en</strong>s, chantera des airs de Mozart,<br />

Verdi et Puccini. Ce concert s’inscrit dans le cadre<br />

des actions de la fondation Carla Bruni-Sarkozy, destinée<br />

à faciliter l’accès à la culture pour des publics<br />

qui n’<strong>en</strong> bénéfici<strong>en</strong>t pas naturellem<strong>en</strong>t. A. Pecqueur<br />

Mercredi 25 janvier à 20h à l’Opéra royal de<br />

Versailles. Tél. 01 30 83 78 89. Places : 30 à 100 €.<br />

esa-pekka<br />

salOn<strong>en</strong><br />

////// Symphonique /////////////////////////////////////////////////////<br />

bartok et debuSSy Sont au<br />

programme du concert du chef<br />

finnoiS, à la tête du philharmonia<br />

orcheStra, au théâtre deS champSelySéeS.<br />

Salon<strong>en</strong> dans Bartok : la puissance du rythme et<br />

la magie des couleurs !<br />

Pour notre plus grand plaisir, Esa-Pekka Salon<strong>en</strong><br />

poursuit son cycle Bartok au Théâtre des Champs-<br />

Elysées. Après avoir dirigé le Château de Barbe-<br />

Bleue <strong>en</strong> novembre dernier, il s’attelle ce mois-ci à<br />

la Suite du Mandarin Merveilleux, à une plus rare<br />

suite de Danses et au Concerto pour violon n°2,<br />

avec <strong>en</strong> soliste le toujours élégant Christian Tetzlaff.<br />

Seule exception à Bartok : le Prélude à l’après-midi<br />

d’un faune de Debussy. Avec sa gestique transpar<strong>en</strong>te,<br />

exaltant les couleurs instrum<strong>en</strong>tales et la<br />

modernité rythmique, Esa-Pekka Salon<strong>en</strong> fait des<br />

merveilles dans la musique du xxe siècle. Il sera à<br />

la tête du Philharmonia Orchestra de Londres, dont<br />

il est depuis 2006 le chef principal. A. Pecqueur<br />

V<strong>en</strong>dredi 27 janvier à 20h au Théâtre des Champs-<br />

Elysées. Tél. 01 49 52 50 50. Places : 5 à 85 €.<br />

© Paolo Roversi<br />

© D. R.<br />

daniel<br />

Bar<strong>en</strong>BOiM<br />

////// Symphonique /////////////////////////////////////////////////////<br />

le maeStro dirige l’orcheStre de<br />

la Scala danS deux programmeS<br />

SymphoniqueS à la Salle pleyel.<br />

Bar<strong>en</strong>boim, à la baguette et au piano, pour deux soirées<br />

à Pleyel.<br />

En octobre dernier, Daniel Bar<strong>en</strong>boim a été<br />

nommé directeur musical de la Scala de Milan.<br />

Un mandat de plus pour le pianiste et chef<br />

d’orchestre, déjà patron « à vie » de l’Opéra<br />

de Berlin. Avec les musici<strong>en</strong>s milanais, il est<br />

<strong>en</strong> tournée ce mois-ci à la Salle Pleyel pour<br />

deux concerts. Le premier, au parfum délicieusem<strong>en</strong>t<br />

ibérique, réunit Manuel De Falla<br />

(Nuits dans les jardins d’Espagne) et Ravel<br />

(Rapsodie espagnole, Alborada del gracioso,<br />

Pavane pour une infante défunte et Boléro).<br />

Le second donne à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre le patrimoine de<br />

l’Orchestre (ouverture de Sémiramide de Rossini,<br />

quatuor de Verdi, arrangé pour orchestre à<br />

cordes) et deux tubes (le Concerto pour piano<br />

n°26 « Couronnem<strong>en</strong>t » de Mozart et <strong>La</strong> Mer de<br />

Debussy). Dans ces deux programmes, Bar<strong>en</strong>boim<br />

passera, allègrem<strong>en</strong>t, de la baguette au<br />

clavier. A. Pecqueur<br />

Samedi 28 janvier à 20h et dimanche 29 janvier à<br />

16h à la Salle Pleyel. Tél. 01 42 56 13 13.<br />

Places : 10 à 130 €.<br />

Valeriy<br />

sOkOlOV<br />

////// Violon et piano ///////////////////////////////////////////////////<br />

né <strong>en</strong> ukraine il y a tout juSte un<br />

quart de Siècle, Valeriy SokoloV<br />

aborde <strong>en</strong> VirtuoSe cet intéreSSant<br />

programme où Se reflèt<strong>en</strong>t leS<br />

écoleS françaiSe et ruSSe.<br />

Le jeune violoniste Valeriy Sokolov est <strong>en</strong> récital aux<br />

Bouffes du Nord.<br />

Accompagné du pianiste Evg<strong>en</strong>y Izotov, Valeriy<br />

Sokolov célèbre les très inv<strong>en</strong>tives sonates<br />

de Debussy et Ravel – des “œuvres sœurs”,<br />

pourrait-on dire, puisque, composées à cinq<br />

ans d’intervalle, elles sont les dernières compositions<br />

de leur auteur dans le domaine de<br />

la musique de chambre. Quant à la Première<br />

Sonate de Prokofiev, un peu plus tardive, créée<br />

par David Oïstrakh, elle est de toute évid<strong>en</strong>ce<br />

un morceau de choix pour le jeune violoniste,<br />

qui a égalem<strong>en</strong>t décidé de prés<strong>en</strong>ter une œuvre<br />

de son compatriote Yevh<strong>en</strong> Stankovych (né <strong>en</strong><br />

1942). J.-G. Lebrun<br />

Lundi 30 janvier aux Bouffes du Nord.<br />

Tél. 01 46 07 34 50. Places : 15 à 23 €.<br />

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© Felix Broede/DG<br />

© Simon Fowler / EMI<br />

la terrasse / janVier 2012 / N°194 / 59<br />

lA péNICHE OpéRA • musiques<br />

la péniche Opéra célèBre l’huMOur,<br />

l’Opéra décalé et la théâtralité<br />

a l’heure de la récession économique, la Péniche oPéra lutte contre la sinistrose. les deux Productions de ce déBut d’année jou<strong>en</strong>t la carte<br />

de l’humour – un humour fin, décalé et toujours musical. la Vie des cafés, aVec leurs délicieuses conVersations de comPtoir, est au cœur<br />

du sPectacle mêlant rita de donizetti et elle est Pas Belle la Vie ? de Vinc<strong>en</strong>t Bouchot. quelques semaines Plus tard, un “oPéra fumiste”<br />

autour d’alPhonse allais est mis <strong>en</strong> musique Par l’iconoclaste nicolas ducloux.<br />

portrait / Vinc<strong>en</strong>t Bouchot<br />

la Musique <strong>en</strong> autOdidacte<br />

Portrait de Vinc<strong>en</strong>t Bouchot, chanteur et comPositeur, dont l’œuVre,<br />

elle est Pas Belle la Vie ?, est créée <strong>en</strong> janVier à la Péniche oPéra.<br />

Les photos des musici<strong>en</strong>s classiques se suiv<strong>en</strong>t et<br />

se ressembl<strong>en</strong>t. A chaque fois les mêmes poses<br />

figées, académiques Jusqu’à ce que l’on reçoive<br />

le portrait de Vinc<strong>en</strong>t Bouchot réalisé par son amie<br />

Nathalie Duong. Ce cliché facétieux serait-il représ<strong>en</strong>tatif<br />

de l’artiste ? L’heure et demie passée avec lui<br />

dans un café de la place du Châtelet nous confirme<br />

<strong>en</strong> tout cas une chose : Vinc<strong>en</strong>t Bouchot occupe<br />

une place à part dans le milieu musical. Son parcours<br />

est déjà pour le moins atypique. « Hormis les<br />

cours obligatoires au collège, je n’ai jamais étudié la<br />

musique, nous déclare ce natif de Toulouse, du haut<br />

de son 1 mètre 93. Je me destinais à l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />

des lettres. J’ai suivi les classes préparatoires avant<br />

d’intégrer Normale Sup. Ma seule activité musicale<br />

était alors de chanter dans des chorales amateurs. »<br />

C’est p<strong>en</strong>dant ses études à l’ENS que Vinc<strong>en</strong>t Bouchot<br />

assiste à un concert, qui s’avérera décisif, de<br />

la Chapelle Royale dirigé par Philippe Herreweghe.<br />

Fasciné par cette performance, « le son, la justesse,<br />

je n’avais jamais <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du cela », se souvi<strong>en</strong>t-il, le<br />

jeune étudiant passe <strong>en</strong> 1987 une audition pour<br />

intégrer cet <strong>en</strong>semble. Herreweghe flash sur sa<br />

voix, décèle un pot<strong>en</strong>tiel, et, malgré son abs<strong>en</strong>ce<br />

de formation vocale, le recrute comme membre perman<strong>en</strong>t<br />

de la Chapelle royale (au même mom<strong>en</strong>t,<br />

un certain Hervé Niquet intégrera égalem<strong>en</strong>t la<br />

Chapelle ). Une fois finies les études à Normale<br />

Sup, Vinc<strong>en</strong>t Bouchot se lance dans la carrière de<br />

chanteur. « Avec Philippe Herreweghe, j’ai travaillé le<br />

grand répertoire germanique, M<strong>en</strong>delssohn, Brahms<br />

et Bach bi<strong>en</strong> sûr ! J’ai des souv<strong>en</strong>irs à jamais gra-<br />

vés des Passions données au Festival de Saintes ».<br />

Quand on lui demande dans quelle tessiture de voix<br />

il avait été sélectionné, la réponse est là aussi inatt<strong>en</strong>due<br />

: « j’ai passé l’audition comme baryton mais<br />

à la première répétition, je me suis placé chez les<br />

ténors. Herreweghe m’utilisait alternativem<strong>en</strong>t dans<br />

l’une ou l’autre tessiture, parfois même au cours de<br />

la même œuvre il me faisait un signe pour que je<br />

change de voix ! J’ai toujours eu une tessiture <strong>en</strong>tre<br />

le ténor et le baryton ». Après cinq années passées<br />

à la Chapelle royale, Vinc<strong>en</strong>t Bouchot change<br />

d’<strong>en</strong>semble et de répertoire. Il intègre p<strong>en</strong>dant une<br />

courte période le Groupe vocal de France, spécialisé<br />

dans la musique contemporaine. Et <strong>en</strong> 1994<br />

comm<strong>en</strong>ce son av<strong>en</strong>ture avec l’Ensemble Clém<strong>en</strong>t<br />

Janequin : « C’est l’histoire de ma vie. J’ai découvert<br />

avec eux la musique de la R<strong>en</strong>aissance. Autour de<br />

Dominique Visse s’est créée une sorte de famille<br />

un peu bizarre ! »<br />

s<strong>en</strong>s de la théâtralité<br />

Vinc<strong>en</strong>t Bouchot aurait pu se cont<strong>en</strong>ter de m<strong>en</strong>er<br />

une vie de chanteur, <strong>en</strong>chaînant les tournées, les<br />

<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts, mais c’était faire fi de son autre<br />

vocation : la composition. « Depuis mon adolesc<strong>en</strong>ce,<br />

j’ai toujours écrit. Comme dans le chant,<br />

je n’ai pris aucun cours. J’ai beaucoup composé<br />

pour la voix mais j’ai peu à peu progressé dans ma<br />

connaissance des instrum<strong>en</strong>ts. J’<strong>en</strong> suis à <strong>en</strong>viron<br />

200 œuvres ! » Définir l’esthétique d’un compositeur<br />

© Nathalie Duong<br />

relève toujours de la gageure. Chez Vinc<strong>en</strong>t Bouchot,<br />

grand amoureux du mouvem<strong>en</strong>t surréaliste,<br />

Qu<strong>en</strong>eau et Perec <strong>en</strong> tête, on se permettra juste<br />

de remarquer un s<strong>en</strong>s de la théâtralité associé à un<br />

esprit souv<strong>en</strong>t caustique. Le compositeur ne s’interdit<br />

ri<strong>en</strong> : « je peux écrire de la musique consonante<br />

puis des passages <strong>en</strong> micro-tonalité. Je m’intéresse<br />

plus à l’idée conceptuelle qu’au langage. » L’une de<br />

ses formes de prédilection est à coup sûr l’opéra,<br />

avec, pour chaque ouvrage, des choix surpr<strong>en</strong>ants<br />

de livrets. Son premier, écrit <strong>en</strong> 1991, était basé<br />

sur un fait divers tragique (le suicide d’un couple<br />

adultère), le second sur les derniers jours d’Emmanuel<br />

Kant. A la Péniche Opéra est prés<strong>en</strong>té ce<br />

mois-ci <strong>en</strong> création, au côté de Rita, court opéra<br />

comique de Donizetti, son dernier opéra, intitulé Elle<br />

est pas belle la vie ? « Il y a cinq ans, j’avais déjà<br />

écrit un opéra pour la Péniche d’après les Brèves<br />

de comptoir de Jean-Marie Gourio. Entre temps,<br />

de nouvelles brèves sont sorties, consacrant l’arrivée<br />

d’un nouvel objet dans les cafés : la télévision,<br />

incarnée dans l’opéra par une voix de soprano<br />

colorature. Quant aux thèmes, ils sont très actuels,<br />

<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> croisé / nicolas Ducloux et Pierre Méchanick<br />

Café allais :<br />

un Opéra fuMiste<br />

haBitués de la Péniche oPéra, Pierre méchanick (metteur <strong>en</strong> scène<br />

et chanteur), nicolas ducloux (comPositeur et Pianiste), associés à<br />

Gilles BuGeaud (chanteur), remont<strong>en</strong>t à Bord aVec un oPéra tiré de<br />

l’œuVre d’alPhonse allais (1854-1905), où ils retrouV<strong>en</strong>t éGalem<strong>en</strong>t<br />

la soPrano edwiGe Bourdy. un oPéra sans histoire, sans rôles,<br />

sans ri<strong>en</strong> – sinon la musique de nicolas ducloux et la Profondeur<br />

insouPçonnée de ce conteur hors Pair qu’était allais.<br />

Comm<strong>en</strong>t vous est v<strong>en</strong>ue cette idée d’un<br />

opéra inspiré des œuvres d’Alphonse Allais ?<br />

pierre Méchanick : À l’origine, c’est un projet<br />

de Nicolas Ducloux. Je connaissais finalem<strong>en</strong>t<br />

assez peu l’œuvre d’Alphonse Allais, pas plus <strong>en</strong><br />

tout cas que quiconque s’intéresse à ces auteurs<br />

« fin de siècle ». Je me suis donc plongé dans<br />

la lecture de son œuvre intégrale et j’ai comm<strong>en</strong>cé<br />

à récolter des textes <strong>en</strong> tout g<strong>en</strong>re. Mon<br />

choix s’est surtout porté sur les chroniques qu’il<br />

publiait dans les journaux et qui pour moi sont de<br />

véritables contes.<br />

Nicolas Ducloux : Mon précéd<strong>en</strong>t ouvrage était<br />

tiré du Grand Guignol. Je m’intéresse beaucoup à<br />

toute cette période, à des auteurs comme Allais,<br />

Jarry, Tristan Bernard… Pour Allais, je voulais<br />

pr<strong>en</strong>dre le texte tel qu’il est : ce n’est certes pas<br />

écrit pour l’opéra, mais chaque chronique me<br />

semble être un mini-opéra avec ses drames, ses<br />

passions humaines.<br />

Café Allais est sous-titré « opéra fumiste ».<br />

En quoi est-ce un opéra ?<br />

p. M. : Il est vrai qu’Allais est un auteur qui se<br />

lit, qui se dit plus qu’il ne se joue. Les « personnages<br />

» sont purem<strong>en</strong>t textuels, d’une grande<br />

intemporalité. D’ailleurs, si nous avons cherché à<br />

conserver une couleur fin xix e siècle, il ne s’agissait<br />

certainem<strong>en</strong>t pas de reconstituer le cabaret<br />

du Chat Noir ! Cette intemporalité nous permet<br />

d’éprouver les codes du théâtre. Fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t,<br />

il s’agit du couple type du vaudeville (ou<br />

du fait divers !) : un homme et une femme, un<br />

baryton (Gilles Bugeaud), une soprano (Edwige<br />

Bourdy) – et moi-même qui intervi<strong>en</strong>t un peu<br />

comme un électron libre.<br />

N. D. : Nous souhaitions vraim<strong>en</strong>t faire un<br />

opéra – nous ne voulions pas de « cabarets »,<br />

ces fourre-tout où les chanteurs chant<strong>en</strong>t ce<br />

qu’ils ont <strong>en</strong>vie de chanter. Nous avons plutôt<br />

cherché à nous rapprocher de l’opéra, jus-<br />

© D. R.<br />

Nicolas<br />

Ducloux<br />

que dans son étymologie : il s’agit bi<strong>en</strong> de<br />

« l’œuvre d’une vie ». C’est un opéra fait de<br />

types humains, de morphotypes. Il y a chez<br />

Allais une certaine dépersonnification de l’être<br />

humain au profit d’un « type » plus généraliste.<br />

Cela rejoint d’ailleurs les travaux de la sci<strong>en</strong>ce<br />

de l’époque et notamm<strong>en</strong>t les débuts de la<br />

psychologie. C’est un opéra déglingué, pourri,<br />

un opéra de quat’sous, une façon de jeter un<br />

regard désabusé sur cette fin de siècle qui<br />

n’<strong>en</strong> finit pas, sur une civilisation qui se casse<br />

la gueule.<br />

pour vous, y a-t-il aujourd’hui une desc<strong>en</strong>dance<br />

d’Alphonse Allais ?<br />

p. M. : Il est l’inv<strong>en</strong>teur de l’humour moderne<br />

de Fukushima au printemps arabe, sans oublier<br />

bi<strong>en</strong> sûr la figure de Sarkozy ». Faut-il voir dans cet<br />

ouvrage un signe d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t politique à quelques<br />

mois de l’élection présid<strong>en</strong>tielle ? « Je p<strong>en</strong>se<br />

d’abord à la qualité artistique. Mais on compr<strong>en</strong>dra<br />

<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dant cet opéra que je n’ai pas beaucoup<br />

de sympathie pour le pouvoir <strong>en</strong> place ! » Avant de<br />

quitter Vinc<strong>en</strong>t Bouchot, qui s’apprête à se lancer<br />

dans la composition de son prochain opéra sur un<br />

texte de Karel Capek, on ne peut s’empêcher de<br />

lui demander s’il n’a pas de regrets de ne pas avoir<br />

poursuivi sa route dans la prestigieuse voie académique.<br />

« Les lettres n’étai<strong>en</strong>t pas ma vocation à<br />

tout prix. Mais par contre la transmission me manque.<br />

J’aimerais d’ailleurs maint<strong>en</strong>ant <strong>en</strong>seigner ce<br />

que je sais de la musique, mais, comme d’habitude,<br />

je n’ai aucun diplôme ! »<br />

Antoine Pecqueur<br />

Rita ou le mari battu, de Donizetti et<br />

Elle est pas belle la vie ? de Vinc<strong>en</strong>t Bouchot,<br />

du 10 au 14, du 16 au 18, du 21 au 25 janvier<br />

et le 5 février à 20h30.<br />

– au même titre que le compositeur Hervé ou<br />

le peintre Paul Bilhaud (l’inv<strong>en</strong>teur du premier<br />

monochrome, qu’Allais a reproduit), il a bi<strong>en</strong> sûr<br />

influ<strong>en</strong>cé Pierre Dac, Raymond Devos ou Pierre<br />

Desproges, mais aussi des artistes comme Marcel<br />

Duchamp.<br />

N. D. : Allais a eu du mal à se faire lire. On l’a<br />

longtemps considéré comme un simple faiseur<br />

« Chaque chronique<br />

d’Allais me semble<br />

être un mini-opéra »<br />

Nicolas Ducloux<br />

de bons mots, arguant que cela ne faisait pas<br />

une œuvre. Pourtant, ce qui est extraordinaire<br />

chez lui, c’est sa façon très juste et vraie de cerner<br />

la profondeur humaine et psychologique.<br />

Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun<br />

Café Allais, opéra fumiste autour d’Alphonse Allais,<br />

création musicale Nicolas Ducloux, mise <strong>en</strong> scène<br />

Pierre Méchanick, du 1er au 9 et les 11, 12, 13, 14,<br />

18 et 19 février à 20h30 (16h les dimanches).<br />

///////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

<strong>La</strong> Péniche Opéra, Face au 46, quai de Loire,<br />

750019 Paris. Tél. 01 53 35 07 77<br />

www.p<strong>en</strong>icheopera.com<br />

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