Légendaire de la Morinie - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas ...

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et se servit de cette forteresse pour s'y retrancher, inquiéter
l'évêquc, son chapitre et toute la population. Milon se vit
forcé d'implorer le secours du comte de Flandre pour soumettre
ce turbulent voisin. Thierry d'Alsace leva des troupes,
vint assiéger ce fort, le prit d'assaut et le fil raser jusqu'aux
fondations. Le pape intervint dans cette affaire, lança
des anathêmes contre l'avoué Arnoul ; et, dans une assemblée
du clergé et de la noblesse, il fut réglé que nul ne pourrait,
à l'avenir, construire aucun fort, non-seulement dans
l'enceinte de Thérouanne, mais même à moins d'une lieue de
cette place. Voici comment Milon raconte les excès auxquels
se livrait cet avoué. « II venait, dit-il, à main armée, violer
» nos demeures, briser les portes du temple, répandre le
» sang dans le lieu saint, incendier nos granges et les
» maisons de nos chanoines. Sommé de paraître devant
» nous pour donner satisfaction de tous ces torts , il refusa
» jusqu'à trois fois, et nous avons alors prononcé contre lui
» un jugement canonique. »
Saint Jean , son prédécesseur, avait établi en 1120, près
du Château de Choques, des chanoines réguliers de la congrégation
d'Arrouaise. L'église et les bâtiments claustraux
ayant été détruits de fond en comble par le fait de la guerre,
Milon procura à ces religieux un terrain en dehors du bourg
de Choques, près de la Clarcnce, où leur établissement se
maintint jusqu'en 1792. Il abandonna à celte abbaye , en
1142, l'autel de Gonehem (i) et confirma toutes les possessions
qu'elle tenait des seigneurs de Béthune, ses principaux
fondateurs, ou qu'elle avait acquises jusqu'alors.
Milon consacra, en 1144, en présence d'un grand nombre
d'abbés et de gentilshommes, l'église de Dixmude, élevée
aux frais de Chrétien, seigneur de ce lieu. Il assista la même
année avec Alvise, évêque d'Arras, à la dédicace de la basilique
de Saint-Denis.
Une collégiale avait été établie à Ardres par les seigneurs
de ce lieu. De concert avec Bauduin d'Ardics, l'évêque de
Thérouanne en unit les prébendes en 1145 à l'abbaye de
Notre-Dame-dc-Capelle, fondée par sainte Ide, sur le territoire
de la commune actuelle des Attaques.
Vers le même temps, il rédigea en synode la donation du
domaine de Nieurlet que fit Arnoul, comte de Guînes, aux
(i) La charte de Milon relative à cette concession d'autel se trouve
aux archives du Pas-de-Calais. Il y append encore le sceau du saint
évoque bien conservé. Philippe et Milon son neveu, ses archidiacres,
étaient présents à la rédaction de cet acte. On trouve aux mêmes archives
une autre charte originale de Milon, concernant un échange de dîmes
fait par le même monastère au territoire de Planques.