29.06.2013 Views

catalogue expo. Visages de l'icone extraits.pdf - atelier icônes ...

catalogue expo. Visages de l'icone extraits.pdf - atelier icônes ...

catalogue expo. Visages de l'icone extraits.pdf - atelier icônes ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

76<br />

Les <strong>icônes</strong> byzantines et post-byzantines grecq<br />

38.<br />

Déisis<br />

1813, Michel le Crétois,<br />

lors <strong>de</strong> son séjour en<br />

Syrie Tempera sur bois<br />

et enduit<br />

H. : 90cm; I. : 71 cm<br />

Patriarcat orthodoxe<br />

d'Antioche et <strong>de</strong> tout<br />

l'Orient, Syrie.<br />

EXTRAIT DEUX PAGES DU CATALOGUE<br />

DE L'EXPOSITION VISAGES DE L'ICÔNE<br />

1996, AU PAVILLON DES ARTS, PARIS<br />

© ÉDITIONS PARIS-MUSÉES, 1995<br />

■ Cette icône est prêtée par Sa Béatitu<strong>de</strong> Ignace<br />

IV, patriarche d'Antioche et <strong>de</strong> tout l'Orient. Elle<br />

se trouve dans la crypte du monastère <strong>de</strong> la<br />

Mère <strong>de</strong> Dieu à Saydnaya, à 10 km au nord <strong>de</strong><br />

Damas en Syrie. Ce monastère est un lieu <strong>de</strong><br />

pèlerinage célèbre où on vénère la Vierge<br />

appelée chez les Arabes <strong>de</strong> la région, Chahoura<br />

(la Renommée) et chez les Grecs, Lèksis (Parole<br />

ou Élocution). Devenue complètement noire<br />

dans son lieu <strong>de</strong> culte, cette icône fut<br />

simplement nettoyée. Les divers mastics furent<br />

enlevés ainsi que le revêtement «bitumineux»<br />

qui empêchaient toute lisibilité. La couche<br />

picturale, ainsi visible, met en évi<strong>de</strong>nce une<br />

œuvre <strong>de</strong> Michel le Crétois. Par endroits, on<br />

observe un dédoublement <strong>de</strong> la couche picturale<br />

qui montre très clairement une autre œuvre<br />

sous-jacente, plus ancienne et plus subtile. Il n'a<br />

pas encore été procédé à son dégagement. Le<br />

nettoyage a été effectué <strong>de</strong> novembre à<br />

décembre 1994 par l'Atelier Icônes Peintures.<br />

Nous lisons, dans un cartouche au-<strong>de</strong>ssus du<br />

bord inférieur, le texte arabe suivant :<br />

«Souviens-toi, Seigneur, dans ton royaume<br />

céleste, <strong>de</strong> tes serviteurs qui ont pris soin, à<br />

leurs frais, <strong>de</strong> restaurer cette sainte icône, le<br />

prêtre Jirgis (Georges) Farqati et Jirgis (Georges)<br />

en l'an 1813.» Cette icône est, sans aucun<br />

doute, <strong>de</strong> la main <strong>de</strong> Michel Polychronis le<br />

Crétois. Il peignait, dans la même année 1813,<br />

l'iconostase <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong>s saints Serge et<br />

Bachus à Malula en Syrie. L'iconographe est<br />

également connu pour avoir effectué <strong>de</strong><br />

multiples repeints sur <strong>de</strong>s <strong>icônes</strong> arabochrétiennes<br />

et grecques durant son séjour au<br />

Proche-Orient entre 1809 et 1821. Son style et<br />

quelques éléments iconographiques<br />

s'apparentent aux œuvres du peintre crétois<br />

Castrophylacas (début du XVIII e siècle). On<br />

reconnaît assez rapi<strong>de</strong>ment sa main à ses<br />

repeints chargés. Dans notre icône, le fond rosé<br />

<strong>de</strong> la partie basse en est le témoin direct ainsi<br />

que les cartouches à dédicace. Comme chez<br />

bon nombre d'iconographes crétois, l'influence<br />

italienne ne fait pas défaut. Dans le coin<br />

inférieur à droite, nous voyons un personnage à<br />

genoux qui porte un turban. Les récits <strong>de</strong>s<br />

pèlerins relatent, à partir du XIII e siècle,<br />

www.<strong>atelier</strong>-icones-peintures.com<br />

la guérison miraculeuse du sultan <strong>de</strong><br />

Damas, Melek-el-Moattam. Déjà privé d'un<br />

œil, il <strong>de</strong>venait complètement non-voyant. Se<br />

prosternant avec respect dans la crypte <strong>de</strong><br />

la Chahoura, il priait : «Souviens-toi,<br />

Seigneur, <strong>de</strong> ton serviteur». (Les paroles qui<br />

figurent en arabe sur notre icône sortant <strong>de</strong><br />

sa bouche.) Le sultan recouvra la vue et son<br />

premier regard tomba sur la lampe à huile<br />

située <strong>de</strong>vant l'icône.<br />

Une Déisis est une vision eschatologique, «un<br />

épiso<strong>de</strong> du Jugement <strong>de</strong>rnier» selon L.<br />

Bréhier. Bien que l'expression Déisis soit<br />

plutôt tardive, le thème remonte, au sens<br />

large, au VI e siècle. La littérature poétique <strong>de</strong>s<br />

hymnes dans la liturgie byzantine y est sans<br />

doute pour beaucoup dans la naissance <strong>de</strong> ce<br />

thème. Marie y symbolise l'Église et le<br />

Deuxième Testament; Jean, le Premier<br />

Testament et la Synagogue comme<br />

précurseur <strong>de</strong> l'Église. André Grabar a<br />

montré que ce thème a pris ses racines dans<br />

l'iconographie cultuelle <strong>de</strong> l'Empereur.<br />

A. L.<br />

Bibliographie : R. M. Dawkins, 1949, tome IX, p. 138-<br />

139; Ludolphe <strong>de</strong> Sudheim, 1348, tome 2, p. 361-362 ;<br />

P.Joseph Besson, 1862, p. 67; L Bréhier, 1928, p. 147;<br />

A. Grabar, 1936, p. 258.


77<br />

Les <strong>icônes</strong> byzantines et post-byzantines grecques


Rapport <strong>de</strong> restauration<br />

Mère <strong>de</strong> Dieu<br />

Hodigitria<br />

Église Saint-Nicolas<br />

à Tripoli au Liban<br />

H. : 83 cm ; I. : 60,3 cm<br />

EXTRAIT SIX PAGES DU CATALOGUE<br />

DE L'EXPOSITION VISAGES DE L'ICÔNE<br />

1996, AU PAVILLON DES ARTS, PARIS<br />

© ÉDITIONS PARIS-MUSÉES, 1995<br />

Support<br />

Description :<br />

Cette icône est peinte sur un grand panneau<br />

<strong>de</strong> bois, <strong>de</strong> couleur foncée, probablement <strong>de</strong><br />

l'épicéa, sans cadre en saillie, constitué <strong>de</strong><br />

trois planches <strong>de</strong> fil vertical débitées sur<br />

dosse, <strong>de</strong> dimensions 27 cmx83 cm environ<br />

pour la planche centrale, et <strong>de</strong> 16,7 cm x 83<br />

cm pour les planches latérales. Leur<br />

assemblage serait à joints vifs. Au revers,<br />

quelques traces <strong>de</strong> colle le long <strong>de</strong>s<br />

www.<strong>atelier</strong>-icones-peintures.com<br />

joints ont été observées. Côté face, d'anciennes<br />

fixations <strong>de</strong> traverses sur chacune<br />

<strong>de</strong> ces planches sont visibles, à environ 8<br />

cm du bord supérieur et 9 cm du bord<br />

inférieur (avec peut-être une autre traverse<br />

dans la partie centrale). Ces planches<br />

étaient autrefois maintenues par <strong>de</strong>s<br />

traverses originales aujourd'hui disparues,<br />

remplacées par trois larges lattes <strong>de</strong> contreplaqué<br />

<strong>de</strong> 4 mm d'épaisseur collées et<br />

clouées sur toute la largeur.


Altérations :<br />

Deux nœuds qui se situent au milieu <strong>de</strong> la<br />

planche centrale à 20 cm et 30 cm du bord<br />

inférieur ne semblent pas avoir d'influence<br />

sur la couche picturale, tandis que les lattes<br />

constituent une contrainte pour le support.<br />

Dans la planche centrale, quatre fentes sont<br />

présentes, bord supérieur, sur une<br />

longueur <strong>de</strong> 22 cm, 25 cm et 45 cm, ainsi<br />

que <strong>de</strong> part et d'autre <strong>de</strong>s nœuds.<br />

Deux amorces <strong>de</strong> fente sont visibles dans le<br />

bord inférieur <strong>de</strong> la planche sénestre et centrale.<br />

Côté revers, la planche sénestre <strong>de</strong> l'icône<br />

est particulièrement attaquée par les<br />

xylophages, sur son bord inférieur et à plus<br />

ou moins 28 cm <strong>de</strong> ce même bord. Il en est<br />

<strong>de</strong> même, pour la planche <strong>de</strong>xtre mais avec<br />

<strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> matière, bord supérieur et<br />

partie centrale. Le long <strong>de</strong>s joints, quelques<br />

traces <strong>de</strong> ces insectes sont à noter. Les<br />

tranches sénestre et <strong>de</strong>xtre semblent avoir<br />

été récemment rabotées. Côté face, le bord<br />

inférieur présente cinq traces <strong>de</strong> brûlure.<br />

Toile et préparation<br />

Description :<br />

Une toile marouflée sur bois recouvre, pour<br />

ainsi dire, la totalité <strong>de</strong> l'œuvre. Elle semble<br />

être constituée <strong>de</strong> plusieurs morceaux. La<br />

lisière <strong>de</strong> la toile s'arrête à 3 cm du bord<br />

inférieur côté <strong>de</strong>xtre, tandis qu'elle est<br />

présente jusqu'au bord inférieur côté<br />

sénestre. Dans la partie supérieure <strong>de</strong><br />

l'icône, la lisière <strong>de</strong> la toile court sur toute la<br />

largeur. Le tissu a une armure toile, <strong>de</strong><br />

tissage moyennement lâche. La préparation<br />

est une préparation blanche.<br />

Altérations :<br />

La toile est lacunaire et, par endroits,<br />

anciennement refixée à la colle forte. On<br />

peut également observer <strong>de</strong>s galeries <strong>de</strong><br />

vers dans la toile même. Des clivages entre<br />

la toile et le bois sont à noter dans la moitié<br />

inférieure <strong>de</strong> l'icône. La toile est aussi<br />

fortement tachée, probablement par les<br />

fumées <strong>de</strong>s bougies, les brûlures et les<br />

divers ajouts tels vernis, gomme, paraffine.<br />

Couche picturale<br />

Description :<br />

Cette Mère <strong>de</strong> Dieu est <strong>de</strong>venue avec le<br />

temps presque complètement noire et<br />

illisible. Bien que très obscurcis, seul un<br />

fond et les visages d'une Vierge et <strong>de</strong> son<br />

enfant sont encore visibles. La couche<br />

picturale n'a pas d'unité. On détermine ainsi<br />

trois gran<strong>de</strong>s zones distinctes ayant<br />

chacune une structure différente<br />

- La zone <strong>de</strong>s visages, où subsiste un doute<br />

quant à l'authenticité, qui apparaît relever<br />

du style du xix e siècle. Une lacune<br />

superficielle dans le visage <strong>de</strong> l'enfant<br />

révèle une couche picturale plus fine et plus<br />

claire.<br />

- La zone du fond qui présente une<br />

structure anarchique avec <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong><br />

matériau en surface <strong>de</strong> couleur brunâtre<br />

dans lesquelles <strong>de</strong>s auréoles rouges et <strong>de</strong>s<br />

inscriptions sont à peine discernables.<br />

Dans les lacunes superficielles, une feuille<br />

d'or est visible ainsi que la double incision<br />

d'auréoles.<br />

- Et enfin, la zone <strong>de</strong>s drapés, masse<br />

informe, noire, épaisse, irrégulière, opaque,<br />

qui ne révèle aucune couche picturale<br />

colorée.<br />

Altérations :<br />

Outre les lacunes <strong>de</strong> couleurs et <strong>de</strong> préparation<br />

couramment rencontrées le long <strong>de</strong>s<br />

joints, <strong>de</strong>s fentes, et aux points d'attache<br />

<strong>de</strong>s traverses anciennes, l'icône présente <strong>de</strong><br />

très nombreuses pertes <strong>de</strong> matière dues<br />

aux clouages <strong>de</strong>s ex-voto et <strong>de</strong>s nimbes<br />

métalliques. Les nombreux dédoublements<br />

<strong>de</strong> la couche picturale posée sur le fond d'or<br />

accentuent l'aspect chaotique.<br />

Analyses :<br />

Différents sondages nous révèlent que les<br />

visages sont entièrement repeints, et plu-<br />

125<br />

Rapport <strong>de</strong> restauration


126<br />

Rapport <strong>de</strong> restauration<br />

sieurs analyses indiquent que le fond est<br />

également largement recouvert. Des sondages,<br />

dans <strong>de</strong>s zones caractéristiques (œil,<br />

bouche), confirment la présence d'une<br />

matière ancienne lisse, légèrement émaillée,<br />

à très fines craquelures, d'un mo<strong>de</strong>lé très<br />

différent, plus vigoureux, plus direct. La carnation<br />

sous-jacente est fine, posée par<br />

touches successives juxtaposées (voir photo<br />

page 127 en haut à gauche). Un examen au<br />

microscope polarisant et micro-analyse<br />

(EDS) sur section polie, ainsi qu'une microanalyse<br />

spectrophotométrique infrarouge<br />

(FT/IR) <strong>de</strong> la couche picturale originale du<br />

visage ont été faits. L'échantillon examiné<br />

présente une peinture formée par la<br />

superposition <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux couches : une<br />

couche à base <strong>de</strong> gypse (traces <strong>de</strong> calcite)<br />

avec <strong>de</strong> la colle en petite quantité pour la<br />

couche <strong>de</strong> préparation; et une couche<br />

picturale jaune ambre à base <strong>de</strong> sulfates <strong>de</strong><br />

fer (jarosite) avec <strong>de</strong> la colle pour<br />

composant principal et <strong>de</strong> l'ambre en petite<br />

quantité. Quelques impuretés sont<br />

représentées par <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> calcite,<br />

argiles, vermillon. Un prélèvement <strong>de</strong><br />

matière picturale couvrant partiellement l'or<br />

a fait l'objet <strong>de</strong> plusieurs analyses (voir<br />

photo page 127 en haut à droite) :<br />

- l'analyse macroscopique révèle une matière<br />

grise, brunâtre et amorphe ;<br />

- les analyses microscopique et<br />

micrométrique montrent que l'échantillon se<br />

compose <strong>de</strong> trois couches superposées<br />

d'une épaisseur totale <strong>de</strong> 50 µm : noire 15<br />

µm, jaune 10 µm, orange-rouge 25 µm ;<br />

- un test à la ninidrine est resté négatif, il n'y<br />

a donc pas <strong>de</strong> blanc d'œuf pour cette<br />

couche <strong>de</strong> surpeint ;<br />

- une calcination partielle à 260°C sur platine<br />

chauffante avec résultat <strong>de</strong> brunissement<br />

confirme la présence d'un autre composé<br />

organique, l'ambre ;<br />

- 20 mg <strong>de</strong> ce prélèvement brunâtre a été dis<br />

sous dans 50 ml d'aci<strong>de</strong> nitrique et, analysé<br />

par AAS (analyse par absorption atomique<br />

spectrométrique - système Zeeman), a mis<br />

en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s quantités très importantes<br />

d'arsenic et <strong>de</strong> plomb et <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong><br />

chrome, zinc, fer et mercure.<br />

Un prélèvement a également été effectué<br />

dans la zone <strong>de</strong>s drapés bleus, un examen<br />

à la loupe binoculaire et une micro-analyse<br />

spectrophotométrique infrarouge (FT/IR)<br />

ont été faits : l'échantillon examiné présente<br />

diverses écailles composées d'une couche à<br />

base <strong>de</strong> gypse et <strong>de</strong> colle en petite quantité<br />

pour la couche <strong>de</strong> préparation, la couche<br />

bleue est formée <strong>de</strong> carbonates qui ne sont<br />

pas déterminables, <strong>de</strong> polysacchari<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

gomme arabique et <strong>de</strong> colle en petite<br />

quantité, et d'une couche brune formée <strong>de</strong><br />

polysacchari<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la gomme arabique<br />

comme composant principal, et <strong>de</strong> colle et<br />

d'ambre en petite quantité. La majorité <strong>de</strong>s<br />

écailles est recouverte <strong>de</strong> cette même<br />

couche brune <strong>de</strong> même composition avec<br />

seulement <strong>de</strong>s traces d'ambre, tandis que<br />

d'autres sont composées essentiellement<br />

d'ambre.<br />

Observations sur les analyses<br />

De ces analyses, nous pouvons conclure que<br />

cette icône est peinte sur une préparation à<br />

base <strong>de</strong> gypse et <strong>de</strong> colle. La couche picturale<br />

du visage contient un pigment, le jarosite,<br />

mélangé à <strong>de</strong> la colle. La présence <strong>de</strong> ce<br />

jarosite est intéressante car un pigment <strong>de</strong><br />

même couleur et <strong>de</strong> même composition<br />

(sulfate basique <strong>de</strong> fer et <strong>de</strong> potassium KFe3<br />

(S04) 2 (0H)6) a été découverts par i<strong>de</strong>ntification<br />

par micro-son<strong>de</strong> <strong>de</strong> pigments coptes, sur les<br />

fresques <strong>de</strong> Baouît en Egypte (VI e siècle), ainsi<br />

que du natrojaro-site dans le monastère <strong>de</strong><br />

Saint-Siméon en Syrie (IX e siècle).<br />

Il est particulièrement intéressant <strong>de</strong> constater<br />

que, jusqu'à présent dans toutes les <strong>icônes</strong> qui<br />

ont été analysées, ce sont <strong>de</strong>s terres<br />

ferrugineuses à base d'oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> fer et <strong>de</strong><br />

quelques impuretés qui ont été trouvées.<br />

Le sulfate basique <strong>de</strong> fer et <strong>de</strong> potas-


127<br />

Rapport <strong>de</strong> restauration


128<br />

Rapport <strong>de</strong> restauration<br />

sium, découvert ici, pourrait nous donner<br />

<strong>de</strong> précieux renseignements d'ordre<br />

historique sur les commerces qui ont existé<br />

au xv e siècle.<br />

La gomme arabique et la colle, présentes<br />

avec le pigment bleu, auraient fait partie du<br />

liant <strong>de</strong> la couche picturale originale. En<br />

effet, la gomme arabique est un excellent<br />

colloï<strong>de</strong> protecteur, d'un usage fréquent<br />

pour stabiliser les émulsions et les<br />

dispersions. La couche picturale bleue<br />

aurait pu être protégée par un mélange <strong>de</strong><br />

gomme arabique en composé principal et<br />

<strong>de</strong> colle en petite quantité. L'ambre trouvé<br />

sur la feuille d'or, dans les couches<br />

superficielles <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong>s drapés, ainsi<br />

que sa présence remarquée dans le<br />

prélèvement du visage, indique que l'icône<br />

aurait été totalement protégée par une<br />

couche <strong>de</strong> vernis à base d'ambre.<br />

Traitement<br />

Un examen visuel approfondi, enrichi par<br />

divers sondages <strong>de</strong> suppression <strong>de</strong>s<br />

repeints, ainsi que leur possibilité<br />

technique, encourageaient vivement le<br />

dégagement total et confirmaient<br />

l'hypothèse émise d'un surpeint <strong>de</strong> style<br />

dans les visages. La suppression totale,<br />

effectuée par action mécanique du scalpel<br />

et sous binoculaire, révélait une matière<br />

picturale originale sous-jacente en bon état,<br />

déjà pressentie grâce aux quelques lacunes<br />

superficielles.<br />

La suppression du repeint couvrant le fond<br />

d'or a été également effectuée par action<br />

mécanique. Les chaînes moléculaires <strong>de</strong><br />

certaines petites zones <strong>de</strong> repeints très<br />

durs ont dû être préalablement brisées par<br />

l'emploi ponctuel du mélange toluène/DMF<br />

(75/25), avant l'action du scalpel. Sous cette<br />

couche <strong>de</strong> repeint, on a retrouvé la feuille<br />

d'or originale posée sur un bol orangé<br />

traditionnel et bruni, ainsi que la double<br />

incision originale <strong>de</strong>s auréoles. Dans la<br />

partie supérieure et planche sénestre, la<br />

feuille semble avoir été grattée. Cet inci<strong>de</strong>nt<br />

et l'importante usure <strong>de</strong> l'or sur toute la<br />

planche <strong>de</strong>xtre a probablement conduit un<br />

«iconographe» à recouvrir cette feuille d'or<br />

lacunaire par une peinture à base<br />

d'orpiment ou <strong>de</strong> réalgar. Malgré la<br />

découverte d'inscriptions originales, les<br />

auréoles tardives rouges, ainsi que toutes<br />

les inscriptions rapportées, ont été<br />

volontairement gardées. La zone <strong>de</strong>s<br />

drapés a <strong>de</strong>mandé un travail<br />

particulièrement délicat. Les clivages entre<br />

la toile et le support, ainsi que l'épaisseur<br />

du revêtement composé <strong>de</strong> gomme<br />

arabique mêlée à <strong>de</strong> l'ambre, a nécessité<br />

une intervention cumulée <strong>de</strong> refixagedégagement.<br />

Une colle <strong>de</strong> peau additionnée<br />

<strong>de</strong> vinaigre a été utilisée (PH environ 5,5).<br />

Les très nombreux clous <strong>de</strong>s ex-voto et <strong>de</strong>s<br />

auréoles ont été laissés, car ils font partie<br />

intégrante <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> cette icône. Les<br />

enlever aurait engendré également d'autres<br />

zones <strong>de</strong> faiblesse.<br />

Après nettoyage et refixage, l'icône a été<br />

vernie avec un vernis à base <strong>de</strong> résine<br />

cyclo-hexanone <strong>de</strong> type MS2A, passé au<br />

spalter. Seules les petites lacunes ont été<br />

mastiquées avec un mastic vinylique, choisi<br />

<strong>de</strong> préférence au mastic à la colle pour sa<br />

plus gran<strong>de</strong> souplesse.<br />

Ces lacunes ont été ensuite réintégrées <strong>de</strong><br />

manière illusionniste. La toile tachée a été<br />

légèrement patinée afin <strong>de</strong> recréer une<br />

unité. Le <strong>de</strong>rnier vernis <strong>de</strong> protection a été<br />

apporté à l'œuvre par pulvérisation. La<br />

suppression <strong>de</strong>s repeints a rendu, à l'œuvre<br />

son style original et lui a permis <strong>de</strong><br />

recouvrer aussi les éléments authentiques<br />

<strong>de</strong> son iconographie.<br />

Nous remercions : M. Maurice H. Fa<strong>de</strong>l qui,<br />

par sa générosité, a permis la restauration<br />

<strong>de</strong> cette icône ; Dott. Geol. Vito Meggiolaro<br />

<strong>de</strong> chez R et C Scientifica S. R. L. et M.<br />

Vergote, ingénieur chimiste <strong>de</strong> l'université<br />

<strong>de</strong> Gand, qui ont collaboré à ces analyses.


129<br />

Rapport <strong>de</strong> restauration

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!