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craignait tout pour moi au rêve absolu. Cendrillon quoi !
Il me faut cinq voyages pour rapporter dans mon palais les affaires que j’ai accumulées dans mon sixième
sans ascenseur. Les jambes me rentrent dans le corps et je suis courbaturée de partout.
Le lundi matin, Alain proteste quand je lui annonce ma nouvelle adresse, j’aurais dû lui demander son
aide, comme pour le reste. Je hausse les épaules, pour ça, comme pour le reste, je suis en paix avec moimême.
Je ne lui dois rien.
— J’ai rencontré quelqu’un, me confie-t-il à voix basse en profitant de notre discussion.
— Comment s’appelle la veinarde ? je renchéris avec bonne humeur, histoire de lui assurer que je suis
pas jalouse.
— Camille. Elle est élève infirmière.
Il évite bizarrement mon regard. Je lui donne un coup de coude amical. Il penche la tête vers moi d’un air
presque triste.
— Y a rien à faire, Mina, soupire-t-il. C’est une fille bien, vachement bien roulée, plus dévergondée que
toutes celles que j’ai baisées. Mais je sais pas ce qui se passe, pourquoi ça le fait pas comme… avec toi.
J’ai l’impression d’être une simple mécanique. Je suis même pas sûr qu’elle jouisse.
Autour de nous, nos amis se disputent sur un sujet d’actualité, je baisse néanmoins d’un ton.
— Ça viendra avec le temps, laisse-toi encore une chance.
— C’est mal parti, réfute-t-il en me dardant un regard sombre.
— Ce que tu es pessimiste, je le gronde comme une mère poule.
— Alors pourrais-tu me dire pourquoi c’est de toi dont j’ai envie quand je la baise ?
Je lui balance une tape sur l’épaule, une tape de mouche, je me fais juste mal en passant.
— Forcément, avec des considérations comme ça, je ne vois pas comment tu pourrais t’en sortir !
Il me regarde l’engueuler sans broncher, les coudes appuyés sur ses cuisses.
— Nous avons fait une connerie, Alain, je n’aurais pas dû venir chez toi.
Je baisse le nez. Ça fait trois mois maintenant que nous avons couché ensemble. Il m’arrive certains jours
d’y repenser trop fort, surtout le soir tard ou le matin quand je me réveille seule dans mon lit.
Heureusement pour moi, mon travail auprès de Paul Peyriac m’occupe tellement l’esprit que mon corps
s’est assagi tout seul. Visiblement, ce n’est pas le cas d’Alain.
— Tu n’as rien à te reprocher, c’est moi qui ai profité de toi, m’assure-t-il. Seulement, je paye une note
salée.