Consom'Action N° 30
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dossier<br />
une assiette bio et gourmande<br />
6 CONSOM’ACTION<br />
Les protéines<br />
de l’équilibre bio<br />
Quelle place donnez-vous à la viande et aux produits laitiers<br />
dans votre alimentation ? Est-elle comme pour beaucoup de nos<br />
contemporains le pilier central autour duquel tourne votre repas ?<br />
Si c’est le cas plus de quatre fois par semaine, alors c’est beaucoup<br />
trop, pour votre santé comme pour celle de la planète.<br />
Mieux vaut privilégier la qualité, bio bien sûr, à la quantité.<br />
La viande, la charcuterie, les<br />
produits laitiers ont pris une<br />
place prépondérante dans la<br />
composition des menus de la<br />
majorité des Français. Eventuellement,<br />
on les remplace de temps<br />
en temps par un morceau de poisson,<br />
ou par des œufs, mais dans l’esprit de<br />
beaucoup, la viande est indispensable<br />
à une bonne alimentation, car elle<br />
serait seule capable d’apporter des<br />
protéines de qualité.<br />
Nécessaires à la croissance, à l’immunité,<br />
au renouvellement des tissus,<br />
les protéines sont effectivement essentielles<br />
à une alimentation saine. Elles<br />
sont composées à partir de vingt<br />
acides aminés différents, dont huit<br />
sont dits essentiels car notre corps est<br />
incapable de les fabriquer : il s’agit de<br />
la leucine, l’isoleucine, la lysine, la<br />
méthionine, la phénylalanine, la<br />
thréonine, le tryptophane, et la valine.<br />
Ils doivent donc obligatoirement être<br />
apportés par l’alimentation.<br />
L’excès peut<br />
déminéraliser<br />
La viande, le poisson, les laitages, les<br />
œufs contiennent les huit acides aminés<br />
essentiels (AAE), et sont en cela<br />
pourvoyeurs de protéines de qualité.<br />
Mais «depuis la Seconde Guerre mondiale,<br />
il y a eu une dérive», regrette<br />
Lylian Le Goff, médecin, notamment<br />
auteur de Nourrir la vie et de Manger<br />
Bio et d’un nouvel ouvrage à paraître<br />
chez Terre vivante sur les mêmes<br />
thèmes. «Nous avons abandonné des<br />
apports diversifiés en protéines, pour<br />
privilégier quasi exclusivement les protéines<br />
animales. » L’Afssa (l’Agence<br />
française de sécurité sanitaire et alimentaire),<br />
confirme que les deux tiers<br />
Les végétaux sont une source intéressante de<br />
protéines et pour certains de calcium.<br />
des protéines consommées par les<br />
Français en 1999 sont d’origine animale.<br />
« C’est un véritable risque pour la<br />
santé, car les protéines carnées sont<br />
accompagnées de graisses à dominante
saturée, dont l’excès expose aux maladies<br />
cardiovasculaires, au surpoids, à certains<br />
cancers, qui sont en fait les maladies<br />
de notre civilisation. »<br />
Le Dr Le Goff s’attarde aussi sur<br />
les inconvénients des produits laitiers,<br />
riches en protéines, et que l’on considère<br />
trop souvent comme les seuls<br />
pourvoyeurs de calcium. «Le problème<br />
du lait et des laitages, outre des intolérances<br />
sous-estimées, c’est qu’ils aggravent<br />
les apports en graisses saturées. Or,<br />
lorsqu’elles sont surabondantes, les<br />
graisses saturées captent les minéraux,<br />
notamment le calcium, et en empêchent<br />
l’assimilation. Et donc des personnes qui<br />
mangeraient, en plus de la viande,<br />
beaucoup de laitages en espérant prévenir<br />
une éventuelle ostéoporose, risquent<br />
de produire exactement l’effet contraire.<br />
De plus, leur corps, en hyper acidification<br />
à cause de l’excès de viande, cherche<br />
des sels minéraux pour équilibrer son<br />
PH. S’il ne peut pas bien les assimiler, il<br />
les prélève là où il peut… c’est-à-dire sur<br />
le capital osseux !»<br />
Mieux vaut donc aussi compter<br />
avec le calcium des végétaux (légumes<br />
à feuilles vertes, amandes…). «Certes,<br />
ils offrent un moins bon rapport phosphore-calcium<br />
que les laitages, mais ils<br />
sont en revanche riches en silice, qui est<br />
très importante pour la fixation du calcium<br />
!», assure le Dr Le Goff.<br />
Le poisson et les œufs<br />
Traditionnellement, lorsqu’on veut<br />
diminuer la viande, on la remplace<br />
par du poisson, réputé être bon pour<br />
la santé. «Effectivement, il est riche en<br />
corps gras insaturés, poursuit le Dr Le<br />
Goff, et c’est bien d’en manger régulièrement.<br />
Mais il faut savoir où il a été<br />
pêché, car les métaux lourds et la pollution<br />
se fixent dans les corps gras. Le poisson<br />
sauvage issu de mers ouvertes peu<br />
polluées est donc à recommander, tout<br />
comme, bien sûr, le poisson d’élevage<br />
bio. » Depuis trois ans déjà, Biocoop<br />
met en place une filière poisson, afin<br />
d’approvisionner ses magasins en produits<br />
surgelés, ou, idéalement, frais.<br />
«Pour les poissons sauvages, nous avons<br />
déterminé des critères de qualité avec les<br />
pêcheurs, l’interprofession, les scientifiques,<br />
les écologistes, explique Franck<br />
Bardet, responsable de cette filière.<br />
Nous travaillons bien sûr sur une logistique<br />
garantissant la fraîcheur, sur la<br />
sélection d’espèces qui ne soient pas en<br />
danger, le choix des périodes de pêche, et<br />
des techniques sélectives… » On trouve<br />
aussi selon les magasins cinq espèces<br />
Peu de viande… et surtout qu’elle soit bonne !<br />
François Couplan, spécialiste mondial des plantes sauvages,<br />
publie ce printemps chez Edisud un ouvrage intitulé Sans<br />
viande et très heureux.<br />
« Lorsque j’ai arrêté de manger de la viande, tous mes petits<br />
problèmes de santé ont disparu. Aujourd’hui, je ne suis plus<br />
rigide comme je l’ai été : si j’ai devant moi de la viande qui<br />
me plaît, j’en mange. Mais je sais que je n’en ai pas besoin ! »<br />
François Couplan a passé sa thèse de doctorat sur le thème<br />
« l’alimentation végétale potentielle de l’homme avant et<br />
après la domination du feu au paléolithique inférieur et moyen, en région<br />
méditerranéenne française ». Il émet l’hypothèse que « l’être humain a toujours<br />
mangé de la viande, mais en quantités et qualités différentes selon<br />
l’environnement dans lequel il évoluait. »<br />
Pour lui, la question aujourd’hui n’est pas tant « Viande ou pas viande ? » que<br />
« Quelle viande, d’où vient-elle ? » : « Pour moi, traiter les animaux comme on le<br />
fait aujourd’hui dans les élevages est insoutenable. Je pense, comme les Indiens<br />
d’Amérique, qu’en ingérant la substance d’un animal, on incorpore aussi son<br />
âme. Et très honnêtement, je n’ai pas envie d’incorporer l’âme d’un poulet élevé<br />
en batterie ! »<br />
Dans son dernier livre, François Couplan partage son mode de vie alimentaire,<br />
composé de produits bio, « qui sont généralement meilleurs que les autres », de<br />
légumes, céréales, légumineuses, plantes sauvages quand il le peut, graines<br />
germées et algues… Et du fromage, des œufs, ou de la viande « quand ils sont<br />
bons ». « L’important, c’est de développer sa sensibilité personnelle, se<br />
débarrasser de son carcan culturel et de ses idées reçues. L’équilibre se fait<br />
naturellement… »<br />
de poisson d’élevage bio (saumon,<br />
truite, maigre, daurade et bar).<br />
Qu’en est-il de la viande, des laitages<br />
et des œufs. «C’est une bonne<br />
alternative, assure Lylian Le Goff, à<br />
condition de manger surtout le jaune,<br />
qui est un aliment très complet, dont la<br />
protéine est de haute valeur biologique.<br />
Le blanc, lui, est riche en albumine, et<br />
aggrave donc le déséquilibre acidobasique<br />
; ses corps gras sont certes riches<br />
en cholestérol mais aussi en lécithines<br />
protectrices. Mais on doit là encore res-<br />
ter mesuré, et bien sûr faire attention<br />
aux modes de cuisson. L’idéal, c’est à la<br />
coque, alors qu’il faut limiter les fritures<br />
(au plat ou en omelette). »<br />
Les protéines végétales<br />
Mais la bio a une particularité : elle<br />
offre toute une palette de produits<br />
riches en protéines végétales. On<br />
connaît souvent le tofu et autres dérivés<br />
du soja, mais ce que l’on sait<br />
moins, c’est qu’il y a aussi des protéines<br />
dans les céréales (blé, riz, millet,<br />
sarrasin, orge…) et dans les légumineuses<br />
(haricots, pois, lentilles,<br />
soja…). «Ce que l’on reproche aux protéines<br />
végétales, poursuit le Dr Le Goff,<br />
c’est que contrairement à celles de la<br />
viande, elles sont un peu déséquilibrées<br />
en acides aminés essentiels. Les céréales<br />
sont en effet carencées en lysine, et les<br />
légumineuses en méthionine (ndlr : sauf<br />
le soja). Mais ce qui manque dans les<br />
unes est présent dans les autres. Donc il<br />
suffit de manger ces deux aliments en<br />
même temps ! C’est ce que les anciens<br />
avaient bien compris, puisqu’ils associaient<br />
couramment les deux. »<br />
Exemples : le blé et les pois chiches au<br />
Maghreb, les haricots et le maïs en<br />
Amérique du Sud, le riz et les lentilles<br />
en Inde…<br />
Le Dr Le Goff explique aussi que<br />
l’association céréales-légumineuses<br />
est plus dense en protéines que la<br />
CONSOM’ACTION 7<br />
une assiette bio et gourmande<br />
dossier
dossier<br />
une assiette bio et gourmande<br />
viande : 20 % dans la viande, contre<br />
8 à 15 % dans les céréales, et 22 à<br />
25 % dans les légumineuses (jusqu’à<br />
35 et 40 % dans le soja). « De plus,<br />
en privilégiant cette association, on a<br />
un apport en fibres et en certains minéraux<br />
qu’on ne trouve absolument pas<br />
dans la viande. Or l’enquête Suvimax<br />
(ndlr : étude scientifique sur la<br />
■ La viande bio, ça change quoi ?<br />
Franck Bardet est responsable de la filière viande de Biocoop.<br />
Quelle différence entre<br />
viande bio et non bio ?<br />
La bio propose des viandes non<br />
dénaturées comme cela a peu<br />
à peu été le cas ces cinquante<br />
dernières années, parce que<br />
l’agriculture industrielle cherchait<br />
à produire plus, tout en<br />
réduisant les coûts. En bio, on<br />
se concentre sur l’état physiologique<br />
de l’animal, son bien-être<br />
et son alimentation. Les abattages<br />
plus tardifs permettent<br />
d’obtenir des viandes finies,<br />
bien persillées, avec du goût.<br />
La bio apporte une garantie<br />
de contrôle. Avec une viande<br />
certifiée bio, c’est l’assurance<br />
que l’animal n’a pas<br />
consommé d’OGM.<br />
Autre différence, en bio, la<br />
prévention est la règle prioritaire<br />
en matière de santé.<br />
Homéopathie, phytothérapie<br />
sont régulièrement utilisées.<br />
L’usage des antibiotiques et<br />
autres médicaments de synthèse<br />
est réservé aux cas exceptionnels<br />
sur prescription<br />
vétérinaire et contrôlé.<br />
Qu’en est-il des prix ?<br />
Les consommateurs disent<br />
que la viande bio est chère<br />
(ndlr : enquête Ifop réalisée<br />
pour Interveb). Certes on peut<br />
trouver des écarts de prix<br />
conséquents, tout dépend de<br />
l’endroit où l’on achète sa<br />
viande. Les bouchers bio qui<br />
travaillent des carcasses entières<br />
et qui cherchent une revalorisation<br />
complète de l’animal<br />
proposent des tarifs très<br />
proches du bœuf label rouge !<br />
Pour la distribution spécialisée,<br />
le problème est plus<br />
grand : la filière de distribution<br />
est jeune, petite, les volumes<br />
faibles, et les magasins<br />
sont réticents à proposer un<br />
produit aussi fragile dans leur<br />
linéaire. Les partenariats entre<br />
les opérateurs d’amont et<br />
d’aval vont petit à petit diminuer<br />
les coûts grâce à des volumes<br />
plus importants, et sur-<br />
8 CONSOM’ACTION<br />
consommation alimentaire de plus<br />
de 13 000 Français entre 1994 et<br />
2002) a bien montré que le Français<br />
moyen est carencé en fibres. Dans l’association<br />
céréales-légumineuses, on<br />
trouve aussi de l’amidon, fournisseur<br />
d’énergie, des sels minéraux – notamment<br />
de la silice, indispensable à la<br />
fixation des minéraux – et des oligo-<br />
tout grâce à l’engouement<br />
des consommateurs pour ces<br />
produits reconnus haut de<br />
gamme.<br />
Et pour la volaille et le<br />
porc, plus couramment<br />
consommés ?<br />
Il y a de forts écarts dans les<br />
poulets. Un certifié AB classique,<br />
abattu au bout de 81<br />
jours, aura le même goût<br />
qu’un poulet label ou fermier<br />
conventionnel, mais il sera plus<br />
cher, parce que son alimentation<br />
à 90 % bio au minimum<br />
aura eu un coût supérieur. Cer-<br />
tains distributeurs comme Biocoop<br />
font le choix de proposer<br />
des poulets aux critères d’élevage<br />
bien supérieurs au minimum<br />
requis par la certification.<br />
Ils sont nourris à partir de<br />
matières premières agricoles<br />
100 % bio, élevés pendant<br />
plus de 91 jours. Quand on<br />
aime le poulet, on préfère celui-là,<br />
mais pour faire la différence…<br />
il faut goûter ! Le problème,<br />
c’est qu’aujourd’hui les<br />
gens veulent de petites portions,<br />
soit des poulets de<br />
1,2 kg, soit des découpes. Mais<br />
si on ne vend que des poulets<br />
trop jeunes, sans saveur, ou,<br />
pire, que des filets de poulet,<br />
comment le producteur peut-il<br />
s’assurer un revenu ? Que fait-il<br />
du reste ? En conventionnel,<br />
on a inventé les nuggets, et les<br />
ailerons de poulet cuisinés… Et<br />
si les consommateurs étaient<br />
prêts à faire l’effort de cuisiner<br />
les restes d’un poulet un peu<br />
plus gros ?<br />
Pour le porc, la qualité des<br />
produits est là aussi indéniable.<br />
Le travail des éleveurs<br />
bio n’a rien à voir avec l’élevage<br />
industriel. La naissance en<br />
plein air, l’engraissement sur<br />
paille, l’alimentation adaptée<br />
permettent une révélation des<br />
flaveurs les plus subtiles. Se<br />
pose le problème de l’aspect.<br />
Les consommateurs ont l’habitude<br />
d’un jambon ou de saucisses<br />
bien roses… sauf que<br />
cela suppose d’utiliser du sel<br />
nitrité, qui se stocke ensuite<br />
dans le foie et les reins. Biocoop<br />
a demandé à ses fournisseurs<br />
d’en arrêter l’usage,<br />
d’où parfois la couleur un peu<br />
marron de la viande qui peut<br />
malheureusement rebuter certains,<br />
alors que ça n’a rien à<br />
voir avec la fraîcheur ou le<br />
goût ! Une bonne côte de<br />
porc, ou un beau rôti, si c’est<br />
éléments variés, des vitamines B indispensables<br />
au bon déroulement des<br />
métabolismes. »<br />
Les algues, certaines graines<br />
(courge, tournesol), et notamment<br />
celles que l’on fait germer, sont elles<br />
aussi riches en protéines.<br />
Remplacer régulièrement la viande<br />
par des protéines végétales «apporte<br />
une fois par semaine, ça vaut<br />
le coup ! Rien à voir avec un<br />
mauvais jambon polyphosphaté,<br />
ou une rillette dénaturée !<br />
Ces produits ont mis au ban<br />
toute une catégorie d’aliments<br />
qui, consommés avec<br />
parcimonie, complètent très<br />
bien une alimentation variée.<br />
Qu’est-ce que Biocoop<br />
apporte de plus ?<br />
Nous préparons une filière<br />
Biocoop identifiable par un<br />
logo qui viendra compléter<br />
l’approvisionnement local des<br />
magasins. L’objectif, c’est<br />
qu’en travaillant avec nos partenaires<br />
producteurs et transformateurs,<br />
on puisse diminuer<br />
au maximum les charges,<br />
tout en préservant les marges<br />
nécessaires pour que chacun<br />
vive, dans le respect d’un commerce<br />
équitable. Faire de la<br />
qualité tout en déterminant le<br />
prix minimum en dessous duquel<br />
il ne faut pas descendre.<br />
Une des solutions est d’augmenter<br />
les volumes distribués.<br />
Si on vend plus, on peut baisser<br />
les prix. Rien à voir pour<br />
autant avec des schémas<br />
conventionnels de surproduction.<br />
Le fait que la restauration<br />
collective commence à<br />
s’intéresser au bio est une<br />
aide pour la filière, car cela<br />
nous permet de réaliser un<br />
équilibre en écoulant des morceaux<br />
qui seront valorisés par<br />
les cuisiniers alors qu’ils ne le<br />
seraient pas par les particuliers.<br />
N’oublions pas que l’élevage<br />
bio est indispensable à la<br />
biodiversité, il permet de préserver<br />
des surfaces entières,<br />
de reconquérir un environnement<br />
bafoué depuis plusieurs<br />
années par des exploiteurs.<br />
Manger de la viande bio avec<br />
modération participe à cette<br />
reconquête… On ne pourrait<br />
pas avoir d’espaces agricoles<br />
sans animaux !<br />
Propos recueillis<br />
par V. B.-R.
non seulement un réel plus nutritionnel<br />
», assure le Dr Le Goff, mais cela<br />
permet aussi «d’enrichir ses menus en<br />
saveurs, en plaisir de manger, et de faire<br />
des économies sur des produits onéreux. »<br />
Et il insiste sur ce point : «Avec l’économie<br />
réalisée sur la viande que l’on<br />
n’achète pas, on peut s’offrir plus de produits<br />
bio, qui sont plus denses en nutriments<br />
et en saveurs. C’est donc tout<br />
bénéfice !»<br />
Moins de viande…<br />
plus de bio !<br />
Lylian Le Goff se consacre en effet<br />
depuis plusieurs années à l’accompagnement<br />
des structures de restauration<br />
collective dans le passage au tout<br />
bio. Et il assure : «A condition de ne<br />
pas calculer repas par repas, mais bien<br />
sur une moyenne de 15 à 20 repas, on se<br />
rend compte qu’en diminuant sensiblement<br />
sa consommation de viande, on<br />
peut, pour le même budget, passer au<br />
100 % bio sans dépenser (beaucoup)<br />
plus !»<br />
C’est le constat qui a été fait dans<br />
les cantines qui sont passées au bio.<br />
Stéphane Veyrat, le directeur de l’association<br />
Un plus bio, qui se charge<br />
d’accompagner les collectivités dans<br />
cette mutation, explique qu’ils<br />
conduisent les décideurs, les cuisiniers,<br />
les gestionnaires, à modifier la<br />
structure même des repas, notamment<br />
en préparant des menus complètement<br />
sans viande ou en en diminuant<br />
les quantités souvent trop élevées. Car<br />
les ingrédients utilisés, non raffinés, et<br />
plus riches en fibres, amènent plus<br />
vite à satiété. La viande bio, par son<br />
mode d’élevage, diminue beaucoup<br />
moins à la cuisson. «Je me souviens<br />
d’un cuisinier qui n’avait pas voulu<br />
modifier les grammages, comme on le<br />
lui recommandait. Et à la fin du repas,<br />
il a bien vu qu’il avait beaucoup plus de<br />
restes. »<br />
Il ne s’agit pas «de provoquer un<br />
choc dans l’assiette ! Simplement, de<br />
redonner leur place aux protéines végétales<br />
et de diminuer les protéines animales<br />
». La proposition de menus<br />
alternatifs notamment au collège va<br />
ainsi dans le sens d’une alimentation<br />
plus diversifiée, «car il y a des jeunes<br />
qui ne souhaitent pas toujours manger<br />
de la viande, et c’est intéressant de pouvoir<br />
leur proposer de manger équilibré<br />
malgré tout. Dans les établissements où<br />
nous avons informé les collégiens sur les<br />
repas alternatifs, 40 % des convives<br />
choisissent ces menus !»<br />
Cette modification peut se révéler<br />
positive aussi dans la restauration des<br />
personnes âgées, «un public qui, avançant<br />
en âge, rencontre des difficultés à<br />
consommer de la viande du fait d’une<br />
mauvaise mastication, et risque une<br />
carence en protéines, commente Stéphane<br />
Veyrat. Les menus végétariens se<br />
mâchent mieux, sont plus digestes, leur<br />
apportent plus de fibres. Vraiment, pour<br />
nous, leur proposer un bon pain bio<br />
semi-complet et plus de légumineuses,<br />
c’est leur permettre d’améliorer leur<br />
qualité de vie et de conserver le plaisir<br />
de manger !» Et derrière, bien sûr, cela<br />
contribue à un changement profond<br />
de société en permettant à l’agriculture<br />
bio de se développer…<br />
Enfin, si tous ces arguments nutritionnels,<br />
sanitaires et économiques ne<br />
vous ont pas totalement convaincu,<br />
peut-être serez-vous plus sensible aux<br />
conséquences environnementales de<br />
ce choix alimentaire : la production de<br />
protéines animales consomme beaucoup<br />
d’énergie (fonctionnement des<br />
infrastructures d’élevage, transformation,<br />
transport, conservation). Pour<br />
produire 1 kilo de protéines de bœuf,<br />
il faut en effet 15 kilos de protéines<br />
végétales (7 pour le porc, 5 pour le<br />
poulet, 4 pour l’œuf), et donc une<br />
superficie de terres agricoles bien plus<br />
étendue. Diminuer sa consommation<br />
de viande, c’est donc d’une certaine<br />
façon partager la planète plus équitablement<br />
avec l’ensemble de ses habitants…<br />
Véronique Bourfe-Rivière<br />
Beaucoup de biocoops proposent de la viande<br />
à la coupe ou en libre service<br />
En résumé<br />
■ La filière viande bio s’attache au<br />
bien-être des animaux, à la qualité de<br />
leur alimentation, et à la maturité de<br />
leur chair, garantie d’un meilleur goût.<br />
Tous les cuisiniers le disent : la viande<br />
bio réduit beaucoup moins à la<br />
cuisson, elle est donc aussi plus<br />
économique !<br />
■ Pour varier, les biocoops offrent une<br />
grande diversité de céréales non<br />
raffinées, de légumineuses, d’algues,<br />
de graines, de dérivés du soja, qui<br />
apportent les protéines de qualité<br />
nécessaires au corps.<br />
■ Pour manger moins de protéines<br />
d’origine animale, pensez aussi aux<br />
plantes sauvages (ortie, pissenlit,<br />
lamier, égopode, épiaire…),<br />
extrêmement riches.<br />
■ Consommés en trop grande<br />
quantité, viandes et produits laitiers,<br />
qui contiennent beaucoup de graisses<br />
saturées, sont responsables de<br />
certaines des maladies dites de<br />
civilisation, et empêchent l’assimilation<br />
correcte des minéraux.<br />
■ Les produits animaux étant les<br />
aliments les plus coûteux de votre<br />
panier, en réduire la consommation<br />
permet pour le même budget<br />
d’approcher le 100 % bio. Vous gagnez<br />
alors en saveurs, en nutriments, en<br />
équilibre.<br />
■ Les légumineuses sont riches en<br />
fibres et en sels minéraux, elles<br />
apportent une bonne énergie.<br />
Consommées en même temps que des<br />
céréales, elles rendent votre assiette<br />
plus dense en protéines qu’avec de la<br />
viande !<br />
CONSOM’ACTION 9<br />
dossier une assiette bio et gourmande
dossier<br />
une assiette bio et gourmande<br />
■ Où trouver des protéines<br />
végétales ?<br />
Algues<br />
On les trouve séchées,<br />
conservées au sel, ou lactofermentées<br />
en conserve.<br />
Utilisation : elles sont assez<br />
bon marché, et très faciles à<br />
utiliser. Les paillettes (salade<br />
du pêcheur) se saupoudrent<br />
directement sur les crudités,<br />
le kombu se glisse dans<br />
l’eau de cuisson des<br />
céréales, des légumes ou<br />
des légumineuses. La dulse<br />
et la wakamé, réhydratées<br />
10 minutes dans l’eau,<br />
peuvent se couper en<br />
lanières avant d’être<br />
incorporées à une poêlée de<br />
légumes et de céréales, la<br />
nori en feuilles s’enroule<br />
autour de boudins de riz<br />
cuit fourrés de légumes,<br />
pour former les fameux<br />
maki-sushis. Les haricots (ou<br />
spaghettis) de mer trempés<br />
20 minutes et cuits le même<br />
temps à l’eau, ont un peu<br />
un goût de haricots verts.<br />
Astuce : ayez toujours un<br />
sachet d’algues<br />
déshydratées dans votre<br />
placard.<br />
10 CONSOM’ACTION<br />
Farines de<br />
légumineuses<br />
Farines de lentilles ou de<br />
pois chiches, elles sont assez<br />
bon marché et permettent<br />
des plats originaux.<br />
Utilisation : diluées dans<br />
de l’eau, faites-les épaissir<br />
en tournant constamment,<br />
pour obtenir un velouté, ou<br />
s’il y a moins d’eau, une<br />
pâte épaisse que vous<br />
n’aurez plus qu’à découper<br />
une fois froide, et à faire<br />
frire comme les fameux<br />
panisses (farine de pois<br />
chiche) de Nice. On peut<br />
aussi faire des crêpes toutes<br />
simples. Ou des soupes aux<br />
épices, comme le font les<br />
Indiens.<br />
Flocons de<br />
légumineuses<br />
Magiques, ils évitent le<br />
trempage !<br />
Utilisation : il suffit de les<br />
incorporer dans les soupes,<br />
les bouillons, les gratins où<br />
ils cuiront en même temps<br />
que le reste…<br />
Galettes<br />
Vous trouverez au rayon<br />
frais de votre biocoop une<br />
grande variété de galettes<br />
végétales, sous différentes<br />
marques. Certaines sont à<br />
base de soja, d’autres de<br />
seitan, de céréales et de<br />
légumineuses. Il existe aussi<br />
des mélanges sous forme de<br />
poudre, à réhydrater, puis à<br />
façonner en boulettes. On<br />
peut aussi, bien sûr, les faire<br />
soi-même.<br />
Utilisation : parfaites pour<br />
un dépannage, il suffit de<br />
les poêler et de les<br />
accompagner d’un légume.<br />
Graines en<br />
mélanges<br />
On trouve en bio des<br />
mélanges tout prêts de<br />
céréales et légumineuses,<br />
type riz et lentilles, parfois<br />
avec quelques épices ou<br />
légumes déshydratés. Il n’y<br />
a qu’à les faire cuire, en<br />
général 20 à <strong>30</strong> minutes.<br />
Utilisation : de l’eau, du<br />
sel, dans une casserole, on<br />
vide le paquet, on couvre,<br />
et on attend…<br />
Graines germées<br />
Alfalfa, radis, chou,<br />
fenugrec, poireau, lentille,<br />
quinoa. Vous pouvez les<br />
acheter toutes germées, au<br />
rayon frais, ou les faire<br />
germer vous-même<br />
(tremper une nuit, puis<br />
rincer deux fois par jour).<br />
Utilisation : très bon<br />
marché, surtout celles à<br />
faire germer. Commencez<br />
par l’alfalfa, le plus simple et<br />
le plus riche, dans un bocal<br />
en verre recouvert d’une<br />
étamine. Les graines<br />
germées se conservent au<br />
réfrigérateur. A consommer<br />
telles quelles en grignotage,<br />
ou sur des salades, des<br />
soupes, des toasts de pâté<br />
végétal…<br />
Haricots<br />
En vrac ou en sachets, on<br />
trouve en bio plein de<br />
variétés différentes : azukis,<br />
borloto, rouges, norias,<br />
blancs, verts, tachetés…<br />
Utilisation : il est nécessaire<br />
de les faire tremper plusieurs<br />
heures avant la cuisson.<br />
Couvrez-les d’eau froide le<br />
matin avant de partir<br />
travailler. Rincez-les<br />
soigneusement le soir, et<br />
faites-les cuire doucement<br />
pendant 1 à 3 heures selon<br />
la variété, avec oignons,<br />
sauge, laurier, poivre,<br />
girofle, algues. A manger<br />
ensuite froids en vinaigrette,<br />
chauds en accompagnement<br />
d’une céréale, en purée<br />
(avec ail, huile, épices), sur<br />
une tartine grillée, en<br />
soupe… Bon marché !<br />
Lentilles<br />
Les vertes et les brunes<br />
gagnent à tremper<br />
une nuit, et cuiront<br />
en <strong>30</strong> à 40 minutes.<br />
Les roses se cuisent en<br />
15 minutes sans trempage<br />
préalable.<br />
Utilisation : les salades de<br />
lentilles foncées sont<br />
délicieuses, essayez avec des<br />
pommes de terre tièdes, des<br />
pommes fruits, des paillettes<br />
d’algues, des croûtons et<br />
des branches de céleri<br />
taillées… Parfaites aussi en<br />
soupe, en purée. N’hésitez<br />
pas à leur marier des épices,<br />
(curry, badiane…).<br />
Les lentilles corail sont très<br />
faciles d’utilisation. Parfaites<br />
dans une grosse soupe type<br />
minestrone, ou pour faire<br />
au dernier moment un<br />
coulis accompagnant des<br />
céréales et des légumes.<br />
Mixées avec citron, huile et
épices, vous obtenez<br />
une sauce froide<br />
idéale pour<br />
accompagner des<br />
crudités ou tartiner à<br />
l’apéritif…<br />
Miso<br />
En pot de verre ou en<br />
sachet plastique, il s’agit<br />
d’une pâte de soja (ou<br />
soja-orge, soja-riz)<br />
fermenté. La fermentation<br />
rend les protéines du soja<br />
directement assimilables par<br />
le corps. Se conserve au frais<br />
une fois ouvert.<br />
Utilisation : le miso ne doit<br />
pas cuire. On le dilue dans<br />
de l’eau chaude, dans<br />
laquelle on aura fait bouillir<br />
un peu d’oignon et<br />
d’algues, quelques légumes<br />
râpés, et on porte le tout à<br />
température. Ce bouillon<br />
très reconstituant est<br />
souvent le petit-déjeuner<br />
des Japonais, et un dîner<br />
léger occidental idéal…<br />
Excellent pour les sportifs !<br />
Oléagineux<br />
Noix, noisettes, arachides,<br />
amandes, sésame, courge,<br />
tournesol sont eux aussi<br />
riches en protéines.<br />
Utilisation : en grignotage<br />
tels quels, on peut aussi les<br />
incorporer entiers ou<br />
concassés dans de<br />
nombreuses préparations<br />
(salades, galettes de<br />
céréales, mélanges de<br />
légumes…). Les mixer en<br />
purées pour faire des<br />
sauces, ou bien tartinés sur<br />
du pain pour un délicieux<br />
en-cas…<br />
Pois<br />
Les pois chiches doivent<br />
impérativement tremper, les<br />
pois cassés peuvent<br />
éventuellement s’en passer.<br />
Utilisation : un vrai délice<br />
en soupe et en purée,<br />
surtout avec un filet de jus<br />
de citron.<br />
Les pois chiches entrent<br />
dans la composition de<br />
nombreux plats orientaux.<br />
Trempés, puis cuits environ<br />
40 minutes, gardez-en une<br />
petite quantité au frigo<br />
pour les incorporer dans vos<br />
soupes, accompagnez-les de<br />
riz et d’épices. Mixés avec<br />
ail, citron, et purée de<br />
sésame, voilà un délicieux<br />
houmous pour l’apéritif ou<br />
les sandwiches du midi.<br />
Protéines<br />
de soja texturé<br />
C’est en fait de la farine de<br />
soja déshuilée et<br />
déshydratée vendue en<br />
sachet, sous deux calibres<br />
(petit et gros). Elles se<br />
conservent très longtemps<br />
au sec.<br />
Utilisation : les réhydrater<br />
une dizaine de minutes à<br />
l’eau chaude pour ensuite<br />
les utiliser comme de la<br />
viande hachée dont elles<br />
ont la texture… mais pas le<br />
goût ! Parfait pour une<br />
sauce « bolognaise<br />
végétale », pour farcir des<br />
légumes, faire des gratins<br />
de lasagnes. Très pratique, à<br />
condition d’accompagner<br />
d’herbes, d’épices et<br />
d’aromates.<br />
Quinoa<br />
Parmi les graines les plus<br />
riches en protéines avec tous<br />
les acides aminés, elle existe<br />
sous trois formes : blanche,<br />
noire, rouge. Les deux<br />
dernières doivent être<br />
mélangées à la première<br />
avant d’être cuites, sinon<br />
leur croquant est désarmant.<br />
Utilisation : comme le riz,<br />
la rincer sous l’eau courante,<br />
puis cuire dans deux fois son<br />
volume d’eau. A utiliser<br />
comme base de salades,<br />
gratins, galettes, ou<br />
simplement pour<br />
accompagner des légumes.<br />
Seitan<br />
C’est une pâte issue de<br />
farine de blé à base de<br />
gluten concentré, cuit avec<br />
des aromates. Le seitan<br />
entre aussi dans la<br />
composition de certains<br />
succédanés de viande<br />
(charcuteries végétales).<br />
Utilisation : en petits<br />
morceaux incorporés dans<br />
des ragoûts ou des sauces.<br />
Comme le soja, c’est un<br />
ingrédient riche en<br />
protéines, mais fade, qui<br />
s’imprégnera des saveurs<br />
des légumes et aromates<br />
qui l’accompagnent.<br />
Soja<br />
Le soja est très riche en<br />
protéines. Il entre dans la<br />
composition de nombreux<br />
dérivés.<br />
Utilisation : en graines, on<br />
le fait tremper et on le cuit<br />
comme des haricots. La<br />
sauce soja (soyou ou tamari)<br />
est notamment très<br />
pratique d’utilisation, pour<br />
parfumer les soupes, les<br />
bouillons, les purées, les<br />
poêlées de légumes, ou<br />
encore pour faire mariner le<br />
tofu.<br />
Tempeh<br />
Fèves de soja fermentées<br />
qui se présentent sous la<br />
forme d’un rouleau, au<br />
rayon frais, nature ou fumé.<br />
Utilisation : faire mariner<br />
en tranches dans un peu de<br />
sauce soja, puis détailler en<br />
morceaux et frire à la poêle,<br />
ou incorporer dans des<br />
sauces, pour accompagner<br />
des céréales.<br />
Tofu<br />
Sorte de fromage de soja<br />
présenté sous vide au rayon<br />
frais, nature, fumé, ou<br />
aromatisé. Il entre dans la<br />
composition de nombreux<br />
dérivés végétariens<br />
(saucisses de soja, nems<br />
végétariens, etc.)<br />
Utilisation : en petits<br />
morceaux dans une soupe,<br />
une sauce, une poêlée de<br />
légumes, écrasé et mélangé<br />
avec des céréales pour faire<br />
des galettes, le tofu doit<br />
être cuisiné pour être<br />
apprécié des<br />
consommateurs<br />
occidentaux.<br />
V. B.-R.<br />
CONSOM’ACTION 11<br />
dossier une assiette bio et gourmande