Consom'Action N° 30
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non seulement un réel plus nutritionnel<br />
», assure le Dr Le Goff, mais cela<br />
permet aussi «d’enrichir ses menus en<br />
saveurs, en plaisir de manger, et de faire<br />
des économies sur des produits onéreux. »<br />
Et il insiste sur ce point : «Avec l’économie<br />
réalisée sur la viande que l’on<br />
n’achète pas, on peut s’offrir plus de produits<br />
bio, qui sont plus denses en nutriments<br />
et en saveurs. C’est donc tout<br />
bénéfice !»<br />
Moins de viande…<br />
plus de bio !<br />
Lylian Le Goff se consacre en effet<br />
depuis plusieurs années à l’accompagnement<br />
des structures de restauration<br />
collective dans le passage au tout<br />
bio. Et il assure : «A condition de ne<br />
pas calculer repas par repas, mais bien<br />
sur une moyenne de 15 à 20 repas, on se<br />
rend compte qu’en diminuant sensiblement<br />
sa consommation de viande, on<br />
peut, pour le même budget, passer au<br />
100 % bio sans dépenser (beaucoup)<br />
plus !»<br />
C’est le constat qui a été fait dans<br />
les cantines qui sont passées au bio.<br />
Stéphane Veyrat, le directeur de l’association<br />
Un plus bio, qui se charge<br />
d’accompagner les collectivités dans<br />
cette mutation, explique qu’ils<br />
conduisent les décideurs, les cuisiniers,<br />
les gestionnaires, à modifier la<br />
structure même des repas, notamment<br />
en préparant des menus complètement<br />
sans viande ou en en diminuant<br />
les quantités souvent trop élevées. Car<br />
les ingrédients utilisés, non raffinés, et<br />
plus riches en fibres, amènent plus<br />
vite à satiété. La viande bio, par son<br />
mode d’élevage, diminue beaucoup<br />
moins à la cuisson. «Je me souviens<br />
d’un cuisinier qui n’avait pas voulu<br />
modifier les grammages, comme on le<br />
lui recommandait. Et à la fin du repas,<br />
il a bien vu qu’il avait beaucoup plus de<br />
restes. »<br />
Il ne s’agit pas «de provoquer un<br />
choc dans l’assiette ! Simplement, de<br />
redonner leur place aux protéines végétales<br />
et de diminuer les protéines animales<br />
». La proposition de menus<br />
alternatifs notamment au collège va<br />
ainsi dans le sens d’une alimentation<br />
plus diversifiée, «car il y a des jeunes<br />
qui ne souhaitent pas toujours manger<br />
de la viande, et c’est intéressant de pouvoir<br />
leur proposer de manger équilibré<br />
malgré tout. Dans les établissements où<br />
nous avons informé les collégiens sur les<br />
repas alternatifs, 40 % des convives<br />
choisissent ces menus !»<br />
Cette modification peut se révéler<br />
positive aussi dans la restauration des<br />
personnes âgées, «un public qui, avançant<br />
en âge, rencontre des difficultés à<br />
consommer de la viande du fait d’une<br />
mauvaise mastication, et risque une<br />
carence en protéines, commente Stéphane<br />
Veyrat. Les menus végétariens se<br />
mâchent mieux, sont plus digestes, leur<br />
apportent plus de fibres. Vraiment, pour<br />
nous, leur proposer un bon pain bio<br />
semi-complet et plus de légumineuses,<br />
c’est leur permettre d’améliorer leur<br />
qualité de vie et de conserver le plaisir<br />
de manger !» Et derrière, bien sûr, cela<br />
contribue à un changement profond<br />
de société en permettant à l’agriculture<br />
bio de se développer…<br />
Enfin, si tous ces arguments nutritionnels,<br />
sanitaires et économiques ne<br />
vous ont pas totalement convaincu,<br />
peut-être serez-vous plus sensible aux<br />
conséquences environnementales de<br />
ce choix alimentaire : la production de<br />
protéines animales consomme beaucoup<br />
d’énergie (fonctionnement des<br />
infrastructures d’élevage, transformation,<br />
transport, conservation). Pour<br />
produire 1 kilo de protéines de bœuf,<br />
il faut en effet 15 kilos de protéines<br />
végétales (7 pour le porc, 5 pour le<br />
poulet, 4 pour l’œuf), et donc une<br />
superficie de terres agricoles bien plus<br />
étendue. Diminuer sa consommation<br />
de viande, c’est donc d’une certaine<br />
façon partager la planète plus équitablement<br />
avec l’ensemble de ses habitants…<br />
Véronique Bourfe-Rivière<br />
Beaucoup de biocoops proposent de la viande<br />
à la coupe ou en libre service<br />
En résumé<br />
■ La filière viande bio s’attache au<br />
bien-être des animaux, à la qualité de<br />
leur alimentation, et à la maturité de<br />
leur chair, garantie d’un meilleur goût.<br />
Tous les cuisiniers le disent : la viande<br />
bio réduit beaucoup moins à la<br />
cuisson, elle est donc aussi plus<br />
économique !<br />
■ Pour varier, les biocoops offrent une<br />
grande diversité de céréales non<br />
raffinées, de légumineuses, d’algues,<br />
de graines, de dérivés du soja, qui<br />
apportent les protéines de qualité<br />
nécessaires au corps.<br />
■ Pour manger moins de protéines<br />
d’origine animale, pensez aussi aux<br />
plantes sauvages (ortie, pissenlit,<br />
lamier, égopode, épiaire…),<br />
extrêmement riches.<br />
■ Consommés en trop grande<br />
quantité, viandes et produits laitiers,<br />
qui contiennent beaucoup de graisses<br />
saturées, sont responsables de<br />
certaines des maladies dites de<br />
civilisation, et empêchent l’assimilation<br />
correcte des minéraux.<br />
■ Les produits animaux étant les<br />
aliments les plus coûteux de votre<br />
panier, en réduire la consommation<br />
permet pour le même budget<br />
d’approcher le 100 % bio. Vous gagnez<br />
alors en saveurs, en nutriments, en<br />
équilibre.<br />
■ Les légumineuses sont riches en<br />
fibres et en sels minéraux, elles<br />
apportent une bonne énergie.<br />
Consommées en même temps que des<br />
céréales, elles rendent votre assiette<br />
plus dense en protéines qu’avec de la<br />
viande !<br />
CONSOM’ACTION 9<br />
dossier une assiette bio et gourmande