Architecture en Chine - Ordre des architectes du Québec (OAQ)
24 I MARDIS VERTS I L’EXEMPLE DU CAMPUS DE LONGUEUIL
VIRAGE GLOBAL
HÉLÈNE LEFRANC
LA CONSTRUCTION D’UN NOUVEAU BÂTIMENT À LONGUEUIL A ÉTÉ L’OCCASION POUR L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE
D’APPLIQUER CONCRÈTEMENT SA STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE. EXPLICATIONS.
Une fois n’est pas coutume, l’invité de la conférence Mardis verts du
17 novembre ne provenait pas du milieu de la construction. Alain Webster
a reçu une formation en écologie, même s’il est d’abord économiste,
spécialiste de l’environnement et des changements climatiques. Vicerecteur
au développement durable et aux relations gouvernementales de
l’Université de Sherbrooke, il a géré le dossier de la construction du campus
de Longueuil.
Il replace le projet dans la politique plus globale de l’université qui veut
conjuguer enjeux environnementaux, économiques et sociaux. Il s’agit de
revoir l’ensemble des activités de l’université et d’intégrer le développement
durable aux missions d’enseignement et de recherche, puisqu’une
telle institution doit servir d’exemple. Au menu : transversalité, long terme,
décloisonnement entre services et concertation, non seulement à l’interne,
mais aussi dans les relations avec les partenaires et fournisseurs.
L’instauration de cette nouvelle culture a été graduelle. En 2004,
l’université a notamment fait les manchettes avec sa stratégie de mobilité
durable, qui permet entre autres à tous les étudiants de bénécier
gratuitement du transport en commun de la Ville de Sherbrooke. On estime
que 60 % d’entre eux y ont recours. En contrepartie, l’université verse
annuellement 1,3 M$ à la Société de transport de Sherbrooke (STS).
EFFET D’ENTRAÎNEMENT
En 2005, l’université est à l’initiative, avec neuf autres institutions
publiques et parapubliques de son territoire, d’une démarche régionale
en développement durable. « Sur la question du développement durable
on peut être seul au début, mais si on n’est pas contagieux à moyen
terme, il y a un problème », justie le responsable. Le cégep et l’hôpital
de Sherbrooke mettent également en place le même type de dispositif
concernant le transport. Dans la foulée, la politique de développement
durable de l’université voit ofciellement le jour. La même année encore,
la communauté universitaire est consultée sur les principes directeurs
d’aménagement du campus principal. Enn, en 2008, un plan triennal
pour l’ensemble de l’université est adopté.
Les répercussions de ces actions sont concrètes. La mise en place du concept
de mobilité durable a abouti cet automne à la fermeture de 250 places
de stationnement, permettant d’augmenter la récupération des eaux de
pluie et la qualité de vie sur le campus principal, situé près du mont
Bellevue. En contrepartie, la STS a augmenté son offre de 20 % et répond
davantage à la demande. Ces efforts ont aussi permis de mieux utiliser le
parc de logements de la ville et de redynamiser le centre, et cela, alors que
80 % des étudiants proviennent de l’extérieur de la ville. Une coopérative
d’hébergement étudiant a ouvert ses portes à proximité du terminus
d’autobus dans le vieux centre-ville. « Nous nous inspirons des modèles
de TOD (Transit Oriented Development), soit de l’aménagement axé sur
le transport en commun. »
UN REGARD GLOBAL
La même approche a été privilégiée pour le nouveau bâtiment qui vient
tout juste d’être achevé à Longueuil, œuvre de l’équipe Marosi Troy,
Jodoin Lamarre Pratte, Labbé architectes. Plusieurs éléments ont été
pris en compte : les stratégies possibles de mobilité durable en fonction
des emplacements, la consommation énergétique et les émissions de gaz
CAMPUS DE LONGUEUIL DE L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE, MAROSI TROY, JODOIN LAMARRE PRATTE, LABBÉ ARCHITECTES, PHOTOS I ROBERT LAFLAMME