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Silvain Brossard chirurgien berrichon du XVIII siècle inventeur de l ...

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<strong>Silvain</strong> <strong>Brossard</strong><br />

<strong>chirurgien</strong> <strong>berrichon</strong> <strong>du</strong> <strong>XVIII</strong> ème <strong>siècle</strong><br />

<strong>inventeur</strong> <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong> l’« agaric* »<br />

<strong>Silvain</strong> <strong>Brossard</strong> naît en 1717, à La Châtre, en Berry, où il meurt en 1773. Il y exerce la<br />

profession <strong>de</strong> Maître en art <strong>de</strong> la chirurgie, qualité reconnue par un arrêt <strong>du</strong> Conseil <strong>du</strong> 10<br />

août 1756 pour les Maîtres <strong>de</strong> Paris et en 1760 pour l’ensemble <strong>de</strong> la province. Il est, à ce<br />

titre, un notable bourgeois qui apporta, à la pharmacopée <strong>de</strong> son temps, un moyen nouveau <strong>de</strong><br />

réaliser l’hémostase, par l’emploi <strong>du</strong> fomes fomentarius ou amadouvier.<br />

Au <strong>XVIII</strong> e <strong>siècle</strong>, le moyen le plus utilisé pour tarir une hémorragie au cours<br />

d’amputation était, <strong>de</strong>puis les travaux d’Ambroise Paré, la ligature. Les autres cas<br />

d’hémorragies étaient traités par la compression et l’application <strong>de</strong> cautères ou <strong>de</strong> stryptiques<br />

qui étaient <strong>de</strong>s astringents plus ou moins concentrés. Pierre Fauchard, illustre <strong>chirurgien</strong>, nous<br />

fait part, dans son ouvrage Le <strong>chirurgien</strong> <strong>de</strong>ntiste ou traité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts, publié en 1746, <strong>de</strong><br />

plusieurs observations.<br />

La première lui fut communiquée par le <strong>chirurgien</strong> Anel en 1692 : « Dès que Monsieur<br />

Anel fut arrivé chez le mala<strong>de</strong>, il se mit en <strong>de</strong>voir d’arrêter cette hémorragie ; il eut recours<br />

successivement aux astringents, aux styptiques, aux boules <strong>de</strong> vitriol et à l’application <strong>du</strong><br />

cautère actuel. Il remplit la cavité que la déperdition <strong>de</strong> substances avait laissée, <strong>de</strong><br />

bourdonnets et <strong>de</strong> plumaceaux. Il applique par <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s compresses, le tout imbibé <strong>de</strong><br />

remè<strong>de</strong>s convenables »<br />

La <strong>de</strong>uxième concernait particulièrement l’hémorragie <strong>de</strong>ntaire qui « est si peu<br />

conséquente, qu’elle s’arrête quasi d’elle-même en pressant suffisamment la gencive avec les<br />

doigts et en rinçant la bouche avec un peu d’oxicrate. »<br />

La troisième observation complète la précé<strong>de</strong>nte « au cas que cela n’eut pas été suffisant,<br />

faire <strong>de</strong>s petits tampons <strong>de</strong> charpie fine ou <strong>de</strong> coton et les imbiber <strong>de</strong> l’eau stypique <strong>de</strong> Rabel<br />

ou <strong>de</strong> celle dont j’ai donné la composition, les rouler dans la poudre <strong>de</strong> sympathie ou dans<br />

celle <strong>de</strong> vitriol <strong>de</strong> Chypre, placer un <strong>de</strong> ces tampons dans chaque intervalle <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts d’où sort<br />

le sang ». Le stypique dont parle Fauchard et dont il donne la composition est une préparation<br />

complexe dans laquelle entrent, le vitriol d’Angleterre et <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> vie, l’auteur le considère<br />

aussi efficace que celui <strong>de</strong> Lemerie dans la composition <strong>du</strong>quel entrent <strong>du</strong> vitriol rouge, <strong>de</strong><br />

l’alun <strong>de</strong> Rome, <strong>du</strong> sucre candi, <strong>de</strong> l’urine <strong>de</strong> jeune personne, <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> rose, <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong><br />

plantain. La complexité <strong>de</strong> telles préparations étaient gage d’une efficacité certaine.<br />

Bolet amadouvier ou fomes fomentarius<br />

<strong>Silvain</strong> <strong>Brossard</strong> innove en présentant un nouveau<br />

moyen d’hémostase.<br />

Jean-Jacques Paulet, botaniste né en 1740 à Andouse et<br />

mort en 1826 à Fontainebleau, indique dans son Traité<br />

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<strong>de</strong>s champignons <strong>de</strong> 1793 que <strong>Silvain</strong> <strong>Brossard</strong>, dans le second volume <strong>de</strong>s Mémoires <strong>de</strong><br />

l’Académie Royale <strong>de</strong> chirurgie, en a consigné la préparation qui a été reprise en 1884 par le<br />

docteur Lucien Marie Gauthier dans son traité Les champignons. Elle consiste à choisir un<br />

jeune sujet <strong>de</strong> fomes fomentarius, ou amadouvier, à en retirer l’écorce et la partie tubuleuse, à<br />

le ramollir en le tenant au frais, à le couper en tranches minces qui seront battues au maillet<br />

pour être disten<strong>du</strong>es. Ces feuilles seront ensuite frottées entre les mains pour parvenir à un<br />

certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> souplesse et <strong>de</strong> douceur comparable à celles <strong>de</strong> la peau <strong>de</strong> chamois. Le fomes<br />

fomentarius est un <strong>de</strong>s plus grands polypores, il s’accroche en console sur <strong>de</strong> nombreuses<br />

espèces d’arbres, principalement le hêtre, le chêne, le peuplier, le saule, le frêne et le<br />

châtaignier. Il est <strong>de</strong> consistance <strong>du</strong>re et coriace, à chaire brune. On en extrait l’amadou, tant<br />

celui <strong>de</strong>s <strong>chirurgien</strong>s que celui <strong>de</strong>stiné à l’ignition qui est enrichi en nitre ou salpêtre.<br />

<strong>Silvain</strong> <strong>Brossard</strong> présente sa découverte <strong>de</strong>vant l’Académie Royale <strong>de</strong> chirurgie en 1731<br />

et y donne la preuve <strong>de</strong> son efficacité à l’occasion d’amputations effectuées par <strong>de</strong>s praticiens<br />

éminents tels Bouquot Le Jeune ou Faget L’Aîné. Sauveur-François Morand, <strong>chirurgien</strong> en<br />

chef <strong>de</strong>s Invali<strong>de</strong>s, fut le rapporteur <strong>de</strong> la commission qui vérifia l’efficacité <strong>de</strong> cette<br />

découverte. En 1750, dans un Mémoire <strong>de</strong> l’Académie, il atteste que le topique <strong>de</strong> <strong>Brossard</strong><br />

était un moyen d’arrêter le sang <strong>de</strong>s artères sans le recours à la ligature.<br />

Meunier, dans la Revue Académique <strong>du</strong> Centre, en 1964, indique que <strong>Brossard</strong> reçu en<br />

1751 une pension <strong>du</strong> roi Louis XV sous réserve <strong>de</strong> rendre publique son traitement. L’amadou<br />

servant à l’ignition a, <strong>de</strong>puis l’Antiquité, été utilisé en mé<strong>de</strong>cine et le cautère actuel <strong>de</strong><br />

Fauchard n’en était qu’une application sous forme <strong>de</strong> moxa.<br />

La découverte <strong>de</strong> Sylvain <strong>Brossard</strong> apporta, sans conteste, une gran<strong>de</strong> amélioration dans<br />

le traitement <strong>de</strong>s hémorragies artérielles bien que son efficacité soit plus en rapport avec la<br />

qualité spongieuse <strong>de</strong> l’amadouvier et à « la compression modérée exercée avec art sur les<br />

vaisseaux ouverts », comme le signalait Paulet dès 1793. L’amadouvier restera dans les<br />

éditions <strong>du</strong> Co<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s Pharmacies jusqu’en 1908 et disparaît en 1937.<br />

C’est à tort qu’on nomme l’amadouvier ou fomes fomentarius « agaric <strong>de</strong>s <strong>chirurgien</strong>s»<br />

car ce n’est pas un agaric, autre famille <strong>de</strong> basidiomycètes caractérisée par un hyménium<br />

porté par <strong>de</strong>s lames rayonnantes.<br />

Pr. Jean Clau<strong>de</strong> Tavernier<br />

Secrétaire <strong>de</strong>s Sancerrois <strong>de</strong> Paris<br />

*Il s’agit <strong>de</strong> l’agaric <strong>de</strong> chêne ou bolet amadouvier.<br />

Bibliographie :<br />

ELHADAD, S., L’hémostase : données historiques, botaniques et biologiques (<strong>Silvain</strong> <strong>Brossard</strong>), Thèse<br />

odontologie, 1996, Paris V, 99 p, ill. (directeur J.C. Tavernier).<br />

LAMENDIN, H., <strong>Silvain</strong> <strong>Brossard</strong> ou 200 ans d’hémostase, Cah. d’odonto-stomato., tome 5, 3, 39-43,<br />

FAUCHARD, P., Le <strong>chirurgien</strong>-<strong>de</strong>ntiste ou Traité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts, Paris P. J. Mariette, 1746, 494 p, 425 p., ill., rééd.<br />

fac similé 1961.<br />

PAULET, J.J., Traité <strong>de</strong>s champignons, Paris, éd. SMF, 1793, tome 2, 432 p, ill.<br />

BURIN, V., Premiers pas en mycologie, Bull. Dauphiné-Savoie 2, 1, 14 p, 1994.<br />

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