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24 Janvier 1898 - Bibliothèque de Toulouse

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Organe quotidien do Défense Social© ©t IFteligrieus©<br />

RÉDACTION ET ADMINISTRATION t <strong>Toulouse</strong>, rue Roquelaine, 25<br />

LE IUIER0 5 CENTIMES<br />

ABONWBMaWÏS<br />

trais<br />

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Ai t) MMÉMÉ<br />

ÉDITIONS RÉGIONALES<br />

Lot Axeyron, Oorrèze GmtsJ<br />

fiters, Htes-Pyrénées, Basses-Pyrénées, Lan<strong>de</strong>»<br />

Tarn-ei-G&ronno, Lot-et-Garonne<br />

Tara, Au<strong>de</strong>, Hésmiti, Pyrênôes-QrienWea<br />

Haute-Garonne, Ariège<br />

Edition du matin opéeiaM A <strong>Toulouse</strong><br />

AMONGES à RÉGLÂMES, FAITS DIVERS à LOCALES<br />

LM annonces ot ttttuosm. flatta Avers «I tooates «ont reçu» dans nos bureaux»<br />

St, tua Roquelaine i 4 ÏA&m» Caast, sa, rue AJsaœ-Larraine, i <strong>Toulouse</strong> ; chez no* co»<br />

tsapoodants. slast «sa daas toatss Iss agmam te«nbife«A 4» Paris, dos i<br />

I!<br />

TTinrr r ' • i m ni m ii<br />

FIL TÉLÉGRAPHIQUE SPÉCIAL Lundi M <strong>Janvier</strong> <strong>1898</strong>. — 8« Année. — IV 2114. Bureaux à Paris t 26, rue F<br />

îravo et Merci !<br />

On a lu les inci<strong>de</strong>nts ignobles qui se<br />

sont produits hier à la Chambre <strong>de</strong>s<br />

députés.<br />

! On discutait l'interpellation Cavai-<br />

gnac.<br />

, EL tout s'était passé courtoisement<br />

entre les divers orateurs, dont les dis-<br />

cours aboutissaient d'ailleurs à cette<br />

conclusion unique : Dreyfus est coupa-<br />

ble.<br />

Lorsque Jaurès est venu déverser à<br />

la tribune toute la haine que nourrit le<br />

parti socialiste contre notre armée na-<br />

tionale.<br />

En d'autres termes, le député socia-<br />

liste qui fait nommer ses cousins sous-<br />

préfets et fait crever <strong>de</strong> faim les tra-<br />

vailleurs auxquels il s'intéresse, a réé-<br />

dité en l'aggravant la lettre infâme du<br />

Napolitain Zola.<br />

« Nous avons un état-major composé<br />

<strong>de</strong> misérables, <strong>de</strong> faussaires, <strong>de</strong> jésui-<br />

tes menteurs et traîtres. »<br />

Alors, comme le prési<strong>de</strong>nt Brisson<br />

qui est <strong>de</strong> mèche, laissait ce sinistre<br />

farceur écouler tranquillement son ve-<br />

nin, un homme <strong>de</strong> la droite s'est levé,<br />

qui a traduit d'un mot, — très parle-<br />

mentaire d'ailleurs, le sentiment <strong>de</strong> tous<br />

les bons Français.<br />

S'adressant à M. Jaurès, M. <strong>de</strong> Ber-<br />

nis, le vaillant député <strong>de</strong> Nimes, s'est<br />

écrié :<br />

« Mais vous vous faites les défen-<br />

seurs du syndicat Dreyfus. »<br />

Le mot était peut-être dur.<br />

Etait-il exagéré? N'était-il pas "Mé-<br />

rité?<br />

Il a, dans tous les cas, touché juste,<br />

car aussitôt tous ceux qu'il visait se<br />

gont précipités sur M. <strong>de</strong> Bernis et l'un<br />

d'eux, Gérault-Richard, l'a brutalement<br />

frappe, pendant que Jaurès, du haut <strong>de</strong><br />

la tribune, lui criait : « Vous êtes un<br />

lâche ! »<br />

On sait ce qui s'est passé ensuite.<br />

Comment <strong>de</strong> Bernis, dédaignant l'a-<br />

gression brutale <strong>de</strong> Richard, qui ne re-<br />

levait que <strong>de</strong> la police correctionnelle,<br />

p'est précipité sur Jaurès et l'a violem-<br />

ment frappé au visage... et <strong>de</strong> l'autre<br />

côté I<br />

On essaie maintenant <strong>de</strong> faire croire<br />

que Bernis a frappé Jaurès par <strong>de</strong>r<br />

rière.<br />

Quand on sait comment est construite<br />

la tribune <strong>de</strong> la Chambre, cette thèse<br />

paraît souverainement ridicule car la<br />

tribune n'a pas d'escalier <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière.<br />

Mais c'est là un détail sans impôt<br />

tance.<br />

Bernis avait été offensé d'abord, dans<br />

ses fils qui sont soldats, dans ses frères<br />

qui sont soldats,.comme il a été soldat<br />

lui-même, dans ses sentiments patrioti<br />

ques. 11 n'avait donc pas à hésiter.<br />

En somme, voilà un mois que tout ce<br />

mon<strong>de</strong> révolutionnaire et dreyfusiste<br />

bave sur l'armée sans qu'aucune botte<br />

ge lève, sans qu'aucune main s'abatte;<br />

Bernis a joué hier un rôle tout indiqué,<br />

vengeant à la fois sa famille et la<br />

gran<strong>de</strong> famille nationale, le drapeau,<br />

l'armée, la patrie.<br />

Et que l'on ne vienne pas nous par-<br />

ler <strong>de</strong> violences intempestives.<br />

Comment, on ne peut pas ouvrir la<br />

bouche, à l'extrême-gauche, sans vo<br />

pair les plus violentes provocations<br />

les plus ordurières injures , et l'on<br />

s'étonne qu'à la fin un homme <strong>de</strong> cœur<br />

ait voulu venger les unes et les autres?<br />

j Qu'un vieux Français tel que Bernis<br />

n'ait pas pu supporter plus longtemps,<br />

sans les relever, les pantalonna<strong>de</strong>s d'un<br />

Jaurès ?<br />

Eh bien ! nous sommes <strong>de</strong><br />

crions bravo à Bernis.<br />

Et nous lui disons : « Vous avez bien<br />

fait, en présence <strong>de</strong> ce ministre hési-<br />

tant, <strong>de</strong> ce centre avachi, <strong>de</strong> cette gau-<br />

che louche, jouant l'armée <strong>de</strong> la France<br />

sur une mesquine question <strong>de</strong> porte<br />

feuilles, <strong>de</strong> venger l'armée outragée.<br />

Seuls, ceux qui n'ont rien dans le<br />

cœur, ni dans le ventre pourront vous<br />

condamner.<br />

Mais vous avez répondu d'avance<br />

leur condamnation, en disant qu'il<br />

avait assez longtemps que nous étions<br />

les guillotinés.<br />

Nous, Bernis, passe encore.<br />

Mais on voulait hier guillotiner l'hon-<br />

neur national, le drapeau, le passé glo-<br />

rieux, le chauvinisme qui n'est en défi-<br />

nitive que la somme accumulée <strong>de</strong><br />

tous nos héroïsmés, <strong>de</strong> toutes nos vic-<br />

toires, <strong>de</strong> toutes nos gloires, <strong>de</strong> tout te<br />

sang versé en commun, <strong>de</strong> tous les sa-<br />

crifices consentis ensemble, <strong>de</strong> toutes<br />

les joies et <strong>de</strong> toutes les larmes fran-<br />

çaises.<br />

On voulait hier gillotiner la France,<br />

en jetant dans les esprits cette semence<br />

<strong>de</strong> défiance qui fait germer les déroutes<br />

et les trahisons et prépare, selon l'ex-<br />

pression <strong>de</strong> M. Méline, <strong>de</strong> nouvelles<br />

éditions <strong>de</strong> la Débâcle.<br />

Vous avez protesté, protesté violem-<br />

ment. Soit.<br />

On ne défend pas sa mère outragée<br />

avec <strong>de</strong>s madrigaux.<br />

Et tous ceux qui aiment la vieille<br />

France aussi bien que ceux qui ont l'a-<br />

mour <strong>de</strong> la nouvelle, vous crieront :<br />

« Bravo ! et merci !<br />

Jules RlBÈS-MÉRY.<br />

Millerand est-il Juif ?<br />

ceux qui<br />

ce<br />

es-<br />

Millerand écrivait, hier, dans la, Petite<br />

République :<br />

Vantisémitisme est à la foi* répugnant et<br />

idicule s'il se borne à la résurrection <strong>de</strong>s<br />

guerres <strong>de</strong> religion au profit <strong>de</strong> la sacristie<br />

contre la synagogue.<br />

Les Droits <strong>de</strong> l'homme disent à<br />

propos :<br />

M. Millerand estril sémite ?<br />

M. Millerand est-il antisémite ?<br />

A cette double question, nous allons<br />

sayer <strong>de</strong> répondre.<br />

Sémite ? M. Millerand aurait les meilleu-<br />

res raisons du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'être. Sa mère<br />

était israélite, et, enfant, il fréquenta les<br />

synagogues où son attitu<strong>de</strong> recueillie et son<br />

maintien charmaient les plus sévères rab-<br />

bins.<br />

Plus tard le jeune Eliacin Millerand, es-<br />

poir <strong>de</strong> la famille, trouvait, chez l'un <strong>de</strong>s<br />

siens le bijoutier Cahen, les plus précieux<br />

conseils et les meilleurs exemples, "il était<br />

alors si docile, se montrait si bon neveu que<br />

le bijoutier l'en récompensait un jour en lui<br />

donnant une superbe chevalière que M. Mil-<br />

lerand, dont les" doigts ont grossi' <strong>de</strong>puis ne<br />

porte plus maintenant. Du reste la bague<br />

était en toc, comme l'étaient toutes celles<br />

qui provenaient <strong>de</strong> la même maison, et M.<br />

Millerand répudie à cette heure le faux.<br />

11 n'y a plus que son socialisme qui nous<br />

paraisse être en doublé.<br />

Non, M. Millerand-Cahen, vous n'êtes plus<br />

socialiste, si vous l'avez jamais été ; vous<br />

n'êtes non plus sémite ou antisémite ; vous<br />

êtes ce que sont beaucoup <strong>de</strong> gens que vous<br />

coudoyez chaque jour et pour lesquels jus-<br />

qu'à présent vous n'aviez pas eu assez d'ana-<br />

thèmes, vous êtes un repu !<br />

11 vous faudra dorénavant réserver vos<br />

belles qualités, celles que l'on <strong>de</strong>vinait à la<br />

synagogue dans le jeune Eiiacin Millerand-<br />

Cahen, "pour surveiller la construction <strong>de</strong><br />

vos immeubles à Paris et ailleurs et en aug-<br />

menter le ranport.<br />

Allez assurer vos rentrées, monsieur Mil-<br />

lerand-Cahen !,..<br />

Le socialisme <strong>de</strong> M. Millerand, ses<br />

tira<strong>de</strong>s contre le capital et le capita-<br />

lisme nous avaient toujours paru son-<br />

ner faux. Tout s'explique aujourd'hui :<br />

c'était en doublé.<br />

que ceux-là, et pas les autres, les plus cou-<br />

pables.<br />

Ce fut l'argument décisif.<br />

Or, à quoi ne s'expose-t-on pas en ne dé-<br />

férant à la Cour d'assises que les articula-<br />

tions les moins graves <strong>de</strong> Zola?<br />

Le jury ne sera-t-il pas tenté <strong>de</strong> répon-<br />

dre : « Comment voulez-vous que je punisse<br />

les diffamations portées contre le <strong>de</strong>uxième<br />

conseil <strong>de</strong> guerre, le moins important,<br />

quand vous n'avez pas le courage <strong>de</strong> me<br />

déférer celles, autrement sanglantes, contre<br />

le premier conseil <strong>de</strong> guerre ? Puisqu'il y a<br />

impunité pour celles-ci, qu'il y ait impunité<br />

pour toutes ! »<br />

Et si par malheur, par honte, il y avait<br />

un acquittement, — car'enfin, on ne saurait<br />

répondre <strong>de</strong> rien et le jury est tiré au sort ?<br />

Je n'y peux penser qu'avec un frisson.<br />

Le jury, c'est la nation.<br />

Le conseil <strong>de</strong> guerre, c'est l'armée.<br />

Voyez-vous la nation refusant <strong>de</strong> venger<br />

l'armée ?<br />

C'est effroyable.<br />

Et tout cela, par la faute, par la lâcheté,<br />

par la veulerie d'un gouvernement à qui<br />

d'anciens officiers comme Montfort et <strong>de</strong><br />

M un apportent le concours empressé <strong>de</strong><br />

leur vote servile !<br />

Aussi, le journal poursuivi dans <strong>de</strong> si<br />

étranges conditions, ricane et exulte <strong>de</strong> ce<br />

qui nous afflige douloureusement.<br />

Il a raison <strong>de</strong> se réjouir.<br />

Devant lui se dérobe et fuit un gouver-<br />

nement tout entier à qui la France incons-<br />

ciente a eu la folie <strong>de</strong> confier, en dépôt,<br />

l'honneur <strong>de</strong> son armée !<br />

Ah I il est bien placé, l'honneur <strong>de</strong><br />

l'armée !<br />

DOUMER VOIT CES DAMES-<br />

PROCES AU RABAIS<br />

A propos du procès intenté à Zola Dar le gé-<br />

néral Billot, à l'a suite <strong>de</strong> l'article où " les juges<br />

du premier et du second conseil <strong>de</strong> guerre ont<br />

été mis en cause, M. do Cassagnac dit :<br />

Ainsi donc, on peut tant qu'on voudra,<br />

et librement, traîner sur la claie les juges<br />

du premier conseil <strong>de</strong> guerre, qui con-<br />

damna Dreyfus.<br />

Celui-là, on le livre à la ban<strong>de</strong> judajo-<br />

radicale.<br />

Ils serviront d'otages: qu'on les hue,<br />

qu'on les souille, qu'on les assomme 1<br />

Ça ne compte pas.<br />

Ne comptent non plus ni les généraux, ni<br />

l'état-major : qu'on les engueule 1<br />

Il n'y a que le <strong>de</strong>uxième conseil <strong>de</strong> guerre<br />

qu'on protège, parce qu'il acquitta Este-<br />

rhazy, et qu'acquitter Esterhazy est moins<br />

roi<strong>de</strong> que condamner Dreyfus.<br />

Haro sur ceux qui condamnèrent Drey-<br />

fus 1<br />

Et que personne ne se plaigne, car c'est<br />

la cote mal taillée, l'arrangement à l'amia-<br />

ble avec les juifs,<br />

On partage en frères l'honneur <strong>de</strong> l'ar-<br />

mée française.<br />

On coupe la poire en <strong>de</strong>ux et à la bonne<br />

franquette.<br />

On abandonne aux juifs le. premier con-<br />

seil <strong>de</strong> guerre, le seul qui les intéresse, le<br />

seul qui les gêne, puisqu'il a envoyé Drey-<br />

fus à l'île du Diable.<br />

Et on se réserve l'autre, dont les respon-<br />

sabilités sont moindres.<br />

Salomon n'eut pas mieux jugé.<br />

Oui, mais, en commettant cette infamie à<br />

l'endroit <strong>de</strong> l'armée — qui est une, qui est<br />

un bloc, et dans laquelle on n'a pas le droit<br />

d'établir <strong>de</strong>s distinctions aussi criminelle-<br />

ment injustes, — a-t-on réfléchi à ce qui<br />

pourrait en résulter?<br />

L'exemple du récent procès du Panama,<br />

est-il donc déjà perdu, en oc pays <strong>de</strong> légè-<br />

reté et d'oubli ?<br />

Pourquoi le jury a-t-il acquitté la <strong>de</strong>r-<br />

nière charrette <strong>de</strong>s panamistes?<br />

Parce qu'on n'avait conduit <strong>de</strong>vant lui<br />

On lit dans le Journal <strong>de</strong>s Débats :<br />

Le <strong>de</strong>rnier numéro du Courrier <strong>de</strong> Saigon<br />

nous" apporte la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s fêtes don-<br />

nées en cette viile à l'occasion <strong>de</strong>s récents<br />

voyages <strong>de</strong> l'empereur d'Annam et du roi<br />

<strong>de</strong> Cambodge. Ces solennités, qui ont duré<br />

huit jours, n'ont rien eu <strong>de</strong> très particu-<br />

lièrement cochinchinois ; célébrées sur les<br />

bords <strong>de</strong> la Seine, elles n'eussent été. ni plus<br />

officielles ni plus administratives. Il y a eu<br />

d'abord, pour les fonctionnaires, c'est-à-dire<br />

pour une forte partie <strong>de</strong> la population, un<br />

congé général, et ce numéro du programme<br />

n'a pas été le moins goûté. On a montré au<br />

peuple <strong>de</strong>s cortèges, <strong>de</strong>s défilés, <strong>de</strong>s para-<br />

<strong>de</strong>s militaires, dés retraites aux flambeaux.<br />

Les notabilités ont été conviées à <strong>de</strong>s récep-<br />

tions, <strong>de</strong>s dîners et <strong>de</strong>s bals. Le menu dès<br />

festins, patriotiquement conforme aux plus<br />

vieilles traditions <strong>de</strong> la maison Potel, com-<br />

portait jusqu'à <strong>de</strong>s « cèpes du Périgord » ;<br />

il n'eût en rien différé dé celui <strong>de</strong>s banquets<br />

parisiens si, par une délicate flatterie à<br />

l'adresse <strong>de</strong> ses hôtes royaux, le Vatel <strong>de</strong><br />

Saigon n'eût imaginé <strong>de</strong> servir, après la<br />

«coupe <strong>de</strong> l'Hué glacée aux fruits», <strong>de</strong>s<br />

« faisans <strong>de</strong> l'Annam truffes » et un « tur-<br />

ban <strong>de</strong> jambon à la Norodom ». L'un <strong>de</strong>s<br />

dîners a été suivi d'un feu d'artifice et du<br />

lancement d'une montgolfière. Une autre<br />

soirée, la plus brillante"<strong>de</strong> toutes, s'est ter-<br />

minée par un gala au Grand-Théâtre.<br />

Pour's'y rendre, l'empereur d'Annam était<br />

précédé d'une troupe dé vingt-quatre hhas,<br />

assez beaux hommes dont le co'stume habi-<br />

tuel est <strong>de</strong>s plus simples : « Une pelote <strong>de</strong><br />

ficelle, dit le' journal, habillerait tout une<br />

famille. » Il était, en outre, escorté par l'im-<br />

pératrice, par ses frères et par une suite<br />

nombreuse, qui ne comprenait pas moins <strong>de</strong><br />

vingt attachés, quatre mandarins, quatre<br />

suivantes, neuf serviteurs. Les vingt atta-<br />

chés à la personne royale comprenaient <strong>de</strong>ux<br />

hiep-lanh thi-vé (porteurs <strong>de</strong>s sabres du roi);<br />

— huit thi-vé, dont un pour le service <strong>de</strong><br />

table, un pour la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s habits, un pour<br />

la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la « théière », <strong>de</strong>ux pour les<br />

éventails, un pour les chaussures, "un pour<br />

la boîte à bétel, un pour la mèche à feu et<br />

le crachoir, — quatre thai-giam ou eunu-<br />

ques ; — un mé<strong>de</strong>cin ; — <strong>de</strong>ux can-tin, se-<br />

crétaires peur la qassette royale ;— trois<br />

thuong-thien, ou cuisiniers du roi.<br />

Tout ce mon<strong>de</strong> assista avec l'empereur à<br />

la soirée <strong>de</strong> gala et parut prendre un vif<br />

plaisir au spectacle qui se composait d'un<br />

acte <strong>de</strong> Lacltmé et d'un acte <strong>de</strong> Oarmen sé-<br />

parés par un intermè<strong>de</strong> <strong>de</strong> « danse serpen-<br />

tine ». Les trois parties du programmé ont<br />

été accueillies avec la même faveur et l'on a<br />

remarqué, pendant l'audition <strong>de</strong> Carmen, un<br />

si vif enthousiasme parmi les dignitaires an-<br />

namites que « personne ne se" serait cru<br />

à 4,500 lieues du boulevard <strong>de</strong>s Italiens ».<br />

« Entre les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers actes, ajoute en<br />

terminant le Courrier <strong>de</strong> Saigon, M. Dou-<br />

mer est allô saluer toutes les dames oui so<br />

trouvaient dans les loges.<br />

Et pendant ce temps-là, on massa-<br />

crait nos nationaux à Haï-Kong.<br />

C'est parfait.<br />

jusqu'au général Zurlin<strong>de</strong>n, que <strong>de</strong><br />

figures curieuses ! C'est l'an IX, Junot,<br />

général <strong>de</strong> briga<strong>de</strong>, — rue <strong>de</strong>s Champs-<br />

Elysées, n* 3 ; — c'est 1805 et 1806,<br />

S, A, S. Mgr le prince Joachim Mu-<br />

rat, duc <strong>de</strong> Clèves et <strong>de</strong> Berg, amiral,<br />

maréchal <strong>de</strong> l'Empire, lieutenant <strong>de</strong><br />

S. M. l'Empereur et Roi ; puis c'est<br />

encore Junot, mais cette fois duc d'A-<br />

brantès, colonel général <strong>de</strong>s hussards,<br />

premier ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> camp <strong>de</strong> l'Empereur,<br />

rand'eroix <strong>de</strong> l'ordre impérial <strong>de</strong> la<br />

Réunion ; — c'est le général comte<br />

i iulin, c'est le comte <strong>de</strong> Rochechouart ;<br />

Aupick, qui fut ambassa<strong>de</strong>ur, et Du-<br />

lac, et Soumain, et Montaudon...<br />

Mais le plus extraordinaire <strong>de</strong> tous<br />

nous est donné par la pério<strong>de</strong> révolu-<br />

tionnaire et a nom : François Hanriot,<br />

ce gabelou <strong>de</strong>venu général, — le ci-<br />

toyen Flanriot, général divisionnaire<br />

<strong>de</strong> la dix-septième division et général<br />

en chef <strong>de</strong> la force armée <strong>de</strong> Paris,<br />

comme le désignait l'Almanach natio-<br />

nal <strong>de</strong> l'an II.<br />

Cet Hanriot est absolument hors <strong>de</strong><br />

pair. Ses ordres généraux ne seront ja-<br />

mais égalés : ils synthétisent toute la<br />

redondance, toute la sensiblerie, toute<br />

la facon<strong>de</strong> révolutionnaires.<br />

Ses proclamations seraient toutes à<br />

citer ; nous en détachons ce sixain.<br />

En voici une du 5 pluviôse an II<br />

(jour du Taureau) :<br />

« Le général invite ses frères les ca-<br />

noniers à avoir une tenue uniforme :<br />

je voudrois aussi que, lorsqu'ils font<br />

une manœuvre, qu'ils ayent le soin <strong>de</strong><br />

pointer sur un objet déterminé : un ca-<br />

non est à un canonier ce qu'un bon fu-<br />

sil est à un bon chasseur. »<br />

» Du 7 Pluviôse An II ( Jour <strong>de</strong><br />

V Amadouvier)<br />

» ORDRE GÉNÉRAL<br />

Citoyens, je vais sur-le-champ don-<br />

ner <strong>de</strong>s ordres pour procurer une ca-<br />

potte à la sentinelle extérieure du poste<br />

du comité <strong>de</strong> surveillance du départe-<br />

ment <strong>de</strong> Paris.<br />

» Je me propose d'aller embrasser<br />

mes frères du 31 May.<br />

» Salut, amitié et fraternité.<br />

» Le général en chef <strong>de</strong> Paris,<br />

» HANRIOT. »<br />

Et celui-ci :<br />

« Du 23 Pluviôse An II (Jour du<br />

Chien<strong>de</strong>nt.')<br />

» ORDRE GÉNÉRAL<br />

r> J'invite mes frères d'armes à rem-<br />

placer aux portes <strong>de</strong>s corps-<strong>de</strong>-gar<strong>de</strong><br />

les arbres morts par <strong>de</strong>s arbres vivants ;<br />

cette petite cérémonie doit se faire sans<br />

faste et sans orgueil, mais avec cette<br />

fièreté républicaine qui épouvante les<br />

tyrans et plaît à tous les amis <strong>de</strong> l'Ega-<br />

lité.<br />

H Le service général à l'ordinaire,<br />

etc.. »<br />

les citoyens, les magistrats, la force ar-<br />

mée s'y sont rendus tous à la fois, tous<br />

ont travaillé, l'incendie a été éteinte en<br />

très peu <strong>de</strong> tems : Sous l'ancien régime<br />

le feu auroit duré plusieurs jours ; sous<br />

le régime <strong>de</strong>s hommes libres, le feu n'a<br />

pas duré plus d'une heure. Quelle dif-<br />

férence ! L'homme libre vole <strong>de</strong> lui-<br />

même au secours <strong>de</strong>s malheureux et<br />

n'a pas besoin d'être commandé.<br />

» Le service général à l'ordinaire.<br />

HANRIOT, commandant général. »<br />

Après celui-là, je n'ose en transcrire<br />

un autre.<br />

Virgile JOSZ.<br />

PAR FIL SPECIAL<br />

DÉPÊCHES<br />

NOUVELLES MILITAIRES<br />

Paris, 23 janvier.<br />

M, d'Amboix <strong>de</strong> Larbout, colonel d'infan-<br />

terie breveté hors cadres, chef d'état-major<br />

du 5e corps d'armée, est nommé au gra<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> général <strong>de</strong> briga<strong>de</strong> et nommé au comman-<br />

<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la 44e briga<strong>de</strong> d'infanterie et<br />

subdivisions <strong>de</strong> région <strong>de</strong> Brest et Quimper,<br />

à Quimper.<br />

LES POURSUITES<br />

Contre les frères Dreyfus<br />

Paris. 23 janvier.<br />

Nous aDDrenons. dit la Libre Parole, que Mme<br />

Sandherr. veuve du colonel que Mathieu Dreyfus<br />

a voulu corrompre à prix d'argent au moment<br />

du Drocès <strong>de</strong> son frère le traître, se propose<br />

d'intervenir à titre <strong>de</strong> partie civile aux poursui-<br />

tes que le juge d'instruction Bertuius est chargé<br />

d'exercer nar le Darquet. Elle a confié à M-<br />

Charles Virant, lé soin <strong>de</strong> défendre ia mémoire<br />

<strong>de</strong> son mari contre le syndicat.<br />

trager nlus loDgtemo3, toute la fraction so-<br />

cialiste <strong>de</strong> la Chambré.<br />

« J'arrivai tout d'un trait vers l'endroit où s*<br />

tenait <strong>de</strong> Bernis ; ses amis le défendaient. Il y<br />

avait là M. Gamard et d'autres déDutés <strong>de</strong> la<br />

droite, qui me retenaient car le 'bras. Mais<br />

mon indignation était si profon<strong>de</strong> que, fatale-<br />

ment, pour arriver à gifler M. <strong>de</strong> Bernis, je<br />

poussai <strong>de</strong> l'avant, et il se trouva que, la résis-<br />

tance <strong>de</strong> ses amis s'étant un oeu ralentie, mon<br />

poignet, par la violence <strong>de</strong> la" Doussée, s'abattit<br />

quand même sur la tète <strong>de</strong> notre insulteur.<br />

« Mon intention, certes, était <strong>de</strong> le gifler ;<br />

mais non pas <strong>de</strong> lui porter un COUD violent. Du<br />

reste, je no lui ai fait aucun mal. "<br />

» C'est alors qu'un grand nombre <strong>de</strong> déDutés,<br />

aidés <strong>de</strong>s huissiers, m'ont réduit a l'impuis-<br />

sance, en même temps qu'ils lâchaient <strong>de</strong> Ber-<br />

nis, qui en profitait pour aller fraDDer Jaurès à<br />

la tribune.<br />

» Voilà exactement comment les choses se<br />

sont passées. Je ne regrette nullement ce que<br />

j'ai iait. De Bernis nous insultait sans que ni le<br />

prési<strong>de</strong>nt ni personne <strong>de</strong> ses amis aient songé<br />

à mettre un terme a ses offenses ; elles ne pou-<br />

vaient se prolonger. Nousnous sommes défendus<br />

nous-mêmes, et voilà tout. »<br />

Le récit <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Bernis<br />

<strong>de</strong> Bernis ra-<br />

LES DÉFENSEURS DE DREYFUS<br />

Paris, 23 janvier.<br />

On lit dans les Droits <strong>de</strong> l'Homme, organe<br />

du Syndicat :<br />

Eh bien ! nous voulons, nous, que M. Méline<br />

sache que la campagne durera et que s'il fait <strong>de</strong>s<br />

lois contre les hommes qui s'attachent manifes-<br />

tement à la défense du "droit, ces lois, avec dé-<br />

dain, ils ies violeront.<br />

me DE BOULANCY<br />

CHRONIQUE<br />

UN GOUVERNEUR DE PARIS<br />

Voilà à Paris un gouverneur nou-<br />

veau. A parcourir la liste <strong>de</strong>s anciens,<br />

on passe une singulière revue, et les<br />

noms se succè<strong>de</strong>nt, apportant avec eux<br />

les souvenirs et les évocations. Depuis<br />

cent ans seulement, <strong>de</strong>puis ce Louis-<br />

Timoléon <strong>de</strong> Cossé, duc <strong>de</strong> Brissac,<br />

pair et grand panetier <strong>de</strong> France, <strong>de</strong>r-<br />

nier gouverneur nommé par Lo»' c "X VI,<br />

Le 27 Floréal (Jour <strong>de</strong>là Civette), il<br />

fait afficher ceci :<br />

ORDRE GÉNÉRAL DU COMMANDANT<br />

HANRIOT<br />

« Hier, un gendarme <strong>de</strong> la 29 e divi-<br />

sion a jeté à terre, il était midi trois<br />

quarts, rue <strong>de</strong> la Verrerie, au coin <strong>de</strong><br />

celle Martin, un vieillard ayant à la<br />

main une becquille pour l'ai<strong>de</strong>r à sup-<br />

porter sa vieillesse. Cette atrocité ré-<br />

volte l'homme qui pense et qui connaît<br />

ses <strong>de</strong>voirs. Malheur â celui qui ne sait<br />

pas respecter ia vieillesse, les lois <strong>de</strong><br />

son pays, et qui ignore ce qu'il se doit<br />

à lui-même et à la société entière ! Ce<br />

gendarme prévaricateur, pour avoir<br />

manqué à ce qui est respectable, gar-<br />

<strong>de</strong>ra les arrêts jusqu'à nouvel ordre.<br />

» Le service général, etc.. »<br />

Puis cette proclamation, qui n'est pas<br />

sans saveur, non plus :<br />

« ORDRE GÉNÉRAL du o Floréal [Jour<br />

<strong>de</strong> l'Hyacinthe)<br />

» ...Depuis peu, il se passe quelques<br />

intrigues ; je suis bien aise <strong>de</strong> préve-<br />

nir mes frères d'armes que toutes les<br />

places sont à ia disposition du gouver<br />

nement ; le gouvernement actuel qui<br />

est révolutionnaire, qui a <strong>de</strong>s intensions<br />

pures, qui ne veut que le bien <strong>de</strong> tous,<br />

à la nomination <strong>de</strong> toutes les places ; i*<br />

ira jusque dans les greniers chercher<br />

les hommes vertueux ; il dit aux pau<br />

vres et purs sans-culottes : « Venez oc-<br />

D cuper cette place, la patrie vous y ap<br />

» pelle... »<br />

Enfin, ce <strong>de</strong>rnier :<br />

« Du 8 Pluviôse l'An II <strong>de</strong> la ré/Tu-<br />

biiquc française<br />

)> OHORl-l ci.NKH Al".<br />

H Hier au soir, le feu a pris aux<br />

Grands-Augustins, quay <strong>de</strong> la Vallée<br />

Paris, 23 janvier.<br />

Mme <strong>de</strong> Boulancy a été longuement enten-<br />

due, hier, par le juge d'instruction Bertuius.<br />

Cette dame est plaignante : elle désire que<br />

la justice arrive à découvrir le ou les fa-<br />

bricants <strong>de</strong> la lettre dite dui

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