Le rituel agraire.pdf - Ayamun
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sut » pouvant tout autant désigner le premier jour de la<br />
saison que « le retour de la chaleur (tiririt uzal) », une quarantaine<br />
de jours plus tard.<br />
Amager n tefsut. (<strong>Le</strong>s détails ici donnés ont été rassemblés<br />
principalement dans la vallé du Haut-Sebaou, où le froid<br />
est moins vif et donc la floraison plus précoce. En haute<br />
montagne il peut en être autrement sur de nombreux<br />
points.)<br />
<strong>Le</strong> premier jour de printemps chacun tient à se lever de<br />
très bonne heure afin de ne pas voir sa chance somnoler<br />
(ad yettes sseed-is) durant les mois à venir. C'est parfois,<br />
entre les membres de la famille et même du village, une véritable<br />
course au lever, les premiers prêts lançant aux autres<br />
ce salut ironique :<br />
<strong>Le</strong>esslama-k,<br />
erriY leegz-iw fell-ak.<br />
Bien le bonjour, je me débarasse sur toi de ma flême » (Tifrit<br />
n Ait ou-Malek). Ce matin donc, avant le lever du soleil,<br />
on fait grand bruit, on pousse des youyous afin d'éveiller<br />
les enfants et de rassurer les bœufs en leur^annonçant<br />
à l'oreille : « Besèrey-fen, a y izgaren ; teksem tefsut,<br />
teffey ssetwa. Bonne nouvelle, mes bœufs, le printemps est<br />
entré, l'hiver est sorti.» (Fliki, Ahmil des At Ghobri). On<br />
ne fait généralement pas toilette ce jour-là. Localement, on<br />
marquera ses sourcils avec les larmes de genêt (timmi simetti<br />
uzezzu. Taourirt Mangellat), ou bien on se noircira<br />
les yeux avec du kohl (tazult : galène. Taourirt Mimoun).<br />
Femmes, enfants et jeunes gens gagneront en hâte la<br />
campagne à la rencontre du printemps. Ils chantent le refrain<br />
suivant, plus ou moins tronqué ou modifié suivant les<br />
régions :<br />
<strong>Le</strong>esslama-m, a tafsut,<br />
an^negguggug an^netkuffut<br />
an wnetnernay am tagut,<br />
di leenaya n Gebrayn elyut (2).<br />
2) Sidna Djebrayn elyut : Gabriel le Secourable, de la racine arabe :<br />
yat, secourir, venir en aide. (Cf. également E. DERMENGHEM : Ghaouts,