Le rituel agraire.pdf - Ayamun
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A Flifci, on prépare pour le petit déjeuner « seksu ûderr<br />
yes (couscous à la thapsia} », plat à valeur plus directement<br />
médicative que symbolique de l'épanouissement du printemps.<br />
Voici la description qu'en donne J. SERVIEK pour le?<br />
Beni Wughlis de la vallée de la Soummam. .* <strong>Le</strong> jour de<br />
printemps, la maîtresse .de maison prépare «seksu uderies»,<br />
un couscous cuit à la vapeur d'une décoction de thapsia<br />
garganica dans laquelle des oeufs sont mis à bouillir. Au repas<br />
du soir tous les membres de la famille partagent ce plat<br />
qui a la propriété d'être légèrement enivrant et purgatif.<br />
Mais seuls les malades mangent pour se purifier des racines<br />
d'adettes, cette plante très amère étant aussi un vomitif<br />
énergique.» (5). C'est le «cciwciw» d'Ighil Ali pris en fin<br />
de matinée. A Fliki, on ne le mange pas non plus le soir<br />
« tarurit uzal » confirme l'utilisation du chant cité, à l'occasion de cette<br />
journéee, et non-au premier jour de printemps :<br />
A Lalla tafsut, a mm^izeggigen,<br />
tikli t_tsekkurt gr-ibèrwaqen...<br />
« <strong>Le</strong>s femmes parées de leurs bijoux et fardées comme pour un mariage,<br />
s'en vont dansant et chantant dans les bois, dénichant des œufs<br />
de perdrix dont elles font, ce jour-là, un invraisemblable consommation».<br />
» , - — *<br />
5) J. SEHVIER, op; cit., p. 276. YAKER RAHMANI dans sa description<br />
de la rencontre du printemps (op. cit., note 1 ci-dessus) donne une description<br />
du « seksu uderyes » préparé au village de Tidelsin. « <strong>Le</strong>s femmes<br />
se mettent aussitôt au travail : les unes roulent le couscous, les<br />
autres épluchent les racines de thapsia (hadries, fém.) et l'écrasent pour<br />
en extraire le suc. Puis elles les jettent dans une marmite à moitié<br />
pleine d'eau froide. Elles y ajoutent œufs et orge. Puis on ajoute le<br />
couscoussier. Après avoir passé à la vapeur une première fois, le couscous<br />
est versé dans un plat, mouillé avec de l'eau salée froide. Puis on<br />
l'imprègne bien d'huile d'olive en le roulant pour détacher les grains.<br />
On tapisse le couscoussier d'une couche de couscous qui sera recouverte<br />
d'oignons émincés, d'ail haché, de raisins secs et de graisse coupée<br />
en morceaux. On saupoudre le tout de poivre sans ajouter un seul<br />
grain de sel. On recouvre le couscous et l'on fait repasser le tout à la<br />
vapeur. La cuisson terminée, on verse le couscous dans le plat et on<br />
l'enduit avec du beurre ou de l'huile d'olive selon ses moyens. On peut<br />
y ajouter miel et sucre. <strong>Le</strong>s œufs durs seront mangés à part; l'orge<br />
sera donnée aux poules qui, ce jour-là, resteront au poulailler privées<br />
de toute boisson. <strong>Le</strong>s gens, eux aussi, devront manger ce plat sans aucune<br />
boisson pour lui garder toute son efficacité de remède aux coups<br />
de froid, à la fatigue générale, aux douleurs articulaires et aux troubles<br />
digestifs. Aussi mange-t-on très tôt le matin à la fraîcheur pour que<br />
la soif soit supportable. On ne boit rien jusqu'au soir. »