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Trait d'union n°194 - Synergie Officiers

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le trait d’union<br />

Revue trimestrielle<br />

Novembre 2011 • <strong>n°194</strong> • 3,00 €<br />

«Si la fusion entre<br />

<strong>Officiers</strong> et Commissaires<br />

permet un fonctionnement<br />

plus efficace,<br />

et bien nous la ferons.»<br />

Claude GUEANT, Ministre de l’Intérieur.<br />

Clôture du VIème Congrès de SYNERGIE-OFFICIERS.<br />

ENGHIEN LES BAINS, 19 octobre 2011.


2<br />

N° 194 - 3 eme Trimestre 2011<br />

Revue trimestrielle d’information<br />

du Syndicat <strong>Synergie</strong>-<strong>Officiers</strong><br />

Affilié à la CGC par le canal<br />

exclusif de l’Union Fédérale des<br />

Cadres des Fonctions Publiques<br />

(CFE-CGC)<br />

Publication inscrite à la commission paritaire<br />

de presse sous le n°1011S05864<br />

Valable jusqu’au 31 octobre 2011<br />

<strong>Synergie</strong>-<strong>Officiers</strong><br />

2 bis, Quai de la Mégisserie - 75001 Paris<br />

Tél. : 01 40 13 02 85 Fax : 01 40 28 47 73<br />

synobn@orange.fr<br />

Abonnement<br />

Un an, 4 numéros : 10 €<br />

Contacter le Secrétariat au 01 40 13 02 85<br />

Directeur de la publication<br />

Patrice RIBEIRO<br />

Rédacteur en chef<br />

Alain ROMANET<br />

Rédaction<br />

Fabrice JACQUET, Francis NEBOT<br />

Mohamed DOUHANE, Benoît EBEL et les<br />

membres de la section des retraités<br />

Maquette et réalisation<br />

Éditions Crépin-Leblond<br />

14 rue du Patronage Laïque<br />

52902 Chaumont<br />

Tél. : 03 25 03 87 48 Fax : 03 25 03 87 40<br />

Crédits photos<br />

Philippe CORDIER, photographe<br />

Sommaire<br />

<strong>n°194</strong><br />

3 discours de clôture du sG<br />

lors du coNGrÈs<br />

d’eNGHieN-les-BAiNs<br />

le 19 octoBre 2011<br />

9 MotioN des retrAitÉs<br />

MotioN 2011<br />

10 clôture du coNGrÈs<br />

iNterveNtioN de M. clAude GuÉANt<br />

MiNistre de l’iNtÉrieur, de l’outre-<br />

Mer, des collectivitÉs territoriAles<br />

et de l’iMMiGrAtioN<br />

16 MotioN FiNAle<br />

20 le BureAu NAtioNAl<br />

22 MotioN corps uNique<br />

vers uN GrANd corps de cAdres<br />

pour uN service puBlic de lA<br />

sÉcuritÉ plus eFFicieNt<br />

28 MotioN GArde à vue<br />

pHAse policiÈre<br />

ou dÉBut du procÈs pÉNAl ?<br />

34 MotioN territoires<br />

MissioNs, territoires : coMMeNt<br />

rÉcoNcilier AutoritÉ et proXiMitÉ<br />

Monsieur le Ministre, Monsieur le Préfet<br />

de Police, Monsieur le Directeur général,<br />

Mesdames et Messieurs les Préfets,<br />

Directeurs, Sénateurs, Députés, chers Collègues,<br />

chers Amis.<br />

Le 6e Congrès de SYNERGIE vient de s’achever<br />

après trois jours de travaux riches et fructueux<br />

dans la liberté de pensée et le foisonnement<br />

d’idées. Nos mandants ont renouvelé leur<br />

confiance à l’équipe que je dirige pour porter<br />

avec résolution, ambition et pragmatisme<br />

notre projet.<br />

Le sujet central de notre congrès consiste en la<br />

création d’un corps unique de cadres du lieutenant<br />

à l’inspecteur général. Ce projet constitue<br />

l’ADN de SYNERGIE.<br />

disCOurs de Clôture du sg<br />

disCOurs de Clôture du seCrétaire<br />

géNéral de syNergie-OffiCiers<br />

LORS DU CONGRÈS<br />

D’ENGHIEN-LES-BAINS<br />

LE 19 OCTOBRE 2011<br />

Il s’inscrit dans la dynamique créée par Nous et<br />

Nous seuls. Ce qui était considéré il y a encore peu<br />

comme une idée farfelue émise lors de bouffées<br />

délirantes par l’équipe de SYNERGIE s’est peu à<br />

peu imposé, à force de travail et de conviction,<br />

comme une évidence.<br />

La première des victoires est celle sur l’esprit, et je<br />

pense que nous l’avons gagnée.<br />

Le miroir de la Gendarmerie, les niveaux réels de<br />

recrutement similaires des <strong>Officiers</strong> et Commissaires,<br />

le blocage de l’ascenseur social pour des cadres<br />

<strong>Officiers</strong> jeunes au sommet de leurs corps et dont les<br />

compétences et les savoir-faire sont bridés, créant<br />

ainsi un plafond de verre, le décalage compétence/<br />

maturité des trop jeunes Commissaires… tout cela<br />

milite en faveur de la création d’un corps unique.


4<br />

disCOurs de Clôture du sg<br />

Pour SYNERGIE, il ne s’agit pas de juxtaposer<br />

deux corps existants mais bien d’en créer un<br />

nouveau qui concentre la quintessence des<br />

qualités requises pour exercer des fonctions<br />

de commandement, de direction et de<br />

conception. Une chaîne de commandement<br />

plus légitime et enfin cohérente permettra<br />

de rendre à nos concitoyens un service<br />

public de la sécurité plus efficient. C’est<br />

sous cet angle que nous avons abordé nos<br />

travaux : c’est dans ce double mouvement<br />

que réside l’esquisse du modèle à bâtir.<br />

Votre prédécesseur avait fait sauter un<br />

premier verrou avec l’audit commandé à Hélène<br />

MARTINI … des mesures de mutualisation de<br />

formation avaient également été envisagées. À<br />

votre arrivée, Monsieur le Ministre, je vous avais<br />

longuement entretenu de la nécessité de poursuivre<br />

dans cette démarche en allant plus avant.<br />

Adepte de la poliorcétique, je me suis attelé à<br />

vous convaincre de la pertinence et de la cohérence<br />

du projet porté par SYNERGIE.<br />

Nous avons été très insistants, à tel point que<br />

je suis certain que le savoir-vivre de Frédéric<br />

PECHENARD lui a interdit de me faire remarquer<br />

de manière trop abrasive à quel point je peux<br />

parfois devenir pénible… Mais la persévérance<br />

étant pour SYNERGIE une vertu cardinale (sans<br />

mauvais jeu de mots…), vous avez décidé de<br />

passer outre les objurgations des tenants de<br />

l’immobilisme et pris des mesures courageuses.<br />

Le 11 mai 2011 restera dans les annales de<br />

l’histoire des <strong>Officiers</strong> comme une date<br />

majeure : création d’une école commune<br />

<strong>Officiers</strong>/Commissaires sous la forme d’un<br />

établissement public à gouvernance unique,<br />

modules de formation communs dès cette<br />

année et, force symbolique oblige, gardes<br />

au drapeau présentes lors des baptêmes de<br />

promotion.<br />

Cette première étape est unanimement<br />

reconnue comme devant être portée au<br />

crédit de SYNERGIE. Elle constitue l’indis-<br />

pensable prélude du corps unique. À cet égard,<br />

lors des cérémonies de sortie de promotion<br />

des <strong>Officiers</strong> et des Commissaires, la présence<br />

côte à côte des gardes au drapeau résonnait<br />

non pas comme le glas d’une époque, mais<br />

comme l’avènement d’un avenir que SYNERGIE<br />

s’emploie depuis toujours à construire, jour<br />

après jour.<br />

Je me dois d’exprimer notre satisfaction sur<br />

l’avancée de ce chantier, puisque nous avons été<br />

reçus par la mission IGA/IGPN et avons été agréablement<br />

surpris par l’étendue du champ spéculatif<br />

et la liberté de réflexion quant à la recherche<br />

de solutions innovantes.<br />

Pour SYNERGIE, la question n’est pas de savoir<br />

SI le corps unique va se faire, mais QUAND et<br />

COMMENT !<br />

Monsieur le Ministre, les <strong>Officiers</strong> que je représente<br />

attendent de votre part une décision<br />

politique sans équivoque, afin d’enclencher cette<br />

réforme impérieuse de manière irréversible.<br />

Dans cette optique, SYNERGIE vient d’ouvrir ses<br />

statuts à tous les cadres actifs des forces de sécurité<br />

intérieure. Par conséquent, il est désormais<br />

le premier syndicat ayant vocation à regrouper<br />

les membres des corps de commandement, de<br />

direction et de conception de la Police, dès à<br />

présent, et de la Gendarmerie, lorsque cela leur<br />

sera statutairement possible.<br />

Pour nous, la parité Police/Gendarmerie est une<br />

évidence : reste à la traduire dans les faits. Pour<br />

cette raison, nous participons activement à<br />

toutes les réunions de travail sur la parité.<br />

Vous avez, Monsieur le Ministre, fait un geste<br />

significatif sur l’ISSP en direction des <strong>Officiers</strong><br />

dans le cadre d’une convergence progressive, et<br />

je tiens solennellement à saluer cette avancée<br />

majeure, même si une distorsion subsiste encore<br />

à la marge pour nos plus jeunes.<br />

disCOurs de Clôture du sg<br />

SYNERGIE-OFFICIERS défendra encore et<br />

toujours un syndicalisme intransigeant et revendicatif,<br />

pragmatique, lucide et responsable. C’est<br />

dans cet état d’esprit que nous abordons les<br />

grandes thématiques et que ce congrès a planché<br />

sur le sujet « métiers et territoires pour enfin (ré)<br />

concilier autorité et proximité ».<br />

La délinquance ayant fortement augmenté et<br />

profondément évolué au cours des trois dernières<br />

décennies, de nouveaux modes de présence,<br />

de surveillance, de dissuasion et d’intervention<br />

s’avèrent nécessaires. C’est sur cette base qu’est né<br />

le concept de police d’agglomération et de police<br />

des territoires imposant un redécoupage des<br />

zones de compétences Police/Gendarmerie et<br />

une réorganisation des services.<br />

Cette dynamique doit être accentuée,<br />

l’agglomération étant à notre sens le territoire<br />

dimensionnant pour l’exercice de l’action<br />

publique. Mais il faut aller plus loin dans les<br />

synergies, la coordination opérationnelle, la<br />

complémentarité des pôles d’excellence et<br />

les mutualisations. Il faut également intégrer<br />

à la réflexion la place des polices municipales<br />

et de la sécurité privée qui, en 2014, comptera<br />

plus d’effectifs que Police et Gendarmerie<br />

réunies.<br />

La dispersion des effectifs, la création de<br />

multiples unités atomisées nuisent à l’efficacité.<br />

Ne parlons pas des communautés de brigades de<br />

Gendarmerie dont chacun connaît la réactivité à<br />

partir de 18 h sur certains territoires…<br />

À cet égard, le livre blanc sur la sécurité devra être<br />

ambitieux, iconoclaste, et privilégier l’audace aux<br />

atavismes.<br />

Les politiques publiques de sécurité se sont<br />

succédé depuis vingt ans sans réel souci de cohérence,<br />

souvent dans une stratégie de rupture<br />

avec le modèle précédent.<br />

Personne ne peut raisonnablement soutenir<br />

que l’expérience de la Police Proximité a été une<br />

5


6<br />

disCOurs de Clôture du sg<br />

réussite. Il y a aujourd’hui, selon un terme cher à<br />

Michel Gaudin, un problème théologique avec la<br />

notion de proximité qui n’est pourtant n’est pas<br />

un gros mot, la police d’intervention non plus.<br />

Ce sont les dogmes qui empêchent toute flexibilité<br />

et tout réalisme. La philosophie de maîtrise du<br />

territoire avec montée en puissance progressive,<br />

pour adapter la réponse et imposer l’ordre républicain,<br />

alliée à l’accent mis sur l’investigation et<br />

la coordination avec le renseignement sont des<br />

conditions sine qua non de réussite. Il nous faut<br />

retisser du lien de proximité tout en enrayant la<br />

sécession d’un nombre croissant de quartiers.<br />

Mais, la RGPP a abouti à une équation schizophrénique<br />

conjuguant moyens réduits et exigence<br />

accrue de résultats. Cette culture du résultat a<br />

trop souvent été dévoyée à tous les échelons en<br />

culture du chiffre. La statistique devient l’objectif<br />

dans l’objectif. Même si l’obligation de rendre<br />

compte à nos concitoyens est incontournable,<br />

les indicateurs confinent parfois au ridicule. C’est<br />

aussi peut-être pourquoi la distorsion entre les<br />

résultats obtenus par la Police et le sentiment des<br />

usagers est cruelle et injuste.<br />

Mais la limite principale de l’exercice est ailleurs :<br />

l’absence patente de réponse pénale. La loi pénitentiaire,<br />

les dizaines de milliers de peines non<br />

appliquées : la chaîne pénale démarre ou s’arrête<br />

à la présentation à la justice. La traçabilité s’arrête<br />

au niveau de la Police, ensuite, c’est le brouillard<br />

du concept fumeux de « taux de réponse pénale »<br />

qui recouvre tout et rien. Les dysfonctionnements<br />

de la chaîne pénale développent un<br />

sentiment d’impunité qui accentue le sentiment<br />

d’insécurité.<br />

L’action de la police n’a pas de sens si la justice ne<br />

passe pas. La notion de coproduction de sécurité<br />

est étrangère à une partie du monde judiciaire.<br />

Or, il faut une politique pénale à une société.<br />

L’exemple britannique a été édifiant : les émeutes<br />

ont cessé au bout de trois jours, dès que les tribunaux,<br />

qui siégeaient jour et nuit, ont commencé<br />

à prononcer les premières sanctions. Les magistrats<br />

anglais seraient-ils des illuminés ? Non, ils<br />

ont rempli leur rôle consistant à faire cesser le<br />

chaos par des peines neutralisantes. Derrière le<br />

fétichisme de l’indépendance, trop de nos magistrats<br />

ont une vision éthérée de la chose et limitent<br />

leur rôle à “dire le droit”, comme si la justice était<br />

un empilement de décisions dissonantes, contradictoires,<br />

en fonction de l’idéologie ou du degré<br />

de vision extatique. Certaines décisions ruinent<br />

d’ailleurs sciemment des mois de travail de nos<br />

collègues et cela n’est pas acceptable.<br />

C’est pour cette raison<br />

que sYNerGie oFFicier<br />

distingue la Justice de<br />

sa forme apparente.<br />

Et chaque fois qu’une<br />

décision scandalisera nos<br />

collègues, nous le dirons.<br />

Avec une sagace parcimonie,<br />

mais nous laisserons<br />

juges nos concitoyens.<br />

Nous n’avons pas non plus ménagé nos efforts<br />

pour tenter d’éviter le fiasco sécuritaire qu’annonce<br />

l’évolution récente et malheureusement<br />

à venir de la GAV. Ses contempteurs ont mené<br />

campagne au plus haut niveau. La cacophonie<br />

qui a dominé ce débat est emblématique de<br />

l’incapacité française à se saisir d’un sujet aussi<br />

fondamental de manière<br />

apaisée. Les décisions<br />

successives et contradictoires<br />

des deux plus<br />

hautes instances juridictionnelles,<br />

l’impotence<br />

de certains parlementaires<br />

à se départir des<br />

lobbies professionnels et<br />

des préjugés angélistes<br />

ont abouti à un système<br />

désormais hybride et<br />

bancal qui penche en<br />

faveur des seuls voyous<br />

! Nous demandons une<br />

refonte globale : dématérialisation et allègements<br />

procéduraux en seront les maîtresmots…<br />

Je sais, Monsieur le Ministre, votre implication<br />

personnelle dans ce dossier pour préserver l’équilibre<br />

en faveur des victimes et des nécessités de<br />

l’enquête.<br />

Vous le savez, sYNerGie-oFFiciers ne circonscrit<br />

pas son action aux questions purement catégorielles<br />

et se fait un devoir d’exposer la vision<br />

des <strong>Officiers</strong> dans la société civile. À cet égard, les<br />

événements récents ont motivé notre immixtion<br />

sur la scène politique et médiatique pour exprimer<br />

les sentiments de nos collègues.<br />

Encore cette année, les violences à l’encontre<br />

des policiers se sont considérablement accrues.<br />

Radicalisation des délinquants et banalisation<br />

de l’usage des armes à feu rendent l’exercice<br />

quotidien de nos missions plus dangereux. Le<br />

nombre de nos blessés et malheureusement de<br />

tués témoigne de l’intensité de l’engagement<br />

de nos collègues. Encore la semaine dernière,<br />

Anne RIBIERE-GAUVILLE a payé de sa vie son<br />

sens du Devoir.<br />

Viennent s’ajouter des campagnes de dénigrement,<br />

d’insultes et de lynchage médiatique dans<br />

la violence des propos et une surenchère rhétorique<br />

irresponsable : « barbouze », « provoca-<br />

disCOurs de Clôture du sg<br />

teurs » infiltrés dans les manifestations, « rafles » à<br />

propos des roms, « Gestapo » dans la bouche d’un<br />

magistrat de Bobigny, … Il est proprement infect<br />

de parler de la Police républicaine en utilisant<br />

un vocabulaire pestilentiel puisé dans le champ<br />

lexical de la Seconde Guerre mondiale. Un cran<br />

supplémentaire a été atteint avec des méthodes<br />

de délation dignes de l’occupation : le site<br />

copwatch n’est rien d’autre qu’un palimpseste<br />

numérique de l’Affiche rouge !<br />

Cette flicophobie conduira nécessairement à des<br />

drames. Chacun devra alors en assumer les conséquences.<br />

Nous saluons, Monsieur le ministre, vos<br />

prises de position courageuses de soutien envers<br />

les policiers, ce qui vous a valu des attaques en<br />

règle des apôtres de la bien-pensance.<br />

Pour toutes ces raisons, sYNerGie-oFFiciers<br />

continuera à être omniprésent comme agitateur<br />

d’idées, pour bousculer les conformismes et<br />

défendre nos collègues. Hommes et femmes de<br />

progrès regroupés autour de valeurs communes,<br />

nous serons toujours aux côtés des bonnes volontés<br />

pour soutenir et apporter notre contribution<br />

à toutes les politiques qui défendront le socle<br />

républicain, la défense de la paix sociale et plus<br />

généralement le “vivre ensemble”.<br />

J’ai à cet instant une pensée particulière pour<br />

Michel MICHAU, père fondateur de sYNerGie<br />

oFicier qui a mis en germe ce qui a désormais<br />

7


8<br />

disCOurs de Clôture du sg<br />

éclos. J’adresse également mes salutations à<br />

mon ami Bruno BESCHIZZA Secrétaire Général de<br />

sYNerGie oFFicier pendant quinze ans, grâce à<br />

qui SYNERGIE a acquis la dimension et l’aura que<br />

nous lui connaissons.<br />

Je tiens à ajouter un mot pour nos amis. D’abord<br />

à Jean-Claude DELAGE, Secrétaire Général<br />

d’ALLIANCE POLICE NATIONALE, avec qui<br />

nous partageons une vision commune de la<br />

République et du rôle de la Police et surtout une<br />

indéfectible amitié. Je tiens également à saluer<br />

notre ami Olivier BOISTEAUX, patron du SICP, non<br />

seulement pour son rôle de facilitateur, puisque<br />

nous sommes sur ses anciennes terres, mais aussi<br />

et surtout pour son esprit de responsabilité. Car<br />

même si nos trois organisations ont des intérêts<br />

catégoriels parfois antagonistes, nous avons<br />

démontré que nous étions capables de transcender<br />

nos différences et de mettre en exergue les<br />

dénominateurs communs qui nous rassemblent<br />

dans l’intérêt supérieur de l’Institution.<br />

Personnellement, je mettrai toute mon énergie<br />

pour pérenniser et renforcer cette entente.<br />

Je remercie :<br />

Philippe SUEUR, Maire d’Enghien-les-Bains, pour<br />

son accueil.<br />

Jérôme CHARAOUI et Candice RIMEDI de BARRIÈRE<br />

pour leur gentillesse et leur disponibilité.<br />

Nos partenaires :<br />

Sidney et Harold ISRAEL du Paradis Latin pour<br />

leur fidélité et leur amitié<br />

Alain PICART des Editions Crépin Leblond<br />

Stéphane SCHMOLL de Deveryware<br />

Olivier RANJARD de Home Expertise<br />

Le Général de corps d’Armée Jean-Louis<br />

FOURNAISE de l’AGPM<br />

Stéphane CASTEL et Sylvain LAMBERT de la<br />

société RICARD<br />

Benoît BRIATTE et Jean-Marc TOMASI de la MGP<br />

Abdel AISSOU de la société RANDSTADT<br />

Hervé POULET de l’ISMAPP<br />

Élise HAIN de la Société Générale<br />

Philippe ROUX de la Banque Fédérale Mutualiste<br />

Frédéric HALUIN de la SOCRIF<br />

La Maison DEUTZ<br />

Xavier BENIER de la société ELEKTRON<br />

Raymond FEKIK de la société TASER<br />

Pierre GRAG du SNES<br />

Cooper HALIMI de Berugby<br />

Bernard Van CRAEYNEST et Carole COUVERT de la<br />

GFE/CGC, ainsi que Vincent HACQUIN, président<br />

des Fédérations Fonction Publique de la CGE/CGC.<br />

Merci à tous de vous être joints à nous pour cet<br />

événement majeur de la vie de notre organisation<br />

et, je n’en doute pas, de la vie des <strong>Officiers</strong> de Police.<br />

Après consultation de ses adhérents, le bureau de<br />

la Section des retraités de sYNerGie-oFFiciers :<br />

> Constate qu’en matière professionnelle,<br />

les policiers en activité subissent de plus en<br />

plus négativement les difficultés matérielles<br />

et techniques liées à l’évolution juridique et<br />

sociologique ainsi qu’aux insuffisances et<br />

dysfonctionnements des systèmes judiciaire<br />

et pénitentiaire.<br />

> Approuve et soutient les prémices de<br />

réformes structurelles logiques et nécessaires<br />

pour un meilleur résultat du travail<br />

de police (corps et carrière uniques de<br />

commandement de catégorie A de la Police<br />

nationale – parité de grade à grade, et coordination<br />

Police-Gendarmerie).<br />

> Prend acte de la situation de crise financière<br />

internationale, tout en restant sceptique<br />

en raison de certains paradoxes (pour<br />

les multinationales, poursuite des investissements,<br />

bénéfices et délocalisations/relocalisations<br />

– la situation catastrophique de la<br />

Grèce prévue et annoncée de longue date<br />

sans aucune intervention de l’institution<br />

européenne).<br />

> Refuse que les mesures de restriction<br />

envisagées touchent encore le pouvoir<br />

d’achat des retraités de la Police nationale.<br />

La Section des Retraités de <strong>Synergie</strong> <strong>Officiers</strong> :<br />

Dénonce de ce fait les projets :<br />

• de suppression de l’abattement fiscal de 10 %<br />

sur la déclaration des revenus des retraités,<br />

MOtiON fiNale des retraités<br />

seCtiON des retraites<br />

de syNergie OffiCiers<br />

MOTION 2011<br />

• d’augmentation de la C.S.G.,<br />

• de taxation des cotisation mutualistes, et de<br />

déremboursement de nombreux traitements<br />

médicaux et pharmaceutiques nécessaires,<br />

• de la suppression de la demi-part fiscale pour les<br />

veuves ayant eu au moins un enfant à charge.<br />

Demande :<br />

• La lutte contre la fraude en matière de budgets<br />

alloués, souvent indûment à toutes les catégories<br />

de non cotisants attirés par la providence de<br />

notre système de droits sociaux.<br />

• L’aménagement, l’adaptation et l’accessibilité<br />

de véritables structures sociales d’accueil et de<br />

traitement pour les seniors. Les carences en ce<br />

domaine s’accentuent progressivement.<br />

• Enfin, que les retraités, catégorie vulnérable, dont<br />

l’utilité sociale est avérée en matière de soutien<br />

matériel et psychologique au sein des familles et<br />

dont les revenus légitimes sont la cible facile de<br />

ceux qui nous gouvernent, ne soient pas concernés<br />

par la déflagration de la mondialisation.<br />

• L’abrogation des réformes iniques (articles L15<br />

et L16 du Code des pensions civiles et militaires,<br />

application des articles L84 à L86-1 du même<br />

code concernant le plafonnement du cumul<br />

des retraites avec la rémunération pendant les<br />

périodes de réserve civile ou statutaire) ayant<br />

pour conséquence l’exclusion et la paupérisation<br />

des retraités de la Police nationale.<br />

Enghien-les-Bains, le 19 Octobre 2011<br />

9


10<br />

Clôture du CONgrÈs<br />

Intervention de M. Claude GUÉANT<br />

Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer,<br />

des Collectivités territoriales<br />

et de l’Immigration<br />

Je sais le rôle des officiers et leur<br />

engagement dans le dispositif de sécurité et<br />

dans l’activité des services. le dynamisme<br />

des équipes de terrain dépend de vous.<br />

CLÔTURE DU CONGRÈS<br />

DE SYNERGIE-OFFICIERS<br />

ENGHIEN-LES-BAINS, mercredi 19 octobre 2011<br />

Monsieur le Secrétaire général [Patrice RIBEIRO],<br />

Monsieur le Préfet de Police,<br />

Monsieur le Directeur général de la Police nationale,<br />

Messieurs les Directeurs,<br />

Mesdames et Messieurs les <strong>Officiers</strong> de Police,<br />

Je veux tout d’abord vous dire le plaisir qui est<br />

le mien de vous retrouver aujourd’hui pour<br />

clore le 6e Congrès de sYNerGie-oFFiciers.<br />

Merci, Monsieur le Secrétaire général, merci à<br />

vous, Mesdames et Messieurs les <strong>Officiers</strong> de<br />

Police pour votre invitation. Permettez-moi de<br />

vous féliciter, Monsieur le Secrétaire général,<br />

pour votre réélection à la tête du syndicat<br />

sYNerGie-oFFiciers.<br />

Aujourd’hui est une journée particulière car<br />

si je suis souvent venu à vos congrès, c’est la<br />

première fois que je clôture vos journées de<br />

débat en tant que ministre de l’Intérieur. C’est<br />

aussi l’occasion de vous adresser quelques<br />

messages.<br />

En 2002, a été engagé un travail de fond dont le<br />

résultat est sans ambiguïté : la délinquance n’a<br />

cessé de reculer en France.<br />

Ces résultats sont à mettre au crédit de la Police<br />

dans son ensemble, de tous ses agents et de la<br />

ligne hiérarchique dont vous êtes un maillon<br />

important.<br />

Je sais le rôle des <strong>Officiers</strong> et leur engagement<br />

dans le dispositif de sécurité et dans l’activité des<br />

services. Le dynamisme des équipes de terrain<br />

dépend de vous.<br />

Cet engagement a porté ses fruits : la délinquance<br />

a baissé régulièrement, année après année, de 17<br />

% depuis 2002.<br />

Je souligne avec plaisir l’amélioration importante<br />

des taux d’élucidation des trois dernières années<br />

qui se maintient à plus de 37 %.<br />

Ces avancées, visibles pour chaque Français, se<br />

traduisent par des victimes en moins, des auteurs<br />

identifiés en plus, présentés à la justice.<br />

Aussi satisfaisants que soient ces résultats, il nous<br />

reste encore du travail et des combats à mener.<br />

Je veux vous en donner les<br />

moyens.<br />

Face à la fébrilité, aux craintes et<br />

aux inquiétudes de la situation<br />

économique mondiale, l’État doit<br />

incarner la stabilité et mon devoir<br />

est de vous tenir un discours de<br />

vérité : on ne peut plus aujourd’hui<br />

dépenser sans compter.<br />

De manière très courageuse, le<br />

Président de la République et le<br />

Gouvernement sont engagés,<br />

avec lucidité, dans un effort sans<br />

précédent de redressement de<br />

nos comptes publics, seul moyen de conserver à<br />

notre pays sa crédibilité.<br />

Le budget du ministère de l’Intérieur participe<br />

de cet effort et j’assume cet impératif. Ce budget<br />

que j’ai très récemment présenté à l’ensemble<br />

des organisations représentatives du personnel<br />

est rigoureux dans l’utilisation des fonds<br />

publics mais porteur d’actions en matière de<br />

sécurité, domaine qui constitue la priorité du<br />

Gouvernement.<br />

Clôture du CONgrÈs<br />

I. Je souhaite tout d’abord que<br />

vous conserviez les moyens de<br />

remplir vos missions et toute<br />

votre capacité opérationnelle.<br />

Parlons d’abord des véhicules, sujet qui vous<br />

préoccupe, je le sais…<br />

Frédéric PECHENARD m’ayant alerté sur le risque<br />

de vieillissement du parc automobile, j’ai obtenu<br />

du ministre du Budget une hausse exceptionnelle<br />

de 14 M€ par rapport à 2011 afin d’accélérer le<br />

renouvellement du parc automobile de la Police<br />

nationale. Au titre de 2012, ce sont 2 215 véhicules<br />

de police qui seront commandés et livrés, soit 1 000<br />

de plus qu’en 2011 [soit une augmentation de 73 %].<br />

J’ai demandé au directeur général de la Police<br />

nationale de consacrer l’essentiel de cet effort<br />

budgétaire à l’augmentation des véhicules sérigraphiés<br />

qui permettent à la Police d’être plus<br />

visible par nos concitoyens dans ses missions.<br />

Je souhaite également maintenir l’effort sur<br />

l’immobilier. De nombreux projets ont été réalisés<br />

ces dernières années pour l’amélioration des<br />

locaux de police, mais il reste encore beaucoup<br />

à faire : au titre de l’investissement immobilier<br />

police, ce sont donc 73 M€ qui y seront consacrés<br />

en 2012 [soit 60 % de plus que l’année dernière].<br />

11


12<br />

Clôture du CONgrÈs<br />

Cet effort aura aussi une traduction concrète et<br />

symbolique surtout pour les <strong>Officiers</strong> de Police.<br />

Vous êtes un certain nombre dans cette salle<br />

à travailler ou à avoir travaillé au “36” [quai des<br />

Orfèvres] et à y être, comme moi, très attachés. 2012<br />

sera l’année de lancement du chantier du nouveau<br />

site de la Police judiciaire de Paris aux Batignolles<br />

avec un financement de 131 M€. Je ne doute pas<br />

que vos successeurs parleront avec autant d’émotion<br />

des “Batignolles” que du “quai des Orfèvres”<br />

car vous créerez l’histoire de ce bâtiment.<br />

La poursuite du développement de la PTS et<br />

des nouvelles technologies est une priorité.<br />

Je souhaite poursuivre les grands programmes<br />

d’équipement en PTS, qui sont d’autant plus importants<br />

que la réforme de la garde à vue nous conduit<br />

à accroître notre potentiel d’élucidation des affaires<br />

par des preuves techniques et scientifiques.<br />

D’autant qu’aujourd’hui, avec la<br />

réforme de la garde à vue, je sais les<br />

difficultés qui sont les vôtres lors des<br />

auditions que vous conduisez.<br />

Cette réforme de la garde à vue,<br />

en effet, est une double source<br />

d’inquiétudes. Elle a d’abord considérablement<br />

alourdi les contraintes<br />

procédurales pesant sur les policiers.<br />

Elle a ensuite affaibli la capacité de<br />

résolution des affaires dans certains<br />

domaines de la délinquance. C’est la<br />

raison pour laquelle, dès mon arrivée,<br />

et avant même la promulgation<br />

de cette loi, j’ai obtenu du Premier<br />

ministre la mise en place d’un<br />

comité de suivi de cette réforme<br />

coprésidé par le Garde des Sceaux et<br />

moi-même. Je n’attendrai pas les conclusions<br />

du comité de suivi pour obtenir du Garde des<br />

Sceaux un rééquilibrage de la réforme. Il faut<br />

mettre fin aux dérives procédurales qui entravent<br />

votre travail d’enquêteur. Vous pouvez<br />

compter sur ma détermination.<br />

Il nous faut passer de la culture de l’aveu à la<br />

culture de la preuve. C’est pourquoi je poursuis<br />

l’action engagée par le Président de la<br />

République quand il était ministre de l’Intérieur :<br />

développement des grands fichiers [FAED et<br />

FNAEG], équipement matériel et formation<br />

d’équipes spécialisées dans tous les commissariats<br />

sont autant de sujets qui, s’ils ne sont pas<br />

nouveaux, sont cependant prioritaires.<br />

Nous allons finaliser le fichier de traitement des<br />

procédures judiciaires [TPJ], qui unifiera le STIC<br />

et JUDEX en 2012. Il offrira ainsi aux policiers et<br />

aux gendarmes une base de données commune.<br />

Enfin, l’ensemble des policiers de ce ministère se<br />

verront doter de la nouvelle carte professionnelle<br />

électronique progressivement d’ici 2012. Son<br />

déploiement a déjà débuté : ce sera un outil sécurisé<br />

qui protégera son titulaire des utilisations<br />

abusives.<br />

Vous permettre de travailler avec efficacité et<br />

rigueur, c’est aussi poursuivre l’adaptation des<br />

structures.<br />

L’efficacité consiste pour moi à poursuivre<br />

le rapprochement Police-Gendarmerie qui<br />

permet de donner du sens et de la cohérence<br />

à l’action de l’État et rationnalise l’activité et les<br />

moyens.<br />

Vous travaillez dorénavant aux côtés des<br />

gendarmes de manière quotidienne tant au sein<br />

de structures communes comme la DCI et le<br />

ST(SI)² mais également sur le terrain.<br />

II. Votre efficacité accrue sur le<br />

terrain nécessite d’améliorer<br />

encore votre formation initiale<br />

et continue<br />

> Le chantier qui vous concerne<br />

particulièrement est celui du<br />

rapprochement des formations<br />

des corps de catégorie A<br />

de la Police nationale : celle<br />

des <strong>Officiers</strong> et celle des<br />

Commissaires.<br />

Je vous ai présenté en mai dernier les décisions<br />

que j’avais prises, certaines très concrètes,<br />

porteuses d’évolutions fortes pour les <strong>Officiers</strong> et<br />

les Commissaires, et d’autres plus symboliques.<br />

Aujourd’hui, elles sont mises en œuvre :<br />

o J’ai décidé de créer, en 2012, un<br />

établissement public commun doté d’une<br />

seule gouvernance et d’un seul conseil<br />

d’administration qui gérera les deux sites<br />

de formation.<br />

o J’ai également souhaité que les<br />

Commissaires et les <strong>Officiers</strong> puissent se<br />

retrouver durant leurs formations initiales<br />

sur des thématiques professionnelles<br />

communes.<br />

Cette mesure a été mise en<br />

œuvre sans délai, puisqu’en<br />

ce moment même, une<br />

première formation<br />

conjointe sur le maintien<br />

de l’ordre et la lutte contre<br />

les violences urbaines associe<br />

à Oissel la 62e promotion<br />

de Commissaires de Police<br />

et la 16e promotion d’Offi-<br />

Clôture du CONgrÈs<br />

ciers de Police. Cette première action est menée<br />

par les deux écoles. Elle correspond à une réalité<br />

professionnelle, les services de police conjuguant<br />

l’action des agents de tous les corps actifs.<br />

Pour faire face à l’urgence ou pour gérer un<br />

service, l’action coordonnée de la direction et du<br />

commandement est la condition sine qua non du<br />

fonctionnement optimum d’une unité de police,<br />

et de l’effectivité de la réponse policière attendue<br />

par nos concitoyens.<br />

Ce rapprochement des formations des corps<br />

des <strong>Officiers</strong> et des Commissaires a été illustré<br />

symboliquement par la présence des deux<br />

drapeaux et de leur garde à l’occasion des<br />

sorties de promotions qui se sont tenues en<br />

juin dernier à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or et à<br />

Cannes-Écluse. Je sais combien ce symbole<br />

compte pour vous.<br />

III. Enfin, donner aux <strong>Officiers</strong><br />

les moyens de travailler, c’est<br />

respecter les engagements<br />

pris à votre égard<br />

Je l’ai fait sur les moyens techniques et logistiques,<br />

je le fais sur les structures, je le fais sur la<br />

formation. Cela se poursuivra sur des sujets qui<br />

vous intéressent très directement :<br />

J’ai ainsi confié à l’iGA une mission d’étude<br />

sur l’harmonisation des filières métiers et<br />

l’adaptation de la fonction hiérarchique dans la<br />

police en envisageant explicitement la fusion des<br />

corps d’officiers et de commissaires. c’est ainsi<br />

que l’iGA vous a auditionnés récemment et je<br />

ne doute pas que vous ayez fait preuve de toute<br />

votre force de conviction.<br />

13


14<br />

Clôture du CONgrÈs<br />

> ensuite, j’ai souhaité<br />

mettre en œuvre la<br />

parité entre la Police et<br />

la Gendarmerie. Voilà<br />

pourquoi l’ISSP des<br />

<strong>Officiers</strong> de Police sera<br />

progressivement alignée<br />

sur celle des <strong>Officiers</strong><br />

de Gendarmerie. dès le<br />

mois de juillet, l’ensemble<br />

des officiers de police<br />

ont bénéficié d’une<br />

majoration de 0,5 %.<br />

> J’ai souhaité, dès mon arrivée<br />

“place Beauvau”, que le sujet<br />

sensible de l’organisation de la<br />

chaîne hiérarchique au sein de<br />

la Police puisse être analysée de<br />

manière objective.<br />

> J’ai ainsi confié à l’IGA une mission d’étude sur<br />

l’harmonisation des filières métiers et l’adaptation<br />

de la fonction hiérarchique dans la Police<br />

en envisageant explicitement la fusion des corps<br />

d’<strong>Officiers</strong> et de Commissaires. C’est ainsi que<br />

l’IGA vous a auditionnés<br />

récemment et je ne doute<br />

pas que vous ayez fait preuve<br />

de toute votre force de<br />

conviction.<br />

Ce rapport me sera remis<br />

d’ici la fin de l’année. Je ne<br />

manquerai pas alors de vous<br />

réunir de nouveau pour<br />

poursuivre nos échanges.<br />

J’ai conscience de vos<br />

> Enfin, je<br />

souhaite vous dire<br />

mon engagement à<br />

garantir aux <strong>Officiers</strong>,<br />

tout au long de leur<br />

vie professionnelle,<br />

des perspectives de<br />

carrière.<br />

attentes sur ce sujet sensible, soyez assuré de ma<br />

détermination à améliorer le service public et la<br />

gestion des ressources humaines dans la Police<br />

nationale.<br />

> Ensuite, j’ai souhaité mettre en œuvre la parité<br />

entre la Police et la Gendarmerie. Voilà pourquoi<br />

l’ISSP des <strong>Officiers</strong> de Police sera progressivement<br />

alignée sur celle des <strong>Officiers</strong> de Gendarmerie.<br />

Dès le mois de juillet, l’ensemble des <strong>Officiers</strong> de<br />

Police ont bénéficié d’une majoration de 0,5 %.<br />

Ce décret relatif à l’ISSP vient d’être publié<br />

au Journal officiel le 5 octobre dernier. Cette<br />

revalorisation se poursuivra au 1er janvier<br />

2012 puis au 1er juillet 2012. L’ISSP aura ainsi<br />

augmenté de 2 % pour l’ensemble des officiers,<br />

ce qui permet aux commandants de Police<br />

d’être à parité totale avec les commandants<br />

de Gendarmerie. Concernant les lieutenants et<br />

les jeunes capitaines l’ISSP sera revalorisé de<br />

3 %. L’effort financier consenti dans le contexte<br />

budgétaire qui est le nôtre est extrêmement<br />

significatif et traduit la reconnaissance du<br />

travail et du rôle du corps de commandement<br />

de la Police nationale.<br />

> Enfin, je souhaite vous dire mon engagement<br />

à garantir aux <strong>Officiers</strong>, tout au long de leur vie<br />

professionnelle, des perspectives de carrière.<br />

C’est d’abord le maintien d’un ratio promu/<br />

promouvable stable.<br />

Dans le cadre des promotions,<br />

il faut garantir l’équité<br />

intergénérationnelle, en<br />

maintenant d’année en<br />

année des nombres de<br />

promus équivalents. C’est, je<br />

le crois, un facteur essentiel<br />

de motivation et de lisibilité<br />

de carrière pour les officiers.<br />

J’y serai attentif.<br />

C’est aussi l’adaptation de la gestion des<br />

ressources humaines à une réelle gestion de<br />

cadres et de la mobilité professionnelle et<br />

géographique.<br />

✯✯✯✯✯<br />

Permettez-moi, pour conclure, d’aborder un sujet<br />

qui me tient particulièrement à cœur : celui de<br />

la défense de tous les agents de la Police nationale<br />

et de l’institution. C’est, par exemple, vous<br />

défendre contre certaines attaques comme celles<br />

de “copwatch”. C’est pour cela que je refuse de<br />

laisser impunis les créateurs du site “copwatch”.<br />

Les propos diffusés sur ce site sont intolérables<br />

parce qu’ils portent atteinte à l’honneur de la Police<br />

nationale et irresponsables parce qu’ils mettent<br />

en danger la sécurité des policiers et de leur famille.<br />

Je vous rappelle que j’ai déposé plainte auprès du<br />

Procureur de la République de Paris, pour diffama-<br />

Clôture du CONgrÈs<br />

tion publique envers une administration publique.<br />

Outre cette plainte, une action en référé d’heure<br />

à heure a été engagée afin que le juge ordonne à<br />

l’hébergeur ou à son fournisseur d’accès le blocage<br />

de ces pages diffamatoires et injurieuses. Ainsi, le<br />

vendredi 14 octobre, le tribunal de grande instance<br />

de Paris m’a donné raison et a fait injonction aux<br />

fournisseurs d’accès de prendre toutes les mesures<br />

pour empêcher l’accès au site copwatch. Vous<br />

pouvez compter sur moi chaque fois que l’institution<br />

ou ses membres seront injustement attaqués.<br />

Vous le voyez, les choses avancent : si je vous<br />

demande beaucoup, je veille aussi à ce que vous<br />

ayez toujours, sur tous les aspects de vos missions,<br />

les moyens nécessaires pour les exercer. Je connais<br />

votre engagement et votre mobilisation pour faire<br />

reculer la délinquance dans notre pays. Sachez que<br />

ma détermination est totale et qu’ensemble nous<br />

parviendrons à faire de 2011 la 9e année consécutive<br />

de baisse de la délinquance en France.<br />

Je vous remercie<br />

15


16<br />

MOtiON fiNale MOtiON fiNale<br />

MOTION FINALE<br />

✯<br />

SYNERGIE-OFFICIERS<br />

Réaffirme son engagement à poursuivre l’œuvre<br />

d’exhaussement des <strong>Officiers</strong> de la Police nationale<br />

dans l’esprit des valeurs fondatrices de<br />

sYNerGie-oFFiciers et la cohérence de son<br />

projet depuis sa création.<br />

Érige au centre de ses préoccupations le positionnement<br />

de l’Officier de la Police nationale au sein<br />

de la fonction publique tout en défendant farouchement<br />

son appartenance au statut spécial, par<br />

sa valorisation et son épanouissement.<br />

Ouvre ses statuts à l’adhésion des membres des<br />

corps de commandement, de direction et de<br />

conception des forces de sécurité intérieure et<br />

devient ainsi le premier syndicat des cadres de la<br />

sécurité intérieure.<br />

✯<br />

SYNERGIE-OFFICIERS<br />

REVENDIQUE<br />

v La création d’un grand corps de cadres du lieutenant<br />

à l’inspecteur général, recruté à Master 2, ayant<br />

vocation à assurer le commandement opérationnel<br />

des formations de la Police nationale puis, au cours<br />

de leur déroulement de carrière, à assumer des<br />

responsabilités de conception et de direction.<br />

v La création de passerelles entre <strong>Officiers</strong> de Police<br />

et <strong>Officiers</strong> de Gendarmerie afin d’offrir une réelle<br />

mobilité au sein des forces de sécurité intérieure.<br />

v La possibilité d’effectuer une mobilité dans<br />

d’autres corps de la fonction publique (État, territoriale,<br />

hospitalière).<br />

v L’impérieux besoin de substituer la validation<br />

des acquis, l’expertise, l’expérience et les savoir-<br />

faire au seul eugénisme universitaire.<br />

v Une formation initiale rénovée correspondant<br />

aux responsabilités désormais exercées, dans la<br />

nouvelle grande école regroupant sur un même<br />

site la formation des cadres A du ministère de la<br />

Sécurité intérieure.<br />

v Une formation continue en adéquation avec<br />

l’évolution des missions dévolues aux cadres,<br />

qui intègre la validation des acquis professionnels<br />

par équivalence.<br />

v Le développement de la promotion interne par<br />

voies professionnelles, sans limite d’âge, dans un grand<br />

corps de commandement, de direction et de conception<br />

valorisé par l’expérience et les compétences.<br />

v La poursuite de la déflation pour atteindre<br />

l’objectif de 7 000 <strong>Officiers</strong> + Commissaires.<br />

v Une nomenclature valorisante et totalement<br />

refondue qui tient compte des évolutions<br />

statutaires et fonctionnelles de tous les corps<br />

des forces de sécurité intérieure. Cette rationalisation<br />

devra mettre fin aux chevauchements de<br />

missions, aux doublons de responsabilités et aux<br />

dysfonctionnements par la mise en place d’une<br />

chaîne hiérarchique enfin cohérente.<br />

v La stricte parité de grade avec les <strong>Officiers</strong><br />

de la Gendarmerie nationale ainsi qu’une<br />

harmonisation du traitement social, indiciaire<br />

et indemnitaire intégrant la notion de « reste à<br />

vivre ».<br />

v La mise en conformité immédiate de l’indice<br />

sommital de la grille de traitement (1015, puis<br />

1243) avec celle des mêmes corps de catégorie A<br />

de la fonction publique.<br />

v La mise en place d’un Compte Épargne Temps<br />

Retraite, de mesures de dégagement des cadres,<br />

ainsi que d’une cellule de reconversion.<br />

v L’extension à tout le corps de commandement,<br />

de direction et de conception de l’IRP sur les<br />

mêmes bases et selon les mêmes proportions<br />

que l’actuel corps des commissaires, avec un<br />

alignement en fonction des indices.<br />

v Une véritable politique de fidélisation en<br />

zone difficile (prime de fidélisation versée dès<br />

la 1re année, avancement, logement, crèches,<br />

prêts immobiliers garantis par le ministère de<br />

la Sécurité intérieure, contractualisation sur les<br />

postes difficiles).<br />

v Une véritable politique sociale.<br />

v Une revalorisation du début de carrière (rétablissement<br />

de la prime d’installation et réduction<br />

à 1 an du temps passé dans les 4 premiers échelons<br />

de lieutenant).<br />

v Un quota de promotions dans les ordres nationaux<br />

équivalent à celui dont bénéficient les<br />

<strong>Officiers</strong> de la Gendarmerie nationale.<br />

✯<br />

SYNERGIE-OFFICIERS<br />

v Prévient que l’action de la Police est inutile si la<br />

justice ne passe pas, si toute la chaîne judiciaire et<br />

pénale n’est pas responsabilisée et pénétrée de la<br />

culture du devoir civique.<br />

v Prévient que les réductions d’effectifs<br />

programmées conformément à la RGPP doivent<br />

impérativement s’accompagner d’une refonte<br />

profonde des missions et des fonctionnalités de<br />

chaque agent dans le cadre de la sécurité globale.<br />

v Demande la poursuite des suppressions de<br />

toutes les « charges indues » encore assumées par<br />

la Police et la Gendarmerie.<br />

v Réclame une harmonisation des missions<br />

de la Police et de la Gendarmerie nationales en<br />

combinant mutualisation des moyens et complémentarité<br />

des pôles d’excellence.<br />

v Souhaite qu’une plainte soit systématiquement<br />

déposée de la part du Ministère de l’Intérieur, à<br />

chaque fois que les policiers sont outragés, injuriés<br />

ou diffamés dans l’exercice de leurs fonctions.<br />

v Revendique la création d’une filière sécurité<br />

regroupant tous les acteurs concernés : Police,<br />

Gendarmerie, Douane, polices municipales, sécurité<br />

privée.<br />

v Réaffirme que le policier n’a pas vocation à<br />

pallier les défaillances de la chaîne familiale,<br />

éducative et sociale. Sa mission et son rôle, dans<br />

le respect de la loi, sont clairs : prévention, dissuasion<br />

et répression.<br />

v Exige la mise en place d’une véritable politique<br />

du logement, indispensable corollaire de la<br />

mobilité et mesure incitative à la prise de responsabilités.<br />

17


18<br />

MOtiON fiNale<br />

v Exige le rétablissement du régime des anciens<br />

articles L15 et L16 du Code des pensions civiles et<br />

militaires qui, liés au statut spécial, soulignaient<br />

la singularité du métier de policier qui engage<br />

la personne au service de la Nation, et l’oblige<br />

au-delà de sa vie administrative.<br />

v Demande la suppression du plafonnement du<br />

cumul d’une pension de l’État et d’une autre activité<br />

rémunérée par l’État, notamment l’emploi<br />

auprès de la réserve civile.<br />

v Exige la prise en compte de la notion de la<br />

dangerosité dans le cadre de la revalorisation des<br />

pensions.<br />

v Souligne que la dangerosité du métier et la<br />

surexposition du policier aux risques physiques<br />

et psychosociaux exigent une meilleure prise en<br />

compte et un accompagnement social renforcé.<br />

SYNERGIE-OFFICIERS proclame sa foi dans<br />

l’exigence de la loi et de l’ordre, socle du pacte<br />

républicain, et réaffirme sa conviction dans son<br />

légitime combat pour un service public efficient,<br />

restituant la sécurité à nos concitoyens.<br />

SYNERGIE-OFFICIERS exige des adaptations<br />

procédurales immédiates (dématérialisation,<br />

allègements procéduraux) permettant de concilier<br />

un traitement de fond des enquêtes avec les<br />

exigences de la jurisprudence de la CEDH.<br />

SYNERGIE-OFFICIERS demande une réflexion<br />

globale sur un système judiciaire désormais<br />

bancal et hybride afin de faire émerger une<br />

procédure efficiente et moderne, soucieuse d’un<br />

équilibre entre droits de la défense, droits des<br />

victimes et nécessité de l’enquête.<br />

SYNERGIE-OFFICIERS appelle de ses vœux un<br />

système judiciaire enfin basé sur le double socle<br />

de responsabilité et de légitimité, seuls gages de<br />

respect de la part de nos concitoyens au nom<br />

desquels la justice est rendue.<br />

Adoptée<br />

le 18 octobre 2011<br />

à enghien-les-Bains<br />

par le vie congrès<br />

de<br />

sYNerGie-oFFiciers.<br />

direction Montigny-Beauchamp-<br />

Argenteuil.<br />

À 2 km des hôtels.<br />

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Aéroport<br />

Roissy-Charles de Gaulle<br />

à 20 km (45 minutes).<br />

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6e 6 CONGRÈS SYNERGIE-OFFICIERS - 17/19 octobre 2011 / 3<br />

e CONGRÈS SYNERGIE-OFFICIERS<br />

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ParteNaires<br />

• Ce fascicule vous est gracieusement offert par les Éditions Crépin-Leblond et la revue Tactical.<br />

6e 6 CONGRÈS SYNER<br />

e CONGRÈS SYNER<br />

19


20<br />

le Bureau NatiONal<br />

le Bureau NatiONal<br />

Les 110 délégués réunis en<br />

congrès à Enghien-les-Bains,<br />

les 17 18 et 19 octobre 2011<br />

ont élu le Bureau National de<br />

SYNERGIE-OFFICIERS.<br />

le Bureau NatiONal<br />

21


22<br />

MOtiON COrPs uNique MOtiON COrPs uNique<br />

MOtiON COrPs uNique<br />

VERS UN GRAND CORPS<br />

DE CADRES POUR UN<br />

SERVICE PUBLIC DE LA<br />

SÉCURITÉ PLUS EFFICIENT<br />

La fusion des deux corps de catégorie A de<br />

la Police nationale obéit à la nécessaire<br />

prise en compte par l’Administration des<br />

évolutions majeures qu’a connues la sécurité<br />

intérieure et plus largement notre société, ces<br />

dernières années : créer un corps de décideurs<br />

opérationnels. Il ne s’agit pas de juxtaposer deux<br />

corps existants mais bien d’en créer un nouveau.<br />

elle permettra notamment :<br />

v De remettre en cohérence les chaînes de<br />

commandement et de direction de la Police<br />

nationale aux côtés de celles des militaires<br />

de la Gendarmerie nationale, depuis la<br />

coexistence des deux institutions au sein du<br />

même ministère.<br />

v De déverrouiller en urgence le blocage de<br />

l’ascenseur social, constaté par les services<br />

gestionnaires qui annoncent la « glaciation »<br />

de toute mesure de promotion interne sur<br />

ces deux corps en raison d’une conjoncture<br />

défavorable. La prolongation d’activité<br />

bloquant la déflation dans les deux corps, il<br />

est à prévoir l’explosion à court terme de la<br />

population en situation de promouvabilité<br />

sans espoir d’avancement, ni de mobilité<br />

géographique ou fonctionnelle.<br />

Au rythme actuel, avec un recrutement de 70<br />

élèves par an, la cible des 8 000 <strong>Officiers</strong> ne sera<br />

atteinte qu’en 2018 au lieu de 2014 initialement<br />

prévu par le protocole additionnel de 2007.<br />

v De tirer les conséquences de l’identité<br />

sociologique identique des deux<br />

populations de jeunes diplômés recrutés<br />

aujourd’hui par la voie externe à ces deux<br />

concours distincts : mêmes origines sociologiques,<br />

mêmes parcours, mêmes diplômes,<br />

mêmes candidats !<br />

v De mettre fin au gâchis managérial que<br />

représente la négation du savoir-faire et<br />

des compétences des grades «pivots» entre<br />

ces deux corps actuels : des commandants<br />

de police bloqués par un plafond de verre<br />

statutaire et indiciaire, verrouillés sur des<br />

postes sommitaux sans aucune possibilité<br />

d’évolution alors même que des postes<br />

sensibles se retrouvent sans candidat dans<br />

le corps de conception, ou dangereusement<br />

inadaptés à un commissaire sans aucune<br />

expérience. Il faut mettre également un<br />

terme sans délai à la perte progressive de<br />

légitimité du Commissaire de Police recruté<br />

en externe, isolé dans toutes ses premières<br />

années d’exercice<br />

des fonctions tant<br />

de conception que<br />

de direction, sans le<br />

recul apporté par le<br />

fruit de l’expérience,<br />

et en difficulté<br />

croissante à obtenir<br />

l’adhésion de ses<br />

collaborateurs.<br />

v De traduire enfin<br />

dans les faits une<br />

volonté politique<br />

affirmée au plus<br />

haut niveau de l’État<br />

(discours de Lille<br />

du Président de la<br />

République, rapport Le Bris sur la formation<br />

des agents de l’État de décembre 2008,<br />

annonce du 11 mai 2011 de Claude Guéant<br />

de la création d’une école unique de cadres<br />

et mission d’étude sur la modernisation des<br />

filières métiers et l’adaptation de la fonction<br />

hiérarchique dans la Police nationale) : la<br />

nécessaire modernisation de l’État passe par<br />

la promotion sociale au sein de la fonction<br />

publique, en privilégiant le mérite, les acquis<br />

de l’expérience et la compétence sur le<br />

recrutement externe.<br />

v D’intégrer la mutation des membres du<br />

CEA : OPJ, qualification professionnelle,<br />

major à 40 ans, passage à 1 000 RULP avec<br />

un niveau indiciaire équivalent à commandant<br />

2e / 3e échelon qui induit une prise de<br />

responsabilité en adéquation avec le niveau<br />

de rémunération.<br />

v Faire des économies d’échelles. Dans la<br />

continuité des nouvelles fonctionnalités<br />

créées par corps et carrières en 2004, chaque<br />

agent doit occuper des responsabilités<br />

supérieures auparavant dévolues à un autre<br />

corps. Un corps unique et réduit de cadres<br />

de la Police (7 000) s’inscrit dans la dynamique<br />

de maîtrise des dépenses publiques.<br />

23


24<br />

MOtiON COrPs uNique MOtiON COrPs uNique<br />

Pour répondre à ces enjeux multiples, la définition<br />

d’un corps unique de cadres de la Police<br />

nationale demande de décrire des conditions<br />

d’accession et la formation au grade de lieutenant<br />

de Police (I). Puis, il s’agit d’identifier<br />

le parcours de l’Officier de Police jusqu’aux<br />

grades supérieurs et les conditions d’accession<br />

à ces fonctions supérieures (II).<br />

Enfin, il convient de dégager les principales<br />

conditions de mise en œuvre du corps unique (III).<br />

I- Accession et formation au<br />

grade de lieutenant de Police<br />

A. L’accession au grade de lieutenant<br />

Favoriser la diversité des recrutements, c’est assurer<br />

un enrichissement du nouveau corps toujours dans<br />

un souci de cohérence et d’efficience. Ainsi, quatre<br />

types de recrutement devraient être privilégiés :<br />

Ø Un concours externe à bac + 5, niveau Master<br />

2, dont la préparation pourra être développée en<br />

partenariat avec les universités, notamment pour<br />

la validation des acquis de l’expérience.<br />

Ø Un concours interne dont les modalités<br />

devront être redéfinies en s’inspirant du modèle<br />

Gendarmerie ; des anciennetés variables seront<br />

requises selon les filières envisagées avec, le cas<br />

échéant, condition de diplôme.<br />

Ø Une voie d’accès professionnelle<br />

dans les conditions<br />

actuelles mais étendue aux<br />

majors.<br />

Ø Une nomination au<br />

choix valorisant le parcours<br />

professionnel et permettant<br />

une véritable visibilité de<br />

l’évolution de carrière.<br />

Les effectifs des promotions<br />

seront maintenus pour<br />

préserver un équilibre entre<br />

ces différents modes de<br />

recrutement.<br />

B. Formation des élèves <strong>Officiers</strong><br />

En accord avec la décision du ministre de l’Intérieur,<br />

la formation se déroulera au sein d’une école<br />

unique, avec une gouvernance unique. Toutefois,<br />

pour parfaire ce dispositif, deux sites distincts<br />

sont envisageables :<br />

- celui de la formation initiale<br />

- celui de la formation continue (stages,<br />

perfectionnement, RETEX, examen<br />

diplômant, ...)<br />

Ils devront permettre de développer un cursus de<br />

type «trajectoire».<br />

Dans le cadre de la formation initiale, certains paramètres<br />

devront être mis en place :<br />

- l’établissement d’un bilan de compétence<br />

ou/et de connaissance à l’arrivée<br />

- une formation avec un creuset commun<br />

mais distinguant en fonction de l’origine<br />

du recrutement. Il s’agira d’une formation<br />

individualisée aussi bien dans le<br />

contenu que dans la durée<br />

- un premier système de détection des<br />

hauts potentiels (par les diplômes, les<br />

acquis, l’expérience, etc.)<br />

Le choix des postes en sortie d’école doit se<br />

faire en fonction, outre des résultats obtenus<br />

durant la formation initiale, des expériences<br />

professionnelles précédemment acquises et des<br />

compétences de chacun (mise en avant des hauts<br />

potentiels détectés, mais aussi de l’opérationnalité<br />

immédiate des internes) en collaboration avec<br />

les directions d’emploi.<br />

- une recherche de partenariat avec les<br />

écoles et collèges européens pour créer<br />

une véritable dynamique et cohérence<br />

de la filière policière européenne.<br />

La culture de l’excellence attendue du cadre de la<br />

Police nationale est d’abord celle de son propre<br />

niveau d’emploi.<br />

II- Parcours des <strong>Officiers</strong> de<br />

Police :<br />

Le préalable est celui d’une redéfinition des<br />

nomenclatures par niveau pour clarifier la confusion<br />

entre l’actuel niveau 5 d’Officier et A ou B<br />

de Commissaire : les postes, les responsabilités,<br />

doivent être mis en adéquation avec le potentiel,<br />

les acquis, l’expérience et les compétences.<br />

Un balisage du parcours de l’Officier de Police<br />

est envisageable, conduisant à de pistes<br />

possibles :<br />

- Le passage obligé au grade de lieutenant<br />

reste le principe de base (grade<br />

dit d’apprentissage).<br />

Les postes de lieutenant seraient renomenclaturés<br />

et exhaussés d’un ou plusieurs crans, eux-<br />

mêmes remplacés par des majors, des RULP ou<br />

des brigadiers dans les services judiciaires.<br />

- La durée de vie du grade de lieutenant<br />

devra se limiter à quatre ans à l’instar<br />

de la Gendarmerie, ces quatre années<br />

permettront de confirmer ou de détecter<br />

les hauts potentiels et d’envisager<br />

une réelle personnalisation du parcours<br />

à venir. Le passage automatique au<br />

grade de capitaine assure la parité<br />

stricte avec le déroulement du début de<br />

carrière des <strong>Officiers</strong> de Gendarmerie.<br />

Au grade de capitaine :<br />

ou<br />

• déroulement de la carrière d’Officier<br />

vers le passage au grade de commandant<br />

avec perspective potentielle de carrière<br />

jusqu’à inspecteur général ou équivalent<br />

• possibilité d’intégrer un système de<br />

sélection professionnelle permettant<br />

de s’orienter vers le grade de commissaire<br />

ou équivalent avec bref passage<br />

au grade de commandant de police :<br />

examens professionnels, stages professionnels<br />

de types formation continue,<br />

accès à des formations universitaires en<br />

partenariat et passage obligé qualifiant<br />

(«école de guerre»)<br />

Le passage au grade de commandant devra être<br />

maintenu afin de permettre, toujours, une stricte<br />

parité avec les <strong>Officiers</strong> de Gendarmerie, mais<br />

pourra être ramené à 2 ou 3 années dans le cas de<br />

déroulement de carrière accéléré par volontariat<br />

et détection de hauts potentiels.<br />

La discrimination se fera par la motivation,<br />

les compétences, la validation des acquis,<br />

examen, qualification et principe de mobilité<br />

25


26<br />

MOtiON COrPs uNique MOtiON COrPs uNique<br />

géographique ou fonctionnelle.<br />

Il ne s’agit pas ici de<br />

négliger ceux qui feront<br />

le choix de passer<br />

commandant. Le grade<br />

correspondra aux<br />

fonctions occupées.<br />

Ce nouveau parcours<br />

des <strong>Officiers</strong> de Police<br />

devra être guidé par la<br />

recherche d’une réelle<br />

personnalisation des<br />

parcours, impliquant la<br />

mise en place d’une véritable<br />

gestion des ressources humaines en mesure<br />

de proposer des carrières et des alternatives à<br />

chaque cadre en fonction de ses vœux.<br />

En outre, la formation continue des <strong>Officiers</strong><br />

devra devenir qualifiante et permettre à chacun<br />

de se positionner en termes de compétence dans<br />

la sphère de la fonction publique et en particulier<br />

dans le domaine de la sécurité.<br />

L’accession au grade de commissaire et la<br />

formation continue<br />

- Le passage de grade se fera par le biais<br />

d’une voie d’accès professionnelle ou<br />

d’examens professionnels. Objectifs :<br />

juger les acquis professionnels et les<br />

compétences, valider l’expérience, estimer<br />

de la motivation. Il faudra définir la<br />

mobilité et les possibilités d’évolution<br />

dans le corps nouveau des <strong>Officiers</strong>.<br />

- Formation sur le site dédié à la formation<br />

continue et différenciée dans le<br />

temps et dans le contenu en fonction<br />

des parcours professionnels de chacun,<br />

individualisation de la formation.<br />

- Durée de formation limitée dans le<br />

temps et, le cas échéant, titularisation<br />

rapide pour éviter les écarts financiers<br />

décourageants et préjudiciables.<br />

- Formation diplômante et qualification<br />

professionnelle : CHEMI, INHESJ.<br />

- Choix des postes en fonction des profils<br />

et des expériences, compétences<br />

acquises au cours de la vie professionnelle<br />

précédente en collaboration avec<br />

les directions d’emploi.<br />

III- Conditions de mise en<br />

place du corps unique :<br />

La création d’une académie supérieure sur la<br />

base des sites existants sous une entité «école<br />

de cadres de la Police nationale» sous gouvernance<br />

unique doit permettre de commencer des<br />

modules de formation communs aux promotions<br />

déjà recrutées.<br />

La suppression du concours externe de<br />

Commissaires de Police doit être validée<br />

immédiatement. Afin de mettre fin aux chevauchements<br />

de responsabilité, il conviendra de<br />

procéder à la refonte des nomenclatures : constat<br />

d’une confusion des niveaux de responsabilité<br />

entre commandant/<br />

commandant à l’emploi fonctionnel et commissaire<br />

au premier grade (niveaux A et B). La<br />

nomenclature sera revue non pas par grade mais<br />

par niveau de responsabilité (nécessité de lissage<br />

entre dénomination des nomenclatures majors,<br />

RULP/<strong>Officiers</strong>/Commissaires : en niveaux chiffres<br />

ou lettres).<br />

Il sera impératif de procéder à l’exhaussement<br />

des Commissaires déjà en place par une revalorisation<br />

de la nomenclature de leurs postes lors de<br />

mesures transitoires déterminées par échéancier.<br />

À l’équivalent, il faudra déterminer des mesures<br />

transitoires pour les <strong>Officiers</strong> susceptibles d’accéder<br />

à des fonctions supérieures.<br />

En outre, seront développées des mesures attractives<br />

indemnitaires de départ volontaire et une<br />

véritable politique de dégagement des cadres<br />

par la mise en place notamment de passerelles et<br />

d’accompagnement vers une reconversion dans<br />

le secteur privé.<br />

Enfin, le dispositif impliquera la mise en place d’une<br />

Indemnité de responsabilité et de performance<br />

pour les OPN, sur les mêmes proportions et la même<br />

assiette que celle attribuée aux Commissaires de<br />

CONCLUSION<br />

même qu’une adaptation<br />

des statuts.<br />

L’objectif est d’aboutir à<br />

un corps de cadres de 7<br />

000 pour obtenir un ratio<br />

équivalent aux cadres de la<br />

Gendarmerie.<br />

Afin de mener une réflexion<br />

complète sur cette mise<br />

en place du corps unique,<br />

il convient de s’interroger<br />

en termes prospectifs sur<br />

l’impact opérationnel d’une<br />

telle réforme.<br />

Le corps unique est une nécessité incontournable<br />

pour une bonne gestion de la Police nationale,<br />

à associer à une nouvelle nomenclature globale<br />

à 7 000 cadres de catégorie A, ainsi qu’à des<br />

responsabilités et une reconnaissance partagées<br />

en équivalence numéraire, statutaire et fonctionnelle<br />

avec les cadres de la Gendarmerie.<br />

Adoptée<br />

le 18 octobre 2011<br />

à Enghien-les-Bains<br />

par le VIe Congrès de<br />

SYNERGIE-OFFICIERS.<br />

27


28<br />

MOtiON garde à Vue MOtiON garde à Vue<br />

MOtiON garde à Vue<br />

Phase policière<br />

ou début du procès pénal ?<br />

Mesure privative de liberté permettant<br />

à la police de garder un mis en cause<br />

dans ses locaux pendant une durée<br />

limitée, la garde à vue, phase pivot<br />

d’une procédure d’enquête, est au centre des<br />

débats depuis de nombreuses années.<br />

Depuis 1993, ce qui a été présenté comme des «<br />

avancées » pour le respect des libertés individuelles<br />

n’a été, dans les faits, qu’un lent recul, conduisant<br />

la garde à vue à devenir la bête noire de tous, y<br />

compris des enquêteurs, qui sont contraints d’en<br />

faire usage plus que de besoin de par la volonté<br />

même de ceux qui ont tout fait pour qu’on en<br />

arrive là et qui la critiquent aujourd’hui. Recours<br />

d’avocats pour casser des procédures car le mis<br />

en cause avait été retenu dans un local de police<br />

sans être placé en GAV, condamnation par la CNDS<br />

pour les mêmes motifs, instructions<br />

permanentes des parquets en<br />

matière de délinquance routière,<br />

prolongations dites “de confort”<br />

ordonnées par des magistrats le soir<br />

ou la veille de week-end… Les policiers<br />

sont désormais acculés à faire<br />

usage de la GAV même et surtout<br />

lorsqu’ils préféreraient en dispenser<br />

les personnes amenées devant eux.<br />

Car à ce jour, la garde à vue est<br />

ironiquement le seul espace créateur<br />

de droits pour la personne<br />

qui en fait l’objet grâce à ceux qui<br />

ont milité pour leur introduction<br />

(avocat, médecin, avis à famille,<br />

repas, temps de repos, …) et qui l’ont rendue de<br />

facto incontournable !<br />

SYNERGIE-OFFICIERS milite depuis des lustres<br />

pour qu’une réflexion globale soit engagée sur<br />

l’ensemble de notre procédure pénale et pas<br />

seulement sur l’un des outils qui permet – entre<br />

autres – aux enquêteurs de notre pays de figurer<br />

parmi les meilleurs au monde.<br />

Pour des raisons qui tiennent tout autant à un<br />

certain électoralisme qu’à une volonté de céder<br />

au puissant lobby des avocats mais aussi, peutêtre,<br />

à la volonté de se munir d’une justice située<br />

à mi-chemin de notre vieux système inquisitoire<br />

et du système accusatoire anglo-saxon, nos<br />

gouvernements successifs n’ont pas su (ou n’ont<br />

pas voulu) choisir entre ces deux options.<br />

Il en résulte aujourd’hui ce qu’il advient toujours<br />

en de pareils cas, les praticiens du<br />

droit que sont les policiers, et au-delà tous les<br />

enquêteurs, sont littéralement handicapés par<br />

deux philosophies antagonistes qui ne cessent<br />

de se contredire, de se chevaucher, voire même<br />

de se neutraliser.<br />

I – ÉTAT DES LIEUX : LE<br />

DROIT FRANÇAIS ACTUEL<br />

(loi du 15/04/2011 entrée en<br />

vigueur le 01/06/2011) :<br />

Depuis 2010, les juges priorisent le droit européen<br />

par rapport au droit français, contrairement aux<br />

OPJ qui ont continué à appliquer le droit positif<br />

français… d’où :<br />

- décision du Conseil constitutionnel (juillet<br />

2010)<br />

- décisions de la Cour de la cassation<br />

(novembre 2010)<br />

=> loi du 15/04/2011<br />

- les GAV sont informés du droit de se<br />

taire et bénéficient de l’assistance d’un<br />

avocat au cours des auditions<br />

Il s’agit de l’application de l’interprétation de la<br />

Cour de cassation de l’article 6<br />

de la<br />

Convention européenne des<br />

droits de l’homme :<br />

« Sauf exceptions justifiées par<br />

des raisons impérieuses tenant<br />

aux circonstances de l’espèce,<br />

toute personne soupçonnée<br />

d’avoir commis une infraction<br />

doit, dès le début de sa garde à<br />

vue, être informée de son droit<br />

de se taire et bénéficier, sauf<br />

renonciation non équivoque, de<br />

l’assistance d’un avocat. »<br />

Conséquences pour les enquêteurs : un formalisme<br />

de plus en plus lourd en termes de procédure<br />

; une focalisation sur la forme au détriment<br />

du fond ; un risque accentué d’annulation de<br />

procédures ; un moral en berne ; une démotivation<br />

professionnelle.<br />

Conséquences concernant la lutte contre la délinquance<br />

: baisse du nombre de GAV, et du taux<br />

d’élucidation, diminution des démantèlements<br />

des réseaux organisés (stupéfiants ou grand<br />

banditisme), disparition des aveux circonstanciés.<br />

D’un point de vue juridique : entrée de l’accusatoire<br />

et de la notion de procès équitable au<br />

sein de la phase policière, plus particulièrement<br />

dans le temps de la garde à vue, phase de temps<br />

extrêmement courte ; et ce, alors que l’enquêteur<br />

agit à charge et à décharge sous le contrôle d’un<br />

magistrat.<br />

II – LE DROIT À VENIR : LA<br />

LÉGISLATION EUROPÉENNE<br />

La réforme récente découle directement de l’évolution<br />

de la jurisprudence de la CEDH.<br />

Historiquement, les rédacteurs de la CEDH avaient<br />

29


30<br />

MOtiON garde à Vue MOtiON garde à Vue<br />

voulu distinguer le droit à la liberté et à la sûreté<br />

(art. 5), applicable au GAV, et le droit au procès<br />

équitable, relatif à la phase juridictionnelle (art. 6).<br />

Mais, dès le 24 novembre 1993 (arrêt Imbriosca c/<br />

Suisse), la CEDH n’a cessé de considérer que l’art<br />

6-3 (droit de disposer du temps et des facilités<br />

nécessaires à la préparation de sa défense et droit<br />

de se défendre lui-même ou d’avoir l’assistance<br />

d’un défenseur) pouvait jouer un rôle avant la<br />

saisine du juge au fond si son inobservation<br />

initiale risquait de compromettre gravement le<br />

caractère équitable du procès.<br />

Progressivement, d’autres droits définis dans<br />

le cadre d’un procès équitable ont été étendus<br />

aux GAV :<br />

- la présomption d’innocence<br />

- l’assistance d’un interprète aux interrogatoires<br />

- arrêt KAMASINSKI c/ Autriche<br />

19.12.1989<br />

- le droit de ne pas s’auto-incriminer (dont<br />

fait partie le droit au silence) - arrêt<br />

BRUSCO c/ France du 14.01.2011<br />

- et surtout le droit à l’assistance au cours<br />

de la GAV - arrêt JOHN MURRAY c/<br />

Royaume-Uni du 08.01.1996, conforté<br />

par l’arrêt SALDUZ c/ Turquie du<br />

27.12.2008<br />

S’il était possible, en l’état de la jurisprudence<br />

européenne actuelle, de<br />

se demander si cette notion d’assistance<br />

avait la même portée en phase<br />

d’enquête que pour la phase juridictionnelle<br />

(arrêt SALDUZ qui ne définit<br />

pas la notion d’assistance ; arrêt<br />

DANAYAN c/ Turquie du 13.12.2009<br />

où l’équité de la procédure requiert<br />

que l’accusé puisse obtenir toute<br />

la vaste gamme d’interventions<br />

qui sont propres au conseil et, à cet<br />

égard, la discussion de l’affaire, l’organisation<br />

de la défense, la recherche<br />

des preuves favorables à l’accusé,<br />

la préparation des interrogatoires,<br />

le soutien de l’accusé en détresse et<br />

le contrôle des conditions de la détention sont<br />

des éléments fondamentaux de la défense que<br />

l’avocat doit librement exercer), de nombreux<br />

avocats se basent sur ces attendus pour estimer<br />

que l’effectivité de leur assistance passe par<br />

l’accès à l’ensemble du dossier dès leur première<br />

intervention en GAV.<br />

Il existe un PROJET DE DIRECTIVE<br />

EUROPÉENNE SUR L’ACCÈS À UN AVOCAT QUI<br />

VA BIEN AU-DELÀ DE CES JURISPRUDENCES<br />

Cette directive, qui doit être votée avant 2013,<br />

conformément au programme de<br />

Stockholm ratifié en 2009, fait suite à deux<br />

directives :<br />

- l’une, relative à la traduction et à<br />

l’interprétation dans le cadre des<br />

procédures pénales, déjà adoptée,<br />

- l’autre, relative au droit à l’information<br />

dans le cadre des procédures<br />

pénales, actuellement présentée au<br />

vote du Parlement européen et qui<br />

définit, dans son article 7, le principe<br />

d’un droit d’accès au dossier<br />

pour la personne mise en cause ou<br />

son conseil.<br />

La prochaine directive écarte volontairement<br />

la question de l’aide juridictionnelle, qui sera<br />

traitée dans le cadre d’une directive distincte,<br />

dans le seul but de faire passer de nouveaux<br />

grands principes de droits applicables à tous<br />

les pays de l’Union européenne :<br />

- l’assistance à avocat pour tous les<br />

actes où il y a une recherche des<br />

preuves,<br />

- la participation active de l’avocat aux<br />

auditions,<br />

- le contrôle par l’avocat des conditions<br />

de détention,<br />

- la modification du principe de dérogation<br />

justifié uniquement par des<br />

motifs impérieux d’atteinte à la vie,<br />

ou à l’intégrité physique d’une ou<br />

plusieurs personnes, et la fin des<br />

régimes dérogatoires liés à la nature<br />

des infractions,<br />

- l’application de ces droits, même<br />

pour un témoin suspecté,<br />

- l’autorisation de facto du nombre<br />

d’entretiens nécessaires, à leur<br />

demande, entre l’avocat et la<br />

personne mise en cause,<br />

- le droit de communiquer avec un<br />

tiers, après arrestation.<br />

Concrètement, si cette directive n’est pas encore<br />

votée, vu l’état d’avancée des discussions, il est<br />

peu probable que le texte soit beaucoup modifié.<br />

Le jour où cette directive sera votée (dans le<br />

courant de l’année 2012), les États auront un délai<br />

déterminé, mais sans doute assez court, pour<br />

adapter leur législation, aux règles adoptées.<br />

Cela implique qu’à la suite de la 2e directive,<br />

l’avocat aura accès au dossier ; qu’à la suite de<br />

la 3e, il participera en plus à tous les actes de<br />

recherche de preuves.<br />

Policiers républicains par essence, nous appliquons<br />

les nouvelles mesures législatives et<br />

sommes déjà confrontés à la difficulté de nous<br />

concentrer plus sur la forme que sur le fond, au<br />

détriment de l’intérêt des enquêtes ; nous appliquerons<br />

les lois telles qu’elles seront votées, mais<br />

nous devons nous interroger aujourd’hui sur la<br />

viabilité de notre procédure pénale dans la phase<br />

policière face aux dispositions envisagées par les<br />

institutions européennes.<br />

L’avocat est présent dans la phase d’instruction<br />

depuis la loi de 1887. La GAV est une pratique<br />

née du refus des juges de l’époque de subir cette<br />

présence, ils ont par conséquent délégué certains<br />

actes à la Police. Par ironie de l’Histoire, la phase<br />

initiale du procès pénal commence désormais<br />

dans le bureau de l’OPJ.<br />

III - COMMENT FAIRE<br />

POUR QUE L’ENQUÊTE<br />

RESTE EFFICIENTE AVEC<br />

CES ORIENTATIONS DE<br />

PROCÉDURE PÉNALE ?<br />

Plusieurs pistes de réflexion si l’on écarte une<br />

augmentation du nombre de policiers (ou d’assistants<br />

judiciaires), peu probable en raison des<br />

restrictions budgétaires :<br />

I - UN RALLONGEMENT DES DURÉES<br />

DE GARDE À VUE<br />

Compte tenu des nouvelles et futures/probables<br />

dispositions relatives aux droits de la défense, la<br />

durée de deux jours en matière de droit commun<br />

peut paraître insuffisante.<br />

L’allongement de la durée de la garde à vue<br />

permettrait ainsi d’éviter certains litiges, de<br />

présenter des dossiers plus étoffés et plus<br />

accomplis, plus facilement exploitables pour les<br />

magistrats. Une enquête bien réalisée, sans précipitation,<br />

serait alors un gage de protection des<br />

droits de la défense et des intérêts de la victime.<br />

Cette phase d’enquête initiale pourrait alors<br />

retrouver un équilibre en prenant acte de sa<br />

31


32<br />

MOtiON garde à Vue MOtiON garde à Vue<br />

judiciarisation, conciliant les droits de la défense,<br />

le caractère contradictoire engendré, et la<br />

recherche de la vérité. Cette évolution ne doit pas<br />

en revanche transformer les enquêteurs en greffiers.<br />

Au contraire, le policier doit être affranchi de<br />

contraintes procédurales stériles.<br />

II – UNE SIMPLIFICATION ET DONC<br />

UNE DÉMATÉRIALISATION DES ACTES<br />

D’ENQUÊTE DE LA PROCÉDURE<br />

PÉNALE – RAPIDEMENT APPLICABLE<br />

et INCONTOURNABLE<br />

- Le principal problème rencontré par<br />

les policiers et accentué par les réformes<br />

successives est la lourdeur procédurale<br />

qui ne cesse de s’amplifier.<br />

- SYNERGIE-OFFICIERS demande<br />

instamment une dématérialisation<br />

complète de la procédure pénale avec :<br />

v l’usage des rapports de synthèse<br />

(ensemble d’investigations par<br />

thèmes)<br />

v la rédaction d’un résumé des<br />

auditions dont la transcription doit<br />

être supprimée et qui doivent être<br />

intégralement filmées, y compris en<br />

présence du conseil<br />

v la fin du principe : « un acte = un<br />

PV »<br />

v l’usagesystématique de la visioconférence<br />

pour supprimer toute<br />

présentation physique aux magistrats<br />

au cours d’une garde à vue<br />

- Le but est de rééquilibrer les forces<br />

en présence – non tenu par des actes<br />

procéduraux écrits, l’enquêteur pourra se<br />

focaliser davantage sur le fond.<br />

III – EN CAS DE VOTE DES<br />

DIRECTIVES EUROPÉENNES<br />

ÉVOQUÉES – RÉFORME<br />

COMPLÈTE DE LA<br />

PROCÉDURE PÉNALE<br />

En l’état des débats sur la garde<br />

à vue, SYNERGIE-OFFICIERS<br />

affirme qu’il est indispensable<br />

de réformer l’intégralité du<br />

Code de procédure pénale, en y<br />

intégrant notamment et impérativement<br />

la dématérialisation<br />

précédemment évoquée.<br />

SYNERGIE-OFFICIERS édicte plusieurs postulats<br />

corollaires à toute réforme :<br />

- définir et développer les droits des<br />

victimes afin de leur garantir un statut,<br />

pour trouver un équilibre avec les droits<br />

de la défense<br />

- redéfinir les fonctions et garantir les droits<br />

des représentants des forces de l’ordre<br />

dans leur activité judiciaire, afin que la légitimité<br />

de leur action cesse d’être remise en<br />

cause. Exemple : redéfinition de la valeur<br />

probante des actes de procédures qui<br />

doivent être considérés comme « faisant<br />

foi jusqu’à inscription<br />

de faux » et non<br />

comme aujourd’hui,<br />

« de simples renseignements<br />

»<br />

- créer une véritable<br />

chaîne judiciaire en<br />

redéfinissant les rôles<br />

des acteurs pour une<br />

justice plus efficiente<br />

- impliquer les enquêteurs<br />

dans le projet de réforme de la procédure<br />

pénale car, même s’ils sont contrôlés<br />

en permanence par des magistrats, les<br />

policiers sont les seuls à même d’exprimer<br />

la nature et les contraintes de leur activité<br />

- redéfinir les droits et obligations des<br />

avocats : déontologie, responsabilité<br />

pénale (interdiction de mentir, de<br />

répondre à la place du client ou de lui<br />

suggérer des réponses, d’utiliser un<br />

téléphone, un pc ou une tablette durant<br />

les auditions, …). Transparence sur les<br />

rémunérations (nature et montant)<br />

- utiliser et mettre à disposition des<br />

enquêteurs tous les systèmes technologiques<br />

et modernes qui leur permettent<br />

de gagner du temps : enregistrement<br />

vidéo, visioconférence, courriels avec<br />

signature électronique, suppression de<br />

la cire sur les scellés, …<br />

SYNERGIE-OFFICIERS s’interroge sur les orientations<br />

à prendre :<br />

- poursuivre dans le sens des textes<br />

européens et appliquer l’habeas corpus<br />

visé à l’article 5 de la CESDH : droit d’être<br />

présenté à un magistrat immédiatement<br />

après l’arrestation sans être préalablement<br />

entendu, si raisons plausibles de<br />

soupçonner qu’il a commis ou tenté de<br />

commettre une infraction ?<br />

- adapter le droit anglo-saxon, de type<br />

accusatoire, aux valeurs et grands<br />

idéaux français, avec un renforcement<br />

des droits et moyens des policiers dans<br />

la phase d’enquête ?<br />

- développer la technique du plaider<br />

coupable, y compris en phase d’enquête<br />

?<br />

Dans tous les cas, il faut envisager une réforme<br />

de grande ampleur qui permette de concilier les<br />

intérêts individuels des personnes mises en cause<br />

dans le cadre d’enquêtes judiciaires et ceux de la<br />

société dans sa volonté d’assurer la sécurité des<br />

citoyens qui la composent.<br />

Adoptée<br />

le 18 octobre 2011<br />

à enghien-les Bains<br />

par le vie congrès de<br />

sYNerGie-oFFiciers.<br />

33


34<br />

MOtiON territOires MOtiON territOires<br />

MOtiON territOires<br />

MISSIONS, TERRITOIRES<br />

COMMENT RÉCONCILIER<br />

AUTORITÉ ET PROXIMITÉ<br />

Les politiques publiques de sécurité se<br />

sont succédé depuis vingt ans sans cohérence<br />

pérenne et souvent autour d’un<br />

dénominateur commun qui consistait à<br />

abjurer l’intégralité des mesures mises en<br />

place par les majorités précédentes. Il est désormais<br />

temps de faire place au réalisme, sans tabou<br />

et en s’affranchissant des dogmes pour privilégier<br />

le réalisme et l’efficience.<br />

1) proximité / autorité, une<br />

dualité à la source des conflits<br />

théologiques entre concepts et<br />

réalités.<br />

Imaginée dès 1995 par Jean-Louis Debré et mise<br />

en place en 1999 par Jean-Pierre Chevènement,<br />

la «police de proximité» devait révolutionner la<br />

sécurité : une police plus proche, plus réactive et<br />

davantage ouverte au dialogue. Daniel Vaillant, le<br />

ministre de l’Intérieur, déclarait à ce propos: « La<br />

police de proximité n’est pas un slogan. C’est une<br />

réalité qui se traduit par une efficacité accrue des<br />

services et davantage de présence policière dans<br />

les quartiers. »<br />

Propos qui en réalité paraissent très optimistes<br />

par rapport au constat d’échec en partie dû au<br />

caractère dogmatique et uniforme de la police de<br />

proximité qui n’a pas su tenir compte de la spécificité<br />

des territoires, en favorisant notamment une<br />

atomisation des implantations immobilières et<br />

une dispersion des effectifs avec ponction dans les<br />

autres services (d’intervention et d’investigation).<br />

Les effets de cette politique se sont rapidement<br />

fait sentir : brouillage du message d’origine<br />

et absence de lisibilité tant en<br />

termes de crédibilité, de dilution<br />

des fonctions ou de mélange des<br />

genres avec pour effet pervers<br />

le renoncement aux doctrines<br />

d’emploi claires sur l’autel d’une<br />

paix sociale factice.<br />

Alors que d’une part, les attentes<br />

de la population demeurèrent<br />

toujours plus fortes et que d’autre<br />

part, le taux d’élucidation chutait<br />

dangereusement, aux alentours de<br />

17 %, l’année 2002 a vu marquer le<br />

coup d’arrêt au déploiement de la police de proximité<br />

avec la nécessité d’un retour vers l’autorité.<br />

Toutefois, force est de constater qu’en dépit<br />

d’une présence accrue de policiers sur le terrain,<br />

la reconquête des territoires s’est effectuée<br />

non sans heurts, laissant ainsi se développer<br />

une économie souterraine déjà profondément<br />

enracinée. Le sentiment d’appropriation de<br />

ces territoires par des bandes où prospérèrent<br />

trafics en tous genres a généré sans nul doute un<br />

refoulement de l’État républicain, devenu ombre<br />

de lui-même dans certains quartiers, malgré la<br />

création des GIR.<br />

Face à ce péril social, la reprise des territoires ne<br />

pouvait s’imposer que par un déploiement conséquent<br />

d’effectifs, épreuve de force préalable<br />

mais indispensable pour asseoir une présence<br />

pérenne. Cette philosophie de la maîtrise du territoire<br />

impliqua ensuite une montée en puissance<br />

progressive de ce dispositif permettant, par une<br />

réponse adaptée, d’imposer l’ordre républicain<br />

comme seul modèle de cohésion sociale.<br />

Parallèlement, l’accent était mis sur les résultats<br />

obtenus par les enquêteurs des services d’investigation<br />

ou de police technique et scientifique<br />

avec comme effet immédiat une remontée du<br />

taux d’élucidation pour tutoyer les 40 % en 2011<br />

(avec toutes les précautions qui peuvent entourer<br />

l’élaboration officielle de ce type de statistique et<br />

la chute de ce taux depuis la réforme de la GAV).<br />

Puis vint le temps de la Révision générale des<br />

politiques publiques avec ses moyens réduits,<br />

de l’exigence accrue du chiffre, avec pour<br />

conséquence une véritable distorsion entre les<br />

résultats obtenus par la police et le sentiment<br />

des usagers, désabusés face à l’absence de<br />

réponse judiciaire d’une chaîne pénale timorée<br />

où la seule présentation à la justice de l’auteur<br />

présumé d’infractions suscite de nombreuses<br />

interrogations au sein de la population.<br />

Le concept brumeux du « taux de réponse<br />

pénale » qui recouvre à la fois tout et rien<br />

(convocations, admonestations, loi pénitentiaire<br />

de 2009 qui exonère d’emprisonnement toute<br />

personne condamnée jusqu’à 2 ans ferme…)<br />

laisse aisément deviner que pour certains magistrats,<br />

la notion de coproduction sécurité peut se<br />

révéler abstraite.<br />

Les dernières mutations de la délinquance avec<br />

l’apparition des bandes organisées, des violences<br />

ciblées ou des méthodes mafieuses comme<br />

l’enlèvement, l’extorsion ou la location de territoires,<br />

sont à l’origine de nouvelles attentes d’une<br />

population ulcérée par la banalisation de ces faits<br />

délictueux et sur-médiatisés.<br />

Revient toujours alors ce même sentiment<br />

d’insécurité qui ne baisse pas malgré les indéniables<br />

progrès réalisés sur le fond, l’efficacité<br />

au détriment de la visibilité.<br />

35


36<br />

MOtiON territOires MOtiON territOires<br />

Même si un véritable tissage du lien social se met<br />

progressivement en place, il convient, toutes<br />

raisons gardées, de ne pas tomber dans l’angélisme<br />

car les dysfonctionnements de la chaîne<br />

pénale développent un sentiment d’impunité qui<br />

accentue le sentiment d’insécurité.<br />

L’émergence d’autres acteurs de la sécurité,<br />

dont notamment les embryons d’organisations<br />

privées, les polices municipales ou également<br />

les balbutiements d’une coordination Police /<br />

Gendarmerie, renforce cet impératif d’adaptation<br />

avec une nuance de taille : si SYNERGIE-<br />

OFFICIERS tient au principe de complémentarité,<br />

il en refuse absolument la substitution.<br />

Une autre piste, celle du renforcement des<br />

partenariats avec incitations, assortie d’une<br />

responsabilisation accrue et solidaire des acteurs<br />

de la chaîne pénale, apporterait une continuité<br />

dans l’action des acteurs sécurité engagés dans<br />

la lutte contre la criminalité. Dans ce cas, afin de<br />

lever les tabous et les réticences, l’adhésion de la<br />

population passerait par l’évaluation de résultats<br />

et d’objectifs en concertation avec les autorités<br />

locales légitimes, en dehors de certaines associations<br />

dispendieuses.<br />

Il convient néanmoins de noter que cette<br />

démarche n’a de sens que si les zones d’exercice<br />

demeurent pacifiées, le respect passant avant<br />

tout par la certitude de la sanction. Crédibilité =<br />

respect = confiance = tissage du lien social.<br />

Tout cela nous renvoie à la théorie bien connue<br />

du carreau cassé : l’absence de réponse, la carence<br />

de la sanction et de la réparation immédiate<br />

envoient le signal d’une défaillance du contrôle<br />

social, véritable appel d’air générant une dégradation<br />

accélérée.<br />

Les réformes successives, Unités territoriales<br />

de quartier, Brigades spécialisées de terrain,<br />

Compagnies de sécurisation, puis fusion de ces<br />

entités avec les CDI, en sont l’exemple criant.<br />

Conçues dans la précipitation, elles ont favorisé,<br />

outre une atomisation et une dispersion des<br />

effectifs, une multiplicité de services pas toujours<br />

cohérents et coordonnés (superposition, objectifs<br />

contradictoires, horaires…).<br />

Un retour à une police présente auprès de la<br />

population mais non affranchie de répression<br />

est seul gage d’un succès où le rôle du renseignement<br />

opérationnel en lien avec la population<br />

reste primordial.<br />

2 ) quel territoire est désormais<br />

pertinent et<br />

dimensionnant<br />

pour l’exercice<br />

de l’action<br />

publique ?<br />

L’organisation territoriale<br />

actuelle, bien<br />

que partiellement<br />

satisfaisante, a<br />

connu différentes<br />

étapes dans les<br />

redéploiements territoriaux<br />

entre Police<br />

et Gendarmerie.<br />

Aujourd’hui, il faut<br />

aller plus loin dans la démarche, ce qui suppose<br />

une extension des polices d’agglomération,<br />

celles-ci constituant en effet le territoire dimensionnant<br />

pour la Police. Bien évidemment,<br />

ce mouvement devra s‘accompagner d’une<br />

compensation pour que les <strong>Officiers</strong> de Police ne<br />

soient pas perdants à l’issue de ces opérations.<br />

Les doublonnages dans certains cas<br />

avec la Gendarmerie et les pôles<br />

d’excellence respectifs insuffisamment<br />

mis en exergue sont dans<br />

une logique pourtant attendue de<br />

complémentarité. Les communautés<br />

de brigade de Gendarmerie avec<br />

des patrouilles dispersées sur un<br />

vaste territoire ne fonctionnent pas<br />

toujours de manière satisfaisante<br />

et le plus souvent avec des délais<br />

d’intervention inopérants. En parallèle,<br />

les tentatives d’immixtion de la<br />

Gendarmerie dans des domaines où<br />

elle était jusqu’alors peu existante,<br />

notamment le renseignement<br />

fermé, la police judicaire spécialisée<br />

ou la coopération internationale contribuent à<br />

la dispersion et au gâchis des ressources.<br />

Pour ce qui concerne les unités de force mobile<br />

CRS et EGM, un redimensionnement global<br />

s’avère nécessaire et les doctrines d’emploi<br />

doivent être réétudiées. La fidélisation, telle<br />

qu’elle est conçue actuellement, mérite d’être<br />

repensée et des mesures d’accompagnement<br />

susceptibles de susciter l’adhésion missionnelle<br />

des personnels doivent être réfléchies et initiées<br />

au plus haut niveau.<br />

Pour les services d’investigation, les protocoles<br />

sont à revoir, notamment pour les faits de délinquance<br />

commis dans les cités dont les infractions<br />

relevées se trouvent à la croisée des chemins<br />

entre compétences d’une police judiciaire accaparée<br />

par des affaires particulières et les capacités<br />

opérationnelles des sûretés départementales qui<br />

peinent à déployer des moyens suffisants. Il en<br />

va de même concernant les SR de Gendarmerie<br />

qui prétendent trop souvent à empiéter sur la<br />

compétence de la Police nationale.<br />

SYNERGIE OFFICIERS, force d’innovation et<br />

de proposition, encourage les perspectives<br />

visant à la rationalisation des moyens humains<br />

et matériels. Une solution, certes iconoclaste,<br />

mais innovante et efficiente, consisterait<br />

en la création de salles de commandement<br />

départementales de sécurité publique Police /<br />

Gendarmerie, sous commandement commun,<br />

avec géo-localisation des équipages et des<br />

véhicules, voire d’équipes et de pôles de<br />

commandement mixtes.<br />

Tout ceci suppose naturellement et en préalable<br />

une reconnaissance de la parité grade à grade<br />

entre Police et Gendarmerie, étape qui est en<br />

passe d’être reconnue grâce à l’étude sur la fusion<br />

Officier de Police / Commissaire de Police réalisée<br />

par la mission IGA / IGPN (audition SO du 22<br />

septembre 2011).<br />

3) redéfinition des métiers :<br />

dilution ou valorisation des<br />

missions ?<br />

Le constat est sans appel, une réelle mutualisation<br />

des moyens doit s’imposer à la Police et à<br />

la Gendarmerie, moyens d’autant plus précieux<br />

parce que dorénavant comptés. Or, à l’inverse,<br />

nous constatons, et à regret, que depuis deux ans<br />

d’atermoiements et de dévoiements consistant<br />

37


38<br />

MOtiON territOires MOtiON territOires<br />

à gagner du temps, se<br />

créent des nouveaux<br />

services sur la base de<br />

ceux qui existaient déjà.<br />

Alors, à l’heure où la<br />

mutualisation est déjà de<br />

mise pour les achats ou<br />

les passages de marchés<br />

publics notamment, il<br />

est aisé d’affirmer que<br />

cette complémentarité<br />

peut exister dans les faits<br />

par une mise en valeur<br />

des pôles d’excellence<br />

des deux maisons à une<br />

condition près : ne céder<br />

en aucun cas au doublonnage<br />

stérile dont l’attrait<br />

chez certains peut être<br />

une tentation de tous<br />

les instants. À l’évidence,<br />

la Gendarmerie investit<br />

actuellement dans des<br />

domaines plus ou moins éloignés de son champ<br />

traditionnel de compétence (cf supra).<br />

De même, la complémentarité avec la Police<br />

municipale, réelle police “de proximité”, doit<br />

être recherchée et développée partout sans<br />

pour autant devenir substitution. Les tâches<br />

indues doivent quant à elles, continuer à être<br />

externalisées par le biais notamment des polices<br />

municipales et des sociétés privées et toujours<br />

dans cette même logique de complémentarité.<br />

Il convient de pousser plus avant la critérisation<br />

des domaines régalien, para-régalien et ceux<br />

pouvant faire l’objet d’une délégation externalisée<br />

sous contrôle.<br />

Alors, appuyés et guidés par un message clair<br />

des autorités et une justice crainte et respectée,<br />

nous pourrons ainsi allier proximité et autorité,<br />

synthèse œcuménique du défi sécuritaire au<br />

service de nos concitoyens.<br />

Avec des moyens financiers réduits, des implantations<br />

nouvelles limitées, une population en<br />

demande et en pleine extension (+ 3,2 millions<br />

d’habitants en 10 ans), et des acteurs locaux (élus,<br />

bailleurs, associations, administrations, CLSPD,<br />

EMPJ, …) directement impliqués, la proximité<br />

peut alors recouvrir sa nature d’origine, celle de la<br />

logique du rassemblement contre la dispersion.<br />

Cette dispersion, identique pour les hommes qui<br />

servent l’institution, est tout aussi néfaste. Quelle<br />

est l’utilité de créer de nouvelles unités dans<br />

chaque service supposant une multiplication des<br />

hiérarchies, des horaires rigides freins à la flexibilité,<br />

ou des conditions de travail trop diverses<br />

avec les suspicions qui s’y rattachent.<br />

Recentrons notre projet vers une organisation<br />

novatrice et structurelle prônant la rationalisation<br />

des services pour une occupation réelle du<br />

terrain. N’inventons pas pour faire moins bien,<br />

mais au contraire, faisons mieux en inventant<br />

efficacement. Pourquoi ne pas associer à un<br />

service général étoffé, garant d’une présence<br />

massive et permanente sur la voie publique, les<br />

quelques services spécialisés comme les brigades<br />

anti-criminalité, les compagnies d’intervention<br />

ou également les forces mobiles reconcentrées<br />

ainsi sur leur cœur de métier.<br />

Nous demeurons convaincus que proximité<br />

et autorité sont compatibles et plus encore se<br />

complètent. Dans cette organisation audacieuse<br />

recentrée sur l’essentiel, le cœur de métier, les<br />

<strong>Officiers</strong> de Police, dans le cadre du corps unique,<br />

assureront le commandement, la direction et<br />

la conception dans des services redéployés et<br />

réorganisés au bénéfice de la sécurité de nos<br />

concitoyens.<br />

Cependant, pour que cela fonctionne, les règles<br />

doivent être fermement annoncées car aucune<br />

défaillance ou faiblesse n’est possible face à une<br />

société aux tensions centrifuges. La sécurité est<br />

notre mission, l’autorité une nécessité, la proximité<br />

un moyen.<br />

L’obsolescence des découpages de circonscriptions<br />

implique nécessairement un redéploiement<br />

Police / Gendarmerie et invite par conséquent à<br />

une réflexion sur la cohérence des territoires et<br />

des infrastructures.<br />

4/ quelle place donner alors<br />

à la police d’agglomération,<br />

territoire dimensionnant pour<br />

l’exercice de l’action publique<br />

de la sécurité et comment<br />

favoriser son développement ?<br />

Le premier axe consiste à isoler les métiers et valoriser<br />

les filières (investigation, renseignement,<br />

maintien de l’ordre, anti-délinquance, proximité,<br />

visibilité et intervention) permettant ainsi une<br />

cohérence dans la recherche de coproduction de<br />

sécurité, véritable chemin initiatique de l’Officier<br />

de Police réintégré dans son cœur de métier.<br />

Le deuxième axe consiste à mettre un frein à la<br />

RGPP, c’est-à-dire substituer à la religion du chiffre<br />

une véritable culture du résultat.<br />

Et le dernier axe, et non des moindres, implique<br />

la nécessité de mener une réflexion globale sur<br />

la réponse pénale, son évaluation et sa pertinence<br />

à l’aune des attentes, toujours plus fortes,<br />

de la population.<br />

Car si les forces de police, soumises à la traçabilité,<br />

communiquent sur leur activité et leurs résultats, il<br />

n’en demeure pas moins vrai que, pour être comprise<br />

de tous, la réponse pénale doit être davantage ciblée<br />

vers les multiréitérants par le biais notamment de la<br />

peine de neutralisation, 50 % de la délinquance étant<br />

produite par 5 % de délinquants nuisibles.<br />

SYNERGIE-OFFICIERS défendra sans concession<br />

une politique sécuritaire ambitieuse et<br />

audacieuse, recentrée sur le cœur de métier des<br />

acteurs engagés dans la sécurité, en prônant<br />

notamment une crédibilité en matière d’autorité<br />

par le biais d’une proximité originelle au service<br />

du bien commun.<br />

Adoptée<br />

le 18 octobre 2011<br />

à enghien-les-Bains<br />

par le vie congrès de<br />

sYNerGie-oFFiciers.<br />

39


«Les <strong>Officiers</strong> de Police s’informent et se retrouvent<br />

sur http://www.synergie-officiers.com »

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