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Lieutenant-colonel Henry de CORTA par le Commandant

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aison <strong>de</strong> ses prises <strong>de</strong> position politiques. Royaliste, lié très tôt à l’Action Française fondée <strong>par</strong> <strong>le</strong><br />

philosophe Char<strong>le</strong>s Maurras, tenant d’un nationalisme pure et dure, avec qui il correspondit<br />

régulièrement, il ne pouvait être en o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sainteté auprès <strong>de</strong>s politiciens et fonctionnaires<br />

républicains à qui il ne cachait pas son aversion pour un régime qu’il méprisait. De caractère entier,<br />

ses opinions étaient éga<strong>le</strong>ment fermes et peu nuancées. Il mettait au premier plan, l’amour absolu<br />

pour <strong>le</strong>s hommes dont il avait la charge et <strong>le</strong>s <strong>de</strong>voirs qu’il avait envers eux .<br />

Tous <strong>le</strong>s témoignages <strong>le</strong> concernant, que j’ai récolté soit dans <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres <strong>de</strong> ses anciens<br />

légionnaires soit <strong>par</strong> <strong>de</strong>s conversations que j’ai eu avec <strong>de</strong>s officiers ayant combattu sous ses<br />

ordres, sont concordants ; il était admiré et respecté <strong>par</strong> ses subordonnés qui acceptaient tout <strong>de</strong><br />

lui.<br />

Il fut muté du 15 avril au 10 décembre 1913 au cent soixante sixième régiment d’infanterie,<br />

puis renvoyé dans son régiment <strong>de</strong> prédi<strong>le</strong>ction, <strong>le</strong> <strong>de</strong>uxième régiment étranger jusqu’au 4 juil<strong>le</strong>t<br />

1915.<br />

La guerre contre l’Al<strong>le</strong>magne avait commencé et <strong>le</strong>s nombreux al<strong>le</strong>mands qui faisaient<br />

<strong>par</strong>tie <strong>de</strong> son bataillon commençaient à se poser <strong>de</strong>s questions sur l’opportunité <strong>de</strong> rester dans une<br />

armée qui se battait contre <strong>le</strong>ur propre pays.<br />

Au moment <strong>de</strong> la batail<strong>le</strong> <strong>de</strong> la Marne alors qu’<strong>Henry</strong> campait avec ses hommes au sud du<br />

grand Atlas, hors <strong>de</strong> portée <strong>de</strong> tout secours et laissé seul avec une unité composée presque<br />

exclusivement d’al<strong>le</strong>mands, à l’exception <strong>de</strong> trois officiers et <strong>de</strong> sept sous-officiers français, il apprit<br />

un matin, à cinq heures, qu’un coup était pré<strong>par</strong>é pour huit heures : <strong>le</strong>s dix officiers et gradés<br />

français <strong>de</strong>vaient être massacrés et l’unité entière passer à l’ennemi. Il se procura <strong>le</strong> nom <strong>de</strong>s<br />

quinze meneurs, tous légionnaires.<br />

Certes, il eut pu <strong>le</strong>s faire fusil<strong>le</strong>r instantanément, mais sacrifier <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> cette<br />

trempe, si braves au feu, et si jeunes? Brusquement Corta prit son <strong>par</strong>ti, fit venir <strong>le</strong> sergent qui avait<br />

organisé <strong>le</strong> coup et, sans avertir personne :<br />

J’ai une petite reconnaissance à faire avec quelques hommes résolus - lui dit-il, désignant<br />

<strong>le</strong>s quinze complices. - Nous <strong>par</strong>tirons dans cinq minutes, service <strong>de</strong> guerre. -<br />

Le sergent ne broncha pas. Corta, un revolver sous sa gandoura, emmena la troupe.<br />

Ils marchèrent trois heures vers <strong>le</strong> Sud, <strong>le</strong>s hommes visib<strong>le</strong>ment inquiets, car, dans cette<br />

région insoumise, <strong>le</strong>s mauvaises rencontres étaient fort possib<strong>le</strong>.<br />

Enfin l’on s’arrête, Corta met pied à terre, tend son revolver au sergent puis, faisant face<br />

aux hommes:-C’est à huit heures, n’est-ce pas, que vous <strong>de</strong>viez me faire la peau ? Eh bien, il est<br />

huit heures. Al<strong>le</strong>z-y !<br />

Les hommes ne bronchent pas.-Je vous préviens, continue-il, que si vous me ratez je ne<br />

vous raterai pas, moi, au retour-.Il y eut un si<strong>le</strong>nce. Alors il reprit.- Dans ce cas, je change d’avis,<br />

nous allons rég<strong>le</strong>r cette affaire entre nous, d’homme à homme. Sergent-.<br />

Le sergent s’avance à l’ordre et reçoit un vigoureux coup <strong>de</strong> poing dans la mâchoire qui<br />

l’envoie rou<strong>le</strong>r à quelques mètres. Chacun <strong>de</strong>s hommes subit <strong>le</strong> même traitement, après quoi l’on

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