01.07.2013 Views

Les pauvres qui construisent la ville : rseaux et stratgies dans ... - VRM

Les pauvres qui construisent la ville : rseaux et stratgies dans ... - VRM

Les pauvres qui construisent la ville : rseaux et stratgies dans ... - VRM

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

propices aux rassemblements (Ascension, Noël, baptême, première communion, <strong>et</strong>c.), les<br />

cérémonies religieuses régulières, les gestes politiques revendicatifs <strong>et</strong> les corvées collectives.<br />

Ces quelques événements de <strong>la</strong> vie collective témoignent, parmi une multitude d’autres, de<br />

l’universalité de certaines lois re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> vie en société. La pauvr<strong>et</strong>é, <strong>la</strong> densité <strong>et</strong> l’exiguïté des<br />

lieux peuvent être <strong>la</strong> source de bien des maux, mais elles ne freinent pas <strong>la</strong> construction de<br />

l’espace social comme véritable milieu de vie. On peut même penser qu’elles l’encouragent. Face<br />

à l’incapacité ou les grandes difficultés de solutionner <strong>dans</strong> <strong>la</strong> sphère du ménage les problèmes de<br />

<strong>la</strong> vie quotidienne, les biens collectifs <strong>et</strong> les solutions communes prennent alors une importance<br />

considérable. C’est donc par des structures collectives qu’on é<strong>la</strong>bore <strong>et</strong> m<strong>et</strong> en p<strong>la</strong>ce les solutions.<br />

<strong>Les</strong> réseaux<br />

Comme <strong>dans</strong> tous les groupes humains, les ménages des bidon<strong>ville</strong>s de Port-au-Prince adhèrent<br />

fréquemment à un premier réseau de base : <strong>la</strong> famille. Dans un même quartier, on r<strong>et</strong>rouvera les<br />

parents, les frères, les sœurs, les oncles, les tantes, les cousins <strong>et</strong> cousines. On comptera aussi de<br />

<strong>la</strong> famille en campagne <strong>et</strong> très souvent à l’étranger (2 millions d’haïtiens composent <strong>la</strong> diaspora).<br />

Dans certains quartiers, comme Baillergeau, on pourra identifier 3 ou 4 familles dominantes. La<br />

solidarité familiale sera invoquée pour <strong>la</strong> construction de <strong>la</strong> maison, pour l’approvisionnement,<br />

pour le partage de tâches. <strong>Les</strong> transferts de fonds entre membres d’une même famille représentent<br />

une somme colossale en Haïti : entre 800 millions <strong>et</strong> 1 milliard de $US provenant de <strong>la</strong> diaspora<br />

perm<strong>et</strong>tent chaque année d’assurer <strong>la</strong> survie ou le confort des parents demeurés au pays (PNUD<br />

2002b).<br />

Le réseau de voisinage, encore bien davantage que <strong>la</strong> famille, est incontournable <strong>dans</strong> un milieu<br />

fortement urbanisé <strong>et</strong> il est fréquemment renforcé par l’origine commune des migrants : une<br />

partie du quartier proviendra souvent du même vil<strong>la</strong>ge. Un tel réseau sera mis à profit pour<br />

l’aménagement des espaces partagés : négociation pour définir <strong>la</strong> localisation de ces espaces,<br />

partage des frais de bétonnage du corridor ou de <strong>la</strong> ruelle, raccordement électrique ou partage<br />

d’une <strong>la</strong>trine (moyennant paiement d’une redevance), construction d’un ponceau ou d’un<br />

caniveau. Dans Fort National, les voisins d’un même corridor disposeront tous de <strong>la</strong> clé du<br />

cadenas <strong>qui</strong> perm<strong>et</strong> de fermer <strong>la</strong> porte du corridor qu’on a installée pour se protéger des intrus <strong>la</strong><br />

nuit venue. Dans Cité L’Éternel, on fera appel au voisinage en cas d’urgence, par exemple si un<br />

voleur tente d’entrer <strong>dans</strong> une maison. <strong>Les</strong> voisins seront aussi appelés à poser des gestes de<br />

solidarité en cas de sinistre, ma<strong>la</strong>die, coup du sort, ou simplement pour soutenir les plus faibles <strong>et</strong><br />

les plus démunis.<br />

<strong>Les</strong> bidon<strong>ville</strong>s, c’est bien connu, fourmillent de groupes, organismes <strong>et</strong> associations de tous<br />

types. Ceux de Port-au-Prince n’échappent pas à c<strong>et</strong>te règle: clubs de football inter quartiers;<br />

groupes sociocommunautaires; associations culturelles; organisations pour l’amélioration des<br />

conditions de vie; <strong>et</strong>c. Il s’agit là de réseaux associatifs qu’on compare souvent au ciment d’une<br />

communauté. Certaines de ces associations, fédérées ou non, sont à <strong>la</strong> base d’une gestion locale<br />

de services publics. Dans Vil<strong>la</strong>ge de Dieu, c’est un comité de quartier <strong>qui</strong> administre <strong>la</strong><br />

distribution de l’électricité <strong>dans</strong> le quartier, en vertu d’un contrat intervenu avec Électricité de<br />

Haïti (EDH). Dans Fort Mercredi, deux associations locales participent à <strong>la</strong> formation d’un<br />

komité dlo (comité de l’eau) <strong>qui</strong> devra gérer <strong>la</strong> distribution de l’eau potable selon une entente<br />

avec <strong>la</strong> Centrale autonome métropolitaine de l’eau potable (CAMEP). L’Organisation des jeunes<br />

de Baillergeau (OJEB) tout comme le Comité de gestion de Fort National (COGEFNAL) ont

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!