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Drum’n’Bass ! Non pas que notre<br />
homme se soit épris du genre, comme<br />
ça d’un coup. Plutôt l’occasion d'associer<br />
ces rythmiques jung<strong>le</strong> à un rock<br />
somme toute bien classique. Le groupe<br />
qui accompagne David Bowie sur<br />
scene s’est bien défoncé sur cette production.<br />
Mélange de guitares métal<br />
tenues par Reeves Gabrels et de programmation<br />
de machines associés à<br />
une basse ronflante et efficace. Il n’est<br />
pas sûr que cet album plaise aux<br />
puristes technos. En revanche, <strong>le</strong>s<br />
autres guetteront une ouverture d'esprit<br />
déjà esquissée lors de la sortie de<br />
«Outside», <strong>le</strong> précédent disque de ce<br />
Bowie vraiment déjanté. Les mélodies<br />
voca<strong>le</strong>s demeurent <strong>pour</strong>tant très poo,<br />
d ’où cette impression d’accessibilité<br />
de ce genre à tendance<br />
hypnotique.On est d'ail<strong>le</strong>urs subjugué<br />
par l'étrange démarche pulsionnel<strong>le</strong><br />
dans «Dead man walking», qu’il n’hésite<br />
pas à clôturer par un piano jazzy<br />
ou par <strong>le</strong>s visions cosmiques dans<br />
«Looking for satellites». Bowie semb<strong>le</strong><br />
effrayé par <strong>le</strong>s Américains, pas tant<br />
par ce qu’ils représentent mais bien<br />
par ce qu'ils se contentent d’exporter.<br />
Seul titre produit par Brian Eno : « l’m<br />
afraid of americans» semb<strong>le</strong> vouloir<br />
noyer <strong>le</strong>s samp<strong>le</strong>s dans un bain de<br />
jouvence éc<strong>le</strong>ctique. Avec ce disque,<br />
David Bowie renoue simp<strong>le</strong>ment avec<br />
un sty<strong>le</strong> qu'il utilisait déjà dès <strong>le</strong><br />
milieu des années soixante dix. Il<br />
entretenait alors des liens étroits avec<br />
la musique de Kraftwerk qu'il exploitait<br />
lors de ses intros de concerts. Les<br />
pieds bien sur terre, la tête dans <strong>le</strong>s<br />
nuages, il reste <strong>le</strong>s bras croisés dans<br />
<strong>le</strong> dos à attendre l'arrivée du troisième<br />
millénaire.<br />
Pascal Vernier<br />
BRUCE mCKINSOK<br />
«Accident Of Birth»<br />
(Cast<strong>le</strong>/50:% 0) - 5/5<br />
Skunkworks est mort, Bruce Dickin-<br />
son est de retour à la case départ. A la<br />
case départ ? Pas tout à fait. L’échec<br />
de Skunkworks l'a renvoyé comme qui<br />
dirait à ses études, tel un jeune blanc<br />
bec enfermé à l'étude <strong>pour</strong> des raisons<br />
d'incompatibilités socia<strong>le</strong>s avec ses<br />
petits camarades. Adrian Smith, son<br />
pote de longue date, ne l’a pas laissé<br />
tomber puisqu’il lui a proposé ses services<br />
<strong>pour</strong> mettre sur papier <strong>le</strong> prochain<br />
devoir. Bruce glissant doucement<br />
à l'oreil<strong>le</strong> de son camarade:<br />
«Hé, si tu pouvais me fi<strong>le</strong>r un coup de<br />
main, ça serait cool parce que là, tu<br />
vois, je n’ai plus <strong>le</strong> <strong>droit</strong> de me planter,<br />
ils ne me laisseront pas redoub<strong>le</strong>r<br />
une troisième fois !» La partenariat<br />
étant mis sur pied, il ne restait plus<br />
^ Rocksty<strong>le</strong> n° 2 0 - <strong>le</strong> cahier CD<br />
qu'à se mettre au travail. Chacun sait<br />
à quel point de vieux potes sont<br />
capab<strong>le</strong>s du meil<strong>le</strong>ur comme du pire.<br />
La magie s’est opérée dans <strong>le</strong>s plus<br />
brefs délais et <strong>le</strong> résultat est probant.<br />
Depuis de longues années, <strong>le</strong>s fans du<br />
défunt Maiden (oh, pardon I) s’attendaient<br />
à une réaction du duelliste du<br />
Hertfordshire, lui pardonnant des<br />
erreurs de jeunesse comme «Balls To<br />
Picasso» ou <strong>le</strong> plus récent mais non<br />
moins dispensab<strong>le</strong> «Skunkworks».<br />
Les pendu<strong>le</strong>s remises à l’heure, ils<br />
nous délivrent ici, tous <strong>le</strong>s deux, l'un<br />
des meil<strong>le</strong>urs albums de cette année<br />
encore jeune. Comme quoi il existe<br />
bien une alchimie lorsque deux compositeurs<br />
de génie allient <strong>le</strong>urs forces<br />
<strong>pour</strong> présenter des titres aussi<br />
superbes que «Road to hell» ou «Man<br />
of sorrows». Certains diront que c’est<br />
incontestab<strong>le</strong>m ent un retour aux<br />
sources <strong>pour</strong> cette paire désormais<br />
gagnante mais n'y voyez aucune allusion<br />
à quelque groupe que se soit.<br />
Vous tiendrez bientôt entre vos mains<br />
ce que la bande à Steve Harris aurait<br />
dû pondre il y a bien longtemps si sa<br />
sainteté avait eu l'obligeance d'écou-<br />
ter <strong>le</strong>s membres qui composait ce<br />
groupe dont l’avenir est aujourd'hui<br />
derrière lui. Dickinson et Smith l'ont<br />
fait ensemb<strong>le</strong> et c’est mieux <strong>pour</strong> tout<br />
<strong>le</strong> monde. Le Dickinson band ne sera<br />
jamais un nouveau Maiden, ne remplira<br />
jamais <strong>le</strong>s stades mais qu'im porte<br />
! Les guitares sont plus actuel<strong>le</strong>s, la<br />
voix prend toute sa dimension sur<br />
«Welcome to the pit» ou dès <strong>le</strong>s toutes<br />
premières notes de «The freak». Toute<br />
la créativité et la sensibilité de la quarantaine<br />
accourant à grand pas se traduit<br />
sur «Oméga» où seuls une guitare<br />
acoustique et la voix constituent<br />
une forteresse imprenab<strong>le</strong> en efficacité<br />
et <strong>pour</strong>rait faci<strong>le</strong>ment détrôner un<br />
«Hallowed be thy name» vieillissant.<br />
«Accident Of Birth» est l’album de<br />
Bruce Dickinson. Oubliez tout ce que<br />
vous avez pu entendre de lui jusqu’à<br />
maintenant. Les «Darling buds of<br />
may» nous réservent chaque année<br />
des choses superbes. «Acciaent Of<br />
Birth» en est une<br />
Yves Balandret<br />
LA FOULE<br />
«La Hou<strong>le</strong>»<br />
(Tristar/Sony) -4 /5<br />
Formé en 1994 et déjà auteur de<br />
deux mini CD autoproduits, La Fou<strong>le</strong><br />
débarque aujourd’hui chez Sony avec<br />
un premier album vraiment impressionnant.<br />
Déjà, la formu<strong>le</strong> du quatuor<br />
dans <strong>le</strong>quel figure un percussionniste,<br />
en plus du batteur, fait preuve d’une<br />
originalité certaine. La Fou<strong>le</strong>, ensuite,<br />
a un véritab<strong>le</strong> don <strong>pour</strong> développer<br />
des mélodies parfaites au gré d'arrangements<br />
étonnants et de breaks judicieusement<br />
amenés. Dès <strong>le</strong> premier<br />
titre, «Robert Johnson», <strong>le</strong> ton est<br />
donné : perçus triba<strong>le</strong>s en ouverture,<br />
groove implacab<strong>le</strong>, chant en avant qui<br />
sert un texte rem arquab<strong>le</strong>m ent<br />
construit et, enfin, riff métallique sur<br />
<strong>le</strong> refrain. On navigue avec La Fou<strong>le</strong><br />
dans un paysage musical en constante<br />
évolution : tantôt enracinée dans <strong>le</strong><br />
blues, la noisy pop, <strong>le</strong> métal, <strong>le</strong> rock<br />
groovy, la musique de La Fou<strong>le</strong> ne se<br />
confine jamais dans un sty<strong>le</strong> bien précis.<br />
Au contraire, ce rock à tendance<br />
«variété de luxe» (comme un Berti-<br />
gnac ou un Aubert) représente ce qui<br />
peut se faire de mieux actuel<strong>le</strong>ment<br />
dans notre pays. Antoine Essertier<br />
(guitare, chant et principal<br />
auteur/compositeur) et sa bande d'al-<br />
lumés ont réussi en 12 titres <strong>le</strong> pari de<br />
convaincre l’auditeur de A à Z. Car ce<br />
premier album superbe a <strong>le</strong> rare privilège<br />
de ne pas être un disque où seuls<br />
2 ou 3 morceaux méritent l'attention.<br />
La Fou<strong>le</strong>, c'est tout ou rien !<br />
Thierry Busson<br />
ELDRITCH<br />
«Headquake»<br />
(CNR/Arcade) - 3/5<br />
Signé chez CNR, label spécialisé dans<br />
<strong>le</strong> hard progessif, Eldritch est un groupe<br />
italien qui joue...du hard progressif<br />
! Et un de plus ! Oui mais voilà,<br />
quand on voit la qualité qui émane de<br />
son deuxième album,"Headquake” ,<br />
on se dit qu'il aurait eu tort de jouer de<br />
la country. Alors qu’on avait reproché<br />
au premier album un certain manque<br />
d’identité, avec cette seconde ga<strong>le</strong>tte,<br />
Eldrich balaie avec punch bon<br />
nombre de préjugés. Et si la comparaison<br />
tient toujours avec Dream<br />
Theater, el<strong>le</strong> se fait désormais moins<br />
évidente. Eldritch m arquent des<br />
points en ayant su prendre des risques<br />
<strong>pour</strong> se dém arquer de toute la<br />
(sur)production actuel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> genre.<br />
Alors que l'aspect progressif des<br />
autres groupes penchait vers un<br />
heavy métal typé 80's, Eldritch, tout<br />
en gardant certaines influences sim ilaires,<br />
l'associe tout aussi volontiers à<br />
des cotés plus “thrash". Par <strong>le</strong> fait,<br />
Eldritch représente ce qu'on fait de<br />
plus teigneux dans <strong>le</strong> sty<strong>le</strong>. Evacuant<br />
tout aspect symphonique, <strong>le</strong> groupe<br />
nous livre un album carré et fougueux<br />
où alternent avec bonheur riffs assassins<br />
et plages mélodiques de toute<br />
beauté : <strong>le</strong>s guitares alignent ainsi et<br />
sans comp<strong>le</strong>xe pilonages saignants et<br />
arpèges raffinés, <strong>le</strong> chant (un brin<br />
maniéré, mais ça doit être inhérent au<br />
sty<strong>le</strong>) évolue aussi bien dans des<br />
registres agressifs que mélodiques, <strong>le</strong>s<br />
claviers sont om niprésents mais<br />
jamais envahissants et <strong>pour</strong> ne rien<br />
gâcher, on sent pointer derrière <strong>le</strong> tout<br />
une tim ide approche techno qui vient<br />
teinter l'ensemb<strong>le</strong> de sonorités futuristes.<br />
Et si <strong>le</strong> roi Dream Theater n’a<br />
<strong>pour</strong> <strong>le</strong> moment pas de soucis à se<br />
faire <strong>pour</strong> son trône, il devrait tout de<br />
même jeter de temps en temps un<br />
regard avisé sur sa suite, Eldritch pouvant<br />
devenir un sérieux prétendant.<br />
Daniel Reyes<br />
HO OHE ISIHHOCEHT<br />
•Utopia»<br />
(Island) - 3/5<br />
En 94, <strong>le</strong>s No One Is Innocent sortent<br />
un album qui fait l'effet d’une bombe<br />
dans <strong>le</strong> paysage rock hexagonal<br />
am biant : nouveaux Trust ? Fossoyeurs<br />
de Noir Désir ? La vague<br />
fusion est alors en phase ascendante,<br />
la France voit en eux un équivalant<br />
aux très prospères Rage Against The<br />
Machine. Ajoutons à ce prem ier<br />
album efficace une tournée maratho-<br />
nienne, une presse approbative, une<br />
maison de disques qui <strong>le</strong>s soutient, on<br />
obtient tous <strong>le</strong>s ingrédients <strong>pour</strong><br />
garantir au groupe succès et assurance.<br />
Puis vient l’heure du deuxième<br />
album, de la remise en question du<br />
titre... Les No One allaient-ils, comme<br />
<strong>le</strong>urs grands frères d’Outre-Atlantique<br />
sus cités, sortir trois ans après une<br />
pâ<strong>le</strong> et mauvaise copie du premier<br />
opus ? Dieu merci non, et c'est là un<br />
sacré point marqué <strong>pour</strong> <strong>le</strong> camp français.<br />
Les No One savent surfer sur <strong>le</strong>s<br />
modes, m ultiplient <strong>le</strong>s collaborations<br />
(on se souvient du CD 4 titres enregistré<br />
avec EJM et Timide & Sans<br />
Comp<strong>le</strong>xe), et sortent donc «Utopia»,<br />
album plus âpre (dans <strong>le</strong> bon sens du<br />
terme), plus rude, même si la rupture<br />
avec <strong>le</strong> passé n'est pas d’une radicali-<br />
té déconcertante. L'écrivain Maurice<br />
Dantec est venu apporter sa touche,<br />
comme <strong>pour</strong> donner un crédit philoso-<br />
phico-littéraire à la prosp de Kmar ;<br />
prose toujours habitée par la dénonciation<br />
d'un monde chaotique (on ne<br />
se refait pas, No One Is Innocent est<br />
un groupe rebel<strong>le</strong> et engagé !...).<br />
Reste la musique : l'album s'ouvre sur<br />
un morceau très fort, puis <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur<br />
côtoie <strong>le</strong> pire entre puissance et colère<br />
exprimées avec ou sans samp<strong>le</strong>s.<br />
C'est marrant, si ce disque était<br />
l'oeuvre d'un groupe inconnu, on crierait<br />
au génie, mais là, on a du mal à<br />
s’enthousiasmer à 100% . Les No One<br />
portent <strong>le</strong> poids d'un lourd passé glorifié<br />
par un premier album de référence.<br />
Que dire <strong>pour</strong> conclure ? Qu’ «Utopia»<br />
est un bon disque ? Voilà, c’est<br />
fait et tout est dit.<br />
Berth