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m - Brasiliana USP

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274 MASSANGANA.<br />

ou quelque protégé qui recourait sans intervalle à sa<br />

bonté.<br />

La nuit de la mort de ma marraine est le rideau<br />

noir qui sépare du reste de ma vie la scène de mon<br />

enfance. Je ne m'attendais à rien, je ne me doutais<br />

de rien. Je dormais dans ma chambre quand des<br />

litanies entrecoupées de cris et de sanglots me<br />

réveillèrent et me communiquèrent l'émoi de toute<br />

la maison. Au corridor, les gens et les esclaves<br />

agenouillés priaient, pleuraient, s'embrassaient,<br />

dans le plus grand vacarme; c'était la consternation<br />

la plus vraie que l'on pût voir; une scène de naufrage.<br />

Ce petit monde, tel qu'il s'était formé pendant deux<br />

ou trois générations, n'existait plus après elle; son<br />

arpnier soupir l'avait fait éclater en morceaux. Le<br />

changement de maître était ce qu'il y avait de plus<br />

terrible dans l'esclavage, surtout si l'on devait passer<br />

du pouvoir nominal d'une vieille sainte, qui n'était<br />

déjà que l'infirmière de ses esclaves, aux mains<br />

d'une famille jusque-là étrangère. Et comme pour les<br />

esclaves, de même pour les fermiers, les employés,<br />

les pauvres, tous ceux qu'elle logeait et auxquels<br />

elle faisait journellement la distribution de vivres,<br />

de secours, de remèdes, comme le chef reconnu de<br />

la famille qu'ils formaient ensemble.<br />

Moi aussi j'avais à quitter Massangana, laissé<br />

par ma marraine à un autre héritier, son neveu et<br />

voisin A moi, elle léguait une de ses propriétés

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