Les Transports en France au XVIIIe siecle
Les Transports en France au XVIIIe siecle
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LES TRANSPORTS EN FRANCE<br />
AU XVTIT' SIÈCLE<br />
PA l<br />
J . LETACONNOUX<br />
!EXTRAIT DE L.%<br />
REVUE D'HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE<br />
1908-1909, t. XI, p. 97-114; 269-292.<br />
Docum<strong>en</strong>t<br />
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N'EST PAS MIS DANS LE COMMERCE<br />
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<strong>Les</strong> iransports eu <strong>France</strong> an X Ville siécle<br />
On a fait, <strong>au</strong> xviiit , siècle, un effort considérable pour développer les<br />
voies de communication ; niais, si l'on a réussi â ét<strong>en</strong>dre le rése<strong>au</strong> des<br />
routes, à aménager quelques rivières et à ouvrir quelques can<strong>au</strong>x, on n'a<br />
pu assurer le bon état ni des voies de terre ni des voies d'e<strong>au</strong> ; les transports<br />
se sont exercés dans des conditions défavorables 1 . Aussi, comme le<br />
montrera l'étude successive des messageries, du roulage et de la batellerie<br />
fluviale, les moy<strong>en</strong>s de transport sont-ils restés, malgré quelques améliorations,<br />
très imparfaits.<br />
<strong>Les</strong> Messageries. — Le transport des voyageurs était un privilège royal.<br />
Tout d'abord le roi ne l'exploita pas lui-même. Jusqu<strong>en</strong> 15, les Messageries,<br />
réunies à la ferme des Postes, fur<strong>en</strong>t louées à (les traitants qui,<br />
d'ordinaire, n'exploitèr<strong>en</strong>t que les Postes et sous-louèr<strong>en</strong>t les Messageries<br />
à huit fermiers particuliers. En août 1775, le désir de trouver â l'1tat de<br />
nouvelles ressources et de perfectionner les voitures publiques détermina<br />
Turgot à réunir <strong>au</strong> domaine les droits (le carrosses et messageries<br />
après les avoir distraits du bail des Postes, il <strong>en</strong> forma une <strong>en</strong>treprise<br />
générale des Messageries de <strong>France</strong>, qu'il mit <strong>en</strong> régie 2 ; <strong>en</strong> décembre<br />
suivant, il y réunit les privilèges pour coches d'e<strong>au</strong> sur la Seine, la<br />
Marne, l'Oise, l'Aisne, l'Yonne, l'Aube, la Loire, la Saône, le Rhône, le<br />
canal de Briare et <strong>au</strong>tres rivières ou can<strong>au</strong>x navi gables 3. Cet essai de régie<br />
dura peu : le rer septembre 1776, les Messageries fur<strong>en</strong>t rattachées â la<br />
Zn<br />
ferme des Postes et affermées t .000.000 t ic livres. Deux ans plus tard,<br />
elles fur<strong>en</strong>t mises <strong>en</strong> régie intéressée par Necker; bi<strong>en</strong>tôt mises <strong>en</strong> régie<br />
s. C'est e que j'ai t<strong>en</strong>té dc démontrer dans un article sur ics Vjei de communication <strong>en</strong><br />
Franc,' <strong>au</strong> XI'lll sied,', qui par.iirra prochainem<strong>en</strong>t dans la !i'r/cljabssehrf1 f,,' Soial.<br />
iusd JI'ir)5CbaJIsg,'çcb ici,!,'.<br />
2. Arch. siat., F'' 15X0 2 . Arrêt du Conseil du 7 août 1775.<br />
. Id.. ibid. Arrêt du Conscil qui réunit <strong>au</strong> domaine... tes privilèges des coches..,<br />
'T décembre '775.<br />
i—
J. LETACONNOI'X [981<br />
simple, elles fur<strong>en</strong>t de nouve<strong>au</strong> adjugées ii une compagnie fermière <strong>en</strong><br />
septembre 1782 ; dès lors, elles restèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ferme, toujours indép<strong>en</strong>dantes<br />
des postes <strong>au</strong>x chev<strong>au</strong>x I . Tous ces changem<strong>en</strong>ts de régime<br />
2<br />
coûtèr<strong>en</strong>t fort cher à 1'Etat et les voyageurs n'<strong>en</strong> retirèr<strong>en</strong>t pas tous<br />
les avantages qu'ils avai<strong>en</strong>t pu <strong>en</strong> espérer. <strong>Les</strong> voitures publiques, <strong>en</strong><br />
eflet, ne se modifièr<strong>en</strong>t pas s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t dans les deux derniers tiers<br />
du siècle, après la substitution des carrosses <strong>au</strong>x coches vers 1737. <strong>Les</strong><br />
plus lourdes, les plus l<strong>en</strong>tes et les plus incommodes <strong>au</strong>ssi étai<strong>en</strong>t les<br />
fourgo;zs; plutôt faits pour le roulage que pour le transport des voyageurs,<br />
les fourgons étai<strong>en</strong>t les voitures des p<strong>au</strong>vres. Des véritables voitures<br />
publiques, les carrosses étai<strong>en</strong>t les moins chères et les moins rapides<br />
« à quatre roues, susp<strong>en</strong>dues et couvertes », elles avai<strong>en</strong>t remplacé les<br />
coches non susp<strong>en</strong>dus . <strong>Les</strong> dilig<strong>en</strong>ces, moins coûteuses que les chaises<br />
de poste, étai<strong>en</strong>t mieux aménagées et plus rapides que les carrosses 4. Toujours<br />
traînée par des chev<strong>au</strong>x de poste, la chaise de poste était la voiture la<br />
plus rapide, mais elle pr<strong>en</strong>ait peu de voyageurs et coûtait fort cher, de<br />
même que les dilig<strong>en</strong>ces extraordinaires qui ne partai<strong>en</strong>t que si toutes les<br />
places <strong>en</strong> étai<strong>en</strong>t prises, et qui, pour ne pas gèner les dilig<strong>en</strong>ces ordinaires,<br />
voyageai<strong>en</strong>t à des heures différ<strong>en</strong>tes. <strong>Les</strong> coC/.'sS d'e<strong>au</strong> étai<strong>en</strong>t soit d'anci<strong>en</strong>s<br />
En janvier 1786, un int<strong>en</strong>dant des Postes et Messageries fut établi, et le bure<strong>au</strong> des<br />
1.<br />
Messageries <strong>au</strong> Cotitri'le général fut cep<strong>en</strong>dant conservé. Arch. nat., F'' t io', Arrét du<br />
Conseil concernant la navigation de la Seine de Paris à Rou<strong>en</strong>, 19 janvier 1778 Conseil<br />
des Cinq-C<strong>en</strong>ts, Motion dorure posr l'organisation des pestes et messageries, par Del<strong>au</strong>lia) , 5 fructidor<br />
an 1V, lmpr. tiat, in-8', an l\' Compte r<strong>en</strong>du à l'Assemblée nationale des opérations de<br />
finances relatives si laJerine des Messageries, à compter dis i ll octobre 1782 jusqsI 'ut prés<strong>en</strong>t (par<br />
Bertiiet, anci<strong>en</strong> premier commis de l'int<strong>en</strong>dance des Messageries), s. I. n ii., in•. (Bibi.<br />
nuit.. Lf7', n 58); P. Boyé, <strong>Les</strong> pestes, messageries ei rui/ures publiques eu Lorraine <strong>au</strong><br />
X V111 siicle (Ils??. lu Comité des trar'. hist. e! scieuiti/iques, Section se. eC000I.'I 9. et SOC... .1. 1906,<br />
p. 12<br />
8); Atary... Précis du plan de la réunion des Postes <strong>au</strong>x ebeu'<strong>au</strong>x <strong>au</strong>x Messageries prés<strong>en</strong>té o<br />
l'Assemblée ,,n!ionszle... Paris, 1790, in-8.<br />
<strong>Les</strong> régies successives ne pur<strong>en</strong>t assurer le service. D'<strong>au</strong>tre part, les compagnies fer-<br />
2.<br />
midres. à partir de 1782, rie tinr<strong>en</strong>t pas leurs <strong>en</strong>gagemeitts. Fn septembre 1782, la compagnie<br />
d'li.suteville affermait les Messageries pour 1.100.000 livres par an; daprés le bail, elle<br />
s, <strong>en</strong>gageaità repr<strong>en</strong>dre, à dire d'experts,le matériel de l'exploitation des Messageries royales,<br />
à payer un accompte de 1.200.000 livres diius deux mois et le reste après l'inv<strong>en</strong>taire. Le<br />
matériel fut estimé à 1.762.251 livres. Mais, cii mars 1785. Fl<strong>au</strong>teville et C' n'avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core<br />
que 720.000 livres d'acCompteet ils se iir<strong>en</strong>taccorder une remise de 443.211 livres SOUS<br />
vers é 1.400.000<br />
prétexte d'estime exagérée. Suecessiv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l'ltat dép<strong>en</strong>sa pour eus<br />
livres cl'<br />
acquisition de bâtim<strong>en</strong>ts, eu indemnités <strong>au</strong>x propriétaires de!; anci<strong>en</strong>s bure<strong>au</strong>x dont le bail<br />
avait dii résilié; <strong>en</strong> 1784. 1785 et 1786, la cherté des fourrages détermina l'État à leur donner<br />
plusieurs indemnités qui montèr<strong>en</strong>t à 2.050.000 livres. La compagnie suivante bénéficia<br />
elle <strong>au</strong>ssi de remises et d'indemnités, si bi<strong>en</strong> qu'<strong>en</strong> huit ans ces deux compagnies C0ittercnt<br />
ii 1' tat 4.097.711 livres (Compte r<strong>en</strong>dis il<br />
nationale des opérations de flnsincee<br />
r'Jatiu'es é la ferme des Messageries.., 1cc, cil.).<br />
. <strong>Les</strong> coches consistai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> une caisse d'osier supportée par deux trains grossiers, comme<br />
les chariots des campagnes.<br />
. La dilig<strong>en</strong>ce avait un cabriolet, un siège, recouvert d'une capote, devant la caisse.
LES TRANSPORTS EN FRANCF. AU XVIIIC S1.CLE<br />
coches très l<strong>en</strong>ts, tirés par des chev<strong>au</strong>x ordinaires, soit des dilig<strong>en</strong>ces<br />
tirées, depuis 1775, par des chev<strong>au</strong>x de poste. Toutes ces voitures -<br />
les voitures extraordinaires excepté - vo yageai<strong>en</strong>t i jours fixes et suivai<strong>en</strong>t<br />
un trajet invariable, les routes de poste <strong>en</strong> général. Malheureusem<strong>en</strong>t<br />
elles ne fur<strong>en</strong>t guère améliorées. En 1 768, les carrosses, « trop maxé_<br />
nets et trop pesants, incommod<strong>en</strong>t et fatigu<strong>en</strong>t considérablem<strong>en</strong>t les<br />
voy ageurs qui n'y sont pas r l'abri du froid <strong>en</strong> hiver, ni de la poussière<br />
<strong>en</strong> été ... » En 1 775, Turgot ordonne bi<strong>en</strong> d'établir sur toutes les grandes<br />
routes des voitures û 8, 6 ou 4 places, 's commodes, légères, bi<strong>en</strong> susp<strong>en</strong>dues<br />
2 » ; les e Turgotines u, trop légères pour résister <strong>au</strong>x cahots de<br />
routes mal <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ues, n'eur<strong>en</strong>t pas de succès et les voitures restèr<strong>en</strong>t<br />
<strong>au</strong>ssi lourdes que peu confortables.<br />
Le manque de confortable n'était pas d'ailleurs le plus grand déf<strong>au</strong>t<br />
des coches d'e<strong>au</strong> et des voitures publiques <strong>Les</strong> coches d'e<strong>au</strong> étai<strong>en</strong>t peu<br />
nombreux ; quelques-uns même disparur<strong>en</strong>t <strong>au</strong> XVIFF si&le, <strong>en</strong> Lorraine<br />
notamm<strong>en</strong>t 3. Il y <strong>en</strong> avait sur la Seine, la Marne, FOise, l'.isne, l'Yonne,<br />
l'Aube, la Loire, la Saône, le Rhône, le canal de Briare s, la Garonne il<br />
le canal du Languedoc , l'Adour 7. <strong>Les</strong> princip<strong>au</strong>x étai<strong>en</strong>t ceux de Pontavert<br />
à Paris par Neuilly, Arg<strong>en</strong>teuil, Conflans, Pontoise, Compiègne,<br />
Soissons 8 ; de Paris û Auxerre et d'Auxerre à Lvon ; de Paris à Auxerre,<br />
Fontaineble<strong>au</strong>, Melun et S<strong>en</strong>s 9, de Paris à Rou<strong>en</strong> 10, d'Ag<strong>en</strong> à Borde<strong>au</strong>x 's.<br />
Peu fréqu<strong>en</strong>ts, ces coches restèr<strong>en</strong>t longtemps très l<strong>en</strong>ts. Le coche de<br />
Pontavert à Paris n'avait que 3 départs par mois, les i, 10 et 20 de<br />
chaque mois; le voyage devait durer ici jours 12 mais il se prolongeait<br />
1. P. Bové, <strong>Les</strong> postes, ut vageries et vsitsres pl' bliqsses <strong>en</strong> Lorraine, /05. Cit., p. 243.<br />
2. Arch. nat., F'' t Arrêt du Conseil du 7 - août 1775.<br />
3. P. Bovd, toc. cil., p. 144.<br />
4. Arch. mn., F" i Ion. Arrêt du Conseil du ri décembre 1775, et P. M;intelier. liiiloire<br />
lie la coms,iun<strong>au</strong>/f des inaicbaitdsfrfqzs<strong>en</strong>lani ta rivière de Loire, Paris. 1864, in-8.<br />
$ . Granit, L'anrilioraj j n des soies navigables <strong>en</strong> Ag<strong>en</strong>ais <strong>au</strong> XVj[/ siecte, dan s la Resue de<br />
lA<strong>en</strong>ais, 19°', t. 28, p. 15-35.<br />
6. Conseil des Cinq C<strong>en</strong>ts. Rapport fini «si vo,,, de la comssiisi jo,, cburg/0 d'examiner l'étal<br />
de situation dey can<strong>au</strong>x de ?iasigatiors, par L.-R. Guyton, séance du i; thermidor ail IV. Paris,<br />
lmpr. nu ., frimaire an 1V, in-8, p. 16. -<br />
7. Arcli. mit.. F'4 1270. Réponses <strong>au</strong>x questions que l e ministre de l'intérieur s prés<strong>en</strong>tées<br />
ait flaire de Saint-Esprit par sa dépêche du ri 20t 1812.<br />
8.<br />
Id., F'4 ir86. Coches et dilig<strong>en</strong>ces des rivières d'Aisne et d'Oise, de Pontavcrt â Paris<br />
(1766).<br />
9. Id., ibid. Diverses pièces relatives â la navigation des rivières de Seine, d'Aisne ci<br />
d'Oise.<br />
10. Id., F" 25102.<br />
Arrêt du Conseil concernant la navigation de la Seine, de Paris â Rou<strong>en</strong>,<br />
19 janvier 1778.<br />
je. Granit, toc. rit.,<br />
p. 25. lI y avait <strong>au</strong>ssi Ufl coche de Port .Sai,,tc.s,1arje â Borde<strong>au</strong>x, et un<br />
<strong>au</strong>tre â Tonneins.<br />
12.<br />
Arch. rat., Es sr86. Coches et dilig<strong>en</strong>ces des rivières d'Aisne et d'Oise, de Pontavert<br />
â Paris.<br />
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J. LETACONNOUX<br />
[Iool<br />
parfois 24 et 25 jours '. En 1768 et 1769, un sieur Berthelot, avant <strong>en</strong>trepris<br />
de faire chaque mois le transport des marchandises et des voyageurs<br />
du Havre à Paris, se montra très Fier d'avoir remonté de Rou<strong>en</strong> à Poissy<br />
<strong>en</strong> 4 jours, et de Rou<strong>en</strong> à Paris <strong>en</strong> 7 jours, <strong>en</strong> se servant de la voile et <strong>au</strong><br />
besoin de quatre chev<strong>au</strong>x ; les grands bate<strong>au</strong>x mettai<strong>en</strong>t alors 18 à<br />
20 OUtS de Rou<strong>en</strong> à Paris 2 . En 1778, après la réunion <strong>au</strong> domaine de<br />
tous les privilèges pour l'exploitation de coches sur la Seine, les différ<strong>en</strong>ts<br />
services de bate<strong>au</strong>x fur<strong>en</strong>t remplacés par un coche d'e<strong>au</strong> conduit <strong>en</strong><br />
2 poste de relais <strong>en</strong> relais ; ce coche partait tous les<br />
jours de Rou<strong>en</strong> et<br />
de Paris ; il desc<strong>en</strong>dait â Rou<strong>en</strong> <strong>en</strong> 4 jours et remontait <strong>en</strong> 5 à Paris ; le<br />
prix <strong>en</strong> resta fixé<br />
6 livres par personne de Paris à Rou<strong>en</strong> et à 7 livres de<br />
?t<br />
Rou<strong>en</strong> à Paris s. <strong>Les</strong> bate<strong>au</strong>x poste du canal du Languedoc pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t,<br />
conformtn<strong>en</strong>t <strong>au</strong> tarif de 1684, 3 sous par lieue et par voyageur 4. <strong>Les</strong><br />
coches de 1'Adour, <strong>en</strong>tre Bayonne et Dax, mettai<strong>en</strong>t 24 OU 36 heures <strong>en</strong><br />
t8iz<br />
Le prix des voitures publiques rapides <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>ta dans le dernier tiers<br />
du siècle 6. En 1775, Turgot avait fixé le prix des places dans les dilig<strong>en</strong>ces<br />
ordinaires à<br />
sous par lieue, à l'intérieur, et â 7 sous 6 d<strong>en</strong>iers,<br />
13<br />
<strong>au</strong> dehors, dans les dilig<strong>en</strong>ces extraordinaires à 20 SOUS par lieue 7. En<br />
10<br />
1777, par arrét du Conseil, le prix des places fut porté à 16 et<br />
sous<br />
par lieue dans les dilig<strong>en</strong>ces ordinaires et à 23 sous dans les voitures<br />
C'est ce qui <strong>au</strong>le,risa le comte de Rûthe. <strong>en</strong> 1766, à demander le privilège des coches<br />
d'e<strong>au</strong>, accordé M. de lhiûti, pour pouvoi r faire marcher les dilig<strong>en</strong>ces doubles runs aec v<br />
relais et chev.tux frais, devaitcT tous <strong>au</strong>TrCC bate<strong>au</strong>x, soit dans le cours de la tivière, soit <strong>au</strong><br />
passage des ponts (Arch. tiat., F' t t86. Mêmoire <strong>en</strong> ri PO L1S à celui du procureur dit roi<br />
de la ville de Paris <strong>au</strong> sujet des lettres.pat<strong>en</strong>tCS demandées par l'<strong>en</strong>treprelleur du coche d'emma<br />
des rivières d'Aisne et d'Oise, 27 fêvrier 1766). Cette d<strong>en</strong>iaimde fut appuyée par les négociants<br />
de Paris, de Charleville et de Mieiires (Id.. ibid., Requète des ltégoci.Lnts parisi<strong>en</strong>s à<br />
I3ertin, 13 mars 1766, et Requête des ngoeiants de Charleville et lézières, 1766).<br />
2. Areh. nit., F'' 1210, Avis <strong>au</strong> public du c.tpitaitle Bcrthelut, août 1768, et Extrait des<br />
mémoires du s Passem<strong>en</strong>t, ingénieur du roi, et du s' liellard, avocat <strong>au</strong> Conseil (I780).<br />
. Arch. nat.. F'' I'j 10'. Arrêt du Conseil concernant la navigation de la Seine, de Paris<br />
à Rou<strong>en</strong>, 19 janvier 1778.<br />
4. Rapport cité de Guytwi.<br />
. Areh. tut., F4 1270 Réponses <strong>au</strong>x questions que le ministre de l'intérieur .5 prés<strong>en</strong>tées<br />
<strong>au</strong> maire de Saint-Esprit par sa dépêche du 11 août 1812.<br />
6. D'ailleurs, le prix des transports de voyageurs <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>ta progressivem<strong>en</strong>t avec l'abaiss<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />
de la distance <strong>en</strong> temps. Le trajet de Me<strong>au</strong>x à. llric_Comtc-Rohert par exemple<br />
10 heures, par carrosse, <strong>en</strong> 1774, et à ç heures, après<br />
t'abaissa de 12 heures, <strong>en</strong> 1771, 'l<br />
niais le prix du voyage passa successivem<strong>en</strong>t de<br />
l'êmabliss<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d'une dilig<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong> 1777<br />
livres 10 sous à 5 et à S livres (J. Lepoivre. Coibem, t-t,rrosme, et di!tr<strong>en</strong>z''s à Brie, dans le<br />
Bu!!. .'l Compte r<strong>en</strong>du des trac'. de lit Soc. orbist. et d 'arc!.', de Brie-Comte-Ro ber!, t. s, Brie,<br />
s. d. [1898-I90I. in-4, P. 93).<br />
. Arch. 'lit.,<br />
t çio'. Arrêt du Conseil du 7 août 5775, portant règlem<strong>en</strong>t sur lei<br />
Messageries.
LÀ<br />
I lui Ij: !]c\-i :' I\ I\ (L.\L \VlII<br />
extraordinaires l . Le tarif des <strong>au</strong>tres voitures ne fut pas modifié; le Régiem<strong>en</strong>t<br />
de 1775 l'avait fixé, comme par le passé, it 10 SOUS par lieue, à l'intérieur,<br />
et â 6 sous, <strong>au</strong> dehors ou dans le panier, pour les carrosses, à<br />
6 sous pour les fourgons ; le Règlem<strong>en</strong>t de 1777 le confirma 2,<br />
<strong>Les</strong> dilig<strong>en</strong>ces ordinaires â S places, attelées de 6 chev<strong>au</strong>x <strong>en</strong> été, de 8<br />
<strong>en</strong> hiver, conduites à jours et heures fixes, devai<strong>en</strong>t faire deux lieues à<br />
l'heure ; les carrosses et <strong>au</strong>tres voitures marchant â journées réglées faisai<strong>en</strong>,t<br />
de 8 à ici lieues par jour théoriquem<strong>en</strong>t. A partir de 1775, On s'efforça<br />
de multiplier les voitures rapides ; à cette date, il n'existait <strong>en</strong>core<br />
que 2 dilig<strong>en</strong>ces de Paris à Lyon t de Paris à Lille ; c'est Turgot qui<br />
ordonna partout l'établissem<strong>en</strong>tdc 'lig<strong>en</strong>ces à coté des carrosses 3. En<br />
fait, les horaires des voitures publiqu s, tels que l'Indica/eurfidéle du yoyogelir<br />
français 4, ne peuv<strong>en</strong>t nous r<strong>en</strong>sei gner exactem<strong>en</strong>t Sur la durée des<br />
voyages 1. Le m<strong>au</strong>vais état des chemins provoquait des accid<strong>en</strong>ts fréqu<strong>en</strong>ts,<br />
obligeait à passer sur les champs riverains ou à faire de longs<br />
détours 6 . <strong>Les</strong> retards étai<strong>en</strong>t presque continuels 7, surtout <strong>en</strong> hiver ou<br />
t. Arch. liaI.. Flot; in'. Arrêt de régim<strong>en</strong>t du Conseil sur tS dilig<strong>en</strong>ces et messageries<br />
du roy<strong>au</strong>me, 23 janvier 1777.<br />
2. Id., ibid. Arrêts du 7 août 1775 et 23 janvier 1777. <strong>Les</strong> tarifs subsistèr<strong>en</strong>t jusqu'à la<br />
fin du régime (cf. Arch. riat., Fr2 1510', Questions intportatrtes â résoudre par l'Assemblée<br />
nationale, 1790).<br />
Sur les conditions des voyages <strong>en</strong> 1765, cf. Mi,ri.stire dis Trat'<strong>au</strong>xpuf'lics. Al&uin de clatis.<br />
tique graphique de 1900, Paris, 1906, in-fol. 111- 28. En 1788, il <strong>en</strong> coûtait, par la dilig<strong>en</strong>ce.<br />
de Paris à Ami<strong>en</strong>s : 25 livres 4 sous et i livres ; de Paris ï Besançon par la Champagne,<br />
76 et 48 livres; de Paris à Borde<strong>au</strong>x, 124 livres 8 sous... (Cf. Étai générai des poste., de<br />
Fra ,rcc cri r 788, P. ta; sqq).<br />
. Cf. P. Boyé, 1cc. cil , P . 143. La substitution des dilig<strong>en</strong>ces <strong>au</strong>x carrosses provoqua,<br />
dans les lieux où elle fut réalisée, un abaissem<strong>en</strong>t considérable de la distance <strong>en</strong> temps<br />
ainsi la durée du trajet de Me<strong>au</strong>x à Bric-Comte- Roberttomba de to heures eu carrosse à<br />
heures <strong>en</strong> dilig<strong>en</strong>ce (J. Lepoivre, 1m. cil., p. 9;).<br />
4 . L'indicateur jlde/r du -z .osngo'ur francais qui e,iseiyue lorries les roules relaies e.! particulières<br />
de l'va eec... avec u,, ilinéraire instructif e? rais<strong>en</strong>,id sur el,s1ue roule qui d»rue le jour et l'heure<br />
dit riépa ri, de ici dune i'! de /a couchée, toril des certes par ea u que des carrosses, dilig<strong>en</strong>ces cl noiessrigelies<br />
du roy<strong>au</strong>me avec le rronri're des lieues que les di//érr'lnies toitures fi, :t chaque jour, dressé<br />
par le sieur Michel, ingénieur gùographcdu roi, Paris, 1 76;. in-.j, :8 feuilles.<br />
. D'après l'Et1:i général des pestes de Fr,i,rcc, e): :788, la dilig<strong>en</strong>ce de Paris à Besançon<br />
mettait .1 jours <strong>en</strong> été, ç <strong>en</strong> hiver; celle de Paris i Borde<strong>au</strong>x pariait le lundi soir t 10 heures<br />
et arrivait le samedi soir; celle de Paris t Clermont-Ferrand partait le dimanche à 3 heures<br />
du matir: et arrivait le v<strong>en</strong>dredi soir ; celle du Paris à R<strong>en</strong>nes, partie le jeudi soir, arrivait le<br />
lundi soir.<br />
6. L'iquipige d'un carrosse à six chev<strong>au</strong>x a deux cochers le petit, qui est le postillon.<br />
et le cocher. lv postillon va devant, et ou le pr<strong>en</strong>d pour voir de loin les fossés. les haies et<br />
<strong>au</strong>tres m<strong>au</strong>vais passages aS ci de se dùtc'urrier,,, » (J . Lepoivre, /er. cii.. p. 91).<br />
7. <strong>Les</strong> retards étsierit parfois dira <strong>au</strong>ssi à la néglig<strong>en</strong>ce des messagers. <strong>Les</strong> messagers <strong>en</strong><br />
poste de Nantes it Borde<strong>au</strong>x n'avai<strong>en</strong>t qu'un seul cheval, faisai<strong>en</strong>t quinze lieues par joue à<br />
peine, mottai<strong>en</strong>t, tout à la fin de l'anci<strong>en</strong> régime, quatre jours pour faire soixante lieues, de<br />
Nantes t Borde<strong>au</strong>x (Arch. nat., F" 15:02. Mémoire des députés des sénéch<strong>au</strong>ssées de Borde<strong>au</strong>x<br />
et de Lyon : l'Assemblée nationale, 1790).
J . 1 102<br />
par m<strong>au</strong>vais temps '. La vitesse moy<strong>en</strong>ne des voitures publiques semble<br />
n'avoir pas dépassé 3 kilomètres 1 â la fin (lu siècle<br />
La rareté de leurs départs était un <strong>au</strong>tre inconvéni<strong>en</strong>t grave des voitures<br />
publiques. Sans doute, dans le dernier tiers du siècle, on réalisa quelques<br />
progrès à cet égard par exemple la voiture de Nanc y à Metz, qui n'avait<br />
que 2 départs par semaine cii 1771, Lii comptait 5 Cii 1778 et 6 <strong>en</strong> 1788 1<br />
Mais si, â la fin du siècle, il y avait des départs quotidi<strong>en</strong>s de Paris pour<br />
le Havre, s'il y <strong>en</strong> avait 5 par semaine de Paris pour Lyon, 4 de Paris<br />
pour Borde<strong>au</strong>x, be<strong>au</strong>coup d'<strong>au</strong>tres lignes n'<strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t que deux ou qu'un<br />
mème par semaine 4. Cette rareté des départs était d'<strong>au</strong>tant plus fâcheuse<br />
que les Messageries avai<strong>en</strong>t le privilège exclusif de transporter des voyageurs,<br />
sur les routes régulièrem<strong>en</strong>t desservies par elles t. Celui qui manquait<br />
un départ devait att<strong>en</strong>dre le départ suivant. Si des affaires pressantes<br />
l'appelai<strong>en</strong>t, s'il voulait malgré tout partir sur le champ, il ne lui était pas<br />
permis (le s'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre librem<strong>en</strong>t avec un particulier. Pour pouvoir louer<br />
une voiture particulière, il devait se procurer <strong>au</strong> bure<strong>au</strong> des Messageries<br />
un r billet de permission u. Ce billet lui coûtait plus cher que s'il avait<br />
pu pr<strong>en</strong>dre place dans la voiture (les Messageries : l'<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur du carrosse<br />
de Nancy â Neufchâte<strong>au</strong> percevait 6 livres par billet pour un voyage<br />
dont le prix par place était de 5 livres ; dans le carrosse de Nanc y à Toul,<br />
les places étai<strong>en</strong>t tarifées 2 livres to sous et 5 livres les billets de permission<br />
pour le mènle trajet étai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>dus 3 et 6 livres. Ces billets<br />
n'étai<strong>en</strong>t délivrés gratuitem<strong>en</strong>t que si le fermier des Messageries ne pouvait,<br />
le jour d'un départ régulier, satisfaire â toutes les demandes de places.<br />
<strong>Les</strong> messagers faisai<strong>en</strong>t respecter leur monopole si rigoureus<strong>en</strong>l<strong>en</strong>t, que<br />
quelques-uns se conduisai<strong>en</strong>t comme si les routes leur avai<strong>en</strong>t appart<strong>en</strong>u<br />
tel l'<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur du carrosse de Paris â Strasbourg qui n'<strong>au</strong>torisait pas<br />
les piétons à proflter d'une voiture particulière r<strong>en</strong>contrée sur leur chemin<br />
et dans laquelle on les invitait à monter 6 . Ce privilège, qui ne les<br />
r. Par m<strong>au</strong>vais temps. , il est assez fréqu<strong>en</strong>t devoir arriver le courrier 12, r8 et rn'me<br />
24 heures plus tard que 1heure à laquelle il devrait être r<strong>en</strong>du â sa destination. (Arcli.<br />
nat.. F' 111, Basses-P\'rêllées, 6. Extrait des délibérations de la session du départem<strong>en</strong>t,<br />
1791 rapport surl.t poste <strong>au</strong>x chev<strong>au</strong>x, fol. 63).<br />
2. Minis?ire des Ira 'zux publics. Dscu,u<strong>en</strong>ts sIrlistiques ur les roules e! pouls. Paris, Impr.<br />
tiat., 1873. in-fol., p- XLV.<br />
3. P. Boyé, la. cil., p. 143. De Gr<strong>en</strong>oble â Lyon, la voirure, qui n'avait qu'un départ <strong>en</strong><br />
1723, et, eus deux pie semaine à partir de 1759 (Pilot. EI:bl0seuieul d'un bsre<strong>au</strong> de inessageries<br />
et le voitures publiques â Gre,,ohle,daiss le full, de la Soc. 5Ia!isliu1u des se. nalur. cl des<br />
sels industriels du dupurlcut<strong>en</strong>t de l'lsire, 3' série, t. VIII, Gr<strong>en</strong>oble, 1879, P. 445-446).<br />
4. Il n'y avait que deux départs de Paris à .&Tnicss. â R<strong>en</strong>nes ; il n'y <strong>en</strong> avait qu'un de<br />
Paris à Angouléuse. à Besançon. 't Dijori (Fiai g,:u:rua des poules de Fiance, <strong>en</strong> 1788).<br />
. Cf. par exemple l'arrêt de rêglein<strong>en</strong>t sur les dilig<strong>en</strong>ces, du 7 août 1775.<br />
6. P. Bové, lac. Lit. , p. 140-141. ft Utt habitant de Lunéville ou de Blisnsont, possesseur<br />
d'une voiture, a une affaire urg<strong>en</strong>te â traiter dans un village sis à deux lieues de la route
f 1031 LES TRANSPORTS EN FRANCE AU XVI]I e SIÈCLE<br />
empêchait d'ailleurs pas de commettre des exactions et d'appliquer des<br />
tarifs arbitraires ', se justifiait d'<strong>au</strong>tant moins, dans bi<strong>en</strong> des cas, que le<br />
trajet des Messageries était invariable, Il était très onéreux <strong>au</strong>x commerçants<br />
qui, comme les marchands <strong>en</strong> draps de Rou<strong>en</strong>, avant de se r<strong>en</strong>dre<br />
<strong>au</strong>x foires de Bretagne, parcourai<strong>en</strong>t les campagnes, de village <strong>en</strong> village,<br />
pour faire leurs recouvrem<strong>en</strong>ts ou pr<strong>en</strong>dre les nouve<strong>au</strong>x ordres des marchands<br />
détaillants, dont ils étai<strong>en</strong>t les fournisseurs. Obligés de quitter les<br />
grandes routes et de suivre des chemins de traverse, où il n'y avait ni<br />
postes ni messageries, ils avai<strong>en</strong>t pris le parti, ceux du moins qui ne pouvai<strong>en</strong>t<br />
aller à cheval, d'acheter une voiture et des chev<strong>au</strong>x et de se faire<br />
conduire par des particuliers payés à la journée. Le fermier des Messageries<br />
d'Angers s'<strong>en</strong> plaignit et fit saisir la chaise de poste et les chev<strong>au</strong>x<br />
d'un négociant. <strong>Les</strong> négociants remontrèr<strong>en</strong>t â l'int<strong>en</strong>dant qu'il leur était<br />
impossible d'user des Messageries, que celles-ci ne pouvai<strong>en</strong>t leur fournir<br />
chev<strong>au</strong>x et voitures pour tous les lieux où leur commerce les appelait,<br />
que d'ailleurs <strong>au</strong>cun négociant ne pourrait confier les sommes importantes,<br />
qu'il recouvrait, â un garçon des Messageries. L'int<strong>en</strong>dant reconnut<br />
volontiers que les courses des négociants étai<strong>en</strong>t trop irrégulières<br />
pour concorder n avec la marche réglée d'une voiture publique n, mais le<br />
privilège des Messageries était formel 2 . Si <strong>en</strong>core les Messageries n'avai<strong>en</strong>t<br />
négligé de desservir que les campagnes et les chemins de traverse De<br />
plus <strong>en</strong> plus préoccupé de correspondre facilem<strong>en</strong>t avec les différ<strong>en</strong>tes<br />
parties du ro y<strong>au</strong>me, le gouvernem<strong>en</strong>t favorisa, dans le cours du siècle,<br />
l'établissem<strong>en</strong>t de nouvelles messageries ; le développem<strong>en</strong>t des lignes<br />
suivit le développem<strong>en</strong>t des routes et des services réguliers finir<strong>en</strong>t par<br />
relier Paris à la plupart des grandes villes 3. Mais le rése<strong>au</strong> ainsi formé<br />
qu'emprunte le carrosse publie de Paris à Strasbourg. Il lui est impossible de s'y r<strong>en</strong>dre<br />
sans suivre p<strong>en</strong>dant dis minutes cette ch<strong>au</strong>ssée. Le nstitre du service ne manquera pas de<br />
lui réclamer une indemnité s Id., ibid.<br />
r. Cf. par exemple les plaintes portées contre le directeur des coches d'e<strong>au</strong> de S<strong>en</strong>s i Paris<br />
(Arch. nai., F4 saxo, lettre de M. Bertin t M. de Vannes, procureur du roi â Paris,<br />
19 décembre 1771). <strong>Les</strong> compagnies fermières , de 1783 1 1790, ne respectèr<strong>en</strong>t pas leur bail<br />
et <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t quelques tarifs (C'.mple r<strong>en</strong>ds é l'Assemblée nationale des opérations de<br />
finances concernant la firme deç Messageries). En 1713, l'int<strong>en</strong>dant de Bretagne déclarait<br />
qu'il était difficile J1 cont<strong>en</strong>ir les messagers qui relevai<strong>en</strong>t de la juridiction du Conseil du<br />
roi et refusai<strong>en</strong>t très Souv<strong>en</strong>t de se soumettre à celle des int<strong>en</strong>dants (<strong>Les</strong> r,'lilimo di: /smvoir<br />
c<strong>en</strong>tral e! de la proton:' de Bretagne dans le seconde ,,n'i!ié di: signe de Louis XIV. Coirespoildance<br />
Jet rotriIeur.ç génér<strong>au</strong>x avec 14 province de Brctaçne, 1689-17: 5 , pttbl par J. Letcourroux,<br />
dans Archives de B:elagne, Soc, des Bibliophiles bretons, 5907, iII-4, t. 14, p- 264)).<br />
2. lI déclara que s'il était possible de faire une exception, il la solliciterait pour les marchands<br />
<strong>en</strong> draps de Rou<strong>en</strong> allant <strong>au</strong>x foires de Bretagne seulem<strong>en</strong>t (Arch. tut., Ft 2 1509-<br />
1510', requète des négociants de Tours fréqu<strong>en</strong>tant les foires deflretagne (1779), et réponse<br />
de l'int<strong>en</strong>dant, du , octobre 5779).<br />
. Cf. E!al général des postes de <strong>France</strong>, <strong>en</strong> 1788: Ilini,aire complet de la Fronce, ou table<strong>au</strong><br />
général de Ici: t,'s les ru ',,Ies cf chemins de Ir:i'erse de r,' roi lame, <strong>au</strong>quel osi 5 j'siit l'itinéraire des
8 J. LETACONNOUX f ro4j<br />
répondait bi<strong>en</strong> plus <strong>au</strong>x intérêts de l'administration qu'à ceux du commerce.<br />
Comme le remarquait, dès le début du siècle, Chevalines de la<br />
Gib<strong>au</strong>dière 1 , les messagers n'allai<strong>en</strong>t que de Paris <strong>au</strong>x capitales et <strong>au</strong>x<br />
quelques <strong>au</strong>tres villes importantes des provinces, sièges épiscop<strong>au</strong>x et<br />
résid<strong>en</strong>ces d'int<strong>en</strong>dants. C'est à peine s'il existait quelques relations <strong>en</strong>tre<br />
les villes de chaque province « les villes de troisième ordre et moins<br />
considérables u, surtout, « <strong>en</strong>fermées pour ainsi dire dans leurs petites<br />
sphères u, étai<strong>en</strong>t sans communications avec le reste de la province et du<br />
royaeme. Be<strong>au</strong>coup étai<strong>en</strong>t difficilem<strong>en</strong>t accessibles 2 et végétai<strong>en</strong>t, sans<br />
industrie et sans commerce. Isolées des voitures publiques, elles l'étai<strong>en</strong>t<br />
<strong>au</strong>ssi de la poste <strong>au</strong>x lettres. Comme les lignes de messageries, les lignes<br />
de postes allai<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t du bure<strong>au</strong> c<strong>en</strong>tral de Paris <strong>au</strong>x grandes<br />
villes ; il y avait peu de lignes transversales. <strong>Les</strong> lettres de Borde<strong>au</strong>x pour<br />
Lyon par exemple passai<strong>en</strong>t par Paris ; elles n'arrivai<strong>en</strong>t qu'<strong>au</strong> bout de<br />
8 jours leur expéditeur ne pouvait avoir de réponse avant 19 jours 3.<br />
Quelquefois deux villes, séparées par quelques lieues, étai<strong>en</strong>t, par la poste,<br />
à plusieurs jours de distance. Huit lieues séparai<strong>en</strong>t Brioude du l'uv ; une<br />
lettre de l'une à l'<strong>au</strong>tre de ces deux villes remontait à Moulins par Clermont<br />
et de Moulins elle desc<strong>en</strong>dait <strong>au</strong> Puy par Lyon 1 • <strong>Les</strong> lettres d'Illeet-Vilaine<br />
ne parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à Granville qu'<strong>au</strong> bout de 7 jours, après avoir<br />
parcouru le départem<strong>en</strong>t du Calvados ; celles du district d'Avranches luimême,<br />
distant de Granville de 5 lieues, devai<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre la même route<br />
Dans k Jura, le courrier de Paris v<strong>en</strong>ait toucher le départem<strong>en</strong>t du Jura<br />
à Dôle, où il ne laissait que les lettres destinées à cette ville. Il y arri-<br />
Pais - Bas t't la djre,!ion des , oints <strong>au</strong>x tilles n/ii/iles des roussi nitra tontine de la Franc,!, Paris,<br />
i 788, 2 vol in-8, avec une carte et surtout la 'flil'le odograpbis1ne de In <strong>France</strong>, ou bIlera<br />
des dislinices d,., prinicipaiès villes dis Rouis iii,' é la eapi(ale et de, praz'iucea qui <strong>en</strong> dnpeudeub, tise,le<br />
,,,nml,re des Postes ,elalis'es é Puis, commue c<strong>en</strong>tre, par Riezi-7_<strong>au</strong> lion , Paris, 1762, iii-4. -<br />
Cf. <strong>au</strong>ssi, dans I'All'u,,i di sLa!islique graphique sic ipoo, la planche 28, consacrée <strong>au</strong>x Canditi0uS<br />
des levsmgi!s de Paris <strong>au</strong>x principales villes de Fraise, mm 1765.<br />
i. Arch. nat., 's 1187. Mèmoire Concernant l'utilité et la nécessité qu'il y a de r<strong>en</strong>dre<br />
les rivières navigables. ire juin 1717<br />
2. Cf_ J . Letacon non s, M'!' sisspara bite sur la ,lista'ire <strong>en</strong> temps moIre 1 'inl,riessr de la Br,fztii'<br />
rt hi mci <strong>au</strong>x XVIW, X iX' et XX' siècles, dans les A,inalesde Brelszgne. avril 2908, t. XXIII.<br />
- Vers le milieu du siècle. les vallées des H<strong>au</strong>tes-Alpes ne communiqsiai<strong>en</strong>t presque point<br />
arec les pays voisins. Un homme de Gap, partant pour Paris, pr<strong>en</strong>ait plus de préc<strong>au</strong>tions,<br />
faisait plus de dispositions qu'un commerçant qui s'embarque pour la Chine. » (Bonnaire,<br />
M,,,soire <strong>au</strong> ,,ii'ni,lre de sur l'isis la rirs si! rnation<br />
dis mlsipar!ein<strong>en</strong>s' des flais te., -AiMe, Paris, <strong>au</strong> IX,<br />
il ' -8, p. 37).<br />
. Arcli. iiat., F'' i in'. Mémoire des députés des sénéch<strong>au</strong>ssées de Borde<strong>au</strong>x et Lyon tï<br />
l'Assemblée nationale, 1790.<br />
. Legrand, Voiite /èi! ,'fl 1787 cl 1 788 dans la ci-de,.unl boute ml bosse Auvergne. Paris.<br />
an III, 3 vol. iii-8, P. 226.<br />
. Àrch. uat., F" 1 i ix. Mémoire de la municipalité de Granville, 26 décembre 1791.
1 10 51<br />
LES TRANSPORTS EN FRANCE AU xvllIe S1CLE<br />
vait les dimanche, mercredi et v<strong>en</strong>dredi, <strong>en</strong>tre midi et 4 heures du soir;<br />
mais, sans s'arrêter, il continuait sa route jusqu'à Besançon. C'est â<br />
Besançon qu'un messager pr<strong>en</strong>ait les lettres pour Salins, Arbois, Poligny,<br />
Orgelet et Saint-Cl<strong>au</strong>de, où elles parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t successivem<strong>en</strong>t et très<br />
l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t. Il <strong>en</strong> résultait « que les lettres qui primitivem<strong>en</strong>t étai<strong>en</strong>t arrivées<br />
â un point du départem<strong>en</strong>t, d'où n elles <strong>au</strong>rai<strong>en</strong>t dû ' être répandues<br />
<strong>en</strong> so ou 12 heures dans toute son ét<strong>en</strong>due n, n'y parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t que<br />
plusieurs jours après et que Lons-k-S<strong>au</strong>lnier, chef-lieu du départem<strong>en</strong>t,<br />
était plus de temps t recevoir des lettres de 1)ùle que les mêmes lettres<br />
n'<strong>en</strong> mettai<strong>en</strong>t â v<strong>en</strong>ir de Paris à Dôle '. n<br />
Il<br />
Le Roulage. - <strong>Les</strong> marchandises étai<strong>en</strong>t-elles plus fa' orisées que les<br />
voyageurs ? <strong>Les</strong> transports par terre étai<strong>en</strong>t d'<strong>au</strong>tant plus actifs que les<br />
rivières étai<strong>en</strong>t plus négli gées 2 Le roulage avait alors une importance<br />
exceptionnelle. « <strong>Les</strong> transports se font presque tous par terre, déclarait<br />
de La Lande, <strong>en</strong> exagérant un peu, <strong>en</strong> 1778, â c<strong>au</strong>se de la difficulté des<br />
rivières il n'y a que les marchandises d'un <strong>en</strong>combrem<strong>en</strong>t énorme qu'on<br />
est forcé de transporter par les rivières ; toutes les <strong>au</strong>tres pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la voie<br />
des rouliers pour être voiturées d'une extrémité du roy<strong>au</strong>me à l'<strong>au</strong>tre; les<br />
fers iiiême.., pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la route de terre pour v<strong>en</strong>ir 't Lvon par exemple<br />
depuis la Franche-Comté, <strong>au</strong> lieu de profiter du Doubs qui passe <strong>au</strong>près<br />
des forges de cette province ; les fers du l3errv sont voiturés par charrois<br />
jusqu'à Orléans et vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t même quelquefoisdirectemcnt jusqu ' l Paris t.<br />
Le roulage se bornait <strong>au</strong> transport des marchandises lourdes; il était<br />
expressém<strong>en</strong>t déf<strong>en</strong>du <strong>au</strong>x rouliers et à tous <strong>au</strong>tres particuliers de voiturer,<br />
sur les routes où il y avait un service régulier de messageries, des personnes,<br />
des paquets de moins de 50 livres, des matières d'or ou d'arg<strong>en</strong>t,<br />
des valeurs, des étoffes précieuses, dont le transport était réservé <strong>au</strong>x<br />
r. Arcli. nat., F" Ht, Jura, 6. Extrait du procès-verbal desséances du conseil du départem<strong>en</strong>t<br />
du Jura.., Séance du 3 décembre 1790. f' 43 sqq. - Cf. <strong>au</strong>ssi. pour les villes lorraines,<br />
P. iSové, lac. cii., p 133. Jusqu'<strong>en</strong> 179o, <strong>en</strong> D<strong>au</strong>phiné, il n'y eut que 28 bure<strong>au</strong>x de poste<br />
et 9 bure<strong>au</strong>x de distributions particulières (Pilot. Postes et relaie <strong>en</strong> Dnupbin., dans le Bali. de<br />
li Sac. statistique des se. ,mlu,-. et •aïts ind1;strie15 rie l'Isire, 3' série, t, VIII, (retiohlr 1879.<br />
P. 430).<br />
2. P<strong>en</strong>dant longtemps, ou se préoccupa surtout des routes, <strong>au</strong>xquelles on affecta la corvée<br />
et presque tout le budget des trav<strong>au</strong>x publics (Cf. J . Lttconnoux, <strong>Les</strong> voies de com,nusicalio,,<br />
es Fiance ou X I'ilI siècle, lac. ciL)<br />
3. De Lu Lande, Des can<strong>au</strong>x de navigation et spécialem<strong>en</strong>t du canal du Languedac, Paris, 1778<br />
in-4, 421-
Ç4.<br />
10 J. LETACONNOUX [io6)<br />
messagers, sous peine de 500 livres d'am<strong>en</strong>de et de la confiscation des<br />
marchandises et des chev<strong>au</strong>x '. En général, le roulage s'exerça librem<strong>en</strong>t.<br />
li était pratiqué non seulem<strong>en</strong>t par des commissionnaires de transport et<br />
par les fermiers des Messageries, mais <strong>en</strong>core par les paysans. <strong>Les</strong> paysans<br />
s'y adonnai<strong>en</strong>t volontiers, surtout dans les saisons où leur métier d'agriculteur<br />
leur laissait des loisirs, « La voiture, remarquait la municipalité<br />
de Tours, <strong>en</strong> 1784, est une ressource assurée pour le laboureur; elle<br />
occupe les intervalles Lies trav<strong>au</strong>x rustiques ; souv<strong>en</strong>t la nourriture des<br />
hommes et des chev<strong>au</strong>x est le seul salaire du roulier.., mais le laboureur<br />
gagne <strong>en</strong>core <strong>en</strong> ne restant pas oisif; privés de cette ressource, les laboureurs<br />
acquitteront moins aisém<strong>en</strong>t les impôts, <strong>au</strong>ront moins de besti<strong>au</strong>x<br />
de labour i ... » Dans les régions où l'agriculture était peu rémunératrice,<br />
k roulage était très pratiqué par les paysans les habitants de La Fère-<br />
Champ<strong>en</strong>oise se dédommageai<strong>en</strong>t de l'ingratitude de leur sol <strong>en</strong> faisant<br />
avec succès le commerce de roulage et d'échange 3; les laboureurs de la<br />
Moselle n'<strong>au</strong>rai<strong>en</strong>t pu vivre sans les ressources qu'ils trouvai<strong>en</strong>t â voiturer,<br />
« pour des particuliers, le bois, le vin, le charbon, la houille 4...<br />
Le roulage attirait tant les paysans qu'ils <strong>en</strong> négligeai<strong>en</strong>t parfois la culture;<br />
« ils ne donn<strong>en</strong>t à la culture de leurs champs, dit Leriche <strong>en</strong> 1787,<br />
que la plus pressante de celles qu'ils exig<strong>en</strong>t ... u Après la proclamation<br />
de la liberté du commerce des grains, les cultivateurs du Berry, séduits<br />
par les gains des rouliers, se fir<strong>en</strong>t presque tous voituriers 6 . Dans le<br />
Lyonnais 7, dans la généralité de Dijon 8, l'habitude du roulage faisait de<br />
CI<br />
même tort t l'agriculture.<br />
Le roulage utilisait soit des charrettes à deux roues, soit des chariots à<br />
quatre roues. Sur les charrettes, on ne pouvait, depuis 172.1, atteler plus<br />
de 3 chev<strong>au</strong>x <strong>en</strong> été, et plus de 4 <strong>en</strong> hiver. Jusqu'<strong>en</strong> 1783, il n'y eut<br />
<strong>au</strong>cune limitation du nombre des chev<strong>au</strong>x pour les chariots; après la<br />
déclaration du 28 décembre 1783, on put atteler un nombre indéfini de<br />
z. .krch. nat., F'' izo Arrêt de règlem<strong>en</strong>t sur les dilig<strong>en</strong>ces, 7 août 1775.<br />
. la., ibid. Requète du corps municipal de Tours <strong>au</strong> contrôleur général, 57 mars £784<br />
;. Description Iep.grophi j iir du lépi't<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t de la ,%tar,u', rédigée par la Société d'agriculture<br />
co)nner(e, scicnc. cl arts du départem<strong>en</strong>t, approus'6' par B'urgesiis-Jssais:l, préfet, Paris, an X,<br />
in-8, P . 116.<br />
. Colclt<strong>en</strong>, Mémoire 5laliliJIe du dipurtein<strong>en</strong>l de la M<strong>au</strong>dit, Parie, <strong>au</strong> Xl, in-fol., P. I 18.<br />
. Leriche, Acis <strong>au</strong>x spcuis (r ira patriotes ou mémoire pour l'i!abliss<strong>en</strong>ie,I( d'une nouvelle riav i.<br />
galion sur la riiire de Seine, l'iris, 1787, in-S P. 10-1 t.<br />
6. Arch. nat., F'4 708. Minsoire et projet de lettres pat<strong>en</strong>tes pour le canal de Berri ., par<br />
Mari'ete, 1771.<br />
7. Id., Fz 313. Arrût du Parlem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> sujet de la construction d 'un canal de Givors<br />
Rive-de-Gier, 6 iii 1763.<br />
8. Id.. Fa8, États de situation ds coinnuti<strong>au</strong>ts de la généralité de Dijon (5789). Cf.,<br />
par exemple, les articles Anost. Antuillv.
1 I0 7 LES TRANSPORTS EN FRANCE AU Xvine SIiCLE ii<br />
chev<strong>au</strong>x sur les voitures chargées de grains, de farines, de fourrages, de<br />
bois â brûler, de charbons, de sels et d'objets indivisibles et très lourds;<br />
pour toute <strong>au</strong>tre voiture, il fut déf<strong>en</strong>du d'avoir plus de 4 chev<strong>au</strong>x par charrette,<br />
et plus de 8 par chariot ; toutefois, on eut la faculté d'atteler<br />
<strong>au</strong>tant de chev<strong>au</strong>x qu'on voulait sur toute charrette et sur tout chariot<br />
dont les jantes avai<strong>en</strong>t plus de cinq pouces de largeur '. Mais le m<strong>au</strong>vais<br />
état des chemins ne permettait pas toujours <strong>au</strong>x rouliers d'observer la<br />
police du roulage.<br />
L'industrie du roulage avait, d'une région â l'<strong>au</strong>tre, une importance<br />
très inégale. Elle était naturellem<strong>en</strong>t très développée dans les régions où<br />
la prés<strong>en</strong>ce d'un grand c<strong>en</strong>tre urbain, d'un c<strong>en</strong>tre industriel ou commer -<br />
cial la r<strong>en</strong>dait indisp<strong>en</strong>sable, dans les régions de passage <strong>en</strong>tre 1e nord<br />
et le midi de la <strong>France</strong>, <strong>au</strong>x abords des montagnes boisées: Paris et la<br />
région parisi<strong>en</strong>ne 2 étai<strong>en</strong>t le c<strong>en</strong>tre d'un roulage exceptionnel, malgré la<br />
concurr<strong>en</strong>ce de la batellerie; les rouliers y am<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t des marchandises<br />
ou des d<strong>en</strong>rées de tous les points du roy<strong>au</strong>me ; ri<strong>en</strong> que le transport du<br />
charbon de terre de Rive-de-Gier nécessaire â Lyon occupait, Cfl 1763,<br />
plus de 700 chev<strong>au</strong>x ou mulets et ut) grand nombre de paysans 3; dans<br />
le seul départem<strong>en</strong>t de la H<strong>au</strong>te-Vi<strong>en</strong>ne, situé sur le chemin des échanges<br />
<strong>en</strong>tre les vallées de la Garonne, de la Loire et de la Seine, le roulage, <strong>au</strong><br />
début de la Révolution, utilisait par an 5.000 chariots et 20.000 chev<strong>au</strong>x<br />
t ; dans le départem<strong>en</strong>t du Doubs , <strong>en</strong> 1789, sans parler des paysans<br />
adonnés <strong>au</strong> roulage, on comptait 460 maitres-voituri ers ; dans la vallée<br />
do Rhône, â Vi<strong>en</strong>ne, cri 1811, il passait par jour, <strong>en</strong> été, de .o â 50 voitures<br />
allant vers le nord et <strong>au</strong>tant allant vers le midi ; cri hiver, il <strong>en</strong> passait<br />
de 6o 1 70 6; les pa ysans des montagnes du diocèse de Rodez faisai<strong>en</strong>t<br />
un commerce considérable de merrain qu'ils transportai<strong>en</strong>t par charretées<br />
â Gaillac si d'où ils rapportai<strong>en</strong>t des fers, des vins et du blé 7. Dans<br />
quelques régions <strong>au</strong> contraire, le roulage, moins pratiqué, était insuffisant<br />
: de Pont-à-Vesle à la Meuse notamm<strong>en</strong>t, sur une distance de vingt<br />
t. Cf. Vignon. Études /sisloriq ses sur I'asIitiirsIstr:lissn des voies publiques <strong>en</strong> Fronce, eux X VW<br />
e! XVIII' siècles, Paris, 1862, 3 vol. in-8, t. II, p, 47-48, 178 sqq.<br />
2. Sur le transport des vins des <strong>en</strong>virons de Bar notamm<strong>en</strong>t, cf. Leriche, p. 14 sqq.<br />
3. Arch. tilt., F'm 553. Arrét du Parlem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> sujet de la construction dut, canal de<br />
Givors à Rive-de-Gier, 6 juin 1763.<br />
. M. L. Texier-Olivier, S!si!is/iqsse du &ptr!cines:t de la Houle- Vi<strong>en</strong>ne, Paris, 1808 , in-4,<br />
P. 18-519.<br />
5. JC2ti Dehry, Mi,,,oire statistique du départe gn<strong>en</strong>! du Doubs, Paris, an X, in-fol., p. 114.<br />
6. Arcli. tut., F'11269. Réponses <strong>au</strong>x questions cont<strong>en</strong>ues dans la lettre du ministre de<br />
lint,rieur du 20 tiovetubre iSsi, adressée ,su maire de Vi<strong>en</strong>ne,<br />
7. Id., 1`4 Iii;. Mémoire <strong>au</strong> contrôleur général sur la navigation du Taro par M. de<br />
SolIges, 1785, et Mémoire de la municipalité d'Albi à l'Assemblée n.ttionare. 1791.
12 J. LETACONNOUX [108]<br />
lieues, les marchandises v<strong>en</strong>ant de Liège, de Namur, de Sedan, de Charleville<br />
ne r<strong>en</strong>contrai<strong>en</strong>t point de rouliers; les marchands devai<strong>en</strong>t les<br />
chercher.três loin, à plus de 20 lieues à la ronde et ils n'<strong>en</strong> trouvai<strong>en</strong>t que<br />
p<strong>en</strong>dant 6 à 7 mois de l'année . Il est difficile d'évaluer <strong>en</strong> chiffres les<br />
mo y<strong>en</strong>s et l'activité du roulage français, non seulem<strong>en</strong>t parce que les r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />
nous manqu<strong>en</strong>t, mais <strong>en</strong>core parce que le roulage variait<br />
be<strong>au</strong>coup selon qu'il était plus ou moins pratiqué par les paysans, que la<br />
<strong>France</strong> était <strong>en</strong> paix ou <strong>en</strong> guerre, que la mer était libre ou sillonnée<br />
d'<strong>en</strong>nemis 2 que la circulation intérieure et l'exportation des grains<br />
étai<strong>en</strong>t tolérées ou déf<strong>en</strong>dues 3. « Suivant des relevés exacts du nombre<br />
des voitures occupées à transporter des marchandises dans l'intérieur du<br />
roy<strong>au</strong>me u, oit cri <strong>France</strong>, à la fin du siècle, « <strong>au</strong> moins 20.000<br />
chariots u. Mais De La Lande, qui cite ces chiffres, remarque lui-même<br />
qu'ils sont plutôt <strong>au</strong>-dessous de la vérité 4.<br />
<strong>Les</strong> progrès du roulage, <strong>au</strong> xviiit siècle, ont peut-être été plus s<strong>en</strong>sibles<br />
que ceux des voitures publiques. Il est incontestable qu'avec le<br />
développem<strong>en</strong>t et l'amélioration des routes, les rouliers ont pu <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>ter<br />
leurs charges sans r<strong>en</strong>forcer leur attelage. Le roulier, qui, avec 4 chev<strong>au</strong>x,<br />
chargeait 3.000 livres <strong>au</strong> début du siècle, <strong>en</strong> voiturait 5.000 dans le<br />
dernier tiers . Sans doute cette <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>tation peut nous paraître <strong>en</strong>core<br />
insuffisante; elle était pourtant un progrès anpréciable, <strong>au</strong>quel s'ajoutèr<strong>en</strong>t<br />
l'abaissem<strong>en</strong>t des tarifs et l'abaissem<strong>en</strong>t de la distance <strong>en</strong><br />
temps.<br />
Il est impossible de retracer de façon précise l'évolution des prix, car,<br />
suivant les régions, suivant les saisons, ils subissai<strong>en</strong>t des variations considèrables.<br />
Dans le Nord, où les transports étai<strong>en</strong>t plus faciles, où les rouliers<br />
devai<strong>en</strong>t compter avec la concurr<strong>en</strong>ce des voies d'e<strong>au</strong>, les prix étai<strong>en</strong>t<br />
moins chers; dès 1723, les rouliers d'Ami<strong>en</strong>s à Péronne et Be<strong>au</strong>vais,<br />
d'Ami<strong>en</strong>s à Saint-Qu<strong>en</strong>tin, avec chev<strong>au</strong>x et un chargem<strong>en</strong>t de 3.000<br />
livres, ne pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t que 8 à 32 d<strong>en</strong>iers par c<strong>en</strong>t 6 . <strong>Les</strong> prix <strong>en</strong>chérissai<strong>en</strong>t<br />
j . Arcli. nat., F' . i 509-i510'. Re4u,te des marchands de Sedan et de Charlevilic, s. d.<br />
2. 'fexier Olivier, .Stalisti,ju,'... tic la H,ii,ie-Vi<strong>en</strong>ne. p . 518-519.<br />
3. Arch. tint., F1 708. 'Mémoire et projet de lettres pat<strong>en</strong>tes pour le canal de Berri, par<br />
Marivetz, 5771.<br />
4. De La Lande, lot, cit.. P. 421.<br />
j. Arch. ilat., F'' ixa. Réponse des négociants d'Ami<strong>en</strong>s <strong>au</strong>x gribaniers (1723-1724);<br />
ilourrou), .%u,juojre iuslrscltj i,,uc/sa,il Je projet d. , nrrrigaiwu de la rh'iirt Orne t',, Nor,nandie,<br />
depuis .4 ig<strong>en</strong>ian jusqu'à sou eu, ls 'ee&ure dans la 'ni-r, a,i .de,sus de la rifle de Catir, (acri , 1750,<br />
in-4, P. 22 Arch. na t., 1` 1 4 676, Minioire sur le commerce relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Clraro-<br />
11m (1780) hi., F'' 1509-t 510', Établissem<strong>en</strong>t d'une cliansbre d'assu rance gratuite <strong>en</strong> faveur<br />
du commerce, s. d.<br />
6. Id , Fi l 1512 1. Réponse tics ngocial1ts d'Ami<strong>en</strong>s <strong>au</strong>x grihaniers (1723-1724).
11091 LES TRANSPORTS EN FRANCE AU XVIII 5 SIÈCLE 13<br />
<strong>au</strong> contraire dans les régions, où, soit les chemins, soit les moy<strong>en</strong>s de<br />
transport étai<strong>en</strong>t par trop défectueux : dans le Périgord, les paysans ne<br />
pouvai<strong>en</strong>t guère profiter des quelques grands chemins qui le traversai<strong>en</strong>t,<br />
« â c<strong>au</strong>se de la l<strong>en</strong>teur de leurs boeufs et de leurs petites voitures<br />
qui ne pouvai<strong>en</strong>t porter que de légers farde<strong>au</strong>x n; dans le départem<strong>en</strong>t<br />
du Var, où' les grandes routes étai<strong>en</strong>t rares, les chemins rur<strong>au</strong>x étai<strong>en</strong>t<br />
inaccessibles <strong>au</strong>x voitures; les bêtes chargées â bàt pouvai<strong>en</strong>t seules y<br />
passer; 12.o00 bêtes de somme étai<strong>en</strong>t ainsi employées <strong>au</strong>x transports ; or,<br />
un cheval chargé â bât « porte trois fois moins de poids n qu'attelé 2<br />
de G<strong>en</strong>ève â Lyon, le transport du c<strong>en</strong>t de marchandises coûtait, les<br />
droits compris, par charrette, 3 livres 5 sous, et, â dos de mulets, 7 livres<br />
ro sous ; les forges de Clavitre et le fourne<strong>au</strong> du Noyer avai<strong>en</strong>t, pour<br />
débouché commun, le port de Vierzon ; les premières <strong>en</strong> étai<strong>en</strong>t distantes<br />
de 6 1 kilomètres, le second de .j seulem<strong>en</strong>t; cep<strong>en</strong>dant, celui-ci payait 2<br />
à 3 livres par nulle <strong>en</strong> plus; il était relié <strong>au</strong> port par des chemins de traverse<br />
<strong>au</strong> lieu de l'être, comme les forges, par une grand'route 4. De même,<br />
indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t de la distance, les prix différai<strong>en</strong>t selon la possibilité de<br />
charger ou non, <strong>au</strong> retour : le prix des transports n'était pas plus élevé<br />
de Chalon-sur-Saône à Auxerre que de Chalon-sur-Saône â Avallon, pourtant<br />
plus rapproché de Chalon de 50 kilomètres, parce que les rouliers<br />
étai<strong>en</strong>t presque certains de pouvoir charger à Auxerre des marchandises,<br />
apportées par l'Yonne, pour le midi de la <strong>France</strong> 5.<br />
<strong>Les</strong> prix <strong>en</strong>fin variai<strong>en</strong>t avec les saisons. Ils étai<strong>en</strong>t toujours plus<br />
chers <strong>en</strong> hiver, car les rouliers étai<strong>en</strong>t plus longtemps <strong>en</strong> route<br />
les jours étai<strong>en</strong>t plus courts, les grands chemins plus difficiles et<br />
les chemins de traverse impraticables: dans une partie du départem<strong>en</strong>t de<br />
la Vi<strong>en</strong>ne, il était impossible « de ri<strong>en</strong> voiturer, p<strong>en</strong>dant 6 mois de l'année,<br />
<strong>au</strong>trem<strong>en</strong>t qu'à dos de mulet « li les chemins de traverse qui conduisai<strong>en</strong>t<br />
du fourne<strong>au</strong> de Noyer <strong>au</strong> port de Vierzon étai<strong>en</strong>t inaccessibles<br />
<strong>en</strong> hiver; les voitures, par un long détour, allai<strong>en</strong>t chercher la grand'route<br />
Areli. liai., F'' r204. Mémoire abrégé concernant l'avantage de r<strong>en</strong>dre navigable l'Isle<br />
de Coutras à Périgueux (1764).<br />
2. F<strong>au</strong>het. Description abrégée du diparleiiirn/ du Far, Paris. an IX, in-8, P . b-8. De<br />
même dans plusieurs cantons de la Vi<strong>en</strong>ne (Cochon, Description géuiiaIe du lpar1i'iuerit de la<br />
Vi<strong>en</strong>s,', Paris, <strong>au</strong> X. in-8, p. 75-76).<br />
;. Arch. uas.. F'' 1509-I tu'. Tarif de ce qui se paye actuellem<strong>en</strong>t pour les marchandises<br />
qui se transport<strong>en</strong>t... de Lyon it G<strong>en</strong>ève es de G<strong>en</strong>éve 5 Lyon.., 1751.<br />
4 . Dalplionse, ,tI,,,taire sIa!iIiqse du 1'piir1eineist de i'ludr,', Paris. an XIII, in-fol., P . 337.<br />
ç. Arda. nal., Fa 1275. Réponses <strong>au</strong>x questions du ministre de l'intérieur par le maire<br />
d'Avallon, 10 juin 1812.<br />
6, Cochon, Description générale du dépirtcni'nl de la ï 7i<strong>en</strong>;,c, p. 75.76.
!1<br />
4 J. LETACONNOUX [rio]<br />
à Châte<strong>au</strong>roux: ic trajet s'allongeait de 44 kilomètres à 72 et le prix<strong>en</strong><br />
passait de 15 à 16 francs le mille à 22 francs !•<br />
L'évolution des prix fut un peu troublée par les prét<strong>en</strong>tions des Messageries<br />
<strong>au</strong> monopole du roulage. Un arrêt de 1684, CU interdisant le<br />
roulage <strong>au</strong> fermier des Messageries, avait déclaré que toute personne<br />
pourrait s'y livrer, i condition d' y employer ses propres chev<strong>au</strong>x, de ne<br />
pas avoir de départs ré guliers, de ne t<strong>en</strong>ir ni bure<strong>au</strong>x ni <strong>en</strong>trepôts, de ne<br />
pr<strong>en</strong>dre <strong>au</strong>cun ballot de plus de 50 livres. <strong>Les</strong> négociants lyonnais protestèr<strong>en</strong>t<br />
contre cette dernière cl<strong>au</strong>se, et un arrêt du Conseil, le 2 avril 1703,<br />
<strong>au</strong>torisa les marchands à expédier do caisses de plus de 50 livres par<br />
tout voiturier, à leur choix. De même, différ<strong>en</strong>ts offices de commissaires<br />
inspecteurs, de courtiers et de facteurs de rouliers, créés clans les dernières<br />
années du règne de Louis XIV, <strong>en</strong> partie réunis il la ferme des<br />
Messageries, fur<strong>en</strong>t supprimés <strong>en</strong> 1 704 et 1712. Mais, le 12 janvier 1724,<br />
une compagnie obtint le privilège d'établir des bure<strong>au</strong>x pour le roulage,<br />
sans pouvoir obliger toutefois les rouliers à s'<strong>en</strong> servir ; d'accord, fermiers<br />
des Messageries et marchands réclamèr<strong>en</strong>t contre ce privilège, qui<br />
fut retiré le 12 septembre suivant. <strong>Les</strong> choses restèr<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
l'état jusqu'<strong>en</strong> 1775, jusqu'à la mise <strong>en</strong> régie des Messageries. L'arrêt de<br />
règlem<strong>en</strong>t du 7 août 1775 réserva <strong>au</strong>x Messageries royales, outre le transport<br />
lies matières d'or et d'arg<strong>en</strong>t, celui des paquets de moins de<br />
50 livres. En août 1776, les Messageries avant été remises <strong>en</strong> ferme, l'adjudicataire<br />
<strong>en</strong> rçut par bail le courtage non exclusif du roulage. Mais<br />
l'arrêt dit 22 juin 1777 porta une atteinte plus grave à. la liberté du roulage.<br />
Si l'article . de cet arrêt confirmait <strong>au</strong>x particuliers le droit de faire<br />
transporter leurs marchandises par des voituriers de leur choix, conformém<strong>en</strong>t<br />
<strong>au</strong>x arrêts de 1684 et 1701, les articles i et 2 accordai<strong>en</strong>t <strong>au</strong> fermier<br />
des Messageries une commission de 2 sous par livre sur le prix des<br />
transports et fixai<strong>en</strong>t ce prix, pour les marchandises sortant de Paris, à<br />
I sou 6 d<strong>en</strong>iers par c<strong>en</strong>t et par lieue, pour celles am<strong>en</strong>ées â Paris ou pass<strong>au</strong>t<br />
par Paris à. 2 sous. Le bure<strong>au</strong>, établi par le fermier, prit le nom de<br />
Bure<strong>au</strong> du roulage de <strong>France</strong>. En 1778, ce Bure<strong>au</strong> obtint <strong>en</strong> fait le privilège<br />
exclusif de l'<strong>en</strong>trepôt du roulage, car l'arrêt du 21 décembre déf<strong>en</strong>dit <strong>au</strong>x<br />
rouliers d'<strong>en</strong>treposer leurs chargem<strong>en</strong>ts et leur ordonna de les transporter<br />
directem<strong>en</strong>t à destination. Enfin, le 9 août 1781, le privilège exclusif du<br />
transport des marchandises admises <strong>en</strong> transit fut attribué <strong>au</strong>x Message-<br />
r. Dalphonse,Mémuirc sla lisl ique du 1p.7rtcneiiIde l'Indre, p. 337. <strong>Les</strong> prix des rouliers des<br />
Deux-Sèvres diminuai<strong>en</strong>t d'un sixième <strong>en</strong> été (Dupin, Mémoire statistique du départem<strong>en</strong>t des<br />
Deux-Sèvres, Paris, aie XII, in-fol., p. 13 ).
[ri i j LES TRANSPORTS EN FRANCE AU XVIll e SIkLE 15<br />
ries alors <strong>en</strong> régie '. 11 semble que ces limitations successives dc ]a<br />
liberté du roulage n'ai<strong>en</strong>t pas été heureuses. Elles provoquèr<strong>en</strong>t, dans le<br />
monde des marchands, d'unanimes protestations 2• On accusa les Messageries<br />
d'être moins rapides et d'être moins exactes l'atelier de charité de<br />
Bar-le-Duc avait l'habitude de confier <strong>au</strong>x rouliers les cotons qu'il achetait<br />
â Marseill', et qui lui parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moins d'un mois ; obligé, <strong>en</strong><br />
1781, de se servir des Messageries, il n'eut pas à s'<strong>en</strong> louer : le 17 octobre,<br />
à Marseille, 5o ballots de coton étai<strong>en</strong>t remis <strong>au</strong>x Messagers pour Belfort<br />
le 20 décembre suivant, il n'était <strong>en</strong>core arrivé que to ballots à destination<br />
3. D'<strong>au</strong>tre part le tarif fixé par l'arrêt du 22 Ufl 1777 était singuliér<strong>en</strong>i<strong>en</strong>t<br />
plus élevé que les tarifs ordinaires des rouliers. <strong>Les</strong> négociants<br />
marseillais rapoelaieiit qu'<strong>en</strong> 1771 des quantités considérables de grains<br />
avai<strong>en</strong>t été transportées de Marseille â Lyon, Besançon, Dijon, G<strong>en</strong>ève<br />
les rouliers pouvant à peine suffire à toutes les demandes, leurs prix s'élevèr<strong>en</strong>t<br />
de 20 sous par c<strong>en</strong>t ; malgré tout ils fur<strong>en</strong>t d'une livre inférieurs<br />
à ceux qu'on <strong>au</strong>rait pavés suivant le tarif du Roulage de <strong>France</strong> 1 <strong>Les</strong><br />
commissionnaires chargeai<strong>en</strong>t des marchandises â Rou<strong>en</strong> pour Lyon,<br />
directem<strong>en</strong>t, à raison de 6 livres le c<strong>en</strong>t ; pour le même trajet, le Rou-<br />
Lige de <strong>France</strong> exigeait 52 livres 7 sous , soit 3 livres 4 SOUS de Rou<strong>en</strong> à<br />
Paris, et 9 livres 3 sous de Paris à Lvon 5 ; d'Ami<strong>en</strong>s â Lyon, le fermier<br />
des Messageries pr<strong>en</strong>ait 15 livres du c<strong>en</strong>t <strong>au</strong> lieu des 5 à 6 livres dont se<br />
cont<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t les rouliers 6 Fréquemm<strong>en</strong>t des chargem<strong>en</strong>ts d'indigo se faisai<strong>en</strong>t<br />
â Borde<strong>au</strong>x pour Strasbour g ; le transport, qui <strong>en</strong> rev<strong>en</strong>ait d'ordinaire<br />
à 15 livres le c<strong>en</strong>t, coûtait, suivant le tarif du fermier, 15 livres ro sous<br />
de Borde<strong>au</strong>x à Paris et 8 livres 52 sous dc Paris â Strasbourg. Le tabk<strong>au</strong><br />
suivant montrera mieux la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre le tarif du Roulage de <strong>France</strong><br />
et ceux des commissionnaires, <strong>en</strong> 1777 7<br />
t. Arc],, nui., F'' to9-151o', Mémoire pour la chambre de commerce de Picardie contre<br />
les <strong>en</strong>treprises du fermier des Messageries qui prét<strong>en</strong>d exercer le privilège exclusif du roulage<br />
dans te roy<strong>au</strong>me.. (s. d.) ; Id., F" rio', Représ<strong>en</strong>tations de la chambre de commerce<br />
de Lvon contre I'arrét qui attribue â la régie des Messageries le privilège eclùsif des<br />
marchandises admises <strong>en</strong> transit (5782).<br />
2. Cf. Arch. nat., F" 15 ro', les protestations des chambres de commerce de Lyon, de<br />
Marseille, de Picardie, du corps des marchands de Paris.<br />
3. Id., ibid. Mémoire des directeurs de l'atelier de charité de Bar-le-Duc (1782).<br />
-. Id., ibid. Mémoi,e des marchands de Marseille <strong>au</strong> maire et à la chambre de commerce<br />
de Marseille (i).<br />
. Id., ibid. Tarif de comparaison <strong>en</strong>tre le bure<strong>au</strong> du roulage établi ... sous l<strong>en</strong>oin de Roulage<br />
de <strong>France</strong> et les prix communs de transport. . - chez les commissionnaires de voitures<br />
(i').<br />
6. Id., F" 1509. 1510'. Mémoire pour la chambre de commerce de Picardie contre les<br />
<strong>en</strong>treprises du fermier des Messageries.<br />
. Id., F' 3s5io'. Tarif de comparaison <strong>en</strong>tre le bure<strong>au</strong> dis roulage... de <strong>France</strong> et les<br />
prix.. - chez les commissionnaires.. - . (i).
TIMM<br />
16 J. LETACONNOUX [1121<br />
De Paris<br />
<strong>au</strong>x villes Distance.<br />
Suivantes.<br />
Orléans. ...<br />
Ami<strong>en</strong>s.<br />
Le Havre.<br />
Lille ......<br />
Limoges.<br />
Nancy.<br />
R<strong>en</strong>nes.<br />
Besançon...<br />
Nantes.<br />
Lorj<strong>en</strong>t,<br />
Lvon......<br />
Borde<strong>au</strong>x.<br />
Marseille,.<br />
Tarif des commission- Tarif du Roulage de<br />
n.iires par c<strong>en</strong>t. <strong>France</strong> par c<strong>en</strong>t.<br />
a tuer, ail retour. d Ualler. I<strong>au</strong> retour.<br />
2lie1ieS. 1 — 18 SOUS I 15 S. 2 2 S. 2 16<br />
- 16 - 2 - 5 - 2 -- 8 - 3 - 2 -<br />
52— 3_5—$3—I0--3-18-5"9<br />
57 - 3— 5-4—I0<br />
— 4-16— 5-14-<br />
78 - 7 — 7— 7-<br />
Sa-5 6— 6-3-8— 4<br />
83 5_1o_j6— 6—. 5-8-6-<br />
!<br />
92— 5—'°—i7— 6-16-9— 2-<br />
108 - 7I0 8I0 8-- z-9-10<br />
121 - S - 9 -- 9 -- I - 12 - 2<br />
322 - 6-6—to-- 9— 5-12 — 4—<br />
155 7 - 10— 9— 11 - 12 —15 - 10 -<br />
209 - 9 -<br />
30— 10 —15 - I] —20 -- 38<br />
Le régime institué par i'arrèt du 22 juin 1777 et si mai accueilli par le<br />
commerce dura peu. En 178.1, le roulage redevint libre et les comm is<br />
monopole fir<strong>en</strong>t tort <strong>au</strong>x <strong>en</strong>treprises privées ; à Paris, <strong>en</strong> 1789, Ofl ne<br />
comptait plus que 10 eitrepr<strong>en</strong>eurs de roulage <strong>au</strong> lieu de 17 11 1775.<br />
Si l'on fait abstraction de ce tarif anormal de 1777, malgré les variations<br />
locales des prix, on constate un léger abaissem<strong>en</strong>t du coùt des transports<br />
<strong>au</strong> xvlIle siècle. A ne comparer que les tarifs des différ<strong>en</strong>tes époques, cet<br />
abaissem<strong>en</strong>t parait peu s<strong>en</strong>sible <strong>en</strong> 1710, l'int<strong>en</strong>dant de Besançon payait<br />
le transport des blés à l'armée du Rhiii 2 sous par C<strong>en</strong>t et par lieue<br />
'ers 1780, le prix du c<strong>en</strong>t rev<strong>en</strong>ait <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne à I sou ; ou 4 d<strong>en</strong>iers<br />
par lieue z . Mais c'est moins peut-être sur le prix moy<strong>en</strong> du c<strong>en</strong>t que sur<br />
le prix total d'un vo yage donné que cet abaissem<strong>en</strong>t a porté. D'une part,<br />
les charges des rouliers - nous l'avons vu - se sont progressivem<strong>en</strong>t<br />
t. Arch. nat., Gs 164 4. A la môme date, <strong>en</strong> Bretagne, les rouliers pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t<br />
un sou par c<strong>en</strong>t et par lieue. C'était fort <strong>au</strong>-dessous du pris courant dans les <strong>au</strong>tres provinces.<br />
L'int<strong>en</strong>dant remarquait que c'était trop peu, d'<strong>au</strong>tant plus que les charrettes bretonnes<br />
étai<strong>en</strong>t petites, les chev<strong>au</strong>x faibles et les lieues longues (Id., G7 16-2, lettre de M. Ferrand<br />
<strong>au</strong> Contrôleur général, 33 septembre 1710).<br />
2. Aîch. nat., F' 1509-15 toi, Établissem<strong>en</strong>t d'une chambre d'assurance gratuite <strong>en</strong> faveur<br />
du commcrce(s. d.); F 66, Mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais<br />
0780).<br />
-sionnaires retrouvèr<strong>en</strong>t leur cli<strong>en</strong>tèle. Mais ces quelques années de quasi
I 13] LES TRANSPORTS EN FRANCE AU xVIue SICLE 17<br />
accrues ; d'<strong>au</strong>tre part, la durée des transports a diminué La distance <strong>en</strong><br />
temps s'est abaissée, soit que de nouvelles routes, <strong>en</strong> rapprochant certaines<br />
villes, ai<strong>en</strong>t raccourci les trajets, soit que le meilleur état des routes<br />
ait permis <strong>au</strong>x rouliers d'aller plus vite.<br />
Il ne f<strong>au</strong>t pas toutefois que ces légères améliorations fass<strong>en</strong>t oublier<br />
combi<strong>en</strong> le roulage laissait <strong>en</strong>core, dans l'<strong>en</strong>semble, â désirer. Un roulier<br />
avec 5 chev<strong>au</strong>x et un chargem<strong>en</strong>t de 6.000 livres, vers 1780, pouvait<br />
faire 8 lieues par jour ; avec quelques chev<strong>au</strong>x de plus et sur des routes<br />
très bonnes, il pouvait faire 9 lieues. Mais la majorité des rouliers n'avai<strong>en</strong>t<br />
que 4 chev<strong>au</strong>x et devai<strong>en</strong>t compter avec des routes souv<strong>en</strong>t difficiles<br />
une moy<strong>en</strong>ne de 7 lieues par jour leur paraissait très satisfaisante; 4 chev<strong>au</strong>x,<br />
avec un chargem<strong>en</strong>t de 5.000 livres, mettai<strong>en</strong>t 16 jours à franchir<br />
une distance de 100 à 120 lieues 2 ; de Lyon â Paris, par Moulins ou par<br />
Arnay-le-Duc, soit <strong>en</strong>viron 95 lieues, il fallait <strong>au</strong>x rouliers de 12 à<br />
15 jours ; de Lyon à Roanne, soit 14 lieues 2/3, 2 jours 3; de Sarrebourg<br />
à Strasbourg, il leur fallait 3 jours, de Metz et de Thionville à Strasbourg,<br />
il leur <strong>en</strong> fallait le double et le triple t. Cette moy<strong>en</strong>ne de 7 lieues par<br />
jour n'était d'ailleurs atteinte que dans les conditions les plus favorables<br />
l'hiver, le m<strong>au</strong>vais état des routes, la paresse des rouliers allongeai<strong>en</strong>t la<br />
durée des trajets, et les négociants se plaignai<strong>en</strong>t avec raison de la l<strong>en</strong>teur<br />
du roulage '. Enfin les transports rev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t parfois si chers qu'ils doublai<strong>en</strong>t<br />
le prix des marchandises ou des d<strong>en</strong>rées on avait espéré, après<br />
. Arch. nat., F'4676. Mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais<br />
(1780)z.<br />
Id., F"15o9-131n'. Établissem<strong>en</strong>t d'une chambre d'assurance gratuite.<br />
. Id., F'4676 mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais (1780).<br />
. Id., F'-x512. Mémoire de Ni. de Verg<strong>en</strong>nes â Joly de Fleur)'. 9février 1783.<br />
. Arch. dép. le la Loire-Inférieure, C 771. Requêtes de MM. Ulithof, Haeistj<strong>en</strong>s, Riedy,<br />
Turning<strong>en</strong> (1782).<br />
Étant donné que les conditions des transports ont peu changé p<strong>en</strong>dant la Révolution<br />
(cf. Masson Saint-Amand, ,tldnwire statistique du dparlem<strong>en</strong>t de l'Eure, Paris, an XIII, info].,<br />
p. 116), les chiffres Suivants ont leur intérét.<br />
Le délai de remise des rouliers de la H<strong>au</strong>te-Vi<strong>en</strong>ne était de 3 j kilométres par jour pour<br />
les voitures montant vers le nord, et 30 kilornitres pour celles desc<strong>en</strong>dant vers le sud (lexier.<br />
Olivier, SIalLilique du diparterneirt de la H<strong>au</strong>te-Vi<strong>en</strong>ne, p. $19). <strong>Les</strong> rouliers allai<strong>en</strong>t de La<br />
Rochelle â Niort Cfl3 loura, de Niort t Poitiers <strong>en</strong> 4, de Niort à S<strong>au</strong>mur ci, 6, de Poitiers à<br />
Saintes <strong>en</strong> 6, de Poitiers â Blaye <strong>en</strong> b, de Borde<strong>au</strong>x â Nantes Cli 1$ (Dupin, Stalfflique du<br />
départem<strong>en</strong>t des Deux-Sèvres, P. 135)- Selon la saison, de Toulouse <strong>au</strong>x villes suivantes, les<br />
rouliers mettai<strong>en</strong>t â Cahors 6 ou 7 }uurs. à Brive 10, à Orléans 20 ou 2 5 â Limoges ma,<br />
â Paris 25 ou 30, A Albi et Narbonne 4 ou 5, A Perpignan 8 OU 9, â Niu,es ta, â Marseille 20<br />
(ArCh. nat., 17 1 4 1269, Table<strong>au</strong> <strong>en</strong>voyé par le maire de Toulouse <strong>au</strong> ministre de l'intérieur,<br />
le 4octobre [8 1 1). Ils mettai<strong>en</strong>t de Val<strong>en</strong>ce A Avignon 2 jours A Lyon 3, i Marseille et<br />
Montpellier 5, â lurin a., à Paris i, â Rou<strong>en</strong> 18, A Lille 20 (Id., ibid., Réponses du maire<br />
de Val<strong>en</strong>ce..., 13 décembre r8x r); de Granville A Saint-Malo, Ca<strong>en</strong> et Cherbourg 4 jours,<br />
à Morlaix et Rou<strong>en</strong> 9<br />
et to, à Brest 13 et 15, à Paris te et 12, à Lille 17 et 19 (Id., F141270,<br />
Ville de Granville, Commerce de roulage et d'expédition, 1811).<br />
-.____
18 J. LETACONNOUX [r 141<br />
1763, que la liberté du commerce des grains serait avantageuse <strong>au</strong> Berry,<br />
fertile <strong>en</strong> toutes espèces de grains ; mais Je m<strong>au</strong>vais état des chemins et<br />
des rivières r<strong>en</strong>dit les transports si onéreux que la majeure partie de<br />
l'<strong>au</strong>gm<strong>en</strong>tation des blés resta <strong>en</strong>tre les mains des voituriers, <strong>au</strong> lieu de<br />
rev<strong>en</strong>ir <strong>au</strong>x cultivateurs ... s. A deux lieues d'Albi et à six de Gaillac, il<br />
y avait d'excell<strong>en</strong>tes mines de charbon qui <strong>au</strong>rai<strong>en</strong>t pu approvisionner<br />
Borde<strong>au</strong>x et y supplanter les charbons anglais ; mais les frais de transport<br />
des mines à Gaillac et de Gaillac à Borde<strong>au</strong>x étai<strong>en</strong>t tels qu'elles ne pouvai<strong>en</strong>t<br />
songer à la concurr<strong>en</strong>ce ; les charbons anglais n'étai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t<br />
v<strong>en</strong>dus à Borde<strong>au</strong>x que ioo écus le tonne<strong>au</strong> ; or les charbons d'Albi arri-<br />
2 .<br />
vai<strong>en</strong>t à Borde<strong>au</strong>x déjà grevés, par le transport, de roo écus par tonne<strong>au</strong><br />
Il <strong>en</strong> était de même de toutes les d<strong>en</strong>rées voiturées d'Albi vers les régions<br />
voisines ; elles ne r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t « qu'une moitié de leur valeur <strong>au</strong>x propriétaires<br />
quand ils <strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t déduit les frais de transport 3<br />
Arch. riaS., F4708. Mémoire et projet de krtres pat<strong>en</strong>tes pour le canal de Btrri<br />
(17I).<br />
2. Id., 174 1213. Mémoire <strong>au</strong> Contrôleur général sur la navigation do Tarim par M. de<br />
Solages (1785).<br />
. Id., ibid. Mémoire de la municipalité d'Albi â l'Assemblée nationale, 1791. 11 tallait<br />
<strong>en</strong>core compter parfois avec l'indélicatesse des rouliers qui pillai<strong>en</strong>t ou altérai<strong>en</strong>t les marchandises.<br />
Le 14 dmicmnbre 1782. Uri voiturier chargeait . Dieppe pour 8 à 900 livres de<br />
harirgs â destination d'Auxerre, avec un délai de remise de 12 jours; les har<strong>en</strong>gs mmarris'ireitt<br />
pas à Auxerre. on apprit que le voiturier les avait v<strong>en</strong>Jus <strong>en</strong> route, lu 1781, un voiturier,<br />
qui avait pris â Orléans pour 3.000 livres de cire adressée i Auxerre, s'était pareillem<strong>en</strong>t<br />
approprié son chargem<strong>en</strong>t (Arch. nat,, F'' rio', Mémoire <strong>en</strong>voyé par le sieur Gu<strong>en</strong>ot,<br />
avocat et échevin à Auxerre, mai-avril 1783). lAttis Pareil cas, les Messageries étai<strong>en</strong>t responsables<br />
des vols de leurs employés ; elles offrai<strong>en</strong>t donc plus de garanties que les rouliers,<br />
pas toujours solvables. C'était l leur seul avantage.
F 269] LES TRANSPORTS EN FRANCE AU XVllI c SIftl.E 19<br />
fi<br />
Batellerie fluviali' et flottage. - Le flottage, qui se pratiquait alors sur<br />
presque toutes les rivières, surtout à bois periu, était très actif dans les<br />
régions boisées 2, A Monturcux, on confiait à la Saône des incrrains qui,<br />
après avoir été rassemblés à Jonvelle, dans la H<strong>au</strong>te-Saône, étai<strong>en</strong>t divisés<br />
<strong>en</strong> trains, desc<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t jusqu'à Corre où ils étai<strong>en</strong>t embarqués pour<br />
Lyon. C'est sur une petite rivière des Vosges, la Plaine, que se faisait le<br />
commerce de bois de sapin le plus important ; elle portait les planches,<br />
par trains de 1.000 à 1.200, jusqu'<strong>au</strong> port de Raon 3. Dans le départem<strong>en</strong>t<br />
de la Meurthe, le flottage des bois de « marnage » avait lieu surtout sur la<br />
Sarre, la Meurthe, la Moselle, niais le flottage à bois perdu r utilisait<br />
presque toutes les rivières et les ruisse<strong>au</strong>x 4. Le bois des forêts d'Evreux,<br />
de Conches, de Breteuil s'expédiait <strong>en</strong> trains par la rivière d'Eton 5. La<br />
Creuse, <strong>au</strong>-dessus d'Arg<strong>en</strong>ton, transportait des bois de marine et de grosses<br />
charp<strong>en</strong>tes 6. Dans la région parisi<strong>en</strong>ne, le flottage était une véritable<br />
industrie, car la plupart des bois consommés à Paris y parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t par<br />
trains 7. Chaque année, la Marne recevait pour Paris <strong>en</strong>viron 500 trains<br />
1. Cf. la Revue, t. XI, pp. 97-114.<br />
2. Cf. More<strong>au</strong>, Le floflage <strong>en</strong> trains, historique, dans le Journal des Économistes, r" série,<br />
t. Vil.<br />
. Deagouttès, Table<strong>au</strong> statistique lu départem<strong>en</strong>t des ['orges, Paris. an X, in-8", p. 4.<br />
4. Arch. nat.. F" sis, Meurthr, 6. Compte décadaire r<strong>en</strong>du <strong>au</strong> ministre de l'intérieur,<br />
6 nivôse an 1V.<br />
5. Id., F'4 1195. Navigation de l'Eure, réponses sus questions.., sur les ponts et cli<strong>au</strong>snées,<br />
ai nivôse an II.<br />
6. Dalphonse, Statistique du départiss<strong>en</strong>t de l'indre, p. 19. - Sur le flottage <strong>en</strong> Limousin<br />
cf. A. Leroux, Docum<strong>en</strong>ts sela1ss <strong>au</strong> flottage ,'t à la cana lisatiou des rivi<strong>en</strong>'s <strong>en</strong> Limousin, dans<br />
la S. des Arcbives historiq ses de Limoges, t. VI.<br />
7. Le 3 pluviôse an U, le commissaire parisi<strong>en</strong> observateur Siret écrivait : u y a à dans<br />
les ravins, ruisse<strong>au</strong>x et <strong>au</strong>tres <strong>en</strong>droits du Morvan. connus dans le commerce sous le nom de<br />
ru,, plus de 400.ocie voies de bois qui y ont été jetées il y s pries de deus ans, â bois perdu n,<br />
pour Paris (Rapports de Grive! et Siret, commissaires observateurs parisi<strong>en</strong>s du Conseil exécutif
- -<br />
20 J. LETACONNOUX [270]<br />
ou « brelles » de bois, flottés ou attachés à la queue des bate<strong>au</strong>x i. Sur<br />
l'Aube, dés Clairv<strong>au</strong>x, on formait des « brelles u ; ces « brelles u composées<br />
de bois de sciage seulem<strong>en</strong>t, larges de 7 pieds et longues de 12 toises,<br />
flottai<strong>en</strong>t jusqu'à Bri<strong>en</strong>ne-la-Vieille, d'où elles continuai<strong>en</strong>t à desc<strong>en</strong>dre,<br />
réunies deux par deux ; à Bri<strong>en</strong>ne, on formait <strong>au</strong>ssi de nouvelles « brelles u<br />
de bois d'équarrissage pour la marine ; le bois à brûler <strong>en</strong> bûches desc<strong>en</strong>dait<br />
â bûches perdues jusqu'à Clairv<strong>au</strong>x et Sarron, où il était mis <strong>en</strong> trains<br />
pour Paris 1 . A la fin de 181 4, le préfet (le l'Yonne estimait qu'il se tiottait,<br />
chaque année, sur l'Yonne, 96.000 cordes de bois, sur la Cure,<br />
15.000, sur l'Armançon, 9.000, sur la Vanne, 2.000, soit 122.000 cordes<br />
pour Paris 3. La Seine elle-même am<strong>en</strong>ait m Paris, chaque année, <strong>en</strong>viron<br />
5o.000 cordes de bois jetés à l'e<strong>au</strong> <strong>en</strong> amont et <strong>en</strong> aval de Marcillv 4.<br />
Ces bois de la H<strong>au</strong>te-Seine étai<strong>en</strong>t moins recherchés que ceux de<br />
l'Yonne et de la Marne. Jetés à [lot dés Oigny près Chance<strong>au</strong>x, sur la<br />
Seine, et dés M<strong>en</strong>esble ou Colmier-le-Bas sur l'Ource, ils étai<strong>en</strong>t arrêtés<br />
<strong>au</strong> Pont Hubert, à une demi-lieue <strong>au</strong>-dessous de Troyes, repêchés et<br />
empilés à terre. Un an après, ils étai<strong>en</strong>t remis à l'e<strong>au</strong> et gagnai<strong>en</strong>t Marcilly<br />
à flot; à Marcillv, ils étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core sortis de l'e<strong>au</strong> et C'est de Li que,<br />
5 à 6 mois après, ils étai<strong>en</strong>t dirigés <strong>en</strong> trains sur Paris ; pour gagner Mar-<br />
CII))' et parcourir 40 lieues avant d'être formés <strong>en</strong> trains, ils mettai<strong>en</strong>t<br />
donc un an et demi ou deux ans ; <strong>au</strong>ssi arrivai<strong>en</strong>t-ils à Paris, si imbibés<br />
d'e<strong>au</strong>, si dépéris qu'ils étai<strong>en</strong>t s presque consommés u. <strong>Les</strong> bois de<br />
l'Yonne et de la Marne <strong>au</strong> contraire ne faisai<strong>en</strong>t qu'un court trajet à flot;<br />
les uns étai<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> trains dès Clamec y, les <strong>au</strong>tres dés Saint-Dizier et<br />
même plus tôt ;. Cette industrie du flottage était la seule occupation de<br />
paroisses <strong>en</strong>tières, riveraines de ces rivières, de l'Yonne notamm<strong>en</strong>t<br />
voici quel était, <strong>en</strong> 1792, depuis longtemps, le tarif des flotteurs de Coulanges-sur-Yonne<br />
et de Crain : pour former un train : 18 livres de flottage,<br />
9 « d'ust<strong>en</strong>siles », s livre5 sous de s journée d'avallage par<br />
homme u ; pour conduire un train à Paris 36 livres, des ports d'Armes<br />
et de Clamecy, 34, des ports de Coulanges-sur-Yonne et de Crain, 3 3, du<br />
port de Lucy-sur-Yonne, et 32, des ports de Chatel-C<strong>en</strong>soir et Mailly-<br />
provisoire, sur les subsistances et le ?naxirnu,n. publiés par P. Caron dans le Bull. de In Commision<br />
des ducs ,nest; Aow,ni.uCs de la Révolution, an. 1907, Paris, 1908, p. 139).<br />
i. Arch. 021., F4 1205. Mémoire sur l'état actuel de la navigation et du commerce de la<br />
Marne ci sur les déf<strong>au</strong>ts qui s'y trouv<strong>en</strong>t (1766).<br />
2. Id., F" o. Procès-verbal de visite de l'Aube par l'ingénieur <strong>en</strong> chef des ponts et<br />
ch<strong>au</strong>ssées du départem<strong>en</strong>t de l'Aube, 9 octobre 1793.<br />
. Id., F" sis, Yonne, 7. Situation du départem<strong>en</strong>t de l'Yonne si la fin de 1814.<br />
Mémoire du préfet, 30 mars 1805.<br />
. Leriche, Ioc. cil., p. 17.<br />
. Id. ibid., pp. 17-19.<br />
-, --.-- -. .. - --
27111<br />
•<br />
LES TRANSPORTS EN FRANCE AU YVIW SICLE<br />
le-Châte<strong>au</strong> '. Quand les trains, l'été, ne pouvai<strong>en</strong>t plus être attelés <strong>au</strong>x<br />
bate<strong>au</strong>x, et quand on les faisait tramer par des bœufs, comme sur la<br />
Marne, de mai à octobre, les frais de transport s'<strong>au</strong>gm<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t des frais<br />
d'éclusée exigés par les maitres de forges, soit 66 i 72 livres par éclu-<br />
sée 2<br />
Si malgré tout, le flottage était, même <strong>en</strong> été, relativem<strong>en</strong>t facile sur la<br />
plupart des rivières, toutes les voies d'e<strong>au</strong> ne se prêtai<strong>en</strong>t pas pareillem<strong>en</strong>t<br />
<strong>au</strong> transport des marchandises. Il ne f<strong>au</strong>drait pas néanmoins, sur la<br />
foi de de La Lande 3, exagérer la défaveur où le commerce les t<strong>en</strong>ait. Le<br />
mouvem<strong>en</strong>t de certaines voies navigables était loin d'être négligeable. En<br />
r8 r t, il passait chaque année, <strong>en</strong>tre Lyon et Arles, de 6 à 700 bate<strong>au</strong>x<br />
de divers tonnages 1. En 1809, <strong>au</strong> sortir des troubles de la Révolution,<br />
l'ingénieur <strong>en</strong> chef de Tarn-et-Garonne remarquait que la Garonne était,<br />
année commune, fréqu<strong>en</strong>tée par i .Soo bate<strong>au</strong>x, mais qu'elle le serait<br />
davantage quand le commerce <strong>au</strong>rait repris « son anci<strong>en</strong>ne activité s<br />
Dans le dernier tiers du xv[I1e siècle, on évaluait le mouvem<strong>en</strong>t du port<br />
de Digoin, sur la Loire, à i.600 bate<strong>au</strong>x d'un chargem<strong>en</strong>t de 100.000 livres<br />
chacun suivant le relevé du lieut<strong>en</strong>ant-général de l'Amir<strong>au</strong>té, de 1765<br />
6 ;<br />
à 1771, il <strong>en</strong>tra à Nantes une moy<strong>en</strong>ne de 2.200 bâtim<strong>en</strong>ts, dont la plupart<br />
chargés de grains ; <strong>en</strong> 1743, année où le commerce fut florissant, il<br />
était <strong>en</strong>tré dans la Loire 483 bâtim<strong>en</strong>ts français de plus de 30 tonne<strong>au</strong>x,<br />
j<strong>au</strong>geant <strong>en</strong>semble 42.640 tonne<strong>au</strong>X, et 229 navires étrangers du port total<br />
de 23.170 tonne<strong>au</strong>x ; une bonne partie des marchandises importées, surtout<br />
des grains, remontai<strong>en</strong>t la Loire, vers l'intérieur du pa ys 7. En 1766,<br />
malgré les difficultés de son cours, la Marne am<strong>en</strong>ait, chaque année, à<br />
Paris, I.200 charges de bate<strong>au</strong>x 8 . A la fin du siècle, le mouvem<strong>en</strong>t de la<br />
Vilaine, de Redon â R<strong>en</strong>nes, était <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne de r.000 bate<strong>au</strong>x par an 9.<br />
i. Arch. nat., F' iil,. Mémoire des flotteurs de paroisses de Coulangessur .Yonne et<br />
de Crain â l'Assemblée nationale, 27 février 1792.<br />
2. Id., F's taos. Inconvéni<strong>en</strong>ts actuels de la navigation sur la Marne. janvier 1786.<br />
. De La Lande. Des can<strong>au</strong>x de iwt'igahsn..., P . 421.<br />
. Arch. isai.. F's 1269. Réponses <strong>au</strong>x questions cont<strong>en</strong>ues dans la lettre du ministre de<br />
l'intérieur du 2o novembre It 1, adressée <strong>au</strong> maire de Vi<strong>en</strong>ne.<br />
. Id.. 1` 1 4 1271. Départem<strong>en</strong>t de Tarn-et-Garoiine. Rapport de l'ingénieur <strong>en</strong> chef... sur<br />
les rivières navigables de ce dparteiii<strong>en</strong>t, 7 décembre 1909-<br />
6. Id.. 12,4 676. Mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais (I 7&i).<br />
Id.. F4 iSi. Mémoire et récit du sieur Perronet... concernant la navigation de la I.oire,<br />
7.<br />
20 mars 1772. - Cette rivière fournit imiss<strong>en</strong>sélss<strong>en</strong>t â l'intérieur de fa <strong>France</strong> et particulièreisserit<br />
â Paris, par les can<strong>au</strong>x de communication qui l'uniss<strong>en</strong>t â la Seine supérieure<br />
(Rapport de (irivef, du 13 v<strong>en</strong>tôse an il, dans Rippoi is d. Grive! et Sire!. W. Ci!., p. 194)<br />
cf. <strong>au</strong>ssi Mantellier, lis'. rit.<br />
S. Arch. nat., F4 iao. Mémoire sur l'état actuel de la navigation et le commerce de la<br />
Marne et sur les déf<strong>au</strong>ts qui s'y trouv<strong>en</strong>t (1766).<br />
9. 11 avait été, <strong>en</strong> 1779, de 804 bate<strong>au</strong>x, <strong>en</strong> 1781:1, de 1.060 , Cl' 1781, de i.i 52. Cf. Bout-
22 J. LETACONNOUX [272]<br />
A la fin de l'aii X, d'après le préfet de Sambre-et-Meuse, le mouvem<strong>en</strong>t<br />
annuel des ports de la Meuse était, de Verdun à St<strong>en</strong>ay, de 125 bate<strong>au</strong>x,<br />
â Sedan de 1,15, à Mézières de 205, â Charleville de 175, â lumay de<br />
350, à Givet de 5 5o '; celui des ports de la Sambre était respectivem<strong>en</strong>t<br />
de 200 à M<strong>au</strong>beuge et à Landrecies 2 . Des différ<strong>en</strong>ts ports de la Saône, il<br />
partait <strong>en</strong> mo y<strong>en</strong>ne pour Lyon <strong>en</strong>viron i.600 bate<strong>au</strong>x, indigènes ou<br />
étrangers, 40 de Poniailkr, 230 OU 240 d'Auxonne, 240 de Saint-Jeande-Losne,<br />
io des ports du bailliage de Seurre, Bonn<strong>en</strong>contre, Glanon,<br />
Pouilly, 120 de Seurre, 70 d'Ecuelles, i8o de Verdun, 8o de Ch<strong>au</strong>vord,<br />
8o de Reconnav, 70 ti'Xllériot, 7 i 8 de Port-S<strong>au</strong>vage, 400 de Chalon,<br />
sans compter le mouvem<strong>en</strong>t plus irrégulier et moins considérable des<br />
ports de Tournus, Farges, Mâcon, Saint-Romain. Sur le Doubs, Charette<br />
<strong>en</strong> expédiait une douzaine, Navilly 18, Sarmesse tu et Fretterans 5 à 6 3.<br />
Sur les can<strong>au</strong>x, la circulation était déjà active. Le canal de la Brusch,<br />
qui facilitait l'arrivée à Strasbourg des vins du U<strong>au</strong>t-Rhin, des bois,<br />
recevait <strong>en</strong> mo y<strong>en</strong>ne de 7 à Sou bate<strong>au</strong>x t. En juillet 1783, il était passé<br />
plus de 260 bate<strong>au</strong>x sur le canal de Briare, <strong>au</strong>tant sur le canal d'Orléans,<br />
plus de b'oo sur le canal du Loing i ; <strong>en</strong> 1780, on évaluait le fl1OUVC-<br />
dais. Li navigation intérieure e,, Brelagne, depuis le _tlote,, .4gi jsisgu'd nos jours mémoire<br />
inédit, dont les conclusions ont paru dans les Mwale de Brelagne d'avril 1908.<br />
t. Arcli. 053.. F4 i66, Meuse. Table<strong>au</strong> dit prises titi droit dv navigatioii...<br />
r6 v<strong>en</strong>démiaire tu XI. Sur la Msuse, les bate<strong>au</strong>x se répartissai.cii. :insi<br />
Mouvem<strong>en</strong>t 115v<br />
ports de<br />
Grands bitc<strong>au</strong>x. Mignotes.<br />
\ ruLI:1 1 St<strong>en</strong>.is su<br />
Sçd,ttt .............<br />
Mézières go<br />
Cltarte','illu 50 50<br />
Fuma\' ............ 100 ina<br />
(;ivet .............. 200 I<br />
N.iilcs. B.srqicsttes.<br />
25<br />
('0 25<br />
90 25<br />
50 23<br />
IO0 50<br />
Ho 50<br />
2. Id., Ibid., S.sni:i o, Tahle.iu (lu srodu 1'résund (lit de lia' igatioit, 16 v<strong>en</strong>démiaire<br />
an XI.<br />
. Antoine, .\'a :''aij,,u de la Bsurgoase, ois Jno,noir,'s ci projets pour <strong>au</strong>gm<strong>en</strong> ter et éta blir lia<br />
navigalio,, sur les ris-lei-es du duché de Bourgogne. Amsterdam, 1774, in-4, t. i", P. 201 • 225,<br />
233-241. - En ram<strong>en</strong>ant le chargem<strong>en</strong>t de tous les bate<strong>au</strong>x circulant <strong>en</strong>tre Saint-Jean-de-<br />
Losnc et Clialon t 100.000 livres, on évaluait le mouvem<strong>en</strong>t de la rivière â 3.29! bate<strong>au</strong>x<br />
(Arch. 021., F 1 4 676, Mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais, 1780).<br />
4 . L<strong>au</strong>mond, Slstliiti,pie du départem<strong>en</strong>t dis Bas-Rbiim, Paris, an X, iii-8, p. 176.<br />
. Arch. 0,1., F 1 4 66o. Mémoire des propriétaires du canal de Briare.<br />
mars 1784. - <strong>Les</strong><br />
recettes euctissées par les propriétaires du canal d'Orléans fur<strong>en</strong>t de 202.187 livres d'octobre<br />
zg â décembre 17150. tic 196.388 <strong>en</strong> 1780-1781, de 183.432 Cfl 178e-1782, de 16.2; <strong>en</strong><br />
1782 1783, de 209,383 ci' 1783-1784, de 184,435 Cri de 265.398 CII 1785-1786.<br />
P<strong>en</strong>dant la m&ne pdriode, les dép<strong>en</strong>ses d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> et du personnel du canal fur<strong>en</strong>t successivem<strong>en</strong>t<br />
de 61,0 34 , de 4
[273] LES TRANSPORTS EN FRANCE AU XVIII<br />
C Slè.CLE 23<br />
m<strong>en</strong>t annuel du canal du Loing â plus (le 4.000 bate<strong>au</strong>x,. Alors que<br />
les dép<strong>en</strong>ses moy<strong>en</strong>nes du canal du Languedoc étai<strong>en</strong>t de 409.000 livres<br />
par an, <strong>en</strong>tre 1766 et 1785, le produit net du même canal fut <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne,<br />
(le 1779 à 1791, de 424.832 livres iS souS 9 d<strong>en</strong>iers. En 6 ans, de<br />
1780 à 1786, les recettes du canal du Loing s'élevai<strong>en</strong>t de 461.887 livres<br />
â 668.713<br />
0I 1779 i75I1O2 i72-1753 'S-17I i5 I85 I7SyI,86<br />
Déc. 178u.<br />
À.<br />
Recettes .. 5i SS - (5, 3; 4( 041 - 42 t 512 07 - 534 ((I - 7!(<br />
Dépeiisss 3 2:5-l') s, 55' 090 - ,o l 90 - Si 395 - I78 -<br />
De préfér<strong>en</strong>ce <strong>au</strong>x routes, <strong>en</strong> effet, on confiait avant tout <strong>au</strong>x rivières<br />
les marchandises lourdes ou <strong>en</strong>combrantes ; mais, â l'occasion, la batellerie<br />
disputait <strong>au</strong> roulage toute espèce de marchandise ou de d<strong>en</strong>rée. Le<br />
trafic prédominant de chaque rivière variait évidemm<strong>en</strong>t avec les productions<br />
ou k commerce des régions <strong>en</strong>vironnantes. Cahors et les villages<br />
4, du Quercy <strong>en</strong>voyai<strong>en</strong>t leurs vins à Borde<strong>au</strong>x par le Lot dont les ports<br />
de Clairac, du Plecq, de Granges, de Castelmoron, du Temple, de Fongrave,<br />
de Sainte-I.ivrade, de Cass<strong>en</strong>euil, de Vill<strong>en</strong>euve, de P<strong>en</strong>ne, de<br />
Fumel embarquai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> outre des blés et des e<strong>au</strong>x-de-vie . Tout le coinmerce<br />
dimportation et d'exportation de la province (le Picardie se faisait<br />
6 par la Somme et Sait-Valéry Par l'Isère, desc<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t les chanvres,<br />
les bois, les fers, la fonte, les canons du D<strong>au</strong>phiné et de la Savoie, des-<br />
t. D'après un mémoire de décembre 1757, il serait passé sur le canal 5.052 bate<strong>au</strong>x <strong>en</strong><br />
.IU<br />
156 (Id., F'4 676, sE,moire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t canal dit<br />
1780),<br />
2. Rapport cité de Gu ytou, P. i.<br />
. Areb. nat.. F'4 66o, Bordere<strong>au</strong> du prodLiit du canal du Loing. - <strong>Les</strong> deux can<strong>au</strong>x du<br />
Loing et d'Orléans mesurai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble 57.000 toises de long erlVirOI1. comptai<strong>en</strong>t<br />
à1 écluses et 27 ports d'<strong>en</strong>trepôts. <strong>Les</strong> frais d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, de 1784 1791, S'<strong>en</strong> élevèr<strong>en</strong>t CII<br />
55<br />
moy<strong>en</strong>ne, chaque année, à 8.000 livres, les frais d'administration à 6 1 000, non compris le<br />
payem<strong>en</strong>t de quelques t<strong>en</strong>tes foncières, des retraites et gratifications qui montèr<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>t<br />
à 7159 et 7,06() Li recette moy<strong>en</strong>ne des can<strong>au</strong>x, produit des fermages de<br />
moulins, des pris. des pêches compris, fut de 71 2.078 livres (Id.. ibid., Rapport cil forme<br />
de mémoire sur Fiispectioit faite par ordre de Monseigneur sur ses can<strong>au</strong>x d'Orléans et de<br />
Loing, <strong>au</strong> mois de mars 1791).<br />
d<br />
. R. P<strong>au</strong>nts. Lv rolllge rotai e! les originel is ltcied' Cahors. Cihors. 1907, P. 177. note 2,<br />
et La sic r ,Irniqne dans !'eleclio,l (e Cahors à la veille d' 1789. dans le Bull. de l,i Comsiasisn<br />
des j i 1n1'?ILI COIOII iijIlCS de la Résolution, 1906, no 4.<br />
. Gr.inat, L'<strong>au</strong>èliora!ion des t'oies ,lar jtul blet <strong>en</strong> Ag<strong>en</strong>ais, as X('Ifl .çid'le. loi. Cd.. p. 34.<br />
D'après un témoignage - tr,s probablem<strong>en</strong>t exagéré - le seul port de Ciss<strong>en</strong>cuil, <strong>en</strong> r715,<br />
surit exporté par an plus de 6.000 sacs de blé et près de 3.000 pièces d'e<strong>au</strong>-de.ve.<br />
6. Arch. iiat., F' s 509-1510'. Mémoire pour le commerce de Picardie contre les bateliers<br />
de la rivière de Somme nommés grihaniers (1775).
2 4 J. LETACONNOUX [274<br />
Imés à la Prov<strong>en</strong>ce et à la Méditerranée ; par elle <strong>au</strong>ssi remontai<strong>en</strong>t tous<br />
les sels consommés cmi D<strong>au</strong>phiné et <strong>en</strong> Savoie '. Par le Gers et les ports<br />
de Bordes et de Layrac, les campagnes voisines expédiai<strong>en</strong>t leurs grains z.<br />
La Garonne, prolongée par le canal du Languedoc, servait <strong>au</strong>x échanges<br />
des provinces du Sud-Ouest et des provinces du Midi, de Borde<strong>au</strong>x et<br />
des ports méditerrané<strong>en</strong>s . La Dordogne am<strong>en</strong>ait à Borde<strong>au</strong>x des bois,<br />
des merrains surtout, des chàtaignes, des fromages d'Auvergne v<strong>en</strong>us par<br />
M<strong>au</strong>riac, flé<strong>au</strong>x et Aurillac, des charbons d'Arg<strong>en</strong>tat et des vins . <strong>Les</strong><br />
vins du Languedoc, de la Prov<strong>en</strong>ce et du Roussillon, les e<strong>au</strong>x-de-vie, les<br />
huiles, les savons, les draperies, les cuivres, les plombs, les drogueries et<br />
surtout les épiceries des provinces méridionales et de Marseille, dirigées<br />
sur Paris et le nord de la <strong>France</strong>, remontai<strong>en</strong>t le Rhône jusqu'à Pierre-<br />
Bénite, à une lieue sous Lyon ; de là, le roulage les transportait à Roanne<br />
où les pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t les bateliers de la Loire 3; les vins de l'Orléanais, du<br />
Be<strong>au</strong>jolais et du Mâconnais gagnai<strong>en</strong>t Paris par la Loire, le cariai de<br />
Briare et la Seine 6, La Loire était <strong>au</strong>ssi le principal véhicule des grains<br />
que le grand marché de Nantes fournissait à Paris, r Rou<strong>en</strong> et <strong>au</strong>x provinces<br />
du C<strong>en</strong>tre 7. Le Couesnon exportait à Saint-Malo des bois de construction,<br />
les cidres nécessaires à l'armem<strong>en</strong>t des vaisse<strong>au</strong>x, des toiles de<br />
halle, des étamines et des serges ; il importait à Fougères, Bazouges,<br />
Antrain et <strong>au</strong>tres bourgs plus de 400 barriques de vins et d'e<strong>au</strong>x-de-vie<br />
par an. La Vilaine 'apportait à. R<strong>en</strong>nes et <strong>au</strong>x bourgs riverains les vins de<br />
Nantes, d'Anjou et de Borde<strong>au</strong>x, les sels de Bourgueuf et dit Croisic, les<br />
blés de Vannes, Auray et d'H<strong>en</strong>nebont, les résines des Landes, des e<strong>au</strong>xde-vie,<br />
du poisson salé, des bois, des pierres et des ardoises 8 <strong>Les</strong> rivières<br />
et les can<strong>au</strong>x du Nord transportai<strong>en</strong>t surtout des charbons et des fers 9<br />
s. Arch. nat., F's 1209. Mémoire sur la navigation de l'Isère depuis (ir<strong>en</strong>oble jusqu'à<br />
son embouchure dans le Rhône, par Bouchet (i- 60).<br />
2. Balguerie, Table<strong>au</strong> stalislique du dparzsmei! du Gers, Paris, an X, in-8, p. 4.<br />
. Arch. mit., F' 4 1195. Mémoire de l'état actuel des riviires de Garonne, du Sarlat, de<br />
l'Ariège et du Tarn. par Liburic-Pailhert, octobre 1771.<br />
4 . BombaI, La H<strong>au</strong>fe-Dørdo8 uc et sec gaba rierc, dans le Bull. de la Sec, des lettres, sc. et arts<br />
de ir Corre (Tulle), t. 23, passim.<br />
s. ,Arcl,. mit. 1-'4 1 185, Canal proposé de la rivière d'Anse â la rivire de Saône, s. d. -<br />
Cc cati,il fut exécuté sous le nom de canal d'Azcrgues, mi, â l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> <strong>en</strong> 1784 ; il établissait<br />
un passage commode <strong>en</strong>tre la Saône et le Rhône (Id., Ibid., Rapport sur l'exam<strong>en</strong> des<br />
devis.. . du bail d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de la rivière d'Azergues, 1784); id., F'' 1514, Requéte des<br />
négociants et maitres voituriers de Roanne su secrétaire d'Eat de la Marine, Ni. de Sartine,<br />
s. d.<br />
6. Linguet, Can<strong>au</strong>x sswig'ahles, Paris, 1769, in-12, Pi" 179-180.<br />
, Arch. no.. F'i i81. Mémoire.., de Perronet... concernant la navigation de la Loire<br />
dans la partie située <strong>au</strong>-dessous de Nantes, 20 mars 1772.<br />
8. Hourdais, La ,samia fis,, intérieure <strong>en</strong> Bretagne, lac. cil.<br />
, Cf. Arch. nit., F" 1512', passim.
[275] LES TRANSPORTS EN FRANCE AU XVIII C SlCLE 25<br />
la Saône des blés, dont un des plus grands marchés de <strong>France</strong> se t<strong>en</strong>ait à<br />
Gray , des bois, des charbons et du foin ; le Doubs du bois et des blés<br />
l'Oise de l'avoine et du foin ; l'Aisne des blés et de la farine pour Paris '.<br />
A Paris <strong>en</strong>core, l'Aube am<strong>en</strong>ait des charbons, des bois et des grains 3; le<br />
petit port de Plancy notamm<strong>en</strong>t recevait presque tous les grains des <strong>en</strong>virons<br />
de Plancy et Mery 4. Le trafic de la Marne, plus important, était<br />
<strong>au</strong>ssi plus complexe. <strong>Les</strong> ports de Lagny, de Me<strong>au</strong>x et de Condé (ce dernier<br />
situé sur le Mono) pratiquai<strong>en</strong>t surtout le commerce des grains, des<br />
farines et des bois ; Marv et l.i.y c<strong>en</strong>tralisai<strong>en</strong>t tous les grains et les bois<br />
de la Brie, du Valois et du Soissonnais; la Ferté-sous-Jouarre expédiait<br />
<strong>en</strong> outre be<strong>au</strong>coup de charbons, de foin, de meules â moulins ; de tous<br />
ces ports, il v<strong>en</strong>ait ï Paris plus (le 36.000 muids de grains et farines et<br />
plus de 30.000 cordes de bois. <strong>Les</strong> ports de Châte<strong>au</strong>-Thierry, Dorniiins,<br />
Damer)', Epernay, Av faisai<strong>en</strong>t le même trafic que les précéd<strong>en</strong>ts, mais<br />
Damery, Épernay et Ay embarquai<strong>en</strong>t de 31 t 14(500 queues (le vin.<br />
Châlons-sur-Marne, Mareuil, Poigny et Vitry chargeai<strong>en</strong>t <strong>au</strong>ssi des<br />
grains, notamm<strong>en</strong>t plus de 50.000 muids d'avoine, niais surtout des vins,<br />
des huiles de navette, des chanvres, des verreries; Saint-Dizier, Larzicourt<br />
plutôt les fers de la H<strong>au</strong>te-Marne, des bois de charp<strong>en</strong>te et diverses marchandises<br />
v<strong>en</strong>ues de Lorraine et de Franche-Comté 5.<br />
Plus <strong>en</strong>core que le trafic, la batellerie acçusait une grande diversité<br />
selon les régions. Chaque rivière avait une batellerie originale, plus ou<br />
moins nombreuse, ii qui souv<strong>en</strong>t sa forme et son tonnage r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t toute<br />
<strong>au</strong>tre rivière inaccessible. Sur le canal du Languedoc, dont vivai<strong>en</strong>t plus<br />
de 300 patrons mariniers 6, les bate<strong>au</strong>x étai<strong>en</strong>t répartis <strong>en</strong> trois catégories,<br />
ceux de moins de 15 mètres (le long, ceux de 15 à 20 mètres et ceux de<br />
r. Antoine, Nai igalion le la 13oiir'ogw. t. I", P. aol. 225-241. - Du seul port de Gray<br />
partait la maicure partie des grains et des fers de la Franche-Comté, de la Champagne et du<br />
Bassigny destinés â Lyon, <strong>au</strong> D<strong>au</strong>phiné et â la Prov<strong>en</strong>ce. <strong>Les</strong> marchands de Gray et des <strong>en</strong>virons<br />
achetai<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t <strong>au</strong>x propriétaires, <strong>au</strong>x laboureurs et <strong>au</strong>x fermiers et rev<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t<br />
<strong>au</strong>x négoc i ants lyonnais (Arch. nu.. F" 15 12 2. Mémoire sur la nécessité d'établir une charge<br />
sous le titre de commissaire du port de Gra y <strong>en</strong> Franche-Comté, décembre 1784). [e blé se<br />
r<strong>en</strong>dait <strong>au</strong> port de Gray de tous les points des départem<strong>en</strong>ts de la H<strong>au</strong> te-Saône, de la Côted'Or,<br />
de la Marne, de la H<strong>au</strong>te-Marne et des Vos ges; on y embarquait chaque année, eu<br />
Moy<strong>en</strong>ne, â la fini du svini sile, ;o.000.000 livres de blé (l5rusk. Tilnleaa statistique du<br />
ds;r!e,neu! le l'.'lube, Paris, an X, in-8, I» 48; Vergncs, Mimai,e nnr t, s/alisliqur du dxmrle,n<strong>en</strong>l<br />
de lu H<strong>au</strong>l,-Saéne, Paris, an IX, in-S, P. 16).<br />
2. D<strong>au</strong>chv, Statistique du d./sirfesne,ti de l'Aisne, Paris, an X, in-8, P. 41.<br />
3 Description lopogrupiaique de la Marne, p_ ao.<br />
4 . Leriche, Avis <strong>au</strong>x api,'ulakn!s. P. 36.<br />
. Arch. liaS., F'4 1203, Mémoire sur l'état actuel de la navigation et du commerce de la<br />
Marne et sur les déf<strong>au</strong>ts qui s'y trouv<strong>en</strong>t (1766); Description topographique de la Marne,<br />
P. 18.<br />
6. Arch. nat., F" r t. Adresse des patrons bateliers du canal du Languedoc (1790).
26 J. LETACONNOUX [276f<br />
20 mètres et <strong>au</strong>-dessus L . La batellerie de l'Adour comptait une c<strong>en</strong>taine<br />
de barques depuis Mont-de-Marsan et une douzaine depuis Peyrehorade<br />
les unes, les « chalibardoun u j<strong>au</strong>geai<strong>en</strong>t de roo à 120.000 livres et<br />
embarquai<strong>en</strong>t 7 hommes d'équipage ; elles ne pouvai<strong>en</strong>t remonter qu'à<br />
trois lieues <strong>au</strong>-dessous de Dax ; plus rapides que les « chalibardoun »,<br />
les gabares avec 5 hommes d'équipage et un chargem<strong>en</strong>t de 8o à<br />
ioo.000 ]ivres naviguai<strong>en</strong>t â l'époque des fortes e<strong>au</strong>x, d'octobre à avril<br />
elles ne pouvai<strong>en</strong>t dépasser Dax, leur forme ne leur permettant pas de<br />
naviguer <strong>au</strong>x basses e<strong>au</strong>x ; les coches d'e<strong>au</strong>, bate<strong>au</strong>x couverts ou à quille,<br />
montés par 6 hommes, outre les voyageurs, pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre Bayonne et<br />
Dax, 80.000 livres de marchandises <strong>en</strong> hiver et 20.000 seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> été<br />
tous ces bate<strong>au</strong>x se servai<strong>en</strong>t de la rame et s'arrètai<strong>en</strong>t à Dax ; <strong>au</strong> delà de<br />
Dax, on se servait d'allèges halées par des boeufs 2 Sur la Garonne, les<br />
bate<strong>au</strong>x de la plupart des ports, ceux de Verdun, de Mas-Gr<strong>en</strong>ier, de Boudon,<br />
de Bourret, d'Auvillars, du Petit-Besi, de la Magistère <strong>en</strong>tre <strong>au</strong>tres,<br />
variai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre to et 20 tonne<strong>au</strong>x ; le Tarn disposait d'<strong>en</strong>viron iSo bate<strong>au</strong>x<br />
de ro à 25 tonne<strong>au</strong>x t. Sur la Il<strong>au</strong> te- Dordogne, les « courpets s, de 8 à<br />
12 mètres de long, j<strong>au</strong>geai<strong>en</strong>t 8 tonne<strong>au</strong>x <strong>au</strong> plus, les « coujadours »,<br />
de 16 à 18 mètres de long, de prés de 4 mètres de large, j<strong>au</strong>geai<strong>en</strong>t<br />
dans les iS tonne<strong>au</strong>x ; les ii gabarots u, de 6 tonne<strong>au</strong>x seulem<strong>en</strong>t, servai<strong>en</strong>t<br />
uniquem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> transport des charbons -I. En dehors de ses gabares, la<br />
Charcute ne portait que des chaloupes et des barques; les gabares avai<strong>en</strong>t<br />
de ro à 90 tonne<strong>au</strong>x celles de Io i't 30 tonne<strong>au</strong>x exigeai<strong>en</strong>t deux à<br />
trois mariniers, celles de 40 à 6o, quatre i cinq, celles de 70 à So, cinq i<br />
six, et celles de 90. six à sept s. En 181 i, le maire de Tours évaluait à<br />
720 le nombre des bate<strong>au</strong>x inscrits dans les ports de la Loire, dont<br />
400 grands bate<strong>au</strong>x mâtés ou chalands j<strong>au</strong>geant ioo à 120.000 livres, 200<br />
pillards » chargeant les uns à peu prés <strong>au</strong>tant que les chalands, les <strong>au</strong>tres<br />
de .jo à 60.00o livres, et 120 toues portant 8 à 15 .000 livres seulem<strong>en</strong>t 6.<br />
Sur la Vilaine, les bate<strong>au</strong>x de 15 tonne<strong>au</strong>x ne pur<strong>en</strong>t naviguer p<strong>en</strong>dant<br />
i. Rapport Cité de Gurton, p. aa.<br />
2. Arc!,. nU. F4 1270. Réponses <strong>au</strong>x questions que k ministre de l'Intérieur a prés<strong>en</strong> -<br />
tées ait maire de Saint-Esprit par sa dépéche du ii aoiit 1812.<br />
3. Id., F'4 1271. Départem<strong>en</strong>t de T iru-et-Garoinie, Rapport de l'ingénieur cil chef... sur<br />
leï rivi&rcs navigables de ce départem<strong>en</strong>t, 7 décembre 1509.<br />
.. Bomba], La H<strong>au</strong>k-I)oyd,u . et cci gabariers, 1cc, tif., pp. 257-261.<br />
. Arc!,, nat., F'4 1269. (Diverses lettres des maires de Saintes. d'Angouldme, de Rochefort,<br />
de Cognac, de la tin de 181 1). Cf. Delaistre, Statistique du dépurlem<strong>en</strong>l de ia Char<strong>en</strong>te,<br />
Paris, an X. iii-5, i. g.<br />
6. Arch. nat.. F I 1 1269. Demandes de r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts sur k roulage et la navigation faites<br />
Par le ministre de l'Intérieur et réponses par le maire de 'Fours, 7 décembre 181 1. - An<br />
mom<strong>en</strong>t des hases e<strong>au</strong>x. les grands bate<strong>au</strong>x portai<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t 2s â 30.00o livre» (Id..<br />
F14 676, Mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> e<strong>au</strong>;,! du Charolais, 1780).
1<br />
277 LES TRANSPORTS EN FRANGE AU XVIII C SIÈCLE 27<br />
longtemps qu'<strong>en</strong>tre Messac et R<strong>en</strong>nes; <strong>en</strong>core, de juin à octobre, diminuai<strong>en</strong>t-ils<br />
leur charge de moitié, soit de 15.000 livres ; de Redon à Messac,<br />
les bate<strong>au</strong>x n'étai<strong>en</strong>t que de 6 à 8 tonne<strong>au</strong>x; montés par un seul<br />
homme, ils étai<strong>en</strong>t parfois attachés à quatre <strong>en</strong>semble et ne supportai<strong>en</strong>t<br />
chacun que so.000 livres <strong>en</strong>viron 1 ; à la suite des trav<strong>au</strong>x d'amélioration<br />
<strong>en</strong>trepris <strong>en</strong>tre 1784 et 1789, les bate<strong>au</strong>x de 15 tonne<strong>au</strong>x pur<strong>en</strong>t remonter<br />
directem<strong>en</strong>t de Redon à R<strong>en</strong>nes 2 . <strong>Les</strong> gabares de la May<strong>en</strong>ne,<br />
longues de 27 à 28 mètres, servies par 30 hommes d'équipage et un<br />
patron, transportai<strong>en</strong>t 16o à i80.000 livres 3; les anci<strong>en</strong>s bate<strong>au</strong>x légers,<br />
à faible tirant d'e<strong>au</strong>, <strong>en</strong> usage sur la May<strong>en</strong>ne, la Sarthe et le Loir, avai<strong>en</strong>t<br />
été remplacés, dans la première moitié du siècle, par des bate<strong>au</strong>x de<br />
plus grand tonnage; les portes marinières, larges de 12 pieds, avai<strong>en</strong>t été<br />
élargies â 34 pieds 4. Sur l'Orne, il y avait deux sortes de bate<strong>au</strong>x : les<br />
planes avec un seul homme d'équipage naviguai<strong>en</strong>t de Ca<strong>en</strong> à l'embouchure<br />
de la rivière ; quelques sloops et goelettes, quelques bricks, de 20<br />
à 250 tonne<strong>au</strong>x, sortai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> mer, les premiers avec 3 à 5 hommes à bord,<br />
les seconds avec 3 à 8 marins S. De Paris à la mer, les bate<strong>au</strong>x de la<br />
Seine étai<strong>en</strong>t des lieux ou allèges, dans lesquels les gros navires incapables<br />
d'<strong>en</strong>trer dans la rivière transbordai<strong>en</strong>t leur chargem<strong>en</strong>t ; les plus<br />
grands, montés par 7 hommes et tirés par 6 chev<strong>au</strong>x, larges deS à in mètres,<br />
calant 2m. 16, pouvai<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre 5 à 60 tonne<strong>au</strong>x ; les moy<strong>en</strong>s, larges<br />
de 6 à 8 mètres, calant de i mètre à t ru. 66, ne cont<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t que 2 à<br />
300 tonne<strong>au</strong>x I' ; les plus petits - et <strong>au</strong>ssi les plus nombreu x - j<strong>au</strong>geai <strong>en</strong>t<br />
dans les îoo tonne<strong>au</strong>x et même moins 7. La batellerie des afflu<strong>en</strong>t s de la<br />
Seine, s<strong>au</strong>t celle de l'Eure qui, à la fin du siècle, ne comptait guère,<br />
indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t des trains de bois, que 3 bate<strong>au</strong>x appart<strong>en</strong>ant à un<br />
Rou<strong>en</strong>nais 8, était déjà relativem<strong>en</strong>t nombreuse. Sur l'Oise, les bate<strong>au</strong>x,<br />
employés dans le canal de Ch<strong>au</strong>ny et obli gés de franchir des écluses,<br />
r. Bo urdiis, Lu na 'igalion iwérieure <strong>en</strong> Brelagiw.<br />
2. Arcli. nit., F4 66. Adresse du départem<strong>en</strong>t d'Ille-et-Vilaine â l'Assemblée nationale,<br />
lévrier 1791.<br />
Lettre du maire de [aval <strong>au</strong> ministre de l'Intérieur, 13 décembre<br />
3. .'5krch. ll;lt., 1"4 1270.<br />
18i l.<br />
.. 3d.. 1-' 1 4 1198. Lettre du s' Luce â Orry, 29 septembre 1744.<br />
. Id., F'' 1269. Lettre du maire de Cacn <strong>au</strong> ministre de 1 Intérieur, 12 décembre r8 ri.<br />
6. Id., F' 1513. Mémoire suc l'établissem<strong>en</strong>t dune nouvelle navigation des ports du<br />
Havre. de Honfleur, d'lssiguy... ers droiture S Paris et tes avantages qu'elle t sur les voitures<br />
ordinaires, 1717; Masson_Saint-Ansand, Mémoire s/a/is/iqIse du déperlrm<strong>en</strong>l de l'Eure,<br />
pp. il-Il.<br />
7. Arch. luit., 18 1210. Extrait des mémoires du sieur Passein<strong>en</strong>t, ingénieur du roi, et<br />
eI1ard, avocat <strong>au</strong> Conseil (1780).<br />
8. Arcls. nat,, 1-'14 1195. Navigation de l'Eure, Réponses <strong>au</strong>x questions sur les ponts<br />
et ch<strong>au</strong>ssées, z: nivôse ail II.
2$<br />
J. LETACONXOIJx [278]<br />
avai<strong>en</strong>t 39 mètres de long et 6m 50 de large; ceux qui desc<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t la<br />
rivière <strong>au</strong>-dessous des écluses mesurai<strong>en</strong>t 43 mètres sur 7m 50 et supportai<strong>en</strong>t<br />
.00.000 livres. Ces bate<strong>au</strong>x passai<strong>en</strong>t <strong>au</strong>ssi dans l'Aisne, qu'ils<br />
remontai<strong>en</strong>t jusqu'à Soissons et quelquefois jusqu'à Pontavert. Sur<br />
l'Aisne, les bate<strong>au</strong>x longs de 3 à 36 mètres, larges de 6 à 7, tirai<strong>en</strong>t<br />
1 m 4 6 d'e<strong>au</strong> et portai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>viron 420,000 livres; dans les passages difficiles,<br />
les allèges, tr<strong>en</strong>te-cinq fois plus petites, pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t une partie de leur<br />
chargem<strong>en</strong>t '. L'Aube possédait des bate<strong>au</strong>x de 25 mètres de long sur 5 à<br />
6 de large, niais le plus souv<strong>en</strong>t on usait, sur cette rivière, de bachots,<br />
longs de 13 mètres ; ces bachots étai<strong>en</strong>t accouplés et faisai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble 5 à<br />
6 mètres de large ; cette pratique du couplage ou « margotas e, était très<br />
répandue sur l'Aube . Longtemps, la Marne n'avait eu que de moy<strong>en</strong>s<br />
bate<strong>au</strong>x, lon gs de 22 mètres et chargeant, <strong>au</strong>x h<strong>au</strong>tes e<strong>au</strong>x, ioo â<br />
120.000 livres; dans le dernier tiers du siècle, sa batellerie s'était <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>tée<br />
de bate<strong>au</strong>x de 30 â .j.o mètres de long, de 6 mètres de large, susceptibles<br />
de véhiculer, <strong>en</strong> bonne e<strong>au</strong>, 260 à 280.000 livres 3; ces grands<br />
bate<strong>au</strong>x partai<strong>en</strong>t surtout de Lagnv, de Condé, de Me<strong>au</strong>x, de Mary, de<br />
Lizy et de la Ferté-sous-Jouarre 4. Sur les can<strong>au</strong>x de Briare et du Loing,<br />
la charge des bate<strong>au</strong>x, montés chacun par deux hommes, était de<br />
8o 000 livres 5, Sur la Somme, les gribanes étai<strong>en</strong>t un tiers de 15 à<br />
IS tonne<strong>au</strong>x, un tiers de 20 à 25 et un tiers de 25 à 30 . La navigation<br />
des Flandres et de l'Artois, du Hain<strong>au</strong>t et du Cambrésis était <strong>au</strong>x mains<br />
des maitres bateliers de Dunkerque, Bergues, Saint-Orner, Aire, Lille,<br />
Condé et Mons réunis. Dunkerque, Bergues, Saint-Orner, Aire et Lille<br />
avai<strong>en</strong>t chacune un corps de bellandriers. En 1772, il y avait, à Dunkerque.<br />
134 maîtres bellandriers et 78 bellandres ; 10 de ces bellandres,<br />
de 36 à 40 tonne<strong>au</strong>x, étai<strong>en</strong>t des caboteurs, mais toutes les <strong>au</strong>tres étai<strong>en</strong>t<br />
affectées <strong>au</strong> service du port et â la navigation des can<strong>au</strong>x; elles avai<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>viron 20 tonne<strong>au</strong>x. <strong>Les</strong> bellandres d'Aire et de Lille, limitées <strong>au</strong> sel'vice<br />
des can<strong>au</strong>x, calai<strong>en</strong>t moins d'e<strong>au</strong>, étai<strong>en</strong>t plus plates, be<strong>au</strong>coup<br />
plus longues et j<strong>au</strong>geai<strong>en</strong> t o tonne<strong>au</strong>x ;. Ces bellandres, dites bate<strong>au</strong>x<br />
d'Arras, pratiquai<strong>en</strong>t be<strong>au</strong>coup l'allège des bate<strong>au</strong>x de Condé qui, à Mortagne,<br />
transbordai<strong>en</strong>t une partie de leur chargem<strong>en</strong>t pour pouvoir <strong>en</strong>trer<br />
j . D<strong>au</strong>chv. 5luIisji15,' du liprrlemiz1 de l'Amie, pp. 3j -36, 38.39.<br />
2. Description topographique de la Manie, J). 20.<br />
3. D<strong>au</strong>chy, h,. il. p. 40, et Decriplion Iopographiquede la Marne, p. 17.<br />
. Arch, 051., F' 1203. Miiiiolrc sur l'état actuel de la navigation de l Marne (1766.)<br />
5. Id., F-4 676. Mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais (1780).<br />
6. Id., F" 15122. Mémoire <strong>au</strong> sujet des gribaniers de la ville d'Abbeville, s. d. (172;-<br />
1724).<br />
7. Arch. nat., 2 1313. Mémoire remis pour la ville de Dunkerque sur la navigation des<br />
can<strong>au</strong>x, janvier 1772.
Tt-' arr<br />
[2791 LES TRANSPORTS EN FRANCE AU XVIII 5 SIkLE 29<br />
dans les can<strong>au</strong>x des Flandres et de l'Artois. Ces bateliers de Condé et de<br />
Mons réunis, <strong>en</strong> possession du privilège de transporter les charbons<br />
d'Anzin embarqués <strong>au</strong> port de Noirinouton prés de Val<strong>en</strong>ci<strong>en</strong>nes, devai<strong>en</strong>t<br />
avoir des bate<strong>au</strong>x â 100 pieds de quille, dits u ncsve » ; dans le dernier<br />
tiers du siècle, ils s'étai<strong>en</strong>t mis â construire, malgré les réclamations des<br />
bateliers de Lille et d'Aire, des bate<strong>au</strong>x d'Arras. Vers 1780, ils <strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t<br />
déjà une vingtaine 1 ; <strong>en</strong> 1787, ils <strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t 38 ; cette dernière date, on<br />
comptait 270 bate<strong>au</strong>x ou ncsves de Condé et 83 de Mons 2• <strong>Les</strong> bateliers<br />
de la Meuse, qui naviguai<strong>en</strong>t de Verdun jusqu'<strong>en</strong> Hollande, employai<strong>en</strong>t<br />
u, des « nailes » et des « bar-<br />
des grands bate<strong>au</strong>x, des « mignoles<br />
quettes » ; les plus grands bate<strong>au</strong>x, qui ne remontai<strong>en</strong>t guère <strong>au</strong> delà de<br />
Charleville, vai<strong>en</strong>t de 25 à 27 mètres de long, 4 de large et chargeai<strong>en</strong>t<br />
So.000 livres 3. <strong>Les</strong> différ<strong>en</strong>ts ports de la Saône, que fréqu<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
outre des bate<strong>au</strong>x étrangers, possédai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>viron 200 bate<strong>au</strong>x. A Pontailler,<br />
deux propriétaires armai<strong>en</strong>t 3 bate<strong>au</strong>x seulem<strong>en</strong>t ; deux charretiers d'e<strong>au</strong><br />
avec .1 chev<strong>au</strong>x, $ « tacquiers u adonnés à la réparation des bate<strong>au</strong>x,<br />
quelques mariniers composai<strong>en</strong>t toute la population maritime ; à Auxonne,<br />
136 chefs de famille, dont 5 i bateliers et patrons mariniers, 5o portefaix,<br />
to propriétaires disposant de 31 à 32 bate<strong>au</strong>x vivai<strong>en</strong>t du commerce<br />
de la Saône ; â Saint-Jean-de-Losue, on comptait 10 armateurs et<br />
bate<strong>au</strong>x, à Seurre 4 armateurs et 8 bate<strong>au</strong>x, à Verdun 4 armateurs et<br />
26 bate<strong>au</strong>x. . . ; tous ces bate<strong>au</strong>x et ceux des <strong>au</strong>tres ports faisai<strong>en</strong>t 5 à<br />
6 voyages par an , sur la Saône et sur le Rhône ; sur la Saône seulem<strong>en</strong>t,<br />
les x chénières », portant 140 à 150.000 livres, n'embarquai<strong>en</strong>t<br />
que leur patron ; sur le Rhône, celui-ci s'adjoignait deux mariniers ; les<br />
« cizelandes u, avec un chargem<strong>en</strong>t de 100 110.000 livres, pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />
3 hommes d'équipage; les barques et les galiotes pontées, 4 avec une charge<br />
de 150 à I 6o.000 livres; les « p<strong>en</strong>elles », 4 avec t 6o à 200.000 livres<br />
i. Arch. liaI., F" 1512'. Mémoire pour les syndics et suppôts des corps de navigation<br />
établis dans lus provinces des flandres et d'Artois (vers 780), et Avis sur l'instance p<strong>en</strong>dante<br />
<strong>au</strong> Conseil <strong>en</strong>tre les bateliers de Lille, Aire.., et les inaitres de la navigation de Condé<br />
(de 1769 à 5781).<br />
2 Id,, 1` 4 ,i, Rôle des maîtres bateliers des corps de navigation de Condé et Mons<br />
réunis, fait <strong>en</strong> 1787. - De 1769 1781, 3e corps de Condé et Mons compr<strong>en</strong>ait 248 maitres,<br />
dont 3, niontois (id., F' 1512', Avis sur l'instance.., <strong>en</strong>tre les bateliers de Lille... et les<br />
maitres... de Condé...)<br />
. Arcb. 1111., F 1 4 1595, Requête des bateliers de Meuse (1744); F4 66. Meuse, Table<strong>au</strong><br />
du produit présumd du droit de navigation, 16 v<strong>en</strong>démiaire <strong>au</strong><br />
XI. Mèmoire dans lequel on<br />
indique la manière dont on désirerail que fut traitée la question projsssic pour le concours de l'an<br />
1772<br />
par l'.lcadé,nie de Met concernant le., obstacles physiques qui gènes! la navigation les s ivières<br />
de la province des Évéchis, principalem<strong>en</strong>t ceux de Ici Muselle, lii <strong>en</strong> la séance ordinaire de la Scièh<br />
roak du lundi 6 avril 1772, Metz, in-16.<br />
4. Antoine. Nuiigaliost de lu Bourgogne, t. I", p• 201-241.
30<br />
J. I.ETACONNQJx {2801<br />
les cc savos'ardots », 4 avec 200 et 240.000 livres. Ces derniers seuls ne<br />
quittai<strong>en</strong>t pas la Saône '. Le Rhône avait bi<strong>en</strong> des « savoyardots s, mais plus<br />
petits longs de 15 à 17 mètres, montés par •i hommes, avec une charge<br />
de 30 à 40.000 livres seulem<strong>en</strong>t. <strong>Les</strong> <strong>au</strong>tres bate<strong>au</strong>x du Rhône avai<strong>en</strong>t<br />
<strong>au</strong>ssi <strong>en</strong> général un tonnage un peu plus faible et un équipage plus nombreux<br />
que les bate<strong>au</strong>x de la Saône du même nom: les cc cizelandes n,<br />
longues de 22 à 24 métres, pouvai<strong>en</strong>t porter 100,000 livres, niais exigeai<strong>en</strong>t<br />
un patron et 4 mariniers ; les « p<strong>en</strong>elles s et les barques, longues de 25<br />
à 27 mètres, avec 7 hommes d'équipage, ne transportai<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>t<br />
que I.1 o.000 et 120.000 livres ; les « chênes » ou « chénières n, longs<br />
de î8 à 20 mètres, chargés de 140 à 16o.000 livres, avai<strong>en</strong>t à bord<br />
8 hommes ; les « cizelandes s construits par les habitants de Scyssel, les<br />
« savovardots » par les Savoyards, d'où leur nom, étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> sapin, assez<br />
grossièrem<strong>en</strong>t taillés; les « chêniéres s étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> chène ; les barques<br />
étai<strong>en</strong>t des bate<strong>au</strong>x couverts sur toute leur longueur, ou simplem<strong>en</strong>t <strong>au</strong>x<br />
deux bouts ; les « p<strong>en</strong>ches s étai<strong>en</strong>t des barques <strong>au</strong>x deux bouts recourbés<br />
; be<strong>au</strong>coup de ces bate<strong>au</strong>x durai<strong>en</strong>t peu, ordinairem<strong>en</strong>t 4à 5 ans .<br />
Si les tarifs du roula ge n'avai<strong>en</strong>t <strong>au</strong>cune uniformité, les tarifs de la batellerie<br />
<strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t moins <strong>en</strong>core. <strong>Les</strong> prix différai<strong>en</strong>t de rivière â rivière et, sur<br />
chaque rivière, ils variai<strong>en</strong>t suivant les saisons, suivant les marchandises<br />
et selon que les bate<strong>au</strong>x montai<strong>en</strong>t ou desc<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t. Sur la Loire, <strong>en</strong>tre<br />
Digoin et Briare, les frais d'un bate<strong>au</strong> chargé de 8o à loo.000 livres passai<strong>en</strong>t<br />
de 16o livres pour la desc<strong>en</strong>te à 200 pour la montée, par be<strong>au</strong><br />
temps ; par m<strong>au</strong>vais temps, ces frais s'élevai<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>t â 220 et<br />
420 livres. A la desc<strong>en</strong>te, le mille pesant rev<strong>en</strong>ait par lieue à 5 sous<br />
d<strong>en</strong>iers pour les blés, â 2 livres io sous pour les fers, â 2 sous pour les<br />
Vins, à i sou 2 d<strong>en</strong>iers pour les bois; à la montée, il coûtait 9 sous<br />
7 d<strong>en</strong>iers pour les blés, 9 sous pour les épiceries. 4 sous 6 d<strong>en</strong>iers pour<br />
les sels 3. Sur la Seine, les frais d'un bate<strong>au</strong> char gé de 800.000 livres,<br />
monté par ii mariniers et tiré par 12 chev<strong>au</strong>x tic Rou<strong>en</strong> â Paris,<br />
montai<strong>en</strong>t à 2268 livres ; de Paris à Rou<strong>en</strong>, deux chev<strong>au</strong>x suffisai<strong>en</strong>t à<br />
s. Arc}t. nat., 1`4 1271. Noms et dim<strong>en</strong>sions des bate<strong>au</strong>e de la Saône et du canal du<br />
C<strong>en</strong>tre. 2 décembre 181 1.<br />
2. Arh. nac., Fr4 1269. Équipages sur le Rhône pour la desc<strong>en</strong>t e , Réponses <strong>au</strong>x questions<br />
cont<strong>en</strong>ues dans la lettre du ministre de l'Intérieur du 20 novembre ttlti, adressée <strong>au</strong><br />
maire de 'r<strong>en</strong>ne; Lettre du maire de .Pont-Sairit-Eisprit, 8 décembre 181 1.<br />
. Id.. F'-t 676. knorre sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais (1780). -<br />
Sur la Loire, le transport des marchandises de gros volume, des bois notamm<strong>en</strong>t, était moins<br />
cher que sur be<strong>au</strong>coup d<strong>au</strong>trcs rivières (Id., F 1 4 676, Prospectus d'un cariai du Charolais,<br />
1780, note b). El' 790. d'après le rapport de (irivel du r v<strong>en</strong>tôse an II, le transport du<br />
mille coûtait 4 livres d'Orléans â Nantes., et 10 â 12 livres de Nantes â Orléans (Rapports<br />
d1 Grivd el Siret, loc. ci!., p. 194).
[28 11<br />
LES TRANSPORTS EN FRANCE AU XV1II C S1.CLE<br />
traîner le même bate<strong>au</strong> dont les frais tombai<strong>en</strong>t à 66o livres. Entre Rou<strong>en</strong><br />
et Paris, le transport d'un mille pesant se payait <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne i sou<br />
2 d<strong>en</strong>iers par lieue, à la montée, et 4 d<strong>en</strong>iers à la desc<strong>en</strong>te. D'Auxerre à<br />
Paris, il se pavait 6 sous 3 d<strong>en</strong>iers par lieue '. Sur la Somme, les transports<br />
étai<strong>en</strong>t plus chers d'Abbeville à Ami<strong>en</strong>s que de Saint-Valéry à<br />
Abbeville ; d'après le tarif de 1672, les grihariiers pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t pour chaque<br />
lest de fer, de liquides ou de har<strong>en</strong>gs 40 sous de Saint-Valéry à. Abbeville,<br />
où ils remontai<strong>en</strong>t avec la nier, et 6 livres d'Abbeville à Ami<strong>en</strong>s '.<br />
Sur les can<strong>au</strong>x du Nord, les hellandriers exigeai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> 1772, in sous du<br />
c<strong>en</strong>t de marchandises de Dunkerque à Lille . Sur la Saône, un bate<strong>au</strong><br />
avec un chargem<strong>en</strong>t (le 150.000 livres, était conduit par 3 mariniers et<br />
un patron ; quelle que fût la durée du vo yage, le patron recevait iS livres,<br />
chaque marinier 12, sans compter 30 SOUS par jour pour la nourriture<br />
le prix d'un voyage, de Lyon à Chalon, y compris les salaires du personnel,<br />
la location du bate<strong>au</strong>, l'indemnité de retour du bate<strong>au</strong> à vide, était<br />
<strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne de 168 livres à la desc<strong>en</strong>te et de 282 à. la montée, soit<br />
18 sous 3 d<strong>en</strong>iers par mille à la desc<strong>en</strong>te et 31 SOUS 3 d<strong>en</strong>iers à la montée;<br />
avec un chargem<strong>en</strong>t de 100.000 livres seulem<strong>en</strong>t, le prix du voyage<br />
rev<strong>en</strong>ait à i livre 13 sous 6 d<strong>en</strong>iers par mille à la desc<strong>en</strong>te et à 2 livres<br />
i6 sous 4 d<strong>en</strong>iers à la montée ; <strong>en</strong> principe, on évaluait le prix moy<strong>en</strong> (lu<br />
mille, sur la Saône, à 1 sou et i sou 8 d<strong>en</strong>iers par lieue ; mais l'abs<strong>en</strong>ce<br />
de concurr<strong>en</strong>ce provoquait l'<strong>en</strong>chérissem<strong>en</strong>t des prix et le transport des<br />
4<br />
blés, notamm<strong>en</strong>t, coiitait respectivem<strong>en</strong>t 3 sous 4 d<strong>en</strong>iers et 5 sous<br />
. Sur<br />
les can<strong>au</strong>x de l3riarc et du Loing, vers 1780, 011 estimait les frais de<br />
transport à 3<br />
sous par lieue et par mille, alors qu'ils n'étai<strong>en</strong>t, surie canal<br />
du Languedoc, que de 5 d<strong>en</strong>iers 5.<br />
Pour les voyages accomplis dans les conditions les plus favorables, ces<br />
z. Arcli. nat., F 1 4 676. Mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais<br />
(1780). Cf. <strong>au</strong>ssi Rapports de Grire/ et Sirci... toc. cit., Rapport du 13 vefltÔSC ail 11, P. 394.<br />
F" 1512', Mémoire <strong>au</strong> suet des gribaniers de la ville d'Abbeville (172;-1724).<br />
Ce tarif, dès 1723-1724. n'était plus Suivi; les grihaitiers avai<strong>en</strong>t leve leur prix lin<br />
quart.<br />
F" 1513. Mémoire remis pour la ville dt Dunkerque, navigation des CanaUs, janvier<br />
1772. - <strong>Les</strong> bateliers de Mous et Condé pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t, pour le transport des charbons d<br />
Lille, de Jemappes, 29 florins le c<strong>en</strong>t de 6o rasières, mesure de Lille, de Carignan 27. de<br />
Saint-Guislain 26, de llossui 25 florins (id, ta 5512', Réponse pour les bateliers de Condé<br />
<strong>au</strong> mémoire des bat1icrs de Flandre et d'Artois, 15 octobre 1781).<br />
. Arch. tut., F4 676. Mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t su canal du Charolais<br />
(1780), texte et note b.<br />
. Id. Le tarif du canal du Languedoc, revisé <strong>en</strong> t684, prélevait ts d<strong>en</strong>iers par C<strong>en</strong>t et<br />
par lieue sur presque toutes les marchandises. Dans ces 6 d<strong>en</strong>iers itai<strong>en</strong>t compris, non scul<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t<br />
la location du bate<strong>au</strong> fourni par le canal, mais <strong>au</strong>ssi les péages. I.'adiniitistration du<br />
canal r<strong>en</strong>onça vite d'ailleurs <strong>au</strong> droit de fournir exclusivem<strong>en</strong>t les bate<strong>au</strong>x sur le canal (Rap-<br />
port cité de Guyton).<br />
' l
32 J. LETACONNOUX [282]<br />
prix étai<strong>en</strong>t plus bas que les prix du roulage, axés un mom<strong>en</strong>t, par l'arrêt<br />
du 22 juin 1777, à i sou 6 d<strong>en</strong>iers et 2 sous par c<strong>en</strong>t et par lieue. <strong>Les</strong><br />
voies d'e<strong>au</strong> permettai<strong>en</strong>t de transporter, particulièrem<strong>en</strong>t les marchandises<br />
<strong>en</strong>combrantes, à bi<strong>en</strong> meilleur marché que les routes. En 1711, de<br />
G<strong>en</strong>ève à Lyon, les transports rev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t, tous frais payés, à 3 livres<br />
5 sous le c<strong>en</strong>t par le roulage et à 2 livres 5 sous par le Rhône ; <strong>en</strong> 1772,<br />
de Dunkerque à Lille, ils rev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à 22 OU 30 sous le c<strong>en</strong>t par terre.<br />
selon la saison, et à 10 sous par e<strong>au</strong> 2 ; de Lyon à Paris, les marchandises<br />
pouvai<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre trois routes la première, par terre, par Moulins<br />
ou Arnay-le-Duc; la seconde, par terre et par e<strong>au</strong>, c'est-à-dire de Lyon â<br />
Roanne et de Roanne à Paris par la Loire et les can<strong>au</strong>x ; la troisième, par<br />
la Saône, Auxerre et la Seine ; ces trois routes étai<strong>en</strong>t successivem<strong>en</strong>t de<br />
95 à 96 lieues, de 170 lieues deux tiers et 103 lieues trois quarts; quand<br />
les frais d'un <strong>en</strong>voi par la première s'élevai<strong>en</strong>t à 65 livres, ils ne dépassai<strong>en</strong>t<br />
pas p livres 14 sous par la seconde et 43 livres 17 sous par la<br />
troisième En 1789, de Nantes à Orléans, le c<strong>en</strong>t rev<strong>en</strong>ait, par e<strong>au</strong>, à<br />
i livre et t livre i sous, par terre, à.5 et 5 livres to sous; de Rou<strong>en</strong> à<br />
Paris, les rouliers pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t 45 à 50 sous du c<strong>en</strong>t, et les bateliers 16 à<br />
17 sous pour les mét<strong>au</strong>x, 20 à 24 sous pour les huiles, savons, suifs,<br />
sucres, 28 à 30 sous pour les laines, plumes, cotons, drogueries, draperies<br />
-I. <strong>Les</strong> partisans des transports par e<strong>au</strong>, qui cherchai<strong>en</strong>t à développer<br />
le rése<strong>au</strong> navigable de la <strong>France</strong>, insistai<strong>en</strong>t be<strong>au</strong>coup, dans leurs nombreux<br />
projets d'amélioration ou de canalisation des rivières, sur le bon<br />
marché des voies d'e<strong>au</strong> . Cep<strong>en</strong>dant le trafic des rivières resta très infé-<br />
r. Areh. irat, P' r )09-I 530' Tarif de ce qui se paye actuellem<strong>en</strong>t pour les marchandises<br />
quise transport<strong>en</strong>t de Lyon i G<strong>en</strong>ève et de Geitéve â Lyon (1711).<br />
2. 1d, F12 1513 Mémoire remis pour la ville de Dunkerque; navigation des can<strong>au</strong>x, janvier<br />
1772.<br />
3. Arcit. nat., 17 1 4 676. Mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais<br />
(Io).<br />
.. Rapports de Gritel et Siret, lac. cil., Rapport du 13 vcistàsc an li, p. 194. - Quelquefois<br />
la différ<strong>en</strong>ce pouvait lare be<strong>au</strong>coup plus considérable. En février 2791. de R<strong>en</strong>nes â<br />
Redon, le prix moy<strong>en</strong> des transports était de 5 sous 6 d<strong>en</strong>iers par mille, par e<strong>au</strong>, et de<br />
16 livres, par terre (Arch. nat, P4 66. Adresse du départem<strong>en</strong>t d'Ille-et-Vilaine â l'Assemblée<br />
nationale, février 1795). En 1789, dans le Doubs, le prix de la journée d'un marinier<br />
était de 2 francs, celle d'un portefaix de e fr. 50. celle dune Voiture à 2 chev<strong>au</strong>x et â un<br />
conducteur de 9 francs, celle d'une voiture 5 4 boeufs, 8 francs (Debry. Statistique du diparme,:!<br />
du Doubs, p. 6j).<br />
. L'ingénieur Bourroul, qui préconisait la canalisation de l'Orne jusqu'à Arg<strong>en</strong>tars, prét<strong>en</strong>dait<br />
que d'Arg<strong>en</strong>tan â Ca<strong>en</strong>, par l'Orne, malgré une distance de 24 lieues de 3.000 toises,<br />
le prix des transports serait de 5 à 6 sous par C<strong>en</strong>t SU lieu de 16 sous par la voie de terre,<br />
longue de 12 lieues seulem<strong>en</strong>t (Bourroul, Mémoire inalructij; touchant le projet de ,,as'i5:ttion<br />
de la rivière d'Orne, depuis .4rgeiilar jusqu'à San embouchure, Caris, 1750, in-4, P. 2x-sqq.).<br />
Bar-sur-Aube était de toute la Champagne le marché de grains qui exportait le plus â Paris<br />
ou dans les provinces du Sud. Il embarquait ses grains à Arcis, l'Aube n'étant navigable
12831 LES TRANSPORTS EN FRANCE AU XVIIIC Slkl.E 33<br />
rieur i celui des routes. Sans exagérer, comme de La Lande, la défaveur<br />
où le commerce t<strong>en</strong>ait les voies d'e<strong>au</strong>, il f<strong>au</strong>t reconnaître que leur bon<br />
marché n'était souv<strong>en</strong>t qu'appar<strong>en</strong>t les difficultés et même les dangers<br />
de la navigation fluviale, les maitrises de bateliers, le brigandage des<br />
mariniers, la multiplicité des péages, la l<strong>en</strong>teur des vo yages <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t<br />
parfois singulièrem<strong>en</strong>t les frais des transports par e<strong>au</strong>.<br />
Il ne f<strong>au</strong>t pas oublier que la navigabilité des rivières les mieux <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ues<br />
était <strong>en</strong>core très imparfaite <strong>au</strong> xvIlie siècle '. Be<strong>au</strong>coup, comme<br />
la May<strong>en</strong>ne, la Somme, la Seine, la Marne, étai<strong>en</strong>t coupées d'<strong>en</strong>droits<br />
dangereux qu'on ne franchissait qu'a grand r<strong>en</strong>fort d'hommes et de chev<strong>au</strong>x.<br />
Sur la Mav<strong>en</strong>ne, les gabares chargées de i6o à rSo.000 livres,<br />
montées par un maître et to hommes d'équipage, devai<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre trois<br />
ou quatre aides <strong>au</strong>x passages difficiles . Sur la Somme, à la chute du Pont<br />
tic Picquigny, la rapidité du courant exigeait Souv<strong>en</strong>t jusqu' 30 hommes<br />
sur chaque gribane ; Long et i Pont-Rémy, nièmes difficultés 3. Sur<br />
la Seine, OÙ le halage était fait par des chev<strong>au</strong>x <strong>en</strong>tre Paris et Rou<strong>en</strong>,<br />
les plus grands bate<strong>au</strong>x étai<strong>en</strong>t d'ordinaire tirés par 3 « courbes n ou<br />
trois paires de chev<strong>au</strong>x ; <strong>au</strong>x passages difficiles, comme s l'ont-de-l'Arche,<br />
<strong>au</strong> Pertuis de Poses, on quadruplait parfois les chev<strong>au</strong>x et l'on att<strong>en</strong>dait<br />
souv<strong>en</strong>t plusieurs jours, <strong>au</strong>-dessus de Pont-de-l'Arche, que le passage<br />
fût possible 4. Le lit de certaines rivières, des afflu<strong>en</strong>ts de la Garonne<br />
notamm<strong>en</strong>t, était <strong>en</strong>combré de bois, de roches, de moulins à nef, que<br />
redoutai<strong>en</strong>t les mariniers i. Sur la Garonne, le chemin de halage avait<br />
qu 'à partir de cette derjiiere ville ; le transport par terre de Bar â Arcis coûtait 24 livres le<br />
muid ; d'après Leriche, si l'Aube avait été navigable , le transport par e<strong>au</strong> n'eût pas coûté<br />
6 IVTLS par muid (Lericlie, lac. cil.. pp. 68 .69). <strong>Les</strong> <strong>au</strong>teurs du projet d'un canal du Charolais,<br />
<strong>en</strong>tre le Rhône et la Loire, estimai<strong>en</strong>t que la construction de ce canal permettrait du<br />
transporter, de Lyon à Paris, les grosses marchandises avec une économie de 48 ";, tes mat.<br />
diandises <strong>en</strong>ibaikes avec une économie de 44 sur ',. les routes de terme (AscIi. nit., F's (176.<br />
Prospectus du canal du Charolais. 1780).<br />
i. Cf.. J . 1_ejaconnoux, <strong>Les</strong> soies d eonwsunicalion <strong>en</strong> Fronce <strong>au</strong> XVIII' <strong>siecle</strong>, loc. cit.<br />
2. Arch. oit.. F'4 1270. Lettre du maire de Lavai <strong>au</strong> ministre de l'intrieur, 13 décembre<br />
1811.<br />
3. Id.. F'' ita, Extraits du registre des délibérations de la chambre de commerce dc<br />
Picardie, 1777I778. — Voici le décompte des frais d'un voyage d'Abbeville â Aini<strong>en</strong>s. <strong>en</strong><br />
1795 : <strong>au</strong> maître conducteur pour aller â Ami<strong>en</strong>s et rev<strong>en</strong>ir à Abbeville avec la grihaisc.<br />
24 livres, <strong>au</strong> contre-niaitre, aç livres; pour monter d'Abbeville ii Ami<strong>en</strong>s, 8 hommes â<br />
livres, 40 livres; vivres des 10 hou nies de l'équipage, ici livres; secours ,le brus <strong>au</strong> ussag.<br />
dis Pont de R,,,, y. 6iisle d'e<strong>au</strong>, 8 listes, <strong>au</strong> passage de Long. 8 litres, <strong>au</strong> passage de Picqssigny. ,<br />
in passage J' Saint-Msruriee, 7 litres, <strong>au</strong>x déchargeurs â Ami<strong>en</strong>s, j livres ; <strong>au</strong> syndic de<br />
manoeuvres, ', livres; frais de ..; hommes pour monter de Picquignv â Anii<strong>en</strong>s, 10 livres<br />
(Arcli. itat., F" . 1515, Précis pour les matelots classés vulgairem<strong>en</strong>t appelés gribaniers de<br />
L ville d'Abbeville, il janvier 1791).<br />
1• Masson-Saiiit.Amand, SIalistispe dis départem<strong>en</strong>t de l'Eure. pp. II-12.<br />
Pourquoi f<strong>au</strong>t-il que les procès-verb<strong>au</strong>x du s y ndic de la navigation ne fass<strong>en</strong>t jamal'.
!7<br />
34 J. LETACONNOUX [284]<br />
disparu ou était <strong>en</strong>vahi par les arbres; f<strong>au</strong>te de pouvoir employer<br />
des chev<strong>au</strong>x, on se servait, pour traîner les bate<strong>au</strong>x, de hileurs, souv<strong>en</strong>t<br />
obligés d'<strong>en</strong>trer dans l'e<strong>au</strong> et de se frayer un passage à travers les fourrés<br />
i . Aussi, même sur les rivières du Nord, les accid<strong>en</strong>ts et les n<strong>au</strong>frages<br />
étai<strong>en</strong>t-ils fréqu<strong>en</strong>ts 2. D'<strong>au</strong>tre part, sur les rivières à courant, la remonte<br />
quand elle était possible, était fort chère. Sur la Saône, rarem<strong>en</strong>t les<br />
bate<strong>au</strong>x remontai<strong>en</strong>t avec plein chargem<strong>en</strong>t i ; sur la Marne, on ne remontait<br />
guère que les bate<strong>au</strong>x vides, à grands frais <strong>en</strong>core; le sel seul pouvait<br />
supporter les frais de la r<strong>en</strong>lonte jusqu'à Châlons t. Sur le Rhône,<br />
les bate<strong>au</strong>x, â la montée, chargeai<strong>en</strong>t de 15 à 20.000 livres <strong>en</strong> moins<br />
pour remonter un équipage de cinq bate<strong>au</strong>x, du poids total de<br />
oo.000 livres, il fallait 20 hommes et 32 chev<strong>au</strong>x, d'Arles à L'on ; <strong>en</strong><br />
181 1, la dép<strong>en</strong>se de l'équipage, un peu <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>tée depuis la Révolution,<br />
était de 300 francs par jour . Sur la Loire, la remonte était si dangereuse<br />
et si chère, que les marchands n'y exposai<strong>en</strong>t que les marchandises<br />
de bas prix, « celles dont le transport par terre absorberait le profit<br />
et que l'épargne d'une route d'e<strong>au</strong> permettait seule d'être <strong>en</strong>vo yées » 6.<br />
<strong>Les</strong> difficultés de la remonte avai<strong>en</strong>t développé l'usage de « v<strong>en</strong>dre et<br />
déchirer n, ii, leur arrivée à Paris, les bate<strong>au</strong>x toues. Un arrêt du Conseil du<br />
22 septembre 1786 condamna cet usage et, pour <strong>en</strong>courager la remonte<br />
des toues, il promit des gratifications ; chaque bate<strong>au</strong> remonté recevrait<br />
une prime de 5o livres, <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>tée <strong>en</strong>suite de mo livres à chacun de<br />
ses nouve<strong>au</strong>x voyages. <strong>Les</strong> marchands de la H<strong>au</strong>te-Loire protestèr<strong>en</strong>t<br />
contre cet arrèt ; les frais de remonte égalai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet le prix d'un<br />
bate<strong>au</strong> : les toues coûtai<strong>en</strong>t de ; â 500 livres et elles n'étai<strong>en</strong>t con-<br />
que r<strong>en</strong>ouveler des riclaiiiationç, rappeler des avaries. des ti<strong>au</strong>frages,' peindre sans cesse et<br />
sans fruit les passelis des digues dcs moulins zommc des virit.ihles &ueils pour la navigation<br />
et pour la vie des hommes (Arc),. nat.. F- 1 iii, I3.isses-l 1yrnées. 6. Fxtrait des délibérations<br />
de la session du Dcp.irtcni<strong>en</strong>i... séance du 30 novembre 1791. Rapport sur les trav<strong>au</strong>x<br />
publics, f° 13).<br />
i. Allemand, Mémoire. sur la ns.,a)i.0 iuUrie,ire. Obse,ra lions sur l'opération /'ar1icu1ier'<br />
ordonnée par le gous'erss,'sne;sl pouf prpirrr l'.iu'rajis,,, ssira le Pl-i.teirlie ici sous lus ses rapports,<br />
Pins, 1785, Ifl .4. pp. 47-49 . Un bate<strong>au</strong> remontant " de Borde<strong>au</strong>x i Toulouse avec 30.000 livres<br />
de marchandises avait besoin de 15 hoii,me dont 12 pour le halage t raison de 2 livres<br />
chaque par jour. Ce voyage durait i i jours et rev<strong>en</strong>ait i 6o livres, dont 40 livres pour<br />
I iquip-lge et 150 pour l'usure des agris et les piages(ld. , F' I 1195, Minioire Je l'itmt actuel<br />
de,, rivières de (iaromine, Ariege et Tari,, par l_ahurie, octobre 1771).<br />
2. Cf. J . ï.ctacoi,noux. <strong>Les</strong> moies d Communication (-il Erasmce an XI'!!!' sidFe, toc. cit.<br />
3. A.rch. nat., 1`4 676. M'iioire sur le commerce. relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais<br />
(1780).<br />
4. Id., Fs 1205. Mémoire sur ]'état actuel de la navigation de lu Marne (1766).<br />
. Id., F 1 4 1269. lut pages sur le Rluône, montée d'Arles à l.von, novembre 181 1.<br />
6. Arc b. imam., F' 1513. .'.feuu,,ir,' i's'muceruu,mn/ le /m,-ojel un issnal de lt'surogs,e, par Abeille,<br />
Dijon, 1727. in-fol.
[285 j LES TRANSPORTS EN FRANCE AU XVIII C SIiCLE 35<br />
struites que pour un seul voyage ; â leur arrivée à Paris, elles se v<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t<br />
<strong>au</strong> moins Ioo ]ivres pièce ; or, on ne remontait pas, de Paris à Roanne,<br />
moins de 400 livres et, de Paris <strong>au</strong>x rivières d'Auvergne, à moins de 5oo '.<br />
L'organisation des bateliers <strong>en</strong> corps de navigation était un obstacle <strong>au</strong><br />
développem<strong>en</strong>t des transports par e<strong>au</strong>. Ces privilèges, jalousem<strong>en</strong>t déf<strong>en</strong>dus,<br />
des maitrises ne permettai<strong>en</strong>t pas la concurr<strong>en</strong>ce et, f<strong>au</strong>te de concurr<strong>en</strong>ce,<br />
on payait, comme sur la Saône, to livres par mille <strong>au</strong> ]ieu de<br />
I livre 12 sOUS 6 d<strong>en</strong>iers 2 . L'exist<strong>en</strong>ce des maîtrises avait surtout le<br />
grave inconvéni<strong>en</strong>t de multiplier les transbordem<strong>en</strong>ts, car les bate<strong>au</strong>x<br />
étai<strong>en</strong>t déchargés <strong>au</strong>ssi souv<strong>en</strong>t qu'ils r<strong>en</strong>contrai<strong>en</strong>t une nouvelle mai-<br />
Irise de qavigation t. plupart des marchandises expédiées â Paris par<br />
mer arrivai<strong>en</strong>t <strong>au</strong> Havre dans de grands navires incapables d'<strong>en</strong>trer dans<br />
la rivière; elles étai<strong>en</strong>t transbordées dans des lieux ou allèges, qui les<br />
m<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t â moitié chemin de Paris, et que s leur construction non faite<br />
pour les ponts )i empêchait d'aller plus loin ces lieux les transbordai<strong>en</strong>t<br />
à leur tour dans des bate<strong>au</strong>x qui avai<strong>en</strong>t le privilège exclusif de voiturer<br />
les marchandises à Paris 4. Dans le Nord, les bateliers de Condé réunis<br />
à ceux de Mons avai<strong>en</strong>t le privilège de transporter seuls, depuis 1676, les<br />
charbons d'Anzin ; leurs bate<strong>au</strong>x, qui devai<strong>en</strong>t mesurer ioo pieds de<br />
quille, ne pouvai<strong>en</strong>t dépasser Mortagne avec toute leur charge ; là, ils<br />
s'arrangeai<strong>en</strong>t avec les bateliers de la Scarpe, ceux d'Aire, de Lille, d'Arras,<br />
dont les bate<strong>au</strong>x plus petits ne faisai<strong>en</strong>t guère que l'allège, et ils remontai<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> leur compagnie les can<strong>au</strong>x des Flandres et de l'Artois t. Sur la<br />
Somme, les gribaniers, dont le siège principal était à Abbeville, prét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t<br />
étre les seuls à transporter les marchandises expédiées à Saint-<br />
Valéry soit de l'étranger pour la Picardie, soit de la Picardie pour l'étran -<br />
i. Arch. nat., F 3 1512', Mémoire pour les marchands et voituriers par e<strong>au</strong> de la H<strong>au</strong>te-<br />
Loire (fin 186). - Sur la H<strong>au</strong>te-DordogRe. lcs bate<strong>au</strong>x les plus simples, faits de bois de peu<br />
de valeur, d'<strong>au</strong>lne, de tremble, du hétre et ménte de boule<strong>au</strong>, étai<strong>en</strong>t, 1 leur arrivée à destination,<br />
égalem<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>dus et démolis ils étai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>dus pour le quart ou le cinquième<br />
de leur valeur (Idombal, ï_r J-1 raie-Dard oqize el ses gabariers, Inc cil., p. 217).<br />
2. Arch. nat., 1` 1 4676, Mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t tu canal du Charolais<br />
((780).<br />
3. Arch. ttat.. F''i5 13. Mémoire pour prouver l'utilité ace peuv<strong>en</strong>t retirer les peuples de<br />
cette province et la ville de Douay eu particulier d'une navigation libre pour l'<strong>au</strong>gm<strong>en</strong>tation<br />
du commerce intérieur (r772 . 1774).<br />
4. Id., F'1512. Mémoire sur l'établissem<strong>en</strong>t d'une nouvelle navigation des ports du<br />
Havre, d'Honfleur ... <strong>en</strong> droiture â Paris et les avantages qu'elle 1 sur les voitures ordinaires<br />
(1717).<br />
. Id., l"ii'. Avis sur l'instance p<strong>en</strong>dante <strong>au</strong> Conseil <strong>en</strong>tre les bateliers de Lille, d'Aire<br />
et les mattres de la navigation de Condé, et plusieurs pièces de 1769 L 178i Id. » ibid.,<br />
Mémoire pour les syndics des corps de navigation établis dans les provinces des Flandres et<br />
d'Artois; id., Frai ;r2 2 Mémoire concernant les prix excessifs demandés par les bateliers de<br />
la navigation de Coudé pour le transport du charbon de terre d'Anzin, s. d.
36 J. LETACONNOUX [286]<br />
ger '. <strong>Les</strong> maitrises mettai<strong>en</strong>t les marchands à la merci des bateliers. Ces<br />
derniers leur imposai<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t l'usage du « tour de rôle s. <strong>Les</strong><br />
négociants ne pouvai<strong>en</strong>t traiter avec un batelier de leur choix pour<br />
décharger leurs bate<strong>au</strong>x et transporter leurs cargaisons sur les rivières ; le<br />
« tour de rôle » établissait <strong>en</strong>tre les maîtres d'un même corps de navigation<br />
l'ordre dans lequel chaque batelier devait être employé. Presque tous<br />
les ports de mer, <strong>en</strong>tre <strong>au</strong>tres Marseille, Borde<strong>au</strong>, La Rochelle, Dunkerque,<br />
Saint-Valéry, subissai<strong>en</strong>t le tour de rôle, qui existait <strong>au</strong>ssi pour le<br />
transport des charbons d'Anzin 2. Cet usage était une source d'abus ; <strong>en</strong><br />
janvier 1723, les marchands de la Somme ne pur<strong>en</strong>t, p<strong>en</strong>dant 25 jours,<br />
trouver une grihane, bi<strong>en</strong> qu'ils euss<strong>en</strong>t pu fournir de l'ouvrage â ;o.<br />
C'est que le gribanier dési gné v<strong>en</strong>ait quand il lui plaisait, pr<strong>en</strong>ait le<br />
chargem<strong>en</strong>t qui lui conv<strong>en</strong>ait, partait et arrivait de même ; pour profiter<br />
de son voyage, il chargeait à l'excès, <strong>au</strong>x dép<strong>en</strong>s des marchandises et du<br />
bate<strong>au</strong> qui parfois coulait 3. <strong>Les</strong> marchands ne cessèr<strong>en</strong>t de protester<br />
contre le « tour de rôle », mais ce dernier plusieurs fois proscrit se rétablissait<br />
toujours 4- <strong>Les</strong> bateliers profitai<strong>en</strong>t <strong>au</strong>ssi de leur monopole pour<br />
taxer arbitrairem<strong>en</strong>t leurs services et <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>ter leurs prix. En 1692, un<br />
arrêt fixait le prix des transports sur les grihanes de la Somme à 9 livres<br />
le ltth ; il ne fut pas observé ; un nouvel arrêt, <strong>en</strong> 172.3, éleva le prix à<br />
I I livres 5 sous ; <strong>en</strong> 1740, la cherté des vivres détermina l'int<strong>en</strong>dant<br />
d'Ami<strong>en</strong>s à le porter à 14 livres ; <strong>en</strong> 1763, les gribaniers demandai<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>core une <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>tation de prix ; plusieurs navires d'huile et d'e<strong>au</strong>-devie<br />
étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> danger dans la baie ; les gribaniers, faisant grève, s'abstinr<strong>en</strong>t<br />
de les décharger jusqu'à cc que les négociants cons<strong>en</strong>tiss<strong>en</strong>t à<br />
payer 16 livres par lcth S. Sur la Seine, de Rou<strong>en</strong> à Paris, les bateliers<br />
exploitai<strong>en</strong>t les négociants. Ceux-ci, à peu près vers le milieu du siècle,<br />
résolur<strong>en</strong>t de confier leurs marchandises ait ; mais la cherté du<br />
roulage les ram<strong>en</strong>a bi<strong>en</strong>tôt â la voie d'e<strong>au</strong>. Ils créèr<strong>en</strong>t eux-nièmes une<br />
compagnie de navigation qui vécut peu. <strong>Les</strong> bateliers baissèr<strong>en</strong>t leurs<br />
prix et cette concurr<strong>en</strong>ce tua la compagnie nouvelle .<br />
i. Arch. mu.. F",509-';Io'. Msntoire pour k commerce de Picardie contre les bateliers<br />
de la rivière de Somme (177;).<br />
2 Arch. nat., F"r5t. Précis pour les matelots classés vulgairem<strong>en</strong>t appelés gribaniers<br />
de la ville d'Abbeville, t janvier 1791 LI.. F''x 51 a', Avis sur l'instance p<strong>en</strong>dante <strong>au</strong> Conseil<br />
<strong>en</strong>tre lys bateliers de Lille. . . et les maitres de . . Coudé.<br />
J . Id., F 1 I512. Mémoire <strong>au</strong> sujet des gribaniers de la ville d'Abbeville, S. d.<br />
4 . Aboli <strong>en</strong> 1724, rétabli <strong>en</strong> 1740, proscrit Cfl 1775, rétabli et proscrit cil 1783, le tour<br />
de rôle était <strong>en</strong>core proscrit eu 1790 (Id., F"i ;x ;. Précis pour les matelots classés d'Ahbeville,<br />
13 janvier 1791).<br />
. Arch. nat., F" 1509-1510l. Mémoire pour le commerce de Picardie contre les bateliers<br />
de la rivière de Somme (1775).<br />
6. Id., F'4i42. Demandes pour servir d'indemnité <strong>au</strong>x personnes qui propos<strong>en</strong>t de con-
E 287] LES TRANSPORTS EN FRANCE AU XVllIe SIÈCLE 37<br />
Obligés de subir les exig<strong>en</strong>ces des bateliers, les marchands étai<strong>en</strong>t <strong>au</strong>ssi<br />
souv<strong>en</strong>t victimes de leur malhonnéteté. <strong>Les</strong> marchands de vins et les<br />
bourgeois de Paris achetai<strong>en</strong>t leurs vins <strong>en</strong> Bourgogne et à Orléans. <strong>Les</strong><br />
bateliers, qui les transportai<strong>en</strong>t, perçai<strong>en</strong>t les fùts, buvai<strong>en</strong>t le vin et le<br />
remplaçai<strong>en</strong>t par de l'e<strong>au</strong>. Ces pratiques étai<strong>en</strong>t si fréqu<strong>en</strong>tes que les<br />
marchands t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t compte dans leurs spéculations de « la perte assurée s<br />
qu'elles leur c<strong>au</strong>sai<strong>en</strong>t ; quelquefois il manquait 15 pintes sur une feuillette,<br />
mais jamais il n'<strong>en</strong> manquait moins de 4, quand les bateliers ne<br />
l'avai<strong>en</strong>t pas remplie d'e<strong>au</strong> 1• <strong>Les</strong> bateliers de la Vilaine étai<strong>en</strong>t Cil partie<br />
de véritables « pirates s. <strong>Les</strong> marchandises arrivai<strong>en</strong>t à R<strong>en</strong>nes « altérées,<br />
avariées,. diminuées, souv<strong>en</strong>t n'ayant d'exist<strong>en</strong>ce que la facture qui les<br />
annonçait_ » <strong>Les</strong> bateliers pillai<strong>en</strong>t les blés, le sel s qu'ils déposai<strong>en</strong>t dans<br />
les anses s. Si les marchands plaçai<strong>en</strong>t un surveillant à bord des bate<strong>au</strong>x,<br />
celui-ci devait se faire le complice des bateliers ou était jeté â l'e<strong>au</strong> ; Messac<br />
était « un écueil ; son port était plus à craindre qu'une tempête... »<br />
Pour essayer d'<strong>en</strong>rayer le pillage, le Parlem<strong>en</strong>t de R<strong>en</strong>nes proposait d'élever<br />
à R<strong>en</strong>nes, à Messac et à Redon, tin pilori et d'y attacher, heures<br />
durant, avec le carcan, les bateliers convaincus de vol une première fois;<br />
<strong>en</strong> cas de récidive, il demandait de les condamner <strong>au</strong> fouet et <strong>au</strong>x<br />
galères 2 . Le brigandage était si pratiqué, que, pour être reçu parmi les<br />
bateliers de l'Adour, il fallait non seulem<strong>en</strong>t verser les frais de réception,<br />
mais <strong>en</strong>core prêter le serin<strong>en</strong>t « (le cacher les fr<strong>au</strong>des et les vols qui pouvai<strong>en</strong>t<br />
être commis dans la navigation... 3 »<br />
Autant que le brigandage, les péages étai<strong>en</strong>t « une des grandes raisons<br />
de dépérissem<strong>en</strong>t des rivières: ces droits seigneuri<strong>au</strong>x, <strong>au</strong>xquels on s<br />
ajouté les douanes ou droits roy<strong>au</strong>x, disait (le La Lande, <strong>en</strong>combrai<strong>en</strong>t<br />
plus les rivières que les sables et les moulins 1 's. De bonne heure, on avait<br />
t<strong>en</strong>té de les réformer : <strong>en</strong> 1661, une commission, dont Ni. de Champigny,<br />
int<strong>en</strong>dant du D<strong>au</strong>phiné, fut le présid<strong>en</strong>t, avait été créée pour la<br />
réformation des péages du Rhône et de la Saône ; une ordonnance ile<br />
struire à leurs frais et risques te port de mer t Port <strong>en</strong> Bessin, s. d. (1748-1730). - Sur la<br />
Seine, les chev<strong>au</strong>x nécessaires <strong>au</strong> halage étai<strong>en</strong>t fournis <strong>au</strong>x bateliers i'' des particuliers<br />
qui <strong>en</strong> abusai<strong>en</strong>t <strong>au</strong>ssi souv<strong>en</strong>t. Aucun règlem<strong>en</strong>t tic fixait leurs pris. Le trajet de Roucit<br />
Paris était divisé cii « L2Cs e et l'on pavait d'ordinaire une e courbe e de chev<strong>au</strong>x ta francs<br />
par trac ruais les loueurs exigeai<strong>en</strong>t 16 francs (Masson.S.sint-Aivattd, Statistique du dipir(<strong>en</strong>i<strong>en</strong>t<br />
,le t'Ente, pp. 11-12).<br />
s. Arch. nat.. l"t ;soa. 'i1,nn,ire du sieur Lav.,llc t Paris, sur les abus des bateliers,<br />
1790.<br />
2. Cf. S. de la Nicollièrc-'l cijeiro, La n:z'igeiés de la tilai,w <strong>en</strong> 1767, dans la Rer. de lIretague<br />
cl tic i7<strong>en</strong>d,t,., 6' série, an. 1883, t. 111, l'P' 242-245.<br />
3. Arch. nat,, F'+r 157, Lettre de Bertin <strong>au</strong> duc de Choiseul, 10 février 1764. Sur les<br />
fr<strong>au</strong>des des gabariers de la H<strong>au</strong>te-Dordogne, voy. BombaI, lis'. cil., p. 529.<br />
4. De La Lande, Des astr<strong>au</strong>x de 1srt'igalion, p. 42.1.
38 J. LETACONXOIJX [288J<br />
1663, des déclarations de 1708, 1711 et 112 avai<strong>en</strong>t eu le même objet.<br />
Sous Louis XV, on e3sava plusieurs fois de supprimer les péages les<br />
arrêts des 29 août 1724, 24 avril 1725 n'aboutir<strong>en</strong>t à ri<strong>en</strong> ; <strong>en</strong> 1742, <strong>en</strong><br />
1766, de nouvelles t<strong>en</strong>tatives restèr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t sans succès. Sous<br />
Louis XVI, l'arrêt du 15 août 1779, qui annonçait 1e rachat de tous les<br />
péages, <strong>en</strong> exceptait les péages perçus sur les can<strong>au</strong>x et les rivières navigables,<br />
dont les écluses exigeai<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> continuel '. Jusqu'à la fin<br />
du siècle, les péages subsistèr<strong>en</strong>t nombreux sur be<strong>au</strong>coup de rivières ; on<br />
<strong>en</strong> comptait 17 de Roanne à Melun 2; <strong>en</strong> 1787, sous les divers noms de<br />
droits de passage, d'ancrage, de méage, de prévôté, d'octrois, de péages,<br />
(le trépas, de boite, on <strong>en</strong> levait 75 sur la Loire, par bate<strong>au</strong>, <strong>en</strong>tre la mer<br />
et Saint-Rambert 3. <strong>Les</strong> bate<strong>au</strong>x devai<strong>en</strong>t s'arrêter à chaque bure<strong>au</strong> et y<br />
arriver <strong>au</strong>x heures d'ouverture, subir les visites, les tracasseries des commis<br />
qui affichai<strong>en</strong>t très h<strong>au</strong>t leurs pancartes, profitai<strong>en</strong>t de l'ignorance des<br />
bateliers pour exiger des prix arbitraires, ne délivrai<strong>en</strong>t pas de reçus 4.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, les tarifs lég<strong>au</strong>x étai<strong>en</strong>t déjà par eux-mêmes assez onéreux.<br />
Sur le Rhône, du cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t des propriétaires de péages, les maté-<br />
i. Allemand, Traité d1' et /viges plan d'ad min jslra/ion de lit 'iavigulioit i,t!éries re, Pari-,,<br />
1779, in-4, p. 53.<br />
2. De Li Lande, Des ca,,aax de us ii çalioir, p. 423.<br />
:1 Donges, 13 à Nantes, t :tIiamptoce<strong>au</strong>s. 12 t Éngrandes, 2 à Chatonnes, 5aUX Pontsde-Cé.<br />
5 t S<strong>au</strong>mur, s t Port de Caiidé, t t Tours, t à Latigeais, s t Amboise, 6 t Blois, t t<br />
Be<strong>au</strong>g<strong>en</strong>cy, s t Mettones. t t Saint-Mcsniin, 2 t ()rhain, s t Suit), I t Saint-Gondoti, t j<br />
Gi<strong>en</strong>, j t SaintFirsnin, s à Cusiic, j t Suint.Thibsult. s .t ?ilesves, t t la Charité, i t Aubigo<br />
y, i à Guis-ry, 3 à Nevers, 2 à l)ccize. 2 â Digoin, t t Saint-Aubin, t t Guierdon, I â<br />
Roatine, z t Saint-Itambert 1'Arcl'. nit., Fi 512, Liste des droits qui se perçoiv<strong>en</strong>t sur la<br />
Lotie depuis son embouchure jusqu'à Saint.Rajnbcrt (1787). - Da prês un mémoire non<br />
daté, litais qui se place sûrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 1682 et 1705, relatif â li suppression des péeges, on<br />
<strong>en</strong> levait <strong>en</strong> outre ais début du siécle à Chûtetuneuf, à Sancerre. Pot de fer, Chambon.<br />
Tesm,te, Artaix (Id., ibid.). - Site le Rhône, on percevait <strong>au</strong>x bure<strong>au</strong>x suivants Vi<strong>en</strong>ne<br />
9 péages, Scrriêres t, Tournon s, Val<strong>en</strong>ce a, La Voûte 4, Ilaix s, Bourg-Saint-<br />
A iiiléoi s, Saint-Esprit t, l'attv 1, Roquem<strong>au</strong>re 2, Tarascon 3. Arles t (Arcli. tin., F' '151 2',<br />
Tarif général des droits. . sur les buis destinés pour les ports de Marseille et de Toulon,<br />
23 septembre 1719). En 1772, dans le territoire du départem<strong>en</strong>t actuel de la Drôme, il y<br />
avait <strong>en</strong>core des péages sur l Rhône â Albon, Rocite-de-Glun, Ancône. Chate<strong>au</strong>ueuf-du-<br />
Rhi'ine; 3 $Vaicflt été supprimés à Saint-Vallier, <strong>en</strong> 1737, t Serves ett 1734 et 1739. ii Mirmande.<br />
<strong>en</strong> 1739. A la méfie date, Jans la ntémc région, des péages existai<strong>en</strong>t Sur<br />
l'Isère â Roelsebrune. PisasLçon ou Bourg de Péage, Romans, Chtte<strong>au</strong>neuf de l'lére<br />
(Lacroix. res piages de hi Drive avant 1791) dans le Buil, de la Site, trcb. et .tlalistitj ne de lu<br />
Drii,ne, 1902, t. XXXVI, pp. 68-69).<br />
4 . Arch. 021., l"'] il 2^. Liste des droits qui se perçoiv<strong>en</strong>t sur la Loire depuis son embouchure<br />
jusqu'à Saint-Ranibert (1787).— En 1770, l'int<strong>en</strong>dant de Borde<strong>au</strong>x prés<strong>en</strong>tait Utt projet<br />
de règlem<strong>en</strong>t pour obliger les propriétaires de péages à afiielier bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> vue leurs tarifs et<br />
leurs commis à donner quittance des droits perçus pour <strong>au</strong>toriser les bateliers, dans le cas<br />
où les préposés .sit péage serai<strong>en</strong>t abs<strong>en</strong>ts ou refuserai<strong>en</strong>t de percevoir, t continuer leur<br />
rutile, après avoir appelé trois fois pour déf<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>fin <strong>au</strong>x commis d'arrêter les mariniers<br />
sous prétexte de véri6r les marchandises ... (Id., F 1 41204. Projet de regl<strong>en</strong>i<strong>en</strong>t pour la navigation<br />
de l'Isle, par l'int<strong>en</strong>dant de la généralité de Borde<strong>au</strong>x, septembre 1 770)-
[2891 LES TRANSPORTS EN FRANCE AU XV11l SICLE 39<br />
ri<strong>au</strong>x destinés â l'ars<strong>en</strong>al de Toulon jouissai<strong>en</strong>t d'un t<strong>au</strong>x réduit I ; malgré<br />
tout, leur transport rapportait <strong>en</strong>core <strong>au</strong> prince de Soubise, <strong>au</strong>x<br />
3 péages de Tournon, la Voûte et l'Hers, 22.865 livres de 1748 1754,<br />
10.004 livres Cu 1755 et 1756, 25.087 livres du 10r janvier 1757 <strong>au</strong><br />
3! décembre 1784 2 Sur la Meuse, une pièce de vin de Bourgogne, de<br />
Charleville à Liège, payait 14 livres 9 sous 6 d<strong>en</strong>iers de droits â divers<br />
propriétaires, 15 livres 4 sous Il d<strong>en</strong>iers de droits de traite, il la sortie du<br />
roy<strong>au</strong>me, soit 29 livres 14 SOUS 5 d<strong>en</strong>iers à Charleville <strong>en</strong> outre, quand<br />
les vins séjournai<strong>en</strong>t plus de 10 jours, ils étai<strong>en</strong>t sujets <strong>au</strong>x droits d'octroi<br />
de 30 sous par j<strong>au</strong>ge perçus par la ville ; qnand ils y séjournai<strong>en</strong>t plus de<br />
5 jours, y compris le jour du départ, les aides les soumettai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core à<br />
un droit de rev<strong>en</strong>te de 30 sous 5 d<strong>en</strong>iers par j<strong>au</strong>ge 3. Sur la Seine, un<br />
grand bate<strong>au</strong> chargé acquittait, <strong>au</strong> passage des ponts de Rou<strong>en</strong> â Paris,<br />
792 livres et, pour d'<strong>au</strong>tres droits, 9 sous du mille à Vernon, 1 sou<br />
8 d<strong>en</strong>iers du c<strong>en</strong>t à Mantes, 2 SOUS 6 d<strong>en</strong>iers du c<strong>en</strong>t à Meulan, 2 sous<br />
du c<strong>en</strong>t â Poissy, 4 SOUS 2 d<strong>en</strong>iers du c<strong>en</strong>t à Saint-D<strong>en</strong>is, sans compter<br />
des droits plus forts <strong>en</strong>core à la Roche-Guyon 4. Sur la Saône, de Lyon<br />
â Auxonne, sur une distance de 40 lieues, les marchandises étai<strong>en</strong>t grevées<br />
par les péages de 7 sous 6 d<strong>en</strong>iers par mille â la porte d'Alincourt,<br />
de. 4 sous 6 d<strong>en</strong>iers -à la Rochetaillée, de i livre 8 sous 3 d<strong>en</strong>iers à Trévoux,<br />
de 10 sous â Riottier, de I livre 2 sous à Belleville, de î livre<br />
sous â Mâcon, de5 sous à Monîbellet, de 16 sous9d<strong>en</strong>iersà la Colonne,<br />
de î livre 6 sous à la Bouttière, de 18 sous 9 d<strong>en</strong>iers à Chalon, de 2 SOUS<br />
6 d<strong>en</strong>iers à Verdun, de î livre 15 SOUS 2 d<strong>en</strong>iers à Seurre, de t livre<br />
2 sous â Saim-Jean-de-Losne ; les droits d'octroi les frappai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> outre<br />
i. Arch. nat., Pa15122. Tarif général des droits sur les bois destinés pour les ports de<br />
Marseille et Toulon, 23 septembre 1719.<br />
2. Id., ibid. Eut du montant des droits dus S. A. le prince de Soubise â c<strong>au</strong>se des<br />
péages de Tournon, la Voulte et l'Hcrs sur les bois, fers, clous, chanvres et <strong>au</strong>tres.., pour<br />
l'ars<strong>en</strong>al de Toulon p<strong>en</strong>dant les années 1748 à 1754 ; État du montant.., p<strong>en</strong>dant les<br />
années 1733 et 5756, du r' mars 17515; Lut... du 13 juin 5765.<br />
3. Le décompte des droits s'établissait ainsi .â('.}iarleville, un droit de pancarte <strong>au</strong> prince<br />
de Condé, 7 sous ; t Chate<strong>au</strong>'Regnatilt. <strong>au</strong> roi, g sous; â l)evilLe sous Monthermé, â Madame<br />
de Br.tguelonne, i sous; â Fumiv, <strong>au</strong> comte de Brias, ta sous 6 d<strong>en</strong>iers; â Vircus, dans<br />
Liège, un droit de i /6o et un droit de vinage, 2 livres 17 sous 6 d<strong>en</strong>iers : Vireux, terre de<br />
<strong>France</strong>, nouve<strong>au</strong>x droits établis par (lillot, commissaire des guerres. 12 SOUS 6 d<strong>en</strong>iers; â<br />
Givet, â GilIot, 3 livres, 18 sous; â Hastiers, â la reine de Hongrie dont le droit depuis peu<br />
a été réduit de t livres, iS SOUS t Dinant, ta sous 6 d<strong>en</strong>iers; â Bouvines, â différ<strong>en</strong>ts seigneurs,<br />
2 sous 6 d<strong>en</strong>iers; â Namur. s i sous (Arcli. nit., F'4r ao6. État des droits qui se perçoiv<strong>en</strong>t<br />
sur la route d'e<strong>au</strong> par la Meuse, de Cltarleville â Luge, sur une pièce de vin, j<strong>au</strong>ge<br />
de Bourgogne. . . non compris le prix de la voiture.... s. d.).<br />
4. lI payait iça livres â Pont-de-l'Arche, 120 i chacun des ponts de Vernon, Poses,<br />
Mantes, Meulait et Poissy, sa chacun des ponts du Pecq et de Chaton, r8 <strong>au</strong> Pont-Royal<br />
(de Li Lande, lac. ci!., p. 425).
40 J. LETACONNOUX [2901<br />
Par mille de 7 sous 6 d<strong>en</strong>iers â Tournus, de 4 livres 17 sous 6 d<strong>en</strong>iers à<br />
Chalon, de 3 livres 15 SOUs â Verdun, de i livre to sous â Scurre, de<br />
15 sous â Saint-Jean-de-Losne, de t livre 17 sous 6 d<strong>en</strong>iers à Auzonne '.<br />
Tous ces droits répétés r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t parfois les transports par e<strong>au</strong> plus chers<br />
que le roulage ; c'est ainsi qu'on préférait expédier les vins de Bourgogne<br />
à Liège par la voie de terre . Presque toujours, ils étai<strong>en</strong>t plus élevés<br />
que le prix du fret proprem<strong>en</strong>t dit sur la Saône, Linguet estime que le<br />
montant des péages <strong>en</strong>trait pour les trois quarts dans les fiais génér<strong>au</strong>x du<br />
port ; cette proportion n'est nullem<strong>en</strong>t exagérée, comme le prouve le<br />
détail des frais de transport par mille, de Lvon à Auxonne les marchands<br />
payai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet 30 livres par mille de Lyon â Auxonne, dont 2 livres<br />
4 sous <strong>au</strong>x portefaix pour divers chargem<strong>en</strong>ts et déchargem<strong>en</strong>ts, 4 livres<br />
13 sous <strong>au</strong> coche et 23 livres 3 sous <strong>au</strong>x bure<strong>au</strong>x des péages t. Assez souv<strong>en</strong>t<br />
même les frais de transport, accrus par des péages répétés, égalai<strong>en</strong>t<br />
ou dépassai<strong>en</strong>t la valeur primitive des marchandises ; <strong>en</strong> 1774, pour un<br />
mille de morues vertes acheté, à Nantes, bu pistolles, il fut pavé, sans<br />
compter les droits versés par le v<strong>en</strong>deur <strong>au</strong> mom<strong>en</strong>t de la décharge, de<br />
Nantes à Paris, 667 livres 4 sous 2 d<strong>en</strong>iers de droits, y compris le droit<br />
de S sous par livre cétait plus des deux tiers du prix d'achat des<br />
morues vers 178o, d'Auxerre à Paris, le transport, droits compris, d'un<br />
muid de vin, acheté brut 12 livres, coûtait 27 livres 6 sous 6 De La Lande<br />
avait raison d'accuser les péages d'être e tellem<strong>en</strong>t à charge <strong>au</strong> commerce<br />
et par leur nombre et par la manière de percevoir arbitrairem<strong>en</strong>t<br />
et sans mesure que souv<strong>en</strong>t ils triplai<strong>en</strong>t la dép<strong>en</strong>se des transports par<br />
e<strong>au</strong> s 7.<br />
Enfin la l<strong>en</strong>teur de la navigation fluviale <strong>en</strong>ipichait les transports par<br />
e<strong>au</strong>, malgré leur bas prix relatif, d'être avantageux. Dans le dernier tiers<br />
du siècle, un bate<strong>au</strong> chargé de Soo.000 livres, monté par 12 mariniers et<br />
tiré par 12 chev<strong>au</strong>x, allait de Rou<strong>en</strong> â Paris <strong>en</strong> 18 et 20 jours, et de Paris<br />
â Rou<strong>en</strong>, avec ii mariniers et 2 chev<strong>au</strong>x seulem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> so jours 8 ; un<br />
t. Arch. nat., F 12 io9 . iio'. Mmoirc pour les voitures de Lyon à Auxonne, SA.<br />
2 Id., F1412o6. État des droits.. . sur la route d'e<strong>au</strong> par la Meuse, de Charleville<br />
Liège...<br />
3. Linguet, Des citwux navigables, p. iSo, note t.<br />
4. Arcli. nat,. F' 2 t5o9-151o'. Mémoire pour les voitures de Lyon à Auonnc, s. d.<br />
. Id., F' 'i 12. Liste des droits qui se perçoiv<strong>en</strong>t sur la Loire depuis son embouchure<br />
jusqu'à Saint-Rambert (1787).<br />
6. Id.. 11676. Mémoire sur le cOmmerCe, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais (1780).<br />
7. De La Linde. !sJ. ci!.. P . 426-<br />
S. Arch. nt., F'4676. Mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais<br />
(178o).
[291] LES TRANSPORTS EN FRANCF. AU XVIII 1 SF.CLE 41<br />
bate<strong>au</strong> de 875 tonne<strong>au</strong>x, avec 8 chev<strong>au</strong>x, gagnait Paris <strong>en</strong> 7 jours '. Sur<br />
les can<strong>au</strong>x de Briare et du Loing, les bate<strong>au</strong>x de .Io tonne<strong>au</strong>x passai<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
8 jours ; les barques du canal du Midi, portant 200.000 livres, tramées<br />
par un cheval, franchissai<strong>en</strong>t les 5o lieues du canal <strong>en</strong> 7 jours. Sur la<br />
Saône, on pouvait desc<strong>en</strong>dre les grands bate<strong>au</strong>x i la rame, tic Chalon â<br />
Lyon, distants de 27 lieues, <strong>en</strong> 3 jours, et les remonter â l'aide de chev<strong>au</strong>x<br />
<strong>en</strong> 6 â 8 jours 2 . Mais la durée des voyages était très incertaine. Elle<br />
dép<strong>en</strong>dait tout d'abord des saisons et tic l'état des rivières un voyage qui<br />
durait, par be<strong>au</strong> temps, un mois sur la Char<strong>en</strong>te, pouvait <strong>en</strong> durer z â 3<br />
quand les e<strong>au</strong>x étai<strong>en</strong>t débordées s ; les gribaniers d'Abbeville allai<strong>en</strong>t<br />
de Saint-Valéry â Ami<strong>en</strong>s <strong>en</strong> i lour et demi l'été, <strong>en</strong> 3 jours l'hiver 4 ; (le<br />
Roanne â Briare, la durée du voyage variait <strong>en</strong>tre 6 et 20 jours, (le Briare<br />
â Roanne, <strong>en</strong>tre 9 et 25 ; de Digoin à l3riare, les bateliers mettai<strong>en</strong>t, à la<br />
rame et â la voile, quelquefois 3 jours, plus souv<strong>en</strong>t 6, mais quelquefois<br />
<strong>au</strong>ssi 20 à 25; de Lvon â Chalon, il ltllait tantôt 3 jours, tantôt 5 et 6<br />
de Dax â Mont-de-Marsan, le chargem<strong>en</strong>t des cltalibardoun o était réparti<br />
<strong>en</strong>tre 4 allè ges, halées par des boeufs ; ces allè ges remontai<strong>en</strong>t péniblem<strong>en</strong>t<br />
et restai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> route plus de 12 jours 6 ; d'Arles à ixoti, les<br />
équipages de bate<strong>au</strong>x étai<strong>en</strong>t remontés <strong>en</strong> Io jours l'été, <strong>en</strong> 4 j l'hiver 7.<br />
Le passage des écluses, dont la manoeuvre rudim<strong>en</strong>taire était longue et<br />
parfois dangereuse 1 , la perception des nombreux péages, d<strong>en</strong>t les bure<strong>au</strong>x<br />
t. Arch. nat.. F'i 1210. Extrait des mémoires du sieur Passem<strong>en</strong>t, ingénieur du roi, et<br />
Bellard, avocat <strong>au</strong> Conseil (1780).<br />
a. Id., F'46 76. Mémoire sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> canal du Charolais (1780).<br />
. Id.. F41269. Diverses lettres des flaires de Saintes, .Aitgouléme, tin de 1811.<br />
. Id.. F 12 1 a j. Précis pour les matelots. - .gribaniers dAl'bcville, 13 janvier 1791<br />
. Id., F't66. àlémoirc sur le commerce, relativem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> commercedu Charolais (1780).<br />
6. Arcli. est.. F'41270. Réponses <strong>au</strong>x questions que le ministre de l'intérieur s prés<strong>en</strong>tées<br />
<strong>au</strong> maire de Saint-Esprit, le ix août 1812.<br />
7. Id., 1"41269. lquipages sur le Rhône. montée d'Arles â Lyon, novembre i8i t.<br />
t Cf. J . Lctaeommnux, T.e soies de co,n,uu,riealtou <strong>en</strong> <strong>France</strong> <strong>au</strong> XJ'Iii' siècle, 1er. cil. -<br />
Aux différ<strong>en</strong>tes écluses, les bate<strong>au</strong>x payai<strong>en</strong>t des droits plus ou moins élevés, <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>tés<br />
souv<strong>en</strong>t des indemnités exigées par les usiniers ou meuniers voisins pour le ' coup d'e<strong>au</strong> a.<br />
(:'es( ainsi que sur la Sanibre, oit acquittait les droits suivants : l'écluse de Namur, le fermier<br />
des domaines, chargé du service de l'écluse, pr<strong>en</strong>ait ofr, 52 OU o fr. 66, selon les<br />
bate<strong>au</strong>x ; i SaIsines, les mariniers faisant eux-méfies la manieuvre ne payai<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> <strong>au</strong>x<br />
Grogne<strong>au</strong>s, celui qui ouvrait les portes, ordinairem<strong>en</strong>t le meunier du moulin, recevait<br />
ofr. 32; celui-ci recevait <strong>en</strong> outre t fr. par bate<strong>au</strong> et par heure tant que les portes restai<strong>en</strong>t<br />
ouvertes après le passage des bate<strong>au</strong>x desc<strong>en</strong>dants, pour donner les e<strong>au</strong>x nécessaires m noyer<br />
les atterrissem<strong>en</strong>ts qui contrariai<strong>en</strong>t la navigation cistre Salzines et les Grogne<strong>au</strong>x; â Couillet,<br />
on payait 17 sous 8 d<strong>en</strong>iers <strong>au</strong> sieur de Moutignv pour qu'il levât les vannes de son<br />
timc,ulin et 3 SOuS 6 d<strong>en</strong>iers ï l'éclusier; â Charleroi, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t des droits dus à un<br />
particulier, à la ville, à l'éclusier et <strong>au</strong>x tuaneuvres, le meunier obligé de donner les grandes<br />
e<strong>au</strong>x, pr<strong>en</strong>ait 8 livres 19 sous par bate<strong>au</strong>, et 4 livres 6 SOUS z d<strong>en</strong>iers quand il ne donnait<br />
que les petites e<strong>au</strong>x â l'AIne, pour avoir les grandes e<strong>au</strong>x, il fallait verser i livre 17 sOUS<br />
par bate<strong>au</strong> ait meunier i Thuiri. pour avoir de l'est, <strong>en</strong> dessous de l'écluse, on payait une<br />
tS,
1 2 J. LITACONNOt'X [2921<br />
s'échelonnai<strong>en</strong>t le long des rivières, les transbordem<strong>en</strong>ts nécessités par les<br />
monopoles des maîtrises ou le tonnage des bate<strong>au</strong>x contribuai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core<br />
à allonger les voyages : il arrivait que des bate<strong>au</strong>x miss<strong>en</strong>t 8 mois pour<br />
remonter de Nantes â Nevers ' ; les vins de l'Orléanais, du Be<strong>au</strong>jolais et<br />
du Mâconnais, expédiés à Paris, suivai<strong>en</strong>t la Loire, le canal de Briare et<br />
la Seine ; ils étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> route 2 mois et arrivai<strong>en</strong>t parfois tournés 2 . Enfin<br />
la néglig<strong>en</strong>ce des bateliers c<strong>au</strong>sait de fréqu<strong>en</strong>ts retards. L'usage du « tour<br />
de rôle » favorisait la paresse des gribaniers de la Somme qui, <strong>au</strong> lieu<br />
d'aller <strong>en</strong> 3 jours de Saint-Valéry à Ami<strong>en</strong>s, y allai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 8 ou<br />
10 jours, et quelquefois plus t. <strong>Les</strong> bateliers de la Vilaine passai<strong>en</strong>t pour<br />
aimer à boire ; ils ne travaill<strong>en</strong>t pas, ils boiv<strong>en</strong>t, constatait la Cour de<br />
R<strong>en</strong>nes <strong>en</strong> 1767 s • Pour toutes ces raisons, la l<strong>en</strong>teur des transports par<br />
e<strong>au</strong> était telle que les contemporains eux-mêmes <strong>en</strong> ont été frappés<br />
d'après Lerov, le trajet par e<strong>au</strong> de Paris à Londres et de Londres à Paris<br />
était plus long que celui d'Europe <strong>en</strong> Amérique « par la l<strong>en</strong>teur de la<br />
dilig<strong>en</strong>ce de Rou<strong>en</strong> et par les retards de toutes espèces qui résultai<strong>en</strong>t du<br />
changem<strong>en</strong>t de bâtim<strong>en</strong>ts dans cette traînante navigation 's t.<br />
Ainsi, ce qui frappe dans l'étude des transports <strong>en</strong> <strong>France</strong>, <strong>au</strong><br />
xviii 5 siècle, c'est la place prépondérante des transports par terre. Tandis<br />
que le développnicnt du rése<strong>au</strong> routier permettait <strong>au</strong>x Messageries de<br />
multiplier leurs lignes, donnait <strong>au</strong> roulage une activité singulière, l'abandon<br />
dans lequel on laissait les voies d'e<strong>au</strong>, l'exist<strong>en</strong>ce des maîtrises et les<br />
abus des bateliers empêchai<strong>en</strong>t la navigation fluviale de r<strong>en</strong>dre les services<br />
qu'on pouvait <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dre. Mais, dans l'<strong>en</strong>semble, les transports, par<br />
terre comme par e<strong>au</strong>, se sont exercés dans des conditions déûivorables<br />
et, malgré quelques améliorations, les moy<strong>en</strong>s de transport sont restés<br />
peu nombreux, chers et l<strong>en</strong>ts.<br />
livre t sou 6 d<strong>en</strong>iers. partie s la ville, partie â l'éclusier; â Lubl'es. le meunier ne lâchait ses<br />
e<strong>au</strong>x que pour r livre 19 sous 8 d<strong>en</strong>iers par bate<strong>au</strong>; â la Bussire, on déboursait 2 livres<br />
xi sous 5 d<strong>en</strong>iers par bate<strong>au</strong> chargé, 2 livres 4 sous s d<strong>en</strong>ier par bate<strong>au</strong> vide, plus 4 livres<br />
16 sous <strong>au</strong> meunier pour qu'il tint ses 4 vannes levées p<strong>en</strong>dant 2 heures.,. (Arc):. nat.,<br />
F'4566. Rapport du préfet de Sambrc-et-Meuse sur l'établissem<strong>en</strong>t d'un droit de navigation<br />
sur la Sambre . 16 v<strong>en</strong>démiairu an XL).<br />
t. Arli. nat.. aj j. Liste des droits.. sur la Loire... (1787).<br />
2. Linguet. Des cs:si<strong>au</strong>v navigables, pp. 179. 180. Cf. <strong>au</strong>ssi C. Bloch, Docum<strong>en</strong>ts inédits, sur<br />
le transport dusse pièce de vin de S<strong>au</strong>mur â Paris <strong>en</strong> 5705, dans le Iluil. sic la Soc.. ai-ch. cl<br />
historique de l'Orléanais, 1901, t. XII, P . 247.<br />
3. Arch. nus., F''i 512. Mémoire <strong>au</strong> suies des gribaniers de la ville d'Abbeville.<br />
.. S. de La Niollière-Teijeiro. La naziealion de la Vilaine <strong>en</strong> 1767, loc. cil.<br />
. J..)). Leroy, Lettres si Franklin sus la marine, Paris port de mer, A,,zilwralion de lu navrgalion<br />
de la Sei,ie. Paris. 1790, in-8.<br />
SIACON, l'InsTAr ritisities, IMI'fl1MEU}l5.
J -