dimanche 21 avril

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En dehors de ses célè- bres chutes de Juanacatlan, de son volcan fameux — le Popoca- tepetl — de son antique Pyra- mide du Soleil, de sa gigantesque statue de Montezuma ou de la cathédrale de Mexico, l'une des plus fastueuses du monde et dont la construction dura un siècle, elle offre aux hommes les avantages d'un grand pays moderne, aux belles cités et aux richesses éco- nomiques nombreuses, abondantes et variées. Son territoire, qui est plus de trois fois supérieur à celui de la France, avec un développement de côtes de 2.500 kilomètres, sur le golfe du Mexique, et de 7.500 sur l'océan Pacifique, est habité par seize millions d'âmes. Cette population, constituée par les purs Mexicains, d'origine indienne, les créoles et les demi-sang, est une des plus belles et des plus fortes qui soient. Quant à son histoire, à la fois captivante et pittoresque, elle peut être divisée en trois par- ties : la période purement indienne ; la période coloniale espagnole et la période de l'indé- pendance. Passons-les en revue... Il y a des siècles Tout au début du VII e siècle, les Toltecs s'établirent dans la vallée de Mexico et y bâtirent leur capitale : Tula. Peu enclins à la guerre, très habiles dans les arts constructifs et mécaniques, ils inventèrent un système astro- nomique adopté par la suite par les Tezcucains et les Mexicains. La plus importante de toutes les tribus était celle des Mexicains ou Aztèques, venus d'Aztlan — lointaine région septentrionale — pour s'établir à Anahuac vers 1.200, après plusieurs étapes au cours desquelles ils édifièrent cer- d'hommes, de femmes et d'enfants immolés dans les vastes temples en pyramides qui exis- taient un peu partout dans l'empire. On peut encore voir de nos jours d'importants vestiges de ces monuments recouverts d'inscriptions picturales rappelant un peu les hiéroglyphes de l'ancienne Egypte. Les Espagnols Au début du XV siècle, Fer- nandez de Cordova découvrit la côte du Yucatan et, quelques an- nées plus tard, Fernand Corbez atteignit le littoral mexicain et fonda Vera-Cruz. La résistance des Mexicains dura plus de deux années et se termina par la mort de Montezuma II qui, blessé, re- fusant soins et nourriture, se laissa mourir tandis que son ne- veu Guatimozin lui succédait pour finir par être capturé à son tour par les Espagnols et exécuté après un long et pénible empri- sonnement. Un gouvernement militaire fut établi avec Cortez comme chef suprême et gouverneur du nouvel Etat, qui, appelé Nouvelle-Espa- gne, vit se succéder à sa tête de très nombreux vice-rois d'origne espagnole et dont la gestion, au cours des siècles, ne fut guère satisfaisante pour les premiers occupants ni pour les créoles, des- cendants directs des premiers colons. Une conspiration fut ourdie en 1810 et la révolte éclata dans le district de Guanajuato. C'est alors qu'apparaît la figure de Don Mi- guel Hidalgo, prêtre créole et âme du mouvement révolution- naire. Soulevant les Indiens contre les Espagnols, il s'empare de plusieurs villes et marche sur Mexico, mais ses troupes sont dé- faites au pont de Calderon, après une lutte sanglante. Quittant en secret la ville de Saltillo, où il s'est réfugié à la suite de son échec, il part pour les Etats-Unis afin de s'y procurer des armes et d'y obtenir un appui financier. Trahi, il est remis aux mains des Espagnols qui le conduisent à Chihuahua et l'y fusillent. labiés, tentent en vain de ressai- sir leur colonie perdue. Une ère de guerres civiles fait suite à ces événements et plusieurs présidents se succèdent à la tête du gouvernement de la république. Santa-Anna, auquel des pouvoirs dictatoriaux ont été accordés, mécontente les Texains qui se révoltent et s'emparent, en avril 1836, de la personne du pré- sident. En 1844, les lois constitu- tionnelles sont rétablies et Santa- Anna reprend le pouvoir jusqu'au jour où une nouvelle révolution le dépose et le bannit. En 1846, les Etats-Unis sont en guerre contre le Mexique et s'emparent du Texas. Une fois de plus, Santa- Anna est à la présidence et as- sume le commandement des ar- mées mexicaines. Battu par Scott, qui entre à Mexico, il doit encore s'incliner et, par le traité de Guadalupe-Hidalgo, la Californie et le Nouveau-Mexique sont incor- porés aux Etats-Unis victorieux. Vers une ère de réformes Toutefois, le tenace Santa- Anna, aussi inconsolable de la perte du pouvoir que les Espa- gnols l'ont été de celle de leur colonie, redevient président en 1853, mais nourrissant l'ambition excessive de rendre sa charge permanente et héréditaire par une sorte de république... royaliste, il est renversé en 1855, par Alvarez auquel succède peu après Comon- fort, puis Zuloaga qui doit se dé- fendre contre les tentatives faites par le vice-président Benito Jua- rez pour accéder à la magistra- ture suprême. Tout d'abord défait, celui-ci s'établit à la Vera-Cruz, se fait proclamer président cons- titutionnel et après une lutte contre Miramon, en faveur de qui Zuloaga a renoncé au pouvoir, il entre à Mexico en janvier 1861. Grâce à de nombreuses réfor- mes : institution du mariage civil, abolition des tribunaux ecclé- siastiques, suppression des cou- vents, il devient rapidement très populaire. La séparation de l'Eglise et de l'Etat, obligeant le clergé à trouver uniquement des subsides chez les fidèles au lieu d'être rétribué par le pays entier, gédie à quoi la France dut en partie son échec, quatre années plus tard, en face de la Prusse. Car notre pays avait vu ses ca- dres s'affaiblir au Mexique, ce qui nous nuisit grandement en 1870-71. Un Etat moderne Triomphant, Juarez sera de nouveau élu et réélu, mais il mourra en 1872, après avoir dé signé pour lui succéder son ami Lerdo. Porfirio Diaz et Iglésias, chacun pour son compte, revendique- ront le pouvoir. Lerdo et Iglésias seront tour à tour éliminés par Diaz qui deviendra président de la république des Etats-Unis du Mexique et se maintiendra au pouvoir pendant plusieurs années, dirigeant le pays avec adresse et un certain bonheur. Quel drame imaginer qui soit plus complet que celui-là ! Quelle affabulation ! quelle suite d'épi- sodes tragiques ! quelle trame ! quelle opposition de forces presque toutes nées de l'ambition ! Depuis Porfirio Diaz, le Mexi- que a eu de nombreux présidents et s'est orienté résolument vers le progrès scientifique, social et économique, ce qui fait de lui un grand Etat moderne, au présent enviable et au magnifique avenir. L'aventure du général Huertà qui, avant 1914, fut finalement défait par Càrranza, qui devint à son tour président, constitue l'un des derniers épisodes dramatiques de la démocratisation du Mexi- que. Celui-ci ne veut plus se tour- ner vers le passé et son gouver nement actuel, qui est un gouvernement d'ordre: de paix sociale et de grande pr4sp3ritë, entretient avec la France de sincères relations d'amitié. LA GRIPPE DITE c ESPAGNOLE" E n'est pas la grippe banale saisonnière ou influenza, qui sera envisagée ici ; cette grippe, bien connue, que chacun peut présenter plusieurs fois pendant un seul hiver, dont la gravité va du simple rhume de cerveau à des formes beaucoup plus sérieuses, mais rarement mortelles. Cette grippe banale est contagieuse ; on l'évite avec quelques pré- cautions ; et si elle ne présente pas de complications, elle est presque toujours sans gravité. Rien n'est plus variable que ses signes, elle a parfois une forme respiratoire de bron- chite ou de congestion ; une forme cardiaque ; une forme nerveuse ; une forme intestinale, qui la fait ressem- bler à la fièvre typhoïde. Elle peut se compliquer d'otite, de pleurésie, etc. Ce n'est pas cette grippe qui nous intéresse. iVous voulons parler de la grippe, dite espagnole, en 1918 ; c'est une maladie tout à fait à part, à laquelle on devrait donner un nom différent. On en a vu des épidémies, assez espacées, coïncidant parfois avec des guerres, ou des déplacements de po- pulations. Elle existait déjà au 16" siècle, bien caractérisée par les méde- cins ; les épidémies les plus récentes sont celles de 1847, 1870, 1889 et 1918. Cette grippe espagnole confère l'immunité ; c'est-à-dire qu'un indi- vidu qui l'a déjà eue devient ré- fractaire pendant la durée de l'épi- démie, et même pour un long temps ; c'est pour cela qu'elle frappe surtout les adultes jeunes, ceux qui ne l'ont OFFRE RECLAME EXCEPTIONNELLE A PBOFITER DE SUITE DANS CHAQUE MENAGE MÉNAGÈRE 36 pièces « MAN0LUXE » GARANTIE Inoxydable — Inaltérable Tous les avantages de l'argent MENAGERE COMPRENANT 12 Cuillères table )nn 12 Fourchettes table .XKpièces 12 Cuillères à café ) ww Prix sans précédent réservé à nos lecteurs 29.50 49.50 MODELE RENFORCÉ, exécution pl. soignée, avec dessin Aux 100 premiers acheteurs de notre modèle à 49 fr. 50. nous joignons un couvert spécial pour soldats, très pratique. O FFRE SPECIALE : à tout acheteur d'une ménagère MANOLUXE, nous livrons .pendant quelque temps une 1/2 douzaine de couteaux indémancha- bles et inaltérables pour 18 fr. Q on Modèle de luxe à «3.0U PAIEMENT A RECEPTION CONTRE REMBOURSEMENT MANO (Service 372) 16, rne de Monceau, FABIS pas encore eue ; et c est aussi pour cela qu'il faudrait faire soigner ces grippes par des malades guéris, qui ne seraient plus aptes à contracter la maladie. C'est une affection beaucoup plus contagieuse que la grippe ordinaire ; la contagion est rapide, elle s'étend très rapidement, si bien qu'en 1918 il n'y avait plus assez de médecins, ni de médicaments pour soigner les grippés ; et un certain affolement régnait parmi la population, qui croyait avoir affaire à une maladie comme la peste ou le choléra. Des professeurs' durent calmer cette peur en affirmant à l'Académie de méde- cine qu'il s'agissait bien de la grippe. L'épidémie de 1918 dura presque un an ; les cas les plus graves se virent non pendant la saison froide, mais au début du printemps. Comment se caractérise cette grippe spéciale ? Par son extrême contagiosité ; par son début brusque, sans rhume de cerveau ; par une température très élevée, jusqu'à 41°, parfois plus éle- vée le matin que le soir ; par la ra- reté des angines ; mais surtout par deux grands signes : atteinte cons- tante, plus ou moins grave, des bron- ches et du poumon ; fatigue extrême, asthénie avec sensation de perte des forces, qui peut durer jusque six mois après guérison. Répétons-le, cette grippe s'attaque aux jeunes, aux moins de trente-cinq ans surtout. La gravité est commandée par l'étendue des lésions plumunaires. Si les poumons sont atteints un peu partout, il y a des signes d'axphyxie et la thérapeutique est bien impuissante. S'il y a guérison, des complications peuvent survenir : rénales, pleurésie, perte de mémoire, chute des cheveux, etc. (Lire la suite au prochain numéro.) REFLEXIONS DE FRANK CRANE L A vie nous présente bien des choses malaisées ; il en est peu qui le soient plus que celle-ci : être bon sans l'être trop, en un mot, être un brave homme sans être un imbécile. Il est une catégorie de gens qui semblent venus au monde uniquement pour profiter des autres ; ceux-là sont toujours aux aguets dans l'espoir de trouver en chemin un débonnaire. Il ne s'agit pas uniquement de le faire tomber dans un piège, de le tromper gros- sièrement, mais de lui faire les mille petits tours qui, répétés indé- finiment, donnent aux gens « trop bons » l'impression d'être des victimes du sort. Dans une queue où nous attendons depuis longtemps, nous voyons soudain devant nous, l'homme qui était derrière ; avec le numéro go, il monte dans l'autobus, nous restons sur la chaussée, brandissant le chiffre 82 ; au restaurant, il se fait servir dès son arrivée, alors que nous attendons depuis vingt minutes. « C'est un malin, un débrouillard », dit-on de ce victorieux dans les choses in- fimes. Ce titre, peu enviable à nos yeux, il le doit à la faiblesse du brave homme qui n'ose protester et laisse faire « pour n'avoir pas d'histoires ». La bonté réelle n'est pas faite de la crainte de s'attirer des ennuis. Il faut savoir s'indigner devant un passe-droit, rappeler une promesse solennelle, insister pour toucher ce qui nous est dû. Les abus dont nous souffrons ne sont parfois que le tribut de nos petites lâchetés, de nos redditions devant les matamores. On verra ceux-ci s'esquiver au plus vite devant le moindre déploiement de fermeté, et céder le terrain qu'ils occupaient indûment. Soyons bons, mais ne croyons pas qu'on ne saurait l'être trop. Pour ne pas dépasser la limite ou la bienveillance^ devient de la jobardise, il faut avoir les yeux ouverts sur soi-même et_ sur les autres. Il faut savoir se demander : Me suis-je effacé par générosité ou par faiblesse ? Quand on se voit volé, il convient de se demander si l'on n'a pas trempé dans la fraude par le manque de clair- voyance qui incite les indélicats à la franche canaillerie. Dans un monde rempli d'embûches, la méfiance s'impose ; on travaille soi-même à remplir les prisons en ne reconnaissant pas à temps le gibier de potence. Autant le soupçon est indigne envers les gens de bien et con- nus pour tels, autant il s'impose envers ceux dont nous ne savons rien, eussent-ils toutes les apparences de l'honorabilité. On confond souvent la bonté avec la paresse, la passivité. La bonté, au contraire, est active, ardente, parfois même agressive. Elle est un acte, non une défaite. « Si ton ami te trompe une fois, dit un proverbe arabe, c'est sa faute, s'il te trompe deux fois, c'est la tienne. > BRIC-A-BRAC Les Balkans et nous »—••• Les étudiants étrangers et, parmi eux, les représentants de la jeunesse des pays balkaniques, reviennent en masse se faire ins- crire dans nos universités. Une étude des inscriptions enre- gistrées depuis le début des hos- tilités fait même ressortir que sur les 900 étrangers précités, il y a 34 Yougoslaves, 97 Roumains, 35 Turcs, 37 Grecs et 43 Hongrois. Cette éloquence des chiffres dé- montre le pouvoir magique du rayonnement intellectuel de la France, malgré les épreuves d'une guerre. Elle attesite aussi la solidité, pour ne pas dire l'infrangibilité des attaches spirituelles qui de- meurent entre les Universités françaises et les Universités balkaniques. Paris-Balkans* Le blocus *w» Sévèrement bloquée et, par suite, gênée dans ses relations avec beaucoup de pays, l'Allema- gne cherche à passer des expor- ;,tations indirectes vers les fcays lointains : elle essaie de démar- quer les produits exportés en Hol- lande, en Espagne, en Italie pour les diriger, avec de faux certifi- cats d'origine, vers l'Amérique, l'Afrique, l'Asie. L'arraisonnement des navires permet, le plus souvent, de découvrir la lraude. Faute de mieux, le Reich cherche donc à pousser ses exportations vers les pays qui ont avec lui une frontière commune. Mais les pays clients du Reich ont une capacité d'absorption ré- duite. Sans doute ne sont-ils pas encore saturés en aspirine, en ap- pareils de radio et en instruments de musique, mais le moment vien- dra où la crise des exportations dans ces pays entraînera — à moins d'une pression très forte — le ralentissement des impor- tations. La Science et la Vie. (Numéro spécial d'avril.) Mein Kampf, livre juif ? Parmi les grands succès de librairie de ces dernières années, le célèbre Mein Kampf d'Adolf Hitler, traduit dans toutes les lan- gues et livre de chevet de tous, pense à naâw, Universelle de les Allemands de la plus grande 'i900. Boite : 6 fr. 25, ttes phles. Allemagne, a certainement battu tous les records. Mais voici qu'une étrange nouvelle nous parvient d'Amérique. La véritable auteur de Afein Kampf serait un juif, Peter Lieberknecht, qu'Hitler aurait envoyé dans un camp de concentration après s'être emparé de plusieurs de ses manuscrits, dont celui de Mon Combat. C'est le D r Paul Meybach qui rapporte du Brésil, où il a effec- tué un voyage d'exploration de cinq années, cette nouvelle assez inattendue. Excelsior. Suites de Bronchites Les bronchites récidivent chaqu» année aux mêmes époques et finis- sent par prendre la forme chronique et catarrhale. On tousse, on crache sans cesse, et la congestion des voies respiratoires produit l'essoufflement et l'oppression. U faut, dans ce cas, employer la Poudre Louis Legras ; la toux, l'expectoration exagérée, d'oppression céderont rapidement a l'emploi de ce merveilleux remède qui a obtenu la plus haute récom- date LES CACTUS GEANTS NE SONT PAS RARES AU MEXIQUE... (Visa N° 076.745.) taines constructions dont les ruines subsistent encore aujourd'hui aux environs de la petite cité de Casas Grandes. Moins d'un siècle et demi plus tard, les Aztèques, renonçant à la vie nomade, posèrent les fondements de Tenochtitlan, qui devait devenir Mexico, l'une des plus-im- portantes cités des deux Amé- riques. Devenus puissants et nombreux, ils étendirent leur domination sur des contrées immenses jusqu'au jour où fut fondée, après diverses alternatives, la dynastie de Montézuma qui fit faire aux po- pulations des progrès considéra- bles dans les domaines social et architectural, créant un Code, des tribunaux, un conseil de gouvernement et bâtissant des villes groupant plusieurs milliers d'ha- bitations, tandis que l'agriculture bénéficiait d'un développement d'où la couronne tirait de gros re- venus et l'empire des taxes pré- levées sous forme de comestibles et de produits fabriqués. Ce qui prouve que les Aztèques passaient déjà chez le percepteur ! Les dieux des Aztèques étaient innombrables, mais treize grandes divinités se partagaient les fa- veurs des fidèles appelés parfois au culte d'autres sous-divinités qui « exigeaient » — aux dires des prêtres et prêtresses — des sacrifices sanglants se traduisant par la mise à mort de milliers Mais le grain semé a germé et la lutte est continuée par un autre prêtre : Morelos. Celui-ci con- voqua un congrès national et, en novembre 1813, le Mexique est déclaré indépendant. Un an plus tard, après avoir subi plusieurs défaites, Morelos est capturé et fusillé à son tour, et la rébellion, qui prend la forme d'une guerre de partisans, diminue d'intensité pour aboutir, en 1820, à un réta- blissement du pouvoir espagnol. Mais ce succès n'est qu'appa- rent, car les fondements de l'au- torité des occupants sont en réa- lité minés par d'innombrables et irréductibles adversaires. En 1821, Don Augustin Iturbide provoque une nouvelle révolution, proclame une nouvelle fois l'indépendance du Mexique et s'empare de la capitale quelques mois plus tard. Le siège principal de la résistance tombe ainsi, aux mains des Mexi- cains et Iturbide est proclamé empereur, en mai 1822, sous le nom d'Augustin I er . Ce règne est de courte durée et le nouveau mo- narque abdique en mars 1823 pour périr un an plus tard au cours d'une tentative faite pour reprendre possession de son trône. En octobre 1824, le congrès donne au Mexique une constitu- tion inspirée de celle des Etats- Unis et le calme se maintient jusqu'en l'année 1829 au cours de laquelle, les Espagnols, inconso-: dresse contre lui le parti clérical dont l'influence est grande sur l'esprit des habitants de certaines régions encore peu ouvertes aux idées libérales. Intrigues politiques On tente alors d'amener Juarez à se démettre. Ses adversaires, qui, ont résolu de l'abattre par toiis les moyens, entament une campagne en vue de provoquer une intervention étrangère dans les affaires mexicaines. Une occasion s'offre à eux, car Juarez vient de décider de suspendre pendant deux ans le paiement des intérêts de la dette étrangère. Cet état de choses provoque l'intervention de la France, de l'Angleterre et de l'Espagne, et le débarquement de troupes alliées à la Vera-Cruz, le 8 décembre 1861. Mais Juarez s'engage à payer, et l'Angleterre et l'Espa- gne renoncent à la guerre. Seul l'empereur Napoléon III, mal con- seillé, persiste dans l'entreprise et c'est alors une longue lutte entre la France et le Mexique, coûteuse et meurtrière guerre d'embuscade, où Mexicains et Indiens eurent souvent l'avantage. Puis, c'est la capture et l'exécution, à Quere- taro, de Maximilien d'Autriche qui, soutenu par Napoléon III, s'était fait proclamer souverain du pays. Ainsi s'acheva cette aventure, qui fut surtout une tra- quattd kaki ? ▼ L'uniforme kaki a été em- ployé pour la première fois aux Indes, par un officier britannique du nom de William Hodson, le- quel, afin de rendre invisibles les soldats du Punjab qu'il comman- dait et qu'il utilisait comme éclai- reurs, eut l'idée de donner cette couleur à leurs tuniques jusqu'alors bleues. * * * l'uniforme 1939, le mariage peut être célébré, pour causes graves, et sur autori- sation du ministre de la Justice d'une part, des ministres intéres- sés d'autre part, sans que le futur époux comparaisse en personne, à condition que le consentement ait été constaté : sur le territoire français, par un acte dressé par l'officier de l'état-civil du lieu où le militaire ou le marin se trouve en résidence par suite de son af- et lieux de combat, la durée du mutilés d« guerre peuvent, sur événements actuels et réduit ses f séjour dans le secteur de Ver- leur demande, être autorisés à exigences. D'autre part, M. René " et dans le cas ou le servtce dun. Ruban rouge avec lisérés n'effectuer que 45 heures de tra- Fiquet vient de déposer, au Con- ^ ni ^lê selai t Vus assuré î De quelle époque datent les armées permanentes ? bleu et blanc formant à hauteur vail par semaine — et même, si seil municipal, une proposition de l'anneau ruban tricolore. Il leur taux d'invalidité atteint ou tendant à obtenir de l'Adminis- existe également un diplôme dépasse 85 %, à ne faire que 40 tration qu'elle use de modération -- Les armées permanentes ne qu'on peut obtenir moyennant un heures de travail. envers les contribuables mobili- sont pas de création moderne. La l*er supplément. - ses e J ^n^r des frai première fut organisée par Sesos- „i"„"„r j_ i"„„. „„„f„iv,„ti„„0 f„i„ ,*v,o,.o j°irmt» „ i'„„ * * * _ , , , „, ,. paiement de leurs contributions. tris, pharaon d Egypte, vers 1 an Q e q uand date l'inauguration K 1.600 avant notre ère En 358 Comment sont élus les sêna- de l'Arc de Triomphe de avant Jesus-Chnst, Philippe, pere f 9 PFinlIe ? d'Alexandre le Grand, donna une teurs ' 1 étoile r armée permanente à la Macé- ▼ Les sénateurs sont élus au — Napoléon, désireux de per- doine. En France, les compagnies scrutin de liste par un collège pétuer la gloire de ses armées, d'ordonnance organisées par réuni au chef-lieu du départe- décida de la construction de ce Charles VII, et qui comptèrent ment et composé : 1" des dépu- grandiose monument. La pre- 9.r" ment des Quelle différence il peut y avoir entre participer et prendre part ? — Les deux mots, qui ont dans pal ne serait plus assuré par les autorités désignées à l'ar- ticle 93 du Code civil. Ces dispositions jouent même si le futur époux est décédé au moment de la célébration du mariage. * * * Quel est le plus grand livre connu ? — H se trouve au Muséum britannique de Londres et mesure 1 mètre 70 de hauteur sur 1 m. 15 de largeur. Un homme chaque conseil municipal. Les 1836, après diverses modifications aussi dans un sens différent, g-ieterre par les marchands membres du Sénat sont élus pour et certaines oppositions dont il Ainsi, on peut participer à la d'Amsterdam lorsaue am-ès sa Comment fut invente le papier neuf années. L'assemblée se _re- ne fut, heureusement point^tenu ohute de quelqu'un, mais on n'y chute, ..ce souverain 'se réfugia prend pas part. De même, on en Hollande, peut prendre part au chagrin de buvard ? , . , tiers. Le collège électoral est pré- nZlt Jiï M?,Î »n I'IT^ 1 * 13 d -t sWé par le président du tribunal ^»nw e hn^^ n If' f ecou ^ Mt civil du chef-lieu du département, le papier buvard. Cette invention est due à une étourderie de l'ou- * * $ vrier, qui avait négligé de mettre la dose de colle requise dans la Qui était la princesse in- pâte destinée à être tir nsf ormée. dienne Pocahontas, à qui Son patron indigné lui donna / es Américains ont élevé un congé ; mais quelques jours plus mn„„ ment » tard ce dernier s'aperçut que le pa monument . nouvelle tous les trois ans, par compte pour la beauté de Paris. quelqu'un sans y participer. Ce qui serait dire qu'on l'a voulu. Quel fut l'essentiel de la car- rière de M agino t qui, avec # * Paul Painlevé, conçut et réalisa la fameuse ligne qui Si Andrinople fut autrefois porte son nom capitale de la Turquie ? ▼ Oui, cette grande et pitto- * * * Ce qu'on entend par une tau- tologie ? ▼ Ce mot est une figure de rhétorique par quoi on exprime la même idée plusieurs fois, mais en termes différents. Une répé- ▼ Maginot fut sergent à Ver- dun, avec cinq citations et la resque cité, riche en souvenirs tition de mots, que l'usage a pier avait la précieuse propriété ▼ Cette princesse indienne fut Médaille militaire. Il fut prési- historiques, fut, vers l'an 1.400, consacrée, est aussi une tauto- d'absorber l'encre sans l'étendre une grande et dévouée amie des dent de la Fédération des Muti- capitale de la Turquie d'Europe, logie. Exemple : « Vente faite et sans effacer l'écriture. Le suc- Blancs. Elle les protégea souvent légj député, ministre des Colo- Puis Constantinople (aujourd'hui et consommée », qui est une for- cés fut si considérable que notre en risquant sa propre sécurité, nieS) mj ni st re des Pensions, mi- Istanbul) lui succéda comme ca- mule parfois employée dans les fabricant fit une rapide et grande alors qu'une ardente rivalité op- nj st re de la Guerre et présida à pitale de l'Empire ottoman, et, actes officiels. fortune. posait Peaux-Rouges et colons de la construction de la « ligne » de nos jours, c'est Ankara qui * * * race blanche. Elle épousa plus qui interdit notre sol aux « cam- est la capitale de la République tard un officier anglais et vécut brioleurs de l'Europe ». Ce que c'est que le fielder ? en Grande-Bretagne. ▼ Le Helder est une ancienne $ s - * * * * 7inf^n^ iée de,' a Ht>llaf dt T s!2" „ . J - , . Si les fourmis d'une même î e„ n?}f; sur î a J mer. du îl°£d; Deouis luand règne la reine f ourmi ,tère peuvent se re- Withelmlne des Pays-Bas ? connaître entre e Ues ? T La reine Wllhelmine, née en ^ L'expérience faite par le cé- 1880, est montée sur le trône à j^bre Darwin prouve bien que sa majorité constitutionnelle, en chaque fourni d'une fourmilière 1898, succédant à sa mère, la reC0 nnaît ses compagnes. Pour reine Emma. vérifier ce fait, Darwin trans- II qu'e La population est d'environ 30.000 habitants et ce centre maritime est surtout un port militaire. Comment employer du sel dé- naturé pour la destruction des mauvaises herbes ? Turque, grand Etat moderne et nation puissante, * * * Quel genre d'homme personnifie le personnage de La- fleur dans certaines corné- Jeunes gens qui devez être dles ? ▼ Le sel dénaturé ou chlorure de sodium, destiné aux usages agricoles, constitue un excellent Quelle est la population d'An ■» Lafleur est le type du valet des comédies de Regnard. Il pa- lie règne sur la Hol.ande. d , un nid a un autre ou grouillait n personnifie> d'ordinaire, un * * * une , telle quantité de bestioles va!et £ scret ad ^ oit délié t qu il semblait impossible qu elles pussent s'y distinguer. Les étran- gères, pourtant, furent poursui- vies et tuées. kara, capitale de la Répu- blique turque ? ▼ Le chiffre de la population de cette ville d'Asie-Mineure est n.,„ , „_ „ ; d'environ 120.000 à 130.000 habi- Q uand s estm0n sery ' P our " tants, mais il semble que ce chif- * * * fre soit appelé à un grand dé- veloppement. Ankara a succédé, ▼ C'est au cours de la révolu- destructeur des mauvaises herbes, quand il est employé convenable- ment. Il est en outre économique, puisqu'on peut se le procurer à prix assez bas, sur demande, au Service des Contributions indirectes de l'arrondissement. * * * Ce qu'est la Médaille de Ver- dun ? ▼ La Médaille de Verdun est une médaille commémorative non officielle, décernée par la ville de Verdun à tous ceux qui ont été ses authentiques défenseurs (même genre que la médaille commémorative de la Marne). ▼ En tenant compte, dans oha- * * * Pour 1 obtenir, s'adresser au que cas, du degré d'invalidité de ci J~ J-I i J J ■ % g^#,*> Livre d'Or de l'emploi' exercé et de ^conséqûen- ^ des délais sont accordes aux Verdun, Hôtel de Ville », en don- ces physiologiques du régime du mobilises frappes d amendes nant tous renseignements néces- travail auquel il est soumis, sur fiscales ? saires sur les formations aux- consultation possible du médecin ▼ Non, pas encore, mais l'Ad jours honnête et fidèle. Quelle différence marque les mots « finissage » et « finis- sèment » ? prochainement incorporés, ceci vous intéresse ; le cours Nadaud, /, place Jussieu, Paris... prépare en deux mois des spé- un cialistes pour les armées de terre, de mer et de l'air : électriciens- radio, lecteurs au son, manipu- lants, chefs de postes radio, ra- diotélégraphistes, téléphonistes, signaleurs. Demandez tous renseignements. * * * comme capitale, à Constantino- tion du Chili que, pour la pre pie (aujourd'hui Istanbul). mière fois, fut exécutée contre un provient-il ? ▼ Le corozo qui sert à faire Quelles réductions des heures de travail peuvent être ac- cordées aux ouvriers muti- lés de guerre ? ▼ En tenant compte, dans oha- première fois d'une torpille ▼ Le finissage est le dernier „ , . automobile ? travail qu'on donne à un ouvrage. Ce 1 U f st. [ e corozo et tf ou Ce mot traduit aussi l'action de finir un ouvrage. Par contre, finissement, qui n'est pour ainsi des boutons pour vêtements pro- vaisseau de guerre une attaque ?. ire t plus em P lo y é - désigne ce qui vient des graines d'un petit pal- à l'aide d'une torpille automobile, finit, ce qui se ^termine : le finis- mier d'Amérique du Sud, qui sèment d un règne, d une chose, etc., etc. * * * a A cette occasion, le cuirassé Blanca Encalada fut coulé. A cette époque, la torpille automo- ^L! tait prapulsée par air com " Dans quelles conditions les mi- prime. pousse au bord des rivières. Le fruit composé pèse 8 kilos et chaque fruit simple renferme quatre graines de la grosseur d'un œuf. L'albumen en est corné, dur et litaires et marins présents blanc. Il se travaille comme sous les drapeaux peuvent l'ivoire. Le corozo est d'ailleurs contracter mariage par pro- appelé « ivoire végétal ». curation ? _____—__——_—__ ▼ Par loi du 5 mars 1940, com- Nous Prions J». Quel tout, de plétant et modifiant les disposi- Sousse, de nous donner son quelles on a appartenu, les dates de l'établissement, les ouvriers ministration tient compte des tions du décret du 9 septembre adresse complète.
LE 21 AVRIL 1940 lyMutlMlMlMIilMHmilliMiiim^ 3 UiliiiiiiiiiiiiiiiiiituiiiiiitiinttiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiHiii: iiiiiiiiitit-iiiiiitiiiiitiiiiiiitiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiEiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiitiiiiiTiiiiiiiiitiiiiiiiiiitii 01 MANCHE* ILLUSTRE - ni L'INUTILE AGRESSION LES PORTS NORVÉGIENS bases navales... prématurées par MARCEL JACQUEMYNS I L semble que certains « maî- tres ès sciences maritimes » se soient un peu trop hâtés A voir dans les ports uorgéviens de Bergen, Trondhjem et Narvik de nouvelles bases navales allemandes, gênantes pour l'Angleterre. Cela tient sans doute à la néces- sité de commenter au jour le jour des faits épisodiques... Ces ports ont, en effet, été oc- cupés par de petites formations allemandes, composées de civils soudainement mués en militaires — ce qui met en évidence la pré- méditation du Reich — et dont la situation est appelée à devenir critique dans un très proche avenir. Car, en admettant que les Norvégiens aient résolu de grou- per leurs forces à l'intérieur du pays et de négliger de chasser du littoral ces quelques milliers d'hommes, il apparaît bien certain que la position des occupants allemands — pour ainsi dire sa- crifiés — deviendra chaque jour moins tenable. Pris entre les forces norvé- giennes de l'intérieur et les unités franco-britanniques qui combat- tent au large, on ne voit pas bien comment il leur serait possible de se ravitailler, voire même d'échapper à leurs adversaires. Et puis, il reste à savoir si les tentatives faites par les flottes al- liées n'aboutiront pas à « net- toyer » ces repaires où, faisant sans doute violence aux Norvé- giens, quelques unités navales du Reioh ont dû prendre position il y a des semaines, en profitant des nombreuses indentations des cô- tes ouest de la Norvège. Problème insoluble Enfin, les ports du royaume Scandinave — même ceux qui servent habituellement de cadre à des constructions navales très actives, mais consacrées à la ma- rine marchande ou aux industries de la pêche — ne sont ni assez vastes, ni assez outillés, ni situés assez proches les centres miniers pour pouvoir être utilisés rapidement par l'agresseur. Il faudra aux Allemands un temps consi- dérable pour en tirer parti autre- ment que pour quelques sous- marins ou torpilleurs dont la na- vigation est en outre des plus ris- quées dans ces parages. Et comme, jusqu'à présent, on n'a pas encore réussi à transporter un cuirassé ou un croiseur par voie ferrée, sur quelque train de marchandises, il s'ensuit que les ports norvégiens — même ceux qui sont le plus près des côtes d'Ecosse ; — ne sont pas à la veille de constituer une gêne, pour la Grande-Bretagne ! Car ces « bases navales » ■— à supposer, ce qui est peu pro- bable, une occupation durable -— doivent être avant tout transfor- mées en « chantiers navals », qui seront exposés à des raids aé- riens incessants. Après quoi les Allemands pourront seulement j songer à employer contre nous! les unités construites par eux suri place, les quelques bâtiments quii s'y trouvent présentement n'étant pas en nombre suffisant. Et l'on sait qu'un navire de guerre ne se construit pas en quelques mois, dans des conditions aussi diffici- les, et que son lancement est œu- vre délicate. Fausse manœuvre Aussi bien, la réalité est-elle que les Allemands, pressés par les circonstances, ont étendu le champ des opérations navales à un immense ruban de côte3 qu'ils ne sont pas en mesure de défen- dre et d'où ils ne peuvent s'écar- ter sans courir de gros risques- Bien loin de s'ouvrir une voie nouvelle vers la mer libre, ils se sont au contraire privés d'un des derniers moyens qui leur restaient de communiquer avec les marchés extérieurs. Et leur geste achève de mettre en relief la précarité de leur situation, non seulement du point de vue maritime, mais aussi à celui de leurs disponibi- lités intérieures. L'occupation ou la conquête de bases navales ne peut logique- ment être envisagée que par un belligérant qui, possédant la maîtrise des mers, peut y em- bosser des navires et les en faire sortir à son gré, selon les circonstances. Or, ce n'est pas le cas de l'Alle- magne, qui est bloquée par les franco-britanniques et qui, redou- tant l'asphyxie, s'efforce à se li- bérer d'une étreinte chaque jour plus terrible en ses effets... Et les ports norvégiens, loin d'être des bases navales allemandes, seront bien plutôt des refuges et, sans doute, des tombeaux- Un comble! LE REICH CHAMPION DE LA LÉGALITÉ S PÉCULANT sur sa force et, davan- tage encore, sur la faiblesse d'une Norvège de trois millions et demi d'habitants, le Reich utilisait les eaux territoriales de ce pays pour ses transports de minerai de" fer sué- dois. C'est pourquoi les Alliés, qui ne pouvaient tolérer un état de choses aussi paradoxal, ont miné les eaux norvégiennes. Alors, dans sa rage de ne pouvoir contrecarrer l'action des flottes franco-britanniques, le Reich s'est jeté sur le Danemark, puis sur la Norvège. Mais, aux dires de Hit- ler et de Goebbels, il ne s'agit que de protéger les Scandinaves contre les rêves annexionnistes des Al- liés ! Ainsi, l'Allemagne se fait champion de la légalité, ce qui est de toute évidence le comble des com- bles/ quand on songe à, tous les mensonges, à toutes les agressions et à toutes les cruautés nazies. AVEZ-VOUS LU ' NOTRE CONTE page 6 ? JL« philatélie ZANZIBAR L ES timbres-poste du sultanat de Zanzibar comptent -parmi les plus beaux et les plus déco- LB SULTAN SAID HAMBD BEN THWAIN ratifs du domaine philatélique. Certains amateurs même jugent que ce sont là les vignettes les plus séduisantes qu'un collection neur puisse souhaiter de coller dans ses albums. Et il semble qu'ils soient, à beaucoup de points de vue, dans le vrai.' Le choix des coloris, la finesse de la gravure, le sujet des illus- trations, tout concourt en effet à rendre les timbres de Zanzibar pltis particulièrement artistiques et plaisants. Une partie d'entre eux est ornée des effigies des sul- tans qui se sont succédé au pouvoir, tandis que d'autres timbres montrent des reproductions en plusieurs couleurs, soit des armoi ries du sultanat, encadrées de drapeaux aux tons vifs, soit de vues particulièrement pittoresques. Et, pour rehausser ce bel ensemble, diverses raretés très intéressait tes enrichissent cette, attrayante collection. — D. D. LES ROMANS D E LA VIE Le règne à la fois tragique et cruel N LE TERRIBLE PAR FABIEN LEROY L'HISTOIRE de la Russie est couverte de sang. Nous ne parlerons pas seulement de l'affreuse tragé- die qui s'est «déroulée dans la nuit historique Ju 16 au 17 iuillet 1918 et où, aux confins de l'Europe et de l'Asie, à Ekaterinbourg — dans les ca- ves de la maison « à destination spéciale » appartenant à l'ingé- nieur Ipatieff — furent anéantis l'empereur Nicolas II et sa famille. Au cours des âqes, il y eut d'autres exécutions sanglantes. Des empereurs firent tuer sauva- gement d'innocentes victimes et furent tués tragiguement à leur tour. La physionomie d'Ivan le Ter- rible est l'une des plus extraordi- naires de cette histoire où les massacreurs sont sans nombre. Le poète Emile Goudeau, gui a donné son nom à une place à Montmartre, se plaisait à réciter son fameux sonnet intitulé Le T.sar, qui débute ainsi : Le César blanc est seul dans le [palais d'hiver, Tandis que son Asie énorme l'en- [veloppe, Il tourne ses regards à l'ouest, vers [l'Europe, Où l'on entend pousser une mois- [son de fer. Cette moisson de fer, Ivan le Terrible la fit pousser sur ses propres Etats afin de mieux satis- faire ses instincts sauvages. Il était né en 1530 et n'avait que. trois ans à la mort de son père Vassili III. Dès l'âge de treize ans il montra des goûts sanguinaires ; exaspéré par les querelles de ses tuteurs, il en fit Godounov, sous cette agréable averse métallique, ouvrit son caf- tan et, prenant sa chemise des deux mains, s'écria : — Te iure que je partagerai avec vous jusqu'à ma dernière chemise. Est-ce en vertu de ce serment gue quelques années plus tard Boris Godounov publia un ukase par lcguel il attachait à la glèbe tous les moujiks gui labouraient la terre ?. C'était la pluie de bienfaits gui retombaient sur les seigneurs ! A l'âge de vingt ans, Ivan avait atteint sa pleine croissance. Il était grand d'environ 1 m. 80, bien fait et sans défauts physi- gues. On le représente ordinairement avec de grands veux éton- nés, des veux trop larges, pareils à ceux d'une bête effrayée. Son nez aguilin et fin était aristocra- tigue et délicat; sa bouche celle d'un poltron et d'un méfiant. Ses cheveux noirs tombaient très longs des deux côtés de son visage, mais étaient taillés courts sur le derrière de la tête. Son masque byzantin était déjà mar- gué par la souffrance morale et la nervosité, mais paraissait dan- gereux et inspirait la terreur. De 1547 à 1560, Ivan se montra rela- tivement sage et humain. En 1552, il vainguit les Tartares et s'empara de Kazan, en 1556 d'Astrakan. Il avait épousé la princesse Anastasie qu'il adorait. Après là mort de la tsarine, son caractère changea'tout à coup. Ivan organisa l'opritchnina, c'est-à-dire un personnel étranger âu reste de la Russie (opritch, en dehors de) et gui serait absolu- Novgorod fut effroyablement ra- vagée ; d'innombrables victimes furent jetées dans le Volkhov. Un vieux mendiant s'avisa un jour maigre d'offrir de la viande au tsar : — Te suis chrétien, je ne mange pas de viande un jour de jeûne, dit Ivan. ■— Tu fais pire, répligua le mendiant, tu manges de la chair humaine. Comme dans la chanson cosa- que : Les loups ont hurlé, les vautours [ont faim. Oh ! comme la terre est rouge où [nous sommes ! Le vent siffle et crie au creux du [ravin : En selle, mes fils ! En guerre, mes [hommes ! Les loups ont hurlé, les vautours [ont faim. Il faut lire dans le livre d'un écrivain anglais, Stephen Graham, l'effroyable récit des actes atroces d'Ivan le Terrible. C'était l'épo- gue de Catherine de Médicis et de la Saint-Barthélémy ; le temps du duc d'Albe "et de ses exécu- tions dans les Pays-Bas ; celui de Henri VIII, puis de sa fille Marie la Sanglante. Cela commence par l'emprison- nement d'Alexei Ardatchev, « le chien », l'homme qu'il avait élevé d'en bas pour être en réalité son grand vizir, l'administrateur en chef de la reine. Deux mois plus tard, Ardatchev mourait assassiné par-le tsar. La rage de celui-ci s'abattit ensuite sur les intimes du disparu. Le frère de celui-ci, Daniel, héros dans plusieurs cam- biens. L'illustre tsar s'était changé maintenant en un être étrange et burlesque gui portait sa couronne de travers. Il titubait dans le ca- lais après dîner, en compagnie de favorites. Des êtres étaient tordus, lacé- rés, brûlés et mutilés. Vision hideuse, exécutions implacables, or- gie de tortures et de morts, mas- sacres en masse, femmes noyées dans la Moskva après avoir été suppliciées, cadavres livrés aux chiens. Puis, parce gue son fils le tsaré- vitch n'était pas de son avis dans une discussion, il leva sur lui son sinistre bâton et assena sur sa tête de terribles coups. Le tsaré- vitch mourut. C'était le 19 novembre 1581. Le tsar avait 51 ans et son fils vingt-sept. Puis il eut une fantaisie d'homme ivre ; Il déclara qu'il voulait épouser l'une des soeurs de son ennemi Sigis- mond Auguste, le roi de Pologne. Elles étaient deux jeunes filles : Anna et Catherine. Les ambassa- deurs devaient choisir la plus > re- plète des deux. Si l'une ou l'autre avait plus de vingt-cinq ans, ce serait une cause de disgualifi- cation. Elle ne devait pas être sè- che, mais saine et sans tares. Sigismond Auguste, au lieu d'une femme, lui envoya en ca- deau un cheval blanc. Fou de fu- reur, Ivan écrivit à son ennemi pour lui mander gu'il avait fait creuser un trou afin d'y enfouir sa tête une fois coupée. Char- mante nature ! Déçu, Ivan épousa la fille d'un riche Circassien. Il avait alors trente et un ans. Muni d'une lonque canne de bois gue terminait une pointe JPI ▲ UN ASPECT DE L'IMMENSE PALAIS DU KREMLIN, A MOSCOU (Visa N° 076.751.) mettre à mort quelques-uns ; il se plaisait à torturer les animaux, à galoper par les rues de Moscou avec une bande de jeunes débau- chés, à écraser les passants. En 1547, il prit solennellement le titre de tsar qui, jusgue-là, avait été réservé aux empereurs byzan- tins. Lorsgue le tsar avait passé par toutes les phases du couron- nement, les boyards l'entouraient et l'inondaient d'une pluie de piè- ces d'or. Le tsar prêtait alors le serment de répandre sur tous ses sujets une semblable pluie de bienfaits. Oh raconte que Boris ment dans sa main. L'opritchnina fut commandé par des fanatj- gues uniquement dévoués au tsar Ses membres portaient une tête de chien et un balai suspendu à la tête de leur cheval. Ils servaient leur maître comme des chiens, et ils balayaient la Russie. Ils l'ex- ploitaient surtout ; ils pillaient sans scrupule et égorgeaient sans merci. Ils assistaient à de nombreux offices ; Ivan sonnait lui- même les cloches de cet étrange monastère. A ces pieux exercices succédaient des orgies sans nom, des tortures et des supplices. pagnes, soldat intrépide, fut ar- rêté et, avec lui, son fils âgé de douze ans. La série des forfaits continua. Il fit assassiner une veuve, Ma- rie-Madeleine et ses cing fils, sous le prétexte qu'elle se livrait à des actes de sorcellerie. Ivan mettait à mort les familles plutôt gue les individus. Mais ce n'était point par précaution et de peur gue les enfants survivants ne ven- geassent la mort de leurs parents, c'était par pure férocité. Et guand il faisait disparaître une famille, il s'en appropriait les d'acier, le tsar frappait les gens de cet épieu. Parfois il les tuait. Et les assassinats continuent. Le fameux général de la campagne de Kazan, le prince Alexandre Gorbatov Chouiski fut mis à mort, et avec lui son fils Pierre, âgé de dix-sept ans. Plusieurs autres boyards moururent le même jour, et le prince Dimitn Tchevirv, empalé, subit une mort horrible. L'infortuné agonisa pendant tout un jour. Et du fond du Kremlin, bête malfaisante et hideuse, Ivan donnait ses ordres de mort. Le Kremlin ! Peut-être est-ce Ivan le Terri- ble et non un homme du métier, gui a conçu dans une de ses han- tises de persécution et de martyre l'idée de cette multitude de cha- pelles enchevêtrées, de ce laby- rinthe ' obscur et embrouillé comme son âme elle-même. De-modestes bourgeois d'aujourd'hui s'accommoderaient dif- ficilement des demeures des an- ciens tsars. Ainsi le tsar et la tsarine partageaient la même cham- bre et leurs enfants vivaient dans une seule pièce. Les murs étaient nus-le plus .souvent, et le mobilier se composait de simples bancs recouverts de draps cramoisis. Un seul fauteuil de noyer était ré- servé au tsar et à la tsarine. et constituait un objet' de luxe d'un raffinement inouï. La table était à l'avenant, la vaisselle ordinaire était d'étain, et le menu n'était pas plus compligué ; des viandes de bœuf, de porc, de mouton en formaient les plats de résistance ; le superflu était représenté par des gâteaux pétris de farine de qualité inférieure, et le grand luxe de la table tsarienne consistait à dorer par place ces qâteaux ou à entourer l'os du qigot d'un papier doré. Dans une ode, unique peut-être dans la poésie russe, l'un des fils de Moscou, le poète Théodore Glinka célèbre la cité d'Ivan le Terrible et chante en ces termes les beautés de sa ville natale : Ceinte d'un ruban de champs, Tu brilles toute parée par tes [jardins. Que d'églises, que de tours sur [tes sept collines ! Quel est l'hercule qui pourra entourer de ses bras le Kremlin, [ce colosse ? Qui enlèvera le chapeau d'or de [la tour d'Ivan ? Qui soulèvera le tsar des olo- [ches ? Qui tournera le tsar des canons ? Qui sera trop orgueilleux pour en- lever son chapeau devant les [portes saintes du Kremlin ? En quittant le Kremlin, on se rend au Kitaï-Gorod, la ville du peuple russe. On traverse la vaste place rouge et l'on passe devant le Lobnoe miesto, vaste plate- forme à laquelle conduisent des marches de granit. C'est là gue la colère des tsars s'est donné libre carrière. C'est cette place qu'Ivan le Terrible arrosa si souvent du sanq de ses victimes, qu'il recom- mandait ensuite à la clémence de Dieu, en réclamant pour elles les prières de l'Eglise. « Souviens-toi, Seigneur, des âmes de tes serviteurs, au nombre de 1.505 personnes, des Novgoro- diens ! » ou encore :.« Souviens- toi, Seigneur, de Kazarine Dou- broski et de ses deux fils, plus dix hommes qui sont venus à son secours. » » t. Place sinistre que remplit le souvenir des sanglantes convul- sions d'un corps social en formation. . • Mais l'heure de la mort sonna en 1584. Ivan avait alors -cin- quante-quatre ans. Il n'avait pas été marié moins de cing fois. Il avait recherché en mariage Elisa- beth d'Angleterre et il avait même demandé à cette princesse si elle voulait lui offrir un asile dans ses Etats au cas où i! serait obligé de quitter la Russie. Il redoutait la révolte de ses sujets. Se' sentant en proie à des ma- laises chague iour plus angois- sants, le tsar fit dessiner à ses physiciens un cercle à l'intérieur duguel il plaça des araignées une par une. Toutes, excepté la der- nière, se recroquevillèrent et moururent. — Voilà un signe certain, dit l'autocrate, rien ne peut me sau- ver. En effet, quelgues jours après, tandis gu'il jouait aux échecs avec Boris Godounov, il tomba soudain à la renverse. Le comte Alexis Tolstoï, que les Russe considèrent comme le premier de leurs poètes contemporains, écrivit en 1865 une œu- vre maîtresse : La mort d'Ivan le Terrible, où l'histoire du plus fé- roce des hommes qui ait jamais ceint une couronne est évoquée avec une grande puissance dra- matique. Et ce drame se termine par les paroles de Zakharine, le frère de la première femme du tsar. — C'en est fait! Voilà ce que tu es, tsar Ivan, devant qui si longtemps trembla la Russie ! Im- puissant, délaissé, tu gis, immo- bile et, parmi tes trésors, pauvre ! Pourquoi restons-nous là, et au'attendons-nous, boyards ? Qu'en poussière devant nous tombe celui devant leguel, un demi-siècle, nous avons été pous- sière ? Ou craignez-vous de le coucher ? N'ayez pas peur ! Il n'ouvrira plus les yeux. Sa main inanimée ne saisira plus le bâ- ton, et ses lèvres froides ne pro- nonceront plus la peine capitale ! Et, depuis, un nouvel impéria- lisme est né gui, sans être tsariste, n|en est pas moins féroce et vient d'immoler tour à tour et la noble Pologne et la courageuse et pacifique Finlande... FABIEN LEROY. JE voyageai dans le Devonshire et je passai le week-end chez un ami retrouvé par hasard à Londres. Le dimanche matin nous nous pro- menions dans son jardin, admirant une splen- dide collection de roses que juin faisait épa- nouir. Notre conversation à bâtons rompus effleurait tous les sujets sans contrainte, car nous avions d'emblée retrouvé cette intimité qui était née sur le front en 1917 et que la paix avait mise en sommeil. Tout à coup, et sans préméditation, et parce qu un souvenir vague m'était venu, je lui dis : — N'êtes-vous pas le voisin de sir Arthur Toh- neston, l'explorateur ? Le visage calme de mon hôte se crispa légère- ment, son regard bleu se durcit tandis que sa voix volontairement uniforme me répondit, feignant une indifférence dont je ne fus pas dupe : — Pourquoi me demandez-vous cela ? A mon tour je jouai le naturel, ne quittant pas des yeux mon interlocuteur : — Parce que je suis curieux par nature. — Beaucoup trop, émit mon ami. Sir Arthur Tohneston s'était fait connaître par des voyages audacieux. On l'appelait « l'explorateur scientifique », car à l'intrépidité courageuse de tous ses semblables, il joignait des connaissances scienti- fiques très étendues... Il avait toujours préparé ses expéditions avec un soin méticuleux et avait dû à cette méthode de pénétrer au cœur des forêts de l'Amazone ; il en était revenu rappprtant les documents les plus précieux sur des peuplades encore inconnues et sur la topographie d'un coin du qlobe à peu près ignoré. Il s'était fait accompagner d'un jeune savant gu'il paraissait estimer particulière- ment : Annibal Sturtey. Puis un jour ils étaient partis de nouveau, tous les deux, sans faire part à quiconque de leur dessein. Pendant trois mois on fut sans nouvelles. En- fin, sir Arthur Tohneston revint seul, et ce Britan- nique pondéré et réaliste avait raconté une histoire abracadabrante, telle qu'on avait tout de suite conclu à la folie. — Ainsi, repris-je, vous croyez au récit qu'il ut de l'exploration d'où ne revint jamais son malheureux compagnon ? Il parut hésiter. — Non, finit-il par dire comme à regret. — Mais vous-même, qu'en pensez-vous ? ques- tionna-t-il, après un lourd silence. — C'est lui qu'il faut entendre. Naturellement, dès cet instant, je n'eus d'autre désir que celui de recueillir les confidences de sir Arthur. ]e tracassai mon ami jusqu'à ce qu'il m'eut aménagé une entrevue avec son énigmatique voisin, et, quelques jours plus tard, ie me trouvai en pré- sence du plus imposant et aimable vieillard qui fût. Tout dans sa personne forçait la considération et aussi la confiance. Il ne pouvait venir à l'esprit que ce regard appuyé et droit soutînt des pro- pos mensonqers ; sa voix avait un accent convain- cant dont il était impossible de se libérer et, je le jure, malgré mon scepticisme bien connu, pas un seul instant, tant qu'il me tint sous l'empire de son regard, au cours du récit qu'il me fit, je ne dou- tai de sa parole. — Vous voulez, monsieur, après sept -ans, que ie fasse revivre pour vous ma dernière exploration ? Pourquoi tenez-vous à réveiller en moi tant de souvenirs atroces, puisque, je le sais, vous ne me croirez pas ? Ne niez pas. Pendant que vous m'écouterez, tout ce que je vous dirai vous paraîtra évident, mais lorsque vous m'aurez cuitté, que la vie vous aura rappelé ses réalités, je le sais, • vous douterez. Et c'est ce qu'il y a de plus tragique dans mon cas : l'incrédulité de mes contemporains... » Plus jeune que moi d'une vingtaine d'années, Annibel Sturtey était devenu le compagnon de toutes mes explorations. Te dois même dire que c'est grâce à lui gue j'ai pu mener à bonne fin certaines entreprises périlleuses. Depfcis plusieurs années, un projet extravagant nous hantait. Il s'agissait d'aller sur la Lune ! Ne souriez pas, l'astronautique est une science qui. dans le secret des laboratoires, a fait plus de progrès qu'on ne le pense ordinairement. Après plusieurs mois de labeur nous mîmes au point une fusée interplanétaire. Annibal fut le véritable artisan de cette œuvre. Nous avions décidé de gar- der le secret sur cette entreprise, mais avec quelle ardeur poursuivions-nous sa réalisation ! Pouvez- vous imaqiner dans quelle fièvre nous avons vécu les derniers temps, et dans quelle union de pensée et de cœur nous avons travaillé ! Bref, un beau iour, d'une vaste clairière, nous partîmes... » Te ne vous raconterai pas le voyage qui dura 48 heures, je ne vous dirai rien de cette course folle à travers l'espace ni de la vision surnaturelle d'un ciel absolument noir, bien que le soleil y découpât son disque éblouissant ! » Non, monsieur, je ne suis ni un fou, ni un char- latan. Je suis allé sur la Lune, et avec Annibal Stur- tey, mon ami. Je le revois, ce site merveilleux et hal- Un conte d'action... LE RECIT FITASÏ1E DEllTHIJOirai par GABRIELLE CATUSSE lucinant où notre engin s'était posé : il était fait de qrandeur et de désolation. Nous nous trouvions au centre d'un cratère ayant environ deux kilomètres de diamètre. » Après les manifestations d'une débordante cu- riosité, notre ardeur s'émoussa. Te ne sais dans quel « climat » débilitant nous vivions, mais une lassi- tude de tous les membres et une nonchalance spiri- tuelle s'emparèrent de nous. Un malaise indéfinissa- ble nous pénétra. Nous crûmes en avoir trouvé la cause lorsque nous nous rendîmes compte qu'aucun bruit ne pouvait s'entendre, faute d'atmosphère pour la formation et la propaqation des ondes sono- res : nous avions beau crier, hurler, lancer des roches sur le sol, faire sauter des'morceaux de montagnes, aucune vibration ne parvenait à nos oreilles. Pou- vez-vous imaginer un monde où aucun son n'existe- rait ? Croyez-moi, sur terre, jamais même dans l'an- tre "le plus isolé, le silence absolu ne se réalise; il y a toujours une palpitation, si légère soit-elle, oui donne à l'air qui nous entoure une chaleur de vie. Là-bas. rien : le néant. Alors de temps ' en temps nous rentrions dans notre engin où un système d'aération nous permettait une vie à peu près nor- male, et nous parlions pour le seul plaisir d'entendre nos voix. Mais cela ne nous suffit pas pour chasser cette impression d angoisse qui nous oppressait. » Notre humeur devint morose, puis acerbe. No- tre première discussion naquit justement au sujet de la répartition de notre temps. Te soutins que pour ménaqer nos forces et ne pas rompre avec nos habi- tudes, il serait judicieux de diviser le temps en 24 heures consacrées au travail, au repos et aux repas, conformément à nos mœurs terrestres. Annibal pensait, lui, qu'étant sur un monde tout à fait différent de celui que nous venions de quitter, il était absolument inutile de rester l'esclave d'un horaire n'ayant plus aucune raison d'être. Vous voyez que le motif était futile ; cependant la querelle s'envenima. » Vous représentez-vous alors l'angoisse qui put étreindre les cœurs des deux hommes perdus sur ce monde tragique, dans cette nuit glaciale, divisés par une haine injustifiée, ne retrouvant même plus en eux-mêmes les qualités et les caractéristiques gui, sur un autre monde, avaient composé leur person- nalité. » Attirés par le coucher du soleil, nous nous trouvions exceptionnellement tous les deux dehors. Nous avions escaladé une sorte de colline pour suivre plus longtemps la descente de l'astre du jour. Trente fois plus lent que sur la terre, le disque étincelant descendait, mais tandis que chez nous l'absorption atmosphérique lui fait prendre des tons rougeâtres et violacés, il était ici immuable au long de sa course, de cet or éblouissant gue nous lui connaissons lorsqu'il trône au zénith de notre ciel terrestre. Nos yeux, jusqu'à l'ultime seconde, restèrent aveuglés, puis tout à coup, sans transition, les derniers pics illuminés s'éteignirent et alors commença un fabu- leux spectacle qui acheva d'ébranler nos esprits désaxés, ou du moins mon esprit, car à partir de cet instant, je ne me souciai plus des réactions de mon compagnon. Une sorte de panique s'empara de moi. En levant les yeux je découvris la Terre qui, maintenant que son éblouissant rival avait disparu, dis- pensait sur la lune une clarté beaugoup plus intense que cette dernière n'en déverse sur notre sol par les plus belles nuits de clair de lune. La vue de ma pla- nète me remplit du désir insurmontable de la revoir, de la rejoindre à tout prix. Rien, vous m'entendez, ni l'attrait de ce monde jusqu'alors inexploré, ni les études passionnantes que je pouvais y faire n'exista plus pour moi. Quant à mon compagnon, la haine même que je lui portais, disparut. Un animal n'aurait pas suscité chez moi plus d'indifférence. Une hantise totale, absolue, m'impréqna au point que mon esprit perdit toute faculté de penser et mon cœur toute possibilité d'aimer. Il fallait que je quitte cette planète, que je retourne sur la Terre vers laquelle je me sentais attiré par toutes les fibres de mon être. Je courus à l'enqin, suivi du reqard sar- castique d'Annibal. Il n'avait pas compris les motifs de cette fuite soudaine. _ Mais bientôt, lorsqu'il vit aux tressaillements de l'astronef que les machines avaient été mises en marche, il se rendit compte de mes intentions. » Avais-je à ce moment le dessein prémédité d%bandonner lâchement mon malheureux ami sur ce monde ? Je ne le crois pas. Mais encore une fois je ne pensais pas à lui, et l'idée du meurtre que je m'apprêtais à accomplir n'effleura même pas mon esprit. Par le hublot, je vis Annibal affolé se préci- piter vers la fusée. A ce moment je crois sincère- ment avoir eu une hésitation, sorte de réflexe humain involontaire. Ma main s'attarda sur les manettes de commande de départ et peut-être aurait-il été sauvé, mais instinctivement mes yeux se portèrent sur le cadran indiquant la réserve d'air. Te me sentis pâ- lir en constatant à quel point elle était faible. La fréquente manœuvre du sas pour nos allées et ve- nues individuelles et inconsidérées avait consommé une grande guantité de ce qaz indispensable, et maintenant nous étions à bout de nos ressources. . » Ne me demandez pas ce qui se passa alors dans mon esprit. Tout ce qu'il y a d'humain en moi avait disparu, seules les réactions animales subsistaient. Sans jeter un reqard sur l'homme que je vouai froi- dement à la mort, j'actionnai le levier déclenchant les charges électriques foudroyantes qui, en désinté- grant un gaz atomique, donnaient le mouvement à notre engin... » Ensuite ? Ce fut le retour sans pensée, sans vie presque... le ne repris mes esprits cm'en présence d'un nouveau danger. Le bolide, mal dirigé, s'apprê- tait à reprendre contact avec la terre en plein océan. Nous avions prévu le cas avec Sturtey et j'avais des bouées perfectionnées. Au moment où la fusée touchait l'eau, je me précipitais, le corps bardé de ballonnets flotteurs. L'astronef merveilleux s'engloutit et, quelques heures plus tard, un bateau malais me recueillit. En respirant l'air terrestre, je retrouvai tous mes sentiments d'homme et, depuis, le remords et le désespoir m'étreiqnent... Avec l'engin, toute preuve de notre voyage sur la Lune a disparu... Personne n'a voulu me croire. Vous non plus, n'est-ce pas ? » Nous revenions pensifs, mon ami et moi. — Et l'on n'a jamais retrouvé de trace d'Annibal Sturtev ? demandai-je. — Tamais. Rien n'est venu contredire la versioa de sir Arthur. On a pensé qu'au cours d'un épisode particulièrement périlleux d'une exploration, Anni- bal a perdu la vie et Arthur la raison. Etes-vous de cet avis ? — Moi ? repris-je... Te ne sais... Tout ceci me paraît bien extraordinaire, et cependant... Et je levai les yeux vers le fin croissant de lune oui, clans le crépuscule, était d'or pâle. — G. CATUSSE.
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dimanche 21 avril

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