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Synthèse des interventions Entretien Professionnel, prime de ...

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<strong>Synthèse</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>interventions</strong><br />

<strong>Entretien</strong> <strong>Professionnel</strong>, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et<br />

<strong>de</strong> résultats : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Journée thématique organisée par les délégations<br />

régionales Première et Gran<strong>de</strong> Couronne, Nord-Pas<strong>de</strong>-Calais,<br />

Picardie et les Inset <strong>de</strong> Nancy et<br />

Dunkerque<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Sommaire<br />

Ouverture 2<br />

Mercédès BLANCHET 2<br />

Responsable régionale <strong>de</strong> la formation, CNFPT 2<br />

Christophe LEMOINE 2<br />

Responsable <strong>de</strong> pôle pédagogique, CNFPT 2<br />

Les aspects réglementaires 3<br />

Sylvie HUSSON 3<br />

Directrice générale adjointe chargée <strong>de</strong> l'expertise statutaire et <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes paritaires, CIG Petite<br />

Couronne 3<br />

Les enjeux managériaux <strong>de</strong> l'entretien professionnel 5<br />

Annick REZZI 5<br />

Consultante RH 5<br />

Les conditions <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong> l'entretien professionnel et <strong>de</strong> la<br />

PFR 8<br />

Table ron<strong>de</strong> animée par Annick REZZI 8<br />

Consultante RH 8<br />

Etu<strong>de</strong> comparative <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences européennes <strong>de</strong> rémunération au mérite dans la<br />

fonction publique 19<br />

Annie CHEMLA 19<br />

Chargée <strong>de</strong> cours à l'Université Paris 1 - Master professionnel « GRH dans le secteur public » 19<br />

Echanges avec la salle 23<br />

Animés par Annick REZZI et Christophe LEMOINE 23<br />

Conclusion <strong>de</strong> la journée : Quels sont les leviers <strong>de</strong> motivation mobilisables dans<br />

les collectivités aujourd'hui ? 26<br />

Annick REZZI 26<br />

Consultante RH 26<br />

Centre national <strong>de</strong> la fonction publique territoriale


<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Ouverture<br />

Mercédès BLANCHET<br />

Responsable régionale <strong>de</strong> la formation, CNFPT<br />

Mesdames et Messieurs, je suis très heureuse <strong>de</strong> vous accueillir ce matin. Cette journée nous<br />

permettra d’abor<strong>de</strong>r le thème <strong>de</strong> l'entretien professionnel à la fois sous l'angle statutaire et sous<br />

l'angle managérial. Le grand nombre d'inscriptions montre bien que ce sujet est au cœur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

préoccupations <strong><strong>de</strong>s</strong> directions <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources humaines.<br />

Je salue également le travail mené par les délégations du Nord-Pas-<strong>de</strong>-Calais, <strong>de</strong> Picardie, <strong>de</strong><br />

Première et Gran<strong>de</strong> couronne ainsi que par les <strong>de</strong>ux Inset <strong>de</strong> Nancy et Dunkerque, qui ont permis<br />

l'élaboration <strong>de</strong> cette journée thématique. Cet événement est novateur parce qu’il associe<br />

plusieurs régions ; je pense que nous réitérerons cette formule. Nous travaillons par ailleurs en<br />

complémentarité avec le Centre interdépartemental <strong>de</strong> gestion qui, a lui aussi, monté une<br />

conférence sur cette thématique.<br />

Enfin, cette journée constitue le coup d'envoi d'ateliers d'échanges <strong>de</strong> pratiques qui démarreront<br />

au <strong>de</strong>uxième semestre et qui traiteront également <strong>de</strong> l'entretien professionnel.<br />

Christophe LEMOINE<br />

Responsable <strong>de</strong> pôle pédagogique, CNFPT<br />

Cette journée débutera par une approche statutaire <strong>de</strong> l’entretien, traitée par Sylvie Husson.<br />

Annick Rezzi en abor<strong>de</strong>ra ensuite l’aspect managérial. Enfin, une table ron<strong>de</strong> nous permettra <strong>de</strong><br />

prendre connaissance <strong>de</strong> l'expérience <strong>de</strong> quatre collectivités qui ont déjà mis en place l'entretien<br />

professionnel. Vous aurez aussi la parole pour poser <strong><strong>de</strong>s</strong> questions et mener <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges.<br />

L'après-midi, Annie Chemla nous présentera une étu<strong>de</strong> comparative sur les expériences<br />

européennes <strong>de</strong> rémunération au mérite. Annick Rezzi conclura la journée avec le thème <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

leviers <strong>de</strong> motivation.<br />

Centre national <strong>de</strong> la fonction publique territoriale 2


<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Les aspects réglementaires<br />

Sylvie HUSSON<br />

Directrice générale adjointe chargée <strong>de</strong> l'expertise statutaire et <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes paritaires, CIG<br />

Petite Couronne<br />

Le dispositif <strong>de</strong> l'entretien professionnel a été instauré par l'article 76-1 <strong>de</strong> la loi du 26 janvier 1984.<br />

Le système <strong>de</strong> la notation est pour sa part en place <strong>de</strong>puis 1986. De fait, il n'est pas aisé <strong>de</strong><br />

pratiquer <strong><strong>de</strong>s</strong> changements lorsque <strong><strong>de</strong>s</strong> habitu<strong><strong>de</strong>s</strong> sont réellement installées.<br />

Le dispositif expérimental, instauré par la loi du 3 août 2009 relative à la mobilité, arrive<br />

pratiquement à son terme ; il couvrait les années 2010, 2011 et 2012. Toutes les collectivités<br />

seront tenues d'adapter très prochainement leurs procédures.<br />

Qu'en est-il pour l'année 2013 ? Les collectivités territoriales auront-elles droit à une année <strong>de</strong><br />

sursis, comme cela s'est produit dans le cas <strong>de</strong> la fonction publique d'Etat ? Dans le cas <strong>de</strong> la<br />

fonction publique territoriale, un bilan <strong>de</strong> l'expérimentation sera réalisé vraisemblablement en<br />

juillet.<br />

Le dispositif expérimental constitue, à ce jour, une dérogation à la notation. Une modification est<br />

ainsi intervenue dans la loi relative au dialogue social, le 5 juillet 2010. Il s'agissait <strong>de</strong> prolonger<br />

l'expérimentation jusqu'aux années 2010, 2011 et 2012. Les modalités d'application<br />

réglementaires ont été fixées par le décret n°2010-716 du 29 juin 2010, paru au Journal Officiel le<br />

30 juin 2010. Une circulaire du 6 août 2010 a par ailleurs apporté <strong><strong>de</strong>s</strong> précisions sur la mise en<br />

œuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvelles dispositions législatives et réglementaires. Selon un premier constat,<br />

pendant ces trois années, ce dispositif ne s'imposait pas aux collectivités.<br />

Pour entrer dans le dispositif, une délibération <strong>de</strong> l'Assemblée délibérante était requise, selon<br />

l'article 1 du décret. L'avis du Comité Technique Paritaire (CTP) était également nécessaire,<br />

préalablement à la fixation <strong><strong>de</strong>s</strong> critères <strong>de</strong> la valeur professionnelle. Ainsi, selon l'article 4, il<br />

convient <strong>de</strong> recueillir l'avis <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires sociaux.<br />

Le décret insiste sur quatre critères, incontournables, que les collectivités doivent s'approprier et<br />

décliner en items. Selon ses termes, il est nécessaire d'évaluer « l'efficacité dans l'emploi et les<br />

réalisations <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs », « les compétences professionnelles et techniques », « les qualités<br />

relationnelles » et « la capacité d'encadrement » ou le cas échéant « l'aptitu<strong>de</strong> à exercer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fonctions à un niveau supérieur ». A partir <strong>de</strong> ces recommandations, le Centre <strong>de</strong> gestion<br />

Première couronne a décliné vingt items. De plus, il convient <strong>de</strong> définir pour l'ensemble <strong>de</strong> la<br />

collectivité une grille harmonisée à laquelle doivent se référer tous les évaluateurs.<br />

La circulaire du 6 août engage par ailleurs les collectivités à réaliser un document standard <strong>de</strong><br />

compte-rendu d'entretien professionnel (CREP). Ce <strong>de</strong>rnier est tenu d'être transmis au centre <strong>de</strong><br />

gestion dont dépend la collectivité. Certains événements comme l'avancement <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> ou la<br />

promotion interne doivent notamment être communiqués au Centre <strong>de</strong> gestion.<br />

D'après ce décret, le dispositif ne concerne que les fonctionnaires titulaires. Evaluer les nontitulaires<br />

employés sur <strong><strong>de</strong>s</strong> postes permanents ou <strong><strong>de</strong>s</strong> stagiaires reste à la discrétion <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

directions. Le centre <strong>de</strong> gestion n'est cependant pas en droit <strong>de</strong> réclamer les évaluations <strong>de</strong> ces<br />

fonctionnaires non titulaires. Le décret prévoit aussi la possibilité d'une sélection <strong><strong>de</strong>s</strong> agents<br />

soumis à l'entretien professionnel dans le cadre <strong>de</strong> l'expérimentation. Il permet ainsi la<br />

cohabitation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux systèmes.<br />

De plus, l'évaluation et l'entretien professionnel se réalisent à partir d'une fiche <strong>de</strong> poste. Il<br />

convient que chaque agent soit bien conscient d’une part <strong>de</strong> <strong>de</strong> ce que l’on attend <strong>de</strong> lui, d’autre<br />

part <strong>de</strong> ses propres fonctions. Ce peut être l'occasion, une fois par an, <strong>de</strong> réviser ces fiches <strong>de</strong><br />

poste.<br />

Le dispositif <strong>de</strong> l'entretien professionnel n'accor<strong>de</strong> que le rôle <strong>de</strong> visa et d'observation en bout <strong>de</strong><br />

chaîne à l'autorité territoriale. Le rôle d'évaluation revient en effet au N+1. Le rôle du directeur<br />

général, <strong>de</strong> ce fait, n'apparaît plus <strong>de</strong> façon formelle sur le compte-rendu.<br />

Centre national <strong>de</strong> la fonction publique territoriale 3


<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

La périodicité <strong>de</strong> l'entretien professionnel est annuelle. La transmission <strong><strong>de</strong>s</strong> comptes-rendus au<br />

centre <strong>de</strong> gestion doit être compatible avec l'organisation et le calendrier <strong><strong>de</strong>s</strong> CAP.<br />

Les contenus <strong>de</strong> l'entretien professionnel et du compte-rendu sont pour leur part définis par<br />

l'article 3 du décret. Les rubriques obligatoires sont les données propres à l'agent, telles que l’état<br />

civil et les fonctions occupées, la date <strong>de</strong> la convocation, la fiche <strong>de</strong> poste, le rappel <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs<br />

assignés et les résultats, mais également les objectifs assignés pour l'année à venir, les acquis <strong>de</strong><br />

l'expérience professionnelle, la formation passée et/ou prescrite, les perspectives d'évolution<br />

professionnelle et une appréciation <strong>de</strong> synthèse portant sur une année <strong>de</strong> référence.<br />

Je précise que l'analyse <strong>de</strong> l'atteinte <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs est avant tout un constat et non un jugement sur<br />

la valeur professionnelle ; en effet <strong><strong>de</strong>s</strong> causes extérieures peuvent parfois empêcher l'agent <strong>de</strong><br />

réaliser ces objectifs. Ensuite, au regard <strong><strong>de</strong>s</strong> missions affectées à l'agent, une évaluation <strong>de</strong> cette<br />

valeur est effectuée.<br />

Le passage <strong>de</strong> la notation à l'entretien professionnel n'est pas une simple formalité. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

une réflexion, une concertation, <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions, mais nécessite également que <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens soient<br />

mis au service <strong><strong>de</strong>s</strong> managers. Il est dès lors indispensable <strong>de</strong> mettre en place <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures<br />

d'accompagnement autant pour les cadres que pour les agents.<br />

Porter une attention rigoureuse aux principales étapes <strong>de</strong> la procédure <strong>de</strong> l'entretien professionnel<br />

est indispensable pour éviter tout risque contentieux. Le décret précise que l'agent doit être<br />

convoqué 8 jours au moins avant l'entretien. La fiche <strong>de</strong> poste doit être adressée en même temps<br />

que la convocation. Ensuite, la notification du compte-rendu au fonctionnaire doit se réaliser dans<br />

un délai maximum <strong>de</strong> 10 jours. L’agent doit le signer et le retourner à son supérieur hiérarchique<br />

dans un délai <strong>de</strong> 10 jours. La fiche <strong>de</strong> compte-rendu doit indiquer les délais et voies <strong>de</strong> recours,<br />

d'après l'article 7 du décret.<br />

Questions et débat<br />

Sophie ZANA<br />

Je suis chargée <strong>de</strong> ce projet au Conseil général <strong>de</strong> Seine-Saint-Denis. Nous avons appliqué<br />

strictement les recommandations que vous venez <strong>de</strong> fournir. Cependant, la démarche est un semiéchec<br />

puisque d'une part nous n'entrons pas dans l'expérimentation, d'autre part, nous avons<br />

instauré durablement l'entretien professionnel. Nous avons néanmoins noté certains points<br />

positifs. Ainsi, le CREP est un outil cohérent qui rassure et qui concerne tout le mon<strong>de</strong>. De même,<br />

l'établissement <strong>de</strong> la fiche <strong>de</strong> poste constitue un véritable enjeu et nécessite une négociation <strong>de</strong><br />

longue haleine. Côté négatif, peu <strong>de</strong> place était accordée à la parole <strong>de</strong> l'agent. Nous avons,<br />

<strong>de</strong>puis lors, amélioré ce point. Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> toutefois comment compenser l'avancement au<br />

minimum. Je m'interroge aussi sur le statut du CREP, confi<strong>de</strong>ntiel ou non, déclaré à la CNIL ou<br />

non. Les agents manifestent une gran<strong>de</strong> inquiétu<strong>de</strong> sur ces <strong>de</strong>ux sujets.<br />

Sylvie HUSSON<br />

Concernant la substitution <strong>de</strong> la procédure dans le cadre <strong>de</strong> la promotion interne, le rôle <strong>de</strong> la CAP<br />

est <strong>de</strong> déterminer <strong><strong>de</strong>s</strong> critères qui départagent les agents. L'évaluation <strong>de</strong> la valeur professionnelle<br />

n'est qu'un élément parmi beaucoup d'autres dans le choix <strong>de</strong> promouvoir un agent. A partir <strong>de</strong> la<br />

rentrée, le centre <strong>de</strong> gestion mènera une réflexion sur la manière <strong>de</strong> déterminer les agents<br />

susceptibles d'obtenir un avancement en comparant les CREP reçus <strong>de</strong> l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

collectivités. Vous <strong>de</strong>vez aussi nous faire un retour sur vos pratiques et les difficultés que vous<br />

rencontrez car le centre <strong>de</strong> gestion se fait l'écho <strong><strong>de</strong>s</strong> requêtes <strong><strong>de</strong>s</strong> collectivités auprès <strong>de</strong> la DGCL.<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Les enjeux managériaux <strong>de</strong> l'entretien professionnel<br />

Annick REZZI<br />

Consultante RH<br />

J'interviens au CNFPT <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> longues années. Mon exposé n'a pas <strong>de</strong> valeur scientifique mais<br />

est le résultat <strong>de</strong> mon expérience <strong>de</strong> consultante auprès <strong>de</strong> nombreuses collectivités.<br />

1. L'existant<br />

Les pratiques existant avant la mise en place du nouveau dispositif varient fortement d'une<br />

collectivité à l'autre, et au sein même <strong>de</strong> celles-ci. L'historique <strong>de</strong> l'évaluation en collectivités<br />

consiste principalement en la notation <strong><strong>de</strong>s</strong> agents, dont la pratique est quelque peu différente<br />

d'une commune à une autre. Ainsi, les agents excellents ne reçoivent pas partout la même note<br />

chiffrée. Cette notation est d’ailleurs parfois vécue comme une simple formalité administrative.<br />

De plus, l'entretien n'est pas répandu dans toutes les collectivités. L'évaluation est ainsi employée<br />

dans certains cas comme un outil <strong>de</strong> communication, et dans d'autres comme un outil <strong>de</strong> sanction.<br />

Reflet <strong>de</strong> ces pratiques variées, certaines collectivités lient l'évaluation au déroulement <strong>de</strong> carrière,<br />

et d'autres – ou les mêmes – à la rémunération <strong><strong>de</strong>s</strong> agents. Ainsi, le panorama <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques est<br />

large.<br />

Au sein même d'une collectivité, certains métiers ont une culture <strong>de</strong> l'évaluation, et parfois <strong>de</strong><br />

manière très formalisée. Je peux citer l'exemple <strong><strong>de</strong>s</strong> centres <strong>de</strong> loisirs où un projet pédagogique<br />

est déterminé et chaque animateur décline ce projet à l'échelle <strong>de</strong> sa propre fonction. Dans<br />

d'autres métiers, les fonctionnaires considèrent que l'entretien ne revêt aucun intérêt.<br />

De plus, les cadres <strong>de</strong> proximité ne sont pas systématiquement associés à la démarche. Il faut<br />

noter que certains encadrants <strong>de</strong> proximité sont choisis au sein même <strong>de</strong> l'équipe, ou sur la base<br />

<strong>de</strong> compétences liées au métier. Parfois, ils perçoivent leur activité <strong>de</strong> manière complètement<br />

déconnectée <strong>de</strong> la fonction RH.<br />

2. Une définition <strong>de</strong> l'entretien professionnel<br />

L'entretien professionnel est un bilan <strong>de</strong> l'année écoulée, qui doit être mené par le responsable<br />

direct <strong>de</strong> l'agent, avec l'agent. L'évaluation s'appuie sur la fiche <strong>de</strong> poste et sur les faits. Son<br />

objectif est <strong>de</strong> déboucher sur <strong><strong>de</strong>s</strong> perspectives. Enfin, le contenu <strong>de</strong> l'entretien donne lieu à la<br />

rédaction d'un écrit.<br />

Ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> perspectives doivent être dégagées <strong>de</strong> l'entretien. Il s'agit donc <strong>de</strong> fixer à l'agent <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

objectifs pour l'année à venir, <strong>de</strong> déterminer <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens pour les atteindre, <strong>de</strong> recueillir les<br />

besoins <strong>de</strong> formation et les souhaits d'évolution. Selon mon avis, l'entretien doit aussi être<br />

l'occasion d'apporter <strong><strong>de</strong>s</strong> modifications à la fiche <strong>de</strong> poste. L'encadrant, sous le regard <strong>de</strong> l'autorité<br />

territoriale, peut être amené à proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions concernant l'agent.<br />

3. Des enjeux, <strong><strong>de</strong>s</strong> écueils, <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> réussite<br />

Le premier enjeu <strong>de</strong> l'entretien concerne le bon fonctionnement du service. Grâce aux échanges,<br />

l'encadrant est mieux à même <strong>de</strong> connaître ses agents et leurs difficultés éventuelles. D'un côté, le<br />

N+1 reconnaît le travail accompli et la contribution <strong>de</strong> l'agent. De l’autre, dans certaines situations,<br />

il peut être amené à améliorer l'efficacité, voire à recadrer les agents. L'entretien offre également<br />

au cadre la possibilité <strong>de</strong> faire évoluer l'organisation du service, les postes, le profil <strong><strong>de</strong>s</strong> agents.<br />

Une autre série d'enjeux a trait à l'utilité qu'en retire l'autorité <strong>de</strong> la collectivité. Les entretiens<br />

professionnels permettent notamment <strong>de</strong> recueillir <strong>de</strong> l'information sur les parcours individuels <strong>de</strong><br />

formation <strong>de</strong> professionnalisation, sur les évolutions <strong>de</strong> postes en termes d'activités et <strong>de</strong><br />

Centre national <strong>de</strong> la fonction publique territoriale 5


<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

compétences, et enfin sur les souhaits <strong>de</strong> mobilité. Ils permettent d'ai<strong>de</strong>r la collectivité à prendre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> décisions <strong>de</strong> sanction, qu'elle soit positive ou négative.<br />

L'entretien a comme première finalité <strong>de</strong> réaliser un bilan partagé. Cet enjeu n'est pas toujours<br />

facilement atteignable. De ce premier aspect découle un second enjeu, celui <strong>de</strong> la<br />

contractualisation entre encadrant et agent. Les objectifs, les moyens pour les atteindre ou encore<br />

les formations prescrites sont <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets <strong>de</strong> contractualisation. Enfin, l'entretien est le moment<br />

d'annoncer <strong><strong>de</strong>s</strong> éventuelles propositions ou décisions qui concernent l'agent.<br />

La notion <strong>de</strong> bilan <strong>de</strong> l'année recouvre plusieurs éléments : les résultats, les objectifs fixés, les<br />

points forts, les difficultés rencontrées. L'atteinte <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs renvoie à la question <strong>de</strong> l'écart entre<br />

le travail prescrit et le travail réel. En effet, le travail comporte une dimension <strong>de</strong> « bricolage face<br />

au réel ». Ainsi la contribution individuelle <strong><strong>de</strong>s</strong> agents apparaît aussi dans ces écarts entre<br />

prescription et réalité du travail. Les responsables n'ont pas toujours conscience <strong>de</strong> la manière<br />

dont les agents ont réussi à remplir leurs tâches.<br />

Par ailleurs, la culture judéo-chrétienne amène à considérer comme normales <strong><strong>de</strong>s</strong> réalisations.<br />

Les points forts ne sont donc pas toujours mis en avant. Le responsable doit savoir reconnaître<br />

ces aspects positifs. En revanche, face aux difficultés qu'a pu rencontrer l'agent, il convient d'en<br />

rechercher les causes, sans systématiquement privilégier une explication reposant sur la carence<br />

<strong>de</strong> compétences. Enfin, l'objectif est <strong>de</strong> pointer <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions.<br />

Le bilan <strong>de</strong> fin d'année mérite une préparation préalable, côté responsable comme côté agent. Les<br />

agents doivent être préparés sur <strong><strong>de</strong>s</strong> bases équivalentes à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> évaluateurs.<br />

Concernant le responsable direct, il s'agit <strong>de</strong> vérifier qu'il se positionne habituellement comme<br />

encadrant. Il ne faudrait pas qu'il découvre ce rôle uniquement au moment <strong>de</strong> l'entretien<br />

professionnel. En effet, il doit possé<strong>de</strong>r les ressources nécessaires pour assumer une attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

conseil et un rôle d'évaluation. Les encadrants <strong>de</strong> proximité ont la préoccupation <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong> bonnes relations au quotidien à la suite <strong>de</strong> cet entretien. Ils doivent également savoir discerner<br />

ce qui relève <strong>de</strong> la solidarité d'équipe.<br />

Des enjeux rési<strong>de</strong>nt aussi dans la confection <strong>de</strong> la fiche <strong>de</strong> poste. La question <strong>de</strong> son existence<br />

est la première qui doit être posée. Ensuite, il s'agit <strong>de</strong> vérifier comment elle est constituée et s'il<br />

s'agit d'une <strong><strong>de</strong>s</strong>cription, c'est-à-dire du fonctionnement réel du poste, ou d'une définition, c'est-àdire<br />

le fonctionnement souhaité par la direction. Il arrive parfois que certains responsables<br />

cherchent à prescrire tout le travail réel, avec la rédaction <strong>de</strong> fiches <strong>de</strong> poste trop détaillées. Ce<br />

type <strong>de</strong> comportement a tendance à agacer les agents, qui ne peuvent apporter leur propre<br />

contribution. Il s'agit également <strong>de</strong> déterminer la typologie utilisée en termes <strong>de</strong> savoirs (savoirêtre,<br />

savoir-fair)e. S'assurer que les cadres comme les agents perçoivent <strong>de</strong> la même manière la<br />

fiche <strong>de</strong> poste comme un outil est primordial.<br />

La fiche <strong>de</strong> poste constitue un gar<strong>de</strong>-fou et permet <strong>de</strong> se rapprocher d'une plus gran<strong>de</strong> objectivité.<br />

Elle a l'intérêt d'être un outil permettant <strong>de</strong> sélectionner les critères d'appréciation. Grâce à elle<br />

peuvent être mis à plat les objectifs permanents du poste. Au regard <strong>de</strong> la fiche <strong>de</strong> poste, le cadre<br />

peut s'accor<strong>de</strong>r avec l'agent sur les besoins en formation.<br />

L'entretien doit par ailleurs s'appuyer sur <strong><strong>de</strong>s</strong> faits dans la pério<strong>de</strong> entière <strong>de</strong> l'année <strong>de</strong> référence.<br />

Ainsi une maladresse qui s'est produite dans les <strong>de</strong>rnières semaines doit être évaluée au regard<br />

<strong>de</strong> l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> réalisations <strong>de</strong> l'année. De même, la durée <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> permet <strong>de</strong> mesurer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> progrès. S'attacher à l'analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> faits permet aussi d'évaluer non la personnalité <strong>de</strong> l'agent<br />

mais son travail. En effet, la tâche <strong>de</strong> l'évaluateur n'est pas <strong>de</strong> formuler <strong><strong>de</strong>s</strong> jugements <strong>de</strong> valeur<br />

positifs ou négatifs sur la personne <strong>de</strong> l'agent. De plus, <strong>de</strong> tels jugements peuvent avoir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

impacts négatifs en cas <strong>de</strong> contentieux.<br />

D'inspiration anglo-saxonne, les objectifs renvoient à une forme <strong>de</strong> contractualisation du travail.<br />

Fixer <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs est parfois une source infinie <strong>de</strong> troubles pour les encadrants. Il convient <strong>de</strong><br />

s'appuyer sur la définition <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs par la collectivité elle-même. Au moment <strong>de</strong> leur<br />

détermination, il s'agit <strong>de</strong> savoir si l'on fixe <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs distincts <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs permanents du<br />

poste. Ainsi les encadrants se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt parfois s'ils doivent inventer <strong>de</strong> nouveaux objectifs<br />

Centre national <strong>de</strong> la fonction publique territoriale 6


<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

chaque année. La question se pose <strong>de</strong> savoir si ces objectifs doivent obligatoirement être<br />

mesurables, et assortis d'indicateurs chiffrés.<br />

Une série <strong>de</strong> questions se posent encore sur la notion d'objectifs et <strong>de</strong> moyens. Peut-on raisonner<br />

en termes d'objectifs collectifs ? Quelle est la finalité <strong>de</strong> la définition <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs ? Il peut s'agir<br />

d'inciter à fixer <strong><strong>de</strong>s</strong> marges <strong>de</strong> progression ou encore <strong>de</strong> prendre <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions concernant l'agent.<br />

Dans certaines collectivités, par exemple, une part variable du salaire dépend <strong>de</strong> l'atteinte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

objectifs. Un écueil <strong>de</strong> l'évaluation serait qu’elle soit basée uniquement sur la vérification <strong>de</strong><br />

l'atteinte <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs, en oubliant la réalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs permanents du poste.<br />

La fixation <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs se réalise à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> orientations générales <strong>de</strong> la collectivité, du projet <strong>de</strong><br />

service, <strong>de</strong> la réglementation ou encore <strong>de</strong> la résolution d'une difficulté. Il convient <strong>de</strong> fixer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

objectifs réalistes et donc atteignables, assortis <strong>de</strong> moyens disponibles. Ils doivent être<br />

observables, et parfois quantifiables, ainsi qu'inscrits dans le temps. Les trois grands types<br />

d'objectifs sont l'amélioration <strong>de</strong> l'efficacité, l'amélioration d'une compétence ou le lancement d'une<br />

nouvelle activité.<br />

Concernant la formation professionnelle, force est <strong>de</strong> constater que tous les cadres et tous les<br />

agents n'ont pas intégré la réforme <strong>de</strong> la formation, qui doit se dérouler tout au long <strong>de</strong> la carrière.<br />

Je souligne, à cet égard, le glissement du droit vers l'obligation statutaire <strong>de</strong> formation, y compris<br />

pour les agents <strong>de</strong> catégorie C.<br />

L'encadrement se doit <strong>de</strong> bien discerner les besoins en formation au regard <strong>de</strong> l'analyse <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

compétences listées dans la fiche <strong>de</strong> poste. Je constate dans certaines fiches <strong>de</strong> poste, la<br />

présence <strong>de</strong> multiples items liés au savoir-être, qui ne sont pas toujours exploitables.<br />

La question <strong>de</strong> l'évolution professionnelle <strong>de</strong> l'agent suscite également <strong><strong>de</strong>s</strong> enjeux. Il s'agit <strong>de</strong><br />

savoir si le compte-rendu <strong>de</strong> l'entretien doit être exploité en matière d’évolution dans le poste et<br />

hors du poste. Très souvent, les agents ont le sentiment que leur compte-rendu ne sera pas lu<br />

dans la collectivité. Par ailleurs, certaines collectivités ont décidé d'exploiter rapi<strong>de</strong>ment les<br />

éléments dégagés lors <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens. Je note aussi que certains éléments <strong><strong>de</strong>s</strong> comptes-rendus<br />

ne relèvent pas <strong>de</strong> la direction mais du service lui-même.<br />

En conclusion, l'entretien professionnel doit constituer un outil <strong>de</strong> partage en matière <strong>de</strong><br />

ressources humaines. Il sert à l'accompagnement et à l'ai<strong>de</strong> à l'évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> agents. Le principal<br />

écueil rési<strong>de</strong> dans le fait qu'il peut contribuer à la démotivation du personnel s'il est mal mené. Des<br />

risques psychosociaux sont en jeu. En effet, le passage entre la notation, la pratique où tous les<br />

agents bénéficiaient d'un avancement au minimum, à une évaluation plus proche <strong><strong>de</strong>s</strong> réalités <strong>de</strong><br />

terrain, peut déstabiliser <strong>de</strong> nombreuses personnes.<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Les conditions <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong> l'entretien<br />

professionnel et <strong>de</strong> la PFR<br />

Table ron<strong>de</strong> animée par Annick REZZI<br />

Consultante RH<br />

Participaient à cette table ron<strong>de</strong> :<br />

Soraya KESSAR, Directrice <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources humaines, Commune <strong>de</strong> Gentilly<br />

Pascale POISSON, Directrice <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources humaines, Commune d'Abbeville<br />

Dominique DESOUCHES, Responsable du service développement <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences, Conseil<br />

général du Val d'Oise<br />

Nathalie LORIDAN, Directrice <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources humaines, Commune <strong>de</strong> Roubaix<br />

Soraya KESSAR, Directrice <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources humaines, Commune <strong>de</strong> Gentilly<br />

Je vous fais part <strong>de</strong> l'expérience d'implantation <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens professionnels dans la ville <strong>de</strong><br />

Gentilly. Celle-ci a débuté en 2010, au moment <strong>de</strong> la présentation du projet d'expérimentation.<br />

Tout d’abord, nous avons organisé un débat collectif avec les cadres, les partenaires sociaux et<br />

les élus. Au cours <strong>de</strong> ce débat, nous avons cherché à définir les valeurs, le sens, les enjeux et les<br />

objectifs que l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> participants souhaitaient donner à cette procédure d'évaluation. Puis<br />

la démarche a consisté à établir un état <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux <strong>de</strong> la situation présente et à préciser le<br />

processus pour atteindre les objectifs que nous nous étions fixés.<br />

En 2010, le contexte <strong>de</strong> départ comportait déjà <strong>de</strong>ux éléments à faire évoluer : la procédure <strong>de</strong><br />

notation avec entretien individuel et <strong>de</strong>ux projets structurants engagés. Ainsi la pratique <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

entretiens professionnels existait déjà mais était très hétérogène entre les directions, ou absente<br />

<strong>de</strong> certains services. Parfois le N+2 conduisait l'entretien <strong><strong>de</strong>s</strong> agents, en présence ou non du N+1.<br />

Ainsi est apparue une dissociation entre la personne qui assure l'entretien et la personne qui suit<br />

l'activité <strong>de</strong> l'agent au quotidien. En effet, lorsque l'entretien se déroule avec la présence du N+1 et<br />

du N+2, il ne se déroule pas sur un pied d'égalité et l'objectif <strong>de</strong> dialogue n'est pas atteint. De plus,<br />

à cette date, les outils, gui<strong><strong>de</strong>s</strong> ou supports étaient encore absents. Les fiches <strong>de</strong> poste n'étaient<br />

quant à elles pas utilisées ou absentes. Ces entretiens n'étaient pas valorisés.<br />

Certains secteurs étaient précurseurs. Dans l'animation, une pratique du projet collectif avec une<br />

déclinaison individuelle existait, et <strong><strong>de</strong>s</strong> évaluations régulières étaient en place. Cependant, ces<br />

entretiens n'étaient pas valorisés dans un objectif <strong>de</strong> développement <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences, d'évolution<br />

professionnelle par l'élaboration <strong>de</strong> plan d'action RH. Aucun lien n'existait entre cette pratique<br />

d'encadrement et la politique RH.<br />

Autre élément <strong>de</strong> contexte en 2010, <strong>de</strong>ux projets structurants étaient engagés, l'un portant sur<br />

l'aspect stratégique et organisationnel, l'autre sur l'évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences.<br />

Nous avons notamment mis en place une direction en mo<strong>de</strong> projet au sein <strong>de</strong> l'organisation<br />

verticale classique. Des projets conduisaient à plus <strong>de</strong> transversalité ; <strong><strong>de</strong>s</strong> directions sans lien<br />

hiérarchique ont aussi été créées, portant respectivement sur la politique sociale et sur la politique<br />

éducative. La commune fonctionne sur la coexistence <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d'organisation.<br />

Par ailleurs, sur l'ensemble <strong>de</strong> la collectivité, nous avons poursuivi un objectif <strong>de</strong> redéploiement car<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> besoins <strong>de</strong> ressources nouvelles sans création <strong>de</strong> postes se faisaient sentir. Les compétences<br />

actuelles <strong>de</strong>vaient évoluer vers celles qui répon<strong>de</strong>nt aux besoins <strong>de</strong> <strong>de</strong>main.<br />

En 2010, ce troisième projet est arrivé, plutôt relatif au volet management. Ainsi à partir <strong>de</strong><br />

juin 2010 se sont tenus <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges avec les cadres, mais également avec les partenaires<br />

sociaux dans le cadre du CTP, ainsi qu'avec les élus. A l'issue <strong>de</strong> ces échanges, nous avons<br />

composé <strong><strong>de</strong>s</strong> enjeux à partir <strong><strong>de</strong>s</strong>quels nous avons précisé <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> réussite.<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Le premier enjeu consiste à donner du sens et valoriser la contribution <strong>de</strong> chacun au projet <strong>de</strong> la<br />

collectivité. En ce sens, les entretiens professionnels représentent un levier <strong>de</strong> motivation. Pour<br />

atteindre ce premier objectif, ils doivent s'inscrire dans le projet <strong>de</strong> la collectivité et dans une<br />

direction par objectifs. Ainsi les objectifs individuels <strong><strong>de</strong>s</strong> agents sont une déclinaison <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs<br />

collectifs du projet <strong>de</strong> service, qui eux-mêmes trouvent leur origine dans les orientations<br />

stratégiques, lesquelles sont à leur tour une déclinaison <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs politiques. Les objectifs<br />

individuels <strong><strong>de</strong>s</strong> agents ne peuvent être fixés que si tous ces projets préalables sont déjà arrêtés.<br />

Le <strong>de</strong>uxième enjeu rési<strong>de</strong> dans l'outil <strong>de</strong> management que constitue l'entretien professionnel. En<br />

effet, il est un moment <strong>de</strong> dialogue, dans une logique <strong>de</strong> progrès. Les cadres remplissent un rôle<br />

<strong>de</strong> manager et non plus d'évaluateur comme dans le système <strong>de</strong> notation. De plus, ces entretiens<br />

permettent d'harmoniser les pratiques d'encadrement. En conséquence, ils doivent s'inscrire dans<br />

une véritable politique managériale.<br />

Enfin, le troisième enjeu repose dans l'outil RH que comprend l'entretien professionnel. Il constitue<br />

un moment d'i<strong>de</strong>ntification <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences, et <strong><strong>de</strong>s</strong> leviers <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> compétences.<br />

Ce rôle est d'autant plus important au moment où la collectivité est engagée dans une démarche<br />

<strong>de</strong> GPEC.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces enjeux, <strong>de</strong>ux questions ont été soulevées. D'une part, il s'agissait <strong>de</strong> savoir<br />

comment objectiver l'entretien professionnel et selon quels critères. D'autre part, les cadres ont eu<br />

peur d'être dépassés et débordés par la mise en place d'un nouveau projet.<br />

En conclusion, nous nous trouvons véritablement face à un changement <strong>de</strong> culture. Nous avons<br />

décidé <strong>de</strong> ne pas réaliser l'expérimentation car nous ne nous considérions pas prêts à le faire.<br />

Nous <strong>de</strong>vons, au préalable, construire le cadre nécessaire. Des prérequis portant sur les<br />

dimensions stratégiques, organisationnelles, <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources humaines et du management sont<br />

indispensables.<br />

Notre démarche <strong>de</strong>man<strong>de</strong> tout d’abord une co-construction. Nous avons donc initié une démarche<br />

participative pour l'élaboration du cadre nécessaire à la réussite <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens professionnels<br />

avant <strong>de</strong> nous attaquer au projet <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens professionnels stricto sensu.<br />

Ensuite, ce projet se situe sur le plan global d'administration, parmi la démarche <strong>de</strong> mise en place<br />

du mo<strong>de</strong> projet et le programme <strong>de</strong> GPEC. Or, <strong><strong>de</strong>s</strong> liens existent entre toutes ces entreprises. Par<br />

exemple, dans le cadre <strong>de</strong> la GPEC, nous avons travaillé sur la refonte <strong>de</strong> toutes les fiches <strong>de</strong><br />

poste et sur l'élaboration d'un référentiel <strong>de</strong> compétences. Ces <strong>de</strong>ux éléments sont aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> outils<br />

pour les entretiens professionnels. En systématisant, chaque action menée dans le cadre d'un<br />

projet a été évaluée en interface avec les autres projets. Nous cherchions à promouvoir une<br />

cohérence entre toutes ces entreprises.<br />

Nous <strong>de</strong>vions également remplir le préalable <strong>de</strong> définition d'une politique <strong>de</strong> ressources humaines<br />

adaptée aux enjeux. Celle-ci <strong>de</strong>vait inclure les trois programmes : le mo<strong>de</strong> projet, la GPEC et la<br />

mise en place <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens professionnels. Ainsi nous avons été amenés à réfléchir autrement à<br />

la fonction RH et à la réorganiser. Au sein même <strong>de</strong> la direction ressources humaines, le pôle<br />

emploi et compétences a été renforcé et <strong><strong>de</strong>s</strong> référents par direction <strong>de</strong> projets (urbain, social,<br />

éducatif…) ont été définis. Nous avons également rénové le partage <strong>de</strong> la fonction RH. Nous<br />

sommes moins dans un processus <strong>de</strong> déconcentration <strong>de</strong> cette fonction que dans<br />

l'accompagnement <strong><strong>de</strong>s</strong> cadres pour qu'ils <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> vrais gestionnaires RH <strong>de</strong> proximité.<br />

Nous avons voulu placer la fiche <strong>de</strong> poste au Cœur <strong>de</strong> la démarche. Tout en restant raisonnables<br />

quant à cet objectif, nous avons défini en premier lieu les missions. Pour être clair sur ce qui est<br />

évalué au cours <strong>de</strong> l'entretien, il faut prendre en compte essentiellement les tâches dévolues aux<br />

agents dans la fiche <strong>de</strong> poste. Les axes <strong>de</strong> progrès doivent concerner avant toute chose les<br />

compétences requises.<br />

De même, pour savoir comment objectiver l'entretien professionnel, nous avons posé le principe<br />

selon lequel il dépend moins <strong><strong>de</strong>s</strong> critères, que d'une professionnalisation et d'une harmonisation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques managériales. En effet l'harmonisation <strong>de</strong> ces pratiques permet une équité dans<br />

l'évaluation <strong><strong>de</strong>s</strong> agents et évite la trop gran<strong>de</strong> influence <strong>de</strong> la subjectivité. Des cadres formés qui<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

exercent avec <strong><strong>de</strong>s</strong> outils communs et communément élaborés pourront tendre vers cette<br />

objectivation.<br />

Quelques mois avant la mise en place <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens professionnels, le groupe <strong>de</strong> travail chargé<br />

<strong>de</strong> réfléchir aux outils <strong>de</strong> la démarche est lancé. Le gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'évaluateur et le gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'évalué<br />

sont déjà rédigés. La rédaction <strong><strong>de</strong>s</strong> fiches <strong>de</strong> poste et du référentiel <strong>de</strong> compétences a commencé.<br />

Des temps d'échanges avec les syndicats sont ménagés pour finaliser le lancement du groupe en<br />

septembre prochain. Enfin, la formation <strong><strong>de</strong>s</strong> évaluateurs, mais aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> évalués est prise en<br />

compte.<br />

Pour la réalisation <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ces objectifs, un accompagnement est nécessaire et se traduit<br />

par la confection d'outils spécifiques aux entretiens professionnels. Tout d'abord, la définition <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

objectifs stratégiques <strong><strong>de</strong>s</strong> trois projets constitue le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la démarche. Dans le cadre<br />

<strong>de</strong> la mise en place du mo<strong>de</strong> projet, les directeurs <strong>de</strong> projet travaillent sur cette question en lien<br />

avec la question <strong>de</strong> l'évaluation <strong><strong>de</strong>s</strong> politiques publiques.<br />

Nous avons également annoncé une démarche d'accompagnement portant sur les projets <strong>de</strong><br />

services. Il s'agit <strong>de</strong> la définition d'une démarche d'élaboration et <strong>de</strong> validation <strong><strong>de</strong>s</strong> projets <strong>de</strong><br />

service, d'accompagnement sur la métho<strong>de</strong> et sur la réalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> outils et du modèle commun.<br />

Ainsi, la mise en place <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens professionnels renvoie à la question <strong><strong>de</strong>s</strong> directions <strong>de</strong><br />

service, <strong><strong>de</strong>s</strong> outils, <strong><strong>de</strong>s</strong> bilans d'activité et <strong><strong>de</strong>s</strong> évaluations collectives.<br />

En lien avec la GPEC, nous <strong>de</strong>vons par ailleurs définir les besoins <strong>de</strong> compétences. Il faut ainsi<br />

mettre en place un dispositif <strong>de</strong> formation pour les cadres <strong>de</strong> direction, proposé par la suite aux<br />

cadres intermédiaires. Il permettra <strong>de</strong> les accompagner dans la définition <strong><strong>de</strong>s</strong> missions et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

besoins en compétences.<br />

L'accompagnement <strong><strong>de</strong>s</strong> agents dans le développement <strong>de</strong> leurs compétences et la définition <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

leviers sont également d’importance. Pour ce faire, nous mettons en place une formation GPEC et<br />

un partage <strong>de</strong> la fonction RH sur ce point précis.<br />

Enfin, l'accompagnement dans le développement <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences d'encadrement est réalisé à<br />

travers une mission <strong>de</strong> la DRH qui consiste en une élaboration collective du référentiel <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

compétences d'encadrement, d'une définition <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins <strong>de</strong> développement <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences<br />

collectives et individuelles <strong><strong>de</strong>s</strong> cadres, et d'une définition d'un plan d'accompagnement.<br />

Ce projet <strong>de</strong> mise en place <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens professionnels est en cours <strong>de</strong>puis juin 2010 et suit<br />

plusieurs étapes. Depuis juin 2010, <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges avec les élus, les cadres et les partenaires<br />

sociaux se tiennent à propos <strong>de</strong> la définition <strong>de</strong> la démarche.<br />

A compter <strong>de</strong> septembre 2010, au moment du lancement <strong>de</strong> la notation, nous avons cherché à<br />

valoriser l'entretien professionnel préexistant avant même l'implantation <strong>de</strong> la nouvelle formule. Il<br />

s'agissait d'un changement <strong>de</strong> culture, il a donc fallu procé<strong>de</strong>r par étapes. Ainsi en<br />

septembre 2010, nous avons rappelé quelques règles, telles que l’obligation <strong>de</strong> l'entretien<br />

professionnel, sa réalisation avec le N+1 puisqu’il constitue un moment <strong>de</strong> dialogue, la nécessité<br />

<strong>de</strong> le préparer le nourrir tout au long <strong>de</strong> l'année. A ce moment, nous avons donc posé un premier<br />

jalon.<br />

En novembre 2010, la première journée d'initiation sur la démarche GPEC s'est tenue.<br />

En septembre 2011, un nouveau sta<strong>de</strong> a été franchi. Une présentation effectuée durant trois<br />

heures face aux cadres <strong>de</strong> direction nous a permis <strong>de</strong> fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> conseils sur la manière <strong>de</strong><br />

mener les entretiens professionnels. Nous leur avons notamment <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> revoir leurs fiches<br />

<strong>de</strong> poste. Celles-ci doivent en effet être comprises <strong>de</strong> la même manière par l'évaluateur et par<br />

l'évalué. Nous leur avons ainsi <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> les co-construire avec leurs agents.<br />

Au mois d'avril et mai 2012, la <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> la formation GPEC pour les cadres <strong>de</strong> direction<br />

s'est tenue.<br />

Juillet 2012 correspond au moment <strong>de</strong> la réunion avec le syndicat afin <strong>de</strong> trouver un accord sur le<br />

lancement du groupe <strong>de</strong> travail qui doit avoir lieu en septembre.<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

En septembre 2012, la procédure <strong>de</strong> notation <strong>de</strong>vra être lancée. A cette date, nous<br />

communiquerons en direction <strong><strong>de</strong>s</strong> cadres intermédiaires et <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs d'équipe.<br />

Enfin, au cours <strong>de</strong> l'année 2013, la formation GPEC pour les cadres intermédiaires débutera.<br />

Annick REZZI<br />

Je vous remercie pour cette présentation. Je propose que nous décalions la séance d'échanges<br />

avec la salle à la fin <strong>de</strong> l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> présentations et que nous abordions tout <strong>de</strong> suite l'exposé<br />

<strong>de</strong> Pascale Poisson.<br />

Pascale POISSON<br />

La ville d'Abbeville comporte 25 000 habitants et emploie 650 agents, dont 450 agents<br />

permanents.<br />

La mise en place <strong>de</strong> l'entretien annuel (PA) s'est déroulée juste après l'arrivée d'une nouvelle<br />

équipe municipale en 2008. Le maire a décidé <strong>de</strong> mettre en place un nouveau fonctionnement, à<br />

savoir une démarche <strong>de</strong> développement <strong><strong>de</strong>s</strong> outils <strong>de</strong> management, une gestion par projets. En<br />

effet, jusqu'en 2008, chaque service montait ses propres projets sans corrélation ni avec les autres<br />

départements, ni avec le projet municipal global. Le maire avait la volonté <strong>de</strong> changer la notation<br />

car la direction s'était aperçue <strong>de</strong>puis longtemps que celle-ci n'avait aucune utilité. Les chefs <strong>de</strong><br />

service notaient ainsi les agents en fonction <strong>de</strong> leurs propres critères. Dès lors d’excellents<br />

travailleurs étaient évalués par l'un avec la note 16 et par l'autre avec la note 12. Certains agents<br />

n'étaient pas reçus en entretien. Les N+1 n'étaient quasiment jamais sollicités, sauf s'ils étaient<br />

l'unique chef <strong>de</strong> service. Les notes servaient exclusivement à l'avancement d'échelon et étaient<br />

envoyées au centre <strong>de</strong> gestion. Globalement, tout le mon<strong>de</strong> avançait au niveau <strong>de</strong> la progression<br />

minimum.<br />

Fin 2009, le Maire a souhaité que soient rédigées <strong><strong>de</strong>s</strong> fiches <strong>de</strong> poste. En collaboration avec les<br />

syndicats et les chefs <strong>de</strong> service, nous avons élaboré un modèle, qui a été validé en CTP. Puis les<br />

chefs <strong>de</strong> service ont rempli ces fiches <strong>de</strong> poste en collaboration avec les agents. Souvent les chefs<br />

<strong>de</strong> service ne connaissent pas les tâches précises <strong>de</strong> leurs encadrés qui sont parfois sur le terrain.<br />

Le Maire et l'ensemble <strong>de</strong> la direction ont décidé <strong>de</strong> s'orienter vers un plan <strong>de</strong> formation<br />

correspondant aux besoins <strong>de</strong> la collectivité. Dans l'objectif du développement <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> agents, le Maire a souhaité que soient formés les directeurs, les chefs <strong>de</strong> service, les chefs <strong>de</strong><br />

section, les encadrants. Chacun à leur niveau, ils ont reçu une formation réalisée par le CNFPT et<br />

en fonction d'un cahier <strong><strong>de</strong>s</strong> charges élaboré ensemble. Il s'agissait que tous aient les mêmes outils<br />

<strong>de</strong> base pour pouvoir travailler en mo<strong>de</strong> projet ou en mo<strong>de</strong> perspective dans son propre service.<br />

Nous souhaitions également instaurer un dialogue entre les chefs <strong>de</strong> service et chacun <strong>de</strong> leurs<br />

encadrés. Auparavant, la feuille <strong>de</strong> notation était remplie sans que l'agent soit sollicité et ce <strong>de</strong>rnier<br />

n'avait pour simple tâche que <strong>de</strong> la signer. Très souvent, l'agent était en désaccord avec ce qui y<br />

était inscrit.<br />

Nous voulions également participer à l'expérimentation proposée par le législateur et apporter <strong>de</strong><br />

la nouveauté dans la gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> agents. C'est pourquoi nous avons mis en place ce projet <strong>de</strong>puis<br />

2011.<br />

2011-2012 constitue la première année <strong>de</strong> déroulement <strong>de</strong> ces entretiens annuels. Ce projet nous<br />

a <strong>de</strong>mandé un travail conséquent et s'est révélé un défi important à relever.<br />

A nos yeux, l'intérêt <strong>de</strong> l'entretien annuel rési<strong>de</strong> également dans l'ai<strong>de</strong> au reclassement<br />

professionnel qu'il permet.<br />

De plus, l'entretien annuel représente un outil au service du management <strong><strong>de</strong>s</strong> services. En<br />

conséquence, nous avons remanié l'organigramme d'un <strong><strong>de</strong>s</strong> services. Nous nous sommes aperçu<br />

que <strong><strong>de</strong>s</strong> relations problématiques existaient entre le N+1 et les agents. Par le biais <strong>de</strong> l'entretien,<br />

nous avons pris conscience du remaniement nécessaire.<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

L’entretien constitue aussi un moment <strong>de</strong> bilan pour les agents, au cours duquel ils peuvent<br />

réfléchir à leur mobilité et leurs besoins <strong>de</strong> formation.<br />

Enfin, il permet un dialogue construit et structuré entre chef <strong>de</strong> service et encadré. Auparavant,<br />

lorsque le cadre remplissait les fiches <strong>de</strong> notation, ils abordaient <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets au hasard et ne<br />

traitaient peut-être pas toutes les thématiques nécessaires.<br />

Trois dimensions ont pris forme dans la mise en place <strong>de</strong> l'entretien annuel : premièrement, la<br />

dimension collective dans l'encadrement <strong><strong>de</strong>s</strong> services avec la mise en valeur <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

résultats, <strong>de</strong>uxièmement une dimension transversale par le biais <strong>de</strong> nouveaux procédés <strong>de</strong><br />

gestion. Cette démarche nous a permis <strong>de</strong> monter <strong><strong>de</strong>s</strong> projets communs entre services, ce qui ne<br />

s'était pas produit <strong>de</strong>puis longtemps. Enfin, troisièmement, la dimension individuelle est évi<strong>de</strong>nte<br />

car l'entretien annuel est un moment <strong>de</strong> reconnaissance du travail accompli par l'agent et un levier<br />

<strong>de</strong> motivation.<br />

La mise en œuvre a nécessité d'imposants moyens. Une équipe a été constituée dans l'objectif<br />

unique <strong>de</strong> sa réalisation. Un groupe projet a travaillé sur la formalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> règles et sur<br />

l'élaboration <strong><strong>de</strong>s</strong> outils. De nombreux outils <strong>de</strong> travail sont effectivement nécessaires pour mener à<br />

bien ces entretiens. De même le travail sur les critères était complexe. Nous avons tenté <strong>de</strong><br />

respecter au mieux les critères imposés par le décret mais leur interprétation n'était pas toujours<br />

aisée. Nous avons cherché à rendre compte régulièrement <strong>de</strong> notre avancement au centre <strong>de</strong><br />

gestion. Je maintiens <strong>de</strong> très bonnes relations avec ce <strong>de</strong>rnier à propos <strong><strong>de</strong>s</strong> questions <strong>de</strong> carrière<br />

et <strong>de</strong> différents dossiers. Toutefois, sur ce sujet, il ne nous a fait aucun retour alors que nous lui<br />

<strong>de</strong>mandions <strong><strong>de</strong>s</strong> indications sur les pratiques <strong><strong>de</strong>s</strong> autres communes qui dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> lui. Nos<br />

requêtes ont été vaines. La mise en œuvre dépendait également <strong><strong>de</strong>s</strong> délibérations du Conseil<br />

municipal.<br />

Une gran<strong>de</strong> réunion générale avec tous les chefs <strong>de</strong> service s'est déroulée dans l'objectif <strong>de</strong> bien<br />

expliquer en quoi consiste l'entretien annuel. Puis nous avons implanté la démarche appuyée sur<br />

le volontariat <strong><strong>de</strong>s</strong> responsables <strong>de</strong> service. Dix-sept d'entre eux s’étant proposés, ce nombre nous<br />

a paru trop important. Nous avons retenu dix services ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> structures et <strong><strong>de</strong>s</strong> activités très<br />

différentes, notamment un service avec quinze strates d'encadrement et un autre avec seulement<br />

un N+1 et <strong>de</strong>ux agents, <strong><strong>de</strong>s</strong> services en mairie et d'autres non, <strong><strong>de</strong>s</strong> services administratifs et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

services techniques. Nous avons cherché à réaliser un mixte <strong>de</strong> toutes les réalités existantes.<br />

Suite à cette réunion et lorsque les volontaires se sont désignés, nous les avons reçus en<br />

entretien un par un. Nous avons souhaité qu'un évalué accompagne chaque évaluateur dans<br />

toutes les réunions. Nous avons associé les organisations syndicales au travail portant sur les<br />

critères, qui ont aussi été analysés en CTP.<br />

La communication interne nous a paru indispensable. La première campagne a été lancée l'année<br />

<strong>de</strong>rnière. Parmi les outils créés, nous comptons la charte <strong>de</strong> l'entretien professionnel et d'autres<br />

documents. Un lexique définit par exemple un avancement durable, une mission, une fonction…<br />

notions qui ne sont pas toujours évi<strong>de</strong>ntes aux encadrants.<br />

Nous avons pris conscience a posteriori <strong>de</strong> la somme <strong>de</strong> travail que cette réalisation nous a<br />

<strong>de</strong>mandée, notamment la gestion <strong>de</strong> l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens dans un délai précis.<br />

Comme bilan, nous avons recensé la mobilisation d'importants besoins humains. Nous avons<br />

souhaité vérifier également le ressenti <strong><strong>de</strong>s</strong> évalués et <strong><strong>de</strong>s</strong> évaluateurs. Pour ce faire, une fiche <strong>de</strong><br />

ressenti <strong>de</strong>vait être remplie à la fin <strong>de</strong> chaque entretien. Globalement, les résultats étaient positifs,<br />

les agents se sont sentis concernés, ce qui n'était pas le cas auparavant. Il a permis à plusieurs<br />

d’entre eux <strong>de</strong> se situer dans l'organigramme grâce à la définition <strong>de</strong> missions et d'objectifs qui<br />

peuvent rester simples et peu nombreux.<br />

Parmi les points négatifs <strong>de</strong> cette nouvelle procédure, nous comptons la charge <strong>de</strong> travail<br />

conséquente. Ainsi, nous n'avons pas réussi à soumettre l'ensemble <strong>de</strong> la collectivité à cette<br />

démarche pour l'année prochaine. Nous avons notamment été absorbés par la préparation du<br />

passage du Tour <strong>de</strong> France dans notre commune. Nous avons rencontré la difficulté <strong>de</strong> décliner<br />

les objectifs, parce que certains d'entre eux, présents dans les feuilles d'évaluation, n'en étaient<br />

pas <strong>de</strong> réels. Nous introduirons <strong><strong>de</strong>s</strong> améliorations l'an prochain.<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Annick REZZI<br />

Je suis obligée <strong>de</strong> vous couper car nous ne réussirons pas à réaliser l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> présentations<br />

dans le temps imparti. Faites-vous un bilan globalement positif en définitive ?<br />

Pascale POISSON<br />

Notre bilan est effectivement positif. La mise en place <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens annuels a permis <strong>de</strong> faire<br />

émerger <strong>de</strong> nombreux éléments. Nous avons recensé toutes les déclarations <strong><strong>de</strong>s</strong> agents et nous<br />

leur répondrons <strong>de</strong> manière globale. L'entretien annuel constitue un outil formidable <strong>de</strong><br />

management.<br />

Dominique DESOUCHES<br />

L'évaluation individuelle au Conseil général du Val d'Oise est presque une histoire ancienne. En<br />

effet, la collectivité a abandonné la notation en 1993 pour mettre en place progressivement<br />

l'entretien d'évaluation à vocation <strong>de</strong> bilan professionnel annuel. L'idée est <strong>de</strong> construire un outil <strong>de</strong><br />

gestion collectif <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières individuelles. Le dispositif doit affirmer qu'il s'agit d'un temps <strong>de</strong><br />

dialogue et d'échanges entre l'agent et son supérieur hiérarchique. Il doit instaurer une procédure<br />

plus transparente que celle <strong>de</strong> la notation. Il s'agit aussi <strong>de</strong> sécuriser les critères <strong>de</strong> l'évaluation à<br />

partir d'une métho<strong>de</strong> et <strong>de</strong> procédures structurées. Il convient d'objectiver l'appréciation <strong>de</strong> la<br />

valeur professionnelle à partir <strong>de</strong> critères explicites.<br />

Nous n'avons constaté <strong>de</strong>puis cette époque, et malgré l'absence <strong>de</strong> cadre réglementaire, aucun<br />

contentieux au sein <strong>de</strong> la collectivité. La raison première rési<strong>de</strong> dans le fait que l'outil a été élaboré<br />

en impliquant toutes les catégories <strong>de</strong> personnes <strong>de</strong> la collectivité et surtout les partenaires<br />

sociaux. Très rapi<strong>de</strong>ment, nous avons décidé d'élaborer un accompagnement <strong><strong>de</strong>s</strong> cadres par la<br />

DRH. Pour ce faire, <strong><strong>de</strong>s</strong> outils ont été élaborés, dont un gui<strong>de</strong> pratique et <strong><strong>de</strong>s</strong> formations à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tination <strong><strong>de</strong>s</strong> encadrants.<br />

Je ne reviens pas sur les enjeux <strong>de</strong> la mise en place <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens professionnels car nous les<br />

partageons avec les intervenantes précé<strong>de</strong>ntes. En revanche, je vais insister sur le contenu <strong>de</strong> la<br />

fiche <strong>de</strong> compte-rendu.<br />

L'entretien d'évaluation comporte trois volets. Le premier correspond à l'analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats<br />

professionnels ; il cherche à i<strong>de</strong>ntifier les atteintes ou non <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs définis au regard <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conditions <strong>de</strong> fonctionnement du service, ainsi qu’à réaliser une appréciation globale pour<br />

déterminer une <strong>prime</strong> modulable et l'avancement d'échelon.<br />

Le second volet s'intéresse au développement <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences <strong>de</strong> l'agent. Trois éléments<br />

rentrent en compte : le bilan du plan individuel <strong>de</strong> formation prévu dans l'année, le diagnostic <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

compétences attendues sur le poste en vue d'i<strong>de</strong>ntifier les besoins <strong>de</strong> compétences et enfin les<br />

souhaits <strong>de</strong> formation. De cette manière nous incitions l'encadrant et l'agent à échanger sur les<br />

formations souhaitées et nécessaires au service. A l'issue <strong>de</strong> cette analyse, les besoins en<br />

compétences et les marges <strong>de</strong> progrès <strong>de</strong> l'agent étaient i<strong>de</strong>ntifiés.<br />

Le troisième volet porte sur les perspectives d'évolution <strong>de</strong> l'agent. L'agent et le cadre échangent<br />

sur les souhaits <strong>de</strong> modification ou <strong>de</strong> changement <strong>de</strong> poste, <strong>de</strong> départ à la retraite ou <strong>de</strong> mobilité<br />

et enfin sur les objectifs pour l'année à venir.<br />

La campagne 2011 a été perturbée par l'arrivé <strong>de</strong> ce décret, même s’il n'a pas engendré <strong>de</strong><br />

révolution dans les pratiques. il faut noter cependant que <strong><strong>de</strong>s</strong> précisions <strong>de</strong>vaient être apportées<br />

quant à la valeur professionnelle. Ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> critères d'appréciation <strong>de</strong> la valeur professionnelle<br />

adaptés à la nature <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches confiées et du niveau <strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong>vaient être déclinés.<br />

Nous nous sommes quelque peu questionnés sur la formulation du décret. Nous <strong>de</strong>vions appliquer<br />

un modèle sur l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> 160 fiches <strong>de</strong> poste existantes au conseil général. La tâche nous a<br />

paru démesurée. Nous avons décliné le nouveau modèle avec la vingtaine <strong>de</strong> compétences sur<br />

les fiches <strong>de</strong> poste <strong><strong>de</strong>s</strong> directeurs. Le fait <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r par étapes a fourni l'avantage que la<br />

direction générale était tenue <strong>de</strong> porter le projet.<br />

Centre national <strong>de</strong> la fonction publique territoriale 13


<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Pour la campagne 2012, nous avons fait le bilan <strong>de</strong> l'expérimentation menée auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> directeurs<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs <strong>de</strong> service. Les résultats et les retours étaient plutôt bons, notamment en termes<br />

d'appropriation <strong>de</strong> la procédure. Tous les évalués ne partageaient pas un sentiment positif vis-àvis<br />

<strong>de</strong> l'évaluation, mais certains l'appréciaient tout <strong>de</strong> même car cette démarche comporte aussi<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> avantages. Nous avons constaté également une exploitation assez sincère <strong><strong>de</strong>s</strong> niveaux <strong>de</strong><br />

compétences. Des compétences en cours d'acquisition étaient notées, ce qui constitue un fait<br />

nouveau.<br />

Ainsi, en 2012, le conseil général s'est lancé dans la généralisation <strong>de</strong> cette pratique. Quatre<br />

groupes <strong>de</strong> travail ont été formés : l'un pour les directeurs, l'un pour les cadres, l'un pour les<br />

agents <strong>de</strong> catégorie C sans fonction d'encadrement et enfin l'un pour les partenaires sociaux.<br />

Nous sommes donc passés <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fiches types au cours <strong>de</strong> l'évaluation 2011 à quatre fiches<br />

types pour celle <strong>de</strong> 2012.<br />

Je vous donne un aperçu <strong>de</strong> la grille <strong>de</strong> critères utilisés pour ces fiches d'évaluation : la technicité<br />

professionnelle d'un côté, les relations professionnelles, le management d'équipe ou <strong>de</strong> projet…<br />

En effet, le décret nous amenait à cibler ces grands domaines. Il s'agit <strong>de</strong> compétences formulées<br />

<strong>de</strong> manière générique afin qu'elles touchent l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois types. L'échelle du niveau<br />

d'appréciation comprend les niveaux « connaissance à acquérir », « connaissance en cours<br />

d'acquisition », « connaissance maîtrisée », « expertise dans la compétence » et une case<br />

également « sans objet » qui permet une modularité dans la fiche type.<br />

Annick REZZI<br />

Je souligne que la case « sans objet » n'apparaît pas dans toutes les fiches d'évaluation. Je<br />

considère, pour ma part, qu'il s'agit là d'une dimension très importante. Il faut, en effet, faire<br />

correspondre la fiche d'évaluation et la fiche <strong>de</strong> poste. Or, les agents ne sont pas censés répondre<br />

à tous les items.<br />

Dominique DESOUCHES<br />

Sans entrer dans les détails, je souligne qu'un agent <strong>de</strong> catégorie C sera évalué non seulement<br />

selon sa fiche <strong>de</strong> poste, mais aussi à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> 18 compétences génériques ventilées en<br />

7 capacités relationnelles et 11 compétences liées à sa technicité professionnelle. Les fonctions<br />

<strong>de</strong> catégories A, B et C avec encadrement sont évaluées selon 40 compétences professionnelles.<br />

Nous appréhendions la quantité <strong>de</strong> compétences à évaluer. Remplir ces fiches d'évaluation n'est<br />

pas un exercice facile pour les encadrants et les entretiens auront sûrement une durée rallongée.<br />

Nous verrons à l'usage.<br />

En matière d'accompagnement par la DRH, je signale que <strong><strong>de</strong>s</strong> séances <strong>de</strong> présentation <strong><strong>de</strong>s</strong> fiches<br />

à l'encadrement auront lieu à la rentrée. La DRH prend en charge également l'élaboration d'un<br />

gui<strong>de</strong> pratique et la formation <strong><strong>de</strong>s</strong> encadrants à la préparation et à la conduite <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens<br />

professionnels, et enfin la formation <strong><strong>de</strong>s</strong> agents pour les ai<strong>de</strong>r à préparer l'entretien professionnel.<br />

Nathalie LORIDAN<br />

Je vous propose, à mon tour, notre expérience d'implantation <strong>de</strong> l'entretien professionnel dans la<br />

ville <strong>de</strong> Roubaix. L'origine <strong>de</strong> la démarche est moins ancienne que dans le cas précé<strong>de</strong>nt. Elle<br />

remonte à 2006, moment où la direction générale a manifesté une volonté forte <strong>de</strong> travailler sur le<br />

projet management, portant à la fois sur le réseau <strong><strong>de</strong>s</strong> encadrants et sur la reconnaissance<br />

financière <strong>de</strong> la fonction managériale. En effet, une <strong>prime</strong> d'encadrement a été progressivement<br />

instaurée.<br />

Pour ce faire, le comité <strong>de</strong> direction a structuré un référentiel d'encadrement dès 2006. Ce<br />

référentiel comportait six points, puis est passé à sept points. En 2007, un état <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux détaillé a<br />

été réalisé sur cette base auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> encadrants. I<strong>de</strong>ntifier les encadrants était déjà une tâche<br />

ardue. Ainsi 200 managers ont été invités à collaborer à l'état <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés<br />

Centre national <strong>de</strong> la fonction publique territoriale 14


<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

managériales au regard du référentiel prescrit, que tous <strong>de</strong>vaient à terme adopter dans leurs<br />

pratiques professionnelles.<br />

A partir <strong>de</strong> cet état <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux, <strong>de</strong>ux plans d'action ont été structurés à partir <strong>de</strong> 2007 : un plan<br />

d'action formation et un plan d'action organisation. En effet, l'état <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux avait fait émerger <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

besoins <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux natures.<br />

Le plan d'action formation a été structuré autour <strong>de</strong> trois axes. L’un portait sur la formation dans le<br />

rôle et les bases <strong>de</strong> la fonction d'encadrant, Un autre concernait les relations individuelles au<br />

travail. Enfin le troisième axe abordait le pilotage <strong>de</strong> l'activité, le maniement <strong><strong>de</strong>s</strong> indicateurs… Ce<br />

plan <strong>de</strong> formation est <strong>de</strong>venu un plan <strong>de</strong> professionnalisation pour l'accès à un poste à<br />

responsabilités. Nous avons, en effet, décidé que tous les postes <strong>de</strong> management entraient dans<br />

la définition <strong><strong>de</strong>s</strong> postes à responsabilités.<br />

Le plan d'action organisation a consisté à restructurer le réseau d'encadrants. Nous nous étions<br />

rendu compte que parfois un seul cadre gérait directement jusqu'à 50 agents. Il s'agissait <strong>de</strong><br />

carences dramatiques dans la ligne hiérarchique. Cette réorganisation est toujours en cours car<br />

elle subit la contrainte <strong>de</strong> rester à effectifs constants. La métho<strong>de</strong> employée est donc le<br />

redéploiement et la réallocation <strong>de</strong> moyens humains.<br />

Aujourd'hui, le réseau d'encadrants comporte 250 personnes, dont la moitié appartient à la<br />

catégorie A, et le reste se partage entre catégories B et C. Notre taux moyen d'encadrement est<br />

<strong>de</strong> 14 %, soit un encadrant pour sept personnes en moyenne. Des personnes encadrant entre 15<br />

et 20 personnes subsistent encore dans les fonctions <strong>de</strong> production ou dans les écoles. Le taux<br />

s'est toutefois nettement amélioré.<br />

En 2007, un besoin a été fortement exprimé par les encadrants, relatif à l'entretien d'évaluation<br />

individuel. Nous avons donc mis en place le plan <strong>de</strong> formation adéquat. Dès 2008, la première<br />

campagne d'évaluation individuelle a été initiée. Nous avions déjà abandonné la notation <strong>de</strong>puis<br />

quelque temps et les carrières s'en trouvaient fragilisées. Ainsi nous sommes entrés dans une<br />

logique <strong>de</strong> management.<br />

En 2009, nous avons constaté le faible taux <strong>de</strong> réalisation, <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 57 %. Nous avons donc<br />

décidé <strong>de</strong> maintenir et prolonger cette démarche, en recueillant au préalable l'avis du CTP. Je<br />

souligne que les partenaires sociaux n'étaient pas impliqués dans la démarche, mais ils n'étaient<br />

pas non plus un frein puisque les avis étaient tout <strong>de</strong> même favorables. Ainsi le dispositif a été<br />

reconduit en 2009. A cette occasion, nous l'avons amélioré. Des réunions rassemblaient <strong>de</strong><br />

nouveau les encadrants après <strong><strong>de</strong>s</strong> séances <strong>de</strong> <strong>de</strong>briefing. Notre objectif consistait à atteindre<br />

100 % d'entretiens réalisés.<br />

En 2010, la publication du décret a constitué une opportunité pour s'appuyer sur un cadre juridique<br />

et sécuriser cette pratique managériale. Comme dans le cas du Conseil général du Val d'Oise,<br />

nous nous sommes rendu compte que peu d'écart subsistait entre les prescriptions du décret et<br />

notre pratique. Ce fut l'occasion <strong>de</strong> réunir un groupe paritaire composé d'un échantillon<br />

représentatif d'encadrants et <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires sociaux pour travailler sur le nouveau dispositif à<br />

partir <strong>de</strong> début 2011.<br />

Depuis lors, nous cherchons à affiner nos outils, qui avaient été élaborés en <strong>prime</strong> abord <strong>de</strong><br />

manière pragmatique. Aujourd'hui, nous disposons, d'un vrai gui<strong>de</strong>, d'un mo<strong>de</strong> d'emploi, dans<br />

lequel nous rappelons les principes déontologiques autour <strong>de</strong> l'entretien. Il s'agit d'un gui<strong>de</strong> unique<br />

pour l'évaluateur et l'évalué. Nous perfectionnons le processus au fur et à mesure. Nous nous<br />

attelons désormais à la gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> situations compliquées, comme l'évaluation <strong>de</strong> représentant<br />

du personnel ou comme <strong><strong>de</strong>s</strong> situations <strong>de</strong> temps partiel, <strong>de</strong> longue maladie durant l'année, <strong>de</strong><br />

changement d'encadrant en cours d'année, <strong>de</strong> mobilité interne… Nous affinons également notre<br />

échéancier annuel pour le lier avec celui dédié au plan <strong>de</strong> formation et celui dédié aux CAP.<br />

Comme le disait Pascale Poisson, un programme <strong>de</strong> communication interne est développé <strong>de</strong>puis<br />

2008.<br />

Le bilan à l'heure actuelle montre <strong><strong>de</strong>s</strong> points forts et <strong><strong>de</strong>s</strong> points faibles. Côté positif, je note que le<br />

dispositif est connu et relativement apprécié. Nous avons enregistré très peu <strong>de</strong> recours ou <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> révision. Nous avons enregistré seulement 10 <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> révisions comparées<br />

Centre national <strong>de</strong> la fonction publique territoriale 15


<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

aux 1 600 entretiens, et elles portaient essentiellement sur <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> rédaction. Ce<br />

dispositif est plutôt attendu et <strong>de</strong>mandé. Depuis, l'introduction du décret, nous avons fait évoluer le<br />

dispositif. La délégation <strong>de</strong> signature au DGA ou au DGS pour les postes <strong>de</strong> catégories A allège le<br />

dispositif qui reste très lourd. Le compte-rendu versé au dossier individuel réglementairement a été<br />

introduit suite à la publication du décret. De même le lien avec la fiche <strong>de</strong> poste est <strong>de</strong>venu plus<br />

formel.<br />

Côté négatif, je note qu'à l'heure actuelle les fiches <strong>de</strong> poste sont définies par les encadrants ; la<br />

DRH se contente <strong>de</strong> fournir un référentiel <strong>de</strong> compétences. A moyen terme, un projet <strong>de</strong><br />

consolidation et d'harmonisation est prévu. Il s'agira d'une démarche complexe et longue à mettre<br />

en place, d'autant qu'une dématérialisation complète <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens professionnels n'est pas<br />

encore réalisée.<br />

De même, les critères d'évaluation ont été revisités. Le décret comporte également une obligation<br />

<strong>de</strong> se prononcer avant la CAP, soit avant l'édition <strong><strong>de</strong>s</strong> promouvables <strong>de</strong> l'année, sur la possibilité<br />

pour, l'agent au vu <strong>de</strong> son métier et <strong>de</strong> son évaluation, d'accé<strong>de</strong>r ou non à un gra<strong>de</strong> supérieur ou à<br />

la promotion individuelle. Pour l'instant, soit certains agents sont complètement exclus <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

promotions, soit toutes les personnes du service sont avancées. La mise en place concrète <strong>de</strong><br />

cette directive sera difficile.<br />

Enfin, le respect <strong><strong>de</strong>s</strong> délais reste problématique, ce qui entraîne <strong><strong>de</strong>s</strong> risques juridiques. La<br />

traçabilité reste aussi compliquée pour le service RH. Pour l'instant, la seule réalisation <strong>de</strong><br />

l'entretien est consignée. Le circuit <strong>de</strong> validation et le dispositif <strong>de</strong> recours restent encore à<br />

préciser. Le lien avec la rémunération n'est pas encore fermement établi.<br />

En conclusion, la mise en place <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens professionnels est un chantier en cours <strong>de</strong>puis<br />

2006 et qui progresse doucement. Des améliorations sont encore à réaliser.<br />

Questions et débat<br />

Annick REZZI<br />

Nous avons entendu les exposés concernant quatre approches différentes. Je souhaiterais<br />

simplement savoir quels sont les effectifs <strong>de</strong> ces collectivités ? Pour Abbeville, vous avez donné le<br />

chiffre <strong>de</strong> 650 agents.<br />

Nathalie LORIDAN<br />

A Roubaix, la collectivité emploie 1 600 agents permanents.<br />

Dominique DESOUCHES<br />

Le Conseil général du Val d'Oise emploie 3 800 agents.<br />

Soraya KESSAR<br />

La commune <strong>de</strong> Gentilly emploie 650 agents.<br />

Annick REZZI<br />

Je considère que la taille <strong>de</strong> la collectivité revêt une importance certaine sur ces questions. Avezvous<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> remarques ou <strong><strong>de</strong>s</strong> questions ?<br />

Sylvie BILLION<br />

Je suis DRH <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Reims et <strong>de</strong> Reims Métropole, qui emploie 3 000 agents. Nous sommes<br />

engagés dans l'expérimentation <strong>de</strong>puis cette année. Les délibérations sont déjà adoptées et les<br />

outils formalisés. Néanmoins, nous menons une réflexion avec les organisations syndicales sur<br />

Centre national <strong>de</strong> la fonction publique territoriale 16


<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

l'abandon <strong>de</strong> la notation et <strong>de</strong> la déconnexion <strong>de</strong> l'avancement d'échelon au minimum.<br />

Actuellement, tous les agents avancent ainsi au minimum dès que leur note dépasse les 16.<br />

Comment avez-vous organisé l'avancement d'échelon dans un calendrier difficilement gérable ?<br />

Les délais <strong>de</strong> réalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens professionnels ne sont pas toujours tenus, dans les mois<br />

<strong>de</strong> novembre et décembre, alors qu'une obligation réglementaire impose que les tableaux<br />

d'avancement d'échelon soient prêts dès début janvier.<br />

Nathalie LORIDAN<br />

Dans notre commune, l'avancement d'échelon se réalise au minimum. Revenir sur cet avantage<br />

acquis est, évi<strong>de</strong>mment, hors <strong>de</strong> question.<br />

Pascale POISSON<br />

Il en est <strong>de</strong> même à Abbeville.<br />

Dominique DESOUCHES<br />

Nous suivons la même logique. Cependant, nous commençons à considérer qu'un bon agent doit<br />

avancer à la moyenne et non au minimum. Nous réfléchissons actuellement à <strong><strong>de</strong>s</strong> réajustements.<br />

Sylvie BILLION<br />

Comment traitez-vous les cas d'agents qui ont reçu une sanction disciplinaire dans l'année ?<br />

Sylvie HUSSON<br />

J'apporte un éclairage sur ces dossiers lorsqu'ils parviennent au conseil <strong>de</strong> discipline. Dans la<br />

première couronne, nous avons la chance que le conseil <strong>de</strong> discipline tienne 22 séances chaque<br />

année et 10 conseils <strong>de</strong> discipline <strong>de</strong> recours. Très souvent, les agents reçoivent une notation <strong>de</strong><br />

13, 16, voire 18. Nous entendions ce type <strong>de</strong> témoignages ce matin. Les membres <strong>de</strong> la CAP,<br />

aussi bien le collège <strong><strong>de</strong>s</strong> employeurs que le collège <strong><strong>de</strong>s</strong> représentants du personnel, constatent<br />

que l'agent incriminé <strong>de</strong>vant le conseil <strong>de</strong> discipline reçoit régulièrement la note 16. Cette situation<br />

n'est pas cohérente lorsque la direction souhaite sanctionner un agent. Avec la mise en place <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

entretiens professionnels, cette situation <strong>de</strong>vrait être corrigée. Pour ce faire, nous <strong>de</strong>vons inscrire<br />

ces entretiens dans une pratique managériale et donner toute latitu<strong>de</strong> au N+1 pour qu'il ait le<br />

courage <strong>de</strong> sanctionner au besoin. Lorsque la situation se dégra<strong>de</strong> avec un agent, il faut que les<br />

fiches <strong>de</strong> notation reflètent bien la réalité. Aujourd'hui, en première couronne, les membres <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

instances sont beaucoup plus sensibles à cet aspect.<br />

Annick REZZI<br />

Revoir à la baisse les notations est une démarche assez compliquée. Si un agent n'est pas<br />

d'accord avec cette baisse, l'historique lui donne raison <strong>de</strong>vant un tribunal. Actuellement, un<br />

changement <strong>de</strong> modalité s'opère, et j'espère que les choses n'évolueront pas comme avec la<br />

notation et qu'une meilleure adéquation entre la réalité et l'évaluation sera conservée.<br />

Concernant les avancements d'échelon, la situation est aussi compliquée. Dans <strong>de</strong> nombreuses<br />

collectivités, les salaires étaient jugés peu motivants et les directions ont fait le choix <strong>de</strong> faire<br />

bénéficier <strong>de</strong> tout ce qui est possible les agents sous leur responsabilité. Lorsque l'élu reste en<br />

place pendant trois ou quatre mandats, ces choix sont renforcés. Il paraît désormais difficile <strong>de</strong><br />

revenir en arrière. En revanche, certaines autres collectivités utilisent l'avancement d'échelon en<br />

corrélation avec les performances <strong><strong>de</strong>s</strong> agents.<br />

Centre national <strong>de</strong> la fonction publique territoriale 17


<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Brigitte REGNIER<br />

Je suis Directrice <strong><strong>de</strong>s</strong> services d'une petite collectivité. L'équipe comprend 12 personnes. Je<br />

m'interroge sur les moyens pour répondre à ce projet. Depuis <strong>de</strong>ux ans, je pense à adopter une<br />

démarche adaptée à notre dimension. Ainsi ma démarche mixe évaluation et entretien<br />

professionnel. Généralement, je participe à l'entretien aux côtés du N+1 dans le cas où il existe.<br />

Parallèlement, nous avons poursuivi le processus <strong>de</strong> notation. Il me paraît difficile <strong>de</strong> parvenir à<br />

respecter les termes du décret sans les moyens assortis. Notre collectivité ne comprend pas <strong>de</strong><br />

DRH et je m'appuie autant qu'il est possible sur les services du CIG. Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si je dois<br />

abandonner la notation, comme je constate que plusieurs collectivités l'ont fait <strong>de</strong>puis longtemps,<br />

ou si je peux continuer selon ma propre formule qui mixe entretien et notation.<br />

Annick REZZI<br />

Avez-vous <strong><strong>de</strong>s</strong> fiches <strong>de</strong> poste ? Vous appuyez-vous sur elles pour mener les entretiens ?<br />

Abor<strong>de</strong>z-vous la question <strong><strong>de</strong>s</strong> formations en entretien ?<br />

Brigitte REGNIER<br />

Oui, dans ma pratique entrent tous ces éléments.<br />

Sylvie HUSSON<br />

D'un point <strong>de</strong> vue statutaire, il faut noter que ce dispositif <strong>de</strong>viendra pérenne. Toutes les<br />

collectivités seront tenues d'effectuer le passage <strong>de</strong> la notation à l'entretien professionnel. Ce<br />

passage est obligé pour éviter tout risque contentieux. Certaines collectivités l’ont fait <strong>de</strong>puis<br />

longtemps. Il faut considérer aussi que pour ne pas prendre <strong>de</strong> risque contentieux, elles<br />

pratiquaient l'avancement au minimum chaque année. Un juge, saisi par un agent qui n'aurait pas<br />

reçu <strong>de</strong> notation, aurait certainement donné raison à celui-ci. J'ai à ma connaissance certaines<br />

collectivités qui n'auraient pas pu se permettre cette liberté. Je note aussi que la pratique<br />

récurrente consistait à mixer entretien et notation. Pour conclure, je pense qu'à un moment donné,<br />

vous n'aurez plus le choix.<br />

Brigitte REGNIER<br />

Je me pose surtout la question <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens que pourrait fournir le CIG pour nous ai<strong>de</strong>r à effectuer<br />

ce passage. Je dépends du CIG <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> couronne.<br />

Sylvie HUSSON<br />

Je pense vraiment que vous pouvez les solliciter pour un accompagnement. Dans notre cas, le<br />

CIG <strong>de</strong> la petite couronne procure cet accompagnement. Notre secteur comporte trois collectivités<br />

embauchant moins <strong>de</strong> 50 agents. A chaque fois, nous nous sommes déplacés chez eux.<br />

Annick REZZI<br />

Dans une petite collectivité, il est moins besoin d'un arsenal d'outils et <strong>de</strong> moyens. Le problème <strong>de</strong><br />

la cohérence <strong>de</strong> la démarche pour l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> agents dans une gran<strong>de</strong> collectivité ne se pose<br />

pas à votre échelle.<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Etu<strong>de</strong> comparative <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences européennes <strong>de</strong><br />

rémunération au mérite dans la fonction publique<br />

Annie CHEMLA<br />

Chargée <strong>de</strong> cours à l'Université Paris 1 - Master professionnel « GRH dans le secteur public »<br />

En préambule, je souhaite me présenter. Bien que je sois chargée <strong>de</strong> cours à Paris 1, je ne suis<br />

pas universitaire. Je viens <strong>de</strong> la fonction publique d'Etat. Mes <strong>de</strong>rniers postes dépendaient <strong>de</strong> la<br />

fonction Ressources Humaines au Ministère <strong><strong>de</strong>s</strong> Finances.<br />

En fin <strong>de</strong> carrière, j'étais à la tête d'un département, chargé <strong>de</strong> réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> comparatives<br />

sur les politiques publiques en observant les pratiques <strong><strong>de</strong>s</strong> autres pays <strong>de</strong> l'OCDE. En effet, <strong>de</strong><br />

nombreux pays développés ont mis en œuvre trente ans auparavant les réformes qui arrivent en<br />

France. Il est intéressant d'analyser la manière dont ces pays pionniers ont implanté leurs<br />

réformes et quels en sont les résultats aujourd'hui, les réussites et les écueils.<br />

L'idée <strong>de</strong> mettre en place une rémunération à la performance, une PFR, s'appuie sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

intentions louables. Elle provient du sentiment intuitif que les fonctionnaires ont un besoin <strong>de</strong><br />

reconnaissance individuelle, d'autant plus vraie pour la jeune génération. Je me propose <strong>de</strong> traiter<br />

la question suivante : la mise en place d'une part variable <strong>de</strong> rémunération est-elle efficace ?<br />

Tout d'abord, je fais une digression concernant les travaux que nous avions menés sur la mesure<br />

<strong>de</strong> la performance <strong>de</strong> la fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources humaines, travaux commandés par le<br />

gouvernement français lors <strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nce française <strong>de</strong> l'Union européenne. Brièvement, ces<br />

travaux concluaient que l'efficacité <strong>de</strong> la fonction ressources humaines provient <strong>de</strong> sa capacité<br />

d'anticipation. Par exemple, un recrutement opéré lorsque le poste est déjà vacant entraîne <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dysfonctionnements dans le service. Ainsi la bonne mesure <strong>de</strong> l'efficacité n'est pas contenue dans<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> indicateurs mais dans <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs car <strong><strong>de</strong>s</strong> indicateurs ne constatent qu'une activité passée,<br />

qui remonte à six mois, voire <strong>de</strong>ux ans en arrière.<br />

Ainsi, la question n'est pas <strong>de</strong> savoir si la collectivité a su mettre en place une RLP, mais si celle-ci<br />

apporte à la collectivité les effets attendus en termes <strong>de</strong> performance individuelle et <strong>de</strong> motivation<br />

du personnel.<br />

La rémunération à la performance provient du New Public Management, pratiques introduites par<br />

Margaret Thatcher et Ronald Reagan. Elles s'appuient sur l'idée que le métier <strong>de</strong> l'administration<br />

n'est pas la gestion et qu'elle doit importer <strong><strong>de</strong>s</strong> métho<strong><strong>de</strong>s</strong> venues du privé. La première hypothèse<br />

<strong>de</strong> ce raisonnement, selon laquelle la rémunération à la performance fonctionne dans le privé, est<br />

déjà sujette à débat. Or, les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> montrent que cette stimulation ne fonctionne que lorsque la<br />

part variable est réellement très importante, comme dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> tra<strong>de</strong>rs. Elle est efficace<br />

également lorsqu'elle s'applique à <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches simples répétitives et entièrement quantifiables,<br />

comme dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> centres d'appels. En revanche, les tâches <strong><strong>de</strong>s</strong> agents administratifs sont<br />

généralement <strong>de</strong> nature complexe, et sont soumises à <strong><strong>de</strong>s</strong> arbitrages. Objectiver ces tâches<br />

apparaît difficile.<br />

L'OCDE, plutôt inscrite dans la tendance libérale et a<strong>de</strong>pte du New Public Management, conclut<br />

pourtant, dans une étu<strong>de</strong> publiée en 2004-2005, que la mise en place <strong>de</strong> la RLP a posé <strong>de</strong><br />

nombreux problèmes et qu'aucune augmentation <strong>de</strong> motivation n'a été mise en évi<strong>de</strong>nce.<br />

Les pays pionniers <strong>de</strong> cette démarche ont analysé que la RLP induit une mise en concurrence <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

agents <strong>de</strong> l'Etat. La <strong>prime</strong> étant individuelle, le message délivré est que l'agent doit faire tout son<br />

possible pour travailler mieux et dépasser ses collègues. Cependant, les fonctions publiques<br />

s'appuient généralement sur le travail d'équipe, sur la collégialité. Cette compétition est assez<br />

préjudiciable. Les pays pionniers ont, d'ailleurs, largement abandonné la rémunération à la<br />

performance, sauf dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> cadres dirigeants. Ils appliquent désormais <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>prime</strong>s<br />

d'équipe.<br />

Dans les pays à fonction publique <strong>de</strong> carrière, <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> résistances à l'individualisation ont été<br />

constatées. A titre d'exemple, le ministère <strong>de</strong> la fonction publique espagnol a décidé en 2007<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

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l'entretien individuel d'évaluation obligatoire pour tous les fonctionnaires. Les collectivités locales<br />

ne l'ont pas appliqué car elles considéraient que la performance <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctionnaires était<br />

satisfaisante et que la mise en place <strong>de</strong> cette règle risquait <strong>de</strong> nuire à la qualité du dialogue social.<br />

A ce titre, Robert Holcman a montré que le face-à-face managérial est difficile dans la fonction<br />

publique <strong>de</strong> carrière, car les relations <strong>de</strong> travail entre supérieurs et encadrés sont stables et<br />

peuvent perdurer pendant <strong>de</strong> nombreuses années.<br />

L'absence d'amélioration <strong>de</strong> la motivation suite à la mise en place <strong>de</strong> la RLP est également<br />

constatée par les psychologues. Ceux-ci notent l'effet perturbateur <strong>de</strong> la production induite par la<br />

mise en place d'une part variable <strong>de</strong> la rémunération.<br />

Tout d'abord, l'existence d'un plafond budgétaire <strong>de</strong> l'enveloppe entraîne un effet d'arbitraire.<br />

Chaque responsable <strong>de</strong> service détient une enveloppe alors que certains agents peuvent estimer<br />

que le service voisin est bien moins performant. Cela crée un sentiment d'injustice et d'iniquité. Or,<br />

une <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs communes <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctionnaires partagée dans <strong>de</strong> nombreux pays est l'égalité<br />

d'accès aux services publics. De plus, l'attachement à l'équité pour les citoyens et usagers se<br />

traduit également par l'attachement à l'équité pour soi-même.<br />

Ensuite, l'existence d'un sentiment d'équité quant à la distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>prime</strong>s individuelles suppose<br />

une confiance totale dans le système <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> la performance et dans le système<br />

d'attribution <strong>de</strong> la part variable. Il faudrait donc d'une part un consensus sur les indicateurs. Or,<br />

penser qu'il est possible d'objectiver complètement le travail est un leurre. Il faudrait d'autre part un<br />

système d'attribution <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>prime</strong>s incontestable. Cette condition <strong>de</strong> confiance généralisée est peu<br />

réaliste.<br />

En réalité, loin <strong>de</strong> motiver les agents publics, la mise en place <strong>de</strong> la part variable <strong>de</strong> rémunération<br />

les démotive. En effet, l'Institut européen d'administration publique, situé à Maastricht, a réalisé<br />

une étu<strong>de</strong> sur les différences entre les fonctionnaires et les salariés du privé. Structurellement,<br />

elles ne sont pas importantes mais l'étu<strong>de</strong> a repéré, par exemple, que les fonctionnaires étaient<br />

plus souvent impliqués dans <strong><strong>de</strong>s</strong> associations. Ainsi la motivation du collectif est plus forte chez<br />

les personnes qui ont choisi <strong>de</strong> travailler dans la fonction publique. Le message qu'envoie la RLP<br />

est celui <strong>de</strong> la motivation pour bien travailler dans le but <strong>de</strong> gagner plus d'argent, or les<br />

fonctionnaires ne sont pas motivés par l'appât du gain en entrant dans le service public.<br />

Le raisonnement intuitif qui prési<strong>de</strong> au choix <strong>de</strong> mettre en place une rémunération à la<br />

performance est le suivant : le responsable hiérarchique confie un travail à son encadré, il s'attend<br />

à ce que ce <strong>de</strong>rnier fasse <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts pour le réaliser. L'hypothèse est que l'encadré n'a pas envie<br />

<strong>de</strong> fournir cet effort, travaille à contrecœur, car il n'aime pas travailler. Or, cette hypothèse intuitive<br />

n'est pas vraie. La réelle motivation <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs n'est pas « la carotte » proposée, mais le sens<br />

donné à leur travail. Ce sens provient du sentiment d'être utile, <strong>de</strong> la reconnaissance par le<br />

supérieur hiérarchique, ou par les collègues, <strong>de</strong> la satisfaction <strong>de</strong> la performance. Les motivations<br />

sont i<strong>de</strong>ntiques pour les activités <strong>de</strong> loisirs comme le jardinage ou la cuisine, qui requièrent<br />

beaucoup <strong>de</strong> travail mais qui ne sont pas rémunérées.<br />

Les psychologues concluent que la part variable <strong>de</strong> rémunération diminue la motivation plutôt<br />

qu'elle ne l'augmente. Des étu<strong><strong>de</strong>s</strong> menées dans les années 1970 ont mis en évi<strong>de</strong>nce le<br />

phénomène, que les Américains ont nommé « Pay enough or don't pay at all ». A titre d'exemple,<br />

le passage <strong>de</strong> la gratuité à la rémunération du don du sang aux Etats-Unis a fait chuter le nombre<br />

<strong>de</strong> donneurs. Ainsi, on constate un effet cliquet <strong>de</strong> la reconnaissance monétaire, qui n'est jamais<br />

suffisante, alors que les personnes sont prêtes à fournir le service gratuitement.<br />

La motivation induite par la part variable suit une courbe en U. Entre 0 et 15 % du salaire en part<br />

variable, la motivation décroît. Entre 15 et 30 %, la motivation est stable à un niveau faible. A partir<br />

<strong>de</strong> 30 %, la motivation progresse <strong>de</strong> nouveau. La motivation la plus forte est obtenue à 70 % <strong>de</strong><br />

part variable <strong>de</strong> la rémunération.<br />

Les sociologues, pour leur part, ont analysé les indicateurs <strong>de</strong> performance. Je rappelle que les<br />

fonctionnaires ont généralement <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches complexes, pour lesquelles il faut pratiquer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

arbitrages. Le nombre limité <strong><strong>de</strong>s</strong> indicateurs <strong>de</strong> performance par rapport à la multitu<strong>de</strong> et la<br />

complexité <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches induit un certain comportement aux agents publics. Ainsi choisir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

indicateurs revient à souligner l'importance d'une seule partie <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches et invite le salarié à<br />

allouer <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts simplement aux tâches « qui rapportent ». Par exemple, une instruction dans<br />

l'administration publique est <strong>de</strong> réduire les files d'attente en diminuant le temps passé avec chaque<br />

usager. Cette instruction a <strong><strong>de</strong>s</strong> effets pervers : les dossiers sont mal traités et l'agent public n'est<br />

pas satisfait <strong>de</strong> faire mal son travail.<br />

Ainsi les indicateurs poussent les agents publics à pratiquer certains arbitrages qui peuvent aller à<br />

l'encontre <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> service. Par exemple, à l'aéroport <strong>de</strong> Milan, pour accélérer la livraison<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> valises à l'arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong> passagers d'un vol, les responsables aéroportuaires ont créé un<br />

indicateur sur le temps écoulé entre l'arrivée du vol et le dépôt <strong>de</strong> la première valise sur le tapis<br />

roulant. Evi<strong>de</strong>mment, la première valise était déposée en un temps record mais les suivantes<br />

accusaient un fort retard. Parfois trouver le bon indicateur est compliqué et les effets pervers sont<br />

bien plus graves.<br />

Enfin, les économistes se sont également penchés sur cette question. Ils estiment que la mise en<br />

place <strong><strong>de</strong>s</strong> indicateurs <strong>de</strong> performance est extrêmement chronophage pour les managers. Ils sont<br />

amenés à créer <strong><strong>de</strong>s</strong> fichiers Excel très complexes et <strong><strong>de</strong>s</strong> arbitrages sans fin. De plus cette<br />

démarche consomme beaucoup <strong>de</strong> budget en raison <strong>de</strong> l'effet cliquet <strong>de</strong> la rémunération à la<br />

performance. Si la part variable est considérée comme un moyen <strong>de</strong> reconnaissance, elle doit<br />

sans cesse croître.<br />

Généralement les <strong>prime</strong>s distribuées en France sont <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 10 à 25 %. Ainsi, en reprenant<br />

la courbe présentée plus haut, elles ont un niveau à la fois trop important car elles entrent dans la<br />

phase démotivante, et pas assez important pour jouer réellement sur la motivation.<br />

J'ajoute un point positif à ce sujet. Les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> l'OCDE montrent que la part variable <strong>de</strong> la<br />

rémunération n'a pas d'effet positif sur la motivation. En revanche, les outils et les procédures<br />

utilisés pour la mise en place <strong>de</strong> cette rémunération à la performance ont un effet positif sur la<br />

motivation. En effet, au cours <strong>de</strong> cette démarche, <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs sont octroyés aux agents publics,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> précisions leur sont fournies quant à ce qui est attendu d'eux, les objectifs globaux <strong>de</strong><br />

l'organisation leur sont communiqués. Tout ceci participe à donner du sens au travail <strong><strong>de</strong>s</strong> agents<br />

publics, qui est le principal moteur <strong>de</strong> la motivation.<br />

Enfin, l'OCDE, qui n'est pourtant pas attachée à la fonction publique <strong>de</strong> carrière, indique que la<br />

carrière et les promotions différenciées sont une réelle reconnaissance du travail fourni et un<br />

véritable levier <strong>de</strong> motivation pour le personnel. L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'OCDE conclut que la rémunération à<br />

la performance est moins tendance dans le mon<strong>de</strong> aujourd'hui mais elle constitue tout <strong>de</strong> même<br />

un <strong><strong>de</strong>s</strong> outils <strong>de</strong> la panoplie <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources humaines pour manifester <strong>de</strong> la reconnaissance aux<br />

agents. Plus personne ne considère, en revanche, qu'elle est l'Alpha et l’Omega du management<br />

public.<br />

Questions et débat<br />

De la salle<br />

Vous avez souligné l'effet d'iniquité <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> la part variable, mais ce sentiment est<br />

déjà présent par le fait que tous les agents sont payés au même salaire, quel que soit leur réel<br />

apport.<br />

Annie CHEMLA<br />

Vous avez raison, et ce fait constitue le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la réflexion sur la mise en place <strong>de</strong> la<br />

PFR. La manière <strong>de</strong> distinguer les bons agents <strong><strong>de</strong>s</strong> mauvais provient <strong><strong>de</strong>s</strong> avancements<br />

différenciés. Annoncer cette décision à un agent encadré ressemble à un saut dans le vi<strong>de</strong>, mais<br />

apporte <strong>de</strong> vrais bénéfices dans le déroulement du travail dans le service. En revanche, je ne sais<br />

pas comment faire pour reprendre la main quand dans le système, l'avancement minimum fait<br />

partie <strong><strong>de</strong>s</strong> droits acquis.<br />

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Pantin – 5 juillet 2012<br />

Mercédès BLANCHET<br />

Ce système <strong>de</strong> part variable <strong>de</strong> la rémunération n'a-t-il pas pour finalité complémentaire <strong>de</strong> réduire<br />

le montant <strong><strong>de</strong>s</strong> retraites puisque la <strong>prime</strong> n'est pas prise en compte dans le calcul <strong><strong>de</strong>s</strong> pensions ?<br />

Les avancements, à l'inverse, sont pris en considération dans ce calcul.<br />

Annie CHEMLA<br />

Je considère que le seul avantage <strong>de</strong> mettre en place une rémunération au mérite est la<br />

suppression du point d'indice. Dans le cas contraire, l'organisation paie doublement, d'une part au<br />

titre <strong>de</strong> l'indice et <strong>de</strong> la carrière, et d'autre part dans l'octroi <strong>de</strong> la <strong>prime</strong> au mérite. J'ai parfois<br />

imaginé que la Direction du budget avait considéré que saupoudrer une part variable sur<br />

quelques-uns revenait moins cher qu'augmenter tout le mon<strong>de</strong>.<br />

De la salle<br />

En moyenne, dans les collectivités, la part du régime in<strong>de</strong>mnitaire est <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 20 %. Ce<br />

montant, au regard <strong><strong>de</strong>s</strong> salaires, est peu important et n'aura que peu d'effet sur la motivation. Je<br />

me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> comment se fait-il qu'avec ce retour sur expérience important, l'administration<br />

française en est venue à mettre en place la PFR.<br />

Annie CHEMLA<br />

Malheureusement, je ne sais pas. Il se trouve que j'ai remis ma publication, qui a reçu les<br />

félicitations <strong>de</strong> mon responsable hiérarchique, et qui démontre l'effet contraire <strong>de</strong> la part variable<br />

sur la motivation, au Ministre <strong>de</strong> la Fonction publique, le jour où ce <strong>de</strong>rnier a annoncé la mise en<br />

place <strong>de</strong> la PFR.<br />

De la salle<br />

Je considère que la <strong>prime</strong> sur l'absentéisme ne fonctionne pas non plus, et ce pour les mêmes<br />

raisons.<br />

Annie CHEMLA<br />

Pour ma part, j’estime que l'administration publique manque <strong>de</strong> performance dans la gestion <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ressources humaines. Elle ne sait pas motiver les personnes ni reconnaître leur travail. Jouer sur<br />

tous les leviers <strong>de</strong> la motivation serait plus efficace sur la performance qu'augmenter le nombre <strong>de</strong><br />

fonctionnaires. L'administration publique continue à considérer que la gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources<br />

humaines est <strong>de</strong> l'intendance. Au cours d'une formation que je délivrais au ministère, j'ai constaté<br />

que les cadres supérieurs considéraient que les agents n'étaient motivés que par leur salaire alors<br />

qu'eux-mêmes étaient motivés par le sens qu'ils donnent à leur action. Je trouve tragique que ces<br />

cadres soient persuadés que les motivations <strong>de</strong> leurs encadrés sont foncièrement différentes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

leurs. Ainsi les cadres dirigeants considèrent que les autres personnes travaillant à <strong><strong>de</strong>s</strong> gra<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

inférieurs n'ont pas la même humanité qu'eux-mêmes.<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Echanges avec la salle<br />

Animés par Annick REZZI et Christophe LEMOINE<br />

Annick REZZI<br />

Pour récapituler le contenu <strong>de</strong> la journée, nous avons d'abord passé en revue <strong><strong>de</strong>s</strong> repères<br />

statutaires, puis les enjeux managériaux autour <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> l'entretien professionnel.<br />

Ensuite, quatre témoignages nous ont éclairés sur <strong><strong>de</strong>s</strong> démarches et <strong><strong>de</strong>s</strong> logiques différentes.<br />

Nous venons d'écouter une présentation sur la possible disparition <strong>de</strong> la PFR. Avant <strong>de</strong> conclure,<br />

nous voulions obtenir un retour <strong>de</strong> votre part sur les contenus <strong>de</strong> la journée et sur vos propres<br />

pratiques.<br />

De la salle<br />

Je souhaite adresser une question à la salle. Je travaille à la Mairie <strong>de</strong> Suresnes qui emploie<br />

1 200 agents permanents. Notre système <strong>de</strong> régime in<strong>de</strong>mnitaire est basé sur le niveau <strong>de</strong><br />

responsabilité et la manière <strong>de</strong> servir, et s'appuie sur la notation <strong>de</strong>puis 6 ou 7 ans. Cette formule<br />

est très intégrée chez le personnel. Cependant, l'entretien d'évaluation est présent dans notre<br />

administration <strong>de</strong>puis 1991. Personne ne regrettera sûrement la notation qui infantilise. Je me<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> comment faire la transition.<br />

Une représentante <strong>de</strong> la commune d'Eaubonne, Val d'Oise<br />

Depuis 2002, nous avons mis en place l'entretien d'évaluation et <strong>de</strong>puis 1984, une <strong>prime</strong> annuelle<br />

<strong>de</strong> mérite et <strong>de</strong> fonction. Notre régime in<strong>de</strong>mnitaire est fondé sur les responsabilités. Une <strong>prime</strong><br />

liée aux fonctions et aux responsabilités est distribuée mensuellement quel que soit le cadre<br />

d'emploi. Une <strong>prime</strong> annuelle comporte une base fixe et une part variable qui s'appuie sur<br />

l'entretien d'évaluation. Nous ne sommes pas entrés dans l'expérimentation et continuons <strong>de</strong><br />

fonctionner avec le double système. Nous avons simplement revu nos cadres <strong>de</strong> travail pour se<br />

caler sur les normes du décret. Cette part variable est comprise dans l'échelle -10 % à +50 %.<br />

Notre système n'est pas parfait.<br />

Annick REZZI<br />

Vos systèmes respectifs fonctionnent-ils dans vos <strong>de</strong>ux collectivités ? Vos formules <strong>de</strong><br />

rémunération au mérite ont-elles <strong><strong>de</strong>s</strong> effets délétères ?<br />

De la salle<br />

Non, effectivement. La seule limite est constituée par l'attente, par chaque agent, <strong>de</strong> l’accès au<br />

niveau suivant.<br />

Annick REZZI<br />

Les collectivités qui connaissaient déjà une rémunération à la performance s'appuyaient sur la<br />

réalisation ou non <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs. Cependant, la vigilance doit porter sur les modifications d'objectifs<br />

en cours d'année et les moyens attribués aux agents pour leur réalisation. Ainsi la feuille<br />

d'objectifs <strong>de</strong>vrait comporter une case contexte et la possibilité d'octroyer la part variable même si<br />

l'objectif n'est pas atteint en raison <strong>de</strong> celui-ci. Il ne faut pas remplir la feuille d'objectifs <strong>de</strong> manière<br />

mécanique.<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Mercédès BLANCHET<br />

Je constate que parfois les moyens pour atteindre les objectifs ne sont pas fournis. Cette section<br />

moyens ne figure pas toujours dans les feuilles d'évaluation. De plus, les objectifs peuvent être<br />

trop difficiles à atteindre.<br />

Marie-Charlotte JEAN<br />

Je suis Chef <strong>de</strong> projet au Conseil Régional Nord-Pas-<strong>de</strong>-Calais. Je m'adresse à Dominique<br />

Desouches. Nous n'avons pas mis en place l'entretien professionnel. En revanche <strong>de</strong>ux<br />

documents en tiennent lieu : un entretien <strong>de</strong> progrès et un entretien lié à la carrière, que nous<br />

comptons fusionner prochainement. Notre problème concerne les collèges. Comment avez-vous<br />

mis en place les entretiens professionnels dans ces établissements ? Quel est le rôle du proviseur<br />

et du gestionnaire ?<br />

Dominique DESOUCHES<br />

Dans les établissements scolaires, la mise en place <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens professionnels ne se déroule<br />

pas très bien. Nous avons hérité d'une pratique d'évaluation préexistante, que nous avons fait<br />

évoluer progressivement. Nous avons sollicité le concours <strong><strong>de</strong>s</strong> gestionnaires, qui <strong>de</strong>vaient se<br />

positionner comme manager avant tout. Petit à petit nous réussissons à resserrer l'écart entre les<br />

pratiques dans les services centraux et celles dans les établissements scolaires.<br />

Un représentant du Conseil général du Val <strong>de</strong> Marne<br />

Nous avons mené <strong><strong>de</strong>s</strong> actions <strong>de</strong> formation en direction <strong><strong>de</strong>s</strong> gestionnaires, <strong><strong>de</strong>s</strong> principaux <strong>de</strong><br />

collèges. Nous les avons associés à toutes les démarches.<br />

Une intervenante<br />

Avez-vous déjà été confronté à <strong><strong>de</strong>s</strong> refus <strong>de</strong> l'entretien professionnel <strong>de</strong> la part d'agents et<br />

comment avez-vous géré cette situation ?<br />

Nathalie LORIDAN<br />

Je souhaiterais poursuivre mon intervention <strong>de</strong> ce matin. Au démarrage du dispositif, nous avons<br />

été confrontés à cette question. Nous avons mené un grand travail <strong>de</strong> sensibilisation. Notamment,<br />

nous avons communiqué sur le fait que notifier et accuser réception <strong>de</strong> la feuille d'évaluation ne<br />

signifient pas être d'accord sur les termes. Nous avons cherché à rassurer. En cas <strong>de</strong> refus, soit<br />

nous envoyons une lettre recommandée avec accusé <strong>de</strong> réception, soit un agent assermenté<br />

notifie la décision.<br />

Une représentante du Conseil général <strong>de</strong> Seine Saint-Denis<br />

Nous avons mis en place l'entretien professionnel, très proche <strong><strong>de</strong>s</strong> injonctions du décret. Nous<br />

avons adopté une démarche i<strong>de</strong>ntique à celle <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Roubaix. L'agent conserve un<br />

espace pour ex<strong>prime</strong>r son désaccord, y compris sur la feuille d'évaluation. Par contre, nous<br />

considérons d'un très mauvais œil les refus. Le décret impose bien une obligation. Son application<br />

nous facilitera la tâche en matière <strong>de</strong> contrainte envers les agents.<br />

Annick REZZI<br />

Des agents peuvent s'opposer à cette démarche pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons liées à leurs valeurs. De même,<br />

certains s'y refusent parce qu'ils sont sollicités à s'ex<strong>prime</strong>r en premier. Il faut réussir à<br />

désamorcer cette situation en suivant une métho<strong>de</strong> neutre et objective. Des cas <strong>de</strong> refus peuvent<br />

être dépassés au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens.<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Une intervenante<br />

J'apporte un témoignage à propos d'un agent <strong>de</strong> catégorie C, qui occupe les fonctions <strong>de</strong><br />

vaguemestre. Il a manifesté son opposition à l'entretien à <strong>de</strong>ux reprises, en ne s'y présentant pas<br />

et en déclarant un arrêt maladie. La DRH a accompagné le cadre et l'agent en proposant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ren<strong>de</strong>z-vous distincts dans un cadre neutre. Nous nous sommes aperçus qu'il existait un conflit<br />

larvé entre le cadre et l'agent <strong>de</strong>puis six mois. L'agent craignait que tout soit consigné dans le<br />

rapport. Nous avons ainsi joué le rôle <strong>de</strong> médiateur et apporté un espace d'expression <strong>de</strong> part et<br />

d'autre.<br />

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<strong>Entretien</strong> professionnel, <strong>prime</strong> <strong>de</strong> fonction et <strong>de</strong> résultat : <strong>de</strong>ux leviers <strong>de</strong> management ?<br />

Pantin – 5 juillet 2012<br />

Conclusion <strong>de</strong> la journée : Quels sont les leviers <strong>de</strong> motivation<br />

mobilisables dans les collectivités aujourd'hui ?<br />

Annick REZZI<br />

Consultante RH<br />

Concernant les leviers <strong>de</strong> motivation, Annie Chemla a tout dit, je ne vais que répéter un peu<br />

différemment.<br />

Sur cette question, j'ai réalisé quelques recherches. On compte une centaine <strong>de</strong> définitions<br />

différentes. Celles-ci varient selon les époques et les lieux. De plus, la motivation évolue d'un<br />

individu à un autre, voire même chez un même individu d'un moment à un autre. Selon un<br />

raisonnement répandu, les personnes sont fondamentalement paresseuses et cherchent à éviter<br />

le travail. Ainsi le meilleur moyen <strong>de</strong> les motiver consisterait à utiliser le bâton et la carotte. Il s'agit<br />

en réalité d'une vision, loin d'être valable dans tous les cas <strong>de</strong> figure.<br />

Je vous propose une définition assez consensuelle : « la motivation est le processus qui active,<br />

oriente, dynamise, maintient le comportement <strong><strong>de</strong>s</strong> individus vers la réalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> buts attendus ».<br />

Il s'agit donc d'un processus en évolution.<br />

De plus, la communauté scientifique reconnaît que les facteurs <strong>de</strong> motivation sont <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ordres<br />

puisqu’ils peuvent être internes ou externes. Les facteurs internes sont propres aux individus. Au<br />

sein d'une équipe, ces facteurs internes peuvent être partagés. Ils se situent dans l'ordre <strong>de</strong> la<br />

valeur travail et <strong>de</strong> la croyance dans l'intérêt du travail. Nous ne pouvons pas décréter la<br />

mobilisation <strong>de</strong> ces facteurs internes <strong>de</strong> motivation au travail.<br />

En revanche, la DRH peut agir sur les facteurs externes. Ils se décomposent en facteurs liés au<br />

climat et en facteurs liés à l'autonomie. Concernant le climat <strong>de</strong> travail, la qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> relations<br />

avec les collègues et la hiérarchie jouent sur la motivation <strong><strong>de</strong>s</strong> individus. L'organisation du travail<br />

d'une part et la charge <strong>de</strong> travail d'autre part y participent également.<br />

L'autonomie, quant à elle, repose sur le fait que l'organisation reconnaît un écart entre le travail<br />

prescrit et le travail réel. Le travail à la chaîne est un exemple <strong>de</strong> prescription totale <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches.<br />

Les postes <strong>de</strong> travail sont complètement automatisés et la contribution <strong><strong>de</strong>s</strong> opérateurs est<br />

quasiment nulle. Cette absence <strong>de</strong> contribution individuelle a un effet très délétère sur la<br />

motivation. En outre, cette contribution apportée par l'individu doit être rétribuée. Cette rétribution<br />

ne relève pas uniquement <strong>de</strong> la rémunération, mais aussi <strong>de</strong> la reconnaissance. Dans le cas <strong>de</strong><br />

l'administration publique, cette reconnaissance provient <strong><strong>de</strong>s</strong> usagers, <strong><strong>de</strong>s</strong> collègues et/ou <strong>de</strong> la<br />

hiérarchie. Ainsi climat et autonomie relèvent plus <strong>de</strong> rétribution symbolique que matérielle.<br />

En outre, le niveau <strong>de</strong> motivation est fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats obtenus. Parfois, les résultats sont<br />

mauvais pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons indépendantes <strong>de</strong> la volonté <strong><strong>de</strong>s</strong> individus et ils minent leur motivation.<br />

Par ailleurs, l'expression visible <strong>de</strong> la motivation rési<strong>de</strong> dans le fait <strong>de</strong> travailler au mieux <strong>de</strong> ses<br />

capacités. Ceci fonctionne comme un cercle vertueux. Malheureusement, certaines organisations<br />

ne facilitent pas ce processus.<br />

Ma conclusion prend la forme d'une interrogation : comment parvenir à rétribuer chacun au niveau<br />

<strong>de</strong> sa contribution ? J'ajoute aussi qu'il faut se préoccuper non seulement <strong>de</strong> motiver les agents<br />

mais aussi <strong>de</strong> ne pas les démotiver.<br />

Christophe LEMOINE<br />

Notre journée dédiée à l'entretien professionnel s'achève. Je tiens à remercier tous les participants<br />

pour leur venue, tous les intervenants, et aussi les collègues <strong><strong>de</strong>s</strong> autres délégations qui ont<br />

participé à l'élaboration <strong>de</strong> cette journée. Nous préparerons d'autres journées à l'avenir. Je vous<br />

souhaite un bon été.<br />

Centre national <strong>de</strong> la fonction publique territoriale 26

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