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Au Grand Stade de Lille
les savoir-faire
jouent collectif
N° 170 - Novembre - Décembre 2010

Vie du réseau
national
Mobilité européenne :
une centaine de jeunes
partiront en 2011
Une dizaine de CFA-BTP du réseau organisent
régulièrement des séjours de trois semaines pour
leurs apprentis, dans les pays de l’Union européenne,
dans le cadre du programme de mobilité européenne
Leonardo da Vinci de la Commission européenne.
À Hesdigneul-les-Boulogne, ce sont même deux projets
différents qui sont organisés chaque année. « Depuis
quatre ans que nous mettons en place des échanges,
nous avons créé un besoin, si bien que nous proposons
désormais des sections pour lesquelles nous avons
introduit la mobilité européenne dans le parcours de
formation », confie le directeur du CFA-BTP
d’Hesdigneul. C’est notamment le cas du Bac pro
construction bois en trois ans. Toute la section
(10 apprentis) partira en mars-avril 2011 dans un
établissement de formation situé près de Londres,
pour réaliser un module à ossature bois, dans le cadre
d’un chantier-école. Avant cela, deux jeunes en BTS
y seront allés pour travailler sur la conception et la
programmation du chantier. Autre projet, huit apprentis
installateurs sanitaires, installateurs thermiques et
peintres partiront, pour leur part, en mars, travailler sur
un chantier-école suédois, dans un centre de formation
avec lequel le CFA est partenaire depuis deux ans.
En 2011, une centaine d’apprentis du réseau
bénéficieront de ces voyages formateurs. Au CFA-BTP
d’Hesdigneul, une véritable équipe a été mise en place
pour gérer les questions financières, pédagogiques,
d’animation et logistiques liées à ces projets.
En 2011, une centaine d’apprentis du réseau bénéficieront de
ces voyages formateurs.
pays de la loire
Une PRAP opérationnelle
à Saint-Brevin
Au CFA-BTP de St-Brevin, la formatrice de PSE (prévention
santé environnement), Audrey Pereira, mène une action de
prévention auprès des apprentis, secondée par William Le
Brun, formateur en maçonnerie.
À la rentrée 2009, cinq
formateurs du CFA-BTP de
Saint-Brevin-les-Pins se
sont groupés pour mettre
en place le dispositif de
la PRAP (Prévention des
risques liés à l’activité
physique), au sein de
Afin de former des apprentis capables
d’appréhender les nouvelles
problématiques énergétiques, cinquante
CFA du réseau CCCA-BTP proposent (ou
proposeront, pour certains, dès la rentrée
2011) la nouvelle mention complémentaire
de technicien en énergie renouvelable
(niveau IV). Celle-ci se décline en deux
options, énergie électrique et énergie
thermique. Certains établissements ont
aussi ouvert des sections Bac pro dans
l’établissement. Trois
formateurs en maçonnerie,
seul pôle concerné pour
l’instant, accompagnés
de leurs collègues
d’éducation physique et
sportive et de prévention
santé environnement,
ont dispensé la formation
national
Les CFA du réseau s’adaptent
aux nouveaux défis énergétiques
les filières énergétiques, qui concernent
à la fois les secteurs de l’électricité et du
génie climatique.
à une cinquantaine de
jeunes de 1 e année de
CAP. « Cette organisation
n’a pas posé de problème
majeur, témoigne Yann
Jallier, adjoint chargé de la
pédagogie, qui chapeaute
le dispositif. En début
d’année, une première
séance a permis de
présenter les formateurs
aux jeunes, qui ont ainsi
pu identifier qui allait
faire quoi et dans quelle
discipline. Le programme
s’est ensuite déroulé sur
toute l’année. Le plus
difficile a été de mettre en
commun les évaluations
des apprentis, pour
certifier leur formation. »
42 jeunes sont concernés
cette année. La formation
commencera par la visite
d’un ancien apprenti
maçon de 26 ans, en
arrêt maladie pour des
problèmes de dos, car
il n’avait pas mesuré
pleinement les risques liés
aux activités physiques.
À noter, enfin, que les CFA-BTP de Blois
et Angers ouvriront, en septembre
2011, un Bac p ro Intervention sur le
patrimoine bâti, spécialement conçu
pour la réhabilitation du patrimoine
architecturale ancien. Cette formation
concerne trois corps de métiers :
charpente, couverture et maçonnerie.
2 Apprentissage BTP n° 170 Novembre - Décembre 2010

vite
Diffusée depuis 2002, la
charte de l’alternance a fait
l’objet de plusieurs
adaptations pour intégrer
les évolutions conventionnelles
et
réglementaires intervenues
depuis. En 2009/2010 une
réflexion a été engagée
pour la rendre plus
attractive, adapter son
graphisme et mieux
expliciter son usage. En
termes de contenu, ont été
intégrés, notamment, des
engagements concernant le
développement durable
devant être pris par le CFA,
l’apprenti et l’entreprise. La
forme du document a aussi
été revue. ■
Un nouveau livret
d’apprentissage est mis à
disposition du réseau
depuis la rentrée 2010. On y
trouve désormais des
fiches « activités CFA et
entreprise » qui permettent
d’adapter le suivi des
apprentis en fonction des
démarches d’apprentissage
« séquence Pro »
(séquences construites à
partir de l’observation en
entreprise et de l’analyse
de situations de travail) et
une fiche de suivi des
compétences acquises par
les apprentis en Santé et
Sécurité au Travail. ■
La 2 e édition des
Trophées de l’Excellence,
organisée par la fondation
d’entreprises Excellence
SMA, est cette année
ouverte aux centres de
formation. Ces trophées
récompensent artisans,
entreprises et CFA qui,
« à travers des actions
novatrices exemplaires,
témoignent de leur intérêt
marqué pour la prévention
des désordres, la sécurité
des personnes, ou la
préservation de
l’environnement sur les
chantiers de construction ».
Huit CFA ont présenté un
projet. ■
languedoc roussillon
L’Association régionale
inaugurée
Yves Ghiron, secrétaire du CCCA-BTP, Béatrice Négrier,
vice-présidente du Conseil régional de Languedoc-Roussillon,
Marcel Malmartel, Secrétaire général du CCCA-BTP, Henry
Brin, Président de BTP CFA Languedoc-Roussillon et Christian
Bouillé, conseiller régional, ont coupé le ruban symbolique.
Les quatre CFA du BTP de Languedoc-Roussillon
(Lézignan-Corbières, Méjannes-lès-Alès, Montpellier
et Perpignan) ont inauguré leur association
régionale. Constituée en juillet 2009, celle-ci gère
les établissements. « Régionaliser, c’est mutualiser
les moyens et optimiser le dispositif de formation qui
doit répondre aux besoins des entreprises, des artisans
et proposer aux apprentis une formation, un diplôme,
mais surtout un métier et un avenir », a souligné
Henry Brin, Président de BTP CFA Languedoc-Roussillon,
l’association régionale. Le Languedoc-Roussillon a été
l’une des premières régions à se créer. Les quatre CFA
du BTP regroupent 190 salariés et forment plus
de 3 000 apprentis.
national
Au revoir,
Bernard Bottiau !
Entré comme professeur de dessin au CFA de
Valenciennes en 1965, puis comme chef de travaux,
en 1974, au CFA BTP d’Évreux qui venait d’ouvrir,
Bernard Bottiau a mené toute sa carrière dans les CFA
du réseau CCCA-BTP. Nommé directeur de CFA en 1981,
il devient en 1989 secrétaire général de l’association
gestionnaire. Il fut alors le premier à cumuler ces deux
fonctions au sein du réseau CCCA-BTP. En 2008, il accepta
le poste de secrétaire général de l’une des premières
associations régionales, BTP CFA Haute-Normandie,
avant de prendre sa retraite, cette année.
Éditorial
Construisons ensemble de nouvelles
pratiques de formation
Les enjeux liés au Grenelle
Environnement sont nombreux.
Le secteur du bâtiment et des travaux
publics est assurément en première
ligne pour relever les défis
de l’éco-construction et du
développement durable.
Notre réseau l’est tout
autant pour intégrer ces
préoccupations dans la
formation des jeunes que nous accueillons, dans nos CFA
et nos entreprises. Il nous appartient de développer chez
les apprentis de nouvelles pratiques, des compétences
communes à tous les métiers de la construction, pour
répondre aux défis environnementaux. Cela appelle une
nécessaire implication et collaboration de tous les corps
d’état, partageant une approche globale pour gérer
de manière optimale les interfaces techniques et
les relations entre les métiers.
L’acte de construire impose désormais cette approche.
Pour les entreprises du bâtiment et des travaux publics,
comme le démontre la conduite du chantier du futur
Grand Stade de Lille Métropole, auquel nous consacrons
le dossier de ce numéro, les métiers à l’ouvrage
sont nombreux. Les innovations et les performances
technologiques et énergétiques sont toujours plus
audacieuses. Œuvre commune qui bâtit notre cadre
de vie, la réussite d’un chantier tel que ce Grand Stade
dépend plus que jamais de la bonne coordination de tous
les corps de métiers et de la prise en compte, à toutes
les étapes, des contraintes d’ensemble liées à
sa bonne réalisation.
Le bon geste reste essentiel. Il impose son adaptation à
l’évolution propre à chaque métier, avec la maîtrise du
savoir-faire et de la technicité nécessaires et la prise en
compte de cette approche globale de l’acte de construire.
Cela ne s’improvise pas mais s’acquiert. Seules la
formation et la qualification le permettent. Comprendre et
maîtriser l’interaction entre les différents corps de métier,
ainsi que les contraintes qui y sont liées, participent aussi
à la professionnalisation des jeunes.
Jean-Luc SETHI, Président du CCCA-BTP
Sommaire
Vie du réseau
Échos, mouvements et initiatives p 2
Quand l'esprit de réseau enrichit la pédagogie p 4
En chantier
Au grand stade de Lille, les savoir faire
jouent collectif p 6
Points d’appui
Patrick Bernasconi, Président de
la Fédération nationale des Travaux publics p 8
Apprentissage BTP n° 170 Novembre - Décembre 2010 3

Vie du réseau
engagement
Pascal Ducrot,
amoureux de son métier
« Accueillir des
apprentis est un bon
" médicament ",
pour éviter qu’une
entreprise ne se sclérose.
Cela la maintient en éveil »,
confie Pascal Ducrot,
responsable de la SARL
Robin Ducrot Métallerie,
à Pourrain (89).
« La démarche me plait car
elle permet une remise en
cause perpétuelle. »
Depuis qu’il a créé son
entreprise, en 2000,
après avoir commencé à
travailler dans l’industrie,
puis aux côtés d’un ancien
Compagnon, avec lequel il
a découvert « les bienfaits
de l’apprentissage »,
Pascal Ducrot forme
chaque année des apprentis
de CFA-BTP et Compagnons.
« La profession, qui
devra bientôt remplacer
de nombreux départs en
retraite, cherche de jeunes
recrues. Or l’entreprise
est intéressante pour eux
car, outre la métallerie,
elle leur permet aussi de
travailler la menuiserie
aluminium. »
Depuis plus de 10 ans,
l’investissement de
Pascal Ducrot dans la
formation d’apprentis
a permis à ces jeunes,
une fois leur diplôme en
poche, de voler de leurs
propres ailes. « Cela me
donne toujours envie de
transmettre l’amour de
mon métier », conclut-il.
région centre
Les CFA-BTP de la région Centre mutualisent leurs pratiques pédagogiques. Chaque centre peaufine
son expertise sur un sujet avant de la partager avec ses voisins. Retour sur expérience.
Quand l’esprit de réseau
enrichit la pédagogie
Le séminaire des adjoints
chargés de la pédagogie
qui s’est tenu à Bordeaux
en mars dernier a constitué le
déclencheur. « Le CCCA-BTP
nous a demandé à tous de propo-
ser des projets. Nous nous sommes
dit : “pourquoi ne pas travailler
ensemble ?” », se souvient Gaëlle
Pichereau, adjointe chargée de
la pédagogie du CFA-BTP de
Saint-Pierre-des-Corps. C’est
ainsi que chaque CFA-BTP de
la région Centre s’est attelé à un
sujet pédagogique – le plus sou-
vent en fonction de son propre
projet d’établissement – pour le
faire avancer le plus loin possible
et parallèlement en faire profiter
les autres centres de formation.
Le CFA-BTP de Blois s’est
concentré sur la thématique du
dessin assisté par ordinateur, le
CFA-BTP d’Orléans s’est attaqué
à la question de l’accueil des nou-
veaux formateurs. Châteauroux a
retenu le problème de la gestion
des conflits. Chartres, le tableau
blanc électronique. Saint-Pierre-
des-Corps, la Séquence pro. Le
CFA-BTP de Poitiers (de la région
voisine) est venu s’associer avec
son expérience sur la formation
des délégués des apprentis.
Christophe Delmur, adjoint chargé
de la pédagogie du CFA-BTP de Blois.
Sylvie Bots, adjointe chargée de
la pédagogie du CFA-BTP
de Châteauroux.
Faire vivre le réseau
au quotidien
Chaque centre de formation a
peaufiné son expertise avant de
la partager avec les autres.
Maria Trousseau, adjointe char-
gée de la pédagogie du CFA-BTP
de Chartres souligne tout l’in-
térêt de pourvoir partager les
savoir-faire entre pédagogues :
« Nous avons des formateurs qui
sont au top dans la maîtrise du
tableau blanc électronique (TBI).
Nous sommes donc en mesure de
proposer une formation sur qua-
tre journées. La finalité du TBI est
d’être au service de la pédagogie.
Il permet au formateur d’être tou-
jours plus animateur et moins
“professeur”. Un démonstrateur
technico-commercial n’est pas en
mesure de mettre ainsi la pédago-
gie au centre de son propos ».
Le CFA-BTP de Blois a été le
promoteur d’un groupe de tra-
vail consacré au dessin assisté
par ordinateur (DAO) et consti-
tué d’un formateur référent par
CFA. « Il nous a semblé plus inté-
ressant de réfléchir à un niveau
régional », explique Christophe
Delmur, adjoint chargé de la
pédagogie du CFA-BTP de Blois.
En effet, les plans de financement
s’opèrent en grande partie à cet
échelon. Par ailleurs, les forma-
teurs apprécient de pouvoir ainsi
sortir de leur isolement. L’objectif
du groupe de travail est d’être fin
prêt pour la rentrée 2011. « Nous
voulons construire une réponse
pragmatique en partant du ter-
rain, un peu dans la logique
inductive que nous appliquons
dans notre pédagogie. Ce travail
d’équipe fournit aussi un très bon
moyen de faire vivre au quotidien
notre réseau », note Christophe
Delmur.
Maria Trousseau, adjointe chargée de
la pédagogie du CFA-BTP de Chartres.
La Séquence pro est au cœur
du projet d’établissement de
Saint-Pierre-des-Corps. « Nous
faisons part de notre expérience
en trois réunions, suivie d’une
réunion de bilan. Trois ou quatre
formateurs participent à chaque
atelier. À chaque fois, il y a un tra-
vail à effectuer individuellement
en intersession. On applique
d’une certaine façon le principe
de l’alternance », sourit Gaëlle
Pichereau. ■
4 Apprentissage BTP n° 170 Novembre - Décembre 2010

un jeune, un parcours
En 2006, lorsque David
Franklin Nkounga
arrive du Cameroun
pour rejoindre sa mère qui
habite en France, il a le choix
entre poursuivre un cursus
scolaire ou intégrer une
formation par apprentissage
pour apprendre un métier.
Comme il avait pris goût à la
maçonnerie, en Afrique, où il
faisait quelques travaux en
sortant de l’école, il décide
alors d’apprendre ce métier.
Installé à Cognac (Charente),
il trouve une entreprise qui
vu
La capitale polonaise a su
séduire les jeunes par la
beauté de ses monuments.
Les jeunes professionnels ont
particulièrement apprécié les
visites de chantiers.
Dans la ville de Chopin,
impossible de ne pas marquer
une pause musicale.
l'embauche comme apprenti.
Après avoir passé un CAP, il
est aujourd’hui en seconde
année de BP et compte
poursuivre avec un BTS. Et
preuve qu’à 21 ans, le jeune
homme a vraiment trouvé
sa place dans la famille du
bâtiment, il fut le lauréat de
son CFA, pour partir 4 jours
en Pologne dans le cadre du
Prix National 2010 du CCCA-
BTP. « C’était un voyage
très passionnant, témoigne-
t-il ravi, notamment parce
que cela nous a permis de
national
L
e Prix national du CCCA-
BTP représente pour de
nombreux apprentis une
véritable initiation au voyage. « C’est
une bonne chose de découvrir une
autre culture que la France », estime
Mathieu Gillet du CFA-BTP de Poix-
Terron. « C’était la première fois que
je prenais l’avion, ce fut donc un
moment magique. J’ai pu découvrir
Varsovie, cette ville riche en histoire
et en couleurs ». « J’ai pu y apprendre
quelques mots de polonais » s’en-
thousiasme Jean-François Tedeschi
(CFA-TP Bourgogne). « Je reviens
de Pologne avec des souvenirs plein
la tête », résume Fabien Poirier du
CFA-BTP de la Roche-sur-Yon.
Les visites liées aux métiers rempor-
tent l’adhésion générale, mais les
jeunes montrent
leur ouverture
d’esprit en appré-
ciant également
l e s s é q u e n c e s
artistiques et culturelles. Ainsi, ce
que David Nkounga (CFA chambre
de métiers de la Charente) a le plus
discuter entre apprentis de
différentes sections, mais
aussi parce que, sur place,
nous avons découvert
d’autres façons de travailler.
Nous avons rencontré un
ingénieur des Ponts et
Chaussées et un architecte
et avons visité de très gros
chantiers. Il est intéressant
de voir que, du fait qu’il fait
plus froid que chez nous,
les normes ne sont pas les
mêmes, en particulier pour
la fabrication du béton.
Ce séjour m’a vraiment
permis d’enrichir ma culture
personnelle. » Une fois
sa formation terminée,
David Franklin espère
pouvoir rester dans
l’entreprise qui l’emploie
actuellement et pense, un
jour, créer la sienne, mais
pas avant l’âge de 40 ans,
« lorsqu’il sera mûr ».
En attendant, quand les
journées sont un peu dures
car c’est un métier qui lui
plait, il se défoule dans une
salle de sport où il pratique
la boxe. Une bonne façon
apprécié « c’est la visite des chan-
tiers de construction ». « La visite
du temple a été très intéressante car
nous avons eu du temps et pas mal
d’informations », considère Romain
Beneux (TECOMAH) « J’ai trouvé
intéressantes les diverses visites qu’on
a pu faire, que ce soit le chantier du
pont du Nord, le chantier du temple
ou la bibliothèque. Mais ce que j’ai
apprécié particulièrement, c’est la
visite de la vieille ville et le concert de
Chopin façon jazz », estime Timothée
Chastagner (CFA-BTP de Rouen).
Aventure humaine
Quatre jours de voyage dans un
contexte totalement hors du quoti-
dien fournissent tous les ingrédients
d’une belle aventure humaine. « La
répartition en groupes
était très bien car elle
nous a permis de faire
connaissance », pense
Romain Beneux. « Des
rencontres mémorables, car on sait
qu’on ne se voit que quatre jours et
qu’on appartient au même corps de
aussi de
recharger
ses
batteries !
Récompensés pour leur engagement dans leur parcours de formation tant en entreprise qu’au CFA,
les lauréats du réseau CCCA-BTP ont l’occasion de vivre une expérience unique. Témoignages.
Bons souvenirs de Varsovie
« C'est une bonne
occasion de découvrir
une autre culture »
métier », juge Alexis Wiel du CIFA
TP Saint-Paterne. « Le voyage nous a
permis de rencontrer des gens, mais
toujours intéressants, que ce soient
les guides, chefs de chantier, accom-
pagnateurs ou architectes », estime
Jean-Patrick Aguero du CFA-BTP
d’Aix-les-Milles. « Un grand moment
de convivialité entre les apprentis car
des amitiés se sont créées », témoigne
Mathieu Gillet.
La qualité de l’organisation et de la
logistique a été au rendez-vous et les
jeunes voyageurs ont apprécié cette
mécanique bien huilée. « J’ai trouvé
ce voyage super. Il était très très bien
organisé », résume Florent Pistono
de l'ADAHA à Gap « Dès notre arri-
vée à Varsovie, nos guides nous atten-
daient. Elles nous ont fait découvrir
la ville avec un large sourire et une
très bonne humeur ».
David Franklin Nkounga,
un maçon ouvert
sur le monde.
« Pour l’année prochaine, tout le mal
que je peux souhaiter aux futurs lau-
réats c’est de s’amuser comme nous »,
plaisante Florent Pistono. Gageons
que les participants au prochain Prix
national le prendront au mot ! ■
Apprentissage BTP n° 170 Novembre - Décembre 2010 5

En chantier
chantier remarquable
La capitale des Flandres est en train de se doter du troisième stade français par la taille. Cet équipement aux visées européennes
met en œuvre de nombreuses innovations architecturales. Pour mener à bien ces performances techniques, le savoir faire
des professionnels est irremplaçable.
Image de synthèse du Grand Stade terminé.
les métiers à l'ouvrage
Travaux publics
Canalisateur
Conducteur d’engins
Constructeur de routes
Constructeur en ouvrage d’art
Constructeur en béton armé
Monteur de réseaux électriques
Bâtiment
Carreleur mosaïste
Couvreur
Électricien
Installateur sanitaire
Installateur thermique
Maçon
Peintre
Plâtrier-plaquiste
Serrurier métallier
1
Au Grand Stade
les savoir-fa
Le futur Grand Stade de Lille Métropole multiplie
les défis. D’abord celui des délais : quarante-cinq
mois entre le permis de construire et l’ouver-
ture au public prévue en juillet 2012. C’est peu pour un
ouvrage de cette dimension. En effet, avec 50 000 places,
le stade va s’intercaler en troisième position des stades
français après le Stade de France (80 000 places) et le
Vélodrome de Marseille (60 000 places). Ainsi, le stade
du Losc* entend jouer les premiers rôles dans cette
région, véritable carrefour de l’Europe.
Les défis du Grand Stade de Lille Métropole sont aussi
d’ordre technique. À ce titre, le toit mobile composé de
deux demi toitures, dont la fermeture peut s’effectuer
en une demi-heure, constitue une première en France.
« Il va falloir hisser à plus de 20 mètres de haut sur qua-
tre méga poteaux la charpente métallique, large de 80 m
sur 205 m de long. La coordination doit être absolument
parfaite car l’ensemble pèse 80 000 tonnes, soit à peu près
5 000 tonnes de plus que la Tour Eiffel », évalue Jean-
Claude Mutel, directeur du projet pour Eiffage TP et la
société Elisa, créée pour concevoir, financer, coordonner
la construction, puis exploiter et maintenir l’ouvrage.
Il va falloir hisser à plus de
20 mètres de haut sur quatre
méga poteaux la charpente
métallique, large de 80 mètres
sur 205 mètres de long.
6 Apprentissage BTP n°170 Novembre - Décembre 2010
vu
2

de Lille,
ire jouent collectif
Première mondiale
Autre performance technique : la « Boîte à spectacle ».
Il s’agit d’une salle omnisport, capable d’accueillir des
événements de 6 000 à 30 000 spectateurs (le double
du palais Omnisport de Paris Bercy). Cet espace
gigogne devient opérationnel par l’escamotage de la
moitié nord de la pelouse venant se placer sur la moi-
tié sud. Une première mondiale. « Là encore la préci-
sion doit être absolue, souligne Jean-Claude Mutel, car
ce sont les 60 000 tonnes du plateau (75 m sur 50 m) qui
effectuent un mouvement vertical de près de 6 m, puis
un mouvement latéral de 60 m. Pour contrôler la per-
fection des déplacements, nous effectuons des contrôles
au 10 e de millimètre vingt fois par seconde », confie
Jean-Claude Mutel. Indispensable, car à cette échelle
un dénivelé de 1 cm induit un déplacement de charge
de l’ordre de 1000 tonnes.
Tous les métiers du BTP
Mais pas de performance technologique sans perfor-
mance humaine. Six cents professionnels des travaux
publics et du bâtiment, travaillant pour plusieurs
3
1 Zone Sud : Un parking de 3 000 places sur six
niveaux de 500 places. 2 Zone centrale : Méga pilliers
pour le toit. 3 Zone nord : zone de montage.
dizaines de sociétés, sont mobilisés sur ce chantier
d’exception. Toute la palette des métiers du secteur est
représentée. Les jeunes constituent à peu près un tiers
de cet effectif (ils sont près de 200). Une bonne par-
tie d’entre eux suivent une formation par alternance.
« Par exemple, chez Eiffage TP nous avons embauché
des grutiers et des compagnons coffreurs bancheurs.
Nous souhaitons vraiment pouvoir les conserver dans
nos effectifs au-delà de leur formation, car transmettre
le métier représente un investissement important. Il
faut d’ailleurs saluer le rôle irremplaçable des maîtres
d'apprentissage qui, au quotidien, forment ces jeunes
professionnels en leur apprenant les bons gestes tech-
niques et de sécurité », souligne Jean-Claude Mutel.
L’implication, la solidarité, la transmission font partie
intégrante des valeurs que les professionnels aiment
partager sur les chantiers. Ce sont elles qui permettent
à chacun, un jour en passant devant l’ouvrage terminé,
de ressentir cette fierté qui fait dire : « Ce magnifique
bâtiment c’est moi qui l’ai fait ! » ■
*Lille Olympique Sporting Club
Pour contrôler la perfection des
déplacements, les contrôles au
10 e de millimètre sont effectués.
Jean-Claude Mutel pilote
l'ensemble du projet sur lequel
interviennent 600 professionnels.
Apprentissage BTP n°170 Novembre - Décembre 2010 7

Points d’appui
patrick bernasconi, président de la fédération nationale des travaux publics
Aujourd’hui, la priorité est de tenir le cap en matière d’apprentissage afin de ne pas dilapider les efforts d’une décennie pour
revaloriser ce secteur d’activité.
« Nous continuerons
d’avoir besoin de
jeunes professionnels
qualifiés avec une
bonne connaissance
des métiers... »
« Il faut maintenir notre
outil de formation »
Dans un contexte où la reprise
économique n’est pas aussi rapide
qu’on pouvait l’espérer que
dites-vous aux chefs d’entreprise
concernant la formation des
jeunes ?
Patrick Bernasconi : Mon message
aux chefs d’entreprise est bien sûr
qu’ils doivent s’adapter à la réalité
du marché pour préserver leur ave-
nir, mais dans le même temps, j’en
appelle à leur responsabilité pour
qu’ils soutiennent leur effort de for-
mation et qu’ils engagent des jeunes.
Notre objectif est de maintenir nos
capacités de formation à leur niveau
actuel.
Pourquoi cela vous paraît-il
essentiel ?
P. B. : Depuis plusieurs années, les
Travaux Publics mènent une politique
exemplaire pour valoriser l’image de
leurs métiers et pour les rendre plus
attractifs auprès des jeunes. Cet effort
est d’ailleurs reconnu au-delà de
notre secteur et il est couronné de suc-
cès puisque nous avons des demandes
qui dépassent notre
capacité d’accueil.
Cela permet aux
chefs d’entreprise
de pouvoir choisir
des candidats vrai-
ment motivés qui
viennent vers nos
m é t i e r s p o u r d e
bonnes raisons. La
qualité de la for-
mation dispensée dans nos centres de
formation est également reconnue par
tous. Nous avons adapté notre sys-
tème de formation avec une analyse
prospective région par région. Il est
donc essentiel de préserver cet outil.
Aujourd’hui, il ne faudrait surtout
pas casser notre effort de revalorisa-
Apprentissage BTP est édité par le CCCA-BTP • 19 rue du Père Corentin • 75680 Paris cedex 14 • Tél : 01 40 64 26 00 • www.ccca-btp.fr
• Directeur de la publication : Jean-Luc Sethi • Directeur délégué : Marcel Malmartel • Rédacteur en chef : Loïc Bestard • Photographe : Bernard Charpenel
• Reportage Photos : Baptiste Hamousin pour le CCCA-BTP • Secrétariat de rédaction : Catherine Gauthier • Adressez vos courriers à : catherine.gauthier@ccca-btp.fr
• Réalisation : ©BAT • Rédaction : Florence Jacquemoud, Jean-Louis Langlois • Impression : Gueutier • Dépôt légal : janvier 2011 • Tirage : 10 000 exemplaires
• ISSN : 12403563
focus
En 2009-2010, les
entreprises des travaux
publics employaient 5 600
apprentis (contre 1925 en
2001-2002)
L’apprentissage fait
désormais jeu égal avec la
voie scolaire, alors qu’il y avait
très peu d’apprentis dans
les formations aux métiers
des TP, il y a seulement une
dizaine d’années.
Au 6 septembre 2010,
4 018 apprentis étaient
inscrits en formation
aux métiers TP, hors
maintenance et topographie,
ce qui représente, au total,
une baisse de 1% par rapport
à la rentrée scolaire 2009-
2010. Il faut toutefois noter
que les jeunes peuvent
conclure des contrats
d’apprentissage jusqu’au
30 Novembre - Décembre et
même au-delà si le recteur
accorde une dérogation.
Les effectifs définitifs de
l’année scolaire 2009-2010
seront donc connus après
exploitation de l’enquête
que la FNTP réalisera
sur les apprentis inscrits
au 1 er janvier 2010.
8 Apprentissage BTP n° 170 Novembre - Décembre 2010
tion.
Pensez-vous donc que cet effort de
recrutement est dans l’intérêt bien
compris des entreprises ?
P. B. : Tout à fait, lorsque l’on est
chef d’entreprise, on doit avoir une
vision de l’avenir. Nous continue-
rons d’avoir besoin de jeunes pro-
fessionnels qualifiés avec une bonne
connaissance des métiers. La reprise
finira par arriver et nous devrons
alors être prêts. De plus, le départ
en retraite d’une génération va créer
mécaniquement un besoin. Enfin, en
fonction des politiques publiques, il
peut y avoir un potentiel de grands
projets. Par exemple pour la ligne à
grande vitesse Sud Europe Atlantique
(la ligne Tours-Bordeaux), nous
aurons besoin de 3 000 conducteurs
d’engins.
Dans nos métiers, la dimension
humaine reste primordiale : la qua-
lité d’une entreprise dépend en grande
partie de la qualité des professionnels
qui la composent. Les chefs d’entre-
prise doivent aujourd’hui faire preuve
de réalisme mais aussi de sang-froid
et de courage. ■