Terres d'Éveil - Free

Ouais, heureusement qu'on a pu les sauver de ces traditions
à l'épreuve du temps qui leur ont permis de survivre pendant
des dizaines de milliers d'années ; maintenant, ils peuvent
enfin connaître les joies de la chasse d'eau, des doubles
cheeseburgers McHugh et des bidonvilles en tôle ondulée.
Comme ça, ils vivent comme tout le monde et ne sont plus les
esclaves de leur culture affreusement rétrograde. Encore un
triomphe de l'homogénéité culturelle !
Holly
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LE RÊVE
Les Aborigènes font entre le “temps du rêve” et le “rêve”
lui-même une distinction qui n'est pas toujours facile à appréhender.
Le temps du rêve représente le passé mythique primordial
et éternel ; l'époque où les grands totems et les héros
célestes créèrent le monde et toutes les formes de vie qui
l'habitent. Lointain, il conserve néanmoins une qualité intemporelle.
Les Aborigènes parlent souvent d'événements qui se
sont déroulés au temps du rêve comme s'ils étaient en train
d'arriver en ce moment même, à l'heure actuelle. Beaucoup
de théoriciens magiques modernes croient que le temps du
rêve correspond pour les Aborigènes à l'expérience collective
d'un métaplan primordial, où le temps linéaire serait aboli et
où leurs cycles légendaires continueraient à se dérouler en
boucle.
Le rêve, à l'inverse, est la manière dont l'individu perçoit
et ressent les éléments mythologiques présents dans le temps
du rêve. Chaque personne a son propre rêve unique. On y
retrouve pêle-mêle les concepts de destin, de volonté, d'inspiration
et autres – sans qu'il s'agisse réellement d'aucune de
ces choses. Le rêve est ce qui fait de vous l'homme que vous
êtes, une expression de votre relation à l'univers et, plus
important, au temps du rêve.
>
>
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En quoi ça nous intéresse, toutes ces bêtises ?
Gordie
Ça t'explique la façon de penser des Aborigènes, et tout
spécialement de leurs chamans. Il est toujours préférable de
connaître les gens à qui on a affaire, et dans le domaine de
la magie, la façon de penser fait toute la différence.
Sun-Tzu II
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Le peuple et la terre
L'une des principales caractéristiques à prendre en compte
pour comprendre la culture des Aborigènes est la relation
étroite qu'ils entretiennent avec leur terre. Comme dans de
nombreuses sociétés tribales, leur subsistance dépend d'une
connaissance intime de la nature et de ses cycles, en particulier
dans un environnement aussi rude et inhospitalier que
l'Outback. La nature les nourrit et les abrite, mais la relation ne
s'arrête pas là ; leurs croyances et leur mythologie leur
apprennent qu'ils font partie intégrante de la terre.
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C'est un concept que beaucoup de gens ont du mal à saisir.
Pour nous, la terre n'appartient à personne. Quand les Aborigènes
(ou d'ailleurs la plupart des peuples tribaux) parlent de
“leurs” terres, ce n'est jamais au sens de “propriété”. Ils veulent
simplement exprimer leur relation à un territoire particulier, relation
qui se tisse souvent sur des générations d'occupation. La
tribu veille sur la terre, et la terre, en retour, veille sur la tribu. Il
est tout aussi absurde de vouloir vendre la terre que de vouloir
vendre l'air (même si je suis sûr que certaines corpos sont en
train d'y travailler). C'est l'une des raisons pour lesquelles les
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Terre d’Éveil
cultures tribales s'accrochent avec autant d'obstination à
“leurs” terres. Ce n'est pas une simple question de propriété ;
ça représente leur héritage, et leur juste place dans le monde.
Anne
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Les Aborigènes pensent que, à l'époque où leurs ancêtres
surnaturels évoluaient dans le temps du rêve, leurs actes laissèrent
des traces durables qui se transformèrent ensuite en
éléments du paysage, arbres, tertres, puits naturels ou roches
monolithiques. Ces mêmes héros et totems seraient toujours
présents dans la nature, figés dans un sommeil sans âge.
Quand ils se seraient enfoncés dans le sol, certains auraient
pris l'apparence d'éléments de paysage que l'on peut encore
observer de nos jours. Leur esprit serait toujours présent et
continuerait à influencer les événements. Ce serait l'origine de
tous les sites sacrés des Aborigènes.
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Je voudrais clarifier un point ici. Contrairement au chaman
traditionnel, qui considère qu'une colline est habitée par un
esprit de la nature, le koradji aborigène ne fait aucune distinction
entre l'esprit et la colline – pour lui, c'est une seule et
même chose. En plus, l'esprit/colline est un de ses ancêtres et
peut jouer un rôle éminent dans les récits mythologiques.
Shetani
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C'est peut-être une explication possible à la recrudescence
d'apparitions spirituelles spontanées et autres activités d'esprits
indépendants dans l'Outback ?
Silicon Mage
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Vous autres hermétiques, vous avez toujours une explication
pour tout, hein ?
Bandi
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Ancêtres et totems
Les Aborigènes ont une relation particulière avec les
esprits de leurs ancêtres et avec leurs totems, considérés
comme les forces primordiales qui ont créé le monde et
donné naissance à la vie. Selon la tradition aborigène, on naît
“dans” un esprit totem, et cet esprit influence tous les aspects
de la vie de la naissance à la mort. Sa nature est généralement
découverte à l'entrée dans l'âge adulte, quoique chez certaines
personnes (en particulier celles qui sont destinées à
devenir chamans) elle se manifeste un peu plus tôt.
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C'est un peu comme en Occident où beaucoup de gens
considèrent que notre signe astrologique conditionne certains
éléments de notre personnalité, nos intérêts, nos talents et
ainsi de suite. Les Aborigènes pensent que les personnes nées
dans un certain totem sont plus douées que les autres dans
certains domaines. Ainsi, le totem préside au choix des mariés
entre eux dans de nombreuses tribus ; certains totems sont
considérés comme compatibles et garantiraient d'avoir de
beaux enfants, d'autres au contraire sont incompatibles et
n'aboutiraient qu'à une union malheureuse.
Tesseract
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Coïncidence ou non, cette pratique tend à éviter les unions
consanguines au sein des petites tribus et constitue probablement
l'un des facteurs qui expliquent l'exceptionnelle longévité
de leur culture. À se demander si c'est un pur coup de
chance, ou si les totems en savent effectivement davantage
au sujet de la génétique qu'on ne pourrait le penser ?
Doc
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