Comme pour donner raison aux appels au boycottage, <strong>le</strong> jour des é<strong>le</strong>ctions, <strong>le</strong>s bureaux de vote ont été inondés, comme d’habitude, par <strong>le</strong>s agents du ministère de l’Intérieur et du RCD. Ils ont pour rô<strong>le</strong> d’obliger <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>cteurs à déposer dans <strong>le</strong>s urnes <strong>le</strong>s bul<strong>le</strong>tins. La fonction des isoloirs est oubliée. Beaucoup d’é<strong>le</strong>cteurs sont des il<strong>le</strong>ttrés ou de condition modeste, qui laissent <strong>le</strong>s agents du RCD <strong>le</strong>ur choisir <strong>le</strong>urs bul<strong>le</strong>tins, et même <strong>le</strong>s mettre dans <strong>le</strong>s urnes. D’autres, par peur des représail<strong>le</strong>s, préfèrent voter "uti<strong>le</strong>" en choisissant de manière ostentatoire des bul<strong>le</strong>tins aux cou<strong>le</strong>urs du RCD. Le ministère de l’Intérieur achève <strong>le</strong> dernier acte de la mascarade é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> en gonflant encore <strong>le</strong>s scores du parti au pouvoir et de son chef inamovib<strong>le</strong>. 40
L’islam politique: vraie menace ou alibi commode A côtés des huit partis légaux déjà présentés, la Tunisie compte plusieurs partis dit "illégaux", car non autorisés par <strong>le</strong> gouvernement, mais qui disposent d’une certaine audience parmi la population. C’est <strong>le</strong> cas, notamment, du Parti Ouvrier Communiste Tunisien (POCT, extrêmegauche révolutionnaire), actif dans <strong>le</strong>s milieux universitaire et syndical, <strong>le</strong> Congrès Pour la République (CPR, libéral démocrate), fondé par Dr Moncef Marzouki, ancien président de la LTDH, qui vit aujourd’hui en exil en France, Tunisie Verte (TV, écologiste de gauche) et, surtout, <strong>le</strong> parti Ennahdha (Renaissance), héritier du Mouvement de la Tendance Islamiste (MTI). Fondé en 1981, ce parti a adopté son nom actuel en 1989. Dirigé par Rached Ghannouchi, proche des frères musulmans égyptiens, Ennahdha a fait beaucoup de concessions dans l’espoir de se voir accepter par <strong>le</strong>s autres forces politiques, mais ses demandes successives de légalisation ont toutes été refusées, la loi ne reconnaissant pas de partis fondés sur une base religieuse. Les législatives de 1989, qui ont vu la participation de listes indépendantes soutenues par Ennahdha, ont permis au mouvement de remporter près de 15% des suffrages. Cette démonstration de force semb<strong>le</strong> avoir a<strong>le</strong>rté <strong>le</strong> régime sur <strong>le</strong>s capacités de mobilisation de ce mouvement très ancré parmi <strong>le</strong>s classes populaires et moyennes. Le régime n’a pas tardé à sévir. Certains dirigeants du mouvement ont donc dû fuir à l’étranger, comme Ghannouchi, exilé à Londres depuis la fin des années 1980. Ceux d’entre eux qui n’ont pu fuir à temps ont tous été arrêtés et condamnés à de lourdes peines de prison pour complot contre l’Etat. Tous, ou presque, ont été libérés après avoir purgé <strong>le</strong>urs peines, mais ils restent soumis aux procédures de contrô<strong>le</strong> administratif, s’ils ne sont pas assignés à résidence. Mais, malgré la surveillance étroite dont font l’objet ses membres, Ennahdha est loin d’avoir été démantelé. On peut même affirmer qu’il a repris ses activités plus ou moins clandestinement, en se positionnant de nouveau dans <strong>le</strong>s structures estudiantine, syndica<strong>le</strong> et associative, en espérant reprendre bientôt sa place sur l’échiquier politique. La Tunisie est donc aujourd’hui, avec la Syrie et la Libye, l’un des rares pays de la région à renier encore aux islamistes <strong>le</strong> droit de créer un parti et de participer à la vie politique. Cette position intransigeante, adoptée depuis 1991 et jamais abandonnée depuis, n’a pourtant pas mis fin au fondamentalisme religieux. Au contraire, certains analystes pensent même qu’el<strong>le</strong> a dopé <strong>le</strong> mouvement islamiste et renforcé son influence sur une jeunesse aux prises avec une grave crise d’identité. Car, malgré <strong>le</strong>s efforts de l’Etat pour combattre l’islamisme politique, assécher ses sources, réduire la pauvreté qui en fait souvent <strong>le</strong> lit, assurer un contrô<strong>le</strong> strict des 4 000 mosquées que compte <strong>le</strong> pays, encadrer <strong>le</strong>s imams et harmoniser <strong>le</strong>s contenus de <strong>le</strong>urs prêches, intégrer <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s coraniques dans <strong>le</strong> système éducatif national, purger <strong>le</strong>s programmes d’enseignement des scories obscurantistes, encourager l’esprit rationaliste, bref moderniser la pratique de l’Islam, beaucoup de Tunisiens se montrent encore attentifs aux prêches des prédicateurs extrémistes d’Egypte, d’Arabie Saoudite et d’ail<strong>le</strong>urs. De même, beaucoup de Tunisiennes choisissent de porter <strong>le</strong> foulard (hijab), à la manière de <strong>le</strong>urs consœurs du Machreq, alors que <strong>le</strong>s autorités veil<strong>le</strong>nt au grain, appliquant scrupu<strong>le</strong>usement <strong>le</strong> circulaire n° 108 de 1981 interdisant <strong>le</strong> port du foulard dans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s lieux publics. 41
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de grippe porcine. 8'000 haj (pèle
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