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Ben Ali le ripou - Webvirage

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Smaoui, Mohamed Charfi, Daly Jazi, Iyadh Ouedreni ou autres Omar <strong>Ben</strong> Mahmoud,<br />

anciennes figures de l’opposition démocratique devenus ministres sous <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong>. D’autres, tels<br />

Ahmed Mestiri, Mohamed Belhaj Amor ou Abderrahmane Tlili, ont été poussées vers la<br />

sortie. Tous <strong>le</strong>s moyens ont été utilisés: <strong>le</strong> harcè<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s brimades, <strong>le</strong>s campagnes de<br />

diffamation dans <strong>le</strong>s feuil<strong>le</strong>s de choux proches des services, voire même la répression.<br />

Ecœurés et désespérés, ayant pris conscience entre-temps que <strong>le</strong> nouveau régime n’a rien à<br />

envier au précédent en matière d’autoritarisme et de non-respect des droits de l’homme, la<br />

plupart ont préféré prendre une retraite anticipée et abandonner la scène aux empressés, aux<br />

opportunistes, aux médiocres, zélés et servi<strong>le</strong>s, tous tombés de la dernière pluie et qui ne<br />

demandent qu’à servir <strong>le</strong> nouveau maître de Carthage.<br />

Cette politique de nivel<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> bas, mise en œuvre de manière aussi pernicieuse que<br />

méthodique, et qui vise à vider la scène politique de toute alternative crédib<strong>le</strong>, a été menée<br />

éga<strong>le</strong>ment au sein du parti au pouvoir, <strong>le</strong> RCD. L’héritier du parti nationaliste Néo-Destour et<br />

du PSD, ex-parti unique sous <strong>le</strong> règne de Bourguiba, n’a pas résisté longtemps aux assauts<br />

d’autoritarisme de <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong>. Peu à peu, cette formation, qui revendique officiel<strong>le</strong>ment plus de<br />

2 millions d’adhérents encartés, est devenue une coquil<strong>le</strong> vide, une caisse de résonance ou une<br />

institution annexe de la présidence de la République. Les membres de ses instances n’étant<br />

plus directement élus par la base, mais choisis et désignés par <strong>le</strong> président de la république, à<br />

l’instar des membres de toutes <strong>le</strong>s autres instances politiques et organisations nationa<strong>le</strong>s, <strong>le</strong><br />

travail de sape n’a pas tardé à donner ses fruits.<br />

Il suffit d’analyser <strong>le</strong> profil des personnes qui ont assuré successivement la direction du parti<br />

au pouvoir pour se rendre compte de l’appauvrissement du personnel politique national.<br />

Empêchés de se présenter aux é<strong>le</strong>ctions, marginalisés au sein des instances du parti, brimés<br />

même parfois et contraints à céder la place à de nouveaux venus, des arrivistes enrôlés par<br />

l’entourage du président, la plupart des militants historiques du RCD ont fini par jeter<br />

l’éponge. Les plus compétents d’entre eux, qui ne se reconnaissent plus dans <strong>le</strong> nouveau<br />

régime, ont préféré prendre <strong>le</strong>urs distances et vaquer à <strong>le</strong>urs affaires, mais tout en se gardant<br />

de trop marquer <strong>le</strong>ur différence, afin d’éviter d’éventuel<strong>le</strong>s représail<strong>le</strong>s.<br />

Les autres, l’écrasante majorité, tout en ayant fait <strong>le</strong> deuil d’un régime qui ne <strong>le</strong>s considère<br />

plus, maintiennent des liens de plus en plus lâches avec la nomenklatura. Se sachant<br />

aujourd’hui hors course, ils ne manqueront pas, <strong>le</strong> jour J. de se retourner contre un régime qui<br />

<strong>le</strong>s méprise. Cette majorité si<strong>le</strong>ncieuse au sein du RCD partage aujourd’hui <strong>le</strong> sentiment de<br />

l’écrasante majorité des Tunisiens : <strong>le</strong> régime de <strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong> n’est pas réformab<strong>le</strong> et on ne peut<br />

espérer <strong>le</strong> changer de l’intérieur.<br />

Conséquence de ce travail de sape, aussi pervers que méthodique: malgré <strong>le</strong>s scores qui lui<br />

sont attribués à chaque é<strong>le</strong>ction, et qui sont décidés en haut lieu, <strong>le</strong> RCD offre aujourd’hui<br />

l’image d’un parti apparemment dominant, mais qui est en réalité dominé par une poignée<br />

d’obligés du président. C’est un parti aussi tentaculaire que fantôme, et dont l’apparente<br />

puissance – qu’il doit à ses accointances avec l’administration publique – cache une réel<strong>le</strong><br />

impuissance à peser sur <strong>le</strong> destin du pays. Car <strong>le</strong>s <strong>le</strong>viers de la décision n’appartiennent ni à sa<br />

base réduite au si<strong>le</strong>nce ni à sa direction fantoche, mais à un groupe restreint entourant <strong>le</strong><br />

président de la république, qui assure aussi la présidence de toutes ses instances.<br />

Ce parti n’a, par ail<strong>le</strong>urs, aucune mission ou vocation nationa<strong>le</strong> ni aucun projet social. Son<br />

rô<strong>le</strong> se résume dans la surveillance de la population, la délation, <strong>le</strong> renseignement et à battre la<br />

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