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Ben Ali le ripou - Webvirage

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professionnel<strong>le</strong>s ou syndica<strong>le</strong>s. Par ail<strong>le</strong>urs, rien de <strong>le</strong>urs récriminations ne transparaît dans <strong>le</strong>s<br />

médias.<br />

Le comb<strong>le</strong> de l’ironie et du cynisme: non seu<strong>le</strong>ment la presse loca<strong>le</strong> ne pipe mot des affinités<br />

pour <strong>le</strong> moins douteuses entre l’ERTT et Cactus Prod, mais il se trouve des journalistes<br />

obséquieux et vaguement intéressés pour louer la qualité des productions de la boîte de<br />

Belhassen Trabelsi, <strong>le</strong>ur liberté de ton et la révolution qu’el<strong>le</strong>s seraient en train de provoquer<br />

dans <strong>le</strong> paysage audio-visuel tunisien. Sous ce label "liberté de ton", ainsi généreusement<br />

accordé à Cactus Prod, ces scribouillards sans vergogne mettent, surtout, <strong>le</strong>s dérives<br />

libertaires de ses productions qui, sous prétexte de réalisme social et/ou de modernisme, ne se<br />

gênent pas d’évoquer des sujets (mœurs dépravées, adultère, drogue, trafic de toutes sortes..)<br />

pouvant choquer la moralité publique dans un pays qui reste, malgré des apparences de<br />

modernité, assez conservateur.<br />

Tel<strong>le</strong> que présentée dans <strong>le</strong>s séries télévisées estampillées Cactus Prod (Mektoub 1 et 2, en<br />

2008 et 2009 et Casting en 2010), souvent d’ail<strong>le</strong>urs diffusées durant <strong>le</strong> mois de Ramadan, la<br />

société tunisienne offre un visage inquiétant, celui-là même qu’a façonné <strong>le</strong> long règne de <strong>Ben</strong><br />

<strong>Ali</strong>: enrichissement illicite, course à l’argent faci<strong>le</strong>, trafics de tous genres, corruption à tout<br />

va… Les riches, de plus en plus riches, sont souvent décrits sous <strong>le</strong>s traits d’arrivistes<br />

dépravés et sans scrupu<strong>le</strong>s. Les petites gens issues des classes moyennes, exploitées et<br />

humiliées, se laissent presque toujours corrompre. Les couches pauvres, quant à el<strong>le</strong>s, ne<br />

semb<strong>le</strong>nt secréter que des bandits et des prostituées.<br />

Aucun chercheur universitaire, aucun critique de télévision, aucun chroniqueur digne de ce<br />

nom n’a cru devoir analyser ces séries télévisées qui bénéficient d’une large audience auprès<br />

de toutes <strong>le</strong>s générations et toutes <strong>le</strong>s couches socia<strong>le</strong>s. Personne n’a cru devoir faire oeuvre<br />

de salubrité publique en portant un regard critique sur <strong>le</strong>s partis pris idéologiques de ces<br />

feuil<strong>le</strong>tons et sur <strong>le</strong>s messages qu’ils distil<strong>le</strong>nt dans la conscience et, surtout, dans<br />

l’inconscient des téléspectateurs. Car tout <strong>le</strong> monde – journalistes, professionnels de l’audiovisuel,<br />

intel<strong>le</strong>ctuels et hommes politiques – craint de payer <strong>le</strong>s frais d’une intervention qui<br />

déplairait à Belhassen Trabelsi ou à son omnipotente sœur qui a, dit-on, une grande influence<br />

sur son époux de président.<br />

Le problème aujourd’hui c’est que tout ce qui a rapport, de loin ou de près, avec <strong>le</strong> président<br />

<strong>Ben</strong> <strong>Ali</strong>, suscite la crainte. Personne ne veut être celui qui voit la poutre dans l’œil du<br />

dictateur. Par conséquent, ce blanc seing délivré à tous ses proches pour faire tout ce qui <strong>le</strong>ur<br />

plaît, à peu près tout et n’importe quoi, sans contrô<strong>le</strong> aucun, et, surtout, dans l’impunité la<br />

plus tota<strong>le</strong>.<br />

L’autre pô<strong>le</strong> médiatique repris en main par <strong>le</strong> régime, <strong>le</strong>s journaux du groupe Assabah, passé<br />

en 2008 sous <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de Mohamed Sakher El Materi, dans <strong>le</strong>s circonstances déjà évoquées.<br />

Ce dernier, qui possède l’une des plus grosses fortunes du pays, n’a que 29 ans. Il dirige un<br />

groupe tentaculaire actif dans de nombreux secteurs (automobi<strong>le</strong>, finance islamique,<br />

agriculture, immobilier, navigation de plaisance…), y compris donc la communication et<br />

l’information. Car avant de prendre <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> d’Assabah, M. El Materi possédait déjà la<br />

première radio islamique du pays, Zitouna FM. Il s’est aussi fait délivrer une autorisation pour<br />

<strong>le</strong> lancement d’une chaîne télévisée du même nom, officiel<strong>le</strong>ment pour contrecarrer<br />

l’influence grandissante des chaînes religieuses du Moyen-Orient, diffusant un islam<br />

fondamentaliste incompatib<strong>le</strong> avec la culture tunisienne. Au moment où ces lignes sont<br />

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