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Jean-François Arbona, responsable de C-Weed<br />
aquaculture, relève une filière de wakamé<br />
dans sa concession de Saint-Suliac, en Rance.<br />
aussi le wakamé. Homme d'expérience, son créateur<br />
Patrick Podeur s'approvisionne en plantules chez<br />
C-Weed et les transfère sur sa concession de Roscoff.<br />
« J'en produis une dizaine de tonnes par an et pourrais<br />
doubler, mais mes clients veulent du wakamé<br />
Ultra<br />
ou<br />
bio. Donc inutile de produire plus, le classement<br />
des eaux côtières en zones éligibles bio<br />
pose encore trop de difficultés. » Comme la<br />
plupart des producteurs d'algues bretons,<br />
Biocéan collecte sur l'estran toutes les variétés alimentaires.<br />
Son unité de transformation fournit des algues<br />
fraîches, surgelées et déshydratées.<br />
Les produits secs entiers ou en paillettes dominent l'activité<br />
de Biocéan, qui pratique le séchage <strong>à</strong> l'air libre en<br />
tunnel ou <strong>à</strong> basse température. « Si le séchage est trop<br />
fort, la dulse brunit et son goût change », souligne Patrick<br />
Podeur. Avis partagé par Magali Molla, qui estime qu'« un<br />
wskamé séché <strong>à</strong> 70 °Cperd ses qualités gustatives et nutritionnelles.<br />
Il sera aussi plus difficile <strong>à</strong> réhydrater». Une des<br />
principales limites du séchage naturel est le risque bactériologique,<br />
surtout par temps humide. D'où le recours, si<br />
nécessaire, <strong>à</strong> des séchoirs, type séchoirs <strong>à</strong> tabac, qui fonctionnent<br />
autour de 30-40 °C.<br />
Autre société pionnière dans les algues, Aqua-B joue <strong>à</strong><br />
fond la carte du bio <strong>à</strong> partir de sa propre cueillette entre<br />
Loctudy et Penmarc'h et auprès de producteurs certifiés :<br />
wakamé de C-Weed et agar agar de l'entreprise basque<br />
Sobigel. « Pour certaines espèces, l'acheteur doit accepter<br />
les aléas de la pèche. Cette année, le retard de pousse sur<br />
la dulse a décalé les premières récoltes <strong>à</strong> juin », remarque<br />
Marie-Dominique Plan, responsable d'Aqua-B. Sous la<br />
marque Marinoë, l'entreprise propose une gamme com-<br />
plète d'algues salées, séchées ou transformées en condiments,<br />
tartares, salades..-, le tout dans son unité de<br />
Lesconil. « Le cahier des charges biologique valide nos pratiques,<br />
de la récolte au séchage en passant par le salage. Le<br />
bio garantit aussi une tracabilité. »<br />
Bien que l'offre se soit beaucoup diversifiée avec les tartinables,<br />
les marinades et maintenant les salades, l'algue<br />
alimentaire est surtout disponible salée ou déshydratée.<br />
Quel que soit le process, les opérations préliminaires de tri<br />
et de lavage sont essentielles, surtout avec les produits de<br />
récolte. À la différence des algues de culture, les algues<br />
sauvages peuvent contenir du sable ou des petits cailloux,<br />
voire des algues parasites (épiphytes). Le lavage s'effectue<br />
le plus souvent avec de l'eau de mer, doublé d'un bullage.<br />
Pour des raisons de conservation, l'offre d'algue ultrafraîche<br />
reste marginale. « On en fait peu et, encore, en<br />
petit conditionnement car il ne faut pas la tasser », note<br />
Patrick Podeur, qui regrette par ailleurs la confusion entre<br />
l'ultra-frais et l'algue salée en barquette. « La différence<br />
se justifie pour le wakamé ultra-frais, qui a du craquant en<br />
bouche. Pour les autres espèces, c'est moins vrai. Le chef<br />
Alain Ducasse, par exemple, n'achetait au début que de<br />
l'ultra-frais avant de se reporter sur le salé. En revanche,<br />
l'algue salée est peu adaptée aux industries alimentaires.<br />
L'heure est <strong>à</strong> la réduction des taux de sel et <strong>à</strong> la maîtrise des<br />
rejets, notamment l'eau de dessalage. L'alternative serait<br />
plutôt l'algue surgelée », croit Henri Courtois, responsable<br />
d'Algue service.<br />
Écloseur, algoculteur et transformateur <strong>à</strong> Lézardrieux,<br />
Aleor planche sur toutes les formes de valorisation. Son<br />
président, Olivier Bourtourault, différencie bien<br />
le frais du produit salé. « Nous avons fait des<br />
tests pour proposer l'algue fraîche en conditionnement<br />
sous atmosphère avec une DLC<br />
de 15 jours. Ça marche <strong>à</strong> condition d'effectuer<br />
un lavage très soigneux avec de l'eau purifiée de façon <strong>à</strong><br />
réduire la charge bactériologique. »<br />
L'an prochain, l'association les Légumiers de la mer,<br />
qui comprend une quinzaine de conchyliculteurs-algoculteurs,<br />
devrait fournir une vingtaine de tonnes de kombu<br />
royal dont une partie certifiée en mode biologique. «Ce<br />
-fraîche<br />
salée<br />
sera la première année de production, les volumes augmenteront<br />
ensuite », espère Olivier Bourtourault, également<br />
président de l'association. « À partir de cette récolte<br />
2012, nous pourrons proposer des algues assaisonnées. »<br />
À découvrir, donc, la julienne de kombu ou de haricot de<br />
mer en salade salée-sucrée. •<br />
ACHETER<br />
BIO, LA FRANCE PEINE<br />
Seuls deux récoltants et deu;<br />
algoculteurs bretons sont<br />
certifiés bio, ainsi qu'une<br />
petite zone de récolte en<br />
Aquitaine. Les points de<br />
blocage tiennent au classement<br />
des eaux côtières<br />
conformément <strong>à</strong> la directive<br />
européenne 2000/60 dite<br />
directive cadre sur l'eau<br />
(DCE) et conformément au '<br />
zonage conchylicole. La<br />
délimitation actuelle selon<br />
le classement DCE écarte<br />
la quasi-totalité du littoral<br />
breton. En dehors des zones<br />
conchylicoles classées en A<br />
ou B, il est très difficile <strong>à</strong> un<br />
producteur de financer les<br />
analyses (bactériologiques<br />
et métaux lourds) requises<br />
pour faire reconnaître la<br />
qualité écologique des eaux<br />
côtières. Seule avancée<br />
obtenue auprès de l'Inag,<br />
chargé de l'application de la<br />
directive, proposer un classement<br />
hors zones conchylicoles<br />
a<strong>bord</strong>ables pour ouvrir<br />
l'accès <strong>à</strong> d'autres entreprises.<br />
Le parc marin d'Iroise serait<br />
ainsi éligible d'ici <strong>à</strong> l'été<br />
2012. En attendant, les<br />
algues bio viennent aussi<br />
de Galice ou d'Argentine...<br />
Certifier une algue bio est plus<br />
compliqué pour la cueillette<br />
que pour la culture.<br />
PRODUITS DE LA MER N"13D DÉCEMBRE-JANVIER 2012 I 7