Musée des
Arts décoratifs
de Bordeaux
9 décembre 2011
5 mars 2012
Napoléon III et Eugénie
reçoivent à Fontainebleau
L’art de vivre sous le Second Empire
En partenariat avec le château de Fontainebleau
Napoléon III et Eugénie
reçoivent à Fontainebleau
L’art de vivre sous le Second Empire
Pour la première fois, le château de Fontainebleau consent un prêt exceptionnel de
cent-soixante-dix œuvres d’art, meubles et objets, au musée des Arts décoratifs de
Bordeaux, permettant d’évoquer le cadre de vie du couple impérial, les espaces de
réception de cette résidence et, grâce à eux, les spécificités de ce style éclectique
de la fin du XIX e siècle, encore mal apprécié aujourd’hui.
La plupart de ces œuvres, inconnues du public, restaurées à cette occasion, sera
présentée à Fontainebleau à la suite de l’exposition de Bordeaux.
On peut dire que, symboliquement, le Second Empire est né à Bordeaux. Il y a un siècle
et demi, exactement le 9 octobre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte, prince-président,
en tournée de propagande pour sa réélection, prononce, devant le Grand-Théâtre de
Bordeaux, son fameux discours dans lequel il propose le rétablissement de l’Empire
et la paix, discours entendu par les Français qui, le 2 décembre de cette même année,
le choisissent comme Empereur sous le nom de Napoléon III. Ce même 9 octobre,
le futur Empereur décore de la Légion d’Honneur Jules Vieillard, le talentueux et actif
directeur de la manufacture bordelaise de céramique, sise à Bacalan, dont il admire
l’esprit d’entreprise. La belle collection des “Vieillard”, conservée par le musée des Arts
décoratifs, illustre l’importance de ces objets primés dans les Expositions universelles.
Le style du Second Empire à Bordeaux et dans sa région est encore visible dans de
nombreux décors intérieurs qui témoignent de son désir de confort, des techniques
industrielles chères à l’Empereur, sans oublier les pastiches du passé qui rassurent et
rapprochent cette nouvelle société, issue de la grande bourgeoisie, de l’aristocratie.
Dans le catalogue de l’exposition, plusieurs essais rappellent cette présence.
Parmi les châteaux destinés aux souverains français depuis François Ier, Fontainebleau
est un des plus importants pour recevoir les invités ; Napoléon III et Eugénie y
séjournent et invitent la cour et les grands de ce monde pendant les mois de mai et
juin. L’exposition a souhaité mettre en valeur les appartements privés et les lieux de
réception, hérités de leurs prédécesseurs, réaménagés au goût du jour ; des meubles
et des objets d’art restaurés et déplacés pour la première fois évoquent le fumoir, le
musée chinois, le théâtre et le fameux boudoir de Marie-Antoinette dont les éléments
de décor avaient été commandés par l’épouse de Louis XVI, reine pour laquelle Eugénie
avait une grande admiration. Les deux grands portraits traditionnels du couple, d’après
Franz-Xaver Winterhalter, accompagnés de la statue du prince impérial avec son chien
Néro de Jean-Baptiste Carpeaux (prêt du musée national du château de Compiègne),
accueillent les visiteurs.
Au second niveau, un des deux-cent-cinquante appartements du château de
Fontainebleau mis à la disposition des invités, comprenant une antichambre, une
chambre et un cabinet de toilette, est reconstitué à l’identique, avec les meubles et les
objets mais aussi les tissus issus du garde-meuble impérial de Fontainebleau. La fin du
Second Empire en 1870, sans l’installation d’une autre dynastie, a laissé d’importantes
commandes non utilisées, témoignage de la volonté du couple de faire travailler les
nouvelles industries. Cette reconstitution ne serait pas complète sans un exemple
magnifique de la mode féminine, une robe à crinoline, dont Eugénie est une des
protagonistes. Grâce au prêt du musée Galliéra de Paris, elle sera présentée en face de
l’appartement des invités.
Enfin, dans la cour du musée, des grandes photographies, accrochées sur les murs,
restituent les décors du ravissant théâtre de Fontainebleau, commandé par Napoléon
III en 1854 à son architecte Hector Lefuel.
Les arts décoratifs du Second Empire n’ont pas toujours été à l’honneur ; en 1979, les
musées de Philadelphie, de Detroit et la Réunion des Musées nationaux ont organisé
à Paris au Grand Palais une des premières grandes manifestations sur cette période
négligée jusqu’alors ; à la suite, les musées du Louvre et d’Orsay, les châteaux de
Compiègne et de Fontainebleau, pour ne citer que les plus importants, ont présenté
dans leurs collections des ensembles d’objets et de meubles de grande qualité exécutés
par ces artistes perfectionnistes de la fin du XIX e siècle ; aujourd’hui, le musée des Arts
décoratifs de Bordeaux apporte sa contribution à cette réhabilitation grâce à la grande
générosité du château de Fontainebleau et à un partenariat exemplaire.
The Second French Empire started symbolically in Bordeaux : in fact Louis-Napoléon
Bonaparte visiting the city the 9 th of October 1852 during his French tour for his re-election
as president, made his famous speech where he mentioned “The Empire is peace” in front
of the Grand Théâtre of Bordeaux. Few weeks later, the 2 nd of December he ascended the
throne as Emperor Napoléon III. In Bordeaux, he also awarded the Légion d’honneur to the
talented director of the Bordelaise creamware manufacture, Jules Vieillard. The Museum of
Decorative Arts of Bordeaux holds a large collection of Vieillard pieces, some were presented
during the international exhibitions. The Second French Empire style still visible in the area
mixed comfort, manufactured goods and past styles inspiration.
Fontainebleau was one of the most important castle for imperial receptions. The Emperor
and Empress received during May and June and the exhibition will show on the first level
the taste and accommodations they made by presenting furniture, objects and decoration
coming from the Chinese museum, the smoking room, the theatre or the famous Marie-
Antoinette boudoir of Fontainebleau. The second level will introduce to one of the hundred or
so guest apartments lavishly decorated for the court visitors and furnished with all bourgeois
comfort, especially ordered to use new industries innovations to new industries.
COMMISSARIAT
Bernadette de Boysson, conservateur en chef,
directeur du musée des Arts décoratifs de Bordeaux
Catherine Le Taillandier de Gabory,
conservateur honoraire au musée des Arts décoratifs de Bordeaux
Xavier Salmon, directeur du patrimoine et des collections
du château de Fontainebleau
Vincent Cochet, conservateur du patrimoine au château de Fontainebleau
CATALOGUE
Napoléon III et Eugénie reçoivent à Fontainebleau
L’art de vivre sous le Second Empire
132 pages, 150 illustrations
Editions Faton, prix 19 €
Textes
Vincent Cochet Organiser un séjour impérial
Nicolas Personne Être reçue à la cour. Activités et
divertissements à Fontainebleau
Xavier Salmon Eugénie, une nouvelle Marie-Antoinette
Vincent Droguet Sociabilité et musée chinois à
Fontainebleau
Catherine Le Taillandier de Gabory Bordeaux et Napoléon III
Bernadette de Boysson Sous le Second Empire,
le “goût Rothschild” dans le bordelais.
De Ferrières à Château-Lafite
Dominique Dussol Napoléon III et Eugénie dans le Sud-Ouest
Jacques Sargos Napoléon III, “le régénérateur des Landes”
Extraits du catalogue
Préfaces
Alain Juppé – Jean-François Hébert
(extraits)
Le Second Empire, dont la chute en 1870 fut vécue en France comme un traumatisme
après la perte de l’Alsace et de la Lorraine, a pendant longtemps été considéré comme
une parenthèse artistique sans intérêt dans le XIXème siècle. Depuis une vingtaine
d’années, une lente reconnaissance a mis en valeur le style de cette période. L’essor
industriel et les inventions techniques créées pour une société possédante d’origine
bourgeoise, la présentation de ces innovations dans les Expositions universelles, le côté
singulier d’un art éclectique et historiciste, nous passionnent aujourd’hui.
Le Château de Fontainebleau fut un des lieux de résidence choisi par Napoléon III et
Eugénie pour recevoir le temps d’une saison, au début de l’été, des centaines d’invités,
logés dans des appartements aménagés rapidement grâce aux progrès des récents
métiers de reproduction. De nouveaux espaces de réception correspondant aux besoins
de cette nouvelle société : fumoir, musée chinois, théâtre… furent peu à peu créés et
décorés selon le goût d’Eugénie qui leur imprima sa marque. Au sein de ces lieux se
développent des activités, une sociabilité, un mode de vie, qui firent de ces séjours des
moments d’exception.
(…)
Xavier Salmon – Bernadette de Boysson
De tous temps, Fontainebleau fut un lieu de résidence et de réception pour les rois et les
empereurs. Napoléon III et Eugénie ne dérogèrent pas à la règle et prolongèrent cette
tradition en faisant de l’antique résidence un lieu de villégiature pendant la belle saison.
L’impératrice aimait tout particulièrement cette maison chargée d’histoire. Elle appréciait
sa localisation au sein d’une forêt accidentée propice aux excursions les plus variées. Elle
s’attacha à en redécorer les appartements et à créer de nouveaux ensembles.
De 1852 à 1868, entre mai et juillet, le château accueillit par séries d’une semaine entre
40 et 50 personnes. Conviés à partager la vie quotidienne du couple impérial, ces invités
participaient aux divertissements, aux repas et aux fêtes, et ils profitaient d’une étiquette
assouplie.
Chacun recevait alors un appartement meublé et bénéficiait d’une logistique qui
permettait de prendre totalement possession des lieux et de pleinement partager avec
les hôtes de précieux moments de détente et de convivialité.
Lorsqu’en 1870, le Second Empire s’écroula avec la défaite de Sedan, le château ferma
ses portes avec tout ce qu’il contenait. Avec le retour des premiers présidents de la
Troisième République, ce patrimoine demeura en place. Il contribue aujourd’hui à faire
de Fontainebleau l’un des lieux les plus « habités » de France.
(…)
La vie de château. Être invité à Fontainebleau sous le Second Empire
Nicolas Personne
(extraits)
« Par ordre de Sa Majesté l’Empereur, le grand Chambellan à l’honneur de prévenir M. et
Mme. X qu’ils sont invités à passer six jours au palais de Fontainebleau, du … au … .
Réponse s’il vous plaît. Signé : duc de Bassano ». C’est par ces mots, inscrits sur un élégant
bristol glissé dans une enveloppe frappée de l’aigle impériale et de l’inscription « service
du Grand Chambellan », que quelques rares privilégiés seront officiellement conviés par
le couple impérial dans leur résidence bellifontaine. Si Napoléon III et Eugénie ont en
effet la réputation d’ouvrir généreusement les portes de certaines de leurs demeures,
l’invitation à Fontainebleau présente une marque de sollicitude toute particulière,
réservée à quelques familiers et autres personnalités choisies. Nous sommes ici bien
loin des centaines d’invités se pressant semaine après semaine à l’occasion des fameuses
« séries » automnales du château de Compiègne, passées à la postérité comme l’un
des exemples de ce que l’on a surnommé, sans doute un peu trop légèrement, la « fête
impériale ». Ainsi sans avoir la fortune critique, favorable ou non, de leurs homologues
compiégnois, les séjours de Fontainebleau n’en demeurent pas moins une étape essentielle
dans l’almanach de la Cour du Second Empire. Hormis quelques évènements à caractère
tout à fait exceptionnel, à l’image de l’extraordinaire ambassade siamoise de juin 1861, la
fastueuse « demeure des siècles » chère à des générations de souverains, présente sous
Napoléon III un caractère particulièrement intime plus proche du château familial que
de celui de palais d’Etat. Encore de nos jours les quelques vingts années passées en ces
murs par l’empereur et son entourage ont laissé un héritage durable, témoignage certain
d’une affection jamais démentie.
Arrivés en gare de Fontainebleau, les membres de ce petit groupe sont conduits
jusqu’au palais, juste le temps de traverser la ville encore pavoisée de l’arrivée de leurs
Majestés. Napoléon III et Eugénie ont en effet devancé leurs invités de quelques jours,
accompagnés seulement d’un service d’honneur, qui comprend tout de même près de
quarante personnes. L’occasion de passer un peu de temps dans un cadre plus familial et
de peaufiner les derniers préparatifs, sous la houlette vigilante de l’impératrice, hôtesse
exigeante et raffinée. Mais bientôt se présentent la cour du Cheval blanc et son célèbre
escalier, marquant l’entrée d’honneur du château, au bas duquel s’arrêtent les voitures.
Sur le vaste perron, les fonctionnaires du palais souhaitent la bienvenue aux nouveaux
arrivants. Leurs bagages sont déchargés dans la cour, souvent dans le désordre le plus
total, les domestiques des uns et des autres s’invectivant généreusement, désespérés de
localiser malles et cartons qui rejoindront plus tard leurs propriétaires. Insensibles à ce
brouhaha, ces derniers sont rapidement guidés dans les premières pièces du château,
souvent impressionnés par la majesté toute historique qui se dégage des lieux. On
traverse ainsi le vestibule du Fer à cheval puis la galerie François 1er pour enfin arriver
dans les salles Saint-Louis. C’est ici, dans le cœur médiéval de la demeure, que chacun va
recevoir l’affectation de son appartement.
(…)
Les innombrables escaliers et corridors s’avérant souvent tortueux, un valet de pied
précède chaque invité et le guide vers ce qui deviendra un luxueux refuge pendant une
semaine. Le plus souvent les logements sont situés cour des Princes ou encore dans l’aile
Louis XV, parties du château accueillant traditionnellement les visiteurs depuis l’Ancien
Régime. Sur la porte de l’appartement désigné, un petit carton disposé dans un cadre
en fer indique le nom du futur occupant, griffonné de la main même de l’impératrice.
La souveraine se réserve en effet la difficile tache d’attribuer les chambres, espérant
contenter chacun, ce qui est le plus souvent le cas. Il existe en effet de multiples et beaux
appartements à Fontainebleau permettant d’assurer à tous des perspectives de confort.
De manière générale ces derniers sont composés d’un salon, d’une chambre, d’un cabinet
de toilette et d’une garde-robe. Le tout est meublé sans ostentation particulière mais
avec goût et dans un réel souci de bien-être, les années 1860 favorisant ainsi la mode du
pimpant décor à l’anglaise avec papier peint, rideaux, courtepointe et sièges confortables
assortis disposés sur d’épaisses moquettes. Les souverains ou princes étrangers en
visite, les invités de marque ainsi que les membres de la famille impériale bénéficient
naturellement d’aménagements plus somptueux avec des enfilades de dizaines de pièces
richement meublées.
(…)
Les coulisses de Fontainebleau
Le service du palais et l’organisation des séjours
Vincent Cochet
(extraits)
A chaque renversement de régime, les monuments du pouvoir sont l’objet de réflexions
visant à leur trouver une affectation nouvelle. En 1848, le palais de Fontainebleau et
ses dépendances sont déclarés propriété nationale et placés sous la surveillance d’un
gouverneur provisoire, Auguste Luchet, remplacé en 1849 par un régisseur, M. Pécheux-
Herbenville qui envisage la dévolution du château des rois aux artistes et aux soldats.
Le coup d’Etat du 2 décembre 1851 et le rétablissement de l’Empire l’année suivante
balaient les projets démocratiques. Le nouveau souverain bénéficie de la jouissance des
anciennes résidences royales, rendues à leur destination d’habitation. Par le sénatusconsulte
du 12 décembre 1852, Napoléon III recrée la liste civile sur le modèle de celle de
Louis XVI. La dotation immobilière de la Couronne intègre « les palais, châteaux, maisons,
domaines et manufactures » autrefois royaux, c’est-à-dire les Tuileries, Compiègne, l’Elysée
ou encore Saint-Cloud et le château de Fontainebleau. Aux biens fonciers s’ajoutent « les
diamants, perles, pierreries, statues, tableaux, pierres gravées, musées, bibliothèques et
autres monuments des arts, ainsi que les meubles meublants contenus dans l’hôtel du
Garde-meuble et les divers palais et établissements impériaux. » Les revenus de la liste
civile permettent l’entretien et les réparations de toute nature des meubles et immeubles
de la Couronne.
L’empereur se déplace de résidence en résidence, suivi par sa Maison et le gouvernement.
Toutefois, une nouvelle forme de séjour apparaît : la villégiature. Sans pour autant
interrompre l’exercice du pouvoir et l’administration des affaires, l’empereur s’installe
pour son loisir à Fontainebleau ou à Compiègne et s’entoure d’invités – les « séries »
- dont la liste est renouvelée chaque semaine. A la manière du Marly de Louis XIV,
Napoléon III renoue avec le Fontainebleau du XVIIIe siècle, château où la cour de Louis
XV et de Louis XVI se rassemblait pour les chasses et les divertissements et où l’étiquette
était assouplie.
Le vaste palais des Valois et des Bourbons, intégralement dépouillé de son mobilier
durant la Révolution, avait été remeublé rapidement et abondamment par Napoléon
Ier. Les enrichissements de la Restauration et surtout de la Monarchie de Juillet ont
permis à Napoléon III de s’installer dans une demeure dont le décor est le fruit des
rénovations menées par Louis-Philippe et dont le mobilier est en majeure partie celui du
Premier Empire. Le souverain s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur et y engage
d’importantes campagnes de restauration et d’embellissement. Ses contemporains
soulignent que « l’idée de thésauriser ne lui vint jamais à l’esprit. Il donnait à ses amis, à ses
ennemis, aux indifférents, à tout le monde. Il se regardait comme l’usufruitier des palais
impériaux et comme tenu à en faire profiter la France plus que lui-même. Il y séjournait,
semblable à un voyageur qui, installé dans un hôtel garni sans savoir pour combien de
temps, y fait le plus de dépense possible. »
Les frais occasionnés par les voyages et les invitations de l’empereur sont imputés
sur les 25 millions de francs annuels de revenus de la liste, gérés par le ministre de la
Maison de l’Empereur, Achille Fould, nommé aussi ministre d’Etat, avant d’être remplacé
en novembre 1860 par le maréchal Vaillant. Ces derniers dirigent plusieurs milliers de
personnes chargées de l’administration des biens et de l’organisation de la vie quotidienne
de Napoléon III.
Dans l’ombre des ministères et du palais s’affairent le personnel et les fournisseurs. La vie
bellifontaine illustre un des aspects de cette organisation centralisée, à l’origine des fastes
et des fêtes de l’Empire.
(…)
La préparation des logements destinés à l’empereur, à l’impératrice, au prince impérial
dès 1856, aux princes, et aux divers invités, est l’une des missions de la régie qui mobilise
l’ensemble du personnel et nécessite le recours à de multiples intervenants.
En 1837, l’édition du Domaine de la Couronne concernant Fontainebleau fait état d’un
bilan que les dix années suivantes du règne de Louis-Philippe ont encore enrichi : « après
l’achèvement des améliorations et des embellissements que vient de recevoir le palais de
Fontainebleau, il a fallu pour rendre cette vaste résidence royale digne de sa destination, y
ajouter un mobilier analogue au goût et au caractère particulier des pièces qui composent
les grands appartements d’apparat, ceux de réception et ceux d’habitation. Tout a été
remeublé presque entièrement à neuf, et l’on peut aujourd’hui, après les différents
voyages qui ont eu lieu, reconnaître que l’ancienne demeure de Fontainebleau, l’antique
résidence de nos rois, rendue commode, digne et même agréable, est en état de recevoir
convenablement 160 maîtres, 430 personnes de suite, 550 chevaux, 80 voitures. »
L’organisation des séries sous le Second Empire, c’est-à-dire la réception d’un groupe
de 40 à 60 invités renouvelé chaque semaine pendant la villégiature impériale, impose
une gestion très précise des logements disponibles et l’aménagement de nouveaux
appartements. Leur nombre ne cesse d’augmenter : à ceux rénovés de la cour des
Princes s’additionnent les appartements créés dans le pavillon des Aumôniers, au-dessus
du vestibule du Fer à cheval, ou encore dans le « corridor » François Ier. Le pavillon de
Sully, sur le grand parterre, est aménagé pour accueillir le prince et la princesse Murat. Ce
sont au total 1200 lits disponibles en 1870.
Le recensement des logements réalisé en 1853 distingue quatre classes. La première
correspond aux plus beaux appartements, destinés à l’empereur lui-même, l’impératrice
et les personnes de la famille impériale, notamment la grande-duchesse de Bade qui
bénéficie de l’appartement double du Pape dans son intégralité. La deuxième, réservée
aux ambassadeurs, ministres et hauts fonctionnaires, rassemble les appartements
disposant d’une antichambre, d’un salon, d’une chambre et d’un cabinet. La troisième,
pour les « invités mariés, les dames et les invités de distinction non mariés », comprend
les logements constitués d’un salon et d’une chambre avec ou sans cabinet. La dernière
regroupe les chambres, avec ou sans cabinet, attribuées aux invités non mariés et aux
officiers de la Maison.
(…)
Eugénie, Marie-Antoinette et Fontainebleau
Xavier Salmon
(extraits)
Fille de Don Cipriano de Teba qui servit dans les armées napoléoniennes, et de Dona
Manuela, comtesse de Montijo, elle naquit à Grenade au pied de l’Alhambra le 5 mai
1826. Le jour où elle devint impératrice des Français, on la considéra donc comme
une étrangère. Début 1853, lorsque tout Paris apprenait que Napoléon III l’avait choisie
comme épouse, l’ambassadeur autrichien, le comte Hübner écrivait à son propos :
« Des personnes sérieuses et impartiales, (…) la jugeaient pleine de vivacité , coquette,
curieuse, et bien assurée de plaire aux hommes dès qu’elle le voulait (…) Elle aime la
nouveauté jusqu’à la folie, tout ce qui est merveilleux, exceptionnel, inattendu (…) Elle est
capricieuse, excentrique, sans suite dans les idées mais d’une force de volonté, d’une audace
peu communes (…) Elle est tout à fait créée pour plaire à un futur époux, le rendre fou
et parfaitement capable d’avoir sur lui, dans le bien comme dans le mal, selon son caprice
momentané , une grande influence. » On la trouvait fière, avec trop de caractère. Jeune,
elle aimait passer des heures à cheval, nager à Biarritz, participer à quelques parties de
pêche. On l’avait également priée de monter sur scène pour divertir l’assemblée. Très
vite, elle avait aussi manifesté une certaine indépendance, goûtant peu à Paris le cercle
des dames de l’Ancien Régime cultivé par sa mère. Lucide, elle concédait peu après son
mariage : « Je vois tout ce à quoi j’ai renoncé pour toujours (…) En échange de cela, j’ai gagné
une couronne, mais qu’est-ce que cela signifie, sinon que je suis la première esclave de mon
royaume, isolée au milieu des gens, sans une amie et il va sans dire sans un ami, jamais seule
un instant ; vie insupportable. »
Ces traits de caractère, ces attitudes, ces jugements, cette destinée, Eugénie les partageait
avec Marie-Antoinette. Expliquaient-ils l’intérêt manifesté par l’impératrice pour la reine ?
Peut-être. Témoignaient-ils d’une volonté d’identification ? Sans doute pas, même si l’on
a parfois évoqué un mimétisme poussé jusqu’au syncrétisme. Relevaient-ils du désir de
rendre hommage à celle qui l’avait précédée sur le trône en des lieux qu’elle occupait à
son tour ? Plus certainement.
Les premières preuves documentées de l’intérêt porté par Eugénie à Marie-Antoinette
ne semblent pas antérieures à 1852. Cette année-là, Mademoiselle de Montijo était
invitée en novembre aux chasses de Fontainebleau. Après avoir chevauché avec hardiesse,
elle manifestait le souhait de visiter les appartements autrefois occupés par la reine. Il
ne s’agissait pas là d’une curiosité passagère. Dès le lendemain de son mariage, le 31
janvier 1853, la toute nouvelle impératrice demandait à découvrir Trianon et ainsi que
le précisait Madame Carette, sa modiste, se faisait expliquer sur place toute la vie de la
reine à l’époque où elle était encore une heureuse jeune femme. Le 10 février suivant,
tel que le relatait Horace de Viel-Castel, lors de l’inauguration du musée des Souverains
au Louvre, elle obtenait qu’on lui fit la lecture de la lettre testament de Marie-Antoinette
à Madame Élisabeth, sa belle-sœur. Les larmes dans les yeux, elle avait écouté en silence
les dernières paroles d’une reine prête à monter sur l’échafaud. Comme pénétrée de ce
destin tragique, l’exemple de la martyre l’avait ensuite accompagnée au fil des années, de
manière heureuse, et parfois malheureuse.
Heureuse lorsqu’elle prenait Marie-Antoinette en exemple afin de favoriser les arts de
son temps, ou lorsqu’elle s’attachait à réunir des objets et des œuvres qui lui avaient
appartenu. Au château de Saint-Cloud, Eugénie faisait ainsi disposer dans son cabinet
de travail les dix sièges du meuble du cabinet intérieur de la reine commandés pour
ce même palais, ainsi qu’un bureau de marqueterie à cylindre censé lui avoir appartenu.
Dans la chambre avaient pris place deux splendides commodes au chiffre de Marie-
Antoinette. Dans le grand salon de réception trônait le portrait en tapisserie de la reine
et ses enfants tissé aux Gobelins d’après l’œuvre de Madame Vigée Le Brun, ainsi qu’une
glace sans tain dont la souveraine aurait fait la surprise à Louis XVI. En 1855, pour le
cabinet de toilette de l’impératrice, Wassmus, Grohé et Fourdinois étaient invités à
livrer un ameublement dont les lignes et les ornements devaient s’inspirer des créations
destinées à Marie-Antoinette et remettaient au goût du jour un style Louis XVI féminisé.
A Villeneuve-l’Étang on édifiait une laiterie dont le modèle dérivait de celle de Trianon.
Moins heureuse fut en revanche la décision de paraître à certains bals costumés de la
cour vêtue à la manière de Marie-Antoinette. Ainsi que le relatait la Gazette des étrangers
du 9 février 1866, Eugénie avait ainsi porté deux jours auparavant, lors du bal masqué
des Tuileries, la haute coiffure poudrée de la défunte reine et surtout la robe en velours
ponceau et satin blanc garnie de fourrure et brodé d’or reproduisant avec une absolue
fidélité le célèbre portrait de Madame Vigée Le Brun. A cette occasion, l’ami de toujours,
Prosper Mérimée, jugeait le choix inapproprié. A la mère d’Eugénie, il écrivait : « D’abord
le souvenir est peu gai pour être représenté dans une fête. En second lieu, il n’y a rien de
commun, Dieu merci, entre Marie-Antoinette et S. M.. L’Impératrice a de l’esprit, du bon sens
et de la fermeté, trois qualités qui ont fait défaut à la pauvre reine. »
Pourtant l’épouse de Napoléon III n’entendait pas s’arrêter là. En ultime hommage,
elle prenait la décision d’organiser, à l’occasion de l’Exposition universelle de 1867, une
rétrospective réunissant au Petit Trianon les souvenirs de la reine, et à la Malmaison
ceux de Napoléon et Joséphine. Chargé du projet, le comte Lepic, surintendant des
palais impériaux, devait former une commission spéciale afin de réunir les œuvres. Aux
membres pressentis, il indiquait : « S. M. l‘Impératrice (…) a décidé qu’il serait fait à Trianon
et à La Malmaison, par les soins et aux frais de la surintendance des palais impériaux, une
exposition rétrospective réunissant dans le cadre et sous le jour qui lui convient le mieux, tous
les objets, meubles, tableaux, livres, etc., se rattachant, par un lien authentique, à la personne
des hôtes illustres de ces demeures historiques. S. M. a délégué à une commission spéciale
l’initiative de toutes les mesures propres à assurer la réalisation d’une pensée qu’elle a prise
sous son patronage. » Dès février, ordre était donné à Questel, administrateur du Mobilier
de la Couronne, d’ôter du Petit Trianon l’ameublement qui avait été mis en place pour
le duc d’Orléans sous le règne précédent. Le 22 paraissait dans le Moniteur un appel
aux prêts précisant que le couple impérial avait déjà mis à disposition tout ce qui dans
leur collection privée ou dans les magasins du garde-meuble pourrait convenir au cadre.
Le 25 mai, en compagnie de quelques invités, la grande duchesse Marie de Russie et
sa fille, la princesse Pauline de Metternich, le duc et la duchesse de Mouchy, Eugénie
découvrait le Petit Trianon remeublé. Si à l’étage noble, les œuvres ayant appartenu à
Marie-Antoinette côtoyaient parfois des objets ou des meubles à la provenance plus
douteuse, l’effet d’ensemble était suffisamment réussi pour que l’impératrice exprimât
à plusieurs reprises sa satisfaction. A son initiative, les mânes de la reine revivaient en ce
lieu qui lui avait été si cher.
Villégiatures impériales sur la Côte Basque et dans les Pyrénées
Dominique Dussol
(extraits)
L’Impératrice Eugénie sut transmettre à son époux le goût de la Côte basque et des
Pyrénées. Elle-même nourrissait une tendresse toute particulière pour ces territoires
frontaliers qu’elle avait fréquentés dans sa jeunesse et auprès desquels elle retrouvait des
sensations qui lui rappelaient son Espagne tant aimée. Aussi, aux côtés des résidences
impériales de Saint-Cloud, Compiègne ou Fontainebleau, celle de Biarritz tenait une place
à part. Les paysages marins et montagneux de l’Euskal Herria – selon la désignation
géographique et culturelle de la région – y offraient, loin des Tuileries, un total dépaysement,
procurant un sentiment de liberté retrouvée qui correspondait au temps des vacances.
De fait, dès le début de leur union et jusqu’en 1869, le couple impérial multiplia les
saisons dans le Sud-Ouest. Dès la deuxième quinzaine d’août, après la fête de l’Empereur
qui se célébrait traditionnellement à Paris, une partie de la cour et quelques invités triés
sur le volet, prenaient un de ces trains de plaisir récemment inaugurés par la Compagnie
des chemins de fer du Midi, qui les conduisaient jusqu’à Bayonne. De là, des équipages les
attendaient pour les mener jusqu’à la côte. Durant quelques mois, cette petite société qui
vivait en autarcie se mettait au vert, loin des chicanes et des tracasseries protocolaires. De
Biarritz, s’organisaient les excursions dans tout le Sud-Ouest, en Béarn, dans les Landes et
en Bigorre, sur des territoires encore sauvages, souvent démunis et arriérés, pour lesquels
le couple impérial se plut à laisser de substantiels témoignages de ses libéralités. Il y gagna
l’estime et la considération des autochtones, sentiments qui, aujourd’hui encore, n’ont pas
complètement disparu de la mémoire collective.
Un automne à la villa Eugénie
À Biarritz, point de château séculaire, mais un « chalet » que l’Empereur fit construire,
dès 1854, pour son épouse. Eugénie l’appelait « ma petite maison », mais il s’agissait en
fait d’une vaste résidence de villégiature, une villa toute neuve, aménagée comme « une
bonbonnière, bâtie en pierres et en briques, ayant un rez-de-chaussée et un étage ;
et placée à une petite distance de la ville sur un petit promontoire. » Étiré comme
une caserne, le bâtiment manquait de grâce, mais à l’intérieur tout était prévu pour le
confort des hôtes : tentures représentant l’histoire de Don Quichotte, mobilier couvert
de tapisserie de Beauvais et service de porcelaine de Sèvres blanche orné d’or et frappé
aux armes de Sa Majesté.
Le déroulement des séjours biarrots est assez bien connu grâce aux témoignages de deux
invités de marque : un ami de longue date de l’impératrice, Prosper Mérimée et le docteur
Barthez, médecin du petit prince impérial. Chacun a retracé dans sa correspondance
l’éphéméride de ces longues semaines consacrées avant tout au plaisir et au délassement.
« L’Empereur est venu ici se reposer. Il vit avec quelques familiers intimes, en dehors de
toute étiquette. Il se promène sur la plage, bras dessus, bras dessous, avec sa femme,
comme un simple bourgeois. » Cette relative autonomie avait cependant ses limites, car
« une foule d’agents avec ou sans uniforme suivent de loin et à cachepot l’Empereur et
le Prince dans toutes les promenades ». Les distractions étaient réglées en fonction des
caprices du temps et des désirs de l’impératrice, souvent plus hardie et intrépide que
sa suite : courses de taureaux au quartier Saint-Esprit de Bayonne, excursion au Pasde-Roland
avec déjeuner sur l’herbe, visite des grottes de Sare, escalade de la Rhune
en cacolets et retour dans la nuit après un dîner organisé sur le sommet. « Là, explique
Augustin Fillon dans La Revue de Paris, tout lui rappelait son pays d’origine : climat, mœurs,
langage. À la villa Eugénie, comme sur la plage, on entendait parler l’espagnol de tous
côtés . » Et durant l’automne 1862, Mérimée constatait même que « les Espagnols
dominent à la villa ».
L’impératrice adorait prendre des bains de mer. « Hier, à deux heures de l’après-midi, nous
sommes arrivés à Bayonne. Il faisait si beau que je n’ai pu résister à la tentation d’aller me
baigner dans la mer », écrivait-elle à sa sœur Paca. Lorsque le temps le permettait, elle
organisait des excursions en canot sur la Nive, ou bien poussait ses ballades maritimes
jusqu’à Fontarabie et l’Espagne, à bord du Chamois, aviso de l’État qui mouillait à Bayonne
ou de L’Aigle, le yatch impérial.
Par temps maussade, la communauté restait à la villa, un peu oisive et désœuvrée, dégustant
du chocolat à la cannelle, faisant tourner les tables ou bien jouant aux charades et aux
petits papiers. Le soir venu, « on ne s’habillait pas pour dîner, et le fameux télégramme
adressé à Mérimée – « Venez sans culotte » – aurait pu servir pour tous les invités de
Biarritz. […] Cette vie paisible et bon enfant n’était troublée que par des réceptions plus
protocolaires organisées pour accueillir la reine d’Espagne, le roi des Belges, le chancelier
Bismarck ou le roi du Portugal.
Les moindres faits et gestes de cette micro-société étaient copieusement commentés
dans les gazettes, ce qui eut pour conséquence immédiate de déclencher un déferlement
de mondanités sur la Côte basque. Dès 1859, le docteur Barthes constatait que « Biarritz
n’a jamais été autant favorisé de la présence du grand monde. Le roi Léopold, le prince
d’Oldenbourg, qui a une suite d’une cinquantaine de personnes, vingt ou vingt-cinq princes
russes, le prince de Monaco, et une foule de notabilités, de célébrités et autres déités
font l’ornement de la petite ville qui contient quatre mille étrangers. » Cette affluence
distinguée ne faisait que souligner le sous-équipement de la station qui devait encore
gagner ses galons balnéaires. L’empereur s’y employa avec le plus grand zèle, en initiant
non seulement les aménagements urbains de Biarritz (nouvelles artères, promenades,
espaces verts, fontaine, embarcadère), mais aussi, en instruisant des travaux de grosœuvre
aux alentours, dans le seul but de dompter la mer et d’apprivoiser le tourisme.
« Il s’intéresse à tout, précise Michel Chadefaud, à la construction des jetées destinées à
faire échec à la barre de l’embouchure de l’Adour, à l’établissement des digues de Socoa,
de l’Artha et de Sainte-Barbe à l’entrée de Saint-Jean-de-Luz, à la création de ports de
refuge (Capbreton, Biarritz). » De son côté, l’impératrice prenait, dès 1863, les rennes
d’un nouveau chantier qui lui tenait à cœur, la chapelle impériale placée sous le patronage
de Notre-Dame de la Guadeloupe. Construit en briques, l’édifice romano-mauresque
fut confié à l’architecte Émile Boeswilwald et la polychromie de la décoration intérieure
à l’ornemaniste Denuelle qui appliquèrent pour ce précieux joyaux les théories violletle-duciennes.
Ainsi, grâce aux impulsions données par le couple impérial, le petit village
de pêcheurs de Biarritz pouvait désormais rivaliser avec les stations balnéaires de la côte
normande ou de la côte d’Azur.
(…)
Le régénérateur des Landes
Jacques Sargos
(extraits)
(…)
Au milieu du XIXe siècle, la forêt sans cesse croissante occupait déjà un petit cinquième
du territoire landais et les techniques de sylviculture ou d’assainissement des sols
étaient bien connues des habitants. Si les pins ne progressaient pas suffisamment vite
aux dépens du désert, c’était : 1°) par manque de voies de communication, empêchant
d’exploiter les parties les plus enclavées du territoire ; 2°) par insuffisance du réseau
naturel de drainage, ce qui entraînait la transformation des landes en marais dès
l’automne ; 3°) à cause de la structure foncière des communes landaises, où une
majorité de paysans se refusait à voir disparaître les pâturages communautaires au
profit de forêts privées détenues par les plus riches. Napoléon III n’a donc pas créé
la forêt landaise, ni introduit la culture du pin maritime, déjà florissante avant lui. Mais
par une loi d’exception que seul pouvait faire voter un régime autoritaire, il a imposé
la généralisation de la forêt en obligeant les communes à assainir et ensemencer leurs
landes communales. La loi de 1857 a permis la formation du plus grand massif forestier
français. Mais cette conversion forcée a eu un coût social que la propagande étatique
s’est appliquée à occulter. Faute de pouvoir financer leur mise en valeur, les municipalités
landaises ont été obligées de brader une grande partie de leurs communaux. Bien
des petits cultivateurs ont été ruinés par la perte des pacages communs. Au soir du
Second Empire, des révoltes pastorales se sont traduites par d’immenses incendies.
Pour « régénérer « les Landes, Napoléon III a pu s’appuyer sur des acteurs efficaces,
à commencer par les services locaux des Ponts et Chaussées, obsédés par ce dossier
depuis que le grand Claude Deschamps, constructeur du pont de Bordeaux, s’était en
vain employé à percer un canal à travers les Grandes Landes. L’on doit aux Ponts et
Chaussées d’avoir mené à bien l’assainissement de centaines de milliers d’hectares de
landes communales. Mais sans moyens de communication, les nouvelles forêts n’eussent
servi à rien. C’est par le chemin de fer, d’abord, que les Landes furent transformées.
Napoléon III prit en 1852 la décision capitale de tracer une voie ferrée entre Bordeaux
et Bayonne. Derrière cette décision (qui correspondait d’ailleurs à une charte ferroviaire
élaborée dès le règne de Louis-Philippe) se tenait une puissance financière : celle des
frères Pereire, deux génies de l’économie, pionniers des chemins de fer et inventeurs
de la banque moderne. Leur compagnie ferroviaire, la Compagnie du Midi, construisit la
ligne de Bordeaux à Bayonne en récupérant le tronçon posé dès 1841 entre Bordeaux
et La Teste par une société bordelaise en faillite. En outre, les Pereire financèrent le
réseau de routes agricoles qui reliait l’intérieur du pays aux gares du Midi. Ils participèrent
à la mise en valeur sylvicole en achetant et en faisant ensemencer plus de dix mille
hectares de landes. Pour donner une destination à leur voie ferrée, ils inventèrent
une ville nouvelle, magnifiquement urbanisée : la Ville d’hiver d’Arcachon, conçue à
l’origine comme une station médicale pour la guérison des riches malades atteints de
tuberculose. Il est probable que le « lobbying « des frères Pereire a fortement influencé
l’action landaise de Napoléon III - de même, peut-être, que les conseils du baron
Haussmann, lui-même propriétaire dans les Landes de la Gironde et du Lot-et-Garonne.
Mais l’on ne saurait sous-estimer la détermination personnelle de l’empereur dans l’oeuvre
landaise. Napoléon III se disait l’ami des paysans français, qui l’avaient élu. Il était convaincu
que « de l’amélioration ou du déclin de l’agriculture date la prospérité ou la décadence
des empires «. Il se passionna pour l’agronomie, favorisa les progrès techniques comme
l’introduction des engrais industriels, se lança à la chasse aux incultes tels que les landes
de la Sologne ou les pentes des montagnes, qu’il voulut couvrir d’arbres. Le credo saintsimonien
de sa jeunesse lui faisait croire aux pouvoirs de la raison et de la science pour
changer le monde. Nulle démonstration ne lui sembla plus convaincante que la création
d’un pays nouveau à la place d’un désert. La fondation dès 1857 du domaine impérial de
Solferino, sur sa cassette personnelle, fut mieux qu’un investissement foncier : Solferino
fut une expérimentation économique, agronomique et sociale, une utopie concrétisée.
Le prince président Louis-Napoléon en campagne à Bordeaux
Catherine Le Taillandier de Gabory
(extraits)
(…)
Le séjour du prince président [à Bordeaux] est programmé pour les 7, 8 et 9 octobre
1852. Entre Antoine Gautier, ce maire très scrupuleux et l’énergique préfet Haussmann,
rien n’est laissé au hasard.
Au maire il convient de prendre les arrêtés interdisant à la circulation les voies à proximité
des manifestations prévues : le quai vertical, face à l’esplanade des Quinconces, où se fera
le débarquement des hôtes en provenance d’Agen, et le défilé jusqu’à l’hôtel de Ville, le
bal du Grand théâtre, le carrousel du Jardin public, le dîner de la Bourse. Le ballet des
calèches et voitures déposant les invités, beaucoup plus complexe, est strictement défini :
sens, arrêt, stationnement dans les rues alentours. Le bal du 8 au soir est l’objet de toutes
les inquiétudes ; gare à celui qui s’aviserait de céder son invitation, chacun sera identifié !
Le maire recommande enfin aux Bordelais de pavoiser et illuminer leurs maisons.
Le préfet Haussmann reprend par le détail les conditions de l’accueil par les représentants
des communes du département. Chaque délégation a sa place définie sur les Quinconces,
en rangs parallèles à la rivière, prête à se mettre en marche à la suite du prince président,
de la musique et des corps constitués selon un protocole réglé avec la plus grande
minutie.
Pour ressusciter l’ardeur bonapartiste un encart quotidien vante dans la presse les
mérites d’un portrait équestre de Louis-Napoléon, le seul ressemblant, peint par Louis
David, lithographié à deux teintes par Maurice, un véritable chef d’œuvre publié par Sinnett,
vendu à Bordeaux par Maggi, cours du XXX juillet.
Dans un autre encart on apprend que l’on peut trouver au 45 rue Bouffard des Aigles
pour drapeaux de toutes dimensions, des ceintures de juges de paix, maires et adjoints. Le
pavoisement de la ville est confié à la maison Fournier et Roger connue pour son concours
aux Fêtes de la charité.
Dans la matinée du 7 octobre, toutes les délégations sont assemblées aux Quinconces ;
au premier rang les vieux serviteurs de l’Empire avec le général d’Armagnac qui fit la
campagne d’Egypte. Le clocher de Saint-Michel, équipé du télégraphe, doit donner le
signal ; le bateau du prince président en provenance d’Agen arrive vers 4h 30. Le cortège
se met en marche derrière Louis-Napoléon à cheval jusqu’à la place d’Armes. A la
cathédrale il s’assure du soutien de l’église malgré la situation confuse de la France face
aux menaces d’annexion des Etats pontificaux par les partisans de l’unité italienne.
La soirée s’achève en musique dans les jardins du Palais Municipal féeriquement illuminé
tandis que les Bordelais jouissent dans toutes les artères d’un coup d’œil magique.
Le lendemain matin une charmante députation de jeunes filles de La Teste chargées
de poisson et de riz permet au président de rappeler son intérêt pour les Landes et le
bassin d’Arcachon. Après une longue revue des troupes aux Quinconces, il reçoit à l’hôtel
de Ville les membres de la Société de secours mutuels : Louis-Napoléon ne laisse jamais
passer les occasions qui peuvent s’offrir de témoigner aux classes nécessiteuses l’intérêt qu’il
porte pour améliorer leur sort, commente la presse. Dans le même souci, il va visiter
l’hôpital Saint-André où l’attend l’Ecole de médecine ayant à sa tête le savant docteur
Gintrac. Elie Gintrac (Bordeaux 1791-1877), professeur de clinique interne, fondateur
de cette brillante école bordelaise, passe pour être de tendance légitimiste. Médecin de
la duchesse de Berry lors de son emprisonnement à Blaye en 1832-1833, il fut d’une
extrême discrétion lorsque celle-ci tomba enceinte. Sa présence est donc symbolique du
ralliement de cet électorat.
Le bal vient clore cette journée au Grand Théâtre décoré avec un luxe et une richesse inouïs.
Dans cet écrin les dames aux toilettes élégantes produisaient un effet admirable rapporte
le chroniqueur… et toutes ces manifestations ont lieu aux cris de Vive Napoléon III ! Vive
l’Empereur !
Depuis la veille la pluie ne cesse de tomber perturbant le programme du 9 octobre ; le
carrousel de la soirée au Jardin public est annulé. La journée sera consacrée à la rencontre
des acteurs économiques de Bordeaux.
Quai de la Monnaie, Louis-Napoléon visite en détails un magnifique bâtiment, le plus vaste
navire jamais sorti des chantiers de Bordeaux. Le directeur Lucien Arman, constructeur
de navires de guerre, est décoré à cette occasion.
En aval, le prince président se rend avec une foule de ministres et de militaires au 123
du quai des Chartrons pour la visite des caves Cruse et Fils Frères fondée en 1819. Il est
reçu par Herman Cruse (1790-1855), consul de Hambourg, descendant d’une famille de
brasseurs danois, fondateur en 1819 de cette maison de négoce et par ses fils Herman,
Adolphe, Edouard et son gendre Armand Lalande. Les courtiers Lawton et Tastet sont
aussi présents.
Sous le Second Empire, le « goût Rothschild » dans le Médoc
Bernadette de Boysson
(extraits)
Pour les historiens des arts décoratifs européens du XIXème siècle, le Second Empire
(1852-1870) est une période faste surtout pour la France qui a su privilégier la qualité
des matières premières et préserver le savoir-faire d’une production industrielle semiartisanale.
La classe possédante, issue de la Révolution et d’origine bourgeoise, a encore
besoin des références et des valeurs traditionnelles de l’Ancien Régime ; elle ne va pas
résister, dans cette fin du XIXème siècle, au plaisir de s’offrir des décors des siècles
précédents rendus possibles par l’essor de la fabrication en série qui laisseront à la
postérité « les résultats les plus fous avec une frénésie de l’ancien qui nous étonne encore ».
On donne aujourd’hui le nom d’éclectisme historiciste à ce style pour ses emprunts de
prédilection à des périodes historiques ; un de ses formes d’expression est naturellement
la copie et le pastiche.
En faisant fortune dès le début du XIXème siècle grâce à l’extension en réseau de
leur système bancaire dans les principales places financières d’Europe, les cinq frères
Rothschild de Francfort vont largement participer à la diffusion de ce style au point que
leur nom lui sera associé. Le plus jeune, James, s’installe à Paris en 1811, à l’âge de dix-neuf
ans ; sa réussite est fulgurante, six ans plus tard il achète le domaine de Boulogne, puis, en
1818, un hôtel particulier rue Laffitte, début d’une politique d’acquisitions immobilières,
suivies de rénovations et de reconstructions aussi fastueuses les unes que les autres. Le
point d’orgue est la construction, de 1855 à 1863, du château de Ferrières, en Seine et
Marne, sur les plans de l’architecte anglais Joseph Paxton; ce dernier vient de terminer
en Angleterre pour Mayer de Rothschild, un neveu de James, le très admiré château
de Mentmore, ce qui agace James ; les Rothschild solidaires pour leurs affaires sont des
concurrents jaloux dans le domaine artistique mais leur émulation peut être bénéfique.
Les espaces intérieurs de Ferrières sont confiés à Eugène Lami à qui James impose ses
préférences, la Renaissance italienne et française, le siècle de Louis XIV, les matériaux rares,
la polychromie, la profusion… Leur application en décors reconstitués dans le moindre
détail sur les murs du hall et des salles de réception met en valeur la présentation d’une
spectaculaire collection de chefs-d’œuvre des grands maîtres européens des XVIème
– XIXème siècles, tableaux, sculptures, tapisseries, objets d’art… Velasquez, Rubens, Van
Dyck, Rigaud, Largillierre, Greuze, Ingres pour ne citer que les peintres. C’est l’apogée de
James qui assure sa suprématie sur la famille et donne naissance au « goût Rothschild »,
une exposition d’œuvres d’art anciennes dans des décors luxueux recréés à l’identique.
Napoléon III, invité à Ferrières en 1862, parle d’une manière amusée d’un « château des
Mille et Une Nuits ».
Seule la fortune du baron James (la famille a été anoblie en 1816 par l’Empereur
d’Autriche), cité comme l’homme le plus riche de France, lui permet ces folies financières
souvent calculées ; par exemple, il devine, grâce à son sens des affaires, que l’achat de chefsd’œuvre
de l’art sera un excellent investissement et ses descendants en profitent encore.
Le « goût Rothschild » se propage dans les grandes fortunes d’Europe et des Etats-Unis
et, avant tout, dans sa famille ; citons Ferdinand, propriétaire en Angleterre du château
de Waddesdon, édifié par Destailleurs en 1880, dont les somptueux décors rapportés
conservent des œuvres capitales des écoles anglaise et italienne du XVIIIème siècle, Lady
Sheffield de Thomas Gainsborough ou les grandes vues de Venise de Francesco Guardi.
Le prénom de naissance de James, cadet de la famille, est Jacob qui le prédestinait, selon la
Bible, à vouloir être le premier ; ce fut le cas, nous venons de le voir, et jusqu’à l’extrême fin
de sa vie ; grâce à un dernier coup de génie en août 1868, il achète enfin – il le convoitait
depuis trente-huit ans – son cher Château-Lafite, le premier des « premiers crus » des
vins du Médoc dans le classement demandé par Napoléon III en 1855 pour l’Exposition
Universelle de Paris (cher aussi à cause de son prix supérieur à la somme des ventes à la
même époque des trois châteaux voisins, Margaux, Mouton et Palmer !). Trois mois après,
il décède ; il aimait et savait goûter le vin ; à partir de 1830, il commanda chaque année de
nombreuses bouteilles de Château-Lafite et son achat, dont il ne profita pas lui-même,
fut suivi, pendant la décennie, de millésimes parmi les plus réussis. Cent- quarante ans
plus tard, Château-Lafite, devenu Château Lafite Rothschild, reste une valeur sûre pour
sa famille. On peut se demander, si l’achat avait abouti en 1830, quel aurait été le devenir
architectural de ce petit château, un autre Ferrières ? sans doute pas, car trop éloigné des
hautes sphères parisiennes dont James a besoin pour asseoir sa puissance.
(…)
LISTE DES ŒUVRES
REZ-DE-CHAUSSÉE
Introduction
Portrait de l’Impératrice Eugénie d’après Franz-Xaver Winterhalter
Portrait de Napoléon III d’après Franz-Xaver Winterhalter
Le prince impérial et son chien Néro par Jean-Baptiste Carpeaux
(château de Compiègne)
Somno de Guillaume Grohé de style Louis XVI en acajou
Console du salon d’angle de Jeanselme en bois sculpté et doré
Chaise prie-dieu en bois sculpté et peint, néo-gothique et son tabouret de pied
Grand vase de la manufacture de Sèvres au chiffre NE
Chaise chauffeuse recouverte de soie avec franges
Table de salon à plaques de lave, vers 1865
Banquette de Grohé, style Renaissance
Espace boudoir Marie-Antoinette
Deux portes du boudoir, XVIIIème siècle, en bois peint et doré
Toilette de l’Impératrice, recouverte d’une jupe en mousseline brodée
Miroir de toilette portatif en bois peint et doré avec deux bras de lumière en bronze
Lavabo de Martin-Guillaume Biennais, vers 1810, en racine d’orme et ornements en
bronze doré
Porte-lampe de Ferdinand Barbedienne, forme trépied, style grec.
Objets de toilette de la manufacture de Sèvres : boîtes à savon, broc, cuvette,
pot à eau chaude, boîte à éponge, boîte à brosses, boîte à pommade
Deux consoles de Poindrelle, 1859, en acajou et bronze doré
Guéridon de Henri Léonard Wasmuss, 1857
Chaise capitonnée en acajou et soie
Rideaux perse à bouquets polychromes
Rideaux en damas cramoisi
Chaise style Régence avec cuir gaufré et peint, style gothique
Chaise longue cramoisie
Le prince impérial sur son poney, photographie
Musée chinois
Vase chinois en bronze incrusté d’argent
Brûle-parfum en bronze
Petite jardinière en porcelaine à émaux polychromes
Vase en bambou sculpté avec son socle en bois de fer
Bol en jade avec son socle en bois de fer
Vase double couvert, porcelaine à émaux polychromes
Petit vase en cristal de roche sculpté
Figure en porcelaine polychrome
Rocher japonais en bronze et cristal de roche
Vase double couvert en porcelaine à émaux polychromes
Lampe en porcelaine et monture en bronze doré
Théâtre
Trois chaises de Jeanselme, 1854, en bois peint en blanc, rehaussé de dorures
et couvert de damas jaune
Deux décors de scène : La cour à Fontainebleau. La pièce d’eau, estampe
et Vue du théâtre impérial, estampe
Cartons d’invitation pour le théâtre
Programme de théâtre, imprimé sur soie
Promenade sur le grand bassin, estampe
Caïque de S.M. l’Impératrice, estampe
Illuminations pour la prise de Puebla, estampe
Une curée aux flambeaux, estampe
Menus du vendredi 18 juin 1858, du samedi 12 août 1865
Carton d’invitation pour un feu d’artifices
Carton pour le séjour de la cour
Cartes postales
Au centre
Jardinière en fer peint et vernis
PREMIER ÉTAGE
Antichambre-salon
Guéridon à plateau basculant en acajou
Tapis de table en fine tapisserie de laine et soie avec des fils d’or
Canapé corbeille en perse bleue
Fauteuil confortable en perse bleue
Chaise confortable en perse bleue
Tenture d’alcôve en perse bleue assortie
Coffre à bois d’appartement en hêtre plaqué d’acajou
En face
Robe à crinoline de la duchesse de Cadore (musée Galliéra, Paris)
Chambre
Lit en acajou, son dais et sa garniture en perse imprimée
Table de chevet en acajou
Vase de nuit dit « Bourdaloue » en porcelaine de la manufacture de Sèvres
Commode anglaise à tiroirs en acajou
Psyché en acajou avec un grand miroir encadré de montants portant des bras
de lumières en bronze
Fauteuil confortable en perse bleue
Ecran de cheminée
Rideaux en perse bleue
Pendule en marbre, forme borne
Une paire de vases en porcelaine de la manufacture de Sèvres, forme jasmin
Cabinet de toilette
Table de toilette en acajou
Miroir de toilette
Séchoir en acajou
Bidet en acajou avec bassin en faïence blanche
Garniture de toilette de la manufacture de Sèvres : éteignoir papillon, paire de
bougeoirs, pots à eau chaude, bain de pied, cuvette, boîte à pommade, boîte à
brosses, boîte à éponge, boîte à savon, bol à savon
Objets de la vie quotidienne
Armoire en chêne à deux vantaux
Porcelaines et faïences : deux bains de pieds et broc de la manufacture de Creil et
Montereau, fond blanc à fleurs bleues, six boîtes à éponge, six pots à eau,
huit flambeaux en cuivre argenté, cintres, porte-chapeau, fontaine en grès à décor
estampé, soufflet, pot à décoction en porcelaine de la manufacture de Sèvres avec
chiffre de Napoléon III, plateau en tôle peinte
Franz-Xaver WINTERHALTER d’après
(Menzenschwand, 1805 – Francfort-sur-le-Main, 1873)
L’Empereur Napoléon III
Huile sur toile, 250 x 166 cm
Musée national du château de Fontainebleau
© Mairie de Bordeaux. Photo Frédéric Deval
Famille JEANSELME
Chaise de théâtre, 1852-1870
En bois peint en blanc, rehaussé d’or ; damas jaune
Musée national du château de Fontainebleau
© Mairie de Bordeaux. Photo Frédéric Deval
Franz-Xaver WINTERHALTER d’après
(Menzenschwand, 1805 – Francfort-sur-le-Main, 1873)
L’Impératrice Eugénie
Huile sur toile, 250 x 166 cm
Musée national du château de Fontainebleau
© Mairie de Bordeaux. Photo Frédéric Deval
Chaise prie-dieu, 1852-1870
Bois sculpté et peint, couverte de natté de coton
beige teinté, broderie d’applications et passementerie
Musée national du château de Fontainebleau
© Mairie de Bordeaux. Photo Frédéric Deval
Table, vers 1865
Bois de violette, lave émaillée, bronze
Musée national du château de Fontainebleau
© Mairie de Bordeaux. Photo Frédéric Deval
Toilette d’une chambre d’invités au château de
Fontainebleau
© Mairie de Bordeaux. Photo C. Le Taillandier de
Gabory
Henri-Léonard WASSMUS
Guéridon, 1857
Amarante, bronze doré
Musée national du château de Fontainebleau
© Mairie de Bordeaux. Photo Frédéric Deval
Chambre d’invités au château de Fontainebleau
© Mairie de Bordeaux. Photo C. Le Taillandier de
Gabory
Poindrelle (ébéniste de Fontainebleau sous le
Second Empire)
Console, 1859 (d’une paire)
Bronze doré, patiné ; marqueterie
Musée national du château de Fontainebleau
© Mairie de Bordeaux. Photo Frédéric Deval
Vue du musée chinois du château de Fontainebleau
© Mairie de Bordeaux. Photo Frédéric Deval
Guillaume GROHE (1808 -1885)
Table de chevet, 1854
Acajou, marbre blanc et bronze
Musée national du château de Fontainebleau
© Mairie de Bordeaux. Photo Frédéric Deval
RENSEIGNEMENTS
PRATIQUES
Musée des Arts décoratifs
de Bordeaux
39, rue Bouffard - 33000 Bordeaux
Tel : +33(0)5 56 10 14 00
Fax : +33(0)5 56 10 14 01
musad@mairie-bordeaux.fr
www.bordeaux.fr
Exposition
Ouverte tous les jours,
sauf mardis et jours fériés
de 11h à 18h
Samedis et dimanches
de 14h à 18h
Tarif d’entrée : 5 € ; tarif réduit : 2,50 €
Visites commentées
lundi à 16h, mercredi à 12h30, samedi à 16h
Conférences
L’Impératrice Eugénie. Parfum de femme
par Xavier Salmon, directeur du patrimoine et
des collections du château de Fontainebleau
Athénée municipal de Bordeaux,
rue Poquelin Molière
Vendredi 9 décembre 2011 à 18h
Les “séries”, séjours de la cour à Fontainebleau
sous le Second Empire par Vincent Cochet,
conservateur du patrimoine au château de
Fontainebleau
Musée des Arts décoratifs de Bordeaux
Jeudi 19 janvier 2012 à 18h
Le mobilier Napoléon III
par Caroline Fillon, assistante de conservation
Musée des Arts décoratifs de Bordeaux
Mardi 7 février 2012 à 15h
Informations service culturel
+33(0)5 56 10 14 05
Partenaires du musée
Quattro Benelux
Amis de l’hôtel de Lalande
Air France
Chapon Fin
Château de Launay
Château Nairac
Lacoste traiteur (Groupe AROM)
L’Encadr’heure
Opéra national de Bordeaux
Grand Hôtel de Bordeaux & Spa
Informations presse
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