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Les gens<br />
St-Joseph<br />
Gemma Jeurissen :<br />
j’étais bien ici !<br />
n Propos recueillis par C. Marissiaux<br />
Gemma Jeurissen, entourée des collègues dans son unité ce jour-là : Lydia Frezzotti, Melissa Halleux, Betty Spronck, Lima Bomboir<br />
Je voudrais partir comme je suis entrée, discrètement,<br />
sans faire de vague… Mais je n’ai pas prise, même<br />
si je n’aime pas beaucoup tout cela. Rien que par ces<br />
paroles qui datent de quelques jours avant son départ,<br />
ceux qui l’ont côtoyée reconnaîtront Gemma : discrète,<br />
modeste. Gemma a effectué toute sa carrière à St-<br />
Joseph. D’abord infirmière, puis chef d’unité pendant<br />
30 ans, elle constitue à la fois un exemple et un<br />
« monument » dans la culture infirmière à St-Joseph.<br />
On ne tarit pas d’éloges à son sujet, que ce soit sur ses<br />
qualités humaines, professionnelles ou managériales.<br />
Mais Gemma est aussi une dame au grand cœur,<br />
motivée par le côté relationnel de son métier, comme<br />
le prouvent les témoignages ci-contre. Nous l’avons<br />
rencontrée, quelques jours avant son départ.<br />
Un départ à la prépension après 40 ans de travail<br />
temps plein, cela va être un gros changement…<br />
Ce sera différent ! Ma vie professionnelle a été<br />
tellement remplie, j’ai un peu peur d’être désœuvrée,<br />
peur du zwarte gat comme on dit chez nous. Mais<br />
j’ai deux petits-enfants, dont je vais m’occuper<br />
activement, avec mon mari qui va lui aussi être<br />
pensionné prochainement. J’ai pris ma décision<br />
il y a deux ans, et je ne la regrette pas, mais mon<br />
préavis de 27 mois est passé très vite. Trop vite ! Je<br />
dois aujourd’hui quitter un métier que j’ai exercé avec<br />
enthousiasme pendant 40 ans, et laisser derrière moi<br />
des gens que j’ai côtoyés tous les jours pendant des<br />
années. C’est un peu ma famille, en quelque sorte.<br />
Quelques mots sur votre parcours…<br />
Je suis née à St-Joseph et j’ai toujours connu St-<br />
Joseph, puisque mes deux tantes, Sœur Mathilde<br />
8 L’InfoSites n°73 - Juin 2010<br />
et Sœur Jean-Marie, y travaillaient. Dès ma sortie<br />
de l’école, je suis arrivée comme infirmière au 3B,<br />
en neurochirurgie, avec Sœur Mathilde comme chef<br />
d’unité. Cela n’a pas toujours été facile, ni pour elle,<br />
ni pour moi, mais j’ai beaucoup appris d’elle et gagné<br />
en maturité. Après cela, en 1979, j’ai postulé pour<br />
être chef d’unité au 1C, en chirurgie abdominale.<br />
C’était un service de 23 lits. J’avais 6 mois d’essai<br />
comme chef, j’y suis restée 30 ans. Par la suite, le<br />
service a été transféré au 2C (en 1995-96), puis le<br />
service a mêlé les cas de chirurgie abdominale et de<br />
gastroentérologie vers 1999-2000.<br />
Le travail a changé au fil des ans, j’imagine…<br />
Quand je suis devenue chef d’unité, on pouvait encore<br />
soigner les patients, les responsables avaient moins<br />
de tâches administratives. Le contact avec le patient<br />
et sa famille était différent, plus direct. Le turnover<br />
aussi a augmenté : en 30 ans, on est passé de 8 à 10<br />
jours d’hospitalisation, pour une vésicule par exemple,<br />
à une opération réalisée en hôpital de jour ou avec 2<br />
jours seulement d’hospitalisation. La petite chirurgie<br />
s’est faite toujours plus rapide, et à l’inverse, pour la<br />
gastroentérologie les séjours étaient plus longs. On<br />
s’est adapté…<br />
Qu’est ce qui vous motivait ? La partie relationnelle<br />
de votre métier ?<br />
La relation au patient avant tout. Bien sûr, en tant que<br />
chef, avec de plus en plus de travail administratif,<br />
je n’avais plus le temps d’être autant dans le soin<br />
qu’auparavant. C’est plus difficile de rencontrer les<br />
patients ou les familles. Je les vois encore mais pas<br />
tous les jours. J’essaye d’être à l’écoute, mais le côté<br />
humain est diminué et je le regrette. Même si je sais<br />
que toute la partie administrative que je fais, c’est du<br />
temps donné à mes collègues pour les soins.<br />
Le plus important pour vous : l’équipe ou le patient<br />
?<br />
Les deux, parce que c’est lié. Sans une bonne équipe,<br />
on n’est nulle part. Une bonne équipe, une bonne<br />
ambiance, une bonne entente, c’est primordial ! Cela<br />
se sent, le patient le sent et se porte mieux. On a<br />
souvent des retours des patients sur la gentillesse, la<br />
politesse, parce que c’est à cela qu’ils sont sensibles.<br />
Les soins techniques sont là aussi, mais on n’a jamais<br />
un compliment sur un pansement bien fait…<br />
Ce serait aux médecins de faire ce compliment…<br />
J’ai toujours eu une très bonne entente avec les<br />
médecins, déjà à l’époque des Drs Jacquet, Lombard<br />
et Weerts. Les autres, je les ai tous connus comme<br />
assistants, donc c’est encore différent. J’étais en<br />
position de leur dire ce que j’attendais d’eux (sourire<br />
un peu gêné). Non, il ne faut pas dire cela… Tous ont<br />
toujours été très ouverts, il y avait toujours moyen de<br />
discuter.<br />
Après toutes ces années à St-Joseph, que pensez-vous<br />
de la clinique ?<br />
Je n’aurais jamais voulu travailler ailleurs. Après la<br />
naissance de ma fille, mon entourage m’avait poussé<br />
à me rapprocher de chez moi, mais si j’y ai vaguement<br />
pensé, je n’ai jamais postulé. J’étais bien ici. J’ai<br />
toujours aimé ce que j’ai fait. Je n’ai que de beaux<br />
souvenirs…