Bulletin Municipal - Archives municipales de Saint-Denis
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£ au <strong>Bulletin</strong> <strong>Municipal</strong><br />
Marschall à gauche et Dutilleul à droit?<br />
accompagnant le « chef », en uniforme<br />
d'oberlcutnant, partant pour le front <strong>de</strong><br />
l'Est. Aujourd'hui, la para<strong>de</strong> est finie,:.<br />
Ooriot est mort I Les <strong>de</strong>ux autres traî-<br />
tre» doivent payer à leur tour.<br />
C'est jeudi <strong>de</strong>rnier (le<br />
S janvier 1948 ^, <strong>de</strong> 13 heures<br />
*i 2.) h. 39, que s'est déroulé<br />
<strong>de</strong>vant la Cour <strong>de</strong> Justice cle<br />
la Seine, le procès pour trahison<br />
<strong>de</strong> l'ancien maire <strong>de</strong><br />
St-<strong>Denis</strong>, l'ami intime <strong>de</strong><br />
Doriot, son homme <strong>de</strong> confiance<br />
pendant près ce 30 ans<br />
Marcel Marschall.<br />
f — La prési<strong>de</strong>nce fut assu-<br />
rée par M. (iaché.<br />
Le Commissaire du<br />
Gouvernement : M. tiosse=<br />
uni.<br />
Les avocats <strong>de</strong> Mars-<br />
chall sont M" Naud et M 0<br />
Lasserre.<br />
— Mursehall est là, dans<br />
le bo> <strong>de</strong>s arcusés : complet<br />
bleu marine, chemise blanche<br />
;mp
Supplément au Qulletiu <strong>Municipal</strong><br />
Comment<br />
l'avocat <strong>de</strong> Marschall<br />
a essayé <strong>de</strong> sauver ce traître<br />
S'il est <strong>de</strong>mandé aux témoins <strong>de</strong> parler « sans crainte et sans haine », l'avocat <strong>de</strong><br />
la défense parle comme il veut et affiche un anti-communisme <strong>de</strong> premier crdre.<br />
D'emblée, il attaque ! « le témoin Gillot est venu ici, chargé d'accompl'r une mission,<br />
il est venu assouvir une vengeance ».<br />
Le Prési<strong>de</strong>nt rappelle à l'ordre<br />
Impartial, !e prési<strong>de</strong>nt Caché interpelle M e Naud, lui disant très fermement qu'il<br />
ne laissera pas ainsi attaquer un témoin qui, après avoir juré qu'il parlerait sans crainte<br />
et sans haine, a tenu parole. Et le prési<strong>de</strong>nt ajoute : « Vous n'avez pas le droit <strong>de</strong><br />
mettre en doute la parole du témoin; il aurait pu parler beaucoup plus longtemps, v<br />
n'a pas abusé du temps <strong>de</strong> parole, je n'ai pas eu à lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> restreindre sa déposition<br />
; je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'en tenir compte ».<br />
L'avocat est mouché, mais il recommence <strong>de</strong>ux minutes après en attaquant A. Cillol,<br />
maire <strong>de</strong> St-<strong>Denis</strong>, qui, d'après lui, aurait envoyé au ju ge d'instruction un document<br />
contre Marschall intitulé « Nous accusons ! »<br />
M" Naud lit la lettre qui acompagne le fameux document que la municipalité a<br />
védigé et adressé aux électrices et électeurs <strong>de</strong> St-<strong>Denis</strong>, dans le supplément du <strong>Bulletin</strong><br />
<strong>Municipal</strong> <strong>de</strong> St-<strong>Denis</strong> <strong>de</strong> juillet 1946.<br />
Arrivé à la fin <strong>de</strong> sa lecture, M" Naud, martellant chaque mut, s'écrie : « et cette<br />
lettre est signée : Ci/foi /... prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong> Justice du Conseil National<br />
<strong>de</strong> la Résistance. »<br />
Ainsi Naud est pris à son propre piège II n'a pas lu que la lettre était signée dj<br />
« Maire <strong>de</strong> St-<strong>Denis</strong> », mais du « Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong> Justice du C. N.<br />
R. » et c'était mon <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> l'adresser k ce titre au juge d'instruction.<br />
Que contient ce document municipal ?<br />
En voici seulement les têtes <strong>de</strong> chapitres:<br />
— Deux traîtres P. P. F., Marschall et Dutilleul, vont passer <strong>de</strong>vant leurs juges.<br />
— Le douloureux héritage laissé par les P, P. F. à St-<strong>Denis</strong>.<br />
— Pas d'équipement social.<br />
— L'état <strong>de</strong> la voirie et du domaine <strong>de</strong> la Commune<br />
— Les écoles et les habitations —înquent<br />
— L'hôn'îal-'.iosDic* est trop pe'.';'-<br />
— Dénonciation <strong>de</strong> patriotes' à police <strong>de</strong> Vichy et à l'ennemi : Personnel communal,<br />
pcr«-?./iei <strong>de</strong> l'hôpital-hospice.<br />
— Le: responsables doivent être condamné».<br />
On comprend aisément que l'avocat <strong>de</strong> Marschall était très gêné par ce document<br />
qui prouve, chiffres et faits en mains, que la trahison <strong>de</strong> Marschall a eu <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s<br />
conséquences pour la ville <strong>de</strong> St-<strong>Denis</strong>, son personnel et l'état sanitaire <strong>de</strong> la commune.<br />
Mais cela n'empêche pas M" Naud d'affirmer que Marschall « jouissait, à <strong>Saint</strong>-<br />
<strong>Denis</strong>, d'une réputation unanime <strong>de</strong> la population, en tant que bon administrateur ».<br />
Il s'y entend vraiment, l'ancien avocat <strong>de</strong> cet autre traître que fut Pierre ^avà',<br />
fusillé pour intelligences avec l'ennemi.<br />
M Naud parla encore « <strong>de</strong>s intentions généreuses <strong>de</strong> Marschal! » et s'indigna <strong>de</strong><br />
le voir traité comme un agent <strong>de</strong> l'Allemagne.<br />
« Il faut excuser ceux qui, comme Marschall, se sont trompés en 1940 i. M e Naud<br />
fait mine d'oublier que son triste client s'est '( tromp* » jusqu'en 1945, j'ioqu'au bout,<br />
jusqu'à son arrestation.<br />
A ce moment, Naud utilisa tous les arg iments <strong>de</strong>s fé-noins <strong>de</strong> Marschall, plus celui<br />
<strong>de</strong> l'ancien Commissaire <strong>de</strong> police <strong>de</strong> St-L*6nir, Pichaut, dont il donna lecture <strong>de</strong> sa<br />
déposition en faveur <strong>de</strong> Marschall.<br />
« Marschall a crû bêlement en Pétain »<br />
« C?st pou- cela qu'il l'a suivi- C'est pr-ur cela qu'il s'est retiré en Allemagne,<br />
parce qu'il croyait que la légalité était là ».<br />
« Les amitiés <strong>de</strong> Marschall pour Doriot s'expliquent par le fait que ces <strong>de</strong>ux hommes<br />
se sont connus à l'âge <strong>de</strong> 18 ans; « jamais ils ne se sont quittés ». dit encore<br />
Naud.<br />
« Dominé par Doriot. MatRcVïAl Va suivi jusqu'à, la mort '. faime cette fidélité,<br />
préférable à toutes les bagnes ».<br />
Thèse hitlérienne et insultes à trois avocats fusillés<br />
Et Naud continue : « Vous poursuivez Marschall pour une affiche ayan.: dénoncé<br />
un attentat individuel, mais vous ne poursuivez pas les auteurs d'un autre rppel paru<br />
au « <strong>Bulletin</strong> <strong>Municipal</strong> Officiel <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Paris », en date du 7 décembre<br />
1941 ».<br />
« Ce' appel est signé <strong>de</strong> Martchall, c'es' vrai, mais il l'est aussi du Cardinal Suhard,<br />
d'Edouard Depreuxs» récemment membre du Gouvernement, <strong>de</strong> Trochu, et bien<br />
d'autres. Or, toute la rigueur est seulement pour Marschall ».<br />
Et Naud jouant ie grand jeu <strong>de</strong> s'indigner, <strong>de</strong> protester, et d'affirmer qu'il lui répugne<br />
<strong>de</strong> tuer un boche, seul à la sortie du métro, que ca n'a aucune autilité, que ça<br />
fait ramasser <strong>de</strong>s otages, etc..<br />
Et, pour justifier sa thèse hitlérienne, Naud <strong>de</strong> citer les avocats communistes, Pitard,<br />
Haje et Rolnikas, fusillés par les bochef. comme otages. A ce propos, ouvrons une<br />
parenthèse :<br />
(S'il n'a pas été possible, sur place, <strong>de</strong> relever cette insulte à ces trois héros qui<br />
honorent le barreau parisien, je le fais H en déclarant que ces trois avocats communistes<br />
sont morts en héros, conscients que la lutte armée que menaient les F. T. P.<br />
F. était la seule juste. Entre nou6, disons-'e. le mal <strong>de</strong> l'époque n'était pas qu'un<br />
Fabien abatte un boche au métro Barbes, le mal c'était que <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> Français<br />
étaient plongés dans l'attentisme. . Et c'est l'exemple <strong>de</strong> tous le» Fabien, prouvant qu'il<br />
«tait possible <strong>de</strong> tuer <strong>de</strong>s boches, qui souleva rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s contingents nouveaux <strong>de</strong><br />
F. T. P. F-, qui donnèrent naissance aux F. F. I.<br />
Une question à Maître Naud<br />
Et M" Naud, permettez ce soir une question :<br />
Vous avez dit que vous aviez vu partir p-,ur le peloton d'exécution les trois avocats<br />
Pitard, Haje et Rolnikas, vous étiez donc avec eux ? Un instant après, vous avez<br />
dit avoir été détenu pendant neuf mois. Peut-on savoir par quel" moyen, par que!<br />
concours avec l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> qui vous avez pu sortir du camp <strong>de</strong> Compiègne ? Trois avocats<br />
communistes ont été fusillés par les boches, narce qu'ils étaient communistes, et vous,<br />
vous avez été libéré, parce qu'on avait confiance en vous pour collaborer. Voila la vérité).<br />
La parenthèse fermée, reprenons la plaidoirie <strong>de</strong> l'avocat. ,<br />
M" Naud conclut la défense du traître e> déclarant que « l'heure était à la réconciliation<br />
<strong>de</strong>s Français, à l'oubli après <strong>de</strong>s fiils remontant à près <strong>de</strong> quatre ans ».<br />
Et, pour terminer, il <strong>de</strong>manda au jury la modération dans le jugement.<br />
Le réquisitoire<br />
du Commissaire du Gauvernemsnt<br />
D'une voix très claire, M. Gosselan déclare :