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<strong>musique</strong><br />

ALAN WOODBRIDGE<br />

CHEF DE CHŒUR<br />

À L’OPÉRA DE LYON<br />

Puccini à “chœur” joie !<br />

Interview par Caroline Faesch<br />

Nommé chef de chœur à l’Opéra de Lyon en 1995,<br />

Alan Woodbridge a hissé cet ensemble au rang<br />

des meilleurs sur la scène lyrique internationale.<br />

Ce brio artistique a encore été salué par le public<br />

lyonnais, en octobre dernier, à l’issue de chacune<br />

des représentations du Nez de Chostakovitch,<br />

nouvelle production de l’Opéra. Désormais, Alan<br />

Woodbridge, qui se produit également comme pianiste,<br />

claveciniste, et organiste avec l’orchestre de l’Opéra<br />

national de Lyon, est dans les starting-blocks<br />

pour le festival Puccini Plus, soit 3 programmes<br />

réunissant chacun 3 œuvres d’un triptyque de<br />

Puccini et des opéras plus rares de Schoenberg,<br />

Hindemith et Zemlinsky.<br />

Comment fait-on techniquement pour améliorer le<br />

niveau d’un chœur ?<br />

La différence entre le travail de chœur et de soliste se<br />

situe au niveau de la sensibilité de l’ensemble : c’est<br />

fondamental qu’un artiste du chœur ait conscience<br />

qu’il assume une partie d’un groupe, ait une facilité à<br />

travailler en groupe. Et cela ne vient pas tout seul. C’est<br />

comme jouer seul ou en double au tennis, ou jouer au<br />

rugby ! Il faut avoir un esprit d’équipe, établir une<br />

confiance mutuelle.<br />

C’est donc une question de qualité d’équipe, mais<br />

également de temps ?<br />

Exactement ! Le fait que je sois là depuis plus de 15 ans m’a<br />

permis de conduire un travail en profondeur, de bien<br />

connaître le groupe, de créer de la stabilité. Quand des<br />

chœurs sont constitués exprès pour une production,<br />

c’est très difficile de souder les chanteurs, bien qu’il<br />

s’agisse souvent des mêmes gens… C’est pareil en sport :<br />

si le XV de France rate un match, c’est toujours l’entraîneur<br />

qui est pointé du doigt et la durée de son contrat qui<br />

est mise en cause. Cela prend du temps de “faire<br />

comme il faut” à la tête d’une équipe.<br />

Et ce festival Puccini, est-ce un défi pour un chœur<br />

tel que celui de l’Opéra de Lyon ?<br />

Pour interpréter Puccini, il faut une technique vocale<br />

qui est inévitablement très legato. Le style italien exige<br />

un vrai chant. Or, pour un choriste, ce sont les éléments<br />

verticaux qui comptent. Le chant de chœur peut alors<br />

manquer d’horizontalité. Pour un soliste, c’est à la fois<br />

facile, car il est seul, et difficile aussi, car si cela ne marche<br />

pas, il est condamné !<br />

Pour un chœur, il faut avoir la même ligne vocale entre<br />

les pupitres, et ce n’est pas donné. Il y a des chanteurs qui interprètent<br />

très bien la ligne individuellement, mais qui, une<br />

fois en groupe, n’y parviennent plus.<br />

Est-ce une difficulté de jouer dans la même soirée une<br />

œuvre de Puccini et une de Hindemith,<br />

porteuses de 2 esthétiques opposées ?<br />

Dans l’opéra Sancta Susanna de Hindemith (1922), le<br />

chœur chante finalement très peu, donc il n’y a pas de<br />

grand écart à travailler.<br />

Et pour d’autres soirées du festival qui mettent à<br />

l’affiche Il Tabarro de Puccini et Von Heute auf<br />

Morgen de Schoenberg, par exemple ?<br />

Sans doute, mais pour ma part je ne travaille que sur<br />

le programme Puccini et Hindemith ! Cela étant dit,<br />

Anton Webern disait toujours que Schoenberg était une<br />

continuation de la <strong>musique</strong> lyrique. La réussite tiendra<br />

dans l’horizontalité de la <strong>musique</strong>, c’est la ligne vocale<br />

qui compte.<br />

Y a-t-il un intérêt pour un chœur à travailler sur<br />

plusieurs œuvres d’un même musicien, comme<br />

dans ce festival ?<br />

Travailler ensemble 3 œuvres de Puccini, de Mozart ou<br />

encore de Tchaïkovski est toujours très intéressant. C’est<br />

aussi très prenant, car, par exemple, pour le cycle<br />

Tchaïkovski-Pouchkine-Stein donné à l’Opéra de Lyon<br />

en 2010, on passait d’une œuvre à une autre, sur des textes<br />

complexes où il fallait être sûr de ce que l’on faisait ; ce<br />

qui est amusant, c’est que je faisais parfois des cauchemars<br />

où ces partitions se mélangeaient !<br />

Puccini vous fait-il aussi faire des cauchemars ?<br />

Non, Puccini, c’est un plaisir, il n’y a pas de cauchemars<br />

là-dedans, bien que, au moment où je vous parle<br />

[novembre 2011], je ne connaisse pas encore la production.<br />

Le metteur en scène arrive en décembre et nous travaillerons<br />

ensuite plusieurs semaines. J’ai cependant vu le chef<br />

Lothar Koenigs, avec lequel nous avons parlé de la partition,<br />

mais c’est tout. Puccini est un plaisir, parce que comparé,<br />

par exemple, au monde du Nez de Chostakovitch, qui<br />

relève un peu de la folie, c’est plus simple.<br />

Parmi les concerts à venir, quel est celui qui vous<br />

tient à “chœur” ?<br />

C’est le concert du 29 mars prochain sur des œuvres de<br />

Bach, qui ne constituent pas vraiment un terrain<br />

d’élection des chœurs d’opéra. Faire un concert avec des<br />

cantates de Bach en mettant vraiment la <strong>musique</strong> chorale<br />

en valeur est un défi.<br />

Festival Puccini Plus,<br />

du 27 janvier au 13 février à l’Opéra de Lyon<br />

© Stofleth<br />

JANVIER 2012<br />

N° 177<br />

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