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ΚΥΠΡΙΑΚΗ ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ

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<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong><br />

J<br />

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^r.<br />

'a./1 y-


HISTOIRE GENERALE<br />

DES R O Ï A U M E S DE<br />

CHYPRE. DE JERUSALEM,<br />

D'A:RMÉNIE, ET D'EGYPTE,<br />

Comprenant<br />

L E S C R O I S A D E S,<br />

Avec plus d^exaClitude qu^aucun Auteur<br />

moderne ks ait encore rapportés ;<br />

ET LES FAITS,LES PLUS IIEMORABLES,DE L'EMPIRE OTTOMAN,<br />

Depuis fà fondation jusqu^à la fameufe Bataille de Lepante,<br />

Où finit cette Hiftoire, dans laquelle on trouve auffi<br />

L'ANÉANTISSEMENT DE L'EMPIRE DES GRECS.<br />

On y a ajouté<br />

\. L'Etat préfent de T Egypte.<br />

II. Differtation fur les Caradères Hiéroglifiques des ancîens<br />

Egyptiens.<br />

III. Reflexions fur les moïens de conquérir Y Egypte & la<br />

Chypre.<br />

Par M', le Chevalier DOMINIQUE JAUNA^<br />

Confeiller de Sa Majefl^ Impériale £«? Roïale, ^ Intendant<br />

Général du Commerce dans tous fes Etats Héréditaires.<br />

TOME PREMIER.<br />

C H E X<br />

•I,tfecit<br />

/f L à l D 2, 2.^-*n^5JM.f^<br />

J E A N L U Z A C,<br />

UDCCXLTII.<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


A s A M A'JE ST É<br />

IMPÉRIALE ET ROÏALE,<br />

'. v^ '<br />

MARIE-THÉRÈSE<br />

D'AUTRICHE.<br />

IMPE'RAÏRICE DES ROM,AINS.y<br />

, REINE DE HONGRIE JLT Ut BOfiEMÈ<br />

ARCHI - D UCHESSE jyjUTRICHE^<br />

DUCHESSE DE LORRAINE ET DEB^R.<br />

GRAND' DUCHESSE DE TOSCJNEy<br />

Ôcc. ÔCC. ÔCC.<br />

MADAME,<br />

i^^ honhéur, que fai ^êtrt au fèrvîce dt<br />

I ^ f^otre Majefté Impériale pour les aj^ai-<br />

^ res, quifont du département du Cofif'<br />

[^ merce, me jmt prendre la lihtrté-é^apr<br />

'fart^ m pié de fon 7>^f Hiftoire dès Roïaumes<br />

* de<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


(II.)<br />

de Chyprip, de Jéikfakm , & à^Egypte. Dès^que<br />

j^ en formai le plan, je ^m^étois propofe d'^avoir thonfiéùr<br />

^dà ie^^imif a & Sactée Majefié Impériale if(tn<br />

Augufte fère de hàiehè mémoire)^ " ' '-<br />

Le goût, que Votre Majefié Impériale a pris, dès<br />

fa plusJendne jêuneffe., à la ledure de PHiJioire , ^ui<br />

ejl la véritable École des Souverains, ^' ou Elle a pàifé<br />

les excellentes Maximes du grand Art de régûer y qui<br />

la rendji chère à fes Peuples, ^Ji refpeàahk aux yeux<br />

de tout. P Univers : Ce goût, dis-je , me fait efpérer^<br />

qu^elle vaudra bien prendre mon Oufurhge fous Jbn Augufte<br />

Protedion.,' ^e re^nrierai cetl$vahtage, MA­<br />

DAME , comme la plus glorieufe récompenfe, qm<br />

je puiffe ambitionner pour prix de mon travail.<br />

La connoiffance , que foi ac^ifides prin(^pç,les Langues<br />

des Pays Orientaux, pendant le longJëjour que<br />

fy ai fait, (f P avantage que fai eu de pouvoir confulter<br />

divers Manufcrits très-rares, ^ des Mémoires tf^ruc"<br />

ttfsp&urmm lieff'éiny m'ont t^is ^)$ état, MADA­<br />

ME r iPtm^oT^p^ une Hifimeyque fofe dire être<br />

h pks 4xttdo (f h pks^ cempkt^te , qui ait pà'u jus^<br />

•^k-préfet\,v. Bile .€or^i^nt une Jxjfimé ie faits mé^<br />

mifrdks], JPmtampkt in^f^^Sfam^ '•^^^:^m^^.'^<br />

oh '' ^ei<br />

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(MI)<br />

tes les PmJJdnces de fEurôpe, de PAûe,. &? dfe 7A*<br />

frique , y ont eu part. Les grands évènemens \, qui<br />

yjbnt rapportés y en fervant d^exemples if de leçwn<br />

Jùr la révolution des chtfes.âtiyMûndey.fi^ntvoir en<br />

même tems, que la perte'dépbrdhJiid^srSaints^ Lieux ,<br />

ou s'ejl opéré notre Rédemption y efl due uniquement<br />

à la divifion des Princes Chrétiens.<br />

Je profiterois y avec la plus vive ardeur y de cette<br />

accajion, pour publier les hautes vertus, qui diJUn^<br />

guent fi fort Votre Majéfié Impériale , 6? toutes les<br />

grâces, dont le Ciel s"*efi plu à la combler, fi je fiétois<br />

pas convaincu, que ^efi-Vg, un fifjetfor^t ^u-deffus<br />

de mes forces: Que pourrâis-je-^aUkurà' m^e^^ui ne<br />

foit connu de toute la Terre, dont Votre Majéfié Impériale<br />

fait P admiration ? Je me bornerai donc à joindre<br />

mes voeux à ceux de liûs Sujets pour la profpérité<br />

deV^otre Sacrée Majefié Impériale ^-Roïale ^ & pour<br />

la longue durée de fon Règne. ' -'^ ''<br />

Trùp'heureux y fi, en "eonfhcrmt hV.M. I. le fruit<br />

de mes veilles , Elle veut bien recevoir avec bonté cette<br />

marque de mon hommage ; Et plus heureux encore ,<br />

fi je puis tirer de msn expérience dans le Commerce,<br />

ûui efi Pamè des JEHati y 6? la ^fource de la félicité<br />

^2 des<br />

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(IV)<br />

dés Peuples ,ç ks moïens de le faire fleurir à P avenir<br />

dans les^ Pays de fa domiantien, avec plus de fuceès y,<br />

que k malheur des troubles ne Pa permis jusq^:à -préfent?<br />

C*eft dans ces fentimens, pleins de kèle ^^d^attachement<br />

y que j'^ai phonneur d*être avec le plus pro-^^<br />

fond rejped, fe? une, vénération infinie,<br />

MADAME,<br />

D E<br />

P'OTRE SACRÉE MAJESTÉ<br />

IMPÈRIALiE tT ROÏALE<br />

.à. téî trèS'humhïe, très-cbétjffhntt<br />

Çf triS'fidèU ServitettTy<br />

U à^erâier DOAâlNiaUE JAUNA.<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


M:<br />

P R E F A CE.<br />

®Ç^V^® eut le monde efl affez perfuadé de la nécef^<br />

^jtV*^^ fité de PHifloire 5 foit univerfelle, foit<br />

^^¥S^^$ particulière, & que c'efi elle qui nous re-<br />

(^®^i^(l>^ met dans la mémoire des faits paffes, dont<br />

la connoifïance porte à l'efprit des lumières, qui l'éclairent,<br />

& au cœur des fentimens, qui le règlent, &<br />

le fixent à l'accompliffement des devoirs les plus effentiels<br />

à la Société humaine. 11 n'y a perfonne, qui ne<br />

fâche, que l'Hifloire, en nous raportant ce qui s'efi<br />

ff fait<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


P R E F A C E .<br />

fait & dit dans les fiècfes les plus reculés, expofe à<br />

nos yeux comme un tameau parlant du bien, & du<br />

mal, dans lequel nous pouvons difeerner les chofes,<br />

qui fbnt dignes de nos louanges, & de notre approba-<br />

' tion 5 de celles qui ne méritent que nos mépris &<br />

toute notre horreur.<br />

Le public éclairé n'ignore pas non plus, que l'expofition<br />

des adtions vertueufes, avec toutes les couleurs,<br />

qui nous les rendent aimables, attire d'abord nos attentions<br />

, & fait naître enfiiite dans nos cœurs le défir<br />

de les imiter. Il efl bien convaincu que les exemples,<br />

fournis par une Hifloire véritable, frapent ordinairem.ent<br />

plus les Hommes, que les raifens démontrées<br />

dans la Philofephie, & dans les autres feicnces, purement<br />

fpéculatives. Auffi l'entendons nous feuventdire,<br />

que les démonftrations Philofephiques tendent bien à<br />

prouver une propofition ; mais les faits, dévelopés par<br />

un Hiftorien fincère, paffent outre, & excitent en nous<br />

le panchant naturel, que nous reffentons tous à imiter<br />

ce qui nous plait.<br />

Je croirois donc juger peu favorablement du Public,<br />

fi je voulois m'arrêter à lui faire voîr les avantages, qu'il<br />

tfouvera dans cette Hiftoire particulière des Roïaumes<br />

de Cè^/pr^, àe, Jérufalem, & d'JS^j«/>^^; je penfe,<br />

qu'il fùfïlt de l'aflùrer, qu'il y verra ce qui flatte fe plus<br />

la nature, je veux dire la diverfité d'une infinitéd'évèfïemens^<br />

tous intérefîàns pour ceux qui veulent s'inftruire<br />

à fend des chofes, qui concernent ces trois différents<br />

Etats. Je fais, qu'on a déjà mis au jour de bons<br />

Gu-<br />

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P R E F A C E .<br />

Ouvrages , où les Auteurs ont inféré beaucoup d'endroits<br />

, qui ont quelque raport à ce que je donne<br />

au public; mais, outre que ce ne fbnt que des mor*<br />

ceaux, ou fragmens détachés, quine peuvent fournir<br />

une idée nette, & générale de toute l'Hiftoire,ils laif^<br />

fent encore à défirer les recherches néceflaires, que<br />

j'ai faites fiir l'origine, Faccroiffement, &kdécadence<br />

de ces Roïaumes, & de ceux qui les ont flicceffiverpent<br />

pofîëdés.<br />

Le grand nombre d'années, que j'ai paffe dans ces<br />

divers pays . & le fecours que j'ai tiré des langues qu'on<br />

y parle, m'ont mis à portée d'y découvrir bien des<br />

chofes , qui n'ont pu venir, ou qui ne fent venues que<br />

très-imparfaitement à la connoifïance des autres, j'ai<br />

lu à tête repofëe les Auteurs, qui en ont traité; je me<br />

fuis fervi de plufieurs Manuferits & Mémoires, qui<br />

m'ont été fournis; & je n'ai rien négligé pour comparer<br />

ce qu'ils en ont dit à tout ce que j'ai trouvé, &<br />

obfervé iTK>i-mème fur les lieux & parmi les habitans<br />

de ces différentes Régions ; Etje m. e fuis apperçu, qu'on<br />

a écrit beaiKX)up de chofes fur le raport peu exaft, &<br />

même très-fautif de quelques Perfennes, qui, ou ne<br />

les avoient pas vues, ou ne les avoient pas approfrondies.<br />

C'eft le motif, qui m'a porté à former le deffein d'entreprendre<br />

un Ou\Tage, qui auroit à la vérité exigé<br />

d'autres talens, que les miens, mais qui m'a paru fi<br />

important dans la circonftance des tems, & dans la conjondure<br />

préfente des affaires de V Europe ^ que ]hi mieux<br />

aimé expofer en quelque ferte n^ réputation, & me<br />

• ff 2 feu-<br />

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P R E F A C E .<br />

Pour ce qui eft de la Chronologie, j'ai marqué à la<br />

marge les tems, qui m'ont paru certains, & les ai omis<br />

dans le cahos obfeur des premiers fiècles, auxquels<br />

on rapporte l'origine & les commencemens des Etats,<br />

qui font le fujet de mon Hifloire. Un Hiftorien, qui<br />

eft contemporain, peut & doit obferver ferupuleuiement<br />

l'ordre des tems. 'Toutes les dattes fent certaines<br />

pour lui ; mais celui, qui n'aïant pas ces avantages<br />

, veut cependant s'y attacher, prend feuvent le<br />

change, & s'expofe à de grands mécomptes, qui méritent<br />

toujours correétion. Après tout, quel travail ne<br />

feroit-ce pas qu'un calcul exadl, qui ne fe pourroit faire<br />

que par la rédudion des J^oques, des années, &<br />

des mois, des nations, qui nous font fi peu connues,<br />

à notre époque , qui efl différente? Ces recherches<br />

fans fin ne pourroient nous afîurer à fonds, qu'il n'y<br />

eût point d'erreur dans la fùpputation ; Et enfin, pourvu<br />

que les faits, & leur fùcceflion feiient nettement rapportés<br />

dans leur ordre natui^l, il n'importe podnt tant,<br />

qu'on fâche à point nommé dans quelle année, dans<br />

quel mois , ou dans quel jour, ils font arrivés. J'ai<br />

cependant obfervé ^dans le cours de mon Hiftoire, les<br />

tems les plus marqués, & qui font à mon fojet, pour<br />

fervir d'époque aux évènemens les plus confidérables.<br />

lis font comme des points fixes, qui foutiennent lamémoire<br />

, & arrêtent la trop grande vivacité de l'ef[:)rit,<br />

qui le feroit gliffer trop précipitamment dans un labirinthe<br />

, où il fe perdroit.<br />

J'ai mis plus de tems à examiner la fobftance des<br />

faits ^<br />

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P R E F A C E .<br />

' faits, & à les rendre évidens : mais, pour éviter les répétitions,<br />

qui auroient trop groffi mon Ouvrage, &<br />

caufe de l'ennui aux Lefteurs, j'ai cru devoir joindre<br />

à l'Hiftoire de CSypre, ce qui concernoit celle de Jérufalem<br />

, & ^Egypte, lors que les évènemens ont été<br />

néceffairement liés enfemble par l'ordre des tems. Autrement<br />

leur raport n'auroit pas été aperçu, & la narration<br />

en eût été mutilée , l'eifprit n'aïant pu voir la<br />

place, où les faits dévoient naturellement fe trouver.<br />

D'ailleurs ces évènemens, tant ceux qui touchent la<br />

Religion, que ceux qui regardent la focceffion des Souverains<br />

, qui ont régné dans ces pays, & les guerres<br />

différentes, qui s'y fent faites, ont un enchaînement<br />

fi effentiel entre eux , que la divifion, ou la feparation,<br />

n'en eût fait qu'un fquélette , dont tous les membres<br />

auroient paru disloqués.<br />

Quant à VEtat préfent de VEgypte, que j'ai cru devoir<br />

ajouter comme une troifième partie de cet Ouvrage<br />

, ce n'eft proprement pas une foite de l'Hiftoire de<br />

ce Roïaume. Je penfe l'avoir affez developée, depuis<br />

les endroita, où elle a eu quelque relation aux deux<br />

autres. J'aurois pu auffi l'écrire en ftile épiftolaire, &<br />

foppofer , que j euffe répondu à des perfonnes, qui<br />

m'euffent écrit préalablement pour s'informer des différentes<br />

matières , qui en font le fujet : Mais ce def^<br />

fein m'aïant paru une efpèce de fidion, qui peut faire<br />

foupçonner un Auteur , de vouloir donner l'effer à<br />

fon imagination, pour étendre fà matière par des tours,<br />

qui lui font étranges; je me fuis renfermé dans la fim-.<br />

pli-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


P R E F A C E .<br />

plicité d'un ftile ordinaire, plus propre à inftruire, qu'à<br />

amufer les Lefteurs.<br />

On trouvera à la foite de V Etat-pré fent de VEgypte<br />

un examen des moïens , qui paroifîent les plus faciles<br />

de faire, & de conferver la conquête de ces charmans ,<br />

& riches Etats. Le Public jugera de la folîdité des raifons<br />

, qui appuient ce petit Ouvrage , qui fera foivi d'une<br />

Difièrtation for les Caradères Hiéroglifiques des anciens<br />

Egiptiens. Cette dernière pièce, fi je ne préfome<br />

pas trop, pourra être du goût des gens de Lettres,<br />

quî y trouveront un cara6lère de nouveauté, non dans<br />

la manière, dont elle eft écrite, mais dans le fond du<br />

fojet en lui même.<br />

Je fopplie le Public de vouloir bien jetter les jeux for<br />

le fommaire de tout l'Ouvrage, qui lui fera préfenté<br />

conjointement avec cette Préface. 11 verra, par cet<br />

abrégé, fi le contenu dans toute fen étendue, peut<br />

attirer fen attention.<br />

Comme dans le corps de cet Ouvrage, je traite de<br />

la maifen de Luzignan, & en raporte la Généalogie<br />

dreffee par le R. P. LUT^IGNAN , à caufe que cette<br />

Jlluftre Famille a été longtems en poffeffion des Roïau-,<br />

mes de Chypre , & de Jérufalem, c'eft-à-dire depuis<br />

l'an 1185. jufqu'en 1474. quelcun pourroit fe formalifer<br />

de ce qu'il n'y a pas auffi été traité de la Sérénif^<br />

fime Roïale Maifon de Lorraine, à caufe qu'elle porte<br />

le titre de ces mêmes Roïaumes.<br />

Mais les Lefteurs me pardonneront aifement ce péché<br />

d'omiffion en confidération de la variété d'opini-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


p R E F A C E.<br />

nions 3 -qtt'if y a parmi les Savans for la dite Généalogie,<br />

puâque cela m'auroit ohlîgé Centrer fîir ce fojet<br />

Aurts unedifeuffion beaucoup pJus «n^e, que les pro-<br />

"pofitîons de POuvrage ne Pauroienf permis.'" La vacation<br />

des autres me confirme dans ma maxime. Mr. DE<br />

^UEt)0EVïLLE, dans {on nouvel Atlas, ne nous dôiine<br />

t^il pas en problême cette Généalogie?; L'Auteur<br />

^de la Vie de St. Norbert n'en fait-il pas de même ?,<br />

Et, après tout ce quele P. ViGNiER, BLONDEL,<br />

IMHOF, le Père HUGO, ECCARD, & le très-R. P.<br />

CALMET , ont établi touchant l'origine prife d'ExHi-<br />

CON, Pr. Duc d^Allemagne, & la ligne aînée par E-<br />

THicoN II. HUGUES premier, & EBERARD IV. Frère<br />

de CONTRAN le Riche, n'a-t'on pas vu paroître à<br />

l'improvifle un Ouvrage, quî tend à renverfer de fond<br />

en comble ce dernier fyflême? Il porte le titre de Généalogie<br />

Diplomatique de la très-Augufie Maifon S Autriche,<br />

à Vienne l'an 1737. approuvé de Perfonnes du<br />

premier ordre, imprimé aux d^ens de la Cour, annoncé<br />

avec des applaudifîèmens, & louanges infinies de<br />

l'Auteur, In Adis Eruditorum, &'dans les Nouvelles<br />

Littéraires de Ratishonne, orné de toutes fortes<br />

de figures en taille-douce , & dans tout le refte d'une<br />

grande magnificence, à laquelle a répondu celle<br />

des riches récompenfes du Souverain; Cela ét^it<br />

àinfi, qui efl-ce qui oferoit plus râifonner, ou dire fon<br />

fentiment contraire ? Je penfê d'avoir raifon de m'être<br />

abftenu d'entrer dans des détails, qui m'auroient infailliblement<br />

jette dans des embarras, qui ne conviennent<br />

tt t point<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


p R \E F A C E.<br />

point à mon fojet principal. J'ajouterai 'feulement,<br />

,qûe tous les Orientaux, que j'ai lorig-téms pratiqués,<br />

tiennent par tradition, & croyent fernîenpient, que<br />

.GODEFROY DEBOUILLON, premier Roi Chrétien<br />

ào, Jérufalem, fut le Chef de la Roïale Maifon<br />

de Lorraine, aujourd'hui régnante. La raifon en eft,<br />

que leur ignorance ne leur permet pas de s'appliquer<br />

à critiquer l'Hiftoire, & la Chronologie, comme font<br />

nos Savans $ Europe.<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


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<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


SOMMAIRE<br />

DE<br />

L^H I S T O I R E<br />

DES<br />

R O Ï A U M E S<br />

D E<br />

CHYPRE. DE JÉRUSALEM.<br />

ET D'EGYPTE.<br />

L I TRE PREMIER.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R . .<br />

L pv ifpoftîom de fjuteur. Incertitude fur les premiers Noms de Chypre ,<br />

JL/ C3* de fes habitans. Raifons de cette incertitude. Origine des divers<br />

noms de l'Ile. II. Divers fentimens des Grecs fur le mot Kupros. Situation<br />

de Chypre. Faujfe opinion-des Anciens. Defcription de Vile. Sa<br />

divifion. Superfiition des Chypriots. Erreur de dvoers Hiftoriens. Nombre<br />

des Filles de Chypre. Des yUlages, Des Habitans. Maffacre des<br />

Chypriots par les Juifs. Maronites foumis à l'Eglife Latine. Raifons<br />

de l'obfcurité de l'ancienne Hifloire de Chypre. Erreur du Père Luzignan.<br />

Opinion ^Hérodote, tailles Roiales de Chypre, Amathonte. Temple<br />

^'Adonis. Dé Venus. Origine du culte de Venus. Fable des Propé»<br />

tides. Enlèvement àe 80. Kimpbes par Didon , qui les emmena à Cartage.<br />

Fable de Thefée, âf d'Anadne, inventée à ArmthontQ. Deflruc<br />

tion i'Amathonte. II. Paphos, Temple le plus ancien de Vénus. Proçeffions<br />

en l honneur de Vénus. Culte de Vénus apporté de la_ Paleftine.<br />

Deux Cyniras. Cyniras, Fils de Sadoc, vient en Chypre. Fondation<br />

de CarpafTo. Cyniras, Fils ^'Agriopas. Paphos ruinée. Baffo en fa<br />

place. Citium bâti par les Phéniciens, ou Tyriens. Naiffance de Zenon<br />

à Citium. Iles de la mer Méditerranée apellées Kittin dans la Bible.<br />

Chypriots , connus fous le Nom de Kithiens, du tems de Moïle Chypriots<br />

affranchis du joug des Tyriens. Fille, Êf Rsiimime de Malum.<br />

• Ltur<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


Leur ruine. Salamine aujourd'hui Famagoufte. Sa fomation par Teucer.<br />

Temple àe Jupiter Grec. Àffrofi fait à la Reine Phéretime par le<br />

. Roi EveltoQ^ Lapathpj , ^ Soli. Origine du mot Solécifme. Soli du<br />

mm àe Solon, Ch^rie^ tfï*^^tri3^ g J rT '^. f<br />

C H A P I T R E a S E C O N D .<br />

pAmafifXRoî ilg/Bte , p|^w Chyire. Chyâriots îdwsyi Camhgs<br />

"Contre JbAgyptiif.-t)o«(rtf«^ijr Dariu^'S^ ^^ Xi;xes, i{2^rj /« {Jïï;<br />

priots. Superfiition àcs Chypriots. Chypie fous la àominat ion àe s Perfes.<br />

IL Chypre;»arfj^


s o M M A I K Z<br />

en Mer prendre poffejjten. ^Richeffes imtHnfes emportées de Chypre,'^ar<br />

i Cttôn. m. Tréfors àe Chypre épuifés par Ptolomée , pur acheter la<br />

faneur àes Romains. MâUvais fuccis àe Ptolomée. Il fait wcwrir Bérénice,<br />

fa Fille. Mort ^5 Ptolomée Aulètes , ou le Fluteur. Succeffion de<br />

.Ptoiomée Dénis, ouBacchiiSyàfon Père Aulètes. Ptolomée, le jeune,<br />

i - mmmé Rot de^Chypte ,; par Céfar. /{{fàffiné par ordre du mémeCéùu:.<br />

'^tinâton des ?iô\cmées


S O M M A I R E .<br />

Hefh arrofée que par des torrens. Source de Chitrie, qui fait aller i6. moulins.<br />

Jardirt de l'Auteur, contenant 12000. vieuriers, ^ plufieurs autres<br />

efpèces d'arbres. Machines nommées Alakati, ou Sakie, pour puifer Teau<br />

des puits. Manière de cultiver les meuriers en Chypre. Soie de Chypre<br />

plus pefante y que selle des autres pays, ^empldiée aux étofes d'or, 8* d^argent.<br />

Abondance de Cotton. Qualité des Chypriots. Chypriots amateurs<br />

de Foifiveté , de la 'bonne chère , de la magnificence, & de la volupté.<br />

Leur taille médiocre, 6f leur couleur bafanée. Habitans àes lieux éloignés<br />

de la mer très-blancs. II. Illuflres, (^ faint s perfonages de Chypre. Jofeph,<br />

OM St. Barnabe. Jean,/«rnomw^ Marc, ^fa Mère Msnie. Nicanor<br />

un des VII. premiers Diacres. Mnafon, difciple àes Apôtres. PIUH<br />

fleurs Chypriots Martirs Evêques. St. Ephiphanei Evêque àe Conftance,<br />

eu Salamine. S. Sprridion, Evêque àe Tremitos. Anteraius, Evêque àf<br />

Salamine. St. JeanTAumonier «ûÉz/'^'Amathonte. Léonce, Evêque de<br />

• Limifok Autres illuflres perfonnages Chrétiens. III. Savans. Afclépiade,<br />

. Médecin. Nicagoras, Hiftorien. Zenon , Phîlofophe. Dexiphanes, ArchiteSte.<br />

Démonax , Philofophe , modèle de vertu Païenne. Son portrait.<br />

Autre Zénçn, Médecin. Hermias Sozomène, Hifiorien Eçcléfiafiique.<br />

Onéfime, Sophifte , ^ Orateur. Famille des Ophiogènes. IV. Chy»<br />

priots de tout tems peu aàonnés aux Armes. Rares qualités i'Henri Ca-<br />

, tharin de Davilla. Femmes Chypriotes, qui ontfait des avions béroïque/»^<br />

Axiothée. Renée de Rochas.<br />

LirRE TR O ISIÈME.<br />

CHAPITRE PREMIER.<br />

ï. Dîterfes opinions fur l'origine i


S O M M A I R E .<br />

C H A P I T R É S E C O N D .<br />

I. Permiffion accordée aux Amalfitains de bâtir un Temple à Jérufalem.<br />

Le Préfident leur accorde une place vis-à vis le St. Sépulcre. Ils y établiffent<br />

une Abbaye de Bénédi6lins. Origine de fOrdre de S. Jean de Jeruiàlem.<br />

Fables fur l'origine de cet Ordre. Origine des Turcs, qui s'emparent<br />

de Jérufalem. Turcs unis i Artaxerxes, Roi des Pwtûiçs, contre Alexandre<br />

Sévère. Chypre menacée par les. Turcs, fous le Nom de Scytes.<br />

Turcs divifés en deux Factions. Origine des Huns en Hongrie, ^ des<br />

Turcs dans les Palus Méotides. II. Turcs devenus un feul Peuple avec<br />

ies Sarrafins. Erreur des Hiftoriens touchant les Sarrafins. Mahomet apelle<br />

les Turcs àe Perfe à fon fecours contre les Sarrafins ^Egypte. L'Empire<br />

Grec mal gouverné par des Princeffes. Perfécution des Chrétiens , fouf le<br />

gouvernement des Turcs. Première guerre Sainte, ou Croifade, fous Urbain<br />

Second. Belchfond, Chef des Turcs, partage fes conquêtes entre fes quatre<br />

Neveux. Défcùte àe l'Armée àe Soliman par les Chrétiens. ProdigieU'<br />

fe Armée àes Croifés. Siège à? prife rff Jérufalem par les Croifés.<br />

CHAPITRE TROISIÈME.<br />

I. Situation de Jérufalem. Toui les '^ypûens de JéruCaleTù pafjes au fil de<br />

Tépée, Délivrance àes Chrétiens captifs. Première donation faite à l'Hôpi^<br />

. tai de St. Jean àe Jérufalem. Godefroi àe Bouillon, Roi ^^ Jérufalem.<br />

Sa moàeftie. Sa mort. Ses rares qualités. Baudouin, Frère ^ ^ Succeffeur àe<br />

Godefroi. Prife de plufieurs Filles par Baudouin. Sa mort. Sa^fepulture,<br />

. IL Baudouin, Comte dEdeffe, monte fur le trône. Il efl fait prifonnier. Son<br />

élargiffement. Sa mort. Origine àe Wràre àes Templiers. Foulques, Comte<br />


û O' M M A ï R Ë.<br />

à Antbche. Confeil gènétat ienu k St Jean d*Acrô fur les epérations de<br />

la Guerre. Réfolution d'attaquer les Sarrafuis de Damas. Siège de cette<br />

Place par les Chrétiens.'Fauffe démarche des Chvéderis. Levée du Siège.<br />

II. Retour de tBmpeteur Conrad en Allemagne, ^i«7Î02 Louis fwFran-<br />

'^ ce. NorMin dUns la Principauté d^Anûqche. Rétour de Baudouin/ij-é-<br />

"' fufaiefn. Diffent'm entre M, ^ fàMèft. Accord eme eux. III. \SilUation<br />

^Napôulô'ufei autrefoù Siàien. Origine^ ^fignification du Nçm<br />

' de.Sàmmmn. Nouveflf rupture entre le Roi BaUdomn. IV. ^ fa Ji^re.<br />

liètraité de )a Riîne dans la teur de ÎDavid. Noradin, 8* le Soudan rflco-<br />

*:_nium,/g retirent dans EdefTe. Chrétiens /Edefle conduits par Bauçlouin.<br />

' Habitans d'EÛQWù bien ref us par les Seigneurs, ^Bourgeois d'Antioche. W".<br />

Jérufalem furprife par deux Turcs nommés Joraqnins. Conftemation àes Éfa.»<br />

^'l^ir^ViifJèrrfllit^m'. Barbares en àérôute. Leur défaite au nombre de foooo.Les<br />

'fifçào'ûiib$ "^èîeiit ravager tèurs terres y fans ofet fortir'. Siège /Afcalone<br />

*^jjAr'Baudouin. Sit^iatlon àè'cette Fiïje. Ses fortifications. Ses Bourgeois<br />

'' ùguUfris. ' LoUguefir du ^ié^e. DifpoJltioK des Chrétiens à kver li. Siège.<br />

Oppojîiioilda Maître de /"Hôpital^ la levée du Siégé. Prife J'Afbalône par<br />

capitulation^ 4^''jins de gracies après la prife delà Fille.<br />

,îN ^ G H AT I TR E S E C O N D . ^^ • ^ •••<br />

L^DiffenthinfceMialewfh entre les Eccléfiaéiques, i^ les Hofjwtalieirs. Mafi<br />

facre du Caîîfe J'E^jpie par le Souàan £beys. Mafjhcre du Soudan Ebeys,<br />

8* prife de Nofèradm , /on Fils, par les Hofpitaliers ^ ks Templiers.<br />

f Avantages dès Barbai-esy«r les Chevaliers. Siège dt Belline, par Noradin,<br />

Plufieurs Habitons paffés du fil de Vépée. Levée du Siége^ II. Second Siège<br />

.'


s a M M A I R E.<br />

^,J^\mfriç. UI. Tentative de Nqr^iç^ fur Tripoli. Fiâolrfi, •^.dépouilles<br />

^ffétnporiks fur j>fQradin ^'par des Selpiem ÎEÏA^ÇOÏS. Fic^oire, remportée<br />

\fur. BaemonvJ, ^fes -Confédécés. Çcliiné fe rend à Norsidin.<br />

^- ^<br />

C H A P I T R E ( Q U A T R I È M E .<br />

I Syracon avec fon Armée dans le Rokume de Jérufalem. Douze Cheval ers<br />

dufTem^le pendus par ordre J'Almédc Syracon difgracié par P^oradin.<br />

'\Ii^s'infinue kviprh du Calife de''^^d^. flfait efpérer à ce Calife la con-<br />

^^ quête de fEgypt^ Le'CaUfe fait\afferhbler des-Troupes, pour fondre fur ï E.-<br />

" gypteç. n. Erreur de^plufieurs Aà^iirs-touchant ia Fille de ^^gdz.d. Mar-<br />

'^che ïfAitnéric vers fE^pte. 'furprife de Sannar h farrivée à'A\métic.<br />

jMmèric reçu gracieufement par S'axirr^r. Erret^ àes Hiftoriens au fujet au<br />

^' Caire , pris pour Mempliis. • Origine àes Califes, & Ce qui àonna lieu<br />

' à leur'àiviJiBir.. Berbéce*, Succeffeur ^^ Mahomet. Rêveries d Ah, pour<br />

•' f oppofer à Mihbmei. III. Turcs divifés eii deuxfe^es. Révolte d AhdiU çon-<br />

'/tre les Mahamétntis. ^jrpend leiftMdt C^hïe.^ Fondation de la Filk du<br />

•' Caire par Géoar.. Le- Caire,'Siège RàWdés Ça-lifs-s, àefcehàans d'Ah.<br />

• Calife d^'gypte'apèjlè Mulène , ceft-à-dire'l'^Notre Seigneur. Le trop<br />

grand pouvoir des Soudans caujh de la àefiruSiion des Califes. IV. IJ Armée-<br />

'• de Syrzcon'fouffi-e- dans les'-fables r^'Egypte. -Alméric k pourfuit inutilement.<br />

Renouvellement' de paix entre Jérufalem, 6f/*Egypte. Ratification<br />

du Traité àe paix par le Calife, péfaiîe de SyrdiCon par le Roi. Action àe<br />

Baben. Alexandrie 7^' rend à Sytxcon.'''Mkrdbé'Jjim toncer'tée àe l'Armée<br />

rftf Syracon. 6'%e/i'Alexandrie pwr Alméric. Traité àe paix entre Almé-<br />

•^ rie,i/*5o^«,'â? Syracon.-; '*' "-.'• '"',•• ' '<br />

• •;>)r.<br />

' ^ Z. m i E''c INQ^ UIEME.<br />

!l • G H A P i T RE P R E M I F. R.<br />

:j.- — - - - - - - - • ,- -.. y,\<br />

H Deffein à'Ahmric fur /'Egypte. Cmféàérafmijêntre I Empereur ^T^VMiet,<br />

i§ Alméi'ic fur. ce^ fujet. Habitam àé Pét-ifum^ pa/J?^'j au fij àe répée,-<br />

Aàdreffe àe Sannar. Àar/Ve ^f Alméric. Sannar/m/j^/^ Cuire'. LArviée<br />

de"Diimi$ au fecours de'Sann^ir. Honte, ^ punition à'A]rriLiic. Politique<br />

^tf Syracon. Le Souàan affaffmé ^ fes àeux fils étranglés. Syracôh reconnu<br />

Souààn. II. Dernier Calife d'Egypte maffacre par S2i]4din. Secours<br />

demandé par Alméric, ^'envoiepar Emanuet Aïmériè^pmpoMr /'E-<br />

. gypte, asicc les Templiers , ^ /^x liofpitaliers., Leur arrivée à Di-<br />

'ftiiettfe.. Situation àe cette Fille: fiùjnpdjAXmèric devant Damiette. :^^^<br />

de cette Fille. Six Galères brûlées par les Affiégés. Levée du Sic-re. Partie<br />

de la Flotte Gréc


S O M M A I R E .<br />

une partie de la Syrie-Sobal. Effets terribles des tremblemens de terre<br />

dans k Roïaume de Jérufalem. Ravages commis par Saladin dans la Syrie-Sobah<br />

IV. Schifme àans l'Eglife. Siège dAïzc par Noradin. Levée<br />

du Siège. Mort de Noradin.<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I. Peuples nommés AfMCms. Leur foumiffion envers leur Souverain, appelle k<br />

\^ieux. Origine du wof Aflaflîns. Leur Religion. Leur deffein de Je faire<br />

Chrétiens. Générofité ^Almérie, ^ Avarice des Templiers. Barbarie<br />

des Templiers. Excufes du R


S O M M A I R E .<br />

Ninîve. IIL Le Roi Baudouin à Céfarée. Prife dAlep par Saladin. Baudouin/*aff<br />

fa démiffion de la Souveraineté en faveur de Gui de Luzignan.<br />

jaloufie des Seigneurs du Roïaume contre Gui de Luzignan. Mauvais fuceès<br />

des Chrétiens caufés par cette jaloufie. IV. Couronnement àe Baudouin<br />

V. du vivant defon Oncle. Montréal affiégé par Saladin. Levée du Siège.<br />

A^ion peu mefurée de Baudouin. Gui àe Luzignan, Gouverneur du jeune<br />

Roi.<br />

C H A P I T R E CINQ^UIEME.<br />

I. Ambaffadeurs de Jérufalem envoïés en Europe. Secours promis aux Ambaffadeurs.<br />

Erreur au Chevalier Toxxn àans Jon Hiftoire. IL Excufes des<br />

Rois t/'Angleterre ^ de France, au fujet au voïage àe la Terre-Sainte.<br />

III. Les Ambaffaàeurs renàent compte au Pape, àe leur Négociation. Le<br />

Roi de Sicile, Général àe la Croifade. Départ des Ambaffadeurs pour Jérufalem.<br />

LITRE SIXIÈME.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

I. Chagrin de'èz.u.domn au retour des Ambaffadeurs. Sa mort. Son inhumation.<br />

Faux préjugés de quelques Hiftoriens. Conteftations entre les Grands du<br />

Roïaume. Sybile, £5^ Gui de Luzignan couronnés. II. Arrrivée du Marquis<br />

de Montferrat à Jérufalem. Le Comte de Tripoli yè fait Turc, dans<br />

l'efpérance àe régner. Siège àe Tibériade par Saladin. Faleur àes Chrétiens<br />

àans le combat contre Saladin. Fuite àe Saladin. III. Rufe s du<br />

Comte de Tripoli. Sa feinte réconciliation avec le Roi Gui. Imprudence<br />

du Roi Gui de Luzignan.<br />

CHAPITRE SECOND.<br />

I. Long, 6f fanglant combat entre les Chrétiens £^ Saladin. Lâcheté ^<br />

perfidie du Comte àe Tripoli. Le Bois àe la Croix pris par les Barbares.<br />

Défaite àe l'Armée Chrétienne. Barbarie àe Saladin. JI. Siège ^ reddition<br />

àe Ptolomaïde. Saladin Maître àe la plus grande partie àe la Paleftine.<br />

Saladin obligé àe lever k Siège rf'Afcalone. Jérufalem fe rend<br />

à Saladin , par capitulation. Trifte fortie àe la Reine, au Patriarche y<br />

(^ àe la Bourgeoifie àe Jérufalem. III. Entrée triomphante ^ff Saladin<br />

dans Jérufalem. Jl permet aux Chrétiens Orientaux de racheter le St.<br />

Sépulcre. Remarques curieufes. Tentative de Saladin fur Tripoli de<br />

Syrie. Réfolution des Tripolitains. Mort du Comte de Tripoli, Entre-<br />

* * prife<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong><br />

*


S O M M A I R E .<br />

prife de Saladin fur Afcdone. Reddition J'Afcalone* Dureî conditions<br />

exigées par Saladin du Roi de Jérufalem.<br />

C H A P I T R E T R O I S I E M E.<br />

1. L'Europe prend part au malheur des Chrétiens Orientaux. Siège de<br />

Tyr par Saladin. Situation de Tyr. Figoureufe défenfe de la part àes<br />

Affiégés. Offres àe Saladin rejettées. Défaite àe la Flotte àe Saladin.<br />

Honteufe fuite de Saladin. II. Progrès* de Saladin dans le pays rf'Antioche.<br />

Chrétiens Orientaux fecourus par ks Européens. Desunion<br />

entre les Princes Chrétiens. Gui mis en liberté par Saladin. Saladin<br />

battu par les Chrétiens. Saladin au fecours àe Ptolomàxde'y affîégée par k<br />

Roi Gui. III. Defcription àe cette Fille. Campement àes àeux Armées.<br />

Flotte de Coni^td, Prince àe Tyr, àevant Ptolomaïde. Difpofition àe<br />

l'Armée Chrétienne, èf àe celle àes Barbares. Commencement au Combat.<br />

Jcciàent remarquable. FiStoire àes Chrétiens Orientaux. Mort d^ Guillaume<br />

, Roi de Sicile, appui àes Chrétiens Orientaux. IV. Contagion<br />

àans le Camp àes Chrétiens. Leur àéfespoir, caufe àe leur àéfaite. Differenà<br />

entre Gui, ^ Emiroi àe Thoron. Conrad àe Tyr ksfupplantetous<br />

les àeux.<br />

C H A P I T R E Q^TT A T R I E M E.<br />

t L'Empereur Frédéric eft bien refit par Bella, Roi ^^ Hongrie. ^Trahifm<br />

de f Empereur Grec envers Frédéric. Paix entre les deux Empereurs.<br />

C(p«aî^'Iconium défaits, ^ mis en fuite par Frédéric. FiBoire complette<br />

de cet Empereur. 11. Defcription S'Iconium. Cette Fille abandonnée<br />

au pillage. L'Empereur accorde la paix au Souàan dîconium. Trifte<br />

mort àe Frédéric, vainqueur àe Szffsidin. Eloge àe Frédéric L III. Frédéric<br />

, fin Fils, reconnu pour Chef àe l'Armée Chrétienne. Saffadin<br />

battu par Frédéric II. Arrivée àe l'Armée de Frédéric, Duc de Suabe,<br />

ill Antioche. Batailk gagnée par les Chrétiens. Frédéric. L inhumé<br />


s o MM A I R E.<br />

II. Arrivée du Roi de France à Ptolomaïde. Le Rot d'Angleterre arrif}e<br />

à Ptolomaïde , avec le Duc Ifaac en chaine, Brouilleries entre les<br />

François 6? les Anglois, caufée par la lenteur des derniers à féconder les<br />

premiers. AStion héroïque d'un Noble Florentin de la Maifon de BonaguiG.<br />

Réconciliation entre les François, 6* les Anglois. III. Le Roi de France<br />

force les affiégés à demander Capitulation. Traité de reddition. Nombre<br />

Êf 'qualité des Seigneurs , qui périrent au Siège de Ptolomaïde, Gui de<br />

Ltuagnan déclaré Roi de Jérufalem. '<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I, Origine de T Ordre Teutonique. A6tion violente du Roi dAn^e^erte,<br />

caufi du maffacre des Chrétiens. Portrait de Ciment prifonnier dans VAr-<br />

^«^^'Françoife. Ses avis aux Princes Chrétiens.- ^gement^ de l'Auteur<br />

fur le^ avis de Caracut. IL Renouvellement du démêlé entré Gm&Conrad.<br />

Accord réïté,ré entre Gui ^ Conrad. III. Progrès de Saladin p#«dant<br />

les àifputes, è* la négligence des Chrétiens. Jaffa repris, i^ Saladin<br />

mis en fuite par les Hofpitaliers £? les Anglois. Rupture ouverte entre<br />

les àeux Rois Philippe Ù Richard. IV. Départ du Roi de France dé<br />

Ptolomaïde, ^ fon arrivée à Rome. L'Exemple de Philippe eft fuivi par<br />

k Duc d'Autriche, ks Vénitiens, /ffx Génois, ^ les Pifans. Camp de<br />

Richard affoibli.<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E .<br />

I. Saladin, inftruit de l'affoibliffement de l'Armée Chrétienne , fe préfente<br />

à fa vue. L'Ik àe Chypre engagée par Richard aux Templiers pour<br />

2 y ooo. Marcs d Argent. Fortifications àe Ptolomaïde réparées. Sanglant<br />

combat près dAffm entre P Armée Chrétienne, £*? celle àe Saladin. Fi5toi'<br />

re complette àes Chrétiens fur Saladin. II. Négligence àes Chrétiens à<br />

profiter àe la Fî6toire, Mort tragique àe Conrad, Prince de Tyr. Richard<br />

, Roi ^'Angleterre, calomnieufement accufé de cette mort. L'Auteur<br />

de ce Meurtre découvert. III. Emfroi de Thoron affaffinê. Richard<br />

Roi de Jérufalem, 6* Gui, Roi de Chypre, par échange.<br />

L I rR E HUITIEME.<br />

t<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

I. Départ de Gui, pour aller prendre poffejpon du Roïaume de Chypre.<br />

Grands préparatifs peur la Conquête de J^érufalem. Troubles dans les Etats<br />

de Richard, caufe defon départ, II, Traité des avantageux pour les Chré-<br />

** a dens.<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E ,<br />

tiens. Rifittimàe routeur. Richard arrêté en Autriche. Rajjpn<br />

exceffive pour fa liberté. IIL > Mort, au Duc de Bourgogne i Ptolomaïde,<br />

8* retour àes François en Europe. Henri, Cowre ^rChampagne, refufé<br />

conftammant le titre de Roi de Jérufalem. . .<br />

CHAPITRE SECOND.<br />

I, Prudence, £? douceur dé Gui àans fon gouvernement. Son attention à f4r<br />

peupler fon Roïaume. Liberté, àonnée aux Jiffèrentes fe^es, àeprofeffer<br />

leur Religion en Chypre. Prééminence accoràée par le Roi aux Evêques<br />

Latins fur les Grecs. II. Etabliffement àes Loix fondamentales £5* des<br />

Tribunaux dans l'Ik. Réformation dans les .Troupes. Réparation des'<br />

Fortereffes. Murmures à l'occafion des impôts. III. Diffimulation au Roi<br />

àans cette conjonâture. Sentimens des^ Auteurs, partagés.<br />

dan mal fondé..<br />

Celui de Lore-,<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E . .<br />

h Divifion , £5* guerre entre les Chrétiens


S O M M A I R E .<br />

C H A P I T R E , S I X I È M E .<br />

I Mariage, 6? Coiiromiement ff Alméric à Ptolçmaïde. Mort de VEmpe*<br />

reur Henri., caufe des brouilleries en Allemagne, S du départ des Alle-<br />

^ mands. II. Inutilité' àes Négociations àes Artibaffadeurs du St. Père en<br />

France, Ê? f» Angleterre. Jaffa pr//^ par/w Infidèles. Accommodement<br />

avec les Sarrafins. IIL Guerre entre les Templiers, ^ les Hofpitaliers.<br />

Paix entre eux par ià'crainte àe l'excomvmnication.<br />

' ' ' , . • '<br />

G BT A P 1 T R E S E P T I È M E .<br />

L Soins


s o M M ^A l R E^<br />

CHAPITRE S E co N D.<br />

L Guerre pernideufe entre ks Chrétiens de Syrie. Les Turcs, £? ks TZT"<br />

ta.ret'baîîusen.Arméviie. II. Jean i/* Brienne élu Roi


S O M M A I R E .<br />

g* rafis par Coradm. • III.. Suite du-Siège de Damiette. Repentir des<br />

Chrétiens d avoir fuivi les avis du Légat. Secours arrivé à l'Armée Chrétienne.<br />

IV. Coradin au fecours des affiégés. Il ef^ défait. V. Mélédin<br />

attaque la Cavakrie Chypriotte , ^ l'Infanterie Italienne. Il eft<br />

vaincu.<br />

C H A P I T R E S I X I È M E .<br />

l. Le Roi de; Jérufalem retourne attaquer, Mélédin dans fes retranchemens.<br />

Jl per à la fleur àe fes Troupes, 8 a bien àe la peine à fé fauver. \Sei-<br />

. gneurs morts , ou faits prifoniers. II. Fermeté àes affiégés. Extrémité,<br />

ou ils font réàuits. Entrée des Chrétiens àans Damiette. III. Retraite<br />

de Mélédin au Caire. Difcorde entre le Roi, B^ le Légaf, ^ Retour du<br />

Roi en Paleftine, Réflexion politique. Mélédin/a2> des courfes jufqu'aux<br />

portes àe Damiette.. Arrivée àe plufieurs renforts à l'Armée Chrétienne,<br />

C H A P I T R E S E P T I È M E .<br />

....,..„., J,..., .., _—. , „, — - — — \ — — ^ »<br />

^ les conàitions. II, Confiernation àe la garnifon àe Damiette. EUefe<br />

rend enfin. Mécontentement des Chrétiens. Mort àe la Reine àe-JérufiLlem.<br />

Frédéric II. follicité par Sàltzs., Maitre àe TOrdre Teutonique,<br />

à fecourir /a-Paleftine. L'Empreur y confent.<br />

L I f^ R E D I X I È ME.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

I Troubles àans le Rdlaume àe Chypre-, caufes par les àeux Clergés. Hf<br />

' font appaifés, II. Fdîage au Roi àe Jérufalem à Rome. Confentement<br />

du Roi au mariage delà Princeffe lolandeyà Fille, avec l'Empereur Frédéric.<br />

III. Croifade prêchée par tout. Le g, fait par Philippe, Roî de<br />

France , en faveur de la Croifade. Mariage de lolande avec Frédéric.<br />

Prétenfions de l'Empereur Frédéric Renonciation de Jean de Brienne à la<br />

Couronne de Jérufalem^<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I. La Reine de Chypre fort dé fon Rofaume: Troubles dans ce Roïaume.<br />

Lis Seigmurs //'IbeHn obligés de reprendre Tadmràftration du tout. II.<br />

La<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E .<br />

La Reine promet de fe remarier au Comte de Tripoli. Ambition ie ce<br />

Comte. Promeffe de mariage entre la Reine 8 ce Ceinte annullée. ^ IIL<br />

Retour de la Reine en Chypre. Reflexions morales. IV. Rufes de l'Em»<br />

pereur Frédéric. // eft preffé tar Grégoire IX. d accomplir fon Fœu<br />

pour la Paleftine. Frédéric s embarque à Brindes avec le Patriarche de<br />

Jérufalem.<br />

thème.<br />

V. Anathême fulminé contre Frédéric. Raifons de cet Ana»<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E .<br />

I. Fangeance de Frédéric. Tentative qu'il fait contre l'Ile de Chypre. Son<br />

arrivée à Limifol. II. Lettre captieufe de Frédéric au Seignenr àe Baruth.<br />

Ses prétenfions 8 fes violences injuftes. Confufion, qu'il reçoit.<br />

in. // eft froiàement reçu à Ptolomaïde. // s'attire le mépris àe Mélédin.<br />

Lâcheté àe Frédéric. IV. Son empreffemènt àe revenir en Europe.<br />

Il fouff're mille outrages àe la part àe Mélédin. V. // refufé daller à<br />

Jaffa, malgré la parok àonnée. Conàîtions àe la Paix conclue par les Ambaffadeurs<br />

de Frédéric avec Mélédin.<br />

C H A P I T R E ( Q U A T R I È M E .<br />

I. Le Traité de paix àesaprouvé àe tous. Obflination àe Frédéric. IL Toutes<br />

ks Eglifes àe Jérufalem ititeràites à l entrée àe Frédéric. // entre en<br />

Jérufalem , efcorté par les Sarrafins. III. // laiffe Rainaud àe Bavière<br />

Gouvernenr àe Jérufalem. Départ de Frédéric de Ptolomaïde. Frédéric<br />

continue la guerre àans /'Etat Eccléfiaftique.<br />

C H A P I T R E C I N Q U I È M E .<br />

I, Connivence entre quelques Traîtres Chypriots , 8 Rainaud de Bavière,<br />

Lieutenant àe Frédéric. Paix entre k Pape, 8 Frédéric. Mauvaife inten»<br />

tion de Frédéric contre l'Ik de Chypre. II. Attaque du Château rf? Baruth,<br />

par un des Généraux de Frédéric. Trahifon de plufieurs Chypriots, Cowpagnie<br />

de St. Jaques contre ks gens de Frédéric. Troupes de Frédéric maltraitées,<br />

lll. Le Général Allemand refufé la bataille. Ilfe retire à Tyr. Partie<br />

de l'Armée Allemande défaite. Les Seigneurs d'Ibelin obligés dç céder à leur<br />

tour aux Trowpw Allemandes. Les /dlemdindsfurpris dans k vin, (f défaits.<br />

C H A P I T R E S I X I È M E .<br />

I, Excès commis en Chypre, par ks mécontens. Le Général de l'Empereur<br />

rapplle ks cinq Chefs des rebelles Chypriots établis Régens de l'Ile.<br />

IL<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E .<br />

H. Le parti du Roi de Chypre fortifié contre les Rebelles. La Fîôtte des<br />

Rebelles brûlée dans le port de Famagoufte. Entrée vidtorieufe du Roi dans<br />

Famagoufte. III. Progrès des Armes du Roî. La Filk de Nicofie fecoue<br />

k joug des Régens, 8* prend les armes pour k Roi,<br />

Campagne fuivent l'exemple de ceux de Nicofie.<br />

Les gens de la<br />

C H A P I T R E S E P T I È M E .<br />

I. L'Arrivée du Roi à Nicofie, Camp des Allemands attaqué. Difpfition<br />

des deux Armées. Bataille. II. Déroute de l'Armée Allemande. Sa défaite<br />

totale, lll. Fuïards purfuivis y ^ àéfaits. Punition àe quelques rebelles.<br />

Les autres attendent du fecours. Secours envoïé aux rebelles.<br />

Grandes fommes prêtées au Rai par les Vénitiens.<br />

C H A P I T R E H U I T I È M E ^<br />

I. Allemands obligés de fe retirer de Ptolomaïde à Tyr. La Filk de Cérines<br />

y^ rend par capitulation. Le Roi de Chypre difpofé des gouvernemens<br />

àes Places en faveur àe fes plus fiàèles Sujets. // rétablit k ion oràre, ^<br />

favorifé le commerce, III. Retour des Allemands à Ptolomaïde. Réfutation<br />

des Auteurs , qui ont jufiifié Frédéric. IV. Prédicateurs envoïés<br />

par tout prêcher la Croifade. Difcorde entre les deux Ordres Militaires^<br />

S les Seigneurs de la Paleftine.<br />

8* les Templiers.<br />

Guerre ouverte entre les Hofpitaliers,<br />

LITRE ONZIÈME.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

I, Mésalliance y ^ mauvaife conduite àe la Reine àe Chypre. Ses prétenfions fur<br />

la Couronne àe ]éruf'à\em. Son àépart àe Chypre pour Ptolomaïde. II. Richeffes<br />

confidérables au jeune Roi de Chypre, acquifes par le Commerce.<br />

Propofîtions de la Reine àe Chypre fur Jérufalem rejettées. Opinion àe<br />

Loredan refutée. Mort funefte au Seigneur de Baruth. III. Nouvelle<br />

Croifade infruStueufe. Affoibliffement de l'Empire Latin à Conftandnople.<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

J, Secours promis par k Pape à l'Empereur de Conflantinople. Cefecourt<br />

envoïé. II. Croifade contre l'Empereur Frédéric , qui ravage htalie.<br />

Malheur arrivé aux Croifés, qd vont en Paleflùne. Mésintelligence entre<br />

»* • les<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E .<br />

îès Templiers 8* ks Allemands. IU. Nouvelle Armée levée par Ji<br />

Souàan


S O M M A I R E .<br />

marque critique fur l'Hiftoire du Père Daniel. Réunion de tous les Infi"<br />

dèks contre les Chrétiens, lll, Ercaltai, Grand-Cam dw Tartares,<br />

veut fe faire Chréden. IV. St. Louis termine les différends entre le<br />

Prince drAndoche , 8 k Roi d'Arménie. Conduite peu fincère du<br />

Grand-Maitre des Templiers, reprife par St. Louis,<br />

C H A P I T R E . S E P T I È M E .<br />

i. Embarquement des Rois Henri de Ch)rpre, 8Louis de France, pourDa.miette.<br />

Le Soudan d'Egypte range fes Faiffeaux, ^ fon Armée, le long<br />

au port. ll. Débarquement àes Chrétiens. Combat opiniâtre entre ks-<br />

Chrédens 8 ks Egyptiens. Fictoire complette àes Chrétiens. IIÏ. Fuite<br />

nodturne àes Habitans àe Damiette 8 àes Solàats. Entrée àes Chré^<br />

tiens dans Damiette. Inadtion àes Chrétiens nuifible à leurs affaires.<br />

Mort au Souàan. IV. Bon office renàu aux Chrétiens par un Sarrafin,<br />

Fuite précipitée àes Infidèles.<br />

C H A P I T R E H U I T I È M E ;<br />

I. Chrédens attaqués àe nouveau, 8* battus par /ej Sarrafins. Sarrafins<br />

- battus à kur tour. Avantage àes Sarrafins fur les Chrétiens. II. Défir<br />

dtfx Chrétiens àe àonner bataille. BeUe retraite àes Chrétiens. _Les<br />

Rois àe France 8 àe Chypre faits prifonniers àe guerre. Sentimens<br />

différents fur la manière, àont le Soudan parla «St. Louis. III. Conditions<br />

du Traité entre St. Louis , 8 ks Ennemis, Imprudence de quelques<br />

Hiftoriens,<br />

C H A P I T R E N E U V I È M E .<br />

I. LesMsimmehcs fe rendent formidables. Leur confpiration. MeleCfala «/a/-<br />

/acr^ par/É-X Mammelucs. Punition des^ meurtriers. II. Turcomani proclamé<br />

Soudan par toute l'Armée. Sa modération envers St. Louis. Damiette<br />

r^ndt/^ au Soudan. III. Embarquement de St. Louis. Retour du<br />

Roi de Chypre datis fes Etats. Débarquement àe St. Lxjuis- à Ptolomaïde.<br />

C H A P I T R E D I X I È M E .<br />

I. Cathos élu Succeffeur àe Turcomani. Confeil tenu par St. Louis. Délibération<br />

au retour de St. Louis àans fes Etats. Sa réfolution àe refter<br />

tn Paleftine , malgré l'avis àes Seigneurs François. If. St. Louis reçoit<br />

des Ambaffaàeurs àe la part au Pape, ^ àe T Empereur. Il fait k<br />

Hdïage au Thabor , ^ de la grotte àe Nazareth, III; Ambaffades du<br />

** * 1 Vieux<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E .<br />

Vieux de la Montagne à St, Louis. Préfent fingulier offert à St.<br />

Louis par k Vieux de la Montagne. IV. Riches préfens de St. Loui»<br />

envoïés au Vieux de la Montag«e.<br />

Louis,<br />

Jaffa pr^^, fif fortifiéf par Str^<br />

C H A P I T R E O N Z I È M E .<br />

X Alliance des Soudans d'Egypte, 8 d'Alep, contre St. Louis. Zèle de St.<br />

Louis envers les morts, 8 ks efclaves Chrétiens. II. Maladie 8 mort<br />

du Roi de Chypre. Son éloge. Sqn inhumation à Ste. Sophie. IIÏ.<br />

Foïage àe la Reine Alix, Mère du feu Roi Henri, à Ptolomaïde. Sa<br />

mort à Ptolomaïde, 8 fin inhumation en Chypre. IV. Embarquement<br />

de St. Louis, pour retourner en France. Ses bons exemples engagent plufieurs<br />

Infidèles à fe faire Chrétiens-<br />

C H A P I T R E DT O U Z I E M E.<br />

L Nouveaux troubks en Chypre entre les Grecs, 8 ks Ladns. II. Re^»<br />

fentiment du Clergé Grec. Orgueil du Clergé Latin. Ambaffadeurs envoies<br />

à Rome, pour terminer ces différends,. Congrégations tenues à ce fujet.<br />

III. Bulle Alexandrine. Ses Articles. IV. Cent eft ation des Grecs. Joie<br />

des Latins à foccajion de cette Bulle,<br />

Lif^RE DOUZIÈME:<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

L Entreprife àes Souàans contre lès Chrétiens, après le àipart de St. Louis.<br />

Leurs progrès. Cruelle guerre entre les Vénitiens,. 8 ks Génois de Ptolomaïde,<br />

au fujet du Monaftère àe St. Sabas. II. Brefs au Pape fur cette<br />

affadir e caufe à'une rupture entière. Suites fjcheufes de cette rupture. IU.<br />

Accommodement propofe, 8 rompu. Fiâoire des-yénitisns , après un<br />

fanglant combat. Remarque curieufe, ^ critique.<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

X Erreur dés Hiftoriens dans là Chronologie d'un fait. Alton d'Arménie<br />

fait alliance avec le Cham des Tartares en faveur d^J Clirétiens.. II. Le<br />

Commandant Tartare va affiéger Bagdad. Différentes opinions fur cette<br />

Fille,. Sa prife par Aolon. Le. Calife de Bagdad puni par le Tartare.<br />

Aolon* IU. Aolon attend la jondion dû Roi d'Arménie. Leurs<br />

progrès, Prife d'ATep par k Prme Tartare , ^ U Roi dAxménie.<br />

, - Mort<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


^ o M M A I R E .<br />

Mort cruelk du Vieux de la Montagne. IV. Damas prife par Aolon.<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E .<br />

L Aolon retourne en Tartarie. Caufes de fon retour. II. Infoknce des<br />

Soldats.Chréûms. Les Egyptiens: tombent fur les Tartares.- FiStoire<br />

complette des Egyptiens. III. Zèle d'Aolon pour k recouvrement de<br />

la Terre-Sainte. Sa mort. -Troubles en Occident. IV. Courage des<br />

Chrédens de la Terre-Sainte relevé par le Pape Urbain IV.<br />

C H A P I T R E Q_ U A T R I E M E.<br />

I. M^ecm^és, vainqueur des Tzrt'axes, affaffinê dans fa capitale. MéleCel-Vaher<br />

fon Succeffeur. Uf Excès commis par ce nouveau Soudan fur<br />

les terres des Chrétiens. Secours envoie àe Chypre à Ptolomaïde. Secours<br />

demandé au Pape. Prife de la Filk de Céfarée par k Soudan. Il prend<br />

Affur, 8 paffe tout du fil àe répée. Secours venu àe France à Ptolomaïde.<br />

IV. Avantages remportés par Mélec-el-Vaher, Lâcheté àes Chreftiens<br />

punie par le Souàan.<br />

C H A P I T R E C I N Q U I È M E :<br />

î. Mort du Duc àe Ntvers à Ptolomaïde. Desunion àans le Camp àes<br />

Chrédens. Letir défaite. î ï. Succès des Armes du Souàan. Effets àe<br />

fa colère. Trêve conclue avec le Souàan. Refiexion politique. Traité entre '<br />

le Souàan, 8 Alton, Roi d'Arménie. III. Hugues reconnu Rui de Chypre.<br />

Sa Généalogie. Son couronnement: Son attention à faire ceffer la'<br />

pefie àans fes Etats. Ses fiins à foulager fes Sujets àans kurscalainitési<br />

C H A P I T R E S I X I È M E .<br />

I. Trêve rompue par Mélec-el-Vaher. Antioche prife par le même. Ses<br />

Habitans égorgés. Sentimens partagés fur le nombre àes morts. Action<br />

Héroïque"^àes Filles de Ste. Claire à Antioche. II. Le Roi de Chypre<br />

part, pour penàre ppffefiîon àe la Couronne àe Jérufalem. // efi couronné<br />

Roi àe Jérufalem. Perte confidérable àes Chrédens. Prife du Château<br />

di< Crac par le Soudan, lll. Croifade entreprife par St. Louis. Son<br />

entreprife retardée. Plufieurs chofes retardent les fecours promis à ia Paleftine.<br />

Avantages remportés pjar le foudan,. à. la vue des C.^iréuens.<br />

C H A P I T R E . S E P T I È M E .<br />

l.. Ahzgvcs fe déclare contre le Soudan. Jl défait fon Arriére-Garde. les<br />

grmds.progrès d'Abagas. II. Mifère des ChrétcQs , 8 des Croifés.<br />

** * ^ Murt*<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


s o M M A I R E.<br />

Mort ée St. Louis. III. Philippe-le-Bel preffe Pembarquem ent defe€<br />

Troupes. -Les Soldats Fr3Lnçois, débarqués en Sicile, éprouvent une pefte<br />

cruelle, IV. Trêve de dix ans 8 dix mois avec k Souàan.<br />

LITRE TREIZIÈME.<br />

C H A P I T R E PREMIER.<br />

I. Philippe-le-Bel envoie du fecours en Paleftine. Concile convtqué a LioH<br />

en faveur de la Terre-Sainte. Les Empereurs Paléologue 8 Rodolphe<br />

obligés de fecourir les Chrédens de la Paleftine. if. Impofition du dixième<br />

pour dix ans fur tous les biens Eccléfiaftiques, pour favorifer la guerre<br />

fainte. Négligence de Rodolphe à remplir fes engagemens. Mort de<br />

Grégoire X. Innocent V. lui fuccède. Sa mort. Adrien V. élu<br />

en fa place. Mort àe ce àernier, qui a pour fucceffeur Jean XXI.<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I. Foïage au Roi Hugues en Chypre. Entreprifes haràies des Templiers<br />

dansia Paleftine, pendant V abfence àe Hugues. Prétenfions formées contre<br />

Hugues fur la Couronne àe Jérufalem. Diminution àe l'autorité àe<br />

Hugues fur le Roïaume àe Jérufalem. Hugues foUicité àe repaffer en<br />

Paleftine. Son indifférence à triaintenir fes àroits fur le Roïaume àe Jérufalem.<br />

Mort de Jean XXI. Nicolas III. lui fuccède. iV. Mort àe<br />

Mélec-el-Vaher.<br />

Soudans.<br />

Sentimens partagés fur cette mort, ^ fur le nom des<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E .<br />

I. Le Roi Hugues pourvoit tous fes Enfans. Il repaffé à Ptolomaïde. Il<br />

y rétablit le bon ordre. Il revient en Chypre. U. Heureux fuceès des<br />

Hofpitaliers contre k s Infidèles. Mélec-Said, Fils de Mélec-él-Vaher,<br />

affiège Margat, 8 l'abandonne. H eft défait par ks deux Rois d'Arménie<br />

, 8 des Tartares. III. Défaite des Arméniens par les Infidèles.<br />

Mort d'Abagas.<br />

G H A M T R E CLUATR I.E M E.<br />

I. Le Roi de Chypre conduit toutes fes Forces en Paleftine. Fêpres Siciliennes.<br />

Débarquement du Roi Hugues à Baruth. Sa Cavalerie entièrement<br />

défaite par les Infidèles. II. Ses inquiétudes k troublent. Son retour en<br />

Chypre. Sa mort, 8/o» éloge, Ui. Pdftialité de quelques Ecrivains<br />

me-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong><br />


5 0 M . M A I R E .<br />

modernes. Le Prince Jean, Fils aîné de Hugues, héritier de la Couronne,<br />

éprouve la haine de fes Frères. Jl eft courronné Roi de Jérufalem dans<br />

la Filk de Tyr. Son retour en Chypre, CM // meurt bientôt.<br />

C H A P I T R E C I N Q U I È M E .<br />

t Prife àe Margat, par Mélec-Said. Les Chevaliers àe /'Hôpital en fortent<br />

par capitulation. Remarque politique. II. Siège àe Tripoli par Mélec-Said.<br />

Levée àe ce Siège. Mélec-Said àétrôné par l'Amiral Elpi,<br />

qui prenà le nom àe Mélec-Menfor. III. Siège àe Tripoli par Mélcc-<br />

Menfor. Mort àe Jean, Roi àe Chypre, 8 àe Jérufalem. Henriyô«<br />

frère, ^fucceffeur. Son couronnement.<br />

C H A P I T R E S I X I È M E .<br />

I, Ambaffadeurs //f Henri f« Europe. Il réforme les abus introduits dans<br />

fes Etats. ll. Tripoli affiégéé 8 battue par Mélec-Menfor. Tripolitains<br />

fecourus. Jls refufent àè fe rendre. Cruautés du Soudan exercées<br />

fur les Tripolitains, après la prife de kur FiUe. La Fille eft pillée,<br />

faccagée, (^brûlée. Le Château fe rend. Mélec-Menfor pr?wd Sidon,<br />

8Barurh, ^ affiége Tyr, qu'il prend. IV. Ptolomzide feul refte aux<br />

Chrédens. Henri paffe à Ptolomaïde , avec toutes ks milices du pays.<br />

Argon déclaré Roi àes Tartares.<br />

C H A P I T R E S E P T I È M E .<br />

I. Argon eft appeUé par les Chrétiens àe la Palefline. Trè\:e de cinq ans<br />

entre ks Chrédens, 8 k Soudan. II. Retour de Henri en Chypre. Secours<br />

foUicité pour ks Chrétiens àe la Paleftine. Le Pape leur envoie<br />

2 foo. Ecus Romains. Remarque politique. III. Caufes àe la désunion<br />

de Ptolomaïde. Desor ares affreux à Ptolomaïde.<br />

C H A P I T R E H U I T I È M E .<br />

L SatisfaBion jufte àemanàée aux Chrétiens par le Souàan. Refus, qu'on<br />

fait de la lui donner, caufe dune nouvelk guerre. Mort d^ Mélec-<br />

Menfor , empùifonné par un de fes Emirs, ll. Mélec-Tafîèraf, Fils de<br />

Mélec-Mtnfor, affiége Ptolomaïde. Figouretfe défenfe des Chrétiens.<br />

III. Xtf/?(?/Henri y^ r^«d à Ptolomaïde. Il fait'transporter en Chypre<br />

toutes les bouches inutiles. Contenu d'une lettre au Soudan au Roi. IV.<br />

Affaut général ordonné par le Souàan. Sortie àes Affiégés peu avantageufe.<br />

Les Sarrafins maîtres àes portes^ 8 àes murailles, brûlent ks maifons.<br />

C R A*<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A , I R E .<br />

C H A P I T R E N E U V I S M E ^<br />

I. Soins au Roi pour l'embarquement des Chrédens. Arrivée des Habitans<br />

àe Ptolomaïde dans l'Ik de Chypre. Réflexion morale, ll. Xw Templiers<br />

fe rendent au Soudan. Le Soudan leur fournit un Brigantin, pour s'en aller.<br />

lll. Il fait démolir les maifons des Ordres Militaires, 8 abbattre les<br />

murailles 8 les tours. Différentes opinions fur le Siège 8 la prife de<br />

Ptolomaïde, par k Soudan Mélec-Tafferaf, Fin du Règne des Chrédens<br />

en Palefline.<br />

LITRE Q,UAT0RZIÈME.<br />

CHAPITRE PREMIER.<br />

l. Le Roi Henri donne Limifol aux Chevaliers de /'Hôpital, 8 du Temple,<br />

afin de les retenir en Chypre. // fait agrandir, ^fortifier Famagoufte<br />

comme Ptolomaïde. IL Embelliffement au Roïaume àe Chypre, au côté<br />

de la Syrie, 8 du Midi. Sollicitations du St. Siège pour une nouvelle<br />

Croifade inutiles. L'Eglife Grecque fecoue le joug du St. Siège.<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I. Mort de Mélec-Tafferaf. Mélec-Naffer fur k Trône. Il eft tiré d'un<br />

Château , oit il étoit enfermé. II. Les Chevaliers du Temple, 8 àe<br />

THôpital, affermis àans Limifol. Sabat, troifième Fils àe Livon, Roi<br />

d'Arménie, fur le Trône après la mort àefon Père. Troubles en Arménie<br />

pour la fucceffion. Alton, Fils aîné àe Livon, prenà poffeffion du Roïaume<br />

d'Arménie. Alliance entre Alton, 8 Caffan, Roi àe Perfe, en faveur<br />

des Chrétiens,<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E .<br />

L Moïens , par lesquels Caffan étoit parvenu à la Souveraineté. Sa réfolution<br />

àe conquérir une feconàe fois /a Terre-Sainte. IL CafîanwVwf, à<br />

. Tentrée àe /'Arménie, joînàrè les Rois de Géorgie , 8 d'Arménie. Mélec-Nafîer<br />

àéf ait par ces Rois unis. Defcription àe la perte àes Infidèles.<br />

UL Prife d'Emeffe , 8 au tréfor, que le Souàan y avoit lajjffé en dépôt.<br />

Jérufalem yè rend à Caffan , qui y laiffe les Ordres Militaires, 8 les<br />

Troupes du Roi de Chypre, en garnifon, Damas lui ouvre ks portes.<br />

CHA-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


O M M A I R E.<br />

^<br />

C H A P I T R E Q ^ U A T R I E M E ,<br />

1. Caffan fe détermine à retourner en Perfe. Il laiffe beaucoup de Troupes en<br />

Paleftine, IL Trahifon des Gouverneurs, laiffés par Caffan, funejle aux<br />

Chrétiens. Damas repris par ks Sarrafins. IIL Les Cliypriots, 8<br />

les Ordres Militaires marchent vers Antarde, fur l'avis, que Caffan revient.<br />

Troubles en Chypre caufés par Alméric , Frère au Roi. IV»<br />

Bonté au Roi envers fes Ennemis.<br />

C H A P I T R E G I N Q ^ U I E M E .<br />

L Exhortations du Pape aux Princes àe TEurope, pour la Guerre Ste. Son<br />

EnviMé en France y gâte tout, par fon imprudence, 8 fa fierté. IL Suites<br />

fàcheufes de la hauteur au Pape, 8* àe fon Minifire. Boniface VlII.<br />

prifonnier àe Philippe-le-Bel. Aucun Prince àe /'Europe ne veut entrer<br />

dans la Guerre Ste, III, Caffan fe met en marche pour la féconde fois<br />

contre les Infidèles. Sa jondtion avec les Rois d'Arménie, de Géorgie,<br />

8* àe Chypre. Succès des Chrétiens. IV. Perte confidérable dfj .Chrétiens.<br />

Ils fe retirent chacun àans leurs Etats. Mort àe Caffaq.<br />

C H A P I T R E S I X I È M E .<br />

I. Progrès àes Turcs àans VEmpire Grec. Commencement àe l'Empire Ottoman.<br />

Ottoman affocié à Aladin. Ottoman prenà k Nom àe Sultan.<br />

IL Affoibliffement au Reyaume de Chypre. Révolte contre le Roi àe Chypre.<br />

Difcoursféditieux d'Alméric, Frère du Roi. III. Les Barons é?<br />

Seigneurs féàuits par Alméric. Alméric Régent. IV. Fioknces d'Alméric.<br />

Retraite au Roi chez le Seigneur d'Ibelin. Réfolution vigoureufe<br />

du Roi arrêtée par ks Confeils àe fa Mère.<br />

C H A P I T R E S E P T I È M E .<br />

I. Soins de h Reine à pacifier tout par la douceur. Retraite du Roi à Strovilo,<br />

ave^ le Prince Hugues , fon Neveu. Efpions poftés par tout par<br />

Alméric. IL Ambaffade d'Alméric au Pape. Ses Ambaffadeurs chargés<br />

de préfens, La Cour de Rome ne remédie point au mal. III. Attentat<br />

d'Alméric fur la vie du Roi fon Frère. Avions indignes 'd'Alméric. IV.<br />

' Le Roi pris par Alméric eft envoïé à Famagoufte, 8 de-là en Arménie.<br />

C H A P I T R E H U I T I È M E .<br />

I. alméric rapelk les exilés, kur rend leurs biens , 8 ks combk de grâces.<br />

Difette en Chypre caufe de la défertion de plufieurs FamiUes. II. Almé-<br />

* * ** rie<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E .<br />

ric prk le Roi d'Arménie, fon Beau-Père y de redoubler la garde auprès du<br />

Roi de Chypre. Ifabelle , Femme d'Alméric , veut empoifonner k Roi,<br />

fon Beau-Frère. Celui, qu'eUe charge de fexécution , en a horreur.<br />

o, LITRE Q_UINZIEME.<br />

' • *' C H A P I T R E P R E M I E R.<br />

L Réfolution des Hofpitaliers de quitter Chypre pour un autre établiffement,.<br />

à l'exemple des Templiers, Les Templiers vont attaquer ï Empire<br />

Grec, éf i emparent de Theffalonie, 8 d'Athènes. IL Jls repaffent en<br />

France ," ihàrgés de richeffes. Leurs richeffes caufe de leurs dérèglemens.<br />

lu. Ils font tous arrêtés, par ordre au Roi. Extincton entière àe l'Ordre:<br />

des Templiers en France reprochée à la mémoire àe Philippe-le-Bel.<br />

C H A P I T R E S E C O N D. '<br />

L i^f Ho^italiers veulent s'établir à Rhodes, de l'agrément de l'Empereur-<br />

Grec. Rhodes occupée par les Sarrafins. IL Souveraineté de Rhodes<br />

donnée aux Hofpitaliers, Conduite prudente , 8 féçrette du Maître des<br />

Hofpitaliers. III Hofpitaliers dans Rhodes. Ils fe rendent maîtres<br />

. ; des Iles voifines. IV. Les Maîtres des Hofpitaliers s'appellent Grands- •<br />

, Maîtres; 8 ks Chevaliers, Chevaliers de. Rhodes.<br />

tiqué..<br />

%lmmhour g cri­<br />

G H. A p.i T R E T R O I S I È M E . ^<br />

L Raifons, pour lesqueUes k Maître des Chevaliers àe Rhodes eft nommé<br />

Grand-Maitre. Cohffe de Rhodes ,&" fa defcription. Autres chofes dignes<br />

àe mémoire, à Rhodes. IL Ottoman premier attaque les Chevaliers de<br />

Rhodes. ' Ottomsitt repouffé par fajfifiance au Co?nte àe Sscvoie. Armoiries<br />

de "Savoie changées. Maifon àe Savoie toujours zélée pour la Relk<br />

gion.<br />

C H A P I T R E Q_ U A T R I E M E.<br />

l. Abondance dans Chypre. Alméric y règne en Souverain, pendant que<br />

fon Frère eft toujours prifonnier. Alméric amufe le Pape par de belles<br />

promeffes. IL Alméric fe fortif£. Il ne veut pas entendre parler du retour<br />

au Roi fon Frère. Alméric poignaràé.^ lll. Ùfurpation au Gouvernement<br />

par le Connétabk^ Calomnie d'Ifabelle contre le Roi innocent. ' Réfolution<br />

àes Chypriots pour délivrer kur Rbi,<br />

Csjt-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


^ o M "i^I A I R E.<br />

C H A P I T R E C I N Q U I È M E .<br />

I. Le Roi àe Chypre plus étroitement garàé à Perfêpolis. Fuite précipitée<br />

du Connétabk à Nicofie, IL La haute Cour ne veut reconnoître, que<br />

' î autorité du Roi Henri, Gardes données a Ifabelle, pour T empêcher de<br />

s'enfuir. IIL Traité de pacification entre la Reine, k Légat, la haute<br />

Cour f 8 la Princeffe Ifabelle. Conditions de ce Traité.<br />

C H A P I T R E S I X I È M E .<br />

L Liberté du Roi conformement au Traité. Son arrivée à Fzmgigouïle. IL<br />

Henri veut tenir une conduite févère pour arrêter les fiditions du Connétable.<br />

Fuite au Connétable. III, // erre àans ks bois, en habit d'Efclave.<br />

Le Roi le fait pourfuivre. Punition de la jeune Nobleffe révoltée. IV. Le<br />

Connétable arrêté. Sa vie obtenue par la Reine. Il eft enfermé dans un<br />

Château, ou il meurt de faim.<br />

C H A P I T R E S E P T I È M E ,<br />

I. La Princeffe Ifabelle revient en Chypre, 8 rentre dans les bonnes grâces<br />

du Roi. Alliance entre le Roi Henri, le Roi d'Arménie , 8 ks Chevaliers<br />

de Rhodes. IL Defcente du Corfaire Marabout en Chypre. Excès^<br />

qu'il y commet. Troubles en Chypre entre la Nobleffe 8 k Clergé. IIL<br />

Combat en Champ clos , autrefois permis en Chypre, pur découvrir la vérité.<br />

Confpiration àécouverte. IV. Conquête àe rile àe ' Lango faite par ks<br />

ChevaUers àe Rhodes, Qualités àe cette Jk.<br />

LITRE SEIZIÈME.<br />

r<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

I. Extindton totale des Templiers en Chypre. Réunion de tous kurs biens à<br />

POrdre des Chevaliers de Rhodes. II. Hiftoires de Bofio, 8 de Loredan,<br />

critiquées. IIL Célébration du mariage du Roi, ^ àe ia Princeffe Conftance,<br />

Filk au Roi àe Sicile. Nouvelles fàcheufes reçues au Roi, àans le<br />

tems àe fes noces. iV. Le Roi fe vange des Corfàires Génois. Il fait<br />

exercer Ja Nobleffe. Croifade d'Avanturiers àiffipé'e.<br />

,' •• • . ri, ••<br />

C H A P I T R E S E C O N D . ><br />

I. i'Arménie 8 Rhodes atta/juées par Jes Turcs. Flotte Ottomane défaite,<br />

Fi^ûiré des Chevaliers de Rhodes fur les Turcs. II. Affoibliffe-<br />

** ** z menty<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong><br />

V


S O M M A I R E .<br />

ment, 8 infirmités du Roi de Chypre. Il eft trouvé mort dans fon lit<br />

Diverfes opinions fur les caufes déjà mort. Eloge du Roi Henri. UL<br />

Son Neveu Hugues lui fuccède. Réjouiffance des Famagouftains àfon<br />

Couronnement. Son attention à régler fes Etats. IV. Le Roi fe prêpofé<br />

de faire des perquifitions fur la mort defon Prédéceffeur. ExU fun favori<br />

de la Reine foupconné. Erreur de Loredan.<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E ,<br />

I, Richeffes produites par le Commerce. Les Marchands deviennent très-riches<br />

, 8 les coffres du Roi font remplis. Excès àe FEpargne au Roi. IL<br />

Hugues allarmé àes Conquêtes, 8 àes profpérités de guerre, que font les<br />

Turcs. Son voïage en Europe, pour foUiciter du fecours. Son retour en<br />

Chypre pour fe préparer à la guerre. Deffein du Roi retardé par les malheurs<br />

, qui arrivent dans fes Etats, ^ par àes brouilleries furvenues entre<br />

les Rois de France, 8 d'Angleterre.<br />

C H A P I T R E Q _ U A T R I E M E .<br />

I. Continuation des malheurs àe l'Ile àe Chypre. Soins au Roi à remédier à.<br />

tous les maux de fes Sujets. Il eft appelle le Père du Peuplé. IL Découverte<br />

d'un morceau de la vraie Croix. Il enrichit l'Eglife , oîi on k'<br />

dépofa. lll. Soins du Roi Hugues à fortifier fes Places, ^ à pourvoir<br />

fes Enfans. Ses chagrins de là part àe fes Enfans. IV. Il les punit févèrement.<br />

Il leur paràonne àans la fuite, & les marie.<br />

C H A P I T R E G I N Q U I E M E.<br />

ï. Courfes d^J Sarrafins d'Egypte y«r k Roïaume àe Chypre. Hagues demande<br />

du fecours. IL Ligue entre le St. Siège, le Roi àe Chypre , les<br />

Vénitiens, ks Chevaliers de Rhodes, 8 ks Seigneurs de Milo, contre<br />

/w Sarrafins, foutes fes Galères s'affemblent à Rhodes. III. La Flotte<br />

des Confédérés forme le Siège de Smirne, 8 s'en empare. Mort àù Général<br />

àe la Flotte. Il eft remplacé par Piczmiglio. IV. Troubles dOccident.<br />

Le Pape Clément IX. excommunie l'Empereur Louis àe Bavière.<br />

C H A P I T R E S I X I È M E . .<br />

. L. L'Ile d'Imbros prife par les Turcs. FÎMre àe la Flotte confédérée fur<br />

celk des Turcs,. Trêve entre /èf Chrétiens, ^ les'Turcsi IL La pefte<br />

ft répand en Chypre, oit k Roi fait bâtir des Hôpitaux, 8 amaffer despmffons,.<br />

Uî. Nouvelles p ^ fdçbeufes brouilleries f«irr/gf Vénitiens,<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M "M A 1 R Ê:<br />

& les Génois, Chrétiens conféàérés fans efperance àe fecors, Dfcimer<br />

mpofées fur k Clergé Grec, pour fecourir ks Confédérés.<br />

LITRE DiXSEPTIÈME.<br />

G H A P l T R E P R E M l E R.<br />

L Vile de Chypre àéferte. Les Négocians étrangers y font invités , 8 annoblis<br />

par k Roi. Le Roi àe Chypre cherche au fecours en Europe. IL<br />

Secours àemanàé au Pape par k Roi d'Arménie. Pour l'obtenir, il promet i,<br />

que le Patriarche, ou Catholicon à'Arménie fi foiimettra, avec tous fis Peuples,<br />

à l'obéïffance au St. Siège. Brouilleries àans l'Empire Grec. IIL<br />

Smirne confervée par les Confédérés. Le Pape s'intéreffe à la confervation<br />

de celte Filk. Il la recommande à Déodat de Gozon , Grand-Maitre de<br />

Rhodes. Combat au Chevalier àe Gozon. Figure 8 groffeur du Dragon y<br />

qu'il combattit, *<br />

G H A F I T R E ;\ S E c e N D. ><br />

L Nouveaux troubles en Europe. Le Roi de Chypre eft fait Sénateur Ro-^<br />

main. Promeffe du Roi de France àe fecourir la Paleftine. Cette entreprife<br />

évanouie. IL Brouilleries en Chypre caufées par le légat au Pape.<br />

Mort àe Hugues, Roi àe Chypre. III. Le RoiVierrt^ Fils àe Hugues ,<br />

paffe à Avignon, po«r confulter k St.-Fère fur le» moïens de fecourir la^<br />

Terre Ste. IV. // obtient àe Charîes-le-Sage, Roi àe France, des femmes<br />

d argent pur la Paleftine.<br />

pour la Terre Ste,<br />

11 exhorte en vain l'Empereur à partir<br />

C H A P I T R E T R O I S I E M E.<br />

L le Roi de Chypre fait une ligue avec ks Chevaliers de Rhodes. IL-<br />

Flotte des ligués- de\plus àe' loo. voiles. Pr/yè d'Alexandrie par/« ligués.<br />

On ne peut eftimer les richeffes, qu'ils en emportent. III. Armement<br />

formidable des- Turcs. Faute confidérable des ligués: RJfiexions de<br />

VAuteur.<br />

C H A P I T R E Q^ U A T R I E M E.<br />

I; Chypre attaquée par les Turcs.^ Hoftilités entre les Génois, '^ les Chypriots.<br />

L'entremife du Pape appaife tout^ IL Le Roi de Chypre prend<br />

la FiUe de Sattalie. Lorcda» refutépar ^Auteur. III. Prife àe Tripoli<br />

de Syrie par k Roi Pierre, Impruàence àes Chrétiens. Ils s'amufent aur<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong><br />

V


.s 0 M M A I R E.<br />

• .ptUa^e, 8 briganàage. AHarmes du Roi de Chypre', 8 ^« Grand-Maître<br />

de Rhodes.<br />

cident.<br />

Ils ne font point fecourus par les Princes Chrédens d'Oc­<br />

' C H A P I T R E G i N Q ù i E M E.<br />

I^ Le Roi àe Chypre s^embarque avec le Prince, fon Fils, pour /'Europe.<br />

Inutilité àe leur voïage à Rome. IL Leur arrivée à Milan, Dérangement<br />

àe la Reine àe Chypre perniant l'abfence au Roi. HI. Chagrin au Roi<br />

caufe àefon retour en Chypre. Arrêt àe la Reine, par oràre au Roi. IV.<br />

ConfeU tenu à ce fujet. Le Ficomte àe Nicofie arrêté. Désespoir du Roi,<br />

Ses excès.<br />

C H A P I T R E S I X L E I Ï I E .<br />

I. Suites fàcheufes des cruautés du Roi. Conjuration des Nobles. Ils veulent<br />

mettre le Sénéchal à leur tête, ^,concluent à la mort du Roi. ll. Mort<br />

du Roi, qui eft poignardé. Le peuple prend les armes pour vanger la mort<br />

du Roî. III. Pierrin ,-Fils du Roi, couronné à Nicofie. Eloge du Roi<br />

Pierre. PréàiStion àe Ste. Brigide. La Reine fe vange, en faifant naî-<br />

- tre des brouîlkrks. Le Roi ordonne d'y reméàier.<br />

i<br />

C H A P I T R E S E P T I È M E .<br />

ï. Attentat àes Génois puni. Mauvais deffein àe la Reine àécouvert. Punition<br />

au Secrétaire de la Reine. IL La nation Génoife fe retire de Chypre.<br />

Médiation au Pape , pour empêcher ta guerre entre les Chypriots,<br />

^ .les Génois, IIL Cette médiation eft inutik. La République àe Gènes<br />

envoie une Flotte confiàérable contre /exChypriots. Proteftations, ^demandes<br />

des Génois. W. Les Génois commencent la guerre. Leurs heureux fuceès.<br />

LIVRE D IXH UITIÈ ME.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

I. Trahifon de la Reine découverte. Elle livre au Général Génois le Château<br />

de FamagoufU. Le Roi eft abandonné. IL Tout le 'pays refte à la discrétion<br />

des Génois. Entrevue au Roi 8 de la Reine fa Mère. Convention<br />

^ mtre le Roi, S ks Génois, lll. Elle eft fauffée par le Général Génois,<br />

qui arrête k Roi. Nicofie pris par les Génois. IV. Feinte 8 mauvaife<br />

fii de Frégofe, Générai Génois. Supercheries de la Reine.<br />

CHA-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


s o M M A I R E.<br />

. C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I, La Reine fait affaffiner le Prince àe Galilée. Elk àemande', qu'on lui livre<br />

k Connétabk. IL Suite des cruautés 8 des trahifons de Frégofe. IIL<br />

Afjhmblée de tous les Princes Chrétiens d'Orient. EUe eft infruftueufe<br />

par la é^verfité d opinions. IV. Chypre délivrée des Génois. On y travaille<br />

à fournir les fommes dues aux Génois,<br />

turière y font exercées.<br />

La jêuneffe noble 8 la ro­<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E .<br />

L Le Roi Pierrin envoie chercher à Milan la Princeffe Valentine, Filk du<br />

Duc de ce nom. Son mariage avec cette Princeffe. IL Le Roi entreprend<br />

de chaffer les Génois de Famagoufte. Cette FiUe eft bloquée. Le Roi<br />

fait mourir quelques Officiers àe la Reine. Cette Princeffe àiffimuk fa colè-'<br />

re. Iii. La Flotte au Roi force le port de Famagoufte. Le Roi refufé<br />

une grâce à Volfange. Affaffinat commis ^ar Volfange. Volfange condamné<br />

à avoir la tête tranchée.<br />

C H A P I T R E Q_ U A T R I E M E.<br />

J. Le Roî fait perfeàionner la grande Tour de Nicofie. Grandes dépenfes<br />

du Roi très-inutiles. II. Le Roi fait empoifonner le Comte de Rochi.s,<br />

Favori de la- Reine fa Mère. La Reine Mère fe retire de Chypre. HI.<br />

Mauvais traitemens des Génois envers les otages Chjpriots. Le Prince<br />

Ja'ques en meurt,. IV. Ibute la Chrétienté en conf^/ion par la pluralité<br />

des Papes. Jeanne, Reine de Naples, étranglée en prifon, par ordre du<br />

nouveau Roi.<br />

C H A P I T R E C I N Q U I È M E .<br />

L Le Grand-Maître de Rhodes pris par les Turcs. Smirneyâ«j fecours/<br />

Divifion entre les ChevaUers de Rhodes, IL Mort du Roi Pierrin. Régence<br />

en Chypre, III, Conditions honteufes 8 onéreufes impofêes aux Chypriots<br />

par les Génois. Arrivée du Roi Jaques à Limifol. Son couronnement.<br />

IV. Soins du Roi pour fes Sujets. Il récompenfe ks bons, ^ punit ^<br />

Jes autres.<br />

C H A P I T R E S I X I E M^E.<br />

l. Les^places de Chypre fortifiées. Affedion des Chypriote envers k JtoC<br />

Jaques. II. La tranquilité du Roi troublée, Jl amaffé de greffes fommes.,<br />

pour-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E .<br />

pour fe mettre çn çtat de foutenir la guerre contre les Turcs. UL Le<br />

Grand-Maître de Rhodes fait auffi fes préparatifs. Il renforce Rhodes<br />

8 Smirne.. IV Ravages àe la Pejte en Chypre. Sages précautions 8<br />

foins infinis du Roi dans cette occafion,<br />

LIJ^RE DIXNEUnÈME.<br />

C H A P I T R E P I I É S I I E R .<br />

I. Bajazet, nommée Kildris, ou la Foudre. Défaite de l'Armée Chrétienne<br />

par Bajazet. ^ IL Bajazet attaqué par Tamerlan. Bajazet veut s'oppofer<br />

aux conquêtes de Tamerlan , qui le fait prifonnier. III. Bajazet<br />

indignement traité par Tamerlan. Tamerlan prend la Filk de Smirne<br />

fur les Chrédens. Eloge de Tamerlan. Les enfans àe Bajazet fe dé'<br />

truifent les uns les autres. Reflexion politique.<br />

C H A P I T R E S E C O N D ,<br />

I, Le Grand-Maître de Rhodes s'empare d'un Château, poffédé par les Turcs.<br />

Le Rei àe Chypre meurt chez lui, '&' laiffe àix Enfans. Erreurs àe Loredan,<br />

8 au Père Luzignan. II. Couronnement àe Janus, Fils au Roi<br />

Jaques. // tente inutilement doter Famagoufte aux Génois. // en forme<br />

le Siège, Il en lève k Siège à la vue àe la Flotte Génoife, IIL Sufpenfion<br />

d'Armes. Janus fe renforce contre les Génois, Nouvelle entreprife<br />

contre Famagoufte inutik. "IV, Génois fous la protedion de la<br />

France. Paix entre les Chypriots 8 ks Génois. Trêve entre le Roi de<br />

Chypre, k Grand^Maître de Rhodes, 8 k Soudan d'Egypte»<br />

G H A P I I R E T R O I S I È M E ,<br />

I. Nouveaux malheurs en Chypre. La pefte y eft fuivie des fauterellès, 8<br />

de la famine. IL Le Roi de Chypre J^ait une ligue avec plufieurs Princes<br />

Chrétiens, contre les enfans de Bajazet. Ambaffadeurs envoïés de Chypre<br />

en France , pour demander Charlotte àe Bourbon en mariage, lll. Réjouiffances<br />

en Chypre, à l'occafion àe ce mariage. Fécondité àe la Reine.<br />

1V7 Juftes plaintes àes Sarrafins contre les Chypriots, Négligence à y<br />

fatisfaire. La Grande- Commanderie de Chypre divifée en fept.<br />

C H 4 P I T R E (iUATRIEiyiE.<br />

IT Zes mécontentemens des Sarrafins augmentent. Le Soudan demande une<br />

\ faûsfaStion, que le Roi lui refufé. II. Suites fàcheufes de ce refus. L'Ile<br />

de<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E .<br />

de Chypre eft ravagée par k Soudan. Limifol eft ruinée, lll. Avantage<br />

des Chypriots fur les Sarrafins. Le Soudan jure la perte de tous les Chypriots.<br />

IV. Les Sarrafins, affermis à Limifol , s'avancent dans les<br />

Terres de Chypre. Défir are àe l'Armée au Roi, ^ fa lenteur àans fa<br />

marche.<br />

C H A P I T R E G I N Q_ U I E M E.<br />

I. Découragement àes Chypriots à la vue à'une Comète. Défaite 8 prifon<br />

au Roi. Lâcheté àe quelques nobles Chypriots. If. Nicofie au pillage.<br />

Riche butin emporté par l'angiverdi. Trahifon 8 révolte àe Sforza Palavicino.<br />

m. Soins pour la àélivrance au Roi. Deux cens milk Ecus<br />

dor payés pour la rançon du Roi. IV. Le Roi bien traité du Soudan. A<br />

fon retour, il n'a pas de Château, pour y loger.<br />

C H A P I T R E S I X I È M E .<br />

I. Caufes de la mélancolie au Roi Jznus. Il àemanàe au fecours aux Princes<br />

Chrétiens. IL Mariage au Fils caàet au Duc àe Savoie avec la Princeffe<br />

Anne, Filk au Roi àe Chypre. Troubles àans /'Europe pendant le Concile<br />

de Bâle. III. Deux Papes, 8 deux Çpnciks à la fois. Mort du Roi<br />

Janus. Couronnement de Jean IV. Son mariage conclu avec Médée Paléologue.<br />

Mort de cette Reine. Autre mariage conclu avec Hélène Paléologue,<br />

LITRE VINGTIEME.<br />

^ TA ^<br />

C H A P I T R E P R E M I E R ,<br />

I, Brouilleries caufées par la nouvelle Reine de Chypre. Mort du Cardinal<br />

de Chypre. La Reine nomme un Grec à la dignité occupée par k feu<br />

Cardinal. Le Pape en nomme un autre Ladn. IL La Reine exik le<br />

Latin , nommé par le Pape. EUe fait emprifonner le Légat. EUe fait<br />

empoifonner l'Archevêque 8 fin Chapelain. Réflexion de VAuteur. IIL<br />

Rufes du Grand Caraman, Elles font découvertes. Prudence des Cheva­<br />

Uers de Rhodes dans cette occafion.<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I, Le refte de /'Arménie perdu .pour les Chrétiens, Avis donné au Roi de<br />

Chypre dc fe garder du Grand-Caraman. Lettre du Caraman au Roi àe<br />

Chvpre. 11, Peu de capacité 8 de réfolution du Roi. Il s'humilie devant<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


^ s 0 M M A I II E,<br />

k Soudan d'Egypte. Mfe laiffe gouverner par la Reine ^ fes Créatures.<br />

IIÏ. Ug;ue contre le Roïaume àe Chypre, Chypre fecourue par les Chevaliers<br />

àe Rhodes. IV, Le Beig de Scandaloro àemanàe la paix. Elk<br />

eft conclue, avec lui, 8 /


S O M M A I R E .<br />

LIVR E' VING T'UNIÈ ME,<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

I. Coaronncfkent de la Princeffe Charlotte. La Couronne lui eft difputée' pa^<br />

Jaques. II. Conàuîte àe la Reine envers Jaques caiife àe grands àesdrtkes<br />

àans l'Etat. Fiolence exercée àans le Palais àe Jaques. Jaques paffe en<br />

Egypte, peur fe faire un parti contre la Reine. Le mariage àè la Reine<br />

avec k Comte de Genève efi troublé par cette nouveUe.<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I. Ambaffadeurs envoïés du Roi 8 de la Reine en Egypte avec des préfens.<br />

Le Soudan promet de faire monter Jaques fur le trône de Chypre. U.<br />

Mouvemens que fe àottnent le Roi, la Reine, ^ les ChevaUers d


S O M M A I R E .<br />

cond voiage inf rugueux de la Reine en Italie. On lui promet du fecours<br />

en Savoie. IV. Elk follicîte en vain k St, Père. Elk repaffé à Cérines.<br />

C H A P I T R E S I X I È M E .<br />

I. Accommodement propofe à Jaques, Il feint de Vaccepter, pour gagner au<br />

tems. II. Il traite àe fon mariage avec la Princeffe àe la Morée. //<br />

reftitue aux Chevaliers àe Rhodes leur granàe Commanderie àe Chypre.<br />

IIL Le St, Père fait imprimer , 8 renàre public un livre plein d'injurescontre<br />

Jaques.<br />

LITR E VIN G T-D E UXIÈ ME.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R ,<br />

I. Le parti de Jaques yè groffit de quantité d Etranger s, quî y entrent. Celui<br />

de Louis, toujours pire, l'engage à recourir à Rhodes, 8 en Savoie. IL<br />

Le Duc de Savoie ne fe donne aucun mouvement. La Reine dépêche vers<br />

Méhémet, pour implorer fon fecours. Elle ne réùffit point. III. Ceux de<br />

Cérines font réàuits aux àcrnières extrémités. Stratagème invonté par le<br />

Commanàant àe la Place. Les Affiégés font fecourus par ce firatagême.<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I. La àiffimulation de Jaques luî réùffit. Le Commandant de Cérines féduit<br />

rend la Place. Par cette perte, k Roi, 8 la Reine font dépouillés de leur<br />

Roïaume. II, Jaques maître de toute file. Il chaffe ks Génois àe<br />

Famagoufte, Entrée pompeufe àe Jaques àans Famagoufte. III. Jl y<br />

établit un bon Gouverneur. Il forme le deffein àefe àéfaire àes Sarrafins.<br />

IV, Il trompe , 8 fait maffacrer leur Chef, Il prenà àes mefures, pour<br />

fe jufiifier auprès au Souàan.<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E ,<br />

î. Le Soudan fait armer une puiffante flotte, pour venger le meurtre des Sarrafins,<br />

L'Or , 8 l'argent de Jaques Varrêtent. Nouvelles inftances- de<br />

la Reine auprès du Soudan inutiles. IL On attente à la vie de Jaques.<br />

Il foulage k s peuples, ^ établit de fages règlemens. IIL Son incontinence<br />

va a î excès. Confpiration de la Nobleffe Chypriote contre Jaques. // en<br />

prévient les fuites. IV. Cette confpiration n'arrête point les déboràemens<br />

de fa paffion. Sa Mère lui fait faire les plus férieufe s réflexions,<br />

CHA-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E .<br />

C H A P I T R E Q^UATRIEME.<br />

I. Adreffe de Cornaro à retirer Jaques au libertinage. Il le fait confentir au<br />

mariage. IL Principaux articles au traité àe mariage entre Jaques 8 la<br />

Nièce àe Cornaro. Jaques reconnu Roi par le Pape Paul Seconà. III. Il<br />

propojè une Ligue contre Méhémet. Arrivée àe Catherine Cornaro à Famagoufte.<br />

Réjouiffances en Chypre au mariage, 8 Couronnement àe Catherine.<br />

IV. Mifère, à laqueUe efi réàuite la Reine Charlotte.<br />

C H A P I T R E C I N Q U I È M E .<br />

I. Jaques trahi par Cornaro , 8 Bembo , Vénitiens, Ils rempoifonnent<br />

près àe Famagoufte. jaques profite àe fes àernier s momens, pour àifpofer<br />

àe fes Etats. IL II fait faire la ledture àefon Teftament. Mort àe Jaques.<br />

// eft très-règreîté àe fon Peuple. III. Catherine àéclarée Régente<br />

àe> Etats. Toutfe paffe avec tranquilité. Inutilité àes efforts àe Charlotte.<br />

ÏV. EUe follicite en vain k Souàan dEgypte. Le Souàan fait arrêter<br />

l'Envoie àe Charlotte.<br />

C H A P I T R E S I X I È M E .<br />

I. Catherine règne trànquilement. La conàuîte àe Cornaro, 8 de Bembo,<br />

trouble cette tranquilité. IL NouveUes brouilleries caufées par l'Archevêque<br />

Fabrice. Le Peupk de Nicofie court aux Armes, fans qu'on puiffe le<br />

retenir. HT. Cornaro 8 Bembo, Oncles de la Reine Catherine,poignardés.<br />

Catherine envoie informer Mocenigo de cette tragédie, 8 lui àemanàe<br />

affifiance , pour faire rentrer les Chypriots àans leur àevoir. Ilfe<br />

forme trois partis en Chypre. Ceux àe Ferdinand, Roi àe Naples, 8<br />

àe la Maifon de Luzignan, cèdent au parti de Catherine.<br />

LirRE VINGT-TROISIEME.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

IIL Sujets de mortification pour Cathériv e.<br />

«« «#<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong><br />

I


S O M M A I R E .<br />

Grand-Maître de Rhodes de ne donner aucun afile aux Chypriots. Ré'<br />

ponfe du Grand-Maître.<br />

C H A P I T R E S E C O N D ,<br />

i. Avis du Grand-Maître aux Exilés. Ils fe retirent de Rhodes. Mort du<br />

jeune Roi Jaques , âgé de trois ans, ll. Différentes fartons au fujet<br />

d'un nouveau Roi. Catherine, féduîte par ks Vénitiens, cèàe k Roïaume.<br />

Les Chevaliers àe Rhodes obtiennent un Bref au Pape pour être payés àes<br />

fommes , qui leur font àues en Chypre. III. Paix entre les Turcs, 8<br />

les Vénidens.<br />

veraineté,<br />

Mort au Sultan Méhémet. Catherine regrette la Sou­<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E ,<br />

i. Les Vénitiens craignent un feconàmariage de Catherine, qui leur ôte la<br />

Souveraineté. Ils la font confentir à paffer à Vénifè. EUe cède à la République<br />

tous fes droits fur le Roïaume de Chypre. IL Poffeffion de Chypre<br />

prife par ies Vénitiens. En àe la Granàeur de la MaiJ'on àe Luzignan.<br />

Mort àe la Reine Charlotte à Rome. IIL Changemens en Chypre<br />

faits par les Y érùtiens. Charges, ^ Dignités venàues.<br />

C H A P I T R E ( Q U A T R I È M E , •<br />

L Divifion àe nie en àouze Cantons. Privilège acheté par /w Maronites,<br />

Arméniens , Coptes, 8 Jacobites. IL La Nobleffe Chypriote/^ livre<br />

aux piaifirs. Inondations 8 Tremblemens de terre. Autres divers malheurs<br />

arrivés ^B Chypre. III. Stérilité extraordinaire. Famine fi grande,<br />

que k peuple périt. Miniftres 8 Gouverneurs, établis par les Vénidens, en<br />

grand danger dans une émotion populaire.<br />

C H A P I T R E G I N Q U I E ]\f E,<br />

I. Bajazety^fOKd envoie une puiffante armée contre le Soudan d'Egypte. Fictoires<br />

remportées par le Souàan d'Egypte. IL Le Souàan dEgypte force<br />

Bajazet à lui accoràer une paix àurable 8 avantageufe. Sélim, Fils àe<br />

Bajazet, mèàîte la guerre contre les Verfes. IIL Ifmaè'l, Roi, oa Sophi<br />

de Perle, a recours aux Princes àe fa créance. Sélim tourne toutes fes<br />

forces contre le Souàan d'Egypte, Allié dw Sophi. IV. Defcrîptifin àe la<br />

bataille donnée près d'Alep. La Fïéioire refté a«a; Ottomans.<br />

\<br />

CH/A-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E .<br />

C H A P I T R E S I X I È M E .<br />

I, Abounaflar Tomunbeig déclaré Soudan d'Egypte, Douceur de Sélim<br />

envers ks peuples conquis. Armée de Sélim contre les Arabes, quifont battus.<br />

II. Sélim paffe en Egypte, Le Soudan fe retranche au Nord au<br />

Caire. Jondion âe Sélim, £y au Pacha Sinan, IIL Bataille entre Sélim<br />

8 k Souàan. Sélim maître au Champ àe bataille. Nouveaux efforts<br />

du Soudan inutiles. Différents fentimens fur cette a^ion du Caire. IV.<br />

Fermeté du Soudan, quoique vaincu. Nouvelk bataille. Fuite au Souàan.<br />

Il eft pourfuivi , 8 atteint par le Pacha Murfapha. Sélim le fait maltraiter,<br />

^pendre.<br />

LIVRE VINGT-Q_UATRlkME.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

I, Sélim maitre de /'Egypte , de la Syrie, 8 àe la Paleftine. Fains efforts<br />

àe Gazelle fur la Syrie. IL Les Vénidens allarmes àe l'approche<br />

des Turcs, 8 ^' ^^^^^ progrès. Ils fortifient l'Ile àe Chypre, Travaux<br />

confidérables faits à Nicofie, IIL Mort àe Soliman , fucceffeur de<br />

Sélim premier. Sélim fecond menace le Roïaume de Chypre. IV. Sa paffion<br />

pour le vin àe Chypre, 8<br />

faire la conquête.<br />

ks confeils au Mufti le àéterminent à en<br />

C H A P I T R E SECOND.<br />

I. Feinte politique àe Sélim, pour amufer les Vénitiens. Ils àonnent dans le<br />

paneau. H. Commencemens àes malheurs àe Chypre. Scrupule àe Sélim<br />

levé par le Mufiî. Tout eft en mouvement chez les Turcs contre le Roïaume<br />

àe Chypre. III. L'Ambaffadeur Vénitien obtient auàience au Grand-<br />

Fifir. Succès de cette audience. Lettre du Sultan aux Vénitiens, Leur<br />

Réponfe à cette Lettre.<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E .<br />

I. Le Sénat de Vénifè veut mettre ks Puiffances de /'Europe àans fon parti.<br />

Jl ne réuffit point. Economie mal entendue àes Vénitiens. Ils négligent<br />

les avis fages, qu'on leur àonne. IL Le Sultan, inf orme àe la àifpofition<br />

àes Vénitiens, commence les hoftilités. lll. Avantages remportés par les<br />

Vénidens. Flotte àes Vénitiens attaquée àe maladie, 8 de difette. Plus<br />

de 20000, meurent. IV. Les Vénitiens négligent k fecours àe Chypre.<br />

Le Peupk Chypriot mécontent invite les Turcs à venir conquérir leur pays.<br />

CHA-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E .<br />

C H A P I T R E ( Q U A T R I È M E .<br />

I. Defcription àe la Flotte Ottomane, Six Galiotes Turques pillent 8 brûlent<br />

k Fillage àe Lara en Chypre. Limifol brûlée 8 faccagée. IL Confeil<br />

tenu par les Chypriots 8 ks Vénidens. Sentiirens partagés. Arrangement<br />

pris pour la àifpofition àes Troupes. Le ConfeU ne fe termine quà<br />

des murmures. IIL Etat àe l'Armée Chrétienne en Chypre. Les feuls<br />

Epirotes, 8 les Italiens, font au fait àe la guerre.<br />

C H A P I T R E C I N Q U I È M E .<br />

I, Les Turcs viennent àébarquer au port àes Salines. Siège àe Nicofie par<br />

Muftapha. Grecs perfides punis àe kur trahifon. IL Muftapha/a/t<br />

couper la communication àe Famagoufte à Nicofie. // campe àans la<br />

plaine àe St. Démétrius. Aâion vigoureufe àe Baglioni. IIL Les Habitans<br />

àe Nicofie refufent àefe rendre à Muftapha. Stratagème àe Muftapha.<br />

Sorties àes affiégés fur ks affiégeans. Fautes confidérables de<br />

Dandolo.<br />

C H A P I T R E S I X I È M E .<br />

I. te Pape envoie douze Galères en Chypre. La prefence des Flottes combinées<br />

n'arrête point les progrès des Turcs. IL Forte réfiftance àes affiégés.<br />

Ils àemanàent au fecours à ceux àe Famagoufte. Ce fecours refufé. IU.<br />

Nouveaux retranchemens pratiqués par les affiégés. Ils ne font pas foûtenus<br />

dans leurs forties. IV. Muftapha demande deux heures de trêve. Réponfe généreufe<br />

àes affiégés. Deux mille cinq cens Hommes renforcent l'Armée Turque.<br />

C H A P I T R E S E P T I È M E .<br />

I. Harangue àe Muftapha à fon Armée. Divifion àefon Armée en quatre<br />

Corps. IL Décharge générale àe l'Artillerie àes Turcs. Ils fe rendent<br />

maîtres du Bafiion. Desoràre parmi les affiégés. Les ennemis gagnent<br />

le coeur àe la FiUe. HL Bravoure àes Epirotes. IV. On eft forcé àe céàer<br />

aux Turcs. Palais forcé par Muftapha. V. Cérines eft livrée au<br />

vainqueur. MuHzphdi fait fortifler toutes les Places àe Vile.<br />

LIVRE VINGT'CINQ^UIEME.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R ,<br />

I, Affreux état àe Nicofie après fa prife par les Turcs. Plufieurs Dames<br />

fe précipitent au haut àe leurs maifons. L'efclavage eft le fort àe ceux que<br />

k<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong><br />

V


s O M M A I R E.<br />

le fer a épargnés. Adreffe d'une Dame pur fe fauver. IL Les coips des<br />

Chrédens briilés. Muftapha fait rebâtir les muraiUes àe Nicofie.<br />

Il met un Gouverneur à Nicofie, ^ va à Famagoufte.<br />

lll.<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I, Situation àe Famagoufte. Ses fortifications. Siège àe cette FiUe. Jonâlion<br />

àes galères au Pape, 8 d'Efpagne, à la flotte Vénitienne. IL Desoràre<br />

àe la Flotte Ottomane, Desunion àes Chrétiens. HL La Flotte<br />

Ottomane/g retire en triomphe à Famagoufte, ou elle fait àes feux àe<br />

joie. Adtion Héroïque àe Renée, Dame de Rochas. * IV. Les Turcs<br />

entrent dans le port de Rhodes, 8 ks Chrétiens dans celui de Scythie,<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E .<br />

L Les Turcs arrivent à Conftantinople, avec toute kur Flotte. Renfort<br />

àemanàé par Muftapha contre Famagoufte. IL Granà Faiffeau Turc pris<br />

par Quirini. Autres avantages remportés par le même. IIL Trifte fituation<br />

àes Vénitiens. Ils veulent àemanàer la paix aux Turcs. Le Fifir<br />

ne réponà point aux propofitions, qu'on lui fait. IV. Nouvelle ligue propofée<br />

aux Vénitiens par le Pape. Elk efi acceptée. Articles àe la ligue<br />

entre k Pape, k Roi d'Efpagne, 8 ks Vénitiens.<br />

C H A P I T R E Q _ U A T R I E M E .<br />

I. Flotte Turque en Chypre , forte àe 2 fo. Galères. Elle ahoràe à Suda,<br />

EUe ravage tout. H. Suite àes Conquêtes àe la Flotte Ottomane. Efforts<br />

des Vénitiens, pour réparer leurs pertes. La Flotte Chrédenne confédérée<br />

avance jusqu aux côtes àe la Morée. III. Famagouùe n efi point fecourue.<br />

Siège àe Famagoufte recommencé par Muftapha. Défenfe vigoureufe<br />

àes Affiégés, IV. Progrès àes Affiégeans. Affoibliffement àes Affiégés.<br />

Jls ne peuvent plus fe préfenter à la brèche. Générofité àes Femmes de Fa-<br />

' magoufte. Manque de munitions àans la Place.<br />

C H A P I T R E C I N Q U I È M E .<br />

I. Avantage confiàérable àes Affiégés fur les Turcs. Muftapha aàmire le<br />

courage, 8 Ici fermeté des Affiégés. IL Ils font réduits aux àernier s abois.<br />

. Ils veulent fe renàre. III, Les Commanàans s'oppefent à cette reààition. Mort<br />

àe plufieurs Officiers àe difiinâion d entre ks Affiégés.- Capitulation.<br />

\<br />

** ** ** CHA-<br />

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o M M A I R E.<br />

C H A P I T R E S I X I È M E ,<br />

L Reddition de la Fïlk de Famagoufte, Mauvaife foi de Muftapha. Sa<br />

cruauté 8 impiété. IL Muftapha fait réparer les fortifications de Famagoufte.<br />

Exemple d'Une patience Héroïque ^ Chrétienne. IIL Perte des<br />

Turcs au Siège de Famagoufte, Les'ckofes faintes profanées .par Mufi^pha.<br />

IV, Retour triomphant de Muftapha à Conftantinople.<br />

V LIVRE VINGT-SIXIÈME.<br />

sv. • ; . . , ; •<br />

C H A P I T R E P R E M I E R . /<br />

I. Fin du Reyaume de Chypre. Réflexion fur la conduite du Sénat Vénitien.<br />

Aviliffement de la Nobleffe Chypriote. IL La Flotte confédérée des<br />

Chrétiens veut vanger la mort dw Famagouftains. Sa réfolution.d'aUer<br />

attaipier la Flotte Ottomane. Mésintelligence entre les EÎpzgnoh ^ les<br />

Vénidens. Leur réconciliation, III. Defcription de la Flotte confédérée.<br />

Bon ordre, qu'on y obfervé.<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I. Flette confédérée à l'entrée au Golfe de Lepante. Les Efpagnols tâchent<br />

d'éviter le combat. IL Les Généraux exhortent les Troupes à bien faire<br />

kur devoir. Excès de confiance du Pacha Hali, III. Réfolution àes Turcs<br />

d attaquer les Chrétiens. Leur Flotte fait voik, S fait etnmenoter tous<br />

les efclaves Chrétiens, Defcription àe la Flotte Ottomane.<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E .<br />

I. Les Turcs déconcertés à la vue àe la Flotte entière àes Chrétiens. Ils reprennent<br />

courage, 8 commencent le combat. II. Defcription du combat.<br />

Feu épouvantabk àe part, 8 dautre. Précaution fage des Chrédens. IIL<br />

Les Aumôniers des Chrédens ne ceffent de les exhorter, le Crucifix à la main.<br />

Figilance àe Méhémet Siloc, IV. FiMre longtems balancée. Herrîbk<br />

carnage àes àeux Côtés.<br />

C H A P I T R E


S O M M A T R E .<br />

de la Flotte Ottomane. Boucherie effroïable, que les Chrétiens font des<br />

Infidèles. Fin du combat. Affaut général. Perte confiàérable àes Ennemis.<br />

Trifte fituation àes Affiégés. / ...^<br />

C H A P I T R E C I N Q U I È M E .<br />

I. Parallèle àe la BataiUe àe Lepante , avec celle d'A6lîum, OM Augufte<br />

triompha de Marc-Antoine. Nombre des morts àe part, ^dautre. IL<br />

Partage àes àépouilks des ennemis, Brouilleries entre Jes Chrétiens. Faute<br />

àes Généraux, qui ne profitent pas de leur FiStpire. IH. Réjouïffances extraordinaires<br />

à Rome, à f.occafion de la Ficioire àe Lepante. La'iioùvelk<br />

de cette Fi^oire épouvante les Turcs de Chypre. IV. Elle porte la conftemation<br />

à Conû.Rntinople. On s'y fortifie. Les Tm'cs font, conftruire<br />

de nouvelles Flottes, Fin de cette Hijîoire.<br />

ETAT PRESENT<br />

U E^'^':^V6"Ï^"Y ^-...T E.<br />

L I V R E PREMIER.<br />

G H A p.,1 T R E . P R E M I E R .<br />

I. Difpofitions de FAutâun . IL Idée de /'Egypte en général. Sa fituation.<br />

Sa divifion. Ses bornes, lll. Fertilité de fEgypte.<br />

fes de cette fertilité, 8 àe ces richeffes.<br />

Ses richeffes. Cau­<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I, Sources du Nil bien incertaines. Di'oers fentimens fur la caufe de raccrois-<br />

' fement du Nil. IL Réflexion phifique fur la rareté de la pluk en Egypte.<br />

Fraies caufes àe l'accroîffement du Nil. III. Opinion peu fondée d'un Evêque<br />

Arménien, fur la fource du Nil. Mamère, dont les Habitans de Sannar<br />

navigent fur k Nil.<br />

****** 2 CHA-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E .<br />

X! H A p I T R E T R O I S I È M E .<br />

I. Sources du Nil les plus probables. Les Abifllns n'ont point de terme, qui<br />

exprime la neige. IL Réfutation àe quelques fentimens ordinaires fur la<br />

caufe au àéboràement au Nil. IU. Tems àe faccroiffement fenfibk au Nil.<br />

Fent s, 8 tempêtes fur k Nil.<br />

C H A P I T R E Q^UATRIEME.<br />

I. Superfiition fur la goûte, ou rofée. Machine pour fuppléer à Vinonàation au<br />

Nil. Opinion d'Hérodote examinée 8 réfutée. Qualités àe feau au Nil.<br />

IIL Mefure àe la hauteur au'^il àans fa crue. Tems àe fa proclamation.<br />

Cours au Nil. Nil plus facile à monter, qu'à àefcenàre.<br />

LIVRE SECOND.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R ,<br />

I, Féconàitè àe ^Egypte, Grains. Manière à'enfemencer les terres. Promte<br />

8 abonàante récolte. IL Arbres. Ils croiffent plus en Egypte en trois<br />

ans, qu'en Europe en àix. Abonàance àe rafins. Figues àe àivcrfes efpèces.<br />

lîl. Figues d'Adam, ou le Papirus àes anciens. Pommes à noïau.<br />

Datiers, ou palmiers à'un granà revenu. Citroniers 8 orangers au milieu<br />

àes épines. Singularité àe f Arbre Sener. . Eau àe Calafe,<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I. Herbes , 8 Légumes. Mêlons àe àiverfes efpèces , excellens , 8 trèsfains.<br />

Les concombres deux fois fan. Il, La chicorée, ^ la laitue .Romaine,<br />

d'une douceur enchantée. Elles fe mangent fans aucun qffaîfonnement.<br />

III. Oignons à'une bonté fîngulière. Ris affez abondant en Egypte,<br />

pour fournir toute la Turquie , 8 la Barbarie.<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E .<br />

I. Animaux Domefiîques. Fécondité des Brebis, y des Chèvres.. Beauté fîngulière<br />

des Chèvres. Qualité àes Boeufs. Abonàance àe Bufles. Féaux,<br />

8 leur ufage. Chevaux^ 8 iàée qu'en ont ks Turcs, Singularité dansks<br />

Mulets, 8 les Anes. InftinSt des Chameaux. III. Animaux féroces.<br />

l'Hippopotame ^ fa forme. L'Ichneumon ennemi du Crocodile. Son inàuftrie.<br />

Crocoàik àangereux. Singularité au Crocoàik. IV, Reptiles,<br />

Serpens peu à craindre en Egypt«. Mangeurs deferpens,<br />

CHA-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


M M A I R E.<br />

C H A P I T R E Q^UATRIEME. •<br />

L Oifeaux abondans en Egypte. Agobîlk, mangeur de poiffon. Ibis, Oifeau<br />

peu connu. Le Chapon de Pharaon, ou vrai Ibis, Refiexion curieufe<br />

fur les Oifeaux, que Moïfe mena Jans le àéf ert.^ IL Quantité proàigieufe<br />

de Milans. III. Poiffons de l'Egypte àiffèrents àe ceux de /'Europe, Nacres<br />

de perles. Poiffon aprochant àe la figure àe la Femme, Ufage, qu'on<br />

fait àe fa peau. •<br />

LIVRE TROISIÈME.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

I, Defcription d'Alexandrie, Diftindion entre la nouvelle 8 fancienne Alexandrie.<br />

La nouvelle Alexandrie bâtie àes ruines àe fancienne. Nombre<br />

de fes Tours. Etendue àe fon circuit. IL .^«^/^M/Y^J d'Alexandrie, Quantité<br />

àe Colonnes. Forme à'un ancien Eàifice. Traàitionfur le lieu, oii étoit<br />

le Palais àe Ste. Catherine, lll. Eglife àe St, Anaftafe aujourà'bui Mofquée,<br />

Montagnes compofées des décombres de fancienne Fille,<br />

• C H A P I T R E SECOND.<br />

I. Alexandrie fouterraine. Citernes dune beauté extraordinaire. . Canaux,<br />

qui portent feau aux Citernes. Canal de quinze lieues àe longueur. IL Ruines<br />

, qui àénotent la granàeur àe fancienne Filk. Antiquités àètruites par<br />

f avarice àes Turcs , 8 àes Arabes. III. Colonne àe Pompée, monument<br />

fuperbe. Sa hauteur 8 fa groffeur proàigieufe. Hardieffe dun àanfeur<br />

àe corde, Arabe de naiffance. IV. Phare d'Alexandrie, une des fept<br />

merveilles du monde. Ports d'Alexandrie. Remarques fur ces ports.<br />

Comme les Faiffeaux fe ramégent àans le port neuf. Fieux port.<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E .<br />

I. Defcription àe la fameufe FiUe au Caire. Situation du vieux, 8 du nouveau<br />

Caire. Tombeaux des anciens Rois d'Egypte. Ces tombeaux font àes<br />

Mofquées. Forme àe la Fille. Son peuple nombreux. Forme de-fies maifons.<br />

IL Habitans, ou très-riches, ou très-pauvres. Réfignation des Turcs<br />

à la Providence. Caufe àe cette réfignation. Qualité àes Habitans. Leur<br />

nombre augmenté àepuis les guerres de Hongrie. - Mores, ou Coptes, originaires<br />

dupays, méprifês par les Turcs. IH. Habits 8 extrême propreté<br />

des Femmes. Hommes jaloux. 8 Femmes infiàèks. Magnificence des<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S O M M A I R E .<br />

Dames dans leurs vifités. IV. Leurs dévotions les vendredis. Leurs manière<br />

dS prendre les bains. Leurs converfations, & leur libertinage, jardin<br />

favorabk aux galanteries des Dames. Chafteté des FiUes, Les Femmes<br />

ne mangent point avec leurs maris. Poifm ordinaire parmi les Turcs.<br />

C H A P I T R E ( Q U A T R I È M E .<br />

L Erreur des Auteurs fur l^ombre des Mofquées du Caire. Nombre des Mofquées<br />

de toute /'Egypte. £,eCsLire fermé par des barricaàes. jufqu'à huit cens<br />

colonnes dans une Mofquée. Magnificence des Palais du Caire. Elévation des<br />

plafonds extraoràinaire. Richeffe àes Saks. IL Reliques à'un ancien Château<br />

dune granàe rareté pour les antiquités, qui s*y trouvent. Situation au<br />

Château au Caire. Puits àe Jofeph. Divan àe Jofepli. Colonnes dun<br />

marbre précieux à bon marché au Caire, 8 ailleurs.<br />

C H A P I T R E C I N Q U I È M E .<br />

I. Beauté àes Dômes 8 Minarets, ou Clochers àes Mofquées. Forme des Mofquées<br />

en Egypte. Forme àes cercueils, ou tombes, qui couvrent les tom-<br />

• beaux dans les Dômes. Ornemens des tombeaux 8 Chapelles. IL Façon<br />

des Minarets, ou Clochers. Ecoles des fciences. Scrupule àes Turcs fur<br />

la manière àe lire f/Jlcoran. Lacs, quife trouvent àans le Caire. III. Aàreffe<br />

àes Turcs àfe garantir àes trop granàes chaleurs. Antique 8 magnifique<br />

porte àe la Fiftoire. Caravanferails, ou magafîns àe marchanàifes<br />

étrangères. ' Ce font àes lieux privilégiés, ^ prefque facrés.<br />

C H A P I T R E S I X I È M E .<br />

I. Defcription àes Pyramîàes aux environs au Caire. Lieux, ou Elles font toutes<br />

les trois. Sphinx. Sa figure. Ce qu^peut fignifier le Sphinx, il. Reftes<br />

de quelques Temples près àes Pyramîàes. Troifième Pyramide. Seconde.<br />

Première Pyramide. Preuves, que cette Pyramide a été revêtue. Preuves,<br />

qu'elk a été fermée, 8 dans la fuite ouverte. IIL 5*^ couliffes, ou canaux<br />

, 8 leurs dimenfions. Chambre, ou Sale haute. Defcription de la Sale<br />

baffe. Galerie. Banquettes de la Galerie. M. M. N. N. IV. Autres<br />

Pyramides.<br />

C H A P I T R E S E P T I È M E .<br />

I. Lieu des Momies. Diftindion entre les lieux des Momies très-impropre.<br />

Confufion caufée par cette diftinftion. IL Situation àe Memphis. Lac,<br />

0» Birque àe Caron. Plaine àe Faoulmé. HI. Fafte plaine àes Momies.<br />

Manière àe creufer ks tombeaux pour ks Momies. Niches, 8 Caiffes àes<br />

Mo-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


s o M M A I. R E.<br />

Momies. Masques dorés fur les Momies. Hieroglfes fur ces masques.<br />

Fertu des lieux des Momies.<br />

des Amoureux.<br />

Difficulté àe trouver une Momie. Fontaine<br />

C H A P I T R E H U I T I E M E,<br />

L Le labirinte, ou la fepulture des Oifeaux. Qualité des Oifeaux embaumés.<br />

Entrée étroite du labirinte. Fertu des fables, fous lesquels font enféveils ks<br />

corps. Quantité de Pyramîàes àans la plaine àes Momies. Les Pyramides<br />

font àes quarrés entaffés les uns fur les autres. Paffion àes Egyptiens<br />

à embaumer les corps.<br />

C H A P I T R E N E U T I E M E,<br />

I. Raifons àe fAuteur de n'entrer point dans le détaU àes autres FiUes dEgypte,<br />

Il n'y a prefque plus à'enàroits fermés àe muraiUes en Egypte. Plus de loooo,<br />

Fill âges , auffi granàs que àes FiUes. L'Egypte auffi peuplée à-préfent<br />

qu'autrefois. II. Le Port Cebothus. L'ancienne Ile d'Anti-Rhodus. Le Port<br />

Cunoftis. Lieu de Canope, Nécropolis, oii CléQpztrefe àonna la mort. Lieu<br />

de f ancien Sérapium inconnu, lll. Terrain àes environs àe Roffette. Beaux<br />

reftes àe f antiquité àans le Delta, Explication àe ce que les Poètes ont ait<br />

du Nil, 8 de la belle Memphis.<br />

curiofités en Thébaïde,<br />

Situation de Damiette, Les plus belks<br />

'LIVRE Q^U A T R I è M E.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

I. Gouvernement de fF^gypte i ou Pacbalic. Dépenfe du Pacha. Ce qu'il envoie<br />

au Sérail. PaviUon de la Mèque fait aux dépens au Pacha. Le Pacha<br />

jouît àe tous ks revenus àe f Egypte. Ses àroits fur les Timars, ou Fillages<br />

àe ceux qui meurent, ll. Sept fortes àe Milice en Egypte. Mutfapharagas.<br />

Janiffaires. Leur indépendence du Pacha. Barchiaous. Afaps,<br />

Spahis, deux autres petits corps. 111. Privilège qu'a la milice d augmenter<br />

la paie. Le peu d'ordre, qui s'y trouve. Les Femmes peuvent acheter<br />

des paies fixes dans la milice. IV. Gouvernement de la Campagne. Dtvifion<br />

àe ce Gouvernement. Politique au Pacha à entretenir la mésintelligence<br />

parmi les milices. L'autorité du Pacba lui devient quelquefois dangereufe.<br />

I<br />

CHA-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


S o . M M A I R E.<br />

C H A P I T R E S E C O N D .<br />

I. Commerce de l'Egypte. Mine dEmèrauàes peràue. Les proàuftîons immenfes<br />

au pays y attirent les richeffes. Les originaires d'Egypte, 8 ks<br />

Turcs enterrent leurs richeffes. IL Chofes curieufes, qu'on lit de /'Egypte.<br />

MédaiUes. Pierres gravées. Crocodiles, Autruches. Poudre de Fipèrp.<br />

Baume &'c.<br />

C H A P I T R E T R O I S I È M E .<br />

I. Coutumes des Egypdens dans leur mariage. Précautions des Chrétiens, à<br />

fégard du mariage, négUgées par les Egyptiens 8 les Turcs. La àifférence<br />

àes Religions fait la àifférerKe àes Cérémonies àes mariages, 8 des<br />

maximes dans l'Egypte. IL Cérémonies des mariages Chrétiens en Egypte»<br />

Cérémonies des Arméniens, Celles àes Coptes. CeUes des Grecs. IIL Cérémonies<br />

de f Eglife. Scrupules des Arméniens au fujet àes mariages entre<br />

les parens.<br />

C H A P I T R E CL U A T R I E M 151<br />

I, Mariages Turcs. Le Caài, ou Juge, tient lieu àe Prêtre. Tems des<br />

bains le plus récréatif pour f Epoufe. Cérémonies bizarres, quî s'y obfervent.<br />

La répudiation même chez les Chrétiens. IL Bâtême àes Chrétiens. AVgligence<br />

àes Cpptes 8 àes Suriens fur cet article. Cérémonies avant fe<br />

Bâtême. Cérémonies du mortier frapé trois fois à l'oreille de fEnfant. III,<br />

La Circoncifion àes Turcs. Riches ornemens , àont font revêtus ceux<br />

quifont circoncis. Relation dune circoncifion célèbre. W. Bâtême 8 circoncifion<br />

tout enfemble chez les Coptes. Filles circoncifes. Sentiment àes<br />

Coptes fur la confeffion auriculaire. Leur croïance fur Jefus-Chrift.<br />

Leurs jeunes auftères. Ceux àes Arméniens, 8 àes 'l'urcs.<br />

C H A P I T R E G I N Q U I E isi E.<br />

I, Foeux àes Egypdens, Chrétiens, 8 Turcs. Huile 8 cierges offerts à<br />

St. George par les Chrétiens , 8 Turcs, Superfiition àes Chrétiens.<br />

Sacrifices à'animaux faits par les Chrétiens. IL Proçeffions àes Egyptiens.<br />

Leurs habits grotesques àans ces Proçeffions. Leurs largeffes envers ks pauvres.<br />

La Cérémonie de couper le Nil a fuccédé aux Proçeffions. lll. Purification<br />

des Egypdens, Immerfion de la Croix àans le Nu par ks Coptes,<br />

en prefence àes Turcs.<br />

CHA-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


o M M A I R E .<br />

C H'A p I T R E S I X I È M E .<br />

I. Cérémonies funèbres. Lavement àes corps morts. Pleurs, 8 hurlemens des<br />

Egypdens, 8 àes Arrhes pour kurs morts. Lamentations fréquentes fur<br />

ks tombeaux àes morts. Granàes Aumônes en mémoire àes morts. Fifions<br />

des Turcs àans la Cérémonie au lendemain àe l'Afcenfion. IL Lavement<br />

des èorps' morts. On n'embaume plus les corps. Moribonds tournés d'uti<br />

certain côté felon leur ReUgion. Réponfe, que doivent faire les morts aux<br />

àeux'AngeSf qui viennent les interroger fur leur. Religion. Peine àe ceux qui<br />

ne favent pas cette réponfe, UL Âicieihufage de repréfenter les morts à la<br />

fin des repas. Expreffions ufitées dans cette Cérémonie. Explication de la<br />

fabk de la barquC'^ à Ç^ron pour porter les morts.<br />

C H A P I T R E S E P T I E 3 I E .<br />

I. 'UfageS'fingiilîers. Cheveux rafés dans le àueîl. Coutumes bifarres àes Feinmes.<br />

^Mdnfère de fe faluer. Salut des payfans, en fe frapant mutûelkment<br />

ks mains à plufieurs reprifes. IL Fêtement àes Femmes , quanà elles fartent,<br />

Fifites àes Egypdens^ entre patins 8 ^mis. Préfens, qui s'y font.<br />

Converfations, quî s'y tiennent. Ornemens àes Dames, Langage muet àes<br />

.Dames. 111. Le firail àes Femmes pour les Eunuques mêmes. Bonté des<br />

Turcs envers leurs Efclaves. Ils les font manger à leur tablée 8 ks établiffent.<br />

Médecins.<br />

Eftime particulière, que les Egyptiens ^ les Arabes font des<br />

\' * C H A P I T R E H U I T I È M E .<br />

I, Commerce de la Mer Rouge , 8 tout ce qui y a raport. De lajonStion de<br />

la Mer Rouge au Nil, Fraix de cette entreprife grands 8 peu utiles à<br />

l'Egypte. II. Deffein de Mr. de Colbert.. Son projet fujet à divers inconveniens.<br />

Difficultés de fexécution. Reflexions politiques à ce fujet,<br />

IU. Droits qu'exige le Roi de la Mèque/«r les marchandifes. Moïen de<br />

faciliter la navigation fur la Mer Kouge. Sûreté de fes côtes.<br />

C H A P I T R E N E U V I È M E .<br />

ï. Difficultés pour les étrangers dépaffer en Ethiopie. Deux routes pour paf-<br />

' fer dEgypte f» Ethiopie, Caravanes, qui paffent tous les ans dw Caire pour<br />

le. Roïaume àe Sannar, Elles fouffrent beaucoup, IL Difficultés de pénétrer<br />

f» Ethiopie. Jdloûfie àes Abifîîns. Maffacr»de quelques Fraacifçmis,<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


a o M M, A I R E.<br />

qui allèrent en Ethiopie par la Mer Rouge. Autre route, pour alkr eu<br />

Ethiopie par la Mer Rouge. Moïens dy pénétrer à la faveur des Mîffions.<br />

Les Arighis bien reçus à Gedda. Situation, 8 qualités de la Mer •<br />

' . Rouge pour la Navigatien^ Conclt^on de tout ce que difft^^ Fin de fétat]<br />

préfent àe fEgypte,<br />

DIS SER T A T I O N<br />

CURIEUSE ET UTILE<br />

* • .'/.•..>:•; < -s Ù-R LES . ..'i.^--.^- ./• :., ; '<br />

CARACTÈRES HIEROGLIFIQUES<br />

DES ANCIENS ^ . ji''<br />

È G Y P T I E N S.<br />

C^ e quia àonnè lieu à cette Dîffertatîon.>kCes CaraStères inconnus à plufieurs<br />

J Savans,. Us étoient imprimés fur àe m toile. Examen de îà matière, fur<br />

la quelle ils étoient écrits. Citations àe àivers Auteurs fur la première ma^<br />

tière', àont on s'efi fervi pour écrire, àès k commencement. La pierre a été<br />

la première matière. Enfuite k plomb. Différence entre les écritures publiques<br />

8 ks particvMres. Hiéroglifes repréfentés fur la totk. Signification de<br />

ces figures Hiéroglifiques. .:<br />

LaLangue primordiale n'a pas été entièrement détruite. QueUe a été cette.Langue<br />

primordiale. Quelk a été Pécriture des Livres cités parMcfife? Qjifl'<br />

le écriture étoit en ufage du tems d'Abraham ? Caractères Phéniciens tes<br />

plus anciens. Preuves. Toutes les autres Langues anciennes en dérrvent. Caraftères<br />

Phéniciens,' Cananéens, Tyriens, Sirieris, Sàmàric^ns, Refont<br />

les mêmes. D'oin les CaraSèxes font venus en Grèce, Les anciens Hébreux<br />

fe font fervis des CaraStères Phéniciens. Petits, différence entre là<br />

Samaritain, ancien Hébreu, 8 k Phénicien. Langues Phénicienne<br />

{? Hébraïque w^ffi^cAj^ÉT. Egyi^ûenkfçulmeniimentmrsdektd^^^imàes<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


s O^ u M ^ î R E.<br />

voUèkt avec ks. confones , 8dw règles de Gratnmaire. Les anciennes monnoies<br />

Hébraïques prouvent notre Jyftème. Il eft appuie par les^Médailles<br />

^ la même Nation. Quand ces MédailleSi ont été frappées, L'Hébreu<br />

ûpellé improprement Hébreu. Caufi du changement àes Caraftères. Différence<br />

entre f ancien Hébreu, 8 k nouveau. Fanlté àes Giees, fource ,<br />

. de leur mateoenfe foi, 8 de leurs fabkt. Combien ils ont fait de tort aux •;<br />

beUes kttfes. Quel étoit k célèbre Gadmus. ^our répandu fur un piiffi^ -<br />

de St. Paul. Pourquoi les Payens Latins/onf encore moins intpîHgibîes, que<br />

les Grecs , dans les matières Tbéoîogiques.r Caraftères Tofcans Phéniciens.<br />

" ' . • i '<br />

La malice des Grecs, en tournant 8 renverfant les Carafieres Phéniciens ,<br />

en écrivant de la gauche à la àroite. Origine au mot Latin, verfus, en<br />

Franco^» viers. ^capitiilatîosi àéscbofeifi-iejfus. '"^ X|x àtifiens Caraftères<br />

Egyptiens, qàîontdbrtHé o'cdafiôn'à cette Différtamn ^'oht rien de commun,ni<br />

aucune reffemblance avec les CaraSlères Phéniciens, Samaritains,<br />

m Hébtçux, : 8* nioins encore avec une La»f^ sécenfe^ Q^atrsfirteS dé


s' o M M A I R' E.<br />

douze miUîons dEcus , indépendamment des avantages 'du • Commerce. Sa<br />

conquête n'eft pas fi difficîk, qu'on fe l'imagine. Ses places font peu fortifés,<br />

^ dépourvues d Artillerie ^^e Garnifon. Arrangemens à prendre.<br />

Etat àe Chypre. Moïens àe conferver l'Egypte, 8 ffk àe Chypre. De<br />

quelk façon ces Paysfe repeupkroîent. : Moïen àe s'emparer àe Conftandnople.<br />

La conjon&ure préfenté efi la plus favçrabk, qui pi0è fe préfenter,<br />

. , . J . ' . ' ' ' : ' .<br />

. . . ^ • • .. • . . 1 , .<br />

^- , . . • _ . ; i I - . . • W . Jt»<br />

--. • l e . . l • . . • • .' .,.^^ ;.:.•' ' . [.» • ' A '<br />

r- V .<br />

AVIS AU RELIEUR.<br />

• «^ t<br />

Le Portraît de l'Impératrice devant l'Epître Dédîcatoire.<br />

Le Portrait de l'Auteur à la première Page.<br />

La Carte de Chypre, - . - - . - - f. = •; Page f.<br />

La Carte de h Terre promifè : - - - - - - -j, 8


HISTOIRE GÉNÉRALE<br />

R O ï AU M E S<br />

D E<br />

CHYPRE, JÉRUSALEM,<br />

r:i\ ^r% ir>(\<br />

D^ E G Y P T E .<br />

L I V R E P R É M I E R.<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

^•S!:^>.5C^3j|::^â> E nom de Tlle de CHYPRE eft devenu fî fa- Article i<br />

meux 5 par les merveilles que Ton a racontées,<br />

«^^ T dans tous les tems, de la fertilité de fon terroir,<br />

& de la douceur de fbn climat, que je ne dois<br />

pas juftiiier le deffein que j'ai formé, d'en<br />

donner une nouvelle Hiftoire générale. Je<br />

ne dois être en peine que du fuceès de mon<br />

entreprife, & de la manière dont j'aurai exécuté mon projet.<br />

A Car<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


2 H I S T O I R E G F H.E' R A L E ' ';•<br />

L Auteur Car, iT d'im côté, un très-long féjour dans cette Ile, «Se<br />

Ls&eur, dans les Contrées voifines, m'a mis à portée de m'inftruire d'u-. ,<br />

"ntV^/fl ne infinité de chofes qui la regardent ,! 6c ^dem'éclaircirj par<br />

^yi/ra;)ar-moi-même3de beaucoup de cireonftances, faiilTement, ou. imparfaitement,<br />

racontées, par les Ecrivains qui m'ont précédé, ;<br />

d'un autre côté, ce long féjour, dans,.ua Pays qui eft maintenant<br />

barbare, m'a prefque fait perdre le bon ufage de ma<br />

Langue naturelle; &, ce qui eft encore.plus.confidérable, il,,^ ,<br />

m'a privé du fecours que j'aurois pu tirpr de la feoniinunicatiOa ,,<br />

des Gens de Lettres,dans un Pays plus policé, &;.ou les Sciences<br />

fleurifïent. wv ^;!<br />

J'efpère néanmoins, qu.'en faveur de l'Ouvrage même , le<br />

Public Tne:pardonrîera-lé^ défauts, qui/pourroient fe trouver<br />

dans le lïîle. Lès Faits en Joiit de haïûre* â ^exciter la<br />

cm-iofîté^ & k foutenir l'attention *des Ledkurs; fur tout, lors-<br />

^^-ces Faits font r^tortésipal un hoéime, cj^i ne^elH: prél^eï-<br />

M à àticunaut>e iéritey-qffà celui-de rd!aâitu%e > & de îa<br />

fincérité.<br />

L'Antî- Tods fes Pîys ont lélifs FliblVs ,^ l'Hiftofre (\Q ieiifs premiers<br />

JmvenLm-^^^'^ ^^ toujours cnvelopéc de ténèbres épdifles, "qui ont<br />

brouillée<br />

de Fdblis. favorifé le goût naturel, que les Peuples^ont poujr les Fiélions.<br />

L'hiftoire de ^HYÎ*RE efl fujétte à "cet iiiconvénient, comme<br />

les autres-, & niême phis encore ; non feulement parce que<br />

cette lie a été fucceiTivement occupée par des Nations différentes<br />

, dont les invàfidns dé(SfuîE)iént: les Monumens an^<br />

cienis, & étéignoient le fouvenir des Evènemens antérieurs ;<br />

mais encore, parce qu'il ne nous reft^ aucune de toutes les Hif^<br />

tbires de cette île, dont les titres fe lifent dans les Anciens ;<br />

& qu'il n'y a pas même d'Extraits fuivis de ces Hiftoires. Il faut<br />

fe 'contenter de quelques Lambeaux découfus, de quelques Traditions<br />

répandues çà & là, dans les Ecrits des Anciens, raportées,<br />

par occafion, d'une manière peu exaâ:c,& qui reffemblent pref- -<br />

oue toujours k des Contes populaires, plutôt qu'à dès Ecrits d'Auteiirs<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L^LE DE CHYPRE. LIT. I. Cii. ï. 5<br />

teurs fenfés, & raîfonnables. La quantité des Livres brûlés<br />

par les Barbares, & même par les Evêques, k titre de Paganifme,<br />

& ceux que JULIEN fit brûler, en haine des Chrétiens;<br />

les reftes de ces Livres de l'Antiquité Païenne, qui furent même<br />

en danger d'être condamnés aux flammes, par un des plus Saints<br />

Pontifes de Romç^ GÇLE'GOIRE furnommé'/? Grand y ennemi<br />

outré de tout ce qui fentoit le Paganifme; c'efi tout cela<br />

qui eft caufe,qu'on a perdu les plus beaux Monumens de l'Ile<br />

de CHYPRE.<br />

Le favant MURCIUS a rafTemblé ces Fragmens , & les a réunis<br />

xlans un Ouvrage, publié depuis fa mort ; mais il n'y faut<br />

chercher, non plus que dans les autres Ouvrages du même Auteur,<br />

ni métode, ni éclaîrciiTement fur les difficultés que peuvent<br />

faire naître ces diverfes citations, par raport même au<br />

fond des chofes qu'elles contiennent.<br />

Il s'en faut bien, que je me croie en état de répandre, fur<br />

cette matière, la lumière, dont elle auroit befoin. Ainfî, je me<br />

contenterai de donner une Notion générale de l'Etat & de<br />

l'Hiftoire ancienne de l'Ile de CHYPRE ; & j'éviterai même d'entrer<br />

dans les difcufïïons, où fe font engagés ceux qui m'ont<br />

précédé, dans le deffein d'écrire cette Hiftoire.<br />

L'Ile deCHYPR^^a un nombre infini de différens noms, dans ^f^^^ples<br />

Ecrits des Anciens: ce qui pourroit venir de ce que, des l'Rtat, ^<br />

les anciens tems, elle a été occupée fucceiTivement par des rtamSme<br />

Colonies de différens Peuples, qui y étoient attirés par la fer-^^ ^'^'^'^<br />

tilité de fon terroir, par la douceur de fon climat, & plus<br />

encore par les avai>t^ges de fa fituation, qui la rendoit, pour<br />

ainfi dire, le centre de la communication, & du commerce<br />

entre les diverfes Nations de VAfie Mineure, de la Syrien de<br />

•hPbénidéy & 4e VEgypte.<br />

Peut - être auffi, ces différens noms venoient - ils, -de ce qu'é- ^ff^^^ ^^<br />

tant, en même tems, habitée par diverfes Nations, divifées, i'J}« àe<br />

. CHYPRE<br />

cfiacune en plufieurs petits Etats fçparés les uns des «utres,^/^:.ro»'/-<br />

A 2 ' tllcg'»^<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


'4r HIS T O IRE GE' N r R AL E<br />

elle n'avoit aucuh nom commun. En effet, ces noms communs<br />

n'Ont ét?é , pour l'ordinaire , établis que lors qu'une Nation<br />

formoit un même Corps politique , & pour empêcher, qu'on<br />

ne la confondît avec les Nations voifines. L'Ile de CHYPRE<br />

féparée de toils les autres Pays , par là Mer, n'avoit pas befoin<br />

de cette diftinâ:ion de noms ; & les différens Peuples, qui<br />

y commerçoient, défignoient file entière, par Je nom particulier<br />

de la Ville, dû Cap, ou de la Rade où ils avoient abor»dé<br />

, dans le commencement.<br />

^l^-^ Il femble, que cette Ile étoit nommée, dans la Syrie, Kit y<br />

Cintti.* ou iCiftim-y du Cap nommé par les Anciens Kittîum , & aujourd'hui<br />

Chitti. L'Ecriture donne le nom de Kittim k. toutes<br />

les Iles de la Méditerranée , & même en génér-al k^ tous les<br />

Pays, où l'on alloit par mer des Côtes de la Syrie ; mais il<br />

paroît, que ce nom avoit d'abord fervi k défigner l'Ile de<br />

CHYPRE; & qu'il avoit été étendu, dans la fuite , k tous les<br />

Pays Occidentaux..<br />

Ku^ns. -Les Grdrj, qui prétendent, que cette Ile a eu plufieurs<br />

noms, qui donnent k ces noms des origines de leur'^Langue, 6ç<br />

les raportént k des Fables particulières k leur Nation, ne la nomment<br />

jamais autrement que Kupros; c'eft ainfi que l'appellent<br />

HOME RE , HE'SIODE , & tous les autres Poètes. Le nom<br />

de KypriSy ou Kbupris^^ donné k VE'NUS, eft une épitète, par<br />

laquelle on marquoit, que fon Culte étoit venu de cette Ile.<br />

Le nom modeitie de CM/V/T,(en Latin Cuprwn') vient de fépitète<br />

de Cyprien y que l'on donnoit k ce Métal j dont les<br />

Anciens n'avoient pas dé meilleures Mines, que celles de CHY­<br />

PRE.<br />

L'es Grecs ne^ font pas d'accord fur l'origine du nom' de<br />

Kupros. Le plus grand nombre a tranché la difficulté ,.,en<br />

fupofant -un Héros, qui a donné fon nom k l'Ile de CHÎPRE ;<br />

c'eft un dénoûment facile, que les Grecs emploient volontîeFSi,<br />

pour-ne pas demeurer courts., & pour-cacher leur<br />

, . igno-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE Dt CHYPRE. Li\% I. Cn. I. j<br />

ignorance. D'autres affurent, que ce nom eft celui d'une Plante<br />

commune dans cette Ile, que les-Gr^o"• appellent Kupros.<br />

Gette Plante, que l'on confond, mal-à-pi-opos', avec le Z/- P^-'^tf<br />

guflrum des Latins, a le tronc, les branches Se les feuilles fem- KTPTOS,<br />

blables au Grenadier; elle fleurit k-peu-près comme la Vigne; f"JJ'/Je"^"'<br />

& fes fleurs ont une- odeur très-douce, & tres-agiéable. Les


6 HISTOIRE GENE'RALE<br />

moins, ce qu'ils difent n'eft pas d'une fî grande abfurdit.<br />

La longueur de l'Ile de CHYPRE eft d'environ foixante & à^%<br />

Lieues, de ^ l'Eft k l'Ouëft ; c'eft-à-dke, depuis le Gap Dinarètey-,<br />

ou Clides, qu'on nomme préfentement de Saint André, jufqu'k<br />

celui ^Ahamaniey aujourd'hui Saint J^piph^rte. Sa largeur.<br />

Nord & Sud, dans fa plus grande étendue, eft depuis ie<br />

Promontoire Cromiuruy ou Cormacbitti y jufqu'au Gap Carias y<br />

pu aes Chats y de vingt deux Lieues ; Se fa circonférence en-<br />

-tière de cent foixante Se quatorze.<br />

^orme de Sa formc cft k-peu-pi'ès comme celle d'une Voile Latine ,<br />

QiYPRE. c'eft-k-dire triangulaire. Elle a plufieurs Caps, ou Promon-<br />

^foiiéten- toires, dont les principaux font celui de Zéphirium , ou de<br />

Malotay k l'Ouëft; Tburiumy ou Cap bfmcy au Sud; Calimnufay<br />

ou LimnitOy Lemnony ou à^ Alexandrette y au Nord-Ouëft; ceux,<br />

de Badesyou Chitti y Throni ou Pila y fédalium ou de l^ Grecque<br />

y au Sudr-Eft.<br />

mvifim Cette Ile peut être divifée en trois Parties différentes, par ra-<br />

CiYPRE? po^^ ^ ^^ qualité du terrain. La première Partie eft compoféê de<br />

hautes Montagnes, la plupart .couvertes de Bois taillis, ou de haute<br />

futaie. Elles commencent au Cap Saint Andréy qui eft le plus Oriental<br />

; & continuent, fans inter-ruption, vers la Côte Septentrionale,<br />

jufqu'au Cap Cormacbitti-, les autres traverfent l'Ile, depuis l'ancienne<br />

Ville de Soli, jufqi/au Promontoire Mazato, où elles recommencent<br />

k s'étendre vers l'Occident, jufqu' au-defTus de Baffo, autrefois<br />

Paphos. Elles fe courbent vers le Nord, en cet endroit,<br />

& regagnent le territoire de Soli j elles forment un demicercle.<br />

La féconde Partie de l'Ile confifle en Collines, Se Vallées fertiles,<br />

& délicieufes, qui font au pié des hautes Montagnes. Qiielquesiines<br />

de ces Vallées font fort fpacieufes ; &, prefque toutes, arrofées<br />

par les Ruiffeaux qui en fortent, Oiitre quatre autres grands Ruiffeaux,<br />

qui prennent leurfource au pié du Mont OUmpe, haute Montagne,<br />

que les Grecs appellent Tbroodos. Cette Montagne eft<br />

com-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE i;ï*LE DE CftYPRE. LIV. î. GH L f<br />

coniine détachée dés autfes;êlle a environ dix-huit Lieues de cireonfêrence<br />

, & deux de hauteur. C'eft la même que STRABOX<br />

compître k iuiê i\Iarhmelle. Sur le fommet de cette haute Montagne,<br />

il y avoit aricienhement Un Temple confacré k VE'NUS, vé^us.i^<br />

mais dont l'entrée étoit interdite aux Femmes. Aujourd'hui, il %5!^fJ'^<br />

y a une petite Chapelle, dédiée k Saint MICHEL , près de laquelle<br />

on conferve une groffe Pierre de Marbre verdâtre, parce que les<br />

Chypriots lui attribuent d^s grandes vertus. Ils fe font perfuadés y<br />

qiie le libu,6ù elle a été trouvée, marque l'endroit précis où s'arrêta<br />

l'Arche de NoE. Les Grecs, en perdant l'idée du Paganifme<br />

, n'ont pas perdu leur ancien goût pour les Fables ; & leur<br />

fuperftition n'a prefque fait que changer d'objet, Se de forme.<br />

Dans un tems de féchereffe, on porte cette Pierre en Proceffion;:<br />

Se l'on croit que cette Dévotion eft fort efficace , pour obtenir<br />

de la pluie. Les Anciens, cohiitte je viens de le dire, donnoient<br />

k cette I^fohtagne te nom éfOlijnpe, & les Grecs la<br />

nomnient Tbroodos, Elle eft abondante en Bois de haute futaie<br />

, Se en Arbres fruitiers fauvages, de différentes efpèces. Les<br />

quatre grands Ruiffeaux, qui en fortent, arrofent une grande<br />

étendue de pays de tous côtés ; ee qui fait voir l'erreur dé divers<br />

Hiftoriens, qui avancent, qu'on ne trouve , dans l'Ile de<br />

CHYPRE , ni Ruiffeaux, ni Rivières, & affurent, qu'il n'y a que<br />

qiielques Torrens, qui fe forment des pluies, qui y tombent<br />

pendant PHiver.<br />

La troifième Partie de flIe eft une belle Se vafte Plaine, qui ^"'•^^'^ 'fe'<br />

la traverfe, comme en écharpe, du Sud-Eft au Nord-Oucft. Elle mélm^a^<br />

a feize Lieues de longueur ; &, en plufieurs endroits, fix , huit, ne.<br />

& jufqu'k dix, de largeur. Gette Plaine-eft extrêmement fertile5<br />

tant en grains, légumes, coton, Se pâturages, qu'en foie.<br />

La fécondité de fon terrain lui a fait donner , par les Cb}'priotSy<br />

le nom de Meffaire y ou d'Egypte. On fait, que ce nom,<br />

chez les Arabes y fignifie proprement la ^ ^ Egypte: il vient de<br />

cduidQMafryOuMefraijny que les jHi^r^«.v donnoient k VEgypte.-<br />

On<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


8 HISTOIRE G F N E' R A L E<br />

On comptoit autrefois, dans l'Ile de CHYPRE , quipze Villes<br />

confidérables, outre un grand_nombre de Bourgades, ou de<br />

fnS g^'^s Villages. De ces quinze Villes, neuf étoient Capitales<br />

de l'ile en d'autaut de petits Roïaumes différens ; & les autres avoîent<br />

flwLff^âf prefque toutes des Seigneurs indépendaçis, qui prenoient le ti-<br />

•^n«if£ ^^^ ^^ Lynajfes.<br />

Aujourd'hui,il ne refte plus que les ruines dé ces Villes; &<br />

^\us'^r^^ l'on n'en peut compter, au plus, que cinq, dans toute l'Ile, fajminrhuî<br />

voir, Nicofie y qui en eft la Capitale, au Centre de l'Ile; Fama-<br />

^mes."^ g'^^py fl^r la Rive oppofée k la Syrie y Se fur les ruines de l'ancienne<br />

Sal(imine ; Cérines, ou Cerauniay fur la Côte Septentrionale;<br />

Enfin, Papbo.^ y ou Bûffoy Se Limifol y fur la Côte Méridionale:<br />

mais ces .deux dernières font très-peu de.chofe, & ne font<br />

remarquables qu'en ce que ce font des Sièges Epifcopaux du Rite<br />

Grec y où la commodité de leurs Rades attire quelques Bâtimens.<br />

nue" t? Outre ces Villes, il y avoit nombre Châteaux,bâtis dans des<br />

desCbâ-^ lieux prefque inacceffibles, où l'on en voit encore les ruines, dans<br />

yTo?ir"lfi chaîne^de Montagnes, qui eft au Nord de Ni/;ofe. On les<br />

"''^- x^ommQ Saint Hilarion y oi},le Dieu d'Amour y Cantaray Se Buf-<br />

Ds Sjo. favento. De huit cens cinquante Bourgs, ou gros Villages,<br />

^iCeiielon- qu'ou comptoit autrèfois dans l'Ile , il en refte k peine trois<br />

tenoit, n cens, dont la plupart font k moitié déferts: de forte que le nomn'en<br />

refis - , TT i • i I^TI ^ < x<br />

^lusque bre des liabitans de lile monte, tout au plus, a cent quarante<br />

^°^^,^^.^ mille, Mabométans y ou Chrétiens du Rite Grec. Il y a queld^Hahi-<br />

ques Chrétiens Maronites y & Arméniens y qui, en tout , ne<br />

'*-^' fpnt pas mille âmes.<br />

C^iangement bien confîdiprable, Se nombre d'Habitans bien<br />

petit, en comparaifon dé la multitude de peuple qui s'y trouvoit au-<br />

M^iïacre ^^^^0^^ ! puïfqu'au raport de Ni CE'PJIQRE , dans fon Hifloire Eccléfiùf-<br />

^u^'firent ttque y & de DIONCASSIUS, dans l?iFie de P Empereur TRAJAN,<br />

des Habi- les Juifs, révoîtçs contre les Romains y s'emparèrent de cette Ile,<br />

c'^Ypts ^^^^ ^^ règne de. ce Monarque, & y maffacrèrent deux cens quajov.r<br />

rÉin- rante mille perfonnes, en peu dc jours, dans l'efpérance de s'af-<br />

Tiajan. Iran-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE DE CHYPRE. LIV. ï. CH.L p<br />

frajichir de la Domination Romaine y fans que les Chypriots y moux<br />

& efféminés, fe miffent en devoir d'arrêter la fureur de ce Peuple<br />

irrité. 11 eft vrai, que TRAJAN ne laiffa pas leur cruauté impunie;<br />

car, après avoir défait leur Armée en Syrie y il fit paffer en CHY­<br />

PRE un de fes Capitaines, nommé Lucius, avec une bonne partie<br />

de fes Troupes, pour en chaffer tous les Juifs y Se fit un Dé­<br />

cret , par lequel il défendit qu'aucun de cette Race pût jamais s'é- Trajan<br />

tablir dans file; ce qui a été obfervé, tant que les Romains font /SIT<br />

poffédée, de même que fous tous les autres Princes, qui en ont /.J/f^f<br />

été les maîtres depuis; Se ce qui fe pratique encore aujourd'hui, Chypre.<br />

fous la domination de l'Empire Ottoman.<br />

Le même NICE'PHORE raporte, que les feuls Maronites y qui<br />

habitoient file de CHYPRE, y occupoient trente trois Bourgs, ou<br />

Villages; que leur Nation étoit fi nombreufe, qu'en l'année 1167.<br />

quarante mille d'entre eux fe rendirent auprès d'EMERic, Patriarche<br />

LatindAntiocbe yCntrQ les mains duquel ils abjurèrent leur erreur, nites^*^^<br />

& promirent en même tems obéïffance ^uPontifQ Romain : Change-{''"'^JJ^^<br />

ment doublement heureux, puifqu'en abjurant leur Schifme, ils Romain,<br />

entrèrent dans le véritable giron de l'Eglife Orthodoxe ! ce qui<br />

fut caufe, qu'en fannée 1193. Gui de LUZIGNAN, qui vint prendre<br />

poffelTion de l'Ile de CHYPRE, les diftingua, non*feulement<br />

des autres Chrétiens Grecs, mais leur accorda même divers privilèges<br />

Se franchifes. Ils en ont jouï, tant que les Chrétiens ont<br />

poffédé cette Ile > dont les Habitans étoient alors divifés en<br />

quatre Etats différens. Ces quatre Etats étoient la Nobleffe, la .<br />

Bourgeoifie, les Artifans libres afranchis, Se les Efclaves ; les der- dèTpeupies<br />

niers étoient emploies k labourer les terres. Se aux autres ouvra- '^^^'^'^•<br />

ges ferviles de la Campagne, Se des Villes; on tiroit des autres la<br />

Milice ordinaire, pour la garde du Pays.<br />

L'ancienne Hiftoire de CHYPRE eft fort obfcure, par la raifbn<br />

que nous en avons marquée: les Hiftoires particulières de cette devTden-<br />

11e font perdues. On ne peut former aucune fuite du petit nom- TeChymJ<br />

bre de Fragmens, qui nous en font reftes; Se les Ecrivains moder- prowéepar<br />

'^ * -n raifons.<br />

O nés.<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


î© H l s T 0 IR 8 Ç^ r N,r R A I- E<br />

nés, qui ont voulu fupléer a ce défaut, ne nous ont donné que des<br />

Luzignan Fables. On doit mettre en ce rang tout ce que le Père LUZIGNAN<br />

TÉir raporte de la Conquête de l'Ile cfe CHYPREparNiNus, Se la Fondaécritfans<br />

tion ^ Amathus y ou Amatbunte par S E'M I R A M I S ; aulfi bien que<br />

jtndement. ^^^j.j.gg ci;iofes qu'il raconte y Se qui n'ont aucun fondement dans<br />

l'Antiquité. Cependant, toute fabuleufe que foit fbn Hiftoire,<br />

on y trouve de la fatisfàdion en bien d'endroits, qui ont mérité<br />

l'approbation générale. Quelques Auteurs nous apprennent,<br />

qu'ÂBYDEMUs Patefadusy Difciplt d'ARiSTOTE,^avoit écrit une<br />

Hiftoire de l'Ile de CHYPRE; mais j'ai eu beau la chercher,.même<br />

dans les plus fameufès Bibliotlièques, je n'ai pu la trouver.<br />

Une autre raifon de fobfcurité de fancienne Hiftoire de CHY­<br />

PRE, c'eft que les Habitans de cette Ue n'ont prefque jamais été<br />

réunis fous mie même Domination. Le Pays étoit partagé entre<br />

neuf Rois diflérens, qui n'occupoienfi leurs forces qu'k s'entre-détruire;<br />

en forte que ces divifions les mettoient hors d'état de former<br />

aucune Entreprife confidérable, & même de réfîfter k celles<br />

des Etrangers.<br />

Sentiment HE'RODOTE, le plus ancien Hiftorien de la Grèce y raporte,<br />

«fHérodo- i^j, le témoignage des Chyprkts mêmes, que file étoit habitée par<br />

te.<br />

trois Nations différentes, les Phéniciens y les Ethiopiens, Se les<br />

Grecs. Ges derniers avoient bâti plufieurs Villes, qui étoient habitées<br />

par ÔQs ArcadiensySe des Athéniens,qui furent jettes fur ces<br />

Gôtes^, après la Tempête, qui difperfa la Flotte Grecque y au retour<br />

de la prife de Troie. •<br />

Aux Arcadiens & aux Athéniens, H E'R O D O i^ E joint les (^tb-'<br />

nîens'y on ne trouve pourtant, dans les Anciens,'aucune trace<br />

de cette Colonie de file de GYTHNOS;, fune des moins<br />

confidérables des Iles Cyclades; Ainfi, il pourroit- bien fe<br />

faire, qu'HE'jiODOTE eût mal pris le fens de ce qu'il avoit ouï<br />

dire aux Chypriots y Se que ceux qui étoient, félon lui, originaires<br />

de File de Cytbnos, fuffent en effet les Naturels dt l'Ile, que<br />

nous avons dit ètrQnomméQ Kittim y ou Kittiuntyipzî les Orientaux.<br />

•: - • Ges<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


ne 1,'ÏI.B SB esYPRE, Ur. l €«, l n<br />

Cei Naturels de file, que les Grecs nommoient AutoçfftboticSy 6ç le^<br />

Romam j^forigênes , occupoient le Canton dAmatbténte^ près<br />

du Cap KittiuJHy felon le témoignage de SCYLAX, Géographe antîien,<br />

prdque contemporain d'H E'R-O DOTE; Se ils étoient venue<br />

de ta Phémcie y comme on va le faire voîr dans un moment : mais<br />

il y avoit encore quelques Colonies de Grecs, ààs\^ file de CHYPRE.<br />

La Ville de Çarium, entre autres, avoit été peuplée par les A^giens<br />

y comme on fapprend d'HE-R o D o T E , avec qui S T R A B o N<br />

eft d'accord, fur ce point.<br />

Les Ethiopiens dont parle HE'RODOTE, qui s'étoient établis<br />

dans VIIQ de CHYPRE , ne pouvoient être que des Peuples de la<br />

Pentapole Cyrénienne, qui, felon P T o L o M E'E & J u s T i N , com=prenoît<br />

cinq Villes, Cyrène y qui en étoit la Capitale, bâtie fur<br />

une Colline, k dix Lieues delà Mer, Bérénice, Theucbire, Ptolomée<br />

y Se Apolonie, qui étoient fur.fes bords: x:e qui vérifie ce<br />

qu'on difoit, que c'étoit auprès de Joppey que fe paffa l'Avanture<br />

d'A N D R Q M E'D E, Fille de G E'P H E'E, Roi des Ethiopiens ; & qu'on<br />

fivoit donné k cette Contrée le nom d Ethiopie,<br />

Avant que d'entrer dans les Evènemens de fancienne Hiftoire<br />

de C H Y p R E, il eft k propos de parler des neuf Villes Roïales «de<br />

cette Ile, Se de celles des autres Villes, qui peuvent ipériter quelque<br />

attention.<br />

La Ville d Amatbunte eft, de l'aveu des Grecs y la plus, ancien- ^i^à'Kne<br />

de toutes ; elle étoit Phénicienne d'origine,comme le témoigne ^fmori-*<br />

fon. nom, qui eft le même que celui dEmath, Canton célèbre ^"*^*<br />

dans la Syrie y entre le Liban y Se VAntiliban. Lea Ancien» ont<br />

reconnu cette origine. SCYLAX , comme nous avons vu, la nomme<br />

une Ville Autochtbones; Se THE'OP.OMPE, cité par PhoTius,<br />

affure, que c'étoit dans çe Canton, que s'étoient retirés les Habitans<br />

des Pays dont les Grecs s'étoient emparés, lorfqu'ils conduiiirçût<br />

âos Colonies dans VAfie.<br />

Le célèbre ERATOSTHE'NE , Chef de l'Académie du Mufeum k ^^5^7,,^^<br />

Alexandrie, avoit écrit, k ce que rapporte SUIDA s, une Hiftoire '^'^ma-<br />

B 3 dA^ ''""^'•-<br />

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î2 H l S T O I R E G r N E' R A L E<br />

d Amatbunte y qui devoit être fort étendue, puifque les Anciens<br />

en citoient le Livre neuvième, pour un Fait qui paroit regarder le<br />

tems des Guerres des Grecs, contre le Roi de Perfe. Mais, comme<br />

cet Ouvrage eft perdu, nous ne pouvons rien dire de l'Hiftoi^<br />

re de cette Ville, fî ce n'eft, que fes Rois femblent avoir été plus<br />

attachés k la Perfe y que les autres Princes de cette Ile, qui, par<br />

leur origine Grecque y ou par leurs liaifbns avec cette Nation, prirent<br />

fouvent parti, avec le^ Grecs y dans les Guerres qu'ils eurent k<br />

foutenir contre les Rois de Perfe. On ne fait combien dura le<br />

Roïaume d Amatbunte y ni quand il prit fin: il paroit pourtant,<br />

qu'il fubfiftoit encore, fous les Sueceffeurs d'ALEXANDRE , comme<br />

nous l'apprend ETIENNE de Byfance.<br />

Temple Le même Auteur raporte, que la Ville d Amatbunte étoit reà<br />

Ama"'^ marquable par un Temple, dédié k ADONIS OSIRIS , réùniffant<br />

thunte. ai^fj enfemble les deux nom?, que les Phéniciens, & les Egyptiens<br />

donnoient feparément k la plus grande de leurs Divinités. VE'NUS<br />

étoit aulfi adorée dans ce même Temple, fous le nom d'AMATHU-<br />

TiréTcw ^^-^- *C^tte Déeffe étoit repréfentée k Amatbunte y felon THE'Odivers<br />

PHRASTE, MACROBE, & SERVIUS, fous la figure d'un<br />

/JU. " ^ Homme barbu, qui réùniffoit en lui les deux Sexes. Par-lk on<br />

voulut marquer, que f objet du Culte étoit la Nature même, ou le<br />

Principe de fécondité qu'elle a répandu dans les Etres, & fur tout<br />

dans ceux qui ont la faculté de produire des Etres femblables k<br />

eux par la génération.<br />

devenus ^^ Culte de cette Divinité, dans fon origine, n'avoit rien qui<br />

àansfon ' portât k la D ébauche. On exigeoit de ceux qui approchoient de<br />

w^St ' fes Autels une pureté aulfi grande, que pour les Miftères des autres<br />

rien d'im. Dîeux. Maîs Ics chofcs changèrent bien depuis,fi ce n'eft dansia<br />

/V'ÛIQ d Amatbunte, au moins, en quelques endroits de l'Ile, où<br />

mmt^dêce ÎI Y ^ivoît pluficurs Templcs de VE'NUS. Toutes les Femmes decme.<br />

voient, une fois en leur vie, fe rendre au Temple dc la Déeffe,&<br />

attendre qu'un Etranger les emmenât, pour fatisfaire une brutale<br />

paffion, après leur avoir jette une Pièce d'argent fur les genoux.<br />

Tel<br />

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: DE L'ILE DE CHYPRE. Lïv. I. CH. L 13<br />

Td étoît l'ufage établi au tems d'H E'R ODOTE;& c'eft, fansdoute, Faiiedes<br />

Ik-deffus, qu'étoit fondée la Fable des PropétideSy de ces Femmes ^.^J'^"*<br />

fans pudeur, qui aïant blaphémé contre VE'NUS , fe livrèrent aux<br />

derniers excès, & furent, dît-on, changées en Rochers, par cette<br />

Déeffe, irritée de leurs proftitutions. Gette Fable femble avoir<br />

été imaginée contre le Culte rendu k VE'NUS , par les Syriens d Héliopolis<br />

y Se par ceux de Babilone y chez qui le Temple de cette Dé- Cuiteque<br />

effe étoit un Lieu de la plus grande débauche, & autorife en même venus ^Lx<br />

tems ce qu'ont écrit plufieurs Auteurs, au fujet des Loix que VE'NUS f-^^cS^f'<br />

avoit établies dans file de CHYPRE , où fes Temples furent confa- Babilone<br />

crés k une proftitution générale. C-ar , non contente de ces abo- l'minabîes<br />

minables Sacrifices, elle fit une Ordonnance, qui obligeoit toutes f^^.^^^^<br />

les Filles du Pays d'aller fur les Rivages, pour s'offrir aux Etrangers Chypre.<br />

qui y abordoient ; dérèglement infâme, maîs qui , felon JUSTIN,<br />

facihta k DIDON fenlèvement de plus de quatre-vingts de cesNimphes.<br />

Gette couraereufe Princeffe avoit quitté clandeftinement la Didon/a/*<br />

Ville de Tyr fk Patrie , pour éviter la tirannie de PYGMALION fon lesniies<br />

Frère , qui avoit fait mourir SICHARBAS fon Oncle, &fon Mari, f^^^p^'<br />

pour s'emparer de fes richeffes. Comme elle avoit deffein d'aller peuplerjà^<br />

chercher un afile, qui la mît k fabri des fureurs du Tiran, & qu'elle<br />

n'avoit fîir fa Flotte aucune Femme, pour peupler la Colonie qu'elle<br />

vouloit établir,elle maria ces Chypriotes avec les Tyriens y dont les Enfans<br />

commencèrent k peupler le Ville de CartbagCy que cette Princeffe<br />

fonda, ou que,felon d'autres, elle ne fît que rétablir.<br />

L'Ile de CHYPRE n'étoit "pas le feul Pays,oùlesHQmmes (Scies Fem- Temples dt<br />

mes s'abandonnoient k ces excès de volupté, pour célébrer les Fêtes BibîisVfelon EUSE'BE,<br />

Se BocHARD, c'étoit fèndroit où VE'NUS avoît embraffé fon cher<br />

ADONIS, lors qu'il fut mDrdu par un Sanglier, de laquelle bleffure<br />

il mourut ; & que, fenfible k fa perte, cette Déeffe inftîtua les<br />

B 3 fêtes<br />

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Ï4. ,HlS!r.OIRE G E» NE* RALE<br />

luennes. Fêtes i


PE L'ILE DE CHYPRE. LIT. I CH.L tf<br />

tes, dont les Cérémonies avoient du raport k'fon Avanture. Il<br />

dédia deux peti^ Statuer, fune de bronze, & l'autre dVgent,<br />

que cette Princeffe avoit apportées avec elle, & donna au Bois fa- -<br />

cré, dans lequel étoit fon Tombeau, le nom de VE'NUS ARIADm.<br />

PLUTARQUE , qui nous apprend ce détail, favoit tiré d'un<br />

' Ouvrage de POE ON d Amatbunte , qui devoit être inftruit des<br />

Traditions dejbnPayç. ,-<br />

Qûmme la Ville d Amatbunte n'étoit pas une Colonie Grecque y •<br />

on a peine k comprendre comment cette opinion auroit pu s'établir,<br />

& comment on auroit donné le nom de»VE'Nus ARIADNE au<br />

Tombeau^s'il n'y avoit pas eu un fondement réel. Dans ce cas-lk,<br />

voici encore un nouvel exemple de la licence des Poètes ;& THE'-<br />

SE'E n'aura pas moins kfQ plaindre d'eux, que DIDON. DellruSion<br />

La Ville d Amatbunte a fubfîfte jusqu'en l'année 1191. de ]E'-deia vîûe<br />

sus-GiiaisT , qu'elle fut ruinée par RICHARD Roi d Angleterre ;xh\inte^ •<br />

les ruines en fùbfiftent encore, fbus le nom de Fieux Limifol. ch^ar?j?o»<br />

•- A fOccident di^t Roïaume d Amatbunte étoit celui de Paphos ;^^^^^^^la<br />

Ville de ce nom, -^pellée d'abord Eriticay fut nommée Pa- ^vuk'de<br />

phos^ par CYNIRAS, OU felon d'autres, par PAPHUS, OU EPAPHUS, ^.^v^^h^<br />

i •' *^ . . . , jow origine.<br />

Fils de TYPHON. Cette dernière opinion donneroit une origine<br />

Egptienne'^cettQ Ville. La datte de fa fondation, marquée par<br />

EUSE'BE k fan 254. avant la prife de 7>w , fait voir, felon HE'-<br />

R.ODOTE>^ que CYNIRAS, Fondateur de Paphos y eft très-différent de<br />

GYT*! n AS, qui regnoit en CHYPRE, au tems d'AGAMEMNON. EU-<br />

SE'BE fuppofe la fondation dc Paphos dû tems de DANAÛS , de<br />

GADMUS, &deGE'GROPS, & du tems du Paffage des Colonies<br />

Phéniciennes^ Se Egyptiennes dans la Grèce.<br />

On nommoit c^


i6 HI S T O I R E G E' N E' R A L E<br />

L'ancienne Paphos, Mon H o 01 E R E , T A c i T E , Se M E'L A ,<br />

étoit bâtie k dix Stades de la Mer, fur le Fleuve ApbrodifîoSy dans<br />

lequel on dit, que VE'NUS & ADONIS s'alloient baigner. Cétoit â<br />

l'embouchure de ce Fleuve,.qu'étoit venue aborder la Déeffe VE'­<br />

NUS, d'abord après fa naiffance. Auffi étoit-celk proprement le<br />

centre de fon.Culte, 6c le plus ancien Temple,qui lui lui fût confacré,<br />

dans toute file , Se pour parler comme les l^^héologiens du<br />

Paganifme, fon Habitation propre ; & on lui donnoit, le nom<br />

dApbrodifienne.<br />

Culte qiL'on Cette VL'NUS étoit-la VL'NUS URANIE, OU Céléjle y fur les<br />

v'nusdans Autcls de laquelle on entretenoit un feu pur. On auroit cru ofr<br />

le Temple de fenfer la Déeffe, qui prélidoit k la génération, & k la produélion<br />

Paphos. ^^^ YXïQS vivans, par la deftruélion de ces mêmes Etres ; c'eft pourquoi<br />

, on n'y offroit jamais de Sacrifices fanglans. Dans la fuite<br />

cependant, on ajouta aux Sacrifices, & aux Offrandes, la Divination<br />

, par rinfpedion des Entrailles des Viélimes immolées ; mais<br />

cette Cérémonie ne faifoit point partie du Sacrifice, Se on ne brûloit<br />

aucune partie de ces Animaux fur f Autel.<br />

L'ancienne Paphos étoit k foixante Stades de la nouvelle, bâtie<br />

par A G A p E N o R. Quoique ce Prince Grec eût transféré, dans la<br />

nouvelle Ville,les Autels Se le Culte de VE'NUS établi k GolgeSy<br />

Fmejpon petite Ville, au pié du Mont AkamaSy k la fource de YIQUYÇ Bar-<br />

^deTchv- barosy le Temple de fancienne Paphos avoit néanmoins conferve<br />

priots au fes droîts, & l'oH y alloit en Proceffion, aux Fêtes de VE'NUS.<br />

"wéins.^ STRABON obfervé, que cette Proceffion fe faffoit encore defon<br />

tems. On fe rendoit de toutes les autres Villes de file k la nou-<br />

Statue de vellc Paphos, d'où l'on alloit en Proceffion, Se avecpompe,kranvénus,<br />

en ^.jçj^ f çniple. La Statue qu'on adoroit, felon TACITE, n'étoit<br />

forme de ^ • . -, T^- , n • T^<br />

Pain de k proprement parler, qu une Pierre qui reprefentoit une Borne ,<br />

•^"'^'^^' ou un Pain de Sucre. La forme fymbolique de cette Statue avoît<br />

été prife de celle de VE'NUS URANIE dAfcalofie dans la Palefline',<br />

car c'étoit àe-l^Ly félon HE'RODOTE, ^ PAUSA­<br />

NIAS, que fon avoit porté le Culte de cette Déeffe dans file de<br />

CHYPRE,<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


BE L'ILE DE CHYPRE. LiV.l CH. L i-<br />

CHYPRE, de l'aveu même des Chypriots. On voit fouvent la répréfentation<br />

de cett^ Statue fiir des Médailles.<br />

Depuis Ja fondation de la nouvelle Paphos, Tancienne perdit<br />

beaucoup de fon éclat ; & ceffa d'être la.Capitale du Roïaume.<br />

Les noms des Rois dQpaphos, qu'on trouve dans les Anciens, font,<br />

tous Grecs; ce qui fait voir, que ces Princes étoient -ceux de la<br />

Colonie Gr^r^«^d'A.G A p E'N OR. Cependant, îl paroît, 9^^ ^^ §^j^^"-f^.<br />

Defcendans de f ancien CYNIRAS avoient conferve kJPapbos Vin-rens/".i'itendance<br />

du Temple, avec un rang & des revenus confidérables. l'nlll'^c.<br />

' On lit, dans .PLWTARQUE , que, dans le tems que GATON fut envoïé<br />

po\ir réduire file de CHYPRE en Province IU>mainey îl fit offrira<br />

PTOLeME'E le Pontificat du Temple de VE'NUS Paphienncy<br />

comme une place, qui lui procureroit en même tems un rang diftingué<br />

, & de grands revenus.<br />

Les Fables des Crrecs parlent beaucoup de CTTNIRAS ; mais elles •<br />

confondent le Fondateur de Paphos, avec le Roi de même nom,<br />

contemporain d'A G A M E M N o N , & d'A G A p E'N o R. Je ne m'arrêterai<br />

pas k raporter, encore moins k concilier, les contraditions,<br />

©ù les jette la conf ufîon qu'ils ont faite, de deux Princes du même<br />

nom.<br />

APOLLODORE donne la Généalogie des Fondateurs de Paphos^<br />

qu'il fait remonter, par PHAE'TON, & par TITHGN, Fils de CE'-<br />

PHALE, & del'AuRORE, jufqu'k GE'CROPS; maison voit là<br />

une fuite de la vanité èe^ Grecs, qui vouloient que tout fut forti<br />

de leur Pays. Ce qui femble de plus affuré, dans cette Généalogie,<br />

c'eft que CYNIRAS étoit Fils de SANDE'CUS, OU SADOC ,<br />

quî paffa de la Syrie dans la Cilicie, & y fit bâtir la Ville de Ce'îanderiSy<br />

& époufa THANACE, ou PHARNACE, Fille de MEGESSA-<br />

RUS. Ce fut ÛQ Cilicie y ^quQ CYNIRAS paffa dans l'Ile de CHYPRE,<br />

avec.une nombreufe troupe de Syriens. Il y époufa la Fille d'un<br />

Roi de CHYPRE, nommé PYGMALION , nom commun parmi les '<br />

Tyriens.<br />

On attribue h ce PYGMALION la fdïidation de Car paffe y Ville CarpifTc<br />

G ' fituée l',^ "*-<br />

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n HISTOIRE GE'NE'RALË<br />

JJ2J2^- fituée à l'extrémité Orientare die file, ftir un Iftme de trente Sta*<br />

fa Femme dcs, OU d'uHC Lîeue, quî fêpare ks


DE L'ILE DE CHYPRE. Lrv. I. CH. L ip<br />

ScTLix » ^ui nomme les ViBes Giyto^uos as l'Ik deC!H¥mi£, ae<br />

parle pas de Citium^ ct'^ (xrôuvt qv^^ ^cièn'teaM» ç'/âft-à-dtre,<br />

vert ktems dePmMHPK, f ère •d'A&EXAnoiue^ c'étoit lencore<br />

«ne ViUe Phénicienne. Cétoit a«ffi k Patrk 4u 'fameux Zfi'-<br />

NDN, FocKkteur des la^Seâe «de ^tâfckm.^ & celk.de ^lufîeoiis de<br />

fes Pii(%iks. DI49G£'NE LÂERG^, as les autres Auteurs, ^ui<br />

p^ent d& ZE^ON, nous âipprennezit, qu'ilÛeuriftbit fous ksSucceffeiarg<br />

dfAxEXANDRE; &, dans une Lettre j, que ZJË'NON écrk .<br />

au Roi ANT^GONUS, vers k cent-trentième Olimpiade, ou vers<br />

l'An deux-^cens foixante avant JrRjSUs CHRIST, il fe donne 8a<br />

ans. 11 étoit dofK: né vers l'an trois-cens quarante de JE'SUS-<br />

CHRIST ; Se dès lors , la ViHe â&CUîm éfoit peuplée par ks<br />

Grecs. •^'^• '<br />

Le xiomde Kitm, -doiiaé ^TLriQs^i^vtauxkVllQ de CHYPRE, Unmie<br />

eft cïigïlodé, par eaetenfîoHj 'éixiA f écriture, pour fignifier toutes ^J^ "^<br />

ks Iks-de ITÎ Méditerranée^ ou même ies Pays -m Von alloit par toutes tes<br />

Ma*. Ce nom, dis-je^ prouve l'iaroÉifuité de la Vilk de Citium, diterra-<br />

&fa fpkndenr dans les présakrs tems. Ceft, ^ns doute, par ^^^'<br />

cette Tailfon , que l'on en attribuoit ia iandafcion k B E'L us;<br />

c'eft-a-dire, à BAAL, la première de toutes }&s Divinités Phéniciennes,<br />

D'anciens Ecrivains, cités pM* BOCHAJRD , difent, - que BE'-<br />

LUS fut Père de PYGMALION , qui riigïaa tiprès lui dans l'Ile de<br />

CHYPRE. Comme les Anciens font BE'LJJS Fondateur des Villes<br />

de Citium Se àeLapatbuSy if y apparence» qu'dies formoient<br />

le Roïaume defon FikPYGMAUON, quoique kiiiibnce de près de<br />

feize Lieues, qu'il y a entre ces deux Villes^ iU(pende un peu mon<br />

jugement Ik-deffus. • .<br />

CYNIRAS aïant époufé, comme on l'a vu plus haut, une Fille<br />

de PYGMALION, a vécu, au plus, deux générations après le Fondateur<br />

de Citium ; &, comme cette Ville étoit déjà célèbre. Se avoit donné*<br />

fon nom k toute file, au tems de MOÏSE, on voit que B E'L U S, PYGMA­<br />

LION & CYNIRAS doivent avoîr précédé VExode-, Se que, par<br />

confequent, f ancien CYNIRAS eft beaucoup plus vieux j que celui<br />

C 2 dont<br />

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-a H r S T O I R E - G F NE' RAL E<br />

dont il eft parlé dans HOME'RE, &, qu'il fupofe avoir été alfîé<br />

avec AGAMEMNON, par les noeuds de l'Ho§)italîté.<br />

UssChy- • Ge qui me fait dire y fuïvdan.t V Exode 2^. que dès le tems dé"<br />

^M^foush' MOÏSE, ks Cib)'/ri(7/"i^étoient connus fous k nom de Kitimy c'eft'<br />

T" ^dF' ^"^ BALAAM, dans^ la fameufe Prophétie contre les Arabes Kéktems<br />

de ffécns, parle des Flottes de ceux de Kitim,& des dommages qu'el-<br />

^^^^* les caufèrent aux Affyriens-. Un Fragment d'une Chronique Ty-<br />

*<br />

• rienncy conferve dans JOSEPH», nousaprend, que leRoi de T^r,<br />

nommé ELOUALAI , aïant foumis ceux Citium y qui s'étoient révoltés,<br />

fut attaqué par SALMANASSAR, Roi dAffyriCy qui engageadans<br />

fon parti ceux de Sîdon'y dAcOy depuis Ptolomaïde, Se de"<br />

quelques autres Vilk§. L'Auteur de la Chronique ajoute, qu'ils-'<br />

fournirent k SALMANASSAR une Flotte de foixante Vaiffeaux, mais '<br />

qu'elle fut batue par les Tyriens ySe, comme c'eft-lk'lè feul Combat,<br />

naval, & même la feule Flotte Affyrlenneyâont il foit parlé dans l'Antiquité,<br />

oh doit ^croire, que c'eft par-lk, qu'on doit expliquer la<br />

Prophétie de BALAAM, quiattribue au fecours^des Vaiffeaux Chypriots<br />

de X?//;7/'la Vidfcbire remportée par ceux de 7)r, fur leurs'<br />

autres Vaiffeaux révoltés, &lîgués contre eux^ avec, le Rôi dAflyrie/<br />

Cet Evénement qui-, felon ESAÏÉ, eft d'environ l'an 7^30. avant*<br />

J E'S u S - C H R I ST -, prouve, qiie la Vilk de Citiunry Golonk Phê'^<br />

mcienne, obéïffoît aux Tyriem fès Fondateurs.<br />

Gsr/priots La Prophétie d^'EsAïÉ, (*)• qui^annonce k la Vilfô de Tyr ce<br />

flv'jsiyL qu'^élk doit fouffrir dé NÀBUCDONOSOR, que fa ruïrie viendra de Jïr- •<br />

T^iicus. /7^/• cette Prophétie, dis-je, prouve, que «ceux de CHYPRE,<br />

fecouërent k joug dis Tf riens y versi'an doo, fe joignirent aux<br />

BahylonfénSy &.lem*fourhirent des Vaifïeaux, ou, du moins,'reth-ërent<br />

ceux qu'ils avoientau fervice des 3yr/^f,& par-lk caufer<br />

kur ruïrie. .^' ''-'•<br />

Ce fut, a peu près, dans le même tems, mais avant la Prife dé:<br />

ïî^r par'NABucDONOSOR,que ks EgyptienSy fous le Règfk d'A P I C E'S^<br />

''•• ;' - : ^- ' . ' • - at^4e)EsAîÉ,<br />

XXHL;. - ^*'. ^<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


i*E LTLE I>E CHYPRE. Lir. I. CH. t IF<br />

attaquèrent par Mer ks Phéniciens y Se ks Chypriots. Commo ^<br />

DIODORE de Sicile joint ces deux Peupks enfemble, on peut croire,<br />

qu'ils formôieilC encore un feul & même Etat; &, que ceux<br />

de Citium ne cefsèfent'd'obéir aux Tyriens y que lors qu'ils les virent<br />

engagés avee les Babyloniens.<br />

Les Citiens conferyèrent toujours leur forme dé Gouvernement.-<br />

Ils avoient dés Rois particuliers, au tenîs»d^ALEXANDRE,& même<br />

fous fes Sueceffeurs. On parle d'un PYMATUS, Roi de Citium y foug<br />

ALEXANDRE; & ce nom^ q\à eVt Barbare, fait croire, que le•<br />

Sceptre de Citium étoît demeuré aux Phéniciens y & n'avoit point<br />

paffé aux Familles Grecques*, .<br />

A f Orient de Citium étoit la Ville Se le Roïaume de Malum ^ym^ ^<br />

qu'on peut vraifemblablemènt conjeélurer avoir été au4nême ^^-'f'^'f<br />

droit, où fe trouve aujourd'hui Lar nec a. Habitation ordinaire<br />

des Européens y qui y font leur commerce. L'Hiftoire ne nous ap**<br />

prefîd rien de particulier de ce Roïaume, fi ce n'eft qu'il-forma un<br />

Etat féparé-, jufqu'à FT O L O M E'E S^O TER, qui jfelon D i o D OR lè<br />

de Sicile y fit arrêter STATIACUS, Roi de^^^^/ww, ruina entière-L^^ri-wni^ment<br />

la Ville, Se en^ tranfporta ks Habitans 2L Paphos.<br />

A rOrient dé Malum étoit la Ville de Salamine^y aujourd'hui ^nkkiK<br />

Famagoufle. Gette Ville étoit entièrement Grecque, & bâtk par sahmine<br />

TEUCER , Frère d'AjAX le Télamonien. TEUCER , aïant été chaffe aujourd'hui^'<br />

de nie de Salajfiine y yoiïme d Athènes, par fon Père TE'LAMON, gS.<br />

pour avoir négligé de vanger la'mort d'AjAX,-paffa dans file de<br />

CHYPRE ; & ,^omme il trouva, que VArcadien-AG A P E'N O R s'étoit<br />

déjk établi auprès de Paphos, k f extrémité Occidentak, il alla fonde»<br />

une autre Ville k l'autre bout de file> vers.fOrient." A T-fIE'N E'E,<br />

qui nous fapprend^ dit, qu'il avoit avec lui, non feukment une<br />

partie des Avanturiers GrecSy qui l'avoknt fuivic mais encore pli^»<br />

fleurs Captifs Troïens, qu'il jo^nit a fk Troupe,<br />

r 11 débarqua d'abord for la Rive Septentrionale, voifîne de là'<br />

Cilicie y dans un Lieu qui conferve toujours le nom de Rivage des-<br />

^tib^^wi y. deJk., il s'avança vers le Midi;


22 HISTOIRE G E' N E' R A L E<br />

. defeptanteStadee, quî jokt les ^ux jtotks de l'Ile, â bâtît la<br />

nouvelle Vilk, au fond d'un Golfe fur k Fkuve BocaruSp ou i*/dycus.<br />

TEUCER fut aidé, dans l'Elabliilèmeat de fà Colonie, par<br />

CYNJRAS, allié d'AGAMEMNON. Il époufa une Filk dece Prince,<br />

& en eut des Enfans, dont la Poftérité ^cQaferya long->tem8 k<br />

Sceptre.<br />

Sa fonda- Dafis l'eudroit où TmcER, bâtit la nouvelk Salitminey il y avoit<br />

tion par<br />

Teucer, un ViUtgc, qui poitoit k nom de Cér^, éc -où l'on rendoit à<br />

AGRAURE'S, Fille de GE'CROPS', un Culte vraiment Baréare: on<br />

immoloit en fon honneur des Viébiiaes Humaiiies. Les Athénims<br />

lui rendoient feulement les honneurs Héroïquas, en mémoire de<br />

ce qu'elle s'étoit immolée volontairement, pour Je fakit de fa Patrie<br />

; & il y a apparence, que ce fkt à l'imitation des Phéniciens,<br />

que TEITCEÎR établit Cette coutume. LAC^\4NCE dit, qu'elle fubfifla<br />

jufqu'au tems de fEmpca-eur ADRIEN; mais PORPHIRE, pluff<br />

iàvant qiie LACTANCË, nous apprend qu'eilk fut abolie par k<br />

^' RoiDiPHiLus, contemporain d\m SE'LEtrcûs, qu'il nomme<br />

le Théologien,<br />

le de Nous apprenons de TACITE ,tjae TEUCER établit k Salamine k<br />

Jupiter Culte de JUPITER Grec-,Se fc Tempk,qu'il avoit dans cette Ville,<br />

^'^^^* étoit k plus ancien de l'Ik, jqjrès ceux de V'E'NUS k Amatbunte^<br />

Se ?i Paphos.<br />

La Vilk de Salamine étoît la plus confîdérable, & la plus flo^<br />

rîffante de toute fl le, k caufè de fà fit3uati0n,qui la rendoit maîtref^<br />

fe du Commerce de la Syrie, Se de celui de VAfie Mineure. Elk<br />

Conferva fes Rois particulkrs jufiju'aux derniers tems ; & ces Rois<br />

obligèrent fouvent les Jiuit autres à leur obéïr. Il eft vrai que,<br />

fous ks Defcendans de TKUCER, les autres Princes de file fe réunirent<br />

enfemble, les renversèpent du Trône, & les contraignirent<br />

d'abandonner leurs propres Etats ; où H E'R O D OT^ nous ap*<br />

prend,qu'EvELTHON,qui étoit de cette Race, ne rentra qu'après<br />

foixante ans d'Interrègne, Se reprit en peu de tems la puiffance<br />

de fes Ancêtres. La renommée de ce Prince in^ira à PHE'RE'TI-<br />

ME«<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


T)E; LMLE DE CHYPRE. LIV. L CH. L 23<br />

HE, Veuve de BATUS, Roi de Cyrène, que fes Sujets révoltés en<br />

avoient chaffée, la penfée de venir k Salamine y avec fbn Fils AR-<br />

CHESILAS, lui demander du fecours pour fon rétabliffement. Mais, afront<br />

fait qu'EvELTHON fût prévenu en faveur des CyrenienSy ou qu'il Reine?\\éne<br />

voulût point dégarnir fon Pays des Troupes qu'il y entretenoit, ^^'^'^^;^<br />

il préfenta, en plaifantant, une quenouilk à cette Princeffe, avec Eveithon.<br />

unfufeau d'or, en lui difant, que cela lui convenoitjmieux, que<br />

le Commandement d'une Armée. Les Rois de Salamine y que<br />

Taffluence du Commerce avoit rendus puiffans. Se de bon goût,<br />

avoient eu foin de faire orner leur Ville de quantité de beaux Edifices;<br />

&, pour réparer k défaut de feau, qui y eft faumâtre, ils<br />

y avoîent fait conduire, avec de grandes dépenfes, celle qui coule<br />

de la précieufe Source de Chitrie y qui en eft éloignée de douze<br />

lieues; Se on voit encore aujourd'hui des refîes du femeux<br />

Aqueduc, qui flit bâti pour cet effet.<br />

11 y avoit deux Villes confîdérables, foir la Côte Septentrionale, ArtteitV.<br />

celle de Lapathos, fondée par BI'LUS, comme nous l'avons déjà j apathoj,<br />

obfervé, & celle êb Soliy ou dOepea; l'une. Se fautre, fî l'on é'SoU.<br />

en doit croire PLUTAROPE, étoknt Capitol d'un Roïaume. La<br />

dernière étoit une Colonie Grecque, fondée', felon les uns, par<br />

D E'M o p H o N, Fils de T H E'S E'E iSc de P H E'D R E , &, felon d'autres^<br />

p^v deux Atkéniens-y AKAMAS, &. PHALE'RUS. Les Habitans<br />

de cette Ville étoient Grecs, & parloient la Langue Grec- Onginedu<br />

^uey mais corrompue5 ce qui paflk en Proverbe: on dffoit Solae- ^f^g^^*<br />

ifiony ou parler comme ceux de Soft y pour dire mal parler; &<br />

c'eft dé là que vient le mot de Solécifme,<br />

SOLON aborda en cette Vilk, pendant fes Voiages, Se fut crès^<br />

|jkn reçu par fc Roi CYPRANOR,qui le regardok comme fon Conàtoïen.<br />

SOLON s'attacha à cc Prince, & rengagea k bitir une<br />

nonvelk Vifle, dans un Lku plus conHiiode q»e celui où étoit f aaicjenne;<br />

i) y attira, par ta Sageffe de» Loix qu*il y établie, im fî<br />

p-aoè nombre des Citoêen», qu'elk devint, en peu de tems, trèsflock&nte.<br />

Cx^MtimÊkj feAâbl^aux«avaa(ag€s qu'il tenoit de SO­<br />

LON,<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


54 HI'STOLRE G E' N E''R A L £<br />

LON., voulut que la nouvelle Ville portât fon nom, & qu'elle fût<br />

par Ik un Monument éternel delà Sageffe du Légiflateur., Se de<br />

SoiiJu la reconnoiffance du Prince. Un Auteur ancien nous a sconfervé<br />

S. ^ un Fragment d'une .Elégie de SOLON k ce Prince, où il eft nommé<br />

G YPRANOR. HE'RODOTE l'appelle Pbilochypir; Se parlant<br />

de ces mêmes vertus de SOLON., il ajoute, que le Fils de ce<br />

Prince, nommé ARISPOCHYPRE fut tué, dans un Combat contre<br />

les Perfes y lors de la Révolte de l'Ile de Gn?PRE, fous DARIUS<br />

premier. ^<br />

^,.,. Le neuvième des Roïaumes de f Jk, étoit celui de Chitrie, ou<br />

o:


M L'ILE DE CHTPRÎi. LIT. L CH. IL 2j<br />

fource de ces prodigieufes Richeffes: caries Princes étrangers,<br />

qui


24 .xHiST.OI R.TJ CTE'HE'JLA L«:<br />

tête, ^UJMS atitaclièff6»td'aboi;d aux Ccéoa^ ds^ murailles d'^<br />

Sr-2t mathunte. Cette taie fiât auflà-tôt remplis d'an ef&in d'Achypriots,<br />

beito,, quiy firent Ifâttr mîeL Cette fingukrité.parut iî meru<br />

veilleufc au peasrpk.,' toujours rempk ,de fiipiçrfiitionj &-qiH regarde,<br />

comme des Prodiges, la plupart des évènemens, que k fèut<br />

lia^rd produit, qu'il alla, en .grande cérémonk> confulter POracle;<br />

ôcfurja.réponfe qu'il en reçut, au rapon «I'HE'AÛDOTE,.<br />

cette tête fut ^nteriée^ avec beaucoup de pompe; &l'on iafti^<br />

tua des SacriJïcesjen fon honneur.<br />

civ'pre IsocRATE, danis fon Dffcours à la Ipuangc d?EvAGORAS, Roif<br />

vûnatîm dc iS^//aw/«^, prétend, quc ce Fut un Phéniciehyjqni remit file en-<br />

«fw Perles, ^Q jgg m^ius dcs P^r/^.?, CH trahiiïant leRoi de Salamine y qui lui<br />

avoît donné fà confiance.<br />

Dans l'énumeration que fait H E'R o D O T E des Provinces de<br />

l'Enjpire.des Perfes y fous DARIUS, l'Ile de.CHYPRE eft comprife<br />

dîUMi le cinquième des dix neuf Etépartemens, qui compofent<br />

cet Empire. Elle étoit peu chargée d'impôts, puisque ce grand<br />

Roi ne retiroit que trois^cens cinquante Talens de tout ceDépartement,<br />

qui comprenpit, avec l'Ile de CHYPRE, toute h.Pbénicie •<br />

S& h.lPaiefime, . . '<br />

Anide U, Aptès la Bataille de Platée ^ où l'Arma de XERXES futxléfaite<br />

fur terre, comme eUe l'avoit été par mer k Salamine y les<br />

Gr^rx chercliant à profiter deileur Viéboîre, & à afoiblir les<br />

Perfes y envolbvent une Flotte dans l'Ile de CHYPRE, pour remettre<br />

en Hberté les Villes Grenues de cette Ile » & pour en<br />

chaffer les^Gvurniibn» Perfanes, comme nous venons de le dire.<br />

VEfczdre Athénienne, qui étoît de trente Galères, commandées<br />

par ARISTIDE , aborda fur les Côtes de CHYPRE , y débj^ua.<br />

des Troupes, & s'empara de plufieurs Villes, comme nous faprri'<br />

de P^'s^oïîs de THUCIDIDE. Cet Evénement eft de l'an-477. avant<br />

Chypre J. G. • .': ^V-:. -^.<br />

în?rTks Les Egyptiens y au moins les Rois des Vilks Grèêfues de<br />

1M Greisf ^^^^^ Ik, fe fcrvifent de cette occafion pour s'aff^anciiir du<br />

joug<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE DE CllYtRè. Ltv.i CH.U. ZY<br />

jôiig des Perfes ; iiiais Diolùôià; nous apprend, qu'en 4^1,<br />

lorfqu'AiifÀfeAS^ 5 & Mî:'GA''ÈtSÈ allèrent attaquer k6 ^ptiens<br />

révdltés contre ARTÂXERXES , fous la conduite d'iNAftus^,<br />

ife s'arrêtèrent dans f Hé déCHtPKE,&'y Firent cohftntïircniigra'n^<br />

îfbhibre dé Vaiffeaux, de fnêrfte qùcf dans îa Cilicie y Se dans la<br />

f^éhiciè'y ce qui prouve, qifau moins une partie de rikoléïi^<br />

foît aux Rois Se Perfe. :^<br />

Les fecôùrs qik ce PHhte avoit tirés' def Ile de CÉrYntt:,


o8 H I S T Q I R E G F N E' R A. L E '<br />

pas d'en efpérer du fecours. Se les divers intérêts des neuf Rôis^<br />

lés tenant désunis, ils cherchoknt kfe maintenir, par leur atta*<br />

chement, & par leur fidélité au grand Roi, c?eft-k^dire au Roi<br />

Àe Perfe y qui prenait ce titre, comme nous fapprend SUIDAS.^<br />

Les chofes changèrent de face en 338-• EVAGORAS, defcend<br />

du des anciens Rois de Salaminey.c'eù.-k-dire de TEUCER, avoît<br />

été chaffe de la Ville, dans une Sédition. ABDAI^ION, Tyrien^<br />

avoit été mis fur k Trône, Se s'y maintenoît, par la faveur<br />

du Roi de Perfe. EVAGORAS trouva le moïen de rentrer dans<br />

Salamine y k la tête de quelques gens armés, en chaffa ABDAMON,<br />

Se remonta fur le Trône, en 405'. fors de la défaite des Athé^<br />

f niens k Aegos. Potbamos.<br />

Evagoras, EvAGORAS fut k peine rétabli, dans le Roïaume de Salami^<br />

hm^e.^ «e, qu'il fongea k fe rendre maître de l'Ile entière. ILleva des<br />

- Troupes, contraignît im grand nombre de Villes de fe foumettre<br />

à luî,en engagea quelques autres, par-fes promeffes,.k le recon^<br />

noîtrc ; Se enfm, il réunit toute file en un feul corps, k la réferr?<br />

ve des Vilks d Amatbunte , de Citium , & de Soli, dont les<br />

Rois fe préparèrent à la Guerre, Se envoïèrent demander du fet<br />

cours à ARTAXERXES. Ge Prince ordonna aux Satrapes des Villes<br />

Maritimes, &^au Roi .des Cariens de les foutenir, & fe pré^<br />

para en même tems à marcher lui-même k. kur défenfe...<br />

La Paix avantageufe, qu'il conclut fannée fuivante 387. aveo<br />

les Lacédémoniens y le mit en état d'attaquer EVAGORAS, avec<br />

toutes fes forces. Les Làcédémbniens s'obligèrent, par ce Trai^<br />

té, nommé la Paix dAntalcidaSy d'abandonner les ^Villes Grèr<br />

ques de VAfte, Se de ne leur donner aucun fecours contre le<br />

Roi de Perfe. 'Les Athéniens Se les Thébains voloient avec<br />

douleur, qu'on livroit les Grecs aux Barbares ; mais ils n'étoient<br />

pas en état de s'oppofer.au Traité,. , • ,<br />

Artaxer* Ce ne fut cependant que fannée fuivante, qu'ARTAXERXES<br />

Chypre. P^ ^^^s l'Ile de CHYPRE, à la tête d'uncArmée de troîs-cens<br />

mille hommes. Le retardement du Roi de Perfe; avoit. donné à<br />

EVA-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


0E L'ILE DE CHYPRE.^ LIT. I. CH II. 2^<br />

EVAGORAS le tems de fe fortifier, & d'engager plufieurs Villes,<br />

& plufieurs Princes dans la révolte. T^r ,& quelques autres Villes<br />

de la-Pib^w^/^, lui avoîent fourni des Vaiffeaux; AcoRis, Roi d'upe<br />

partie de VEgypte y révoltée contre la Perfe y lui avoît envoie<br />

des Troupes, & le Roi de Cérines y fon Allié fecret, lui<br />

ayoit do|iné.des Sommes confîdérables, qui l'avoient mis en état<br />

dejprendre des Etrangers à fon fervice. So» Armée étoît compoféê<br />

de foixante-mille Chypriots y fans compter les Troupes étrangères<br />

, ni celles que le Roi des Arabes, & quelques autres Princes<br />

Orientaux lui avoient fournies,en affez grand nombre.<br />

Les commencemens delà Campagne furent favorables à EVA­<br />

GORAS; mais la perte d'un Combat Naval, près de Citium y dérogea<br />

entièrement fes affaires. Abandonné d'un^ partie de<br />

fes Alliés, il fe vît.hors d'état de tenir la Campagne. Les Per- soumîffm<br />

fes mirent le Siège devant Salrnnincy'Se le prefsèrent fî vive-'''^^^so<br />

'. ' " ras aux<br />

ment, que ce Prince fe voïant réduit k-ne pouvoir réfîfter long- Perfes.<br />

tems, laiffa fon Fils PROTAGORAS dans la Place,- & paffa^ en<br />

Egypte y pour y foUiciter lui-même du fecours ; mais n'aïant pu<br />

l'obtenir tel qu'il k fouhaitoit, il revint k Salamine, Se prît le<br />

parti de fe foumettre.<br />

L'Armée Perfane avoît deux Généraux, ÔRANTE , Se TE'-<br />

RiBASE. Celui-ci, qui étoit le premier, ne voulut accorder la Paix<br />

à EVAGORAS, qji'k des conditions très-dures. Non-feulement<br />

iL prétendit, qu'il = renonçât k la-Souveraineté de l'Ile, ôcfe<br />

contentât de la. feule ViHe: de Salamine y pour laquelle il'payeroit<br />

le Tribut accoutumé; mais il exigea encore, qu'il/è reconnût<br />

pfclave du Grand-Roi5 & qu'en cette qualité, il fût foumis à .<br />

tous fes ordres. ^ :.<br />

EVAGORAS rejetta cette dernière condition, & prétendit, »<br />

fon tour, ne devoir que f obéïffance qu'un Roi peut promettre<br />

à un autre Roi, fans bleffer ladignité de fon Garaétère. Il n'é"<br />

toit pourtant pas en état de réfîfter ; & fa perte étoit certaine,<br />

lorfque laxafoufîe du Collègue de TE'RIBASB-^ fauva EVAGORAS 5<br />

D 3. en<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


t© H I s T o IR Ê G E' NE' R ALB /<br />

tniicndant ce Céftérsiî foi^eft au Soi iePérfi.<br />

- Il fut a?rrêté. L'Armée fetfmey c^iM é«5it afifeÉîohnéêy<br />

refufa 4e continuer k Siège ; Sele nouveau ^énèfîtl, eff>aj^è<br />

dejla mauvaife diÇ>dfitibn de fes Troupes, accorda la^dic ft<br />

EVAGORAS,à des conditions plus modérées. ARTAltER^rES étbit<br />

alors occupé à foumettre les Cààueîens, qw avoknt fcdoiié le<br />

jmig. Se allumé la guerre au cœur de l'Empire. •<br />

£TAOOIU$ , qui lie perdit rien du pouvéiY des Rois fes PrêdécéA<br />

fèuri, par fa révoitë, conferva ainfî fc Roïaumie de^afàrrtinë.<br />

trudence Cet avattCagé lui attira k Jiaînedcs aut^e^^ètîts Souverains dé<br />

l^%l^^^' l'Ik; mais elle àugmeSEita fa réputatioii chez ks Etrangers, qui,<br />

charmés de fà vaktû*, Se du bon ordre qu'il avoit ét^M a Sala-mine<br />

y où teut fleuriffôit, s'y rendoient en foulé, pour jOuïr du<br />

lèjour d'Une Ville fî bkn policée. Se vivre fôbs un Prince fî a&<br />

fâbk. GoNON^, Général des ^J^éwi^Sc ancien Ami d'EV^AGt>-<br />

RAS , fe réifugia àiïprès defliH ; aiprèfr la


DE L'ILE 0E CHYPRE Lit. ï. CH. ÏÏ. jt<br />

d'utepec le Roïaume, par k moïea d;UQ puLl&nt Pai^ti^ que ce<br />

fcélérat avoit eu fadreffc de fe faire.<br />

Maîs, malgré fes intrigùes^, NICOCLES^, Pifs d'EvAGORAS, mon- Succejfm<br />

ta fur lé Trône. Nous avons un Difcours d'IsocRATE, conip^- cL.T<br />

ft pour être prononcé aux Funérailles d'EvAGORAS, qui contient fm^p^^'<br />

de ^ands éloges de ce jrince, & qui ne fait aucune mentToii<br />

de à mort violente;' mais, comme on fait, que les Rhéteurs, tel<br />

qu'étoit IsocRATE, croient n'avoir pas moins de*droiti queles<br />

Poètes, de fe jouer de la vérité, on ne peut rien conclure du filence<br />

d'IsocRÀTE, fî ce n'eft qu'apparemment on auroit mal fait<br />

fà cour à NicocLES, en lui parlant de cet Evénement, qui ne lui<br />

faifoit pas honneur, parce qu'il n'avoit pu vanger la mort de fpn<br />

Père, par la punition du Meurtrier.<br />

Nous avons deux Difcours du même ISOCRATE, l'un adreffé k ^Ifç^^^^^^<br />

NicocLES, fiu* les 'Devoirs de la Roïauté; Se l'autre compofe, en envers NIfpn<br />

nom, fur les Devoirs des Sujets envers leur Roi. Dans l'un, ^°^^'<br />

& dans fautre de ces Dffcours, ISOCRATE fupofe, que Nico-<br />

CLES étoit un Pruice habile, & vertueux; ce qiû ne s'accorde pas<br />

avec ce que les Anciens nous apprennent de fà Tirannie, & de<br />

fa molkffe.<br />

Il paroît, felon DIODORE, que fon Règne ne fut pas fiJong,<br />

puifqu^'en l'an 35^1. avant J. G. il y avoit un autre Roi à Salamine<br />

y qui avoît eu un Prédéceffeur, différent de NICOCLES. On<br />

peut même conclure de ce que dit PAUSANIAS, qtie fon ne comptoit<br />

guères le Règne de ce dernier, puifqu'il affure, que les DeP<br />

cendans de TEUCER régnèrent à. Salamine y jufqu'à EVAGORAS.<br />

On doit encore conclure de-Jà, que le Succeffeur de NICOCLES<br />

étoit étranger à la Famille de TEUCER. L'Eloge que le favai^it<br />

M'. ROLLIN fait d'EvAGçiRAS, dans le 4.*. Volume de fon Hifloire<br />

çnçienne y SK. les excellentes qpajités qu'il relève dans NICO­<br />

CLES, Fils, &Succeffe\ir^è ce Prince, dans le $\ Volum.e, font<br />

fl admirables, que fans doute k Lefteur me faura gré.,de lui indiquer<br />

où fe trouve k Portrait qu'en fait cet éloquent Ecrivain.<br />

CHA-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


32 HISTOIRE GE'NE'RALfi<br />

C H A P I T R E III.<br />

.. '\<br />

'Arûcu i /^omme ks Anciens n'ont parlé de l'Ile de CHYPRE , que par oc-.<br />

V^ cafion, il refte,dans" cette Hiftoire un grand vuide, qu'il eft<br />

impoffible de remplir. Par exempk, DIODORE nous apprend, à<br />

fan 3 5:1. avant J. CHRIST, que le Roi ARTAXERXES OCHUS réfolut<br />

de foumettre tout-à-fait, l'Ile de CHYPRE^ dont les neuf<br />

Rois ligués contre lui, avec les i/^ow^wj, s'étoient révoltés; que,<br />

pour y parvenir, il envoïa dans cette Ile une Armée de quatre-,<br />

vingts-mille hommes, fous la conduite de PHOCION l'^//7^«/V« ,&.<br />

d'un EVAGORAS , qui avoît été autrefois Roi de Salamine. Il ne<br />

ne défigne pas autrement le tems du Règne de cet EVAGORAS ,'<br />

Armée fî noH qu'îl dît, quc cct Evénement eft arrivé fous ce Prince, quimChy-^<br />

régna fept ans, & après ART ÉMISE, dont le Règne en avoit.<br />

P^^- duré deux. Gette Princeffe, fî fameufe , par fon amour pour<br />

MAUSOLE, fon Frère,& fon Mari, &par le fameux Monument<br />

qu'elle fit conftruire fur fon Tombeau, monta fur le Trône far^<br />

3^3. Son Frère ID^ICUS, qui lui foccéda deux ans après, c'eftk-dire,<br />

fan 351. avant J. C. occupa le Trône fept ans, jufqu'k<br />

fan 34.3.<br />

Protago- .EVAGORAS , Se PHOCION , aïant mis k Siège devant Salamine^<br />

^iaimiiK^ PROTAGORAS ,qui regnoit dans cejte Ville,Te défendit avec courage.<br />

EVAGORAS , felon DIODORE , prétendoit, que la Couronne lui<br />

appartenoit, k caufe de fes Ancêtres ; ce qui fupofe, qu'il étoit au<br />

moins de la Famille de TEUCER. On pourroit conjedurèr, avec<br />

affez de probabilité, qu'il étoit .Fils d'EvAGORAS, mort 23. ans<br />

auparavant.<br />

Quelque jufte que fût la prétenfion de ce Prince, fes ennemis<br />

le rendirent fufpeét au Roi de "Perfe. PROTAGORAS lui fut préféré;<br />

&. malgré fa révolte, il conferva la Couronne de Salamine y<br />

en fe foumettant au Tribut ordinaire.<br />

Pour<br />

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::nE i^ILE DE CHYPRE. Lm l: CSr.niL jj<br />

. ; Pour EVAGORAS^ après.s'être jtiftifié- auprès' du Roî dé PerfeyRxfuge<br />

il obtint le Gouvernement d'une Province de VAfte Mineure y plus ETZ^^<br />

confidérable que le Roïaume de Salamine ; mais, comme il s'y étoit ^ Chjr^<br />

mal ^;pînpprté j:(& qu'il cçaigijoit Je courroux du Grand Roi, il ^^^<br />

fe rëfugiadans flk de CHYPRE,'OÙ ilefpérpit de trouver un afik.<br />

Il y:fut:arrêté peu detem^.àppès, ;& puni di^ dernier fuplké; mais Sa mort<br />

l'Hîftohre ne nous apprend pas, qui ordonna cette exéaition. On ^'^'f^'*"'.<br />

pourroit vraîfèmblablement l'attribuer au Tiran NICOCRE'ON, qui f '<br />

avoit uforpé'une> partie de flk, où il fe maintint pendant pki- - ''- •<br />

fleurs années: c'eft celui qui condamna k de fi cruels tour- ^'""<br />

mens le Philofophe ANAXARCLUE ; Se pendant la Tiranie du- Tirante<br />

quel, l'Ile de CHYPRE paffaib^s la Domination d'un Conquérant, ''^^^ico-<br />

qui fubjuga toute 1'.^//^. . ; .. - . _ Chypre/"<br />

Les Princes Ciyprio^i, furent étonnjés delà rapidité des Conquêtes ^^^/c/ç //,<br />

d'ALEXANDRE le Grand, qui, après avoir fournis toutes ks Provinces,<br />

qui font entre la Grèce Seh Syrie y v?àncu DARIUS, Rpi de<br />

Perjè y dans les Campagnes dTffus, Se conquis les Villes de^^DaiHas^<br />

de Sidon Se.de Gaza, affiégea la fameufe Ville.de Tyr. Ces Princes,<br />

dis-je, confîdérant, que, /il les attaquoit, ils s'oppoferoient<br />

inutilement kfk puiffance, prirent enfin le parti de s'y foumettre Soumijjion<br />

volonta,irement, & fe rendirent de concert auprès de lui. Leur ^chy*<br />

conduite foumffe engagea ALEXANDRE, non-feulement à les laif- "^îl^Ji<br />

fer dans la tranquik poffeffion de leurs Etats, mais encore à leur,dre.<br />

donner de.fî grandes marques de fon eftimée, &; de fa confiance,<br />

qu'elles lui gagnèrent entièrement les cœurs de ces petits Souverains,<br />

qui en effet ne contribuèrent pas peu à la reddition 4e'la<br />

Placè,qu'il^flégeoit depuis long-tems; & où, félon QUINTE GUR^<br />

CE, il trouvoit tant de réffftance, qu'il commençoit à douter, du<br />

fîiccès de fon entreprffe. Mais le grand nombre de Vaiffeaux bien<br />

armés, que les Princes Chypriots lui amenèrent, k mirent en état<br />

de préfenter la B^tailk aux Tyriens. Ceux-ci, tout expérimentés<br />

qu'ils étoient fur Mer, n'osèrent l'accepter, & fiu-ent enfin contfaints<br />

de (e foiimettre au Vainqueur, qui, ,après la prife de'cet-<br />

E ^'te<br />

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34 H I S>T O I R E G E' N F RALE<br />

uberàiitis te Vilk, fit reffcntif aux Chypriots les effets de fà libéra-<br />

dre,«fw«rx "te. '.i<br />

àiS^' ALEXANDRE fit un fomptueux Feftin à toiiis fès Géné^<br />

rauxj & aux Rois de CHYPRE, après cette importante Conquête;<br />

 y admit auffi le Pliilôfophe ANAXARQUE, dont il faifoit<br />

grand cas. ALEXANDRE lui aïant demandé ce qu'il difoit de<br />

FêtoUs fon n^as; ANAXARQUE luî répondit, fans héfîter, qu'il ne pont^^^e<br />

voit être plus magniiBque, ni mieux ordonné, & qu'il. n*y auroit<br />

^^ema YÏen manqué, fî on y avoit fervi la tête d'un certain Tiran, en<br />

indiquant NICOCRE'ON, qui fut parfaitement difllmukr cette injure,<br />

& affbéta de n'y avoîr pas pris garde. Mais, dans fc«i cœur,<br />

il en ccaifèrva un fî vif reffentiment, qu'ANAXARQjjE, contraint,<br />

par une tempête, d'aborder en CHYPRE, après la mort d'ALE­<br />

XANDRE, y fut arrêté par ordre du Tiran, qui s'en vangea d'une<br />

manière bien cruelk.<br />

Il fit mettre ce Philofophe dans un Mca^tkr, où il îe. fit bi'lfèr<br />

avec des pilons de fer, tourment qu'fl fuporta avec une conftance<br />

extraordînaire;car, tant qu'il put reCpter, il brava k Tiran, en<br />

lui diiint, „écrafe, tant que tu voudras,le vaiffeau, dans l&que}<br />

OnfUnee yy ANAXARQUE eft renfermé";parce qu'ANAXARQUEÎui%iême nV<br />

ujSbc,^ voit point mérité ce tourment. Comme NICOCRE'ON le menaça de lui<br />

faire couper la Langue, il ki répondit, j^ f empêcherai bien y homme<br />

lâche y i^ efféminé yde pouvoir dijpofer de cette partie de mon corps.<br />

En effet, il en coupa un morceau avec fes dents, & la lui cracha<br />

au vifage. Efort vraiment digne d'une étemelle mànoire, & qui<br />

termina enfm ks tourmens, &ila vie de ce grand Phîlofbfjie; car<br />

le Tiran, écumant de rage, & de colère, lui fit enfuite donner<br />

des coups fi terribles, qu'il en fiit entièrement écrafé ; & il fut plus<br />

content de la mort dANAXARQUE, que fatisfeît de la vangeance<br />

quil avoît tirée àe finjurc, quil en àvoit re^e, ainfî qub le raporte<br />

PLUTARQUE , après d'autres anciens Auteurs.<br />

Le renfort, que ks Rois Chypriots avoient conduit à ALEXAN­<br />

DRE devant Tyr^ ne fut pas k feul fervice qu'ils lui rendirent,<br />

peEh<br />

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DE L^ILE DE CHYPRE. LIV. I. CH. III. ^f<br />

pendant k fejour qu'il fit en Syrie, Il emploïa leurs Vaiffeaux dans Rtemuif<br />

les diverfes Expéditions qu'il fit en Grèce y pendant ce tems-là. Ils •ê^riots,<br />

pourvurent d'éperons, de voiles, & de cordages, tous ks Bâti- f^^^*.<br />

mens à fept rangs, qu'il avoît fait conftniîre à Lampfaquey des<br />

bois qu'il avoit Êît côùper au Mont Liban, Auffi, les Rois de Salamine<br />

, de Citium y d Amatbunte y de Papbes^ Se àe Lapitus,<br />

refte des neuf Rois, qui avoknt fî long-tems partagé flk de<br />

CHYPRE, fervirent fi bien ce grand Prince, par kur valeur, &<br />

pfar leur adreffe, qu'il ks renVoïa dans leurs Etats, comblés de<br />

gloire, & de rkheffes. Heiireust, fî k vafte Empire qu'il avoit établi,<br />

fur fOr/>«^ entier, eâteu une plus longue durée! Car, enfuite<br />

de fa inort, qui arriva 330, avant J. CHRÏST, la trente-troi- f^^^^'<br />

fième defa vie, moins quelques mois, & la quatrième après la<br />

prife de Tyr y fes Généraux s'approprièrent la Souveraineté des<br />

Provinces, dont ils avoient le Gouvernement, & partagèrent<br />

entre eux l'Empire*, qui ne kur appartenoit pas: en quoi pourtant<br />

ils ne faifoient qu'imiter kur Maître, qui l'avoit uforpé.<br />

pTOLOME'E,,fornommé LaguSy à qui VEgypte échut en parta- Artkiem,<br />

ge, ne fongea plus qu'à étendre les bornes de fà Domination;&,<br />

comme il trouva la Pbénicie Se la Syrie fort propres à couvrir VEgypte<br />

ySeenïQ&me tems très-commodes pour attaquer l'Ik de CHY­<br />

PRE, il y envoïa une forte Armée, fous la conduite de NICANOR, Ptolomée<br />

qui ne tarda p;is long-tems à foumettre ces deux Provinces. Après i^fï^*<br />

quoi, îl fut mformé, que NICOCLES , Roi de Paphos, avoit pris le parti ^\^<br />

d'ANTiGONus, Roi d^Afte y fon ennemi capital, & mâne engagé<br />

les Rois de Citium.y de Malum j deLapathus, Se k Prince de Ci*<br />

rïneSy à faire Alliance avec luî. Il en fut fî irrité, qu'après avoir<br />

défait DE'M E'T R I U S , Fils d'ANTiGONUs, félon PLUTARQUE , fan<br />

312*. avant J. CHRIST, dans une Bataille qu'il lui donna, près<br />

de Gaza y il fit paffer en CHYPRE, M E'N E'L A US fon Frère, avec<br />

une puiffante Flotte, qui forprît ces Princes, dans le tems même<br />

qu'ils traitoient avec ANTIGONUS; s'empara de leurs Etats, &<br />

fit prifonnier STASIAS, Rei de Malum y qui vodut lui réfifter;<br />

E 2 détrui-<br />

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3^w, dorjt il s'empara, avec k même facilité. Ce Prince inr<br />

ïwr^^ffNi.-fojrtuDéTe voïant prieffédans fpn Palais y & défefpérant dç pouvoir<br />

codes, éviter fa pei-tç'i fe donna la mort. Sa Fenyne, qui ^ f aimoit ten-<br />

Défefpoir drcmcnt, non moins courageufe que lui, ne voulant point furvi-<br />

Femmedf vrc à foH Epoux, ni toinb^r au pouvoir de fes ennemis, tua fes<br />

Nicocles. deux Filles.de fa propre main, afin de leur épargner les horreurs<br />

&les*afronts de la fervitude j exhorta fes Belles-Sœurs k fuivre<br />

fon exemple. Se fe plongea un poignard dans le cœur. Les Frè-<br />

ÊxtinHîm res de NicocLES, emportés de fureur, & de défefpoir, à h vue<br />

Fa^ul de ces ^edacles, mirent le feu au Palais, périrent dans fembrar<br />

Paphosf fement, & achevèrent la trifte & fanglante Tragédie, qui éteignit<br />

entièrement la Famille Roïale de Paphos. Après quoi, ME'-<br />

N E'L A ù S donna le Gouvernement de cette Ville à un certain NI­<br />

COCRE'ON ," qu'il ne faut pas confondre avec le Tiran de même<br />

•* nom, & qui avoit fait mourir le Philofophe ANAXARQIJE. . ._<br />

PTO LOM E'E, informé des avantages que MIJ'NE'LAÙS fon<br />

Frère avoit remportés en CHYPRE, y envoïa


._y>jE,i,U]fcEM)E CHYPRE/I;iv> 1.>C^.;III. 5^<br />

tont Jeur Train, iSc kurs Domeftiques, afin de lui marquer-la reconnoiffance<br />

qu'il confervoit de la manière dont il en avoit agi envers<br />

lui, après k Bataille de Gaza y en lui renvoïant également tous<br />

fes Officiers, avec leurs Bagages. ,, ./l<br />

.^. ANTIGONUS regarda cette Vidoire ,& cette Conquête, conir<br />

;ïie.une cliofe fî importante, que, ce fut après la nouvelle qu'il en<br />

reçut, qu'il prit k Diadème, dont jufqu'alors il s'étoit abftenu,<br />

par refped: pour la Famille d'ALEXANDRE. Son exemple^mit<br />

PTOLOME'E, LYSIMAÇHUS, & GASSANDER, fes Rivaux,<br />

dans la néceffité d'en faire autant, Se de ,fe donner le même Ti­<br />

tre, afin de ne pas ceffer d'être égaux. ' '<br />

L'Ile de CHYPRE demeura à ANTIGONUS, Jufqu'à la Bataille Chypre «»<br />

dlpjum, qu^il perdit, &. dans laquelle il fut tué. D E'M E'T R I U S STmigos'embarqua<br />

pour alkr en Grèce y Se paflà auparavant à Salamine y ^l^^decc<br />

afm d'y laiffer la Re^ne STRATONICE fe Mère, Veuve d'ANTiGO-i'nww 4<br />

NUS, entre ks mains dé fà Femme FHILA, Sœur de CASSANDER, ^^^"'"'<br />

Se Mère d'une autre STRATONICE. Gette aernière eft la même qui<br />

époufà SELEUCUS, Se que ce Prince céda enfuite à fon Fils'A N-<br />

TiocHUS ; Evénement connue de tout k monde.<br />

P T o L o M E'E , averri par TH E'O M E'N E , }'un de fes Capital- Article m<br />

nes, du malheur qui étoit arrivé à fon,Frère, & à fon Fîls, arma<br />

datord uiie puiffante Flotte, dont il prit lui-même le commandement;<br />

mais il ne fut pas plus heureux, qu'il favoit été. DE'ME'-<br />

TRius remporta for lui une Vidoire fî conipktte, que PTOLO­<br />

ME'E fut obligé de s^enfbîr en Egypte y avec huit feuls Vaiffeaux,<br />

qui lui reftèrent de fà grande Armée ^ ce qui procura au Vainqueur<br />

fentière Conquête de flk. Il y mît d'abord de fortes Gar- cmptêu<br />

nffons, Se la pofféda, depuis l'année 306*. avant J. CHRIST, jî^^'J"^'^<br />

Jufqu^en 293. que PTOLOME'E la lui enleva derechef, pendantDéniéqu'il<br />

étoît occupé contre ks Lacédémoniens. PTOLOME'E profi- ^""^'<br />

ta de fon éloignement. Se fit une defcente enCHYPREfî promte J^^^^l^^<br />

& fî à propos, qu'il s'empara, en peu de tems, de toute flk, à w. '"^<br />

la réferve de Salamine ^ qui foutint un Siège. La Mère de DE'-<br />

E % ME.'-<br />

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3» HIS T O ï R E G E' N E' RALE &c<br />

ME'TRI U S , une de fès Femmes ( car ce Prince en avoit i^ufîeurs )<br />

& quelques-uns de fès Enfans étoient enfermés dans cette Place,<br />

ce qui en rendit la prife très-importante. PTO LO ME'E s'attacha»<br />

pour cette raifon, au Siège de cette Ville, k força de fe rendre, Se de<br />

lui livrer la Famille de DX'ME'TRIUS: maîs, bien loin d'abufer<br />

de cet avantage, dèlqu'elk fut entre fes mains, il la remit en liberté,<br />

par une continuation de générofîté, qui étoit alors en ulàge<br />

parmi ks Guerriers. Il la traita non feukment avec toute forte<br />

de refped. Se de confîdération; mais encore îl la renvoïa, avec<br />

Bjéjîexion ^^s Enfans, & EURIDICE^ Belle-Sœur, chargée de magnififuries<br />

qua- qucs Piéfeus. Ccs deux Princes s'étoient toujours fait la Guerre*,<br />

Guerriers, faus viokr Ics droîts de l'Humanîté,ni même ceux de la Politeffe,<br />

perfuadés que c'eft fémulation, & non la haine, qui doit animer<br />

les Princes, qui difputeht entre eux pour fEftpîre. Ce qui fait<br />

dire fort judickufement à JUSTIN, que la. Guerre fe faifoit alors<br />

avec plus d'honêteté, que ne s'entretiennent aujourd'hui les amitiés.<br />

L'Ik de Ce fut enfin par la prife, & reprife,que ces deux Princes firent,<br />

PrEe' tour à tour, de l'Ile de CHYPRE, que finirent entièrement lés<br />

j^^FoS. neuf petits Rois, quila divifoknt depuis fî long-tems, & que<br />

jnée. PTOLOME'E la rédUifît, fous un fèul Gouyçrnement, enxPi-ovince<br />

de fon Empire, où lui,5c ks autres Rois d^Egypte^ fès Sueceffeurs,<br />

envoïoiént ordinairement quelcun de kur Famille, pour<br />

k gouverner. DE'ME'TRIUS reçut la première nouvelle du Siège<br />

de Salamine y lorfqu'il étoit prêt daffiéger A§)^r/^, après avoir<br />

défait k Roi A R CH I D A MU & à Mantinée. II aprit aufïi, là prife<br />

de Salamine y peu après qu'il eut été proclamé Roi de Macédoine,<br />

Ces deux Evènemens font de la première des fept années qu'H<br />

régna en iWl^^^


HISTOIRE GÉNÉRALE<br />

R o ï A" u M E S<br />

D E<br />

CHYPRE, JÉRUSALEM.<br />

E T<br />

D' É G Y p T E.<br />

LIVRE IL<br />

C H A P I T R E P R E M I E R .<br />

S^^â^â-Êâx '^'^^^o^*^'^ LAGUS aiant réduit, côInfliè4»titfrJS<br />

*^^^^^P nous venons dek dire, toute l'Ile de CHTi<br />

TtSî PRE en une feule Province , & donné partout<br />

de bons ordres, pour empêcher les Révolutions<br />

qui auroient pu s'y former, régna<br />

Sç5x^^^f3 encore dix ans après cet Evénement, Ô)m-<br />

. ^crXrJXCTxjcr ^^ j| y^^joi^ mourir avec la gloire, qu'il s'élok<br />

acquife durant quarante ans do Règne, il remit k 9ceplre>& la<br />

Coth<br />

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4.0 HISTOIRE GENERALE<br />

Succeffion Couronnc d'Egypte, à P T o L o M E'E P H i L A D E L p H E , le plus jeudeiphe<br />

à ne de fes Enfans, qu'il crut le plus capable de gouverner cet E-<br />

^ut? ^^^» ^ ^s 1^ conferver dans la fplendeur, & dans l'opulence où<br />

lui-même l'avoit mis. En effet, ce nouveau Souverain, qui com-<br />

• * mença à régner feul l'année 283^ avant J. CHRIST, Se que la Nature<br />

avoit doué d'une éminente Vertu, en augmenta bientôt la renommée,<br />

& la gloire,par fà grande înclmatîon pour les Sciences,<br />

Se par les foins qu'il fe donna pour faire à Alexandrie cette incomparable<br />

Bibliothèque, qui, au rapprt de divers Auteurs, comprc-<br />

%?ùt ^^^^ deux-cens mille Volumes. Ge fîit ce Prince qui prit aulfi laiieiphe.<br />

peine de faire traduire, en Grec y la Sainte Bible, pj^* ies iSeptante<br />

dem. Juifs qu'ELE'ASAR, leur grand Pontife, lui envoïa, &qui<br />

firent cette fameufe Verfion de l'Ecriture, à laquelle on a donné k<br />

nom de Verfton des Septante, Ge Roi eut'plufîeurs guerres à foutenir,<br />

tant contre les Rois de Macédoine y que contre ceux de Syrie<br />

y dont il fortit toujours yidorieux. Il devint encore plus puiffant,<br />

quën'avoit été fon Père; heureux! fî tant d'éminèntes qualités<br />

l'euffent rendu plus humain. Se moins cruel, à l'égard de fes<br />

Frères; car, pour régner fans crainte, il en fit mourir deux;<br />

ARGE'E, MUS prétexte qu'il avoit confpiré coiitre lui ; & l'autre,<br />

né d'EuRiDiCE, fur le fimple foupçon d'avoir voulu foukver file<br />

de CHYPRE; où cependant il n'arriva aucun changement,* jufqu'au<br />

PhH©mé- ^^^^^ ^^ PTOLOME'E EPIPHANE S, qui y envoïa en exil<br />

"•ÀiJl ' ^"^^ o L o M E'E P H ï LO M E'T OR, fon Fils aîné / à la follicîtation<br />

Qhfpie,<br />

de C L E'O p A T R E Jà Fe^me, qui n'aimoit point P H i L o M E'T O R ,<br />

& qui voulpit, à fon préjudice, élever PTOLOME'E EVERGE'-<br />

TBS, fon cadet, fur |e Trône dEgypte;, Evénement que l'Hifloke<br />

met à la 2^6". année avant J. CHRIST, qui éft celle où<br />

PTOLOME'E PHIL ADELPHE ceffa de viyre. ''if<br />

PHILO M E'T OR, pour commencer àfe vanger de cette injuftiçe,<br />

fe voïant dans un Pays qui appartenoit à fa Maifon,fans avoir<br />

aucun égard pour ceux qui le gouvernoient,. s'empaia de la Souveraineté;,<br />

mais, après la mort de fon Père, les Peuples dA^<br />

O . ::^ léxan-<br />

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Dt L'ILE DE CHYPRE. Ltv. II. Cn. 1. 44<br />

iextmdrky "qui ne fouffroient qu'à regret fontrage que lui fàifok fe RetM»Se<br />

Reine fa Mère, chafsèrent EVERGE'TES, que cette Vrmieïk ZsH!^.^<br />

favorifoit, & qu'elk avoit déjà introduit dans k Manîment des ^^^"'^^<br />

Affaires de PEtat, & rappellèrent PHILOME'TOR. EVÉRCIS­<br />

TES, qiù ne pouvoit s'accommoder d'une vie privée, après avoir goûté<br />

les douceurs de la Roïauté,excité d'ailleurs par le Roi ANTIO-<br />

CHUS, fon Oncle, qui cherchoit à entretenir k méfîntelligence<br />

entre fon Frère, Se luî, afin de profiter de leur dffcorde, fe retira<br />

à Q''*^, & appela les Romains à fon fecours. Le Sénat,<br />

qui défîroit depuis long-tems de s'ouvrir le chemin dEgypte, le<br />

prit d'abord fous fe protedion; mais, comme îl s'aperçut, qu'il<br />

n'étoit pas fîicile de renverfer fon Frère du Trône dEgypte, où î!<br />

étoit trop bien affermi, & aimé des Peuples, il prit k parti de<br />

mettre E v E R c B'T E s en poffeffion de G H Y p R E , avec d'autant vue ie<br />

plus de fondement,que, peu auparavant,cette He avoit couru TI£- ^S^'<br />

que de tomber au pouvoir de DE'ME'TRIUS SOTER, Roi de^^^»-<br />

Syrie, par la trahifon d'A R c H i A s, qui en étoit Gouverneur, vers pwotir<br />

Tannée 1^7. avant J. CHRIST; Se qui, moïennant joo. talens, ^^';'^"<br />

s'étoît engagé de la luî livrer. Néanmoins, cette trahifon, qu'il<br />

étoit fur le point d'exécuter, fut découverte ; Se il s'étrangk '•<br />

luî-mêïne, pour éviter le fuplice que PTOLOME'E luî préparoit.<br />

Après la mort de PHILOME'TOR, PTOLOME'E EVERGE'-<br />

, TES, fon Frère, retourna en Egypte y S, confia Iç Gouverne-^^1^3^..<br />

ment de flk de CHYPRE à ARISTARQUE, fameux Critique, ficqueGw.<br />

.^ .. ••n-. . T » / ^ . vemeur de<br />

Grammainen, pour qui PTOLOME'E PHILOMETOR avoit eu Chypre,<br />

beaucoup de confîdération. Il lui confia même enfuite l'Education<br />

de PTOLOME'E LA TU RU S, fon Fîls aîné, qui lui fuccéda au<br />

Roïaume, dont il ne jouît pas long-tems. Gar, peu après la mort<br />

d'EvERGE'TES, CLE'OPAT RE fa Mère, qui ne pouvoit vivre<br />

fans'régner, commença par luioter CL E'O PÂTRE fà Sœur, Se<br />

fa première Femme, Se l'obligea à prendre SOLE'NE fa cadette,<br />

qu'elle lui arracha encore, quoiqu'il en eût déjà eu deux Enfans.<br />

Non contente de ces cruautés, & toujours rongée de fon ambi-<br />

F tiott<br />

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42 HISTOIRE G E' N E' R A L E<br />

- tion-démefurée, elle fit foukver k Peuple contre^lui; Se k<br />

priva enfin du Roïaume,* pour le donner à PTOLOME'E<br />

ALEXANDRE fon Frère, qu'elle efpéroit engager à fe con-<br />

. tenter du feul Titre de Roi, 6c à la laiffer jouir de l'Autorité<br />

Souveraine.<br />

Retraite ., P T O L O SI E'E L A T U R U S , quî cut la modération de ne<br />

enGhjïr"!-vouloir faire la guerre ni à fa Mère ni à fon Frère, prit le parti<br />

de quitter Alexandrie, Se de fc retirer en CHYPRE, afile<br />

ordinaire des Princes dEgypte, perfécutés de la Fortune. H<br />

trouva, qu'A RIT A RQ^UE fon Précepteur, y étoit mort quel-<br />

,que tems auparavant: & il y a apparence, qu'il y auroit<br />

•vêtu ^tranquillement, fans la générofîté qu'il eut, de fe rendre<br />

aux folicitations des Habitant de Ptolomaïde, qui étoient<br />

affiégés 'par 'ALEXANDRE JANE'E, Se au fecours defquejs<br />

il accourut d'abord, avec toutes fes forces. Il défit<br />

les Juifs y d^ins une Bataille qu'il leur donna, près du Jouri<br />

•• dain y & dans laquelle il en périt 3000. outre les Prifonniers<br />

qui furent en grand nombre.<br />

Kemr de Après cette glorieufe Expédition, P T o L o M E'E L A T u R u S<br />

LaturustfM repaffa Triomphant en CHYPRE, l'an loi. avant J. G. Sa<br />

^* Mère joignant à la haine, qu'elle avoit pour lui, la jaloufie de la<br />

gloire, & de l'avantage qu'il venoit de remporter dans la Palefline<br />

y envoïa promtement une Armée contre lui, & fobligea<br />

d'en fortir. ^ Cette Mère dénaturée fut même fi fâchée, de né<br />

\n\<br />

ravoir pas eu vif ou mort en fon pouvoir, qu'elle fit inhumai-<br />

' -' • nement périr le Général qu'elle avoit envoïé lui faire la guerre.<br />

Mort de Enfin, fambitieufe, & cruelle, CLE'OPAT RE fut poignardée<br />

^xt^R 'par fon Fils ALEXANDRE, qu'elle avoit préféré à LATURUS; &<br />


-DE L'ILE DE CHYPRE.-LIVMI.-CH.L- 4J<br />

ti*aiiquîlemeht près de dix-huit ans, 'mais fans avoir d'enfans.<br />

Depuis ce tems-là,l'Etat fut ocaipé,-pendant vingt-quatre ans,-*<br />

par certains Princes fopofés, -dont le premier, nommé ALE-'<br />

XANDRE , fe difoit Neveu de P TO L o M E'E L A T u R u s, &<br />

étoit ïbUÉenu par SYLLA, Gà^litâine des Romains, qui commençoient<br />

à'prendra pie, dans l'tléritage des P.T o L o M E'E S.*<br />

P T o L o M E'E APION , troifième Fils naturel d'E v E R G E'- -^.rticie n.<br />

T E'S , Roi de Cyrène, laiffa, après vingt ans de Règne,, fon ptolomée<br />

Roïaume',& fon Héritage; ^UK Romains y en l'armée ç6. avant ^^P-'^J^ (^,<br />

J: G., & le Sénat le joignié à la Province de Lybie y [ dont il rêne.<br />

étoit'déia en poffeffion. -'•'Cependant, malgré la faveur de SYL-<br />

L'A,-les Egyptiens détrônèrent non feulement le nouveau Roi<br />

ALEXANDRE , maîs encore faffalfinèrent ,& en mirent en fa place<br />

lm autre, de même nom, qu'ils chafeèrent encore, en dépit '<br />

deJuLES CESAR^ qui le prôtégeoît, & qui entreprit de iV<br />

rétablir. [ Les Peupks,- obftinés, ne voulurent jaînàîs le recbhitoître<br />

5 & le forcèrent même de s'enfuir à Tyr-, où y pour fevanger<br />

de leur dureté, il fit donation aux Romains du Roïaume *<br />

dEg)pfe'y qu'ail prétendoit lui appartenir. Le Sénat férigea;<br />

d'abord en Province de leur vafte Empire; en forte que, pen^dânt'ces'troubles,<br />

& ces grands changemens,les Rois dEgypte'<br />

étoient fi embaraffés à s'affermir dans cet Etat, qu'ils ne pen-'<br />

foient jamais à rien'innover en CHYPRE.<br />

• P T o L o M E'E A U L ET E S monta enfin fur le Trône d'£- -<br />

^ptCy Se- h Couronne s'arrêta fur fa tête, quoiqu'il fut peu<br />

digne'de la porter; car, au lieu de s'apliqùer aux Affabres du<br />

Gouvernement, fon unique occupation étoit de jouer de la Fiu- Ptoiote,<br />

& de fe donner en fpedaek au Public, confondu parmi lès d'/iùiéteZ<br />

plus vil^ Comédiens, pendant qu'un autre P T o L o M E'E , qui 5^"''*^<br />

félon quelques-uns, étoit fon Frère, auffi indigne que lui de Chypre,<br />

pofféder un Etat, gouvernoit l'Ile de CHYPRE. L'un n'étoit<br />

propre que pour lé Théâtre:, & l'autre ne s'aplîquoît qu'à Tiranifer<br />

les Peuples, pour accumuler des -Tréfors,. dont il ne<br />

: I f 2 favoit<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


^ H I ST O I R E G E' N E' R A L E<br />

favoit faire aucun ufage : aufE, fes grandes Richeffes ne lui fervirent-elles<br />

qu'à accékrer fa propre perte. Voici de quelle manière.<br />

PuBLius CLAUDIUS, qui avoit été pris par des<br />

Corfàires, dans k Mer de Pampbylie, & qui avoit recherché<br />

l'affiftance de ce dernkr PTOLOME'E, comme Allié des Romains<br />

y n'en reçut qu'une fomme fî médiocre, pour fa Rançon,<br />

que les Pirates mêmes, honteux de l'accepter, aimèrent mieux<br />

donner laiiberté à leur Prffonnier. Celui-ci conferva toujours ua<br />

fi vif reffentiment du m^ris que P T o L o M E'E avoit fait de fà<br />

perfonne, que ce Romain ne fut plutôt parvenu à k Dignité de<br />

Cette Ile TrîbuB'du Peupk, qu'il engagea k Sénat à déclarer file de<br />

Provirue CHÏPRRPtovincc de l'Empire, & à envoïer CATON, pour en<br />

Romaine, prendre poffeffion, & tran§)CMrter à Rome toutes ks Richeffes<br />

Caton,m- qu'ii y trouverok,& qui paffoient pour ks plus confîdérables de<br />

^rA VOrient, Cette Entreprffe fit dire à SEXTU& RUFFUS, que les<br />

•Jg'"*'*'* Rkheffes des Chypriots avoient excité k Pauvreté du Peupfe<br />

Romain, à s^emparer de l'Ile de CHYPRE , plus par avarice, que<br />

par juAiee. PTaLOME'Efit encore une faute impardonnable<br />

à un Prince^ Ilirrîtia telkment fes Sujets,par fesextorfîonsj&fes<br />

iio^s extraordinaires-dont il les avoit chargés, qu'aucim d'eux<br />

ne voiiiiit prendre ks Armes, pour fà défenfe, lorfqu'il fut at.^<br />

tacpié. AÂi lieu d'o«\n*ir,. dans une pareilk occafîon, fes Tré^<br />

fors, pourles y engager, & pour lever des Troupes, afin de<br />

repoufler ks Humains y à peine fut-il informé du Décret du Sénat<br />

,


DI l'ILE DE CHYPRE. Lir. U. CH I. ^f<br />

La quantité d^or,d'argent, de pkrres précielifcs, &de pour- ^^Ê,*<br />

pre, que CATON remporta de flk de CHYPRE,fut û prodigkttr«


*v •. r<br />

4^' H I S T O -I R E'- G ï' N'E' R A £ E'-<br />

AfawvaiV que lè Pèuflk:d'.^te/?«((?^^^ fe plaindre de'fà côn-<br />

•ftolomée. duîte, & l'inforîner j qu'ils avoîent' mis fur le Trône B E'R EN I-""<br />

"'CE, Sœur", Se Femme du-mêmè P T 6 L o M E'È ; ainfî tout ce qu'il<br />

piit obtenir, «dansce voïage, fe réduifit^a ùneLettre'de faveur,<br />

dttë'' P^o M> E'E lui donna pour G A B i N i 't?s ', Gouverneur ~en-<br />

Syrie. ' . .<br />

• Cependant 5 dix mille Talens , que P T o L o M E'E offrit au<br />

Générû Romain y en lui rendant la Lettre de Po MPE'E, lui firent<br />

facilement oublier fon devoir ; car, au lieu de pourfuivre<br />

l'Expédition dont il étoit chargé 5 ilfe contenta dé laiffer AN­<br />

TOINE en fà place, avec une partie de fes Troupes, & alla luimême,<br />

avec les autres5 remettre PTOLOME'E fur le Troie,<br />

dont il avoit été chaffe, trois ans auparavant. 11 commença<br />

Xifaît mou- fofi^ nouveau Règne par • la mort de ' fà Fille B E'R E ^ i c E , Sa<br />

^tl^ml d'ARCHELAùs qu'elk avoit époufé ; après Vêtré défaite d'AN-^<br />

;TiocHUS, avec qui les-^to^wrfmi favoient obligée de fe ma-<br />

" rier, en l'élevant au Trône. Il fit enfuite tuer tous' lés plus<br />

Mort dç riches de fon Roïaume, & s'empara de leurs biens, afin de fatis-<br />

P>**oni^e : faire aux dettes qu'il avoît contradééâ, " pour parvenir'à- fon ré-^<br />

m ieFla- tabliffemeut ; &- mourut enfin, félon DÎON ; GASSIUS , & d'au-<br />

^^^^' très graves Aufeurs5 50. ans avant J.GHRIS1\ *<br />

-PTOLOME'E AULE'TES , ou le Flateur, laiffa fon Roïau-<br />

Sjiccef^on j^jg ^ fgg


DE L'ILE DE CHYPRE. Liy. II. CH. II. 47<br />

& fouffroit fon Commerce, quoique criminel, & connu de tout<br />

le monde, avec JULES C E'S AR, àla iferfoafîon duquel, il<br />

époufa ARSINOE', fa féconde Sœur, il fut, felon PLUTARQUE, ^F'^JJ^m,<br />

& JUSTIN, affaffinê quelque tems après à Epbèféy par ordre du^dumêm<br />

même G E'S A R ; & par-là, s'éteignit entièrement la Race des P T o L o- ^^^^'^•<br />

M E'E S, qui avoient poffédé VEgypte y Se l'Ile de CHYPRE, près de<br />

trois Siècles, à la réîèrve du tems que DE'ME'TRIUS avoit occupé<br />

cette dernière, du vivant du Premier PTOLOME'E, Sede-^^'^^^<br />

puis que CATON favoit réduite en Province de l'Empire Ro- mécs.<br />

main, où le Sénat envoïoit des Préfets, Proconfuls, ou Gou.<br />

verneurs.<br />

C H A P I T RE II. I<br />

L<br />

. . . ^ ' • • •<br />

es Romains po^édoient alors un fi'grand nombre d'Etats,-^mvj^i'.<br />

parmi le%els file de CHYPRE fe trouvoit confondue, qu'il siiewe<br />

"n'eft pas furprenant qu'on ne trouve , dans l'Hiftoire , aucun Fait ^^^^,<br />

iparticulîer, qui la regarde, ni même k nom de ceux qui Vont news éta-'<br />

gouvernée, pour le Sénat, jufqu'au tems de-MARC-ANTOINE,;chj^e,<br />

qui en donna k Gouvernement à un Affranchi de G E'S A R, nom- ^"^^""^ Romé<br />

D E'M E'T R I U S. Celui-ci s'étoit attiré fa confidération d'AN­<br />

TOINE, par fès belles Adions; entre autres, parce qu'il avoit<br />

pris LABINIUS, défait auparavant par VENniDius, comme nous ^^^^^<br />

l'apprenons de STRABON. Dans la fuite, M'ARC-ANTOINE devenu neté de<br />

Amant de CL E'O PATRE, céda la Souveraineté de file de GHY-^Sj^/<br />

PRE à cette Reine, Sek A R s i N o L' fa Sœur, qui en difposèrent ^^^^P^'<br />

tant que ce fameux Romain gouverna VOrient. AUGUSTE aïant Marc-Anenfin<br />

vaincu ce Compétiteur, dans la mémorable Bataille d Adiony^Amant!^<br />

où fe termina leur grande querelle ;>. qui fut fuivie de la mort d'AN- Ljie de<br />

TOiNE, il demeura maître de tout l'Empire. L'Ile de CHYPR E ^^Jf'^<br />

' 1 , , cédée au<br />

fut fune des Provinces que cet Empereur céda au Sénat, qui sénat par<br />

com- Augulte,<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


4* HISTOIRE G E' N E'vR A'L E<br />

commença à y envolier des Magîfh-ats, en fon nom. Commt<br />

leur Réfidence n'étoit ordinairement que d'une année, Se que<br />

même un feul Préfet, ou Proconlîil, gouvernoit diverfes Provinces<br />

àla fois, on ne trouve point qu'il foit rien arrivé de particulier,<br />

dans l'Ile de CHYPRE; ce qui fait croire, que les Habitans y<br />

étoient tellement foumis au joug des Romains y qu'ails ne fongeoient<br />

qu'à jouir des délices. Se de l'abondance d'un fî bon<br />

- Pays.<br />

Paul Serî P A U L S E RGI u S cft k feul Proconful Romain, dont l'Ecriture<br />

gius, Fto- faffe mention; il gouvernoit file de CHYPRE, vers l'année 40. de<br />

m5in,clu-JES us-CHRIST; Saint PAUL, & Saint BARNABE', qui y prêcb"^"re''*<br />

choient alors VEvangile y eurent le bonheur de convertir ce Magiftrat<br />

à la Foi Catholique. Ils f engagèrent même à ordonner la<br />

deftrudion du* Temple de Paphos y qui, comme nous favons<br />

cbtiùA'^ dit, étoit k plus fréquenté de flk, & celui où les peuples fe rend^^'J<br />

doient de toutes parts, pour y célébrer les Fêtes de VE'NUS,<br />

Temple de ^nt k Cultc n'avoît jamais ceffé. Cependant', quelqu'intéreffés<br />

*? ^ que fuffent les Chypriots à laconfervation de ce Temple, ils n'osèrent<br />

en témoigner leur reffentiment, que par des murmures fécrets;<br />

tant îls étoient lâches, efféminés,& attachés à leur déteftabks<br />

maximes. Ges peuples étoient même fî addonnés à la fuperftition,<br />

à la crapule, &àla débauche, que malgré les exhortations<br />

de ces Saints Apôtres, la Gonverfîon de leur Magiftrat, Se<br />

k Miracle que Dieu opéra à leurs yeux, par l'effet merveilleux des<br />

prières de Saint Paul, qui aveugla .un faux Prophète Magicien,^<br />

nommé BARJEU ELIMAS, qui s'efforçoit de féduire SERGÎUS,<br />

Se de f empêcher d'embraffer le Chrîftianifine,il n'y en eut aucun,de<br />

ce Peuple incrédule ^ qui fut affez touché, pour quitter l'Idolâtrie,<br />

Se le Libertinage.<br />

Cependant, il y a apparence, cfie ce Tempk ne fut pas entièrement<br />

renverfé, comme quelques Auteurs le prétendent; puifque<br />

COËF FÊTE AU raporte, dans le 6«. Livre de fon Hi/loire<br />

RmainCf que TITUS,Fils de VESPASIEN,paffant en CHYPRE,<br />

pour<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE DE CHYPRE. Liv. IL CH. II. 4^<br />

pour aller joindre l'Armée de fon Père en Syrie y voulut voir k<br />

'fuperbe Tempk de VE'NUS PaphiennCy Se qu'après favoir vifite.<br />

Se contemplé fes prodigieufes Richeffes, qui venoient des Préfens<br />

que les Rois y faifoient, il y fit immoler un grand nombre<br />

de Vidimes, Se confulta le Prêtre de la Déeffe, fur fon Voïage.<br />

Ce Prêtre, ajoute-t-il, lui répondit, qu'il auroit une Navigation<br />

heureufe. TITUS ne s'en tint pas là; mais, par des Queftions ambiguës,<br />

& couvertes, il s'informa de fa fortune future. SÔCRA- J<br />

TES (c'étoit le nom du Prêtre) après avoir contemplé les Entrailles<br />

des Vidimes, Se reconnu que les préfages étoient favorables,<br />

lui dit peu de chofes en public ; mais peu après, îl le tira à part.<br />

Se lui déclara tout ce que la Déeffe lui promettait. Tn us, encouragé<br />

par une fî bonne nouvelle, mit à la voile. ; .1<br />

TACITE nous apprend encore, au Livre 3^ que Ti BE'R E ren- Article n.<br />

-voïa au Sénat les demandes des Provinces Romaines, La lîcencfe remt>iet,<br />

des afîles étoit montée à un fî haut point, parmi les Villes Grèr ^fiiespour<br />

ques y que tous les Temples étoient remplis de Banqueroutiers, de criminOt,<br />

Tugitifs, & de Criminels, fans que ks Magiftrats y puffent mettre<br />

ordre, ni arrêter la fureur des peuples, qui protégepknt ces fixiperfUtions,<br />

commes des miftères. Il fut donc réfolu, que les<br />

Provinces enverroient leurs Députés. Les Epbéfims, intror<br />

duits les préiniers, repréfentèrent, qu'APOLLON, &DIANE<br />

n'étoient pas nés dans flk dé DéîoSy comme k croïoit le Peu-<br />

-ple ignorant.<br />

Ceux de CHYPRE foûtenoient la gloire de la Déeffe de Paphos<br />

y Se dAmathunte, dont ils avoient deux Temples daxy<br />

leur Ile, l'un bâti par AËRIAS , & l'autre par fbn Fils,<br />

J^MATHUS. Ils maintenoient encore la franchife de celui de<br />

JUPITER, bâti à Salamine, par TEUCER, lorfque fuïant<br />

la colère de fon Père TE'LAMON, il fe. réfugia dans leur<br />

Pays.<br />

Il n'eft pas furprenant, queles Chypriots n'oMent rien entrepreindre,<br />

pour s'^.Gi^nchxr du joug Romain y ou même pour fe dé-<br />

G fendre<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


So HISTOI R E G E' N E' R A L E<br />

fendre contre les autres Nations, qui ks vouloient détruire, puifque,<br />

quand les Juifs en firent un fî grand maffacre, fous k Règne<br />

de TRAJAN, comme je fai raporté, ils n'eurent pas feulement k<br />

courage de s'oppofer à leur fureur. Ce fut enfiiite de la vangeance<br />

qu'en prit cet EmperfâUr, qu'il donna le Gouvernement de<br />

^^\ flk CHYPRE à A R T H E'M I O N , qui avoit déjà celui dEgypte, Cet<br />

Gowoer- Evénement fait conjedurèr, que, dans ce tems-là, il ne devoit<br />

Chypre, point y avoîr de Gouverneur, de la part du Sénat, en CHYPRE.<br />

Car il n'auroit pas manqué de fe donner quelques mouvemens,<br />

pour réprimer l'audace de ces révoltés.<br />

Si l'on ne trouve aucun Auteur avéré , qui faffe mention^<br />

de l'Ile de CHYPRE, depuis le Règne de TRAJAN, on en trouve<br />

encore moins dans k fuite de la Domination Romaine:, Se le Père<br />

LUFIGNAN, qui paroit avoir feuillette très-foigneufement tant de<br />

Livres, pour en compôfèc fon Hiftoire, n'a pu y ni bien,, ni mal,.<br />

icmplk ce vuide. Il s'eft contenté de dire, commele fais, en le<br />

foivant ici, feute de meilkurs Mémoires, qu'il fuffit d'apprendre<br />

Ca/fl»»!- au Ledeur, qu'il n'eft arrivé en CHYPRE, jufque vers le commen-<br />

^e*s'*en' cemcnt du quatrième Siècle, que quelques Tremblemens de terre, Se<br />

Chypre, de grandes défoktions, caufées par les Sauterelles, qui inondoknC<br />

k Pays, Se détraifoient tous les finiits de la Terre.<br />

Ges difgraces furent foivies d'une fi grande féchereffe, qu'elle<br />

une de contraignit tous les Habitans de fabandbnner, faute d'eau : tous<br />

^Snnée ^^^ ruîffeaux, & ks fontaines tarirent. Se la pluie ceffa d^ tonK<br />

parjesHa^^^ pendant l'eipacc de plufieurs années; les uns difent fept,<br />

Wf^'W' j^g autres y en ajoutent dix, & d'autres vont jufqu'à 3d; ans.<br />

Enforte que ce Pays, autrefois fi délicieux, Se fî abondant, demeura<br />

entièrement inculte, fèc, & aride. Se devînt enfin l'Habitation<br />

d'^ne infinité d'Animaux venimeux, qui s'y engendré*<br />

rent; particulièrement d'AÇâcs, dont kpiqueure eft-la plus dangereufe<br />

, Se ordinairement mortelle.<br />

Tradition Lc même Auteur prétend; & c'eft une Tradition générale des<br />

^icSî^" C)6):^rtt/5(quej'ilfiilong-tei!!Spr^qué») que ces défoktions ne<br />

fini»<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L^ILE DE CHYPRE. LIV, II, CH. II. fi<br />

finirent qu'au retour de Sainte H E'L E'N E, Mère du Grand CON^<br />

STANiTN, en revenant de Jérufalem y où cHe ôtoit allée, tant,<br />

pour vifîter les Saints Lieux', quejE'stfs-CnRiST avoît fond*fiés,<br />

par fà Vie^miracukufe, & par fe Mort gforknfè;


.5^ HISTOI R E G E' N E' R A L E<br />

«^, & Egypte, pour revenir dans leur Pays natal, où îls amené-'<br />

rent plufîeurs autres Familles, des-Pays qu'ils abandonnoîent avec<br />

plaifir ;& ce fut alors, que l'Ik de CHYPRE commença àfe repeupler.<br />

Ste. H E'L E'N E ks reçut tous avecbeaucoup de bonté, & leur donna<br />

la liberté d'occuper les endroits de flk, qu'ils jugeoient kur<br />

convenir le mieux. La renommée de ces bons traitemens enga-^<br />

gea quantité de perfonnes des Pays d'alentour, à venir jouïr des mêmes<br />

avantages, dans l'e^érance d'améliorer leur fortune : de<br />

forte qu'en peu d'années, les Villes, Bourgs, &Villages,fe trouvèrent<br />

nourfeulement repeuplés, maîs encore la plupart des campagnes<br />

cultivées, &remifes en bon état.<br />

. La Sainte Princeffe, fatisfaite de cet heureux fucçès, redoubk<br />

fa pieufe reconnoiffance, pour conferver la mémoire d'un fî grand<br />

Miracle. Après avoir fait acJiever la petite Eglife, près de l'embouchure<br />

de la Rivière, où elle avoit abordé, Se qui depuis fut<br />

wppellée Baltleopothamos y ou Fleuve Roïal y elle en fit encore bâtir<br />

une autre, avec un Couvent, fur le fommet d'une Alontagnç, où<br />

quelques vieux Chypriots lui avoient fait entendre, qu'habitoient<br />

de malins Efprits. Afin de leur faire perdre l'idée de leur fuperfîitîon,elle<br />

habita dans ce même Monaftère, tout k refte du, tems<br />

qu'elle. s'arrêta en CHYPRE., Ge Couvent, & la Mon)Lagne, ont<br />

^puis porté, &; portent encore aujourd'hui le nom de Sainte-<br />

Croix. Elle fonda auffi d'autres Eglffes, en divers endroits de<br />

fjle, qu'elle enriclait toutes de quelque petite partie delà vraie<br />

Croix. Ces Eglifes y ont toujours été confervées, & l'on y révère<br />

encore aujourd'hui la Croix, malgré tous les divers change-<br />

Départ/fe mens quî foEtt arrîvés'. Se l'invafion des TurcSy qui s'enfont ren-<br />

5«.Hélène ^us maîtres. ,<br />

Chypre. . Enfin, après avoîr recommandé à ces nouveaux Peuples la charité,<br />

f union. Se la vigilance,pour fe garantir de l'învaiîon des Pirates,<br />

& l'holpitalité envers les Etrangers, qui, à leur exemple,<br />

;^ ; /-viendroknt s^y établir; & afinqu!ilspartiçipaffent aux biens&,aux.<br />

« v?^.-coinmodité3 que la-Providence ie^i: avoit.accordés, elle s'eéibar-"<br />

qua:<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE LULE DE CHYPRE.' Lrv. ÏI. :CH. II. ^^<br />

qu'a pour Cor^antinêpky Se ks affura, que l'Empereur fon Fils<br />

ne manqueroit pas de kur envoïer un de fes principaux Officiers,<br />

avec de bonnes Troupes,pour les gouverner, ôclesproti^er,com-,<br />

me fes autres Sujets.<br />

. On dit, que cette Impératrice, en traverfant le Golfe de Sattalie<br />

y y effuïa une fî terrible Tempête, que fon Vaiffeau j^ît<br />

prêt à périr; mais, qu'elle s'avifa de jetter dans la Mer un des Clous<br />

de laPaffiOn de J. CHRIST, dans la ferme c§)érance d'appaifer ce furieux<br />

Elément, par la vertu d'un facrifice fî précieux ; ce qui ne<br />

manqua pas de produire un Miracle auffi efficace, que celui qu^elk<br />

avoit éprouvé en CHYPRE. On remarque, qu'à fon arrivée à<br />

Conflantinople y elle fit préfent des deux autres Clous à f Empereur<br />

fon Fils, qui en fit placer un dans fon Casque, Se fit emploïer<br />

l'autre à faire un mors au Cheval qu'il montoit ordinairement;<br />

çe qui accomplit la Prophétie de ZACHARIE, qui dit ; Erit quod<br />

infrœno eflfanflum Bominafalulari.<br />

.'•<br />

CONSTANTIN , qui honoroit infiniment fà Mère, fut ravi du fiiccès ^'**^^* ^^•<br />

de fon Voïage, & de FEtabliffemment miraculeux qu'elle avoit fait, coiocer,<br />

dans l'Ile de CHYPRE: &, comme il connoifïoit l'iiabileté dèCoLO- ^ ^<br />

ÇER, Intendant de fes Chameaux, homme de baffe extradion à himvdié^pàf<br />

Conftan*<br />

vérité, mais fort capable de gouverner, il le nomma, felon Zo- tin.<br />

ziME, Duc de cette Ile, pour rétablir un Pays qui pouvoit bientôt<br />

devenir auffi floriflant, qu'il favoit été autrefois. Ge nouveau<br />

Gouverneur, qui étoit homme de,courage, perfoadé, qu'il fàlloit<br />

avoir de bonnes Troupes, pour garantir le Pays de l'invafion des<br />

Corfàires, &pour contenir un Peuple nouveau, compofe de difjÊérentes<br />

Nations, la plupart B,arbares, Se qui augmentoit tous<br />

les jours,, enrolla promtement un grand nombre d Albanois y dEpirotes<br />

y Se de Macédoniens y dont il compofà des Compagnies,<br />

qu'ifdiftribua dans les Cantons de file les plus eScpofés à k defcente<br />

des Pirates. Il affigna à ces Troupes des terres, pour leur entretien;<br />

Reforma, peu de tems après, une efpèce de Confeil, pt)ur<br />

idminiftrer la Juftice. Il impofa quelques droits fur le Peuple, tant<br />

^ • - ' G 3 . - . pour<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


^4^ H I S T O I R E G E' N E' «.À^ L E.<br />

pour f entretkn de fa Maffon, ^e pourfubvenir aux autres dépenfes<br />

de l'Etat : & difUngua même les plus apparens, en leur accordant<br />

de^ Titres de Nobleffe.<br />

Cependant, comme les Bêtes venimeufes, & prùicipalement<br />

ks ^^pics, faffoient de grands ravages dans ks campagnes,<br />

& même parmi les Habitans; & qu'on avoit reconnu, que<br />

les Chats étoient ennemis mortels de ces Serpens, il accorda aux<br />

Religieux de Saint BASILE, qui étoient venus s'y établir, quantité<br />

de terres aux environs du Mont OUmpe y où ils ont encore<br />

aujourdMiui phifîeurs Monaftères, auffi bien qu'à une autre Maifon,<br />

qu'ils fondèrent finr le Promontoke w^^ro^f, qu'on nomme<br />

Chats M- ^iicore aujourdhui le Cap des Chats. Il leur fit cette ceffion, à la<br />

tretenus, charge que ks UHS, & ks autres, entretiendroiait un certain nombre<br />

^jpk!isuj^' de Œats, pour détruire ces Animaux venîmeuK.<br />

*j *?»• CALOCER fit, dansk foite, plufîeurs autres R^kmens, égakment<br />

avantageux & pour lui, & pour les Peuples; maîs la profpérité.<br />

Se la douceur du Gouvernement f aveuglèrent bientôt. Il<br />

donna dans deux excès, dont Pun lui fut auffi funefte, que l'autre<br />

devint înfoportabk aux Chypriots, En effet „ non content des<br />

taîlks qu'il en exigeoit, il ajouta à ces impots un droit de Capitationi<br />

Se foula teflement les peuples de la campagne, qu'il les rendit<br />

entièremerif efclaves ; mauvais exempk, qui a été fiiivi par fès<br />

Gwuetnf*- Sueceffeurs. Outre cette tirannie, il eut encore l'audace de s'ériment<br />

de ger CH Roî: CC quî oblîgea l'Empereur CoNSTANT^iN, pour punir<br />

^iférige ce RébeEe de fà téméraire entreprife, denvoïer une Armée en<br />

en M. CHTPRE, fôus k éommandcment deDALMATius, fon Frère, l'an<br />

304, comme nous l'aprend THE'OPHANES. Malgré les nouvelles<br />

Pttnftw»de Troupes que cet Uforpateur avoit levées, il fut vaincu, fait pritemaie.<br />

fonnier, écorché, & brillé vff, dans k Ville de Tharce y en<br />

Cicilie.<br />

Ceux qui gouvernèrent l'Ile de CHYPRE , après GÀLOCER, fbîvkent<br />

fon exemi^e, à fégard des impôts qu'il avoît établis, Se de<br />

fefidavage des peuples de k campagne; ils vendoient même ces<br />

pau-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE DE CHYPRE. Lit. E CH. tt yj<br />

pauvres gens,à ceux qui avoîent eu le moïen de s'ennoblir. Ceuxci<br />

en di^ofoient encore plus durement, que ne feffoient autrefois<br />

les Romains y de leurs propres Efclaves; car k Nobleffe ^J'" ?*-^J*<br />

priotey non contente de fe vendre fun à l'antre ces Payiuî8,qu'ih vtfndus par<br />

nommoient Pariques, fes troquoient encore pour des Clievanx,^*'^*''^''^*'<br />

des Faucons, ou d'autres Bêtes. Il eft vraî, que,- dans la fuite<br />

des tems, plufîeurs de ces miférables s'affranchirent, foit par l'humanité<br />

de leurs maîtres, foit en donnant quelque argent, qu'ils<br />

avoient eu f induftrie de s'épargner; après quoi, on les appelloit<br />

FrancomateSy ou EleftèreSy c^eft-à-dire. Libres,<br />

Comme tous ces Peuples y quoique Chrétiens y étoient de différentes<br />

Religions, Ck^ecSy Arméniens y Coptes y Jacobites y Nèftoriens<br />

y Géorgiens y Se Maronites, chaque Seéte avoit eu la permiffion<br />

de fe faire des Temples, des Evêques, & de fe choifîr<br />

des Prêtres, felon leur rite. G'èft: pourquoi, lorfque Gui de LU­<br />

ZIGNAN devint Souverain dé l'Ile, il y trouva autant dE\^ues,<br />

qu'il y a de Cantons, qui la divifent. Il y avoit un Archevêque Un Ar^<br />

à Salamine y ou Confiance, depuis nommée Famagoufle \ des Eve- x^Eviques<br />

à Carpaghy à Chiti, à Nicofie, à Chitrie, à Lapathos y à JJ^J;/^:<br />

Soli, à Tremitos y à Amatbunte y à Curias, à Paphos y à ArfeSypar Gui<br />

a Limifol: Ce Prince ks réduifit à quatre ; Se les foumit tous à nuu^^^*<br />

Pobé'ifTance de f Eglffe Romaine, Ileut pourtant des égards pour<br />

les Maronites y qui, comme nous l'avons raporté, avoient déjà<br />

fait "leur foumiffion au Patriarche d Antioche,<br />

Qn ne trouve point les noms des Ducs, qui ont gouverné l'Ile '^"îiiK<br />

de CHYPRE , après CA-LOCER : cette Ile étoit alors Province de<br />

PEmpire Gw; & pour cette raifon, elk jouît dune entière tranquilité,<br />

pendant plus de trois Sièdes. Les Habitans s'en étoient<br />

extrêmement*multipliés, & les grandes Richeffes qu'ils avoient<br />

acquifes, par le moien du Commerce étranger. Se de la fertilité<br />

du Pays, les faifoient vivre dans les plaifîrs. Se dans l'opulence,<br />

fans que les Gouverneurs, ou les Nobles, fe miffent eh peine<br />

déxercer- ks Peuples au manîment des Armes, latisfaits de ks<br />

tenir-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


{4 H 1 S^ Ti Q I RE G E; .N E' R A :L. %<br />

tenir dans l'obéïffance, •& dans la durefervitude, dont nous ve^<br />

nons de parler. : , )<br />

L'Empire étoit d'ailleurs autant divifé. Se affoibli, que ks Sarrafins<br />

js^étoient rendus puiffans. Se redoutables. Auffi, fous<br />

le Califat (JOTHMAN, OU OMAN, quatrième, ^uccceffeur de<br />

MAHOME']^ les Chypriots y pris au dépourvu, fe trouvèrent entièrement<br />

hors d'état de s'oppofer à f invafion des Sarrafins.<br />

Defcente de: MoAViE, Grand Amiral dEgypte, Se Commandant de laFlot-<br />

G^AM?^- ^^ d'OTHMAN, aborda en CHYPRE, felpn MARMAL, & d'HERBEmirai<br />

d'E- LOT, l'année 64.9. avec une Armée de 700. voiles, s'empara d^<br />

fjf^%'^^^h Vaie de Salamine, Se de tous fes environs, qu'il ravagea en-<br />

Chypre, tièrement. lien auroit fait autant à toute fUe, fens l'avis qu'il<br />

reçut, quek Flotte de l'Empereur CONSTANT, commandée par<br />

^ GARCOSIR, Gentilhomme de fa Chambre, s'avançoit pour le com^<br />

batre. A cette nouvelle , la crainte qu'il eut d'être furpris fit,<br />

qu'il remonta promtement fer fes Vaiffeaux avec fes Troupes, &<br />

fe mit en pleine Mer, pour y attendre les Ennemis. Lesdeu^<br />

Armées fe rencontrèrent, fur les Côtes de Pbénicie y où elles ne<br />

^« . , tardèrent pas à en venir aux mains. Celle des Grecs fut défaite;<br />

ViStoire de *• ^ ^ ^<br />

r'Amiral, quelqucs-uns prétendent mçme, que l'Empereur CONSTAN'^;*<br />

%Lr ^' y étoit en perfonne; mais qu'il trouva le moïen de fe fauver, à la<br />

Conftant. faveur d'un habit avec lequel il s'étoit dégiiifé.Api^ès cette Vidoif<br />

re, le Génçral Sarrafin s'en retourna triomphant, Sç chaîné de<br />

butin en Egypte y où il étala pompeufement les dépouilles des Chyr"<br />

z, • priots, comme autant de Trophées.<br />

La Vidoire.de Mo A VIE avoit été trop complette. Se h facilîeç<br />

qu'il avoit trouvée à s'emparer de Salamine trop grande, pour<br />

qu'il en demeurât en fi beau chemhi. Il travailla donc, pendanÇ<br />

fHiver, à réparer fa Flotte,& fe remit en Mer, au commencement<br />

du Printems. Comme il ne trouva aucun obftacle à fon Entrcy<br />

fmSj'^ prifoj il ravagea toute file, & emmena une fî grande quantité<br />

e^ciave^s^en d'Habîtaus en efclavage, qu'il laiffa ce Pays presqu'entièrement<br />

4éfert. Les Révolutions, qui arrivèrent alors en Egyptfy !& qui<br />

; fobU-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE DE CHYPRE. Liv. II. CH II. ^7<br />

l'obligèrent à y repaffer promtement, arrêtèrent la fureur de<br />

ce Barbare, qui ne s'étoît pas moins propde, que de détruire<br />

entièrement toutes les Côtes de f Empire Grec, Il fut obligé<br />

de conclure ime Trêve avec f Empereur CONSTANT, par laquel- Tribut (mi<br />

k ce Monarque s'engagea à lui payer dix Bezans d'or, par jour, ?Eg/p?/,<br />

avec un Efclave, & un bon Cheval. pari'Emie-<br />

Ce Traité fut bien obfervé, pendant le Règne de fEmpe- ftant.<br />

reur CONSTANT, & celui de CONSTANTIN PAGONAT, fon Succeffeur.<br />

L'Empereur JUSTINIEN , furnommé Nez-coupé, le renouvella,<br />

l'an 700. avec ABDEL MÂLE H, autre Amiral, qui<br />

avoît fuccédé à MOAVIE; mais, ce ne fut qu'en augmentant le<br />

Tribut, qu'il payoit au Calife. Les affaires de l'Empire fe<br />

trouvoient alors en fî mauvais état, que, pour fubvenir à acquiter<br />

ce Tribut, l'Empereur fut contrahit de céder aux Sarrafins<br />

y les revenus des Provinces dlbérie , d Arménie y Se de<br />

l'Ile de CHYPRE , dont les malheureux Habitans, qui avoient ^^^ '^^<br />

eu le bonheur d'éviter fefclavage, quarante ans aupara- céiefllx<br />

vanc, commençoient à peine à fe remettre de tant de défola- \^J^^<br />

tions. Le Pays n'étoit pas encore repeuplé, lorsque JE'RIT,<br />

autre Amiral dEgypte y attiré par l'appas des Richeffes, fuivit<br />

fexempk de fes Prédéceffeurs. Sous le faux prétexte , que<br />

les Chypriots vouloient fe révolter, il vint aborder dans leur<br />

Pays, fan 744.. où il ravagea, &'pilla tout. Il y exerça des<br />

cruautés inouïes, fans que l'Empereur LE'ON, qui regnoit alors. Cruauté ie<br />

fut en état de s'y oppofer : ce qui fait dire judicieufement à un 5^,>^"*'^^<br />

Auteur, que les Peuples de CHYPRE n'étoient deftinés qu'à a- Egyptien.<br />

maffer des Richeffes, pour affouvir l'avidité des Sarrafins y Se kchygnotA,<br />

retomber de défoktion en défoktion, fans que tous leurs malheurs<br />

, ou les fréquens changemens qui arrivèrent pendant tous<br />

ces tems-là, & dans l'Empire, & parmi les Sarrafins y fuffent<br />

capables de leur faire ouvrir les yeux, pour clianger leur pitoïable<br />

fort.<br />

En effet, ils ne furent pas moins malheureux fous ks Règnes<br />

H de<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


58 H I S T O I R E G E'NE'RALE<br />

de f Impératrice I R E'N E , & de l'Empereur N i c E'P H o R E Premier,<br />

qu'ils l'avoient été du tems de CONSTANT, de JUSTINIEN, &<br />

Chypre* de LE'ON. Cet infortunéPays étoit fîfort àla bienféance des Efaccagée,^^gypfj^j2^^<br />

qu'Us fe faifoient un divertiffement de le ruiner, tou-.<br />

Ei-Ra- tes les fois qu'il*leur en prenoit envie; AARON-EL-RASCHID,<br />

^stcdiife leur cinquième Calife, prétexta à fon tour, qu'il n'étoit pas<br />

WEgypte. payé affez ponduellement du Tribut de l'Empire ; & envoïa,<br />

l'an SOI. une Flotte en CHYPRE, pour décharger fa colère<br />

fur ces mfférables Peuples. Les Barbares ravagèrent<br />

tout le Pays, brûlèrent, violèrent, & faccagèrent tout ce qui<br />

fe préfèntoit devant eux; de forte que ces inhumains achevèrent<br />

de détruire tout ce qu'ils ne purent emporter, 5c conduifirent un<br />

grand nombre de Peuples enefcla\^ge. Ils n'y laifferent que ceux<br />

qui leur parurent lesplus propres à la culture des terres, & qui<br />

ne travaillôient pas pour eux-mêmes, mais pour ces Barbares,<br />

qui confervèrent encore quinze ans k poffeffion du Pays.<br />

C H A P I T R E IIL<br />

Articlei ^T^ant de mépris, & tant de cmautés réveillèrent enfin fEm-<br />

X pereur N i c E'P H o R E , furnommé PHOCAS. Il y avoit<br />

Chypre loug-tcms, quc fe Trôuc de Conflantinople n'avoît été rempli<br />

fÊmiur^'' par un Prince, qui fût auffi capable que lui, de réprimer fauda-<br />

Nicépho- ce des Sarrafins. Il les bâtit à pfatte couture, Se leur enleva<br />

^^* toutes les Places qu'ils avoient ufurpées fur f Empire, tant en<br />

Syrie, Se en Cilicie y que dans l'Ile de CHYPRE. Ce qui arriva,<br />

felon GE'DRENE , vers l'an 970. & procura du repos aux<br />

Peuples de cette Ile, jufque vers la fin du onzième Siècle, fous<br />

le Règne de l'Empereur EMANUEL GOMNE'NE, celui qui<br />

caufa tant de maux aux Chrétiens Croifés, qui paffoient fur fes<br />

E'tats, pour alkr au ftcours de la Terte Sainte,<br />

Mais,<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE DE CHYPRE. LIV. II. CH. III. 5^9<br />

Mais, par une fatalité attachée à l'Ile de CHYPRE, EMANUEL<br />

lui-même donna lieu, par fon ingratitude, aune nouvelle défoktion<br />

du Pays, de la manière que je m'en vais le dire. THO-<br />

Ros, Prince d Arménie, profitant de la foibleffe des Empereurs<br />

Grecs , s'en faifoit redouter , & s'étoit propofe d'envahir les<br />

Provinces qui confinoient à fes Etats. Son armée étoit florif^<br />

faute ; Se il défoloit Vx Cilicie y fans que l'Empereur, quoique<br />

vaillant, fût alors en état ,de s'opofer à fes Entreprifes. Cepen*<br />

dant, EMANUEL, craignant de plus grands ravages, eut recours<br />

à RAYNAUD de CHATILLON , Gentilhomme François, devenu<br />

Prince d Antioche, par fon Mariage avec CONSI^ANCE , Veuve<br />

de RAYNAUD de POITIERS , à kquefle cette Principauté appartenoit.<br />

11 le pria de vouloir emploïer fes forces, pour repouffer<br />

les attentats d'un Ennemi fi dangereux ; Se faffura en même<br />

tems, qu'outre la reconnoiffance qu'il en conferveroit, il le récompenferoit<br />

encore, d'une manière proportionnée au fervice fignalé,<br />

qu'il luî rendroit, dans une occafion fi preffante.<br />

Le Prince RAYNAUD , qui aimoit la gloire, non moins jaloux<br />

que f Empereur des profpérités de V Arménien y dont les Etats<br />

confinoient à ceux d!Antioche y ravi de trouver une conjondure<br />

fî favorable à fon grand cœur, & perfuadé que, fi le foccès de<br />

fes Armes ne répondoit pas à fon attente, f Empereur ne manqueroit<br />

pas de lui fournir des Troupes, pour foutenk leurs intérêts<br />

communs; Se que, s'il réùffiffoit dans fon Entreprffe, il en<br />

feroit largement récompenfe; ce Prince, dis-je, profitant des<br />

offres de ce Monarque, fe mît en campagne, avec toutes fe^<br />

firces. Se attaqua V Arménien y qu'il bâtit en plufîeurs rencontres;<br />

Se le contraignit enfin, à demander la paix à l'Empereur.<br />

Mais EMANUEL , natureflement ingrat, Se grand ennemi des<br />

Latins y fans fe mettre en peine de fatisfake à fa parole, irrita<br />

teflement le Prince RAYNAUD , homme vif, & entreprenant, qu'il<br />

attira contre lui les mêmes forces, que RAYNAUD de GHATILliON<br />

avoit emploïées à k défenfe de f Empire. Ge fut ainfi, qu'il<br />

H 2 fut<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


6o H I S T O I R E G E' N E' R A L E<br />

fut puni lui-même de fa mauvaffe foi. Ge Prince François paffa<br />

en CHYPRE, fan 1160. Se ravagea toute l'Ile, détruifît Vifles,<br />

Bourgs, Châteaux, Eglffes , Se Monaftères , tant d'hommes,<br />

que de femmes ; & à fon exemple, fes foldats. commirent de<br />

w/ch"tu- cr^^^tés exécrables. Ils emportèrent même jufqu'aux Vafes felon<br />

ravage crés. Se les Ornemens des Eglifes, fans aucune réfîftance, de<br />

^^^^' la part des Chypriots, toujours auffi efféminés qu'ils favoient<br />

été auparavant. Auffi, Saint ANTONIN , & GUILLAUME de<br />

TYR raportént, que les maux, que ce Prince Chrétien fit, dans<br />

nie de CHYPRE , jje furent pas moins grands, ni moins cruels,<br />

que l'avoient été toutes les Invafions des Infidèles ; fi ce n'eft<br />

qu'fl n'emmena aucun prifonnier, craignant peut-être, que la<br />

perfidie Grèque ne s'introduisît dans fes Etats.<br />

L'état déplorable, où la vangeance de ce Prince laiffa ces<br />

Peuples infortunés nQ termma pas leurs miferes. L'Empereur,<br />

avoit alors tant d'autres affaires fur les bras, qu'il lui étoit impoffible<br />

de leur procurer aucun foulagement Tout ce qu'il<br />

crut pouvoir faire de mieux, fut de donner le Gouvernement de<br />

Ifaac Gom- flk à UU Prince fage, vaillant, & fidèle. Ilôhoifit, pour cet<br />

iSiTvf"*" ^ff^t, dans fa propre Famifle, ISAAC COMNÈNE, qui arriva<br />

r Empereur Q^ CHYPRE fannée fuivante, affez bien accompaerné ; mais àaumême<br />

. .. i T» i i- i-> ^ ^ '<br />

nom,s'em- peine eut-il reconnu le Pays, quau lieu d y gouverner pour ce-<br />

Swra!- 1^^ ^"^ ^'y avoit envoïé, il s'en appropria la Souveraineté, avec<br />

neté de tant de hauteur, qu'fl réduifit laNobleffe, les Bourgeois, Se<br />

^^^^' les Pariguesk une égale condition ; deforte que, foutenu des<br />

Troupes qu'il y avoit conduites, Se des autres qu'il avoît levées<br />

, fl s'affermit fî bien dans fon ùfurpation, qu'fl fut impoiibk<br />

à EMANUEL, fon Oncle, à ANDRONIC, Se à ISAAC LANGE,<br />

qui lui fuccédèrent, de réduire ce Tiran à fon devoir. Succès<br />

bien diférent de celui de tous les autres, qui avoient entrepris<br />

de fe rendre maîtres^ de file, & qui y avoient réuffi, avec tant<br />

de facflité.<br />

Le Rébeflç ISAAC étoit fi fort fur fes gardes, Se fi attentif à<br />

fe<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE DE CHYPRE. LIV. U. CH. m. 6i<br />

fe conferver la Souveraineté, qu'fl engagea à l'affifter BE'REN-<br />

GER MARGARIT, Gentflhomme Catalan y Se qui commandoit<br />

4.0. Galères, que GUILLAUME , Roi de Sicile, avoit envoïées,<br />

fous fes ordres, a^ fecours des Chrétiens de la Palefline. BE'-<br />

RENGER fe trouvoit alors de retour dc la Terre-Sainte y Se avoit<br />

mouiflé dans le Port dAmathunte, où ISAAC faffoit fà réfidence ; deforte<br />

que le Commandant de Sicile, pour le Roi, défit entièrement<br />

une Flotte de 70. Voiles, que l'Empereur ISAAC LANGE<br />

y envoïoit, fous le commandement du Comte de SAINT ETIEN­<br />

NE, dans l'efpérance qu'une fî forte Armée, &fî bien pourvue,<br />

viendroit facilement à bout de détruire ce Rébelle ; comme il<br />

feroît peut - être arrivé, fî la Flotte Impériale, n'avoit pas eu<br />

le malheur d'effuïer une Bourasque fî terrible, que la plupart des<br />

Vaiffeaux en furent fracaffés, & les gens de l'Equipage fî harraffés.<br />

Se fî épouvantés, qu'ils furent tous taiflés en pièces, ou faits prifonniers.<br />

Ainfî, tous les Vaiffeaux devinrent k proie du Vainqueur,<br />

GOMNE'NE, qui joignoît la cruauté à k Tirannie, eut l'inhu- Sa cruauté,<br />

manité de faire couper la tête à tous les Officiers qui furent pris, Q^,"^'<br />

ciers<br />

fans même épargner B A s i L E^ de R E'C A T E , qui avoit été fon P^/^ hniers.<br />

Gouverneur. Cependant, comme tant de Vaiffeaux, & tant de<br />

Prifonniers f embarrafioient, Se qu'fl vouloit d'aifleurs reconnoître le<br />

fervice que MARGARIT lui avoit rendu, fl lui céda les uns Se les<br />

autres, pour fort peu de chofe, Se lui fournit des Provifîons en<br />

abondance. Ge renfort augmenta confîdérablement la Flotte<br />

de MARGARIT , qui courut pendant le refte de la Campagne,<br />

les Côtes de la Grèce y où fl fit plufîeurs riches Prifes, avec un<br />

butin ineftimabk. Se s'en retourna triomphant en Sicile y où,<br />

félon BOSIO, le Roi approuva toutes fes entreprifes. Se le re^<br />

çut avec de grandes marques d'eftime.<br />

Mais, fî ce Tiran ISAAC fut affez heureux, pour fe défaire des<br />

Armées des Empereurs Grecs y toutes les fois qu'ils entreprirent<br />

de k foumettre , d'un autre côté, fa brutahté, Se fon avarice<br />

loi attirèrent bientôt fur ks bras un Ennemi, contre lequel fl<br />

H 3 n'eut<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


(52 H I S T O I R E G E'NE'RALE<br />

n'eut pas le même bonheur, &qui n'eut pas pour luî plus de compaffion<br />

, qu'fl n'avoit eu lui-même d'humanité pour ceux, qui avoient<br />

eu le malheur de tomber en fon pouvoir.<br />

Cet Ennemi fut RICHARD, Roi d Angleterre y^urnommé Cœur de<br />

Lion y qui étoît parti de Meffine y pour aller fecourir les Chrétiens y<br />

qui affiêgeoient la Vflle de Ptolomaïde. La Flotte de ce Prince fut<br />

furprife, pendant fe route, d'une Tempête fî furieufe, qu'elle en fut<br />

difperfée, & confîdérablement endommagée. Deux de fes Galères,<br />

&un Vaiffeau, eurent le malheur d'échouer fur les Côtes Méridionales<br />

de flk de CHYPRE, pendant qu'avec le gros de fon Armée,<br />

il avoit eu le bonheur d'atraper le Port de Rhodes y où fl ne tarda<br />

pas d'être informé de ce Naufrage, & du mauvais traitement que<br />

fes gens avoient reçu d'ISAAC. Non content de leur avoir fait enlever<br />

tout ce qu'ils avoient pu fauver de leur disgrâce, fl eut encore<br />

l'inhumanité de les priver de la hberté, & les fit enfermer<br />

dans des Cachots. Outre cela, fl eut encore la barbarie de refufer<br />

feutrée dans fon port à un autre Vaiffeau, fur lequel étoit embarquée<br />

la Reine JEANNE, Sœur de ce Prince, & Femme de feu<br />

GUILLAUME le bon yRoi de Sicile y aveck Princeffe de Navarre y fa<br />

Fiancée. * - ^<br />

Auffi, RICHARD fut fi outré de ces violences, Se de cet infigne<br />

afront, qu'fl partit de Rhodes, dès que îa Flotte fut réparée,<br />

pour en threr raifon. Il s'y trouva d'autant plus porté, que ce<br />

perfide Grec, bien loin de modérer fa brutalité , à f afped d'une<br />

Flotte capable de f extermùier, pouffa encore fon audace jufqu'à<br />

répondre aux Officiers que le Roî d Angleterre lm envoïa, pour<br />

k faire revenir de fes emportemens, & de fon mauvais procédé,<br />

qu'fl ne traiteroît pas mieux leur Maître p s'fl s'avifoit de mettre<br />

Defcente de pié à terre. Ge progrès de fon infoknce redoubla f indignation de<br />

CœSrlê RICHARD à un tel point, qu'fl ordonna fur k champ à fes Troupes<br />

Ch°"re% "^^ ^^^cente générak, fe mit à leur tête, Se combatit avec tant<br />

puSnde àe fureur. Se de rage, que, malgré k forte réfiftance des.Qrecsy<br />

Çomàw. qui vouloient empêcher fon débarquement, 6c la quantité de braves<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE DE CHYPRE. Liv.II. CH.III. 6$<br />

ves foldats qu'fls lui tuèrent, fl les força, ks mit en déroute,<br />

& les pourfuivit l'épée dans ks reins, jufqu'aux portes de la Vflle;<br />

de manière qu'ls A AC, effrayé du mauvais fuceès de ce commencement,<br />

fe retira d'abord aux Montagnes, dans la crainte, que '<br />

fes Sujets, qu'il avok fî fort maltraités, ne k fivraffent au Vainqueur.<br />

En effet, ces Peuples, fatigués de faTirannk, firent de û foibles<br />

efforts pour fe défendre, que RICHARD fe rendit en peu de<br />

jours maître d'une Vflle, qui auroit dû lui réfifter plus longtems.<br />

Il f abandonna au pfllage de fes Troupes, & la fit ruiner<br />

de fond en comble, fans^que depms elle ait été rebâtie. Cependant,<br />

comme il ne refpiroit qu'après la prife de l'Ennemi, qui favoit<br />

fî cruellement offenfé, fl le pourfuivit à toute outrance, jusqu'au<br />

Bourg Chilani, fitué au pié du Mont Olimpe , où il aprit<br />

qu'fl s'étoit fauve. Chragrinde nef y avoir pas trouvé, fl fit rafer<br />

ce Bourg, avec tous les Vfllages d'alentour ; après quoi, pourfuivant<br />

toujours fon Ennemi, fl le joignit enfin à Trémitbos. Ge<br />

fut-là, qu'IsAAC,contraint de fubir le joug de fon Vainqueur, fe repentit,<br />

mais trop tard, de s'être attiré un Ennemi fi puiffant, Se fî redoutable,<br />

dont fl auroit pu fè faire un ferme apui, s'fl eaavoit agi avec lui,<br />

&avec les fiens,félon le Droit des gens,& le refped que chacun<br />

doit aux Têtes couronnées. Il y a apparence, que ce malheureux<br />

n'étoit propre qu'à amaffer des Tréfors, en tirannifant fes Sujets.<br />

S'il avoit eu la précaution de s'embarquer, lors qu'fl s'en vit abandonné,<br />

il auroit pu paffer en Egypte , où fl auroit jouï tranquifle-<br />

ment des Richeffes qu'il pouvoit emporter.<br />

RICHARD ne borna pas fa vangeance à la deftrudion des meil- Comnène<br />

leurs Endroits de l'Ile, fl fit encore charger fon Prifonnier de chai- ^î"'^^ *^*<br />

A l , 1 / • • cbaines,<br />

nes, qui, pour être d or, n en étoient pas moins pefantes. Il<br />

acheva la Conquête de tout le Pays ; &, pour couronner fon Triomphe<br />

, &. k défoktion de fon Prifonnier , îl s'aflura de toutes les<br />

Places fortes, y mit de bonnes Garnifons, & célébra, avec pompe<br />

, fon Mariage avec la Princeffe B E'R E N G E'R E , qu'il fit en même<br />

tems<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


64- H I S T O I R E G E' N E' R A L E<br />

L'He de tcms'couroHuer Reine dAngleterrey Se de CHYPRE. Afin d'au-<br />

MgéJen gmenter k gloire de fa Conquête, la grandeur Se k magnificence<br />

Roiaume, ^Q fon Mariage, fl érigea cette Ile en Roïaume, au lieu que les<br />

l'Angle-^ Empereurs Grecs ne favoient érigé qu'en Duché. Ge fut auffi,<br />

'"'^* à f occafîon de fes Noces, & du Couronnement de fon Epoufe,<br />

que la Meffe Latine y fut célébrée, pour la première fois, parce<br />

qu'fl n'y avoit eu jufqu'alors aucun Habitant de cette Communion.<br />

Enfin, ce Prince, après avoir donné les ordres néceffaires, pour<br />

k confervation de fa Conquête, Se fait augmenter les provifions<br />

de fa Flotte, fe rembarqua, pour aller accomplir fon Vœu, Se la<br />

gcff-Roicfj promeffe qu'fl avoit faite à PHILIPPE AUGUSTE, Roi de France y<br />

^^^^' qui s'étoit déjà rendu devant Ptolomaïde, Il donna la Vice-Roïauté<br />

de CHYPRE à ROBERT TRUHAN, Sénéchal d Anjou-, Se lui laiffa<br />

un nombre foffifant dc fes Troupes, pour y maintenir le bon ordre,<br />

& les Règlemens qu'fl y avoit faits. Il prit avec lui IsAAt,<br />

fe Femme, & une Fille unique, qu'fl menoit en captivité,tant pour<br />

continuer à mortifier cet orgueilleux, que pour fe vanger, en quelque<br />

manière, de la perfidie,^ avec laquelle les Empereurs de Con-<br />

Jiantinople (de la Familk defquels étoit ISAAC,) avoîent traité<br />

les Croifés Latins, en traverfent leurs Etats.<br />

Gefut dans ce pompeux Equipage, que RICHARD, comblé de<br />

gloire, & de biens, zrriva. k Ptolomaïde. Les Privfléges, queles<br />

Chypriots avoîent rachetés de lui, au prix de la moitié de leurs<br />

Effets, lui avoient produit des fommes fort confidérables. Cependant,<br />

pour ne point fouffrir la vue de. fon miférable Captif, il<br />

l'envoïa Prffonnier à Tripoli, Se donna fa Fille à la Reine JEAN­<br />

NE, fa Sœur, qui la garda toujours avec elle. Se lui fit rendre<br />

tous les honneurs dûs à fe naiffance. Voilà comment l'Ile de CHY­<br />

PRE paffa fobitement fous la Domination Angloife, après avoîr<br />

été poffédée, plus de huit Siècles, par ks Empereurs d Orient.<br />

Article IL '^^^ d'Ecrivains ont parlé de la fertflité, & de la beauté de<br />

l'Ile CHYPRE , quoîqu'avec peu d'exaditjude, que, fens la réfolution,<br />

que j'ai prffe d'en donner unèHflloire générale. Se la mieux<br />

fuivie<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L^ILE DE CHYPRE. LIV. II. CH.III. 6{<br />

foivie qu'fl me fera poffibk, je me difpenfèroîs de répéter ce qu'fls<br />

ont déjà dit, fur ce fujet. Cependant, par raport à mon Syftême,<br />

& à la connoiffance particulière que j'ai de fes produdions,<br />

Se des changemens qui y font arrivés, j'ai cru ne pouvoir éviter<br />

d'aprendre à mesLedeurs, que ce Pays, quoiqu'égakment abondant<br />

aujourd'hui, a perdu diverfes chofès très-riclies, Se fort curieufes,<br />

qu'on y trouvoit anciennement, ,& en a acquis d'autres, qu'elle<br />

n'avoit point alors.<br />

Les Mines, d'Or, d'Airain, de Fer, d'Etain, de Souffre, de Vitriol,<br />

Se d'Alun, que PTOLOME'E, STRABON, PLINE, GOU-<br />

Tou, & tant d'autres affurent, qu'on y trouvoit autrefois, font<br />

teflement perdues, qu'on ignore même dans quels Endroits efles<br />

étoient; fi ce n'eft cefles d'Or, Se de Vitriol, qu'on fait,par tradition,<br />

avoir été dans le Canton de Krifacou; Se je fuis témoin,<br />

qu'on tiroit encore de ce dernier Minéral,en 1684.<br />

A fégard des Pierres précieufes, que ks mêmes Auteurs, Se<br />

après eux, le Père LUZIGNAN, prétendent auffi y avoir été communes<br />

, on n'en trouve, ni on n'en parle plus. Il ne me paroît<br />

pas même, qu'aucune de ces Mines ait jamais rien produit aux<br />

Princes Z^//«5, qui y ont régné; à l'exception de quelques Criftaux<br />

de roche affez beaux, qui ont été trouvés de mon tems, dans ks<br />

Montagnes attenantes au Cap Cromachiti, Se à celui d Alexandrette,<br />

Il en eft de même du Gorafl rouge, & blanc, qu'fls prétendent,<br />

qu'on pêchoit fur les Côtes dAmathunte, Peut-être<br />

pourroit-on en trouver encore aujourd'hui, fi on étoît affez curieux,<br />

pour en faire la recherche; mais, comme ks gens du Pays,<br />

ni les Etrangers ne s'y apliquent point, on n'en peut rien dire de<br />

pofitif.<br />

La Pierre d'Amiante, dont fls ont auffi tant parlé, s'y trouve p^^^^^<br />

encore, auffi abondamment que dans les anciens tems; mais on *Jj^^^<br />

a malheureufement perdu f ufage de s'en fervir. PLINE prétend,<br />

qu'en la faifant bouflflr dans une leffive, faite avec de f Indigo ,&<br />

k bâtant bien enfuite avec un batok, cette Pierre perd ce qu'efle<br />

I a<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


66 ' H I S T O I R E G E' N E' R A L E<br />

a de pierreux, Se devient fî fouple, qu'on peut la filer, & en faire<br />

de la Tofle, qui y étoit fi commune autrefois, qu'on aflure<br />

que les Chypriots s'en fervoient, pour les vofles. de leurs Navires.<br />

Elle ne laiffoit pourtant pas d'être fort eftimée» dans les Pays étrangers,<br />

fur tout des Brachmanesy Se des Romains y qui en faffoient<br />

des facs, pour, enfermer les Gorps morts de leurs Princes, & autres<br />

grands Perfonnages, qu'ils avoient coutume de brûler, afin<br />

d'en recueillir les cendres plus pures. Se fans aucun mélange. Cette<br />

Pierre a la propriété de blanchir dans le feu, fans fe confumer. La<br />

Carrière s'en trouve dans une Montagne, près du Cap Crom^acbi^<br />

tiy qui porte k nom dAkamantide.<br />

Abondance Quant au Sel, dont fabondance produifoit de fî grands revenus<br />

* ^ aux Souverams, qui ont poffédé l'Ile, après les Grecs, le lieu où<br />

fl s'engendre naturellement n'eft point diffèrent, de ce qu'fl peut<br />

avoir été. C'eft" un Lac, fîtué près de la Mer, entre le Bourg de LarnacaySe<br />

celui de Bromolaxa, Ce Lac a près de trois lieues de circonférence.<br />

L'eau de la Mer, 6ç celle des pluies le remplifïent-<br />

& les chaleurs de l'Eté le font congeler. C'eft au Mois de Septembre<br />

, qu'on en tire autant de fel qu'on veut ; & dont la quantité<br />

feroit encore, auffi grande , qu'efle peut jamais'l'aVoir été;<br />

mais, comme on n'en charge plus pour VEurope, Se que ks<br />

Fermkrs favent la quantité qu'ils en peuvent emploïer, foit pour<br />

l'ufege du Pays, ou pour le tranfport qui s'en fait aux Côtes voifî-nes,<br />

:fls fe contentent d'en faire k provifîon nécefkire, Se. négli*<br />

_gént;k refte.b ç<br />

Il n'en eft pas de même des beaux Camelots, qu'on y travafl^<br />

Ioit avec du poil de Chèvre,;& qui étoient fî fort eftimés au Lc"<br />

vanfySe en Europe: il y a très-long-tems qu'on n'y connoit plus<br />

ces étpÇes, ni la qualité du pofl dont on les fàbrîquoît. On a auffi<br />

VesFim- perdu fufege des Cannes à. Sucre, dont plufkurs campagnes é-<br />

^tL h de toient plantées. On a enfeotencé ces terres avec du Coton, &fon<br />

Mûriers, y ^ planté une quantité prodigieufe de Mûriers, pour nourrir des<br />

Vers .à fok;^produdion dont k Pays, manquoit autrefois. Se<br />

qui<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE DE CHYPRE. LIV. II. ttt, III. ér<br />

«qui eft incomparableftient plus utfle, que le Sucre.<br />

La quantité de Bkd, d'autres fortes de Grains, Se Légumes j^^^<br />

de toute efpèce, eft toujours la même, qu'elle étoit au tems paffé; '^^^^^^<br />

on y en recueifle ordinairement au de-là de ce qu'fl en faut, pour BUd,qu'anla<br />

nourriture des Habitans; auffi en charge-t-on fouvent plufieurs '^"'"««"*-<br />

Navires, pour les Pays étrangers; de même que des Vins précieux,<br />

& qui font, avec raifon, fî -^ntés par tous les Ecrivains,<br />

qui en parient. SALOMON même a parlé, avec éloge, de la Vigne<br />

de CHYPRE: ces Vins fe confervent un Siècle entier, & acquièrent Levînde<br />

tant de douceur, &de force, qu'fls deviennent un Antidote par- ^"^J^<br />

fait, & naturel. On fait, par tradition , que les anciens.C^j^- M'^v^-<br />

'priots avoient coutume d'en remplir de grandes Jattes, à la Naïf- '^erveun<br />

fence de leurs Enfans, qu'fls entcrroîent ces Vafes, & ne'les ou- ^^^f ""*"<br />

vroient plus, que pour leur Mariage: c'étoit le Vin de la Noce. Comme<br />

les Enfans mouroieht foùvèiit, avant que de parvenir à cet<br />

âge, le Vin demeuroit quelquefois enterré, & couvert, jufqu'à la<br />

troifième, Se quatrième génération, principalement chez les perfprinës<br />

de condition,' qui n'avoient pas befoin de s'en fervir; &<br />

c'eft par-là, qu'on a reconnu y que la vieîlkffe ne faifoit qu'en augmenter<br />

la ^ bonté. .'" ,<br />

^Quoique les Chypriots dm)o\xidhXi n'en enterrent point,précîfement<br />

a fa Naiffance de kurs Enfans, cependant fls n'ont pas perdu<br />

l'ufagé'deii conferver, de k même manière que le pratiquoient<br />

les aricieris: de forte qù'fl s'y en trouve encore, de 30. 40. & )u£quçs<br />

à y.o. ans. J'ai eu f honneur, pendant ma réfidence en ce<br />

Pays-là, d'en .envoïer à divers Souverains de VEurope y foit par<br />

leur ordre, du de mon propre mouvement, pour les en régaler;<br />

& ils jn'ont fait celui de m'en témoigner beaucoup de fatisfàdion.<br />

Il eft vraî, que tout le Vin que produit l'Ile n'eft pas de cette exteUente<br />

qualité ; mais, on peut le regarder, en général, comme l'une<br />

de'fes prûicipaks prodpdions, puifqu'outre là quantité qu'en, achètetit<br />

les Navires étrangers, pour la provifîon de kurs Equipages, k<br />

•' ^ Iî Roïau-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


68 H I S T O I R E' G E' NE' R A LE.<br />

Roïaume dEgypte s'en fournit prefque entièrement, parce que k<br />

Pays n'en produit point du tout.<br />

F^imie^ L'ile de CHYPRE n'eft pas moins fertile en excellente Huile d'Ochypre,<br />

Hvc, Se de Sizame; c'eft ce que nous appeflons graine de Navetengénérai.<br />

^ . j^^^jg ^j g||. certain, que fa fiqueur eft incomparablement<br />

meifleure que celle qui vient d'jEwrd;/»^. Auffi, pour le goût, ks gens<br />

du Pays préfèrent cette Hufle à celle d'Olive- Elle n'eft pas moins<br />

pourvue de bon Miel, & de Cire, que de Laitage, Saffran, Câpres,<br />

Térébenthine, Labdanum, Coloquinte, Mandragore,<br />

Vermfllon, Colocaffe, Se plufieurs autres Plantes, & Herbes Médécînales.<br />

Poudre à poudrer fort eftimée, qu'oiinomme communément<br />

PoM^r^ de Chypre: efle fe fait avec de petites Rofes fauvages.<br />

Se fort odoriférantes. Il y ade la Laine, du Lin, du<br />

Chanvre, du Maroquin, ^des Choux-fleurs dune bonté, & grof^.<br />

feur furprenante, toute forte d'Herbes aromatiques, & potagères<br />

d'un goût merveilleux, fur-tout dans les Lieux maritimes, où k<br />

terre eft nitreufe. L'Ile n'eft pas moins abondante en Arbres* fruitiers<br />

de toute efpèce, excepte des Cerifîers, Se des Châtaigniers,<br />

dont les Habitans font pourtant dédommagés par ks Dattes, ks<br />

Carrouges,& les Grenades,qui s'y trouvent en quantité.<br />

Les Montagnes font couvertes d'Arbres, taiflis, OIL de hautp,futaie,<br />

dont k quaflté eft exceflente, foit pour la charpente des<br />

Maflbns, foit pour k çonftrudion, & mâture des Vaiffpaux.. On<br />

en tke auffi quantité de Poix, Se de Goudron; Se c^eft, aparemment,<br />

ce qui a fait dire à API AN MARCELIN, que llle de CHYPRE<br />

étoit ii rempfle de'toute forte de biens, qu'elle pouvoit mettre<br />

en Mer un Navire, Se l'équiper de toutes fes parties, fans aucun<br />

fecours étranger»<br />

L'Ile produit auffi d'affez bons Chevaux, & de.très-exceffentes<br />

Mules, dont l'ufage eft beaucoup plus doux , & plus, commode»<br />

GRATIANI raporte, que les Magiftrats de llk de CHYPRE furent<br />

autrefois obligés de défendre à k Nobleffe la monture des Mules<br />

» dont<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE DE CHYPRE. Liv. II. Cii.IIL 69<br />

dont;elle fe fervoit, par un rafinement de commodité, pendant<br />

qu'elle négligeoit les Chevaux, de peur que la dffette de ces der-'<br />

niers ne devînt un jour préjudiciable à l'Etat. Le Pays eft également<br />

pourvu d'Anes, de Bœufs, de Buffles, Chameaux, Chèvres,<br />

Moutons, Brebis, & Porcs, dont la chair eft très-déficieufe<br />

: les Jambons de ces derniers font d'un goût exquis. On y trouve<br />

àuffi des Chevreuils, Daims, Sangliers, Bœufs, & Chèvres<br />

fauvages, des Lièvres en grande abondance ; & toute forte de Volailles<br />

domeftiques, comme Poules, Coqs-d'Inde, Canards,Oies,<br />

Se Pigeons, des plus fucculens.<br />

A fégard du Gibier, on peut affurer, que ce Pays eft des plus Ahmdance<br />

abondans; j'en connois peu qui en foient mieux fournis, excepté forti de Gide<br />

f^ûSms y qui y font un peu rares; mais lesFrancolins, ou Gelî- fg^'J^^f^<br />

notes de bois. Perdrix rouges, Beccaffes, Beccaffines, Tourte-duFaifan.<br />

relies, Canards, Cercelks, Ramiers,& autres Pigeons feuvages.<br />

Grives, Merles, GaîUes, Ortolans, Alloucttes, & généralement<br />

tous les Oifeaux qui fe trouvent ailleurs , font dans cette Ile en<br />

grande quantité; Se le goût en eft délicieux. Les petits Offeaux<br />

qu'on nomme aifleurs Becquefigues, Se en CHYPRE Oifèkts de vigne,<br />

y font fi délicats Se fi abondans, qu'on y en confit tous ks<br />

ans une quantité prodigieufe avec du vinaigre, pour ks Pays<br />

étrangers, particulièrement pour Fenife y ou ils font fî eftimés, que<br />

k Nobkfle les préfère à quelque autre mets que ce puiffe être.<br />

On y prend auffi quelquefois des Outardes, d'une groffeur prodigieufe,<br />

dont le plumage eft extrêmement blanc, & k chair trèsdélkate.<br />

Les Grues, Hérons, Se Faucons de différentes e^ces Exeenemu<br />

s'y trouvent égakment; & ks Offeaux de proie, comme Aigles, fj/^<br />

Vautours,Milans^ Corbeaux, Se autres efpèces,n'y manquent pas. Hvriers.<br />

Les Chiens-Lévriers y font d'une beauté. Se d'une bonté incomparable,<br />

& les Chats ksplus beaux. Se les plus hardis du monde<br />

; fls ont k propriété de combatre ks Serpens, & de ne les<br />

point quiter, qu'fls ne les aient tués; Se c'eft d'où vient, comme<br />

on fa dit, que ks Refigieux, qui habitoient autrefois ks Mona-<br />

I 3 ftères<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


7b H I S T O I R E G E' N E' R A L E<br />

ftères, qui font autour du Mont Olimpe, Se ceux du Couvent dA^<br />

grotiri, en nourriffoient une grande quantité, pour ce fujet : j'ai vu<br />

arriver un de ces combats, dans ma propre Maifon, où fl y apparence<br />

qu'on avoit apporté un Serpent, dans du fourage, dont<br />

on faifoit la provifîon,<br />

• Un de mes Chats, quelque jeune, & petit, qu'il fîït, apperçut ce<br />

Reptile, qui vouloit monter fur le toit. Se rampoit le long de la<br />

Combat muraflle; fl s'élança fur lui. Se le fit tomber à terre. Le Serpent,<br />

d'un Chat ^ ' , , *, , , j. v r '<br />

eontrcun après'avoir demeure quelque tems comme étourdi, reprit la viserpent.<br />

g^g^j.^ & fe dreffa en fiflant, pour combatre fon adverfaire, qui<br />

de fon côté, le pofl hériflé, Se les yeux étincelans, méprifà f alped<br />

dû Serpent, l'attaqua, & après lui avoir donné plufîeurs coups<br />

de fa pâte, trouva enfin le moïen dek faifir, par la partie charnue,<br />

qui eft entre la tête. Se le refte du corps. Ix Serpent ne<br />

pouvant fe délivrer des dents de fon ennemi, fe replia tout autour<br />

du cou du Chat, & tira la langue, pour l'en percer : mais<br />

l'animal fut fi rudement baloté Se fecoué, qu'fl perdit enfin fes forces,<br />

& tomba vaincu, fans faire .que de foibles mouvemens, qui<br />

paroiffoient plutôt des convulfîons, que de nouveaux efforts. Le<br />

Chat vidorieux ne fe fervit plus du Serpent, que comme d'un<br />

• jouet,qu'fl balotoit, & retournoità fon gré, comme s'fl eût trouvé<br />

du plaifir dans fon triomphe* . Gé fpedaek, qui avoit attiré<br />

mon attention, me divertit extrêmement. , . i<br />

L'Ile aujjt- ' La Mer, qui environne file n'eft pas moins poiffonneufe, que<br />

Abondante la Terre en eft fertile. Il n'y manque que des gens capables de<br />

^efS"'faire valoir fun Se fautre, pour en retirer tous les fruits qu'on<br />

*''''• peut défirer de ces Elemens. Il feroit à fouliaiter,- qire fair d'un fî<br />

beau, & fî abondant Pays,fût un peu meilleur,& plus tempéré,<br />

pour en mieux jouïr. Les chaleurs y font fi exceffives, pendant<br />

^I^^^' l'Eté,' Se une partie de l'Automne, que les campagnes en font<br />

prefque entièrement brûlées; ce qui rend fàir groffier, & malfem,<br />

& qui fait dire à la plupart des Hiftoriens, Se auk perfonnes<br />

- qui y ont fait quelque féjour, ^ue k Cflmat de CHYPRE eft générak-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


BE L'ILE DE CHYPRE. Liv. IL CH. III. 71-<br />

rakment malin, & très-dangereux. Cette réputation lui a même<br />

demeuré parmi les Modernes, foit qu'fls aient fuivi l'opinion<br />

des Anciens, ou le raport des Européens qui y ont paffé. Se qui<br />

qui n'ont abordé qu'aux Côtes, où fair eft éffèdivement le plus<br />

corrompu, comme celui de Famagoufte y qui, par raport à fe fî- ~ .<br />

tuation baffe, à fes eaux fàumâtres, Se fes Dehors marécageux,<br />

.formés par le Torrent PedicuSy qui s'y décharge, après avoh*<br />

comme innondé, pendant fHiver, la befle Se fertile Plaine de<br />

Meffarie,<br />

Larnacay qui eft le Lieu où tous les Francs font leur réfidence, • -<br />

& où , par confequent, les Européens qui y abordent féjournent ^<br />

le plus, n'eft pas un Endroit plus fain, que Famagoufle. La proximité<br />

des Salines, que Lamaca a vers VOccident y Se les Marécages<br />

^u Levant, font que l'air en eft pefant, & mauvais, malgré<br />

le foin qu'on a commencé à prendre de deffeicher ces Marécages,<br />

& d'en faire des Jardins. Les Villes de JB^J^, & de Cérines<br />

font dans la même fituation ; de forte que ces Lieux maritimes,<br />

& pour^ainfî dire, les plus fréquentés par les Etrangers ,font<br />

ce qui donne une réputation fî desavantageufe de toute file, que<br />

les Ecrivains décreditent entièrement. Il eft a croire, qu'fls en par- Excellence<br />

leroient mieux, s'ils avoient parcouru, & examiné, comme j'ai soiie"^La.<br />

fait, plufîeurs fois, le refte du Pays; où je puis affurer, qu'on pathos,<br />

trouve l'air auffi bon. Se auffi pur, qu'en aucun Lieu de France, arpaiib,<br />

particulièrement dans les Cantons de Solie, Lapathos, Ni- ^^'•<br />

foficy Carpaffo y Pifcopie y fes Environs, & dans tous les Lieux<br />

élevés, qui font généralement exemts des Fièvres malignes, dont<br />

ks Habitans font affligés dans les Lieux maritimes. Il eft pourtant<br />

vrai, que les grande» chaleurs, en tems d'Eté, font par-tout<br />

pernicieufes ; mais les Habitans en feroient moins incommodés,<br />

fi les travaux de la Saifon leur permettoient de s'en mettre à cou*<br />

vert.<br />

Je croîs, cependant, que, quelque mauvais que foit l'air, dans ^^#"><br />

ks Lieux maritimes que je viens de nommer, fi ceux qui ks habitent<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


71 . H I S T O I R E G E' N E' R A L E<br />

tçnt avoient affez de foin, ou le moïen d'élever leurs maffons, au<br />

moins jufqu'à deux étages, fls ne feroient point fujets à toutes les<br />

incommodités des Fièvres, Se des Coufîns qui les dévorent, en<br />

tems d'Eté, parce qu'fls couchent toujours à terre, fans aucune<br />

précaution pour s'en garantir; de forte qu'il eft impoffible, que<br />

le corps ne contrade de mauvaifes humeurs , qui corrompent le<br />

fang, Se engendrent les Maladies dont fls font fouvent alfli-<br />

Lîeuxéie- gés, & que je n'ai que trop éprouvées moi-même. Il n'en eft pas<br />

eoup^ph^' ^^ même des Lieux qui font éloignés de la Mer, quoique les habih^^'.<br />

tations en général n'y foient pas plus exhauffées, excepté à Nicofie<br />

y k Limifol, Seen quelques autres Endroits; car on peut, fans<br />

rffqucr fafanté, coucher en pleine campagne, à la belle étoile,<br />

comme fl m'eft arrivé plufîeurs fois, fans en reffentir aucune în-<br />

Soirîiténé- commodité. On y mange, & on y boit généralement par tout<br />

eeffaire,en d'auffi boH apetit, qu'eu aucuH licu de VEurope; Se je crois que,<br />

Chyprt.^'* pour y jouïr d'une bonne fanté, on n'auroit qu'à fe garder des ardeurs<br />

du Sokfl, dans lés heures qu'fl eft le plus chaud, & fe modérer<br />

dans le boire. Se le manger; car fabondance. Se f excellence<br />

des mets y excite un peu, principalement les nouveaux venus<br />

, qui n'en confîdèrent pas les conféquences.<br />

articleIII. Geux quî Ont avancé, que file de CHYPRE n'eft arrofée que par<br />

les Torrens formés des pluies, qui tombent pendant fHiver,<br />

ne fe trompent pas moins; Remarquent également leur ignorance,<br />

' à fégard du centre du Pays, qu'ils n'ont point parcouru. Ils s'en<br />

font rapportés aux Relations des Voïageurs, quife font eux -mêmes<br />

bornés aparler des Lieux maritimes, où fls ont abordé. L'Ile, à la vérité,<br />

n'a pas de grandes Rivières ; mais fl s'y trouve beaucoup de<br />

Ruiffeaux,qui ne tariffent jamais, à moms qu'fl n'y arrive des cas<br />

auffi extraordinaires, que celui qm obligea les Habitans de f abandonner,<br />

dans le quatrième Siècle, comme je fai dît aflleurs.<br />

Ces Ecrivains font mention de deux fameux Torrens, qui font<br />

^ le Pédicus, qui paffe au mflieu de la Vifle de Nicofie y traverfe enfuite<br />

toute la Plaine deMefJariCy qu'fl innonde fouvent de maniè-<br />

• re.<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE DE CHYPRE. Liv. II. CH. II. 73<br />

re, qu'il la rend auffi graffe, & aufii fertfle, que k font les Campagnes<br />

dEgypte y arrofées par le Ml, Se fe décharge enfin dans k<br />

Mer, au Levant de Famagoufte y où fl forme les Marais, dont je<br />

viens de parier ; Se k Lycus, ,qui vient perdre fon nom près de la<br />

Vflk de ir^»/^^,«)ù fl trouve un débouchementfîfacfle,qu'il n'y<br />

croupit, point du tout; ce qui fait, que l'ah: y eft plus pur, que dans<br />

les autres Lieux maritimes défile, où feau, qui y croupit, caufe<br />

k malignité de l'air.<br />

Maisj, outre ces Torrens, fl y a, dans plufîeurs Endroits de file, des<br />

Sources;d'une excellente eau,


74 . JB i "S T O 1 R K G E' N E' R A L E<br />

ment à 36. Moulins qu'efle fait tourner, fert aux Habitans dece<br />

^ieu, à ceux de Palecîtro, Se des environs, à arrofer une étendue<br />

très - confîdérable de Jardins. Enfin y fens m'arrêter à faire<br />

un plus grand détail des Ruiffeaux, Se des Fontaines qui fe trouvent<br />

dans l'Ile, que j'ai parcourue plus d'unéîibis, & peut-être<br />

plus exadement qu'aucun autre Européen y je pids affurer, qu'il<br />

y a quantité d'exçeflentes Sources, même ju^ies dans k Canton<br />

de Carpaffo y qui eft à fextrémité Orientée S& l'endroit le<br />

plus étroit, puifqu'il n'y a qu'environ deux fieues de temin qui<br />


DE L'ILE DE CHYPRE. LmlI.CH.III. 7.^^<br />

Les Mûriers y font plantés au cordeau, à environ une braffc<br />

de diftance de fun à fautre. Un feul Jardin en contient fouvent<br />

plufieurs miUiers. Lorsque le tronc de f Arbre a cru jufqu'ihaiiteur<br />

d'homme, on en'coupe toutes les branches, qui repouffent<br />

tous les ans de nouveau, en fi grande quantité. Se fi<br />

fertées, qu'elles forment une ombre, que les rayons du Sokfl ne<br />

fauroient pénétrer. Au lieu qu'en Europe y on laiffe croître ces<br />

Arbres , tant qu'ils peuvent pouffer , Se que fon fe contente<br />

d'en cueiflir ks.feuifles. En CHYPRE, Se dans la Palefline y on<br />

les coupe, Se l'on en arrache les fèuîfles qui étant toutes récentes,<br />

& par confequent, plus tendres, donnent une meifleure nourriture<br />

aux Vers à foie. • .<br />

On y a grand foin de bien cultiver les terres, de les engraif^ Soie de<br />

fqr, &arrdèr.régulièrement, depuis le commencement duPrin-^^yp^j.*<br />

tems, jufqu'à^la Fête de Ste, Croix en Septembre; & ce jour-k-te, (pteceiie<br />

on prétend que les Arbres ceffent de pouffer. Par ces foins y p^^îf "*<br />

ks Arbres fe trouvent également garnis l'année fuivante. Les<br />

perfonnes de la pjofeffion n'ignorent pas, que la Soie de CHY­<br />

PRE eft plus pefante qu'aucune autre, auffi ne f emploïe-t-on en<br />

France y en Angleterre y Se ^iilleurs y qu'aux galons, franges ><br />

& autres ouvrages d'or. Se d'argent, parce queles Marchands<br />

y trouvent kur compte..<br />

i La récolte du Coton, qui fe fait en CHYPRE , n'eft pas moins<br />

importante, que cefle de la Soie : ce Coton eft même beaucoup<br />

meifleur,- que celui que produifent les autres Lieux du Levant,<br />

Auffi, les Marchands d'.Sttrt?/'* lui donnent-ils la préférence. Toutes<br />

les autres denrées, qui croiffent dans file font égakment.<br />

exceUentes. D y a des Endroits dans ce Pays, où les terres<br />

demeurent en friche; Se fon y voit beaucoup d'Oliviers fevages,<br />

principalement dans k Canton deCarpaff^y qu'on nefe<br />

donne pas la peine de greffer. Si ces terres étoient çidtivées,<br />

Ofles produiroient des revenus très-confidérabks-, parce que le<br />

terroir en eft fertile de fa nature. .Le reçmement çmpecheroît<br />

Kl les<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


76 H I S T O I R Eî'l G^E' N^^-E' R'A LE<br />

ks Afpics , & les autres Bêees' venîmèùfes de s'y multiplier,<br />

comme elles font. Ce n'eft pas feukmeiit en CHYPRE , que le<br />

manque d'Habitans eft caufe de f abandon des plus èxcelkns terrains,<br />

qui demeurent fans culture: k plupart des Provinces de<br />

f Empire Ottoman forit dans kmême cas. Ces Barbares ont trop<br />

de Pays/ pour y fuffire. D'ailleurs, lé^r'fëinéâiitife , kur indolence<br />

, ^& leur frugalité naturelles y contribuent beaucoup.<br />

Ajoutez à cela, que, comme ils n'ont ni tailles, ni gabelles,<br />

ni autres impots à'payer, ils ne travaillent qu'autant qu'il eft<br />

befoin, pour s'acquiter de quelques petits Droîts Seigneuriaux,<br />

t^ls c^\e le tiaracb y ou la Gapitation-Jque 'payent les ^Chrétiens,<br />

' Se les Juifs, nés Sujets du Grand-Seigneur ; Se dont ks Turc^<br />

font exemts. -^J On ne fauroit confidérer, fans une furprife extrême,<br />

les vaftes & belles Campagnes arrofées de plufieui-s Rivières<br />

, qui fe trouvent entre Conftantinople, Se Andrinople, &<br />

dont la plus grande partie n'eft pas cultivée. 11 n'y a que k<br />

quantité de grains, Se d'autres denrées, qu'on tire de k Mer<br />

noire, qui entretiennent toujours fabondance dans la Ville Impériale;<br />

où, malgré la pluralité des Femmes permifesaux TurcSy<br />

les Famifles ne font jamais fort nombreufes. n » • . .<br />

Qualité ^^^ L'abondance de file de CHYPRE , non feulement ' en tout ce<br />

des cy- qui eft néceffaire à l'entretien de la vie, mais enéore^en tout ce<br />

^"° ^' qui peut la faire -paffer avec douceur & agrément, en a rendu<br />

de tous tems les Peupks efféminés Se fenfuels. Elle les a même<br />

toujours plongés dans une vie fi oifive, Se fi voluptueufe,<br />

qùé ièur^plus grande attention a toujours été à fe bien parer, &<br />

à pafler lè téms en Feftins, en Danfes, & autres Divertiffemens.-<br />

La Nobkffe, en particulier, y vivoit fîfpkndideraent,<br />

Chypriots que k magnificence de kurs Buffets, fabondance. Se k délîie<br />

Voi fixe- cateffe de ' feurs Tabks, la continuation de leurs Spedacks, Se<br />

nf£e°d'e de-îèurs Plaifirs/k fomptuofité de leurs Habilkmèns, de leurs<br />

ia '"«g'-^" Meubles, ^ de leurs Equipages ,tant^ en Domeftiques , en<br />

Zvûkipté.' ChevauKo en Qbxem Lévriers, Se autres ,^'en Faucons<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


ni t'ILE DE CHYPRE. Liv. n» CH m. 77;;<br />

ne cédoieiit en rien à ceux des Princes. Je puis même affurer, avec<br />

vérité, que, bien qu'fls foient devenus efclaves du Turc, fls<br />

confervent encore les mêmes inclinations, &, autant qu'fl leur<br />

eft poffibk, les mêmes maximes de fàfte, de luxe, & de volupté.<br />

• Les. chakurs immodérées du Cflmat font, que les Habitans en gé- j^ur tauie<br />

néralont toujours été, fi fon en croit les anciens Hiftoriens, &font "^^'"c^« ,<br />

encore aujourd'hui d'une taille médiocre, quoiqu'fl paroiffe, que, leur bafa-.<br />

depuis fintrodudion des Turcs y fls'y en trouve quantité qui font "'^•<br />

fort grands; mais la plupart font plus maigres, que gras, plus<br />

bruns, que blancs, plus difpos, que forts Se robuftes. Il en eft<br />

de même des Femmes, à la réferve, que, fi elles étoient autrefois<br />

auffi libertines, «Se débordées que les anciens Auteurs f affurent,<br />

elles en font aujoiàrd'hui fî bien corrigées qu'on peut affurer, que<br />

k Pudeur, & la Modeftie ont fuccédé,'chez efles,à l'Incontinence,<br />

''<br />

Se à la Débauche. .<br />

Ge nkft pas que, dans les Gantons reculés, qui ne font point Habitans<br />

fréquentés, & où, par confequent, le^ng a été moins mélan- f^^ï"**<br />

gé, fl ne fe trouve encore quantité de perfonnes de l'un,' Se de la Mer fort<br />

l'autre Sexe d'une blancheur, Se d'un embonpoint merveflkux. *' '<br />

Ce* qui fait conjedurèr, que l'air de ces Endroits a de tout tems<br />

été plus fain qu'aux Côtes de la Mer. U faut auffi convenir,<br />

que, malgré les appas de la vie licentieiife à kquefle ks Chypriots<br />

fe font de tout tems abandonnés, lorsque l'Idolâtrie, Se l'Intempérance<br />

triomphoient chez eux, plufieurs n'ont pas kiffé, dès ce<br />

même tems-là, de méprifer la Bonne-Chère, ôcles Plaifù-s> poiu:<br />

s'attacher ei^tiîèrement à la Vertu.<br />

'<br />

TosES, connu depuis fous le nom de Saint B-VRNABE', fut le Saints (f<br />

prémkr, qui, infenfibleà tous ces attraits, abandonna fon Pays, f^fj^"g„<br />

pour fe retirer à Jérufalm< H porta aux piés des Apôtres far- & Chypre,<br />

gent d'un gros Héritage, qu'il pofiédoiten CHYPRE ,& qu'fl avoit jofes m<br />

vendu, pour devenir vrai Difciple de JE'SUS-CHRIST. bé.^'''*'<br />

JEAN, furnommé MÀRC, Coufin de JOSES, fe convertit com- te^c<br />

K 3 men: '<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


7$ H I S T O I R E G E' NE' RALE<br />

meki, avec fa Mère MARIE. Touché des Miracles, qu'fl: vît fki*<br />

reau Sauveur du Monde en Paleftine y où il s'étoit retiré quelque<br />

tems auparavant, fl fe joignit au nombre de fes Difcîpks, &. devint<br />

un des feptante deux. On prétend même, que ce fut dans<br />

la maffon de fa Mère, que JE'SUS-CHRIST fit la Cène avec feé<br />

Apôtres, Se que Saint PIERRE fe réfugia, lorsque l'Ange le délivra<br />

de prifon.<br />

Nicanor. NicANOR, nobk ChypHoty prit k même parti. Se fut un des<br />

pmiJrf^* fept Diacres, choffispar les Apôtres; après quoi, fempfl de zék<br />

Diacres, ^^ ^^ Compatriotes, fl repafïà en CHYPRE, pour leur prédiét<br />

l'Evangile, & fl y reçut la Cojuronne du Martire.<br />

Mnafon, MNASON , Chjprioty fut aulïi Difciple des Apôtres; comme oh<br />

^^wst" le vok dans divers Paffages des Ades. A l'imitation de ce Saint<br />

Homme, diverfes autres perfonnes de l'un. Se de fautre Sexe,<br />

Se de toute condition, embraflèrent la Foi Chrétienne, & vécli-<br />

Fiufteuirs rcHt avcc Une modération. Se une fobriété exemplaires. Sur tout<br />

Chypriots lorfque PAUL SERGIUS , Procoiifol/{ozw


''DE L'ILE DE CHYPRE. LÏV. II. -CH. lll, 7p<br />

du Bourg Marataffèy ne fut pas moins zélé pour la propagation<br />

de la Foi. Catholiqne. Il fe diftingua au Concile que le Pape DA-<br />

MASE tint à Rome , en 368. ou 6p. Se affembla un Synode<br />

dans fon'EgUfe Êpifeopak, en 399, pour àondamner les OrigéfUft0Sy<br />

qui-Êiifoient alors grand bruit; & interdire des Livres<br />

de k fauffe Dodrine dO R i G E^W È , déjà condamnés par T H E'Op<br />

HIL E, Patriarche d Alexandrie.<br />

< - A NT H E'M tu^ s, autre Evêque de &7/tf»i/«^, fut encore plus re- Anthé<br />

nommé pour la fauiteté de fa vie, & pour fes grandes charités, Jil."j;sàf'<br />

t}ue pour avoir trouvé en CHYPRE fe Gorps de f Apôtre de* St. ^^°""®-<br />

BARNAIRÊ' , Se foutenu ks prérogatives de fon Ëglkè, contre les<br />

Patriarches d Antioche y qui Vôuloi^t k foumettre à leur Jurisdidion.<br />

* ,<br />

Saint JteAN, TAwmoniery natif dAm thunte y & Fils d'Ew-St^ J^^^<br />

PHÀNES , D^, ou Gouverneur de file, pour ks Empereurs de nier, natif<br />

Conflantinople y remplit non feulement fon Pays natal, mais en- ^^A^^'*"<br />

core Ifes autre* où fl pafkr, d'exemples fî extraordinaires de cha- î^""'*rite,<br />

qu'fl méritakfumomd'^/»d«/^, qui lui eft demeuré. Lors<br />

^u'en l'année &iQi l'Empepair-HE'RA-CLïus Pobligea dW<br />

cepter le Patriarchat d Alexandrie yil ne s'apfiqua qu'à y rempfir<br />

feintement les devoirs d'un Pofte fî éminent, à diftribuër fon<br />

bien aux pauvres y à corriger les Mœurs de fon CfeJgé , à abolir<br />

la Simonie, & l'Héréfîe, & enfin, à faire bâtir des Eglifes,<br />

& des Hôpitaux. Mais, comme fl fut obkgé, vers l'an<br />

tSié. de quiter la réfidence de fon Patriarchat, pour éviter k<br />

perfécution des Hérétiques , & cefle des Sarrafins y qui commençoient<br />

à fe répandre dans VEgypte y il fe retira dans fa Patrie<br />

, où fl continua toute fa vie à exercer fes grandes charités.<br />

Il mourut à Amatbunte y heude fa naiffance, en 620. On ra^<br />

porte, comme un ptodige, & un effet remarquable, de fà fainteré,<br />

^ue les corps de deux Evêques^ qui avoient été mis dàn*<br />

k Tombeau où fl fut dépofe, fe" rangèrent, pour lui faire pkce,<br />

aumflieud'eux. C'eft'ce


8o HISTOIRE G E' N E' R A L E<br />

i •<br />

RONius. La vie de St. JEAN VAumônier a été écrite par L E o N-<br />

CE, Evêque de Umifol y Se approuvée par k fecond Concfle de<br />

Nicée.<br />

^vT^^de ^^ niême L E'O N c E , Evêque de Limifol, pénétré des grands<br />

Limiioi. exemples d'amour de Dieu, & du Prochain, que i lui avoit donnés<br />

la vie de St. JEAN V Aumônier y les imita fî bien, qu'fl édifia<br />

tous ks Peuples de fon Diocèfe par fa piété , par fe douceur<br />

' ^ à les inftruire lui-même. Se par fon infatigable apUcation à les<br />

^ affifter dans leurs befoins. c<br />

luflfesPer- H feroit ennuïeux, & même fort dificîle de raporter k quan-<br />

"^hrétiens ^^^^ ^^ Saînts Evêques de flk de CHYPRE , qui ont gouverné, avec<br />

beaucoup de prudence, Se une grande fainteté de mœurs, non<br />

' feulement les Egflfes de ce Pays-k, mais encore celles d Antioche,<br />

d Alexandrie y Se de Conflantinople y où ils ont été appelles<br />

par les Empereurs^ Ils ont tous également bien rempfi les devoirs<br />

de leur Miniftère.<br />

PAUL IV"^. fut élu, malgré luî. Patriarche de'Conflantinople y<br />

après NICE'TAS, vers l'an 170. GEORGE, Archevêque dans<br />

k 8"î^ Siède, a mérité d'être mis au nombre des Bienheureux.<br />

,.;<br />

Un autre GEORGE , Patriarche de Conflantimple y en 1234..<br />

a compofe divers beaux Ouvrages de Morale, qui; fe trouvent<br />

dans la Bîbliotèque du Fatican.<br />

Un troifième GEORGE, OU G R E'G OI R E , autre Patriarche<br />

de Conflantinople y en 1230. fut toujours fi zélé, pour la confery<br />

yation de la Foi Orthodoxe, &pour la faire obferver dans toute<br />

fa pureté, que, malgré fon grand âge, le péril, Se la longueur<br />

des Voïages, fl vint en Europe y .pour affifter à tous les<br />

Conciles qui fe tinrent de fon tems.,<br />

.- Ces Saints Perfonnages n'agiffpient pas avec moins d'ardeur,<br />

contre les Héréfîes, qui s'élevèrent de leur tems. Dans la crainte,<br />

que celle des Monothélites n'irSe&.it leur Pays, fls s'afiem.blèrent<br />

tous, en 64.3. pour en condamner les. erreurs, poyr défendre<br />

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D E L' I LE D E c H Y p RE. Lrv. IL .CH. II ]. si<br />

fendre à leurs peuples la firéquentation de ces Hérétiques, Se la<br />

ledure de leurs Livres.. C'eft ce qui paroit, par une Lettre qu'ils<br />

écrivirent au Pape THE'ODOSE, qui loua extrêmement leur attention<br />

, Se leur conduite. Gette Lettre fe trouve auffi dans laBîbfiotèque<br />

du .Fatican.<br />

Pour ne point ennuïer le Ledeur, je ne parlerai point du grand Article iih<br />

nombre de perfonnes de dfllindion de fun, &de l'autre fexe, qui Ssivans.<br />

ont embraffé la Vie Monaftique , ou folitaire , Se qui ont confumé<br />

leurs jours dans un exercice continuel d'auftérité, Se de<br />

toutes les Vertus Chrétiennes, quoique chacune de ces perfonnes<br />

méritât un éloge particulier. Grand nombre d'autres fe font<br />

auffi attachées à f étude des Sciences ; Se efles ont laiffe d'excellens<br />

Ouvrages.<br />

A s c L E'P IA D E, qui s'étoit attaclié à la Médecine, a écrit très- Afciépiafevamment,<br />

fur ce fujet. ^J^<br />

Z E'N ON, natif delà Vflle de Ketin, ou Cithéon, fut auffi célè- zénon./a.<br />

bre pour fePhflofophk, que pour avoir fondé la Sede de Stoïciens ^j^J,^'<br />

qui fleurit à Athènes y où ce favant homme fut jette par une Tempête,<br />

&0Ù fl l'enfeigna.<br />

NICAGORAS n'a pas été moins renommé pour l'Hiftoire, com- Nicagoras,<br />

mêle témoignent ARNOBE, &FULGENCE, qui le citent fouvent. J?JJ,.^'-^°"<br />

APOLLONIUS , natif de la même Vflle de Cithéon, a été le plus favant<br />

Médecin de fon tems, Se a laiflé divers excellens Traités de<br />

Phifique.'<br />

DEXIPHANES exceUa dans f Architedure. Ceft le même, que Dexîpha-'<br />

la Reine CLE'OPAT RE emploïa, pour le rétabliffement dek Tour /"^t'^rS<br />

du Phare d Alexandrie, & pour la çonftrudion d'unQiiai, qui f'«*f*»<br />

joignoît cette Tour au Continent, dont efle étoit éloignée de plus<br />

de cinq-cens pas, ou de fept Stades. C'eft ce qu'en dit APIEN MAR­<br />

CELIN ; quoique GE'SAR, & d'autres Auteurs affurent, que ce<br />

fut PTOLOME'E, qui emploïa DEXIPHANES, 6C fon Fils, auffi<br />

habikque fon Père, dans f Architedure,<br />

L DE'-<br />

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82^ H I s T o I R E G E' N E' R A L E<br />

p^Sfc"' DE'MONAN, cet homme incomparable, qui vivoit dans k<br />

dont Lu- premier Siècle de JE'SUS-CHRIST , Se contemporain de Luh%t&<br />

CIEN, qui raporte ce que j'en dis, a été un Philofophe des plus<br />

les Moeurs, renommés. Se un vrai modèle de Vertu Païenne. Il étoit natif<br />

de l'Ile de CHYPRE, d'une Maifon Illuftre, Se opulente ; mais,<br />

comme la fubUmité de fon efprit forpaffoit fe; fortune, il méprifà<br />

tout, pour s'adonner à la Philofophie, fens pourtant y<br />

être excité par perfonne. Quoiqu'il eût vécu famiflèrement avec<br />

AG.ATHOBULE , DE'ME'TRIUS, EPICTLTE, & Ti-<br />

MOCRATE dHéraclée, fl ne s'attacha à aucune Sede particulière.<br />

Il prenoit ce qu'il trouvoit de meifleur en chacune , &<br />

laiffa indécis laquelle il eftimoit le plus. Il paroît cependant,<br />

qu'fl faifoit plus de cas de S OCRA TE, que des autres Philofophes,<br />

quoiqu'en fon habillement, Se en fe,manière dé vivre, fl imitât<br />

'' davantage DIOGE'NE.<br />

Démonan* DE'MON AN a vécu près de cent ans. On 3ît qu'fl ne fut jamais,<br />

ni trffte, ni malade; qu'fl fervoit cordialement fes amis, lorfqu'flsavoient<br />

befoin de lui, fans leur être à charge, ni faire tort à perfonne,<br />

perfuadé qu'fl n'y avoit pas de plus grand tréfor, que l'Amitié.<br />

LUCIEN raporte, que les Athéniens, Se toute la Grèce Favoient<br />

en fî grande vénération, que les Magiftrats fe kvoient,<br />

lorsqu'il paffoit ; que chacun faifoit Iflence, lorfqu'fl vouloit parler.<br />

Dans un âge fort avancé, il logeoit indiféremment où il fe trouvoit<br />

; on s'eftimoit auffi heureux de favoir pour hôte- que fîfon<br />

eût reçu un Dieu; Se tout le monde s'empreffoit à lui faire<br />

du bien. Comme il reconnut, qu'fl ne pouvoit plus fe fuffire à<br />

lui-même, il dit à ceux qui fe trouvoient alors auprès de-lui; On<br />

peutfe retirer, leSpeftacleefî achevé-, &il mourut,faute démanger,<br />

fans rien perdre de fa gaieté ordinaire.<br />

^^^^ lu- ^^ ^^^^^ ^ ^^ ^^^ ^^ ^^ même Ville que le prémkr; fît tant de<br />

Xlin. progrès dansia Médecine, qu'il l'enfeigna long-tems dans la Vifle;<br />

dl Alexandrie y où fl eut pour Difdples ORIBA^SE, SL plufieurs autres<br />

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DE L'ILE î>E CHYPRE. LIV. II. CH. IIÏ. sj<br />

ti-es excellens Perfonnages. Aitffi, (|uoîque Chrétien, fl fut trèst:héri<br />

de JULIEN VApoflat.Qe Z E'N ON a kiffé plufîeurs Livres trèseftimés;<br />

entre autres, celui qui a pour titre Medidna Principes y<br />

qui eft un Chef-d'œuvre.<br />

HERMIAS SOZGME'NE, furnommé le Scholaftiqtiey natif de Hermias<br />

k Vflk de Salamine, a écrit très-fevamment VHiftoire Eccléfiatli-f^f'^Zu^<br />

me y en neuf Livres, depuis le troifième Confokt de CRISPUS ,'^«^'Hiftoirc<br />

Ecclc-.<br />

& du jeune CONSTANTIN, tous deux Ccfars, c'eft-à-dire, depuisCaiiique.<br />

fannée 324. jufques en 4,35^<br />

ONESIME-, fameux Sophifte «Sc'Orateur, qui vivoit du tems duoneCme.<br />

grand CoNSTANTïN,a auffi écrit plufîeurs beaux OwTages,qui ont^^^":^'^<br />

été «lâlheureufemênt perdus; Se dont on ne trouve le^déiiombre- O'»^"'»"ment,<br />

que dans SUIDAS. " -^f-<br />

II s'eft aùffi trouvé en CHYPRE une Famflle nommée Oviiio^Famiiie<br />

G E'N E s, qu'on ne doit pas oublier de mettre parmi les grands Per- gènes!*'^<br />

fonnages que cette Ile aproduits^ Ils avoient, dit on, k'propriété<br />

d'enchanter les SerpeiiS de toute forte d'efpèees, jusqtf à forcer ces<br />

Animaux venimeux de kscarefferj Se de les lécher, comme de petits<br />

Chiens, au lieu de leur faire du mal. Ceux*de cette Famflle gué-<br />

TÎffoient, par leur feul attoucliement, tous ceux.qui étoient piqués<br />

des Serpens, &qui avoknt recours àeux. EXAGON, Ambaffadeur<br />

de CHYPRE à Rome, qui écoit de cette Race-la, voulant<br />

prouver auxConfulà, qu'fl étoit vrai, que fà Familk avoit cette<br />

propriété, fe mit tout nud dans un tonneau rempli de Serpens:<br />

Ces Animaux, au grand étonnement des Romains, le câreffoient<br />

& le léchoknt, comme je viens de le dire. Soit qu'il refte enco».<br />

re des gens de la même Famflle, ou que quelque autre ait hérité<br />

de fa vertu, fl cft conftant, qu'fl s'en trouvoit encore un à<br />

Famagoufte,en fannée 1701 ; qui, par quelques paroles qu'fl prononçoit<br />

tout bas, guériffoit de la morfure des Afpics, Serpens<br />

très-venimeux, & très - dangereux en ce Pays-là. Ge qu'fl y<br />

a encore de plus furprenant, c'eft que le même homme guériffoit<br />

L 2 les<br />

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u H I S T O I R E G E' N E' R A LE<br />

les Malades, qui n'étoient. point en état, de l'aller trouver.^<br />

en faifant tenir debout celui qui y alloit de leur part, Se luî<br />

mettant un gobelet d'eau entre ks piés, dans lequel, après<br />

avoir proféré quelques paroles, il jettoit une petite pincée<br />

de la terre qu'fl avoit fous les piés , Se la lui fafloit<br />

er/nite avaler ; après quoi, le Malade, qui fè ti*ouvoit quelqiefois<br />

éloigné de quinze ou vingt lieues, étoit entièrement<br />

giéri..<br />

'Articleir- A.M'égard dès Armes, ks Chipriots naturels n'en ont prefque<br />

jamais aimé f exercice, qu'autant qu'fl a pu contribuer à leur plaide<br />

Sm^i fir. Il femble, que le Climat de leur lie leur ait toujours infpiré<br />

«aïmS^^s incUnations oppofées, à celles qui doivent former les Guerriers.<br />

Auffi ont-fls été obligés de tout tems, de fe fervir d'Etranr<br />

gers, pour les garder;. & ceux-ci s'a vfliffoient bientôt parmi eux.<br />

Ils étoient toujours la proie de toutes les Nations, qui entreprcrnoient<br />

de les piller, ou de les fubjuguer. Enfin, fi l'on en excepte<br />

EYAGORASyRoi de Salamine, Se quelques-uns des autres petits<br />

Souverains, qui en ont partagék Domination, lefquels confervoient<br />

encore un refte de l^ valeur des Princes Grecs, dont ils étoient<br />

iflus, & qui s'y établirent, après la deftrudion de Troie y on n'en<br />

trouvera aucun, qui fe foit fignalé à la Guerre, ni qui ait mérité, aucune<br />

place dans l'Hiftoire des tems reculés, dont je parle. Depuis<br />

même que le Pays fut abandonné, faute d'eau, «Se enfoite repeuplé,,<br />

pas les foins de Ste.HE'LENE, les Habitans n'en,furent pas plus<br />

guerriers. La feule adion courageufe qu'on trouve, a été celle de<br />

forcer les Templiers, à qui RICHARD, Roi dAngleterrey avoit<br />

vendu la Domination de leur Ile, à k remettre à ce Prince. Ces<br />

Chevaliers, tout Soldats qu'ils étoient, ne purent les réduire à<br />

l'obéïiïance.<br />

Il eft pourtant vrai, que Gui de LUZIGNAN, Roi de Jérufalem y<br />

en aïant enfuite poiiédé la Souveraineté, Se mené avec lui quantité.de<br />

Nobleffe Françoife y en fit, en quelque manière, changer la<br />

œn-<br />

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DE L'ILE DE CHYPRE. LIV. II. CH.IIL 8^<br />

confteflation.' Depuis ce tems-là, plufieurs du Pays fe fîgnalèrent,<br />

cn diverfes occafions, dans les longues Guerres, que les Chrétiens<br />

eurent à foutenir contre les Infidèles, C'/mme on le verra dans k<br />

foite de cette Hiftoire. En Europe même, lorfque les Armes O/tomanes<br />

les obligèrent à abandonner leur Patrie,fl? donnèrent des<br />

marques éclatantes de leur valeur, & de kur courage;- Témoins Rares<br />

les Seigneurs de la Maifon d'AviLA, qui remplirent di2;nement les Henri "^ *<br />

Emplois Militaires qu'ils avoient obtenus en France, où fls s'é- Catarin<br />

toient réfugiés; & fur-tout HENRI CATARIN,. lequel après s'être<br />

diftingué dans les diferens Combats, où fl s'étoit trouvé, pendant<br />

les Guerres ciyiles de ce Roïaume, nous a kiffé un Monument<br />

de fon favoir, dans l'Hflloire des Evènemens qui font fî<br />

long-tems afligé.<br />

Gomme file de Chypre a auffi produit des Femmes, qui ont Fermes<br />

é^alé les plus grands Hommes en courage Se en ré:)liition, fl ne ^^^^^^u^'^j:^^,<br />

feroit pas jufte de leur ôter la gloire que méritent leurs adions hé- fait des<br />

roïques. AGIOTHE'E, Femme de Nicoa-ES, Roi de Paphos y doit héroïques..<br />

tenir le premier rang. Cette Héroïne, pour empêcher lès Gens<br />

de PTOLOME'E LAGUS, qui favoient affiégéé dans fon propre<br />

-Palais, d'abufer d'elle. Se de fes deux Fflles, les poignarda de fe Agiothée.<br />

propre main, & fe donna enfuite la mort à elle-même. Ce qui<br />

arriva dans un tems, où tout fe reffentoit encore du culte de VET-<br />

NUS.<br />

L'Adion éclatante de RENE'Ë de ROCHAS, jeune Demoifelfe Renée de<br />

d'uae des plus illuftres Maifons du-Roïaume,& plus digne de por- ^^'^^^^'<br />

ter une Couronne que des Chaînes, eft également di^ne d'admiration.<br />

Après la prife de Nicofie y en l'année 15:71. elle fe trouva<br />

embarquée, avec la fleur des Beautés de file, tant en jeunes garçons<br />

, qu'en jeunes fifles y Se les plus précieufes dipouflles de cette<br />

Capitale; comme elle vit,, que k gros Vaiffeau,. où elle étoit,,<br />

portoit les Vidimes deftinées, par MU:T\PHA Pacbay à l'ufage<br />

dû.Sultan fon Maître, enflamée d'un gé.xreux reffentiment de fe<br />

L'3J voir^"<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


«« HISTOIRE GE'NE'RALË<br />

voir condamnée, après la perte de fes Parens, & de fes Biens, à"<br />

'affouvir la paffion brutale d'un Infidèle, efle mit le feu aux poudres,<br />

& fit fauter le Vaiffeau en fair. Ainfî, ce Barbare ne put<br />

faire aucun ufage des Ridieffes de fon Pays, ni jouïr defle, & de<br />

fes Compatriotes, qui, outre la perte de kur honneur, auroient<br />

peut-être été contraintes de renier la Foi de J. C Se- de vivre<br />

dans k fauffe Créance de MAHOMET.<br />

Plufîeurs autres perfonnes de diftindion, qui, après la perte<br />

de ce Roïaume, eurent k bonheur de fe réfugier à Fenife y Se dans<br />

quelques autres Vifles d'Italie, quoiqu'elles n'aïent pas fait d'actions<br />

fî éclatantes que cefle de îa DemoifeUe de ROCHAS, n'ont<br />

pas kiffé de donner, dans kurs adverfité?, des marques d'une<br />

conftance, & d'une vertu, dignes de louange. Quelquesunes<br />

même fe font tellement diftinguées, dans les belles<br />

Lettres, qu'elles ont mérité de grands applaudiflemens, & d'être<br />

mifes au rang des Hommes Illuftres; Parmi ces derniers a<br />

fur tout 'brillé JASON DENORES, fun des principaux<br />

Seigneurs de CHYPRE, qui fc retirîp à Padoue y où il enfeigna<br />

long-tems, avec beaucoup de réputation , dans f Univerfîté de<br />

cette Vifle, & laiffa divers Ouvrages remplis délégance Se d'érudition.<br />

Il auroit été à fouhaiter, que k Père LUZIGNAN fe fut<br />

anffi bien aquité de l'Hfftoire de ce Roïaume t^tffl -a compoféc;<br />

mais fl faut avouer, que ce bon Religieux étoit beaucoup plus recommandabk<br />

par fe naiffance, & par fe piété, que par fon fevoir.<br />

Malgré toutes les diligences qu'il paroît avoir faites,<br />

il a rempfi fon Livre d'un fî grand nombre de Fables, Se d'imaginations,<br />

qifun Auteur moderne a dit, que c'étoit un affemblage<br />

de Blaphêmes hiftoriques. Il me paroit cependant, que, quelque<br />

fabuleufe que foit fon Hiftoire , en bien des endroits, par raport<br />

à la foibleffe qu'il a eue, de vouloir attribucîr à fon Pays natal<br />

quantité de Faits, qui n'en font point, & qu'il doit avoir puifés<br />

dans les Fidions des Auteurs Grecs qui lui étoient familiers-, on<br />

peut<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE L'ILE DE CHYPRE. LIV. n. CH.III. -I 8r<br />

peut encore y trouver de la fetisfadion, foît pour ce qu'fl y a de<br />

fondé fur des conjedures. Se des vraifèmWanees, foit pour ce<br />

qu'on y trouve de bien apuïé par d'autres Auteurs, qui ont mérité<br />

faprobation générak. Tout k monde feit, qu'fl y en a pluh^<br />

fleurs qui ont parlé - d'ADONIS , de VE'NUS, des Fêtes AdonienneSy<br />

Se des Loix flbertines & voluptueufes, que cette Reine impudique<br />

avoit établies, en faveur des Filles du Pays, qui alloient aux Rivages<br />

de la Mer fe proftituër aux Etranges, qui y abordoient,<br />

pour gagner leur Dot; Coutume, qui, comme nous l'avons déjà<br />

dit, dans le premier Livre de cette Hiftoire, facilita à DIDON ,<br />

felon JUSTIN, fenlèvement de plus de quatre-vingts de ces<br />

Nimphes, qu'elle maria enfuite avec les Hommes de fa Flotte, fur<br />

laquelle efle vint de Tyr à CartbagCy pour y fonder fon Etat.<br />

Les fréquens changemens, & les grandes révolutions qui font<br />

arrivées en CHYPRE , marquent f inftabflité des chofes humaines, Se<br />

prouvent qu'fl fe trouve des Régions, qui y font plus* fujettes les<br />

unes que les autres:. Ce Pays-là eft de ce nombre, Se fon ne<br />

fauroit difconvenir, qu'fl n'ait été auffi maflieureux, que fon féjour<br />

eft agréable; puifqpe fes Habitans n'ont jamais eu le bonheur<br />

de fe conferver long-teijjfr (fens un état de tranquiilité. Outre les<br />

diverfes fois qu'on les a dépouillés, dè^ toutes feurs Richeffes , &<br />

qu'fls ont été affligés par d'autres fléaux , comme de Sécheref^<br />

fe , d'Inondations, de Pefte, de Famine, & de Sauterelles y<br />

ils ont encore éprouvé la Servitude de la plupart des Peuples<br />

dOrient, Se d Occident, qui les ont attaqués tour à tour,<br />

comme je fai raporté dans mon premier Livre, & dins celui-ci.<br />

Mais, comme, dans la foite, cette Ile a été poffedèe d'une manière<br />

plus ftable, Se plus folide par les Princes Latins y qui devinrent<br />

auffi maîtres de Jérufalem ,-]e ne puis me difpenfer, après<br />

avoir parlé des Antiquités du Roïaume de CHYPRE , de fes qualités, de<br />

fa fertilité en général. Se de fes produdions en particufler, de<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


?8 HIST. GEU DE L'ILE DE CHYP. LIV. IL CH. m.<br />

même que des Hommes Ifluftres qui l'ont habitée, ou qui y ont<br />

pris naiffance, de joindre ici un abrégé de celui de Jérufalem. J'y<br />

fois d'autant plus porté, que les Affaires de ces deux Etats ont<br />

eu une fî grande liaflbn, qu'on ne fauroit faire fHflloire de l'un,<br />

fens parler de l'autre; fur-tout, lorfqu'ils ont été gouvernés par un<br />

ôiême Souverain.<br />

^fe:-<br />

H I-<br />

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HISTOIRE GÉNiRALir<br />

R G ï A° U M E S<br />

D E<br />

CHYPRE, JÉRUSALEM,<br />

D' É G^Y^P T E.<br />

L I V R E IIL<br />

CHAPITRE PREMIER.<br />

(^^t^ E'RUSAL£M, qui eft une des plus nobles. Se article h<br />

""des plus anciennes ViUes de VOrient, Métro-<br />

^^ pôle. Se Siège Roïal des Rois de j^dée, fut<br />

;'^'fondée par un Prince de Cananée y qui fe<br />

'-. nommoit k Roi JU&TE, à ce que dit FLAVIUS<br />

JOSEPH , au 7^ Livre de la Guerre Judaïque, Dîverfet<br />

Quelques-uns prétendent, que ce Fut par SEM, 2r&<br />

Fils de NoE;d'autrcs en attribuent la Fondation àMELCHiSEDEc- d'au- "^^^<br />

M ' Jéiufalem.<br />

très<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


çè n I SrT.-0 IRE €rE'M Ë' H A h Ê:.<br />

trèsvc^ttlent,que fon^Fondateur aitét^S^Lpi^ Fil^^'^RPfiAX^D;<br />

C SALEM a jamais été un homme. Il fe trpiive ime tr'oifièitieQpi-'<br />

nion, qui attribue fon-Origine aux Jékq/'éem y- Dèiç^fidms, de<br />

;CAM. - '• • • • ' • ' ' • • ^ ^ ^ ^ • • • ^ " - ' ' ' •••<br />

' ;• Les Hiftoriens ne s'accordent pas plus^ Jur le^rNf)?lS^9ue cette<br />

Vflle a portés^ que for fes Fondateurs. (Le même Jos^ç;.? H, Se_ .<br />

EGYRIPE , affurent, qu'efle fut d'abord ^ppeUe^Safij?ta ^.'à^qu'a-^<br />

près MELCHISEDEC, elle fiit nommée jérofoUm'a r d'autres veulak<br />

quantité d'Apandiers qui y croiffoienten ce tems-S^ Sgdifent, qu!ipn<br />

^ rappella enfuite Bétbely c'eft-à-dire. Mai/on, cîè^piètiv,Que^^<br />

.uns, affirment encore, qu'Elfe fut nommée^ T^'Jw^*,, àes^fmtiens y<br />

qui, félon cette opinion, la pollederent loiig-tems, après en avoir<br />

châffé ks Enfans de SALEM; .& que ces Peuples, aïknt joint<br />

k nom de Jébus à celui de Salem y h. nommèrent Jébufalemy<br />

Nom qu'elk a retèmi Jûfqu'aV ^^^^ du Roi I)^VID, qui s'en em-<br />

. para, & qui le changea en celui de Jh-ufalemy qu'elk a conferve<br />

^ jufqu'à préfent; fî ce n'eft durant !e tems de l'Empereur ELIUS<br />

ADRIÇN, quf, aprèsravoifrenterrée, & détruit fes JwfSy la<br />

fit rebâtir, & nommer, de ifon propre Nom , Etia.<br />

Cependant, quel qu'ait4té le Fondaçeur de cette célèbre Ville,<br />

& quelques noms qu'elle ait portés, efle augmenta long-téms. fa<br />

Domination; &.,.par mie fav^ divine, efle lut comblée de toute<br />

^w^âl^ forte de profpérités. ^Mais,.enfin,Dieu, irrité de fj^oktrîe du<br />

M(ies' Roi SALOMON, Se de llmpietè de fon Ffls ROROAM,'envoïa fur<br />

efle. Se for fon Peupk des Ûéau^, & des punitions terribles. 11<br />

permit, qu'efle devînt la prok de plufieurs Nations barbares &<br />

cruelles, qui la feecagèrent, k brûlèrent. Se la. détruifîrent preA<br />

que entièrement, pfllèrent,& prophanèrent fon Temple, enchai,<br />

nèrent, & maffacrèrent fes Rois; Se pafferent fes Habitans au fil<br />

de l'épée, ou ks menèrent en efckvage, fans diftindion d'âge, ni<br />

de fexe*<br />

Mais=<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE'RUSALEM. LiV. HI. Cat pj<br />

Mais aucune de ces Défoktions, quoique terribks, n'égala Cd- Sadefill^.<br />

ie qu'efle fouffrit fous TITUS VESPASIEN, dont il y a appareiKîé, ^^'^<br />

que Dieu fe fervit pour châtier ce peuple ii^at & impie , <br />

- CAÏUS NE'RON , qm gouvernât alors f Em|âre, irrité de kur<br />

rébelflon, envo'ia d'abord VESPASIEN, avec ime puiflànte Armée<br />

en Palefline y pour les exterminer. Ce Général devenu lùmpe- sadémoureur,<br />

dès le commencement de fon Entreprflè, en kiffe k fom à x1?Jsf/L<br />

TITUS, fon Fils, & s'en retourna à ROME, pour s'oppol^ àrVefpaCen<br />

ViTELLius, fon Concurrent à l'Empire. Ce jeune Romain^ s'aquita<br />

très-fevèrement de k commiffion que fon Père lui avok laiffée. Il<br />

fe rendit m^tre de Jérufalem, après un long Se très-rude fîége :<br />

fl fit démoflr cet;te Vifle, jufqu'aux fondemens ; de forte qu'à peine<br />

en demeura-t-il quelque trace. Il y périt douze cent mifle<br />

Juifs; Se fl en reflâ quatre-vingts dix-fept mflle en efekvage.<br />

Voflà comment cette fuperbe Vflle fut détruite, après avoir été<br />

onze-cens ans k fiége de fe Rehgion Judaïque ; c'eft ainfî que<br />

îe Peuple Hébreu, fut privé de fe flberté, & entièrement dépouillé<br />

de toute fe grandeur, & de toute fon autorité. On peut<br />

dure, que jamais aucune Vflle du Monde n'a été plus féconde en<br />

Prophètes, Se qu'aucune n'en fiiC plus ennemie. Aucim Peuple<br />

ne s'accrut jamais par de phis faints Principes, Se aucun ne fut<br />

enfuite foufllé de tant de vices,& de tant de crimes,ni plus juftement<br />

puni de fes iniquités.<br />

Après cette terrible déftHidion, k Roïaume de Judée demeura jujfs, r/paffibk<br />

Se tranqufle, fous la Domination des Romains y jufqu'au JJ^^^» ^<br />

M 2 ' tems<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


jpa H I S T.O I R E ' G E^ N F KAL E<br />

tems d'Enus ADRIEN, fous k Règne auquel les Jûifs^firenf<br />

une nouvelk tentative, pour fecouër le joug. -Mais, leur en-^<br />

treprife, & leur témérité furent bientôt punies, par le nouveau-<br />

Jérufalem maffacrc d'une infinité dentre eux^ & la deftrudion prefqu'entière<br />

rebâtie, de kur Pays. Ge fut alors , que. cet Empereur fit/rebâtir la^<br />

Smnoni Vflle de Jérufalem y fur les ruïnes de la première. Afin qu'il<br />

ceiuf " ne reftàt aucune mémoire dès noms qu'elfe avoit portés auparad'Ehi,<br />

yant, fl la fit appefler Eliay felon EUSE^'BE. Gê Prince défendit<br />

expreffément aux Juifs y non feulement d'y entrer, mais'<br />

encore de k regarder de loin, tant fl. avoit''conçu de Imine con^<br />

tre ce Peuple rébelle.<br />

Comme, fur les remontrances dé QUADRÀT, Evêque d'Athée<br />

nes y Se du Philofophe ARISTIDE , ADRIEN avoit ceffé de perfé- -<br />

cuter les Chrétiens y & promis de ne les punir, que pour crimes<br />

, & non pour leur Religion , &> qu'il en- allok un grand*<br />

nombre en Pèlerinage à Jérufalem^ pourv vffiter les Lieux* où<br />

les Miftères de notre Rédemption s'étoient accomplis, fl leur<br />

^^^ £ K^' accorda cette ViHe, fan 138. afin qu'ils la repeuplaffent. Elle^<br />

îMf rfe jé-commença bientôt à refleurir, & eut alors MARC pour Evêrufaiem.<br />

^^ ;. &. ce fut k prcmfer. des Gentils Chrétiens y qui' gouverna'<br />

cette Eglffe.'<br />

^itl^ L'efprit de Haine , & d'Idolâtrie, dont ADRIEN ,& les,<br />

Lieux Empereurs Romains y qui favoient précédé, étoient poffédés*<br />

A^inT^ contre les Chrétiens, le porta, malgré k donation qu'il leur a-'<br />

voit faite peu auparavant, de k Vflle, de Jérufalem y à y fairetriompher<br />

f Impiété, dans les Lieux les plus Saints: ce que fEcriture<br />

appelle labominatlony ^J^ la défolàtion. Car fl'érigea<br />

un Tèini^le à JUPITER, fur le Calvaire y &..un autre à ADONIS<br />

en Bethléem y & des figures de Porcs, fur ks-portes de la ViUe<br />

de Jérufalem y en dépit des Juifs y qui ont cet Animal en horreur.<br />

Ces Monumens infâmes ont fobfifté jufqu'au tems de^:<br />

CONSTANTIN k Grand y qui les fit détruire, & .bâtît des Eglife*<br />

en kur pla$;e..<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


JE'RUSALEM'LIV. m. CH. r. 93<br />

•.'• La*même Idolâtrie pouffa lès Sueceffeurs' d'AoRii^N à inquiéter-,<br />

Se à perfécuter de nouveau les Chrétiens. Ils fouffrirent des<br />

perfécutions infinies, fous les Règnes d'ANTONiN, de COMMO­<br />

DE SEVE'RE, de MAXIMIN, de VALE'RIEN, D'AURE'LIEN, &de<br />

DIOCLE'TIEN; Leurs tourmens ne fe terminèrent que par la Con - Confianverfion<br />

de l'Empereur CONSTANTIN, qui donna enfin la paix Se ^cejirla<br />

k tranquilité aux Chrétiens; Se fls en jouirent jufqu'au tems de J^fchr^<br />

JULIEN VApoflat, Cet impie, au mépris du CbrifUarùfme, tiens.<br />

fit ouvrir par tout les Temples des Idoles; &,>non content de 3"«<br />

favorifer ouvertement le Pagaràjmey fl permit aux Juifs de re^<br />

tourner k Jérufalem y & même de rétablir le Temple de SALO- -<br />

MON, pour y facrifier felon leur-Loi, ce qu'fls ne purent pourtant Efforts"<br />

exécuter: car, pendant qu'fls travaflloient àr cet Edifice , fl forvînt ^^"*^f"<br />

un Tremblement de Terre, qui renverk, non feulement ce qu'ils poufreUtîr<br />

avoient fait de neuf, mais encore tout ce qui reftoit^ des fonde» saîamoi^*<br />

mens de ce célèbre Temple*> Divers autres Prodiges, qui arrivèrent<br />

dans le même tems, étonnèrent tellement les Juifs y qu'fls<br />

furent obligés d'abandonner entièrement le deffein de relever ce<br />

Sanduaire. Ils donnèrent auffi beaucoup de réputation, & de<br />

courage aux Chrétiens y qui, loùi d'en être furpris, les regardèrent<br />

comme des effets de l'Affiftance Divine, qui les délivra de la douleur,<br />

de voîr un Peupk réprouvé pofieffeur de ce Saint Lieu. Ils<br />

vécurent enfuite avec affez de repos. Se de tranquflité, fous les<br />

Empereurs Grecs y jufqu'au tems du cruel, & vîckux, PHOCAS.<br />

GosROEs, ,Roî de Petfcy irritéde la perfidie qu'avoit eue ce Tiran, cofroes,<br />

duforper l'Empire, Sede fairemourir l'Empereur MAURICE, Sefe& ^"^ i^«<br />

Enfixns, fe mit à la tête d'une puiffante Armée, avec laquelle, vlngeia<br />

après avoir fubjugué la Méfopothamie y fl entra Vidorkux ckns la ^^^J^^<br />

Syrie y qu'il mit entièrement à feu & à fàng. U traita de même là *«^ p^^<br />

Ville de Jérufalem, après favoir prifè par force. Il viola les cliofes<br />

facré2S Se profanes. 11 eut f inhumanitéde faire paffer trente-fix.<br />

mflle.Perfonnes, ou felon d'autres, quatre-vingts dix-mflle, au fil<br />

M 3 de<br />

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94 HISTOIRE G E'NE'RALE<br />

de^.c.^'^


DE JE'RUaALEM. Lit. ^m. G H. I. pj<br />

Eglifes, d'avoir un Evêque, ' & d^ejsercer kur Religion* Tous ces<br />

Privilèges n'empêchèrent pas f Egflfe de Jérufalem de fouffrir de<br />

grandes tribulations, fous k dure Domination de ces Infidèles.<br />

. ARON Rpi de Perfe, Se qui étoit leur Calife y laiffa enfin ref- chréJ^ns<br />

pirer les Chrétiens en paix, & leur donna le tems de fe réta- '^^ J^r^f^ibfir<br />

de kurj! calamités paffées. Il en ufa ainfî, par f eftime qu'il ^plhTcif<br />

avoît pour l'Empereur CHARLES-MAGNE , auquel même ce fu- -^^1}^^,^^,<br />

perbe Sarrafin avoît envoïé des Préfens confîdérables, malgré Dominai<br />

le mépris qu'il faifoit de tous ks autres Princes de la Terre. Les "'"^'<br />

conteftations qui s'élevèrent après la mort de ce Prince entre<br />

ks Sarrafins dEgyptty Se ceux de Perfe y pour la différence qui<br />

s'étoît gflffée parmi eux, au fujet de leur fauffe Croïance, allèrent<br />

fi loin, qu'fls en vinrent à une guerre ouverte entre eux.<br />

Gela replongea ks Chrétiens de Jérufalem dans de nouvefles défoktions<br />

, par raport aux fréquens changemens de Domination,<br />

qu'ils éprouvèrent alors , fe trouvant tantôt fujets aux Perfes y<br />

Se tantôt aux Egyptiens, felon que ks uns, ou les autres, demeuroknt<br />

vidorieux, ou vaincus.<br />

Après une longue & fanglante Guerre, ks Egyptiens eurent<br />

enfin le deffus , Se s'emparèrent de tout le Pays, jufqu'à Antioche.<br />

Ils kffsèrent pourtant encore goûter aux Chrétiens quelle<br />

tranquflité. Mais, foît que Dieu voulût fouvent les éprou- Perfécution<br />

-ver, ou que k Judée fût deftinée à des troubles, Se des rava- tiemfous'k<br />

ges continuels, -ils fouffrirent des perfécutions beaucoup plus ^^^^ ^'<br />

terribles, que toutes les précédentes, fous le Règne du Calife<br />

EQUEN. Ce fcélerac, qui étoît né d'une Mère Chrétienne^y apréhendant<br />

que fes Sujets ne fe cruffent pas véritable DAcipIe de '°'*'<br />

HALI leur grand Prophète, commença d'abord à les traiter avec<br />

beaucoupde févérité, & enfin à les perfécuter cruellement, dans<br />

fefpérance, que fe conduite rigoureufe, envers ks C&r^//mj, feroit<br />

perdre aux Sarrafins tous ks foupçons qu'ils pourroient avoir de<br />

lui. Cet Impk ne fe contenta pas des maux infinis qu'fl kur faifok<br />

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ç6 H I S T O I R E i G E' N E' R A JJ^<br />

foît fouffrir, il eut encore la fureur de faire .renverfer le Tèltt^<br />

pie du Saint Sépulcre y dont le vénérable ORESTE, Frère de k<br />

Mère de ce Califcy étoxt Evêque. Ge Sanduaire demeura 37. ans<br />

dans ce déplorable état ; malheur qui fut encore plus infuportable<br />

à ce pauvre Peupk, que la perte de fes biens, & de fa flberté.<br />

Malgré la doukur qu'fls reffentirent, delà deftrudion de ce<br />

facré Monument, ils njs purent le rétablir, que dans le tem-<br />

Ï044- que CONSTANTIN MONOMAQUE gouvernoit l'Empire de C(?«/?^«-<br />

Z.Î Calife ti^^P^^' Ils lui députèrent JEAN ÇARRIANITHE, Homme d'une<br />

àla prière feinte vîe, quî agît avcctaut d'ardeur, & d'efficace, auprès de<br />

ftlntiV ce Prince, qu'fl fe rendit enfin à fes inftantes prières. DABER,'<br />

fie"SJ- ^^^ ABOUMENTOR ELMORITENSAB, Calife d'jE^yp/^, cqnfentit à<br />

«t.' le faire rebâtir; & fl eut même k générofité, félon quelques<br />

Auteurs, de faire relever ce Tempk, à fes propres dépens. D'autres<br />

difent, qu'il ne fit qu'en accorder k permiffion aux Chrétiens',<br />

Se que ce furent eux-mêmes qui le rébâtirent, auffi bien<br />

que les autres Eglifes de Jérufalem y vers l'année 104.4,. GUIL­<br />

LAUME de Tyr affure pourtant, que ce Prince charitable, touch<br />

des mifères. Se des fouffrances des Chrétiens y qui habitoient<br />

dans cette ViUe, Sç qui étoient ailés fe jetter à fes piés,<br />

pour lui reprérenter l'impuiffance où ils étoient de fournir à la<br />

quatrième partie des Murailles, Se des Tours que les Sarrafins<br />

dEgypte ,les contraignoient de rebâtir, leur promit une groffe<br />

fomme d'argent, pour cet ouvrage, à condition qu'ils obtiendroient,<br />

du Souverain de cette Provinee , une permiffion au^<br />

thentique qu'fl ne pourroit habiter que des Chrétiens, dans le '<br />

Quartier dont ils feroient relever ks Tours , & les Muraflles,<br />

s»mme con- ^^ Privilège leur fut accordé par le Calife , avec un commanfidérabie,<br />

demQnt exprès, fcellé de fon Sceau ; de forte que f Empereur é- '<br />

{TGouv!r^, crivitdor^ au Gouverneur de CHYPRE, de leur fournir, de<br />

^^^^\'l' fon Domaine, l'argent qui leur feroît néceffaire pour cet ouvrage.<br />

pour le il. Les Chrétiens de la 5/^. Cité exécutèrent pondueflement ce qui<br />

Sépulcre. . i . .^ . - • y ^^<br />

kur<br />

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a DE JE'RfU.SALEM. Lïv.m. CH: L H 9?,<br />

•leur'avoit été ordonné par les•âSarr/z^«J,.& eurent le bopheur<br />

de fe féparer de ces Infidèles, avec lesquels fls avoient été obligés<br />

dhabiter jusqu'alors, avec de grandes incommodités, pour fe retirer<br />

du côté qui leur avoit été accordé; & où, en conféquence des<br />

ordres du Colley les Barbares les laifferent s'accommoder, fans<br />

aucun obftacle.<br />

Ge Quartier s'étendoit depuis la Porte.Occidentale , ou de<br />

DAVID, venant de l'angle de la Tour nommée deT A NCRE'DE,<br />

jusqu'à la Porte de St. ETIENNE, qui fe. trou voit au Nord dek<br />

Vifle : fl renfermoit dans fon enceinte le Temple du St. Sépulcre y<br />

la Maifon de l'Hôpital, Se les Gouvens d'Hommes,. & de Femmes,<br />

appelles communément la Maifon du.Patriarche y Sede<br />

Cloître des Chanoines du St. Sépulcre.<br />

Comme le Patriarche étoit la perfonne la plus éminente,qu'il ^^^^'iJrfO<br />

y eût parmi eux. Se que cliacun lui déferoit volontiers la dézgeenSou.<br />

cifion de fes démêlés, fl s'érigea lui-même en Juge fou-X'^^vS<br />

verain , tant pour le Spirituel, que pour le. Temporel, lori^^^'^^^"»'<br />

.qu'ils eurent leur Quartier féparé des Infidèle» ; •& c'eft<br />

de-là qu'eft venue la prétenfion de tous les autres Patriarches<br />

fes Sueceffeurs, d'être Seigneurs de la quatrième Partie de Jérufalem.<br />

Ils voulurent même, que les Princes Ztf^//2^ leur ac- '<br />

cordaffent cette Prérogative, après k 'prife de-la Sainte Cité y<br />

fur les Infidèles, l'année lopp.<br />

C H A P I T R E IL<br />

Ce fut à-pei|.près dans le tems de ce rétabflffement, que quel- jrtîcie L<br />

ques Gentilshommes ,• & Négocians dAmalfiy Vflle du<br />

Roïaïune de Naples , qui avoient coutume de trafiquer, avec<br />

kurs Vaiffeaux , dans les Lieux maritimes de Syfie, & dE-<br />

^ • N gypte y<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


^ HISTOIRE G F N F R A L E<br />

gypte y où fls portoient des Marchandffes d'autant plus agréablei<br />

aux Sarrafins y qu'elles kur étaient inconnues, fe firent chérir<br />

non feukment des peupks, mais encore des Gouverneurs , &<br />

du Calife y qui leur procurèrent la liberté de parcourir k Pays,avec<br />

la permiffion de faire bâtir une Eglife, Se une Maffon, dans<br />

Jérufalem, où fls puffent fe loger, & célébrer f Office Divin<br />

fuivant f ufage de fEglffe Romaine , puffqu'on n'y officioit encore<br />

que felon le Rite Grec,<br />

Le Préft- Le PréfidcHt de cette Vifle , qui étoît bkn-aife de les favot^Jd^u^<br />

rffer, n'eut pas plutôt reçu f ordre du Calife y qu'il kur affigna^<br />

ne Place, uue gfandc, & fpatîeufe Placc, dansk Quartier où habitoient<br />

du Strié- ks Chrétiens y Se vis-à-vis de la Porte du St. Sépulcre. Ges pieux<br />

^uicre. î^égocians fe taxèrent entre eux, & fournirent généreufement<br />

de quoi fubvenir à la çonftrudion d'une Eglife, qu'ils dédièrent<br />

à là SAINTE VIERGE, d'un Hofpicey pour loger ks Reflgieux qui<br />

devoiêût k ^ffervir, Se. d'une Maifon capabfe de recevoir tous<br />

ceux de kur Nation, qui auroknt la dévotion d'alkr vifiter les<br />

Saints Liéuié. Ces Edifices furent conduits , en peu de tems, à.<br />

leur perfedion ; Se. l'on fit venir un Abbé,. & quelques<br />

Ttsfita- Moines du Couvent de Monteaffiny Ordre de St. BENOIT, pour<br />

îîEay^^r avoir foin de cette nouvelle Eglife ,^ qu'ils nommèrent Ste.. MA-<br />

^^'^^^ RIE, la Latine y afin de la difUnguer des autres Eglifes de Jér<br />

' rufalem, qui étoient toutes Grèques. Ils chargèrent enfuite<br />

ces Religieux de recevoir , &. de logpr indiféremment, tous les<br />

Pèlerins Latins,<br />

La nouvefle de cette pieufe Fondation attira bientôt à Jéru^<br />

falem un fî grand nombre de perfonnes, des deux fexes, que cetté<br />

Maifon n'étoit pas capable de ks loger. Les Fondateurs^<br />

jtoutours animés du même efprit de Charité, & de Zélé, firent"<br />

bâtir un autre Monaftère, pour ks Femmes , fous k. diredion:<br />

de quelques Dévotes, qui s'y trouvoient.<br />

Ils dédièrent ce nouvel Edifice à Sainte MARIE MADELAINE.<br />

Cette affiuence des ChrétienSy qui y afloieût de toute VEuropCy<br />

tenta;<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE^USALtM. Ltr: IIÏ. Cn. ÎL îp><br />

tenta l'avarice de Infidèles , & leur fit mettre un Impôt, d'un<br />

Xcu d'or, par tête, fur tous ceux qui voudroient entrer dans la<br />

Vflie; Tribut qu'on eft oUigé de payer encore aujourd'hui, mal*<br />

gré les grandes révolutions qui y font arrivées depuis ce tems*<br />

là. Enfin, la charité de ces Négocians devint fî grande , que<br />

non feulement fls maintinrent ces deux Maifons , jufques en<br />

Pannée io95>. qiie ks Chrétiens Croifés y fous GODEFROI de<br />

BOUILLON, prirent k Ste. Cité, mais encore fondèrent un célèbre<br />

Hôpital, dans l'enceinte de k Pkce qu'on leur avoit accordée.<br />

On y recevoit égakment ks Malades, Se ceux qui joutffoient<br />

d'une parfake fanté.<br />

Pour la commodité des Infirmes, îls firent une Chapeîk, qu'fls<br />

dédièrent à Saint JEAN BAPTISTE , parce qu'ils aprirent, que<br />

le Prophète ZACHARIE, Père de ce Saint Précurfeur de JE'SUS-<br />

CHRIST , avoit coutume d'alkr faire fe prière dan« cet efluinoît- Ongine de<br />

k. Pour diriger cet Hôpital, fls nommèrent un Gouverneur, st-jean^^<br />

«u Redeur, ce qui a donné lien , dans la fuite, à l'Etabhfïe- J^"'^*^^"^?<br />

ment de fOrdre de St. JEAN de Jérufalem, qui s'eft rendu fî<br />

célèbre , dans la Chrétienté. Quelques Hiftoriens lui donneot<br />

une origine beaucoup plus ancienne : les uns apparemUient,<br />

pour flétrir la gloire des Amalfitains y qui en ont été les véritables<br />

Fondateurs , prétendent, qae cet Hôpital Rvoit éfcé fondé<br />

du tems de Propliète SAMUEL , Se rétabli enitee, fous fe<br />

Règne de JULES GE'SAR, aux dépens da Tréfor, qu'un certain<br />

MELCHIOR avoit furtivement tiré du Sépulcre de DAVID , qu'ail<br />

avoit rompu. Se que k Propl^ète ZACHARIE en fut le premier<br />

Gouverneur. Les autres, auffi peu fondas, ve^^ent , que cet Fables, fsp<br />

Hôpital fût le même où JUDAS MACHABE'E fiiifoit retirer , & LT'&^*<br />

traiter les Soldats bleffés, pendant .les Guêtres qif fl eut contre<br />

les Gentils ; Se que ce fût-là, que çe Capitaine envoïa les douzemille<br />

dragmes d'argent, pour faire prier Dieo, pour les Ames de<br />

ceux qui étoient morts, dane les BataSes qifû kur avoit livrées.<br />

N 2 D'au-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


io6 HT S T 'Ô I R "E G E'^N E' R A L E<br />

' D'autres pr'tendent, que cet Hôpital fut fondé par JEAÎ?<br />

HiRCAN, Fils de SIMON MACHABE'E , & Père d'ARiSTOBULE,<br />

qui fut le premier Roi des Juifs y après la Captivité de Babik-^<br />

ne. Ils fe fondent fur ce que JOSEPH , dans fon premier Livre<br />

de la Guerre Judaïque , dit, que ce Prince aïànt été affiégé,<br />

' dTiUs Jérufalem y par ANTIOCHUS, furnommé le Pieux y tira du<br />

Sépulcre de DAVID troîs-mifle talens, dont il en donna troiscens<br />

à fes Ennemis, pour fe délivrer du fiége , & emploïa une<br />

partie du refte à faire bâtir un Hôpital, pour la commodité de<br />

ceux qui alloient des Pays éloignés , vifiter le Temple de SA­<br />

LOMON , ce qui arriva 135*. ans avant la venue de' J-E'SUS^<br />

CHRIST; \<br />

Pour détruire toutes ces Opinions, fl'fuffit dé dire, que ces<br />

Hôpitaux furent bâtis auprès du Temple de SALOMON , qui<br />

eft fort éloigné du Mont CALVAIRE, auprès- duquel les Amalfi^<br />

tains avoient bâti celui de St. JEAN BAPTISTE , qui a été k<br />

véritable origine de fOrdre Militaire des Chevaliers de Jérufalem<br />

y qui fleurit aujourd'hui à M?//Zr^. Ces Opinions ont été<br />

réfutées par les Hiftoriens les plus approuvés ; & entre autres<br />

par GTILLEAUDE de Tyr y dans le Livre XVIIL Chap. 4- & 5;. dé<br />

fon Hiftoire de la Guerre Sainte^<br />

Origine des A peine CCC Hôpital fût-fl étabU , que la Vflle de Jérufalem<br />

emparent* tomba au pouvoir des Turcs y Peuples Septentrionaux y à fégard<br />

ifcjérufa- de la Paleftine. C'étoient des Peuples cruels ,& vagabonds,<br />

originaires de la Scythie, & de la Province nommée Sarmatie<br />

Afiatique, que PTOLOME'E renferme entre les Fleuves TanaïSy<br />

Se IFoiga y Se les Monts liyperb&réens Se Càucafe, où ils avoient<br />

vécu long-tems errans, dans les Bois, fe nourriffa'ns de leur<br />

Chaffe, fans Religion, fans Chef, fans Loi, fans Habitations,<br />

& enfm fans Humanité ; mais fort foigneux de s'exercer à<br />

monter à cheval, & à tirer de l'arc.<br />

Ces Peuples fe multiplièrent à tel point, que ne pouvant ^iis<br />

fobfifter dans kurs Forêts, fls commencèrent, dès le tems dAu-<br />

GUSTE,<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JÉRUSALEM LIV. HL CH.IL IOI<br />

GtJSTE, a en fortir par troupes, pour inquiéter leurs Voifins. Le<br />

Pape PIE IL dit, que „ ces Barbares aïant entendu par-<br />

„' 1er du Tribut que les Chrétiens payoient à ce Monarque,' lui<br />

„ en offrirent un volontairement ,'.s'imaginant que c'étoit un<br />

„ Dieu des Jours, & du Tems, nouvellement né.<br />

Ils s'accoutumèrent ïi fort aux rapines, Se a la bonne nourriture,<br />

qu'ils trouvoient dans leurs Brigandages, & fortirent en<br />

fî grand nombre de leurs tanières , que peu-à-peu ils s'emparèrent<br />

de tout le Pays d'alentour, jufqu'aux Palus Méothides , où<br />

ils s'arrêtèrent, & firent venir grand nombre de Famifles , qui<br />

étoient reftées dans les Bois de Scythie , afin de les faire jouïr<br />

des mêmes avantages qu'ils s'étoient procurés.<br />

Ce fut alors qu'ils commencèrent à éflre un Sujet d'entre eux,<br />

pour gouverner leur République naiffante. Ce Chef, voulant AN N E'E<br />

aguerrir fesConfi:ères,afm d'être en état de faire de plus grands ^^^J*^progrès,<br />

fe mit à la tête des plus braves , & alla prendre parti Twcsunn<br />

au fervice d'ARTAXERSES, Roi des Parthes , qui étoit en guer- fesT^S^<br />

re contre l'Empereur ALEXANDRE SE'VE'RE. Ils firent admirer fr ^'""'*kur<br />

valeur , fous le nom. de Scythes ; mais ce Prince aïant été Alexandre<br />

vaincu par les Romains y ils fe foumirent à leur Domination, Se ^"^'<br />

vécurent affcz tranquillement, jufqu'au tems de GORDIEN. Soit<br />

qu'fls vouluffent vanger k mort de ce bon Empereur, que PHI­<br />

LIPPE, Préfet du Prétoire, avoit Mt affaffmer en Perfe, pour ufurper<br />

f Empire, ou que f habitude de fArtMifltaire les eût rendus<br />

inquiets & entreprenans, ils- fe révoltèrent contre les Rqmains<br />

, Se commencèrent à ravager les Provinces de f Empire.<br />

Ils en furent chaffés par DE'CIUS , & contraints de fe retirer<br />

chez eux. Ge ne fut pourtant pas pour long-tems ; car ils reffortirent<br />

bientôt après, pour fe jetter une féconde fois fur les Provinces<br />

Romaines , qu'EMiLiEN leur fit encore abandonner. Il défk<br />

même , Se mit en déroute kurs meifleurs Soldats ; mais fls ne<br />

tardèrent pas à fe vanger. SAPOR, Roi de Perfe y les î^jpelk à<br />

fon fecours; & fls furent caufe de la défaite de fArmée Romai-<br />

N 1 ne y.<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


103 HISTOIRE GE'NE'RALË<br />

ney auprès de Céfarée y Se de la prife de f Empereur VALE'RIEÎS<br />

que ce Prince Perfan traita d'une manière fort cruefle.<br />

•Llle de Cet Barbares ne fe croïoient point encore affez vangés des<br />

?^Sde Romains; Se fls obtinrent des Perfes une Armée Navale , -pour<br />

ravage, par aUçr ravager file deChypre y Sc


DE JE'RUSALEM LIV. m. CH. IL 103<br />

propofîtion ; mais, pour empêcher qu'ils ne fe révoltaffent, Se<br />

ne fiffent quelque entreprffe, dans f Endroit où fls s'étoient arrêtés<br />

, ils leur affignèrent d'autres Habitations, dans des Lieux<br />

plus écartés, & où îls avoîent moins à craindre leur rébeflion.<br />

Les Sarrafins s'aperçurent auffi-tôt, qu'fls n'avoient rien à<br />

apréhender de ces nouveaux hôtes ; Se fâchant, que ks Turcs Turcs di-.<br />

étoient fatîsfàîts des terres qu'fls leur avoîent accordées, bien S'^JJJ;^<br />

loin de fonger à les inquiéter, fls s'accoutumèrent à leurs Moeurs, avec les<br />

à leurs Manières y & à leur Religion; de forte que peu après ils dePerfe!<br />

devinrent comme une même Nation*. Les Sarrafins mêmes firent<br />

part à ces nouveaux Peupks des Charges , des Honneurs,<br />

Se des Dignités de kurs Etats. Ceux-ci devinrent infenfîbkment<br />

compagnons des ceux auxquels fls s'étoient foumis, & tellement<br />

confondus avec eux, que, dans k plupart des Hiftoires,<br />

fous le nom des Infidèles y on entend indifféremment les Sarra- Erreur des<br />

fins Se ks Turcs. Erreur digne d'attention. Se qui vient de ce qu'on f^^ant"^^<br />

n'a pas bien diftingué les Sarrafins dEgypte , Se ceux de Perfe. Sarraiins.<br />

Ceux qui habitoient les Palus Méothides, fatigués de fervir des<br />

Princes étrangers, & de vivre à leur folde, fe crurent affez forts, pour<br />

s'aqucrir eux-mêmes une Souver^neté, dans un meifleur Pays<br />

que celui qu'ils occupoient, où d'aflleurs îls s'étoient extrêmement<br />

multipflés : îls aUèrent attaquer les Alains, Se enfuite les<br />

Colchers ; mais k guerre s''ttant allumée, entre les Sarrafins d'Egypte<br />

y Se ceux de Perfe , GIAMBRAIL , qui regnoit en EgyptCy Mahomet<br />

entreprit d'envahir li Perfe Se k Médie y où regnoit MA-^ff^[f^<br />

HOMET. Ce dernier appefla ks Turcs à fon fecours. Ils y allé- Perfe à/o^r<br />

rent avec tant de promtitude , & en fî grand nombre y fous la'tnVst!^conduite<br />

de MUHALET , un de leurs Capitaines y qu'ils mirent gy^pj^f^'<br />

en déroute, Se chafferent f ennemi. Il eft vrai, que la vidoire,<br />

que MAHOMET remporta, ne kii fut pas d'une grande utilité. Se<br />

que k puiffant fecours, que les Twcs kii donnèrent, lui devint<br />

, dans k fuite , plus funefte, qji'il ne lui avoit été avan*.<br />

tigeux. •<br />

LesP<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


'lOf HISTOIRE GE'NE'RAiLE<br />

Les peupks, qui étoient du Parti de GIAMBRAIL, fe révoltèrent<br />

•contre lui, défirent fon Armée, Se ne fongèr^t plus qu'à fe rendre<br />

maîtres de la Perfe. Dans cette réfolution , fls attaquèrent<br />

les Sarrafins, que MAHOMET , informé de leur deffein , avoit<br />

poftés fur les bords del'^r^.r^. Fleuve delà grande Arménie,<br />

Mais., malgré kur courage, fls ne purent les forcer, qu'après<br />

plufîeurs Combats très-fanglans, Se dans lefquels ils furent tourà-toiu:<br />

vaincus, ou vainqueurs.<br />

Cependant, MUHALEI^, Chef des TurcSy aïant été tuédanSun de<br />

ces Combats, ceux-ci appellèrent promtement TANGROLIPIE,<br />

fon Frère, qui étoit refté aux Palus Méothides y pour les commander.<br />

Ce nouveau Général leur amena un renfort fi confidérable,<br />

tant de ceux qui y .habitoient avec lui, que de ceux qui étoient<br />

reftes en Scythie y qu'il défit les Sarrafins y qui gardoient les Fron^»<br />

tières de la Perfe y Se entra, avec tant d'jmpétuofité, dans ce<br />

Roïaume, qu'il demeura enfin maître de plufieurs Endroits.<br />

hes Sarrafins, pour ne pas perdre la Domination d'un Pays<br />

fi beau, & fi florifknt, firent de leur côté des efforts fî extraordinaires<br />

, pour s'y maintenir , que ce ne fut qu'après plufîeurs<br />

années de Guerre , Se des maffacres infinis, que les<br />

Turcs s'en rendirent entièrement ks maîtres, par faffiftance<br />

que leur donna LE'ON, Empereur de Conflantinople} en reconnoiffance<br />

de ce qu'fls l'avoient aidé à réduire ks Bulgares,<br />

qui s'étoient révoltés contre lui.<br />

L'Empire Mais, comme ce Peuple fier, & entrepuenant, afpiroit toujours<br />

%'uvenif à de nouvelles Conquêtes, & que, dans _ la fuite des tems,<br />

Trinceffes l'^^^P^^^- ^^ Grècc tomba entre les mains,de Princes lâches. Se<br />

' efféminés, Se peu après, fous le Gouvernement, de Zoë, dp<br />

THE'ODORE , Se d'EuDOXE, les Barbares furent fi bien profiter<br />

de,la foibleffe de ces Princeffes, qu'ils ravagèrent les Provinces de<br />

LycaoniCy de BythiniCy & de Galatic, &, fous la conduite deËEt-<br />

JE'TOC , BELFER , ou BELCHFOIS^D , fls entrèrent dans k Syrie,<br />

' . ... dont<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


x JE'RUSALEM. Lïv. HI. CH. IL loj<br />

î'dcnt ils s'emparèrent, anffi bien que de tous les Pays qui font<br />

•depuis Laodicée de Syrie y jufqu'à VHélefpont y malgré les efforts loCo;<br />

^ue fit f Empereur Romain, furnommé DIOGENE , pour arrêter<br />

leurs progrès. ^<br />

Les Turcs s'étant emparés de la Sainte Cité, vers fan 1060, Perfécutraitèrent<br />

fi crueflement les Chrétiens qui fhabitoiçnt, qu'fls chr


o5 HISTOI R E G E' N E' R A L E<br />

Pfr/^ , ils fe feroient maintenus dans leur ùfurpation : cenendant,'<br />

,. V Krmé.i Chrétienne y qui alloit en «Syr/>, pour la Conquête de k<br />

VArmée de Terre Sainte y z.b2Li(ffans qu'aucun d'eux prétendît au Commandement général<br />

de cette puiffante Armée. Après avoîr, comme je viens de<br />

le dire, pris Nicée, Antioche y avec près de cent autres Villes,.<br />

& défait, en plufieurs Combats, CORBAGA, ou CORBANA, Capitaine:<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE'RUSALEM Lïv. III, CH. HI. Î07<br />

faine Général des Perfes, avec cent-mille Turcs de fon Armée,<br />

qui avoîent voiflu s'oppofer à kur marche , ils arrivèrent enfin à<br />

Jérufalem, dont fls formèrent k fiége. Ils la prirent aux EgyptienSy<br />

qui en avoient chaffe fes Turcs, trois mois auparavant.<br />

Le fîége de cette Vflle ne dura que trente-neuf jours, malgré Siège de<br />

la vigoureufe réfiftance des ifc/îd^/^i, & les grandes incommpdi- ^^^opl.'"*<br />

tés que fouffrirent les Croifesy faute d'eau, dans une faffon où fl<br />

faifoit auffi chaud, qu'fl .fait en ce Pays-là au mois de Juin ; fl ne<br />

fe trouvoit même aux ewviroKS aiKurîeRivière, RiiATeau, ni Fontaine<br />

, fî ee-n'eft k petite Siyhé y qui étôit alors prefque entièrement<br />

tarie.<br />

C H A P I T R E IIL^,,<br />

J<br />

érufalem eft fîtuée en Syrie , dans le Pays qu'on nommoit an- ^^^^^ j^<br />

ciennement k Cananée y Se dans la Partie de la Terre de Promiffion,<br />

qui tomba en partage à la Tribu de BENJAMIN. Cette<br />

Ville Se fes dépendances furent nommées Paleftine, mot corrompu<br />

de.P/b/7^/«^ , des Philiftins qui l'habitoient EUe aété aufïi<br />

nommée Judée des Juifs, qui la poffédèrent long-tems , &wétoit<br />

alors bâtie fur le penchant de deux hautes Montagnes, dont fune,<br />

qui eft vers VOrient y s'appefle Sion y fî renommée dans la<br />

Ste. Ecriture,«Se fautre vers VOccident fe nomme Moria; de forte<br />

qu'efle regardoit le Levant Se le MidL Elle n'avoit, fiir fes émînencesj<br />

que le Temple de SALOMON , Se le Fort appelle<br />

Antonia, ou Tour de DAVID. L'Empereur ADRIEN avoit<br />

aclievé de k détruire, pour punir les fréquentes rébelflons des<br />

Juifs y Se l'avoit fait enfoite rebâtir* Afin qfffl ne reftât aucune<br />

mémoire, ni de fe première forme, ni de fon ancien nom, il<br />

l'appefla Elia, de fon propre nom ; il la fit bâtir for Je fommet<br />

O Z de<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


oS H I S T O I R E GE'NE'RALË<br />

de ces Montagnes,, «Se toute diférente de ce. qu'efle étoit aupara%<br />

vant.<br />

Au lieu qu'efle s'étendoit/environ une bonne flene du Midi ait<br />

Septentrion, flk fit beaucoup plus petite, & très-irrégufière, quoi^<br />

qu'elle fût encore de figure quarrée, mais toujours un peu plus<br />

longue, que large.. Le Temple dé la Réfurredion^ qui étoît hors<br />

de l'ancienne Ville, fe trouva dans f enceinte des muraflks de la<br />

nouvefle, qui, par fa fituation ékvée , 6c penchante , demeura<br />

environnée, de trois côtés , de grandes & profondes Vaflées»<br />

EUe avoit, à l'Orient,^celle de JOSAPHAT; au Midi, «Se au Cou-^<br />

chant, celle d'ENNON , qui fut la borne des Terres de JUDA , Se<br />

de BENJAMIN.. Gette Vallée s'étend, vers le Couchant, jufqu'à.<br />

k Pifcine nommée aujourd'hui le Lac du. Patriarche, L'Accès<br />

en eft cependant affez aifé, du côté, du Nord, & le chemin facile,<br />

&unL<br />

Ge fut de ce côté-là, que fe campa l'Armée Chrétienne. Elleétendit<br />

fes Quartiers vers l'Occident, c'eft-à-dire, depuis la Porte<br />

de St. ETIENNE , jufqu'à cefle qui étoit fous la Tour de DAVID.<br />

Des Rochers efcarpés Se les Précipices des Vallées l'empêchoient<br />

de renfermer la Ville- du côté du Levant. Ges Vaflées «Se.<br />

tous les Environs de h.'Sainte Cité y font fî pierreux & il arides,<br />

qu'ils font entièrement fans Bois, fans Jardinages, fanr<br />

Prairies; & l'on n'y trouve aucun des autres agrémens, dont,<br />

jouiffent les Pays, qui ont des Rivières ,> ou d'autres eaux;<br />

auffi, les Habitans n'ont que celle des pluies, qu'ils ramaffent, &:<br />

confervent avec foin, dans de grandes Citernes; Se ce fut cette,<br />

grande difette d'eau, qui fit tant fouffrir les Croifés y pendant ce<br />

mémorable f'ége.<br />

Enfin, après plufieurs rudes. Se fréquentes attaques, de la part<br />

des Chrétiens y Se une très-vigoureufe réfîftance, du côté-des affiégés,<br />

GODEFROI de BOUILLON, avec EUSTACHE, fon Frère, furent<br />

les premiers, qui, dans un affaut général, fautèrent, l'épée à<br />

k mafli, dans k Vflle, Se fuivis de leurs meflkurs Soldats, fe firent:<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE'RUSALEM. Liv. IIL CH IIL rop<br />

nent un paffage jufqu'à une des Portes, qui fut bientôt enfoncée, Tous les<br />

par d'autres Croifés y qui les fuivirent en grand nombre. Le gros ^|é?u£'<br />

de l'Armée y entra triomphante, fans trouver aucun obftacle,'^"J,^^^^^^<br />

un jour de Vendredi i J^ dé Juillet, & paffa au fil de Vépée Npée.<br />

tous les Egyptiens y qui s'y trouvèrent- Voik comment les Chrétiens<br />

y qui y habitoient, parmi les Infidèles, furent déflvrés dé<br />

la fervitude, dans laquelle fls vivoient depuis fi long-tems, & fe<br />

re.uirent en poffeffion des biens qui leur apartenoient. •<br />

On en trouva même plufîeurs chargés de fers,- dans' des Pri- Délivrance<br />

fons obfcures. Le bon GÉRARD, Redeur de f Hôpital, étoit deffen^'j^.<br />

ce nombre. Gc vieillard ne fut pas plutôt en flberté, qu'fl al-"^^*<br />

la, avec fôn zèle ordinaire, prendre les Soldats malades, ou<br />

bleffés. 11 les traita avec tant de foin, & d'affeétion, que Go-<br />

DEFROi de BOUILLON, poiu recompenfer fa charité, & affermir<br />

une Maifon, dont il reconnut futflité, lui fit à perpéturté<br />

Donation d'une Maifon fondée kMontboizcy dans la Monta^<br />

gne froide y avec toutes fes terres Se dépendances. Gette J)of-P''^^"<br />

nation eft.la première que l'on trouve avoir été faite à l'Hôpital/«jt? à<br />

de St. JEAN de Jérufalem. Ce généreux Prince lui donna en-^'/glfl-îm<br />

core des biens plus confîdérables; &, à fon imitation, les au-de jémiv<br />

tres Princes Chrétiens l'ont enrichie de tant de beaux Revenus, ^^'<br />

Se les Papes de tant de Privflçges, & d'Indulgences, que k<br />

première Nobleffe de VEurope a fait gloire d'entrer dans fOrdre<br />

Militaire, qui s'en eft'formé dans la fuite. Se qui fait aujourd'hui<br />

fa réfidence à Malthe.<br />

Les Seigneurs Croifés, après avoir rendu de très - humbles Godefroi<br />

grâces à Dieu,qui venoit de les faire triompher fi glorieufementi^jn^^^*^^!;des<br />

ennemis de fon faint Nom", Se après avoir fait purffier h^ejérdù-^<br />

Vflle des horreurs, & des maffacres, dont elk avoit été rempfle,<br />

s'affemblèrent, pour donner un Roi à Jérufalem. GODE­<br />

FROI de BOUILLON, qui avoit eu la meifleure part à fa Conquête,<br />

fut élu,d'un commun confentement,& élevé, à cette haute<br />

Dignité. Tous ies Hiftoriens CLnviennent,quejamais Elec-<br />

O 3. tion<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


IIP H I S T O I R E GE'NE'RALË<br />

tion ne fut plus univerfeflement applaudie ; jufqu'aux momdrei<br />

Soldats de fArmée donnèrent des marques de leur fatisfàdion.<br />

Ce vaillant. Se pieux Prhice fe défendit modeftement d'accepter<br />

cette Dignité, Se n'y confentit qu'aux inftantes prières de toute<br />

fArmée. Les principaux Seigneurs aïant enfin vaincu fa réfîf^<br />

tance, fl fut conduit dans le Temple du St. Sépulcre y qui, de-^<br />

puis que k Vifle avoit été rebâtie par l'Empereur ADRIEN, fe<br />

trouvoit, comme nous venons de le dire, dans f enceinte des<br />

Murailles. Ce fut dans ce Sanduaire refpedable, que GODE­<br />

FROI fut foleronellement proclamé Roi de Jérufalem y le 23. de<br />

Juillet, huit jours après la prife de cette Place.<br />

1100. Maisfl refufa abfolument de prendre la Couronne d'or, qu'on<br />

Samodejîie, luî prefeuta, proteftant qu'fl n'en porteroit jamais de ce métal,<br />

dans im lieu, où le SAUVEUR du Monde, Se le Roi des Rois<br />

n'en avoit porté qu'une d'épines. Bel exemple de Mod^ation-^<br />

ChiMemwy dans laquelle ce grand Prince perfévéra jufqu'à la<br />

Monde mtxrt, qui, au grand regret de toys les Chrétiens y l'enleva, un<br />

Go efroi. ^^ ^mÀns cîuq jours, après fon élévation fur le Trône.<br />

Ce ne fut pas fans raifon, que les Chrétiens reffentirent fî<br />

vivement la,perte de leur Souverain; les grandes adions de vertu<br />

, Se de valeur qu'fl avoit faites, pendant la courte durée dé<br />

fon Règne, étoient trop mémorables, pour qu'ils ne pleuraffent<br />

|)as am^èrement un Pripce fî digne d'être regretté. Les belles<br />

Loix, Se les fages Ordonnances qu'il avoît d'abord établies, qui<br />

-ont toujours été obfervées depuis, & ont fervi de règle à les<br />

Sueceffeurs, fous le nomdAjfifes-, le .courage héroïque, avee<br />

lequel fl afla à la rencontre de l'Armée Egyptienne, qui s'avançoit,<br />

•poux 2S^\.éger Jérufalem y «Se qu'fl défit près dAfcalonCy malgré<br />

l'inégaflté de fes forces ; enfin, cent autres faits de piété, «Se<br />

de prudence, caufoient les juftes regrets de les Peuples.<br />

Il avoit fondé deux Chapitres de Chanoines, fun dans l'Eglife<br />

du Temple, «Se fautre dans celle du St. Sépulcre. Ces denniers<br />

furent faits-, dans la fuite, ChevaUers de fOrdre Militaire du<br />

St,<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE'RUSALEM. LIV. m. CH. ÏÎL tft<br />

St. Sépulcre y par BAUDOIN I. GODEFROI avoit auffi fait bâtir<br />

un Monaftère, dans la Vallée de JOSAPKAT. 11 avoit nommé<br />

LLIBERT, Evêque de Pifé, Se Légat du St. Siège, au Patriar­<br />

chat de Jérufalem, «Se avoit ctabfl des Evêques dans les autres<br />

Villes, qu'il avoit conquifes. Il avoit fait fortifier le Port de ^" ^f^r-s<br />

Jaffa y comme le pRis voifîn de Jérufalem y afin d'affurer ^"*'^ ^'<br />

la Ville de ce côté-là. Enfin, on peut dire, que ce Prince,qui<br />

poffédoit toutes les Vertus Chrétiennes, Civiles, Se MiUtaires,<br />

n'oublia rien, pour affurer ce Roïaume aux Chrétiens , qui<br />

avoient eu favantage d'en chaffer les Infidèles. Sa mort fut une<br />

piTte irréparable, tant pour les Chrétiens d Orient, que d Occident.<br />

U fut inhumé dans une Chapelle de f Eglife du St. Sépulcre<br />

, où fl avoit choifî fa Sépulture, qu'on voit encore aujourd'hui,<br />

à côté du Tombeau de fon Frère BAUDOUIN, Comte<br />

dEdeffe, qui lui fuccéda, & qui, moins fcrupuleux que lui, fe<br />

fit couronner. Se facrer le jour de Noël y de l'année i loi. dans I^OÏ.<br />

fEglifè de Bethléem, par le Patriarche ELIBERT, qui avoit foc- Bau.io.iin,<br />

cédé à SIMEON, Patriarche Grec, mort en Chypre, pendant le^'**"-'-^<br />

Succeji ir<br />

fiége de Jeruiàlem. ARNOUL , qui avoit été élevé à cette Digni- de<br />

té, par des brigues, n'a point été mis dans ce Catalogue*<br />

BAUDOUIN, qui poffédoit auparavant le Comté dEdeffe y ^en<br />

démit d'abord, en faveur de BAUDOUIN du Bourg y fon Coufîn,<br />

& donna à HUGUES de St. Orner y Homme Ifluftre, & grand<br />

Capitaine, la ViUe de Tibériade y que TANCRÈDE venoit<br />

de lui réfigner. Ce dernier, par une générofité extraordinaire, re- x<br />

nonça volontairement au Comté de Caiffa, & à la Principauté de<br />

Galilée, que GODEFRCJ lui avoit données à perpétuité, tant<br />

pour lui, que pour fes Defcendans y pour recompenfer fon mérite<br />

, Se les grands fervices qu'fl lui avoit rendus, TAN-<br />

CREDE, Homme droit & généreux, préférant le point d'hon-^<br />

neur à l'intérêt ,& ne pouvant oublier une injure qu'fl avoit reçue<br />

de BAUDOUIN à TfjraceyVilledeCi/iciéy aima mi-ux abandonner<br />

ces Seigneuries, que de s'engager, par aucun Serment de fid^-<br />

'<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


'II.2 H I s T o I R E G E' N E' RALE<br />

déUté, avec une perfoane qu'fl ne pouvoit aimer fiAcère^<br />

ment.<br />

Il prît le parti de fe retirer à Antioche y où les Habitans de<br />

cettefcVille favoient appelle, pour luî en donner le Gouvernement,<br />

auffi bien que de toute la Province, jufqu'au retour de<br />

BOÉMOND, leur Prince légitime, qui fe trouvoit captif chez les<br />

Infidèles. Cependant, le Roi BAUDOUIN,qui étoit très-vafllant.<br />

Se grand Homme de guerre, à l'imitation de GODEFROI fon<br />

Frère, s'apliqua d'abord à faire quelque Entreprife fur les Infidèles<br />

y pour tâcher d'étendre la Domination des Chrétiens. Il<br />

fut fi heureux dans fes premières Expéditions, qu'il prit fur les<br />

Prife de Barbares les Villes dAntipatride, Se de Céfarée. Il défit leur Armée<br />

Wi"s''par en bataille rangée, auprès dAfcalonCy où fls eurent 5'ooo.Homijandouin.<br />

mes de tués. Il étoit en état ^de pouffer fes Conquêtes, s'fl ne les<br />

avoit .pas pourfuivis, avec trop de chaleur, dansia Piaînede<br />

.M R,ama. Il y perdit fes meilleures Troupes, & â peine put-.il<br />

/ fe fauver lui .fixième dans la Ville de ce nom. Néanmoins,<br />

pour réparer cette faute, Se ne point donner aux Ennemis le '<br />

tems de profiter de fa difgrace, fl affembla fi promtement les<br />

Troupes, qui fe trouvoient en garnffon dans les Villes de fa dépendance<br />

, qu'il les furprit, Se les attaqua fi brufquement, au<br />

miUeu des réjouïffances qu'ils faifoient, pour leur Vidoire, qu'fl<br />

'les ^lit en déroute^ «Scies obligea d'abandonner tout leur Bagage-<br />

Ce Prince, affifté de la Flotte des Génois y prit enfiflte les<br />

YïVies de Ptolomaïde y de Sidon, de Baruth y Sefe rendit enfin<br />

maître de toute xette Côte jufqu'à Tripoli y à la réferve de la cé^<br />

lèbre Vflle de Tyr, -Il fit auffi bâtir la Fortereffe de Montréal y<br />

afin d'empêcher les courfes des Arabes, du côté du Défert ; &<br />

après avoir confidérablement augmenté la gloire, «Se la réputation<br />

des Armes Chrétiennes y en Orient y Se joint au Roïaume<br />

de Jérufalem pluVieurs grandes & befles Vifles, fl mourut de<br />

la diffentcric, après dix-huit ans de Règne, fans laiffer aucun<br />

En-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE'RUSALEM. Liv.IIL CH. UL 113<br />

Eiifent de fes deux premières Femmes, non plus que d'ADE'LAïoE,<br />

Veuve de ROGER , Comte de 5/W/^, avec kquefle fl fit une troifième<br />

alliance, après avoir répudié la Fille de TAFROC, Prince<br />

d Arménie, Mais il ne fut pas plus religieux, à fégard d'AoE'-<br />

LAÏDE,qu'fl renvoïa aulfi en Sicile, zprès avoir jouï trois ans de fe<br />

compagnie. Il prit pour prétexte de ce divorce un remord de confcience,<br />

& le confefl de quelques Religieux, quoique ce ne<br />

fut en effet, que pour demeurer maître abfolu des grandes richeffes<br />

que cette Princeffe lui avoit aportées en Mariage, Se dont îl ne<br />

lui rendit aucun compte, en la renvQïant. C'étoient cependant<br />

ks groftes fommes qu'fl en avoit reçues, qui l'avoient mis en état<br />

de faire tous ces grands progrès fur les Infidèles; car, avant la<br />

venue de cette Dame, fl avoit bien de la peine à entretenir fes<br />

Troupes. "ii ;<br />

La tromperie, finjuftice, Se faffront qu'il fit à cette Princeffe<br />

furent généralement défaprouvées de tous ks gens de bien, ternirent<br />

beaucoup la gloire de fes belles adions, «Se portèrent un grand<br />

préjudice à la Terre Sainte. ROGER, Ffls d'AoE'LAïDE, & Roi<br />

de Sicile y avec tous fes Sujets, conçurent tant de dépit de l'injure<br />

qu'elle y avoit reçue, qu'ils ne voulurent plus affifter ce Pays-là,<br />

& furent toujours depuis infenfibles aux misères des Chrétiens y qui<br />

fhabîtoient.<br />

Le Corps de BAUDOUIN, comme nous l'avons dit, fut inhumé ^^SèpuitU'<br />

dans une Chapelle de l'Eglife du St. Sépulcre y à côté de celui de<br />

GODEFROI, fon Frère, l'an 1118. qui fut remarquable, par la ms.<br />

mort de plufîeurs grands Princes, entre autres du Pape PASCAL IL<br />

auquel fuccéda G E'L AS E IL Se d'A LEX i s Co M N E'N E. Empereur<br />

de Conflantinople y qui avoit fi fort traverfe les Chrétiens y Sf<br />

nui à leur Armée, qui avoit paffé fur fes terres, pour afler à la<br />

Conquête de Jérufalem. Cette Ville fut en même tems privée de<br />

GE'RARD, Redeur de f Hôpital, qui mourut après avoir édifié tout<br />

le peuple, par Ja grande charité qu'fl y avoit exercée, tant à leur<br />

égard, qu'envers tous les Etrangers, ,quî y abordoient. Les Frè-<br />

P res<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


ÏI4 H I S T O I R E GE'NE'RALË<br />

res de cette Maifon, dont k nombre s'étoît fort augmenté, élu-^<br />

rent en fa pkce RAYMOND de PODIO, OU du Pui, kquel a été le<br />

premier, qui ait porté le nom de Maître de l'Hôpital, & ceki<br />

qui en a étabU la Règle.<br />

Comme le Comte EUSI^ACHE, autre Frère du grand GoDEFROiy<br />

& du Roi BAUDOUIN, fe trouvoit en E«ro^^, «Si que le Roïaume<br />

avoît befoin d'un Souverain, pour le maintenir, par fa prefence,<br />

en fétat où fl étok, & pour le défendre de finvafîon des Infidèles<br />

toujours prêts à l'attaquer ; les Barons , Se les Seigneiors de cet<br />

Baudouin, Etat élevèrent d'abord fur le Trône BAUDOUIN du BofunG, Cojsh<br />

Se J1'^. ^^ dEdeffe y qui, à fon avènement, céda à fon tour cette Seigneu'^<br />

te fur le ric à JossELiN dé GouRTENAi, foH Parent."^<br />

^^^' En effet, les Sarrafins y &ksTMn;5, qui ne pouvoient, fens<br />

jaloufîe, voir [fleurir les Etats que poffédoient les Chrétiens y faifoient<br />

des courfes contùiuefles, pourles inquiéter, particulièrement<br />

dans la R'ovince d Antioche, Se dans la €^0mté dEdeffe^<br />

Ceft ce qui obflgea le nouveau Roi de fe mettre proiostem^at en<br />

Campagne, pour alkr fecourir cette prémi^e Place, qu'il eut te<br />

bonheur de délivrer, 11 remporta une Vidoire complette iSiir fes<br />

Ennemis,qui faffiégeoknt: mais il ne fut pas fi heureux,quand fl<br />

h eft f (lit voulut fecourir le Comte JOSSELIN, qui étoit aifleurs fort prelfe<br />

frifmuer. ^^^ j^^ Turcs, Il s'avança, pour le foutenir, & fut fàrpris<br />

par un des Chefs de cette Nat ion, nommé BALAC, qui le fit prifonnier,<br />

& le conduifît dans une Fortereffe, où il tenoit dé^a k<br />

Comte dEdeffe y avec un de fes Parens, qu'fl avoît pris peu auparavant.<br />

Quoique la captivité de ces deux Princes intérefïàt tous ks<br />

Chrétiens de h Palefline y Se qu'elk dura même près de quatre ans,<br />

efle n'aporta aucune altération aux affaires du Roïaume de Jérufalem<br />

y par ks bons ordres, & la vigilance des Seigneurs de Sidon,<br />

Se de Céfarée. Le premier repouffa les Infidèles y qui, pour profiter<br />

de la prifon du Roi, avoient affiégé la Vifle dé Jaffa; Se le<br />

Comte de Céfizrée fe fervit fî utilement de k Flotte Fénitienne y qui<br />

avoit<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE'RUSALEM. Liy. ÏIL CH IIL ny<br />

avoît déjà batu cdk des Sarrafins y qu'îl fe rendit maître de k<br />

Vflle de Tyr, fî fameufe, & fî renommée dans f Hiftoire.<br />

Ces avantages, joints au bonheur qu'eurent enfoite ks Chré-Son éiartiensy<br />

de défaire l'Armée des Turcs y qui avoient affiégé Anti(h^^"^'<br />

i-ib^, procurèrent enfin la liberté du Roi, en fannée 1124.. Ce 1124.<br />

Prince fe vangea bkntôt après, de ce qu'il avoît foufert pendant /<br />

Êi captivité. Il attaqua les Infidèles de tous côtés, & remporta<br />

des Vidoires confîdérables fur les Sarrafins dEgypte, fur les<br />

Afealùnites, fur ks Perfansy Se fur ceux de Damas y qu'il aflia<br />

même attaquer jufque dans le fein de leurs Etats. Enfin, après<br />

avoit donné des marques extraordinaires de valeur, de probité..<br />

Se de conftance, pendant trois ans «^e dura fon Règne, fl mourut<br />

à Jérufalem y au mois d'Août, l'an 113L II kiik de fon Ma- nji.<br />

riage avec MORPHIE, Filk de GABRIEL, Prince de Mélétine en<br />

Arménie y quatre Filles, dbntPaînée, nommée M E'L i s E'N a,<br />

fut mariée à FOULQUES, Comte d Anjou y qm lui fuccéda. à k<br />

Couronne; ALIX, qu'fl maria à BOÉMOND, Prince dAntkfcbe;<br />

HoDiERNE, qu'fl donna à RAYMOND , Comte de Tripoli; Se hm%-<br />

SE, ou JUVRE'E, qui fe fit Religieufe. Ge Prince fut inhumé<br />

auprès des Rois fes nédéceffeurs. Se fut autant regretté de fe Famifle,<br />

que de tous fes Sujets.<br />

Ce fut fous le Régne de ce Prince, que fOrdre des TefnpHets Origine de<br />

prît naiffance. Comme je ferai obligé d'en parler fouvent, dans Tem-'<br />

îa foite de cette Hiftoire, il eft à propos de raporter ce qui donna P^^^"*<br />

lieu à leur Etabliffement à Jérufalem, comme je l'ai déjà fait de<br />

celui de VHôpital Les Chevaliers de ce dernier, dont k nombte<br />

s'étoit fort accru, avoient pris les Armes quelque tems auparavant,<br />

tant pour efcorter les Pèlerins, qui y venoient, pour vi^i.<br />

ter les Saints Lieux y que pour affifter les Rois, dans les guerres<br />

continuefles, qu'ils avoîent à foutenk contre les Infidèles. La profpérité<br />

des Hofpitaliers fit naître à quelques Gentflshommes jPnmsya/j,qnîy<br />

étoient venus en Pékrinage,k deffein de fe dévouer au<br />

même exercice. Les principaux fbrent HuouES de f AGAN, &<br />

P 2 GEO-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


ii6 H I S T O I R E ^ G E' N E' RAL E<br />

GEOFRoide ST.ADMAR, OU ST. OMER, avec fept autres, dont<br />

on ne trouve pas les noms. Ces pieux Chevaliers, autorifés par le<br />

Patriarche,, auquel fls avoient communiqué leur deffein, ne s'attachèrent<br />

d'abord qu'à affurer k chemin aux Pèlerins, depuis k<br />

Port de Jaffa jufqu'à Jérufalem y ,où ils étoient fouvenc dévalifés,<br />

Se même quelquefois affaffinés', par les Arabes. Le Roi BAU­<br />

DOUIN , admirant leur zèle,.leur permit,quelque tems après, d'ha-<br />

,biter dans le Palais qu'fl avoit auprès du Temple, d'où leur vint<br />

le nom de Templiers. Ils furent neuf ans, fans que le nombre en<br />

augmentât>ni qu'fls portaffent,fur leurs habits,aucune marque de<br />

la profeffion. qu'ils avoient embraffée. Diverfes, perfonnes s'é tant<br />

jointes à eux formèrent enfin une Communauté, que le Pape Ho»<br />

NORius IL Se le Concile de Troie approuvèrent. Gefut alors,<br />

-qu'on, leur ordonna de porter le Manteau blanc, Sede vivre félon<br />

la Règle que ST.: BERNAI^D leur dreffa, par ordre du même Concile.<br />

• . •''/.-''.':.''•'.• :. ^ ' • '<br />

Huit ans après leur Etabliffement, k Pape EUGE'NE ajouta la<br />

Croix rouge, fur leur Manteau blanc. La vertu. Se la piété de<br />

de ces premiers Templiers fit,que tous les Princes Chrétiens s'empreffèrent<br />

aies enrichir, comme ils l'avoient fait, en faveur des<br />

Hofpitaliers. Plufîeurs perfonnes de diftindion. entrèrent, dans<br />

leur Ordre/ de forte que l'Archevêque de Tyr y qui eft un^^des<br />

principaux Auteurs que j'ai fuivis,pour tout ce qui regarde les affaires<br />

du Roïaume de Jérufalem y dit que, defon tems,,fls étoient<br />

déjà 3CO. Chevalins, fans compter un grand nombie de Frères-<br />

Sèrvans: Comme kur Religion s'augmentoit tous les jours, en<br />

biens & en hommes, à l'imitation des Hofpitaliers y,ils s'armèren.t<br />

pour fecourir les Rois de Jérufalem,lefquels. dès fan 11.20..avoient<br />

divifé leur Communauté en trois Ordres. Les .premiers étoient<br />

Chevaliers,, ôc deftinés pour la guerre;, les autres Frères. Ser vans.,<br />

emploies à recevoir les Pèlerins, ks foigner j (Se les traiter, auffi<br />

bien queles Malades; & les autres Eccléfiaftiques, pour deffervù:<br />

kur Eglffe,. 6e.adminiftrer ks Sâcremens,. : <<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE'RUSALEM Liv. HL Cn. IIL ii^<br />

Cet Ordre Militaire, qui avoit été approuvé par P afe al II: Se<br />

par les autres Pontifes, fes Sueceffeurs, portoit une Croix d Argent<br />

y au Champ de Gueules. Ceux du Temple, qui portoient un<br />

Manteau blanc, avec une Croix rouge, pour fe diftinguer dans<br />

les Guerres contre les Infidèles, prirent ime Enfeigne noire «Se<br />

blanclie, &pour Devife le mot Vaucenty voulant faire entendre,<br />

qu'un d'eux en valoit cent. Ces deux Religions ont rendu de trèsgrands<br />

fervices, non feulement aux Rois de Jérufalem y m^is encore<br />

à. tous les Princes Chrétiens de VOrient.<br />

Cependant, FOULQUES , Comte d Anjou y qui, en vertu des Foulques,<br />

Comte<br />

droits de la Princeffe ME'LISE'N.E,. fa Femme, fuccéda au Roi ^Xn lOU,<br />

BAUDOUIN ,, fori Beau-Père, fut couronné Roi de Jérufalem, Ce fi ^^ ^^-<br />

Prince, qui n'avoit pas moins de valeur. Se de générofité que fes<br />

Prédéceffeurs,^ commença par défendre la Principauté d Antioche<br />

de l'invafion des Turcs, qui faifoient des efforts continuels pour<br />

s'en emparer. Afm de la conferver a CONSTANCE , Fifle de BOÉ­<br />

MOND, qui en étoit la légitime héritière, Se renverfer les projets<br />

de fa propre Mère, qui vouloit l'en exdurre, fl maria-cette jeune<br />

Princeffe à RAYMOND, Ffls du Comte de Poitiers. Comme ce<br />

jeune Seigneur fe trouvoit à la Cour du Roî d Angleterre, FOUL­<br />

QUES lui envoïa GÉRARD GE'BERT,, Chevalier de V Hôpital y pour'<br />

'traiter cette Alliance.-<br />

Dans le même tems, ne pouvant foufrir que lès Chrétiens y qui'<br />

poffédoient plufîeurs Villes, Se Fortereffes plus éloignées c^xAfcalone,<br />

fuffent tous les jours inquiétés, par les courfes de la Garnifon<br />

que \& Calife dEgypte tenoit dans cette Pkce, fl fit rétablir Se fortifier<br />

fancienne Ville de Berfabée, que lès' Infidèles nommoient<br />

Beith Gébrily ou Maifon de GABRIEL, «Se que les Chrétiens ^ppe}loient<br />

Gcbelliny fituée à l'oppofite dAfcalûne. Il en confia la gds^<br />

de ^ux Hofpitaliei'S, afin que, parleur vigilance,& leur valeur,,<br />

fls réprimaffent finfolence des Barbares y qui s'avançoient qiieiq^iefois<br />

jufqu'aux portes de y^r^f/^/m.<br />

Berfabée étoit autrefois fur les Frontières de la Terre de Pro- situation-<br />

F 3: nrtf'^^ ^''^-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


ii8 H I S T O I R E- G E' N Ë' R A L E<br />

bée, rka- mifflon, du côté du Septentrion, comme tiamy Panée y Se Céfa-<br />

Fouiqu'es. ^^ de\Philipe la bornoient du côté du Midi; ainfi que le marqut<br />

f Ancien Teftament, en parlant de cette Terre, qui s'étendoit<br />

depuis Dam jufqu'à Berfabée.<br />

Le Roïaume n'étoit pas moins inquiété de fautre côté, par les<br />

ravages qu'y faifoient un grand nombre de Brigands des Pays dé<br />

Moaby dAmony Se deGalaad, Us s'étoient fortifiés, dans une<br />

Grotte au-de-là du Jourdain y qui n'avoit d'autre^ accès qu'un petit<br />

fentier, coupé dans le roc à force de cifèaust; ce qui k rèndbit<br />

^^'& prefque impraticable, &înacceffibk. LeRoi, affifté des âbj^i/^lietSy<br />

Se foutenu par THÊ'ODORIC, Comte de Flandres y ibt<br />

Gendre, qui venoit d'arriver en Palefline, avec une groffe fuite<br />

dé braves Soldats, le mit en campagne, pour en chaffer ces Valeurs<br />

; mais il les trouva fi bien retranchés, Se munis, que, pour venk<br />

à bout de fon entreprife, il fut obligé d'appeflef les Garnifons des<br />

Pkces voifines; ce qui penfa lui être bien funefte.<br />

' Les l)iréSy informés de fon Expédition, Se du dègamîffemeiït<br />

de fes Fortereffes, s'affemblèrent en diligente, & pafsèrent h<br />

SiTétiet? yo^f'àainy pour s'aller jetter fur k Paya des C&;V/^/z^, vuide de<br />

ravagées ' geHs dé Guerre. Ils commencèrent leurs ravages par Teccûay ^^x-<br />

^}^^fs.^^''tremeni'^ppûlée la Fille des Prophètes y qu'ils trouvèrent déferté,<br />

parce que les Habitans découragés, en fe voïant privés de ceux qui<br />

étoient capables défaire tête aux Êarbaf-es, favoient abandonnée,<br />

au bruit de leur approché. Ils brûlèrent, ôe faccagèrent, avec<br />

la même facilité, tous lès autres Bourgs, Se Viflages cïè k Montagne,<br />

ou Province, qui étôit autrefois le partage de la Tribu de<br />

JÛDA.<br />

Les Barbares y animés par ces avantages, auroient fait dt plus<br />

grands maux, & ruiné plufieurs autres Lieux, fî R06ÊRI' BoûU-<br />

GUIGNON, alors Maître des .Templiers y qui étoît rèfté à Jérufalem<br />

y oùfl aprît la défoktion de ce Pays, rie fè fût promtement<br />

mis en campagne, avec fes Ciievaliers, Se k pliiS dé moft^e<br />

qu'il put ramaffer, pour arrêter leur fureur. Ceûx-cî, dans k<br />

craui*<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JF:'R U S A L E M. LIV. HL CH. IIL iip<br />

crainte de perdre kur biJtin, n'osèrent l'attendre, & prkent k Barbares<br />

fuite, vers Hébron y Sépiflture des Patrkrehes, dans le deffein de JJ"^>'gagner<br />

k Plaine dAfeaîom. Leur lâclieté anima les Chrétiens à<br />

ks pourfoivre, avec pks d'ardeur que de précaution; car, fe<br />

Croiant déjà affurés de k Vidoire, par la peur qu'As avoient infpirée<br />

à kurs Ennemis, Hs marchèrent avec tant de défbrdre, Se<br />

decoafufîon, qu'fls leur donnèrent fieu, non feiflement de fè garantk<br />

de leurs coups, mais encore de profiter de leur préfcwiptiiOn,<br />

& de kur'mauvaife conduite.<br />

Enefïbt,ksT«r£'i,qtti s'en étoientapperçus5 bien loin de con- Articieiu.<br />

tinuer à fuir, firent vcdte 6ce,& trouvèrent ks Chrétiens teflement<br />

écartés ks uns des autres, qu'il leur fut auffi facfle de ks mettre<br />

en déroute, qu'il fut impQJffibk au Makre des Templiers de ks rai- Mo^te<br />

fier, & même d'empêcher que la plupart de fès gens ne périffent ^piiers.<br />

Qn chercliant à fe feuver vers Teçcuayoù ils forent vivement poiirfoivîs<br />

par ks ftfidàks^<br />

La nouvefle de cette défait-e, qui coûta la vie à plufîeurs Chevaliers<br />

du Te^mpley entre autres à OTHON de MONTFAUCON, qui<br />

jmgEOHt à fe haule naiffance une vertu, & un courage, qui k<br />

feûfoiesit eftimer'dç tout le monde. Se k perte de ce vaiflant homme<br />

^ Êirént également fenfîbks au Roi, Se à toute l'Armée Obr^if»a/i^,quiétci!ittoujours<br />

campée au-de-là du Jourdain. Cependant, rtaoire de<br />

le plaifir qu'eut ce Prince, de s'emparer de vive force, quelques^^'J^Jg^^^<br />

joons après, du Pofte avantageux qu'occupoient les Brigands, qui ^arçs,<br />

dfifckbientfon Roïaume, & la joie qu'fl eut de ks avoir défaits<br />

entièrement, firent qu'fl s'en retourna k. Jéruiakmy corifolé de<br />

fe douleur.<br />

A peine eut-fl pofé les armes, qu'fl fut folieîté, par les Infidéks<br />

mêmes, à ks reprendre. Dans le même tems, fl reçut une célèsbre<br />

AnÂaflkde d'AMARD, Gouverneur de Damas y Se Prince de k<br />

MiUce. Ce Gouverneur ne fe trouvant point affez fort, pour t£fifkr<br />

à SANGUIN, Soudan dAlep y Se de Muffuly déjà enflé dc<br />

quelques fiijccès dé guerre,. & qui, non contint d'inquiéter ks<br />

Chré-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


i^o H I S T O I R E G'^E' N E' R A L E<br />

Chrétiensys'étoit propofe d'envahir les Etats des Héritiers de BOL-<br />

DEQuiN, Roi de Damas, & Gendre dAMARD , s'avançoit à grandes<br />

journées, pour mettre ce projet en exécution. AMARD, pour<br />

être en état de repouffer cet Ennemi commun, fit offrir au Roi<br />

FOULQUES vingt-mifle écus dargent comptant, pour les fraix de<br />

l'Armement qffil feroit pour le fecourir, & outre cela, d'aller luimême,<br />

avec toutes fes forces, reprendre la Ville de Panée y ou<br />

Céfarée de Philipe, que BOLDEQUIN, fon Gendre, avoît enlevée<br />

aux Chrétiens quelques années auparavant, & dont le Gouverneur<br />

qu*fl y avoit mis, apuïé de la protedion des Sarrafins y s'étoit<br />

approprié la Souveraineté, dans la penfée de pouvoir s'y maintenir.<br />

AMARD envoïoit en même tems des otages, pour k fureté<br />

de fà parole, à ce Prince ; Se fes MîAiftres vouloient les lui configner.<br />

Le Roi FOULQUES, à qui ces propofitions ne déplaifoient pas,<br />

& qui connoiffoit d'aflleurs le danger qu'fl y avoit, pour fes propres<br />

Etats, d'en laiffer aprocher un Ennemi auffi puiffant? & auffi<br />

/ entreprenant, que fétoit SANGUIN , de favis de fon Confefl, & des<br />

Maîtres des Ordres Mflitaires, accepta les offres, & les otages<br />

d'AMARD , Se affembla en même tems le plus grand nombre de<br />

Troupes qu'fl lui fut poffible, avec lefquelles fl alla le joindre,<br />

dans la Vilk de J/^2


DE JE'RUSALEM. Lïv. HI. CH. m. ïïf<br />

Il la lui remit entre ks mains, après l'avoir prffe. Le Gouverneur<br />

de cette Place perfîfta néanmoins long-tems dans fa rébellion, malgré<br />

féloignement de fonProtedeur, Se le peu de fuceès de fon<br />

Expédition.<br />

Ge Rebelle foutint même, avec beaucoup de fermeté, les premiers<br />

affauts, «Sefe défendit, pendant quelques jours, avec la<br />

même vigueur; mais, aïant perdu fefpérance d'être fecouru, &<br />

voïant, qu'il nepouvoit éviter de fuccomber fous tant de forces, il<br />

rendit enfin la Ville , à condition d'en pouvoir fortir librement,<br />

avec les Siens, leurs Effets, Se toutes leurs Familles, pour fe retirer<br />

où bon leur fembkroit. AMARD , charmé de trouver l'occa-<br />

^ fion de fatisfaire par-là à fa parole. Se le Roi de Jérufalem y content<br />

de recouvrer une Place fî importante, acceptèrent, fens<br />

balancer,ces conditions ; de forte que ce Prince en prit poffeffion.<br />

Se la remit en même tems à RAYMOND BRAS , qui en étoit le légitime<br />

Seigneur, Se auquel elle avoit été enlevée, quelques années<br />

auparavant, par les Troupes du Roi de Damas. Après cet heureux<br />

foccès. FOULQUES, accompagné du Prince d Antioche, du<br />

Comte de Tripoli, qui s'étoient rendus à fArmée, avec leurs<br />

Troupes; des Barons du Roïaume, «Se des Ordres MiUtaires,s'en<br />

retourna à Jérufalem, rendre grâces à Dieu de s'être délivré, fans ^ retwm<br />

tirer l'épée, d'un Ennemi, dont fl craignoit fî fort le voifînage, lem."**'<br />

& d'avoir recouvré une Vilk auffi confîdérable, que l'étoit Béline,<br />

ou Céfarée de Philippe. Cette Ville reçut ce nom de PHILIP­<br />

PE Tétrarque. Fils du premier H E'R ODE, qui l'avoit agrandie<br />

Se embellie de plufîeurs beaux Edifices,& de TIBE'RE, alors CE'-<br />

SAR. Elle mettoit fon Roïaume à couvert de' l'infulte des Barbares<br />

y de ce côté-là.<br />

AulTi, ce Prince ne penfe plus qu'à le bien affurer du côté<br />

dAfcalonCy dont la Garnifon Egyptienne incommodoit toujours<br />

extrêmement fes Sujets, de même que le Fort de Berfabée y ou<br />

Gibelin y qu'fl avoit fait bâtir, quelque tems auparavant, dans<br />

le voifinage de cette Place. Cependant, commç la Fortereffe J<br />

Q, n'étok<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


lar-is HÎS T O I R E G ^'î^ m AL E<br />

n'étoit pas capable d'arrêter les courfes 'des Infidèles, fl fit faîref,<br />

^n diUgence, deux-autres Châteaux, fun fur une éminence,<br />

où fe trouvoit anciennement la Vflle des PhiliftmSy nommée<br />

Getb, affez près de la Mer. 11 fut bâti, avee d'autant plus de<br />

faciUté, qu'on y trouva beaucoup d'eau, 6e quantité de matériaux<br />

des ruïnes de cette ancienne Ville. Comme cet endroit<br />

fe nommoit déjà Jbelin, le Roi FOULQUES lui laiffa k même nom.<br />

Se en donna le Gouvernement à un brave Seigneur, nommé<br />

BALIAN, que le Père LUZIGNAN fait Fils de HUGUES de RAMA.<br />

Il prit alors le furnom d'iBELiN, «Se a été le Chef de cette ifluftre<br />

Famifle, qui s'eft diftinguée en Orient, par un grand nombre<br />

d'Adions de valeur Se de générofîté , pendant plufkurs<br />

cles.fiè­<br />

Le Roi fit faire la féconde Forterefie vers la féparation d'un<br />

Détroit., pdir oii:hs dk^idJles entroient dans k Roïaume, ΫSC fur<br />

une ColUne éloignée de huit miles dAfcabney que ks Arabes<br />

-nommoient Jeléfc^ y c^i fignifie Montagne noire. Ce ^Prince<br />

(hii donna le nom de Blanche^garée. Il s'en réferva k propriété^<br />

«Se y mit une partie de fes meiUeurs ScMats; de manière<br />

tjue les Garnifons de ces trois Places s'uniffant, dans les occafions,<br />

pour s'oppofer au ravage des Sarrafins y les réduifirent<br />

bientôt à s'enfermer eux-mémas dans leurs propres Murailles y<br />

làns ofer davantage efitreprendre de pifler les paffans, '&e ra-<br />

-içager ks campagnes, comme ils faifoient aupa'Kivaflt; Se<br />

:par ce moien, le Roïaume jouît enfin d'une entière tranquilité..<br />

- Cette ;paix donna lieu au Roi d^aûfer paffer P Automne kPUàmatdej,<br />

.pour y procurer quelques Divertiffemens à la Reine<br />

M E'L ISA NT E. Les Spedacks, & les Feftins, qui foccupè-<br />

;^f6at fiendtanrt toute cette Saifon., furenl: TOaHieureufement fuivis<br />

d'un accident Êrès-iunefte à ce Prince. * Un jour qu'il fe prome-<br />

«loit à cheval, avec toute fe- Goiu, dansia Plaine de cette Vflfe,<br />

fes Î3«teaeft*gues firent par hafard lever un Lièvre,^que chaîna<br />

s'fiampceflà^ çourfiMvre,^ & que k Prince, lui-mçme chaffer<br />

•J'I ^-' avec<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE'RUSALEM. LIB. IH. Ca HL 121<br />

avec tant de précipitation, que fon cheval s'abattit tout à coup Mmiu ;<br />

fous lui. Le pomeau de la Sefle lui fracaffa la tête, «Se fl en ^^^p'<br />

mourut au bout de quatre jours. Cefâclieux accident arriva le 13. acad^m^ '<br />

de Novembre de fan 114.2. Se le onwème de fon Règne. Son L<br />

corps fut tranfporté à Jérufalem, Se inhumé dans f Eglifo du<br />

St. Sépulcre y auprès de fes Prédéceffeurs.<br />

FOULQUES laiffa deux Ffls encore fort jeunes. L'aîné, nom^<br />

mé BAUDOUIN , lui fuccéda : fautre, appeflé A L M E'R i c, demnir<br />

ra, auifi bien que fon Frère, fous la tutèk de k Reine kur<br />

Mère, qui fit d'abord couronner l'aîné, fous le nom de BAU»<br />

DOuiN UL La Cour de Jérufalem éCoit occupée aux Funerail^<br />

les du Père, Se au Couronnement du Fils ; & la divifon regnoit<br />

entre RAYMOND, Prince d Antioche y Se le jeune JOSSEUN,<br />

Comte d'Edeffe. Celui-ci, bien loin d'imiter k vertu de foa<br />

Père, avoit entièrement négligé k Gouvernement de fes Etats, '<br />

Se la confervation de fe Ville principale, que ce généreux i$e<br />

refpedable Vîeflkrd avoit fortifiée avec de grands foins, & '<br />

beaucoup de dépenfe. Il s'étoit retiré à Turbefel, lieu délicieux,<br />

fitué fur les bords de VEufratCy où fl ne fongeoit qu'à<br />

fatisfaire fes piaifirs, qu'il pouffoit même jufqu'à k débauche.<br />

SANGUIN, vouknt profiter de'cés favorables conjondures,fe mit<br />

à la tête d'une puiffante Armée, furprit Edeffe, qu'fl emporta<br />

de vive force, après quelques jours de fiége ; & exerça toute<br />

forte de cruautés fur les Chrétiens y qui l'habitoient. On n'attribua<br />

pas moins la perte de cette ViUe à f avarice de HUGUES , qui<br />

en étoit Archevêque, qu'à la moUeffe de JOSSELIN. Ce Prélat,<br />

qui poffédoit de grandes richeffes, auroit pu, fens * beaucoup<br />

s'incommoder, réparer la négligence du Comte, en muniffai^<br />

la Place de Soldats, Se de tout ce qui étoit néceffaire pour ré*<br />

fifter aux cfibi-ts des Infidèles y ou du moins, pour la foutenir," ;<br />

jtifqu'à ce que ks fecours des autres Princes de k Pakfiine y<br />

puffent arriver. Cette fordide avarice fot bientôt punie ; car Punition<br />

tous fes tréfors ne fempêclièrent pas d'être étouffé dans k ibii-rt,^j«fX*;


124 • H L S T D- î R E X E' N E' R A-L E<br />

Pife d'E- le du peuple, qui cherchoit à fe fauver, lors que f Ennemi y<br />

entra.<br />

Diferens Cette VÎUe eft la même que la Sainte Ecriture nomme Réges,<br />

^ed'E-^ STRABON Bambicay Se quelques autres Arachy ou Rafe y Se que<br />

defle. nous connoiffons préfentement fous le nom^dOrphay Métropole<br />

très-puiffante, dans la Méfopothamie y fituée au-de-là de VEufratCy<br />

& la même où regnoit ABAGAR, qui, felonEusEBE,<br />

écrivît une Lettre à J E'S u s-C H R i s T , «Se en reçut une réponfe.<br />

Qiielques Auteurs prétendent, que ce fut ALEPH , Prince Turc,<br />

^^^é^R qui prit alors cette Ville fur les Chrétiens; mais f Archevêque<br />

fes Etats de Tyr affure, que ce fut SANGUIN, «Se que ce Soudan y étant<br />

frtagés. ^jj^ enfuite affiéger Cologomhat, autre forte Place fur VEufratCy<br />

fes Valets de Chambre, gagnés par les Habitans de cette<br />

ViUe, f égorgèrent une niiit dans fon Ut ; ce qui fut caufe qu'on levât<br />

le fîége. Les Etats de SANGUIN furent, après fa mort, partagés<br />

entre fes deux Enfans, dont faîne, nommé SANGUIN COTHE-<br />

BEDiN,eut la Souvraineté de Mufful: Se NORADIN,qui fut dans<br />

k fuite auffi vaillant qu'heureux, eut cefle dAlep.<br />

Article IF. La perte d''Edeffe ne fut pas la feule difgrace, qui arriva alors<br />

^^43. aux Chrétiens Orientaux: les Turcs s'emparèrent, peu de tems<br />

après J d'un Château , fîtué dans la Syrie Sobal, dans la Vallée<br />

de MOÏSE , au-de-là du Jourdain. Ce fut dans cet endroit,<br />

que ce fage Légiflateur du Peuple de Dieu fit fortir, dit-on,<br />

feau d'un Rocher, pour étancher la foif des IfraëUtes qu'il conduifoit.<br />

Les Chrétiens, qui gardoient ce Fort, furent affez lâches<br />

pour fe laiffer féduire, «Se pour le livrer aux Infidèles y qui<br />

n'eurent pas k plaifir d'en jouïr long-tems. La trahifon, ^ la<br />

perfidie de ces mauvais Sujets piqua fî fort le Roi BAUDOUIN ,<br />

" que fa générofîté natureUe, & fon ardeur pour la gloire f élevant<br />

au-deffus de fa jêuneffe, ff affembla promtement ies forces<br />

du Roïaume, «Se accompagné des Ordres MiUtaires, il alla hardiment<br />

attaquer cette Place, qu'fl eut le bonheur d'arracher, en<br />

; peu de tçms, des mains des Barbares. II. la munit abondam­<br />

ment,.<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE J E R u s A L E M. Liv. îïl. CH. Ilf. r 2 f<br />

ment. Se avec tant de foin,de tout ce qui étoit néceffaire pour<br />

fe confervation, qu'il n'eut plus lieu de craindre un accident femblable<br />

à celui qui lui étoit arrivé, Se s'en retourna enfuite à Jérufalem<br />

, auffi glorieux, que fatisfàit, d'avoir fî bien réùlfi, dans<br />

fa première Entreprife.<br />

Il n'eut pas k même bonheur dans la féconde. La fortune fe<br />

kffa bientôt de lui être favorable. L'année fuivante, de favis<br />

de fon Confefl, fl accepta les offres d'un Seigneur Turc y nommé<br />

STANTAI, auquel le Roi de Damas avoit ôté le Gouvernement<br />

de Boftray Vifle principak de V Arabie pétrée. Ce Turc y<br />

outré de cet afront, s'engagea de rendre BAUDOUIN IV. maître<br />

de cette Place, moïennant une fomme d'argents BAUDOUIN fe<br />

mît en campagne, avec les Ordres Militaires, pour aller la furprendre.<br />

Mais, foit que f intrigue fût mal concertée, ou qu'elk<br />

eût été découverte par les Infidèles y après avoir fouffert,<br />

pendant ce Voïage, k foif, la faim, les chakurs exce^wesy imprudence<br />

Se toutes les incommodités d'une route fî longue, & fî pénible, do^iii"iv.<br />

il ne put rien entreprendre, par raport à la multitude d Infidèles<br />

que la propre Femme de STANTAI y avoit introdmts, en vue de<br />

ruiner les projets de fon Epoux. Bien plus, pour fortir de<br />

ce mauvais pas, BAUDOUIN fut obligé de s'ouvrir un paffage les<br />

armôs à la main,parce que NORADIN, Fils de SANGUIN,«Se Gen- Noradin<br />

dre du Roi de Damas s'étoit mis en campagne, avec une puif-campl/nl<br />

faute Armée, pour s'oppofer à fa retraite ; de forte que ce ne "^^^^ '"**<br />

fut qu'après bien des dangers. Se des peines, que ce jeune Prince<br />

regagna fes Etats. Son arrivée fit ceffer les allarmes, & ,ks<br />

inquiétudes, que k foccès de fon Entreprife donnoit à la Reine<br />

fe Mère, Se à tous fes Sujets.<br />

Le jeune Prince NORADIN, dont l'inclination étoit auffi beUîqueufe,<br />

qu'inquiette, n'étant pas plus fatisfàit, que fon Frère,<br />

du partage des Etats de SANGUIN fon Père,n'eut pas plutôt terminé<br />

f affaire de Boftray qu'il alla à Muffuly pour lui di^uter<br />

k Succeffion paternefle; ce qui donnarlieu aux Habitans dEdeffe y<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


ti6 HIST. GETNfER. DE JEHUS. LIV. ffl. CH. IH.<br />


HISTOIRE GÉNÉRALE<br />

R G ï A" U M E S<br />

D E<br />

CHYPRE, JÉRUSALEM,<br />

D' É G Y P T K<br />

L I V R E IV.<br />

C H A p I T R E P R i M I E R.<br />

An»<br />

ePape EUGÈNE<br />

;^îcsaç^^ cius îî. ri^prit pas<br />

XIL<br />

plutôt<br />

qui avoit<br />

la<br />

fuccédé<br />

trifte nouvelle<br />

à Lu-<br />

^ _ >:^ de k prife dEdefièy Se le cruel maffacre des<br />

C%^ L ^ ^^y Habitans de cette Vifle, qu'fl envo'ia des Pré-<br />

Ç^^iC:ic3Î^> dicateurs dans toutes les Provinces d Europe y<br />

^^|%^â^i^ pour exRorter ks Princes, «Se les Peuples à<br />

afler fecourir les Chrétiens dOrient. Le cé--<br />

Mire ST. BERNARD, Abbé de ClervauXy emploïa ïi efiîcacement<br />

fon»<br />

Il Creifa^<br />

de. -^<br />

Eugène<br />

III.<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


128 H I s T o I R E G E' N E' R A L E<br />

fon éloquence, dans cette preffante conjondure, qu'il engagea<br />

divers Princes Se grands Seigneurs à prendre la Croix. L'Empereur<br />

CONRAD III. fut fi touché de fes remontrances ,& du récit<br />

déplorable qu'fl lui fit des fouffrances des Chrétiens de la Palefline,<br />

que ce Monarque s'unit avec Louis VIL dit le jeune. Roi<br />

de France y ^qui s'étoit déjà croiféy pour cette fainte Entreprife.<br />

Ces deux grands Princes firent d'abord publier la Croifade<br />

dans leurs Etats, «Se travafller en diligence aux préparatifs néceffaires,<br />

pour cette importante Expédition. Les peuples "^foivirent<br />

leur exemple, avec tant d'empreffement, que leurs Armées<br />

en devinrent très - nombreufes, puifqu'outre flnfanterie, il<br />

s'y trouvoit la fleur de k Nobleffe de leurs Etats, avec près de<br />

14.0. mifleClievaux. Les munitions, 6e les apparefls, qu'fl falut faire,<br />

pour la commodité de ces deux puiffans Corps, pendant une fî<br />

longe route, en retardèrent affez long-tems le départ.<br />

CONRAD, qui fe trouva le premier en état de partir, fe mit en<br />

marche, avec la plus belle, 6c k plus fuperbe Armée qu'aucun<br />

Empereur eût jamais eue. Après avoir traverfe divers Pays, fans<br />

aucun accident, fi non celui d'un gros orage qu'fl effuïa, dans les<br />

Campagnes de Thrace, où fl s'étoit arrêté, pour faire repofer fon<br />

Arrivée de _Armée, fl arriva hemeufement à Conflantinople, où k Roî de France<br />

f Empereur , • . , ^—i*^ n<br />

Conrad à dcvoit k joindre, avec fes Troupes, pour faire enfemble le refte<br />

Bopie.^"^^


JTE JEUtJSALEM. Liv. IV. CH. L 129<br />

Il eft furprenant, que CONRAD, après avoir été fi mal reçu lîefttraK<br />

d'EMANUëL, Se avoir reconnu fa jaloufie, auffi bien que la malignité ^l„r^'<br />

de fes intentions, eut la foibleffe de fe livrer, comme fl fit, aux ^'^^•<br />

Guides que ce cruel Ennemi lui avoit donnés, pour le conduire.<br />

Le plaifir qu'fl eut de fe voir à la tête d'une Armée, qu'fl croïoit<br />

invincible , ' f aveugla dans cette occafion, Se lui fit négliger les<br />

précautions ks plus nécef&ires, dans des Pays auffi dangereux.<br />

Cet Empereur, d'aflleurs fi expérimenté, fe vit conduit, com- '<br />

me une Vidime, où k fer f attendoit. Ce ne fut pas, fans avoir<br />

reçu de fages avis des Seigneurs, qm f accompagnoient, Se qui,<br />

tous de concert, le prioient de prendre la route la plus voifine de<br />

k Mer, fans fe fier à la parole fospede des Grecs,<br />

Ces perfides le conduifirent dans la Lycaonie, où, loin de<br />

trouver les rafraichiffemens, 6c l'abondance, dont le traître EMA­<br />

NUEL favoit affuré , il ne rencontra qu'un Capitaine Turc ,<br />

nommé PARA MON, OU P A RAME', OU felon d^autres, MAHA-<br />

MOUT, Soudan de la Ville de Cogni ou /«row/li/», quife jetta brusquement<br />

fur fArmée de C o N R A D.<br />

Il y avoit long-tems qu'EMANuëL avoit foflicité ce Barbare<br />

à unir les forces de fa Nation, pour s'opofer au paffage des Croifés.<br />

Il fut donc impoffible à ceux - ci de réfifter à k multitude<br />

d'Ennemis, dont ils furent tout-à-coup envelopés , Se pourfuivis<br />

dans les défilés, où ces Infidèles les avoient engagés. De<br />

foixante-mille Chevaux, Se un nombre prodigieux d'Infanterie,<br />

dont PArmeé de CONRAD étoit compoféê, à peine s'en fauva-t-fl dixmifle.<br />

Ce Prince reconnoiffant, mais trop tard , le malheur où<br />

fa préfomption l'avoit plongé, fot contraint de rebrouffer chemin<br />

5 Se de s'en retourner ,-avec ces triftes débris y k Conflantinople j<br />

fans penfer , qu'fl avoit tout à crahidre auprès d'un Empereiar<br />

Grec y qui venoit de le trahir, 6c de lui caufer une perte fi cruelle,<br />

6c fi préjudickble à fa gloire, 6c à fes mtérêts.<br />

CONRAD , dans f accablement de fes réflexions, fe rctka presque<br />

fans fuite, & fan? tagagej 6c, dans cet équipage afi:eux,ii<br />

R arriva<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


130 HISTOIRE G E' N E' R A L E<br />

arriva au Camp des François y prèsde Nicée, où fls étoient parvenus<br />

, après avoir effuïé, de leur côté, de terribles contretems<br />

Se beaucoup d'outrages, de la part du même Empereur EMANUCL.<br />

Quelque penchant qu'eût l'Empereur CONRAD à accomplir<br />

fon Vœu, la honte de fe voir fi mal accompagné, 6c la crainte de<br />

bleffer la Majefté Impériale, s'fl avoit continué fon Vbmgc, avee<br />

le Roi de France, qui n'avoit rien perdu de fon Armée, l'engagea<br />

à prendre congé de ce Prince, Se d'aller hiverner à Conftantinople.<br />

Pour le Roi de France y après avoir paffé une partie de l'Hiver<br />

dans ks Campagnes d JK^^ , fl traverfe le Méandre y Se<br />

continua fa route vers hi Paleftine, EMANUEL s'entendoit<br />

toujours avec les Infidèles ;Se ces JB^rr^r^^, attirés par l'espérance<br />

d'un grand butin, attendirent au paffage de cette Rivière fArmée<br />

Françoife, qu'^fls haitelèrent continuellement, par kurs efearmouches,<br />

fans ppuvoir cependant remporter aucun avalitage confidérable.<br />

Il n'en fut pas de même, au paffage dune haute<br />

Montagne, que ks François dévoient néceffairement traverfer^<br />

Ce fut-là, que ks deux Corps de Bataille, dont leur Armée étoit<br />

compofee, commencèrent k s'écarter, imprudemment, fun de<br />

fautre. Lcs Barbares profitèrent decette faute, Se fe feifîrént du<br />

fommet de la Montagne, qui reftoit entre deux : ils attaquèrent<br />

Vifaite de vigoureufemcnt f Arrière-Garde , liors d'état d'être fecourue-<br />

VArmée^^ Cctte adiOU fut fî avantagcufe aux Infidéks, qu'fls y défirent<br />

/IfETn^'^ presque entièrement fArmée des Français y Se que k Roi, qui s'y<br />

lidèies. trouvoit CD peribnne, ne dut fon falut qu'à k Proteétion Divine,<br />

qui foutint fon courage- En e^ty fl foporta ee revers de<br />

fortune, avec'autant de prudence, que de fëftneté. Il ralUa les<br />

reftes de fon Armée, Se marcha, aVec plus de circonfpedion,<br />

;u%u'à Atalk, ou Satalie, VîBe Maritime de k PampUlh, 'dont<br />

k Gouverneur lui accorda, pour un prix cxeeffif, Se avec beaiK<br />

coup de peine,fes Vaiflèaux nécdfeïres,pour paffèr à Antioéfe.<br />


DE JE'RUSALEM. Lm IV. CH. L 151<br />

embarquer toutes fes Troupes, une partie fut obligéed'aflerpar<br />

terre jufqu'à Antioche y où efles ne purent arriver, qu'après a- Françoi.%<br />

voir encore fouffert beaucoup de k maUce, 6c de la perfidie,des ci^""®'<br />

Grecs y auffi, bien que de k fureur des Infidèles y qui agiffoient<br />

toujours de concert avec eux. Ce fut-fe, que l'Armée frmtçdfe<br />

eut k tems de fe rafraîchir un peu, pas les bons traitemens de<br />

RAYMOND, Prince de cette Vflk. Mais le Roi, qui, malgré<br />

tous ces bons accuefls, rfétoit pas fort fetisfait de ce Prince,<br />

dont il craignoit même l'e^^rit violent Se emporté, parce qu'fl<br />

luî avoît refufé d'emploîer fes Troupes à f agrandi ffement de fes<br />

Etats, fortit fécrettement de la Vflle, avec k Reine ELE'ONOR , fon<br />

Epoufe, quoique cette Prmceffe, pour laquelle , felon quelques<br />

Hiftoriens, RAYMOND avoit conçu de l'inclination, eût fouhaitè<br />

dy dQineurer pkis long-tems. Louïs marcha toujours, à k<br />

tête de fes Troupfiis, vers Tripoli. -<br />

L'£m|iereiœ.ÔdNRAJ^, dont la difgsaee avoit ^paifé k viov<br />

lente jaloufîe, que fe grande Se belle Armée,- avec tout fon pom*<br />

peux attirail, avoit donné à l'Empe^èuip^rfC, en avoit plus fe»<br />

cikment obtjenu des Vâiifleaux, 6i s'éttait déjà »endu en Palefti^<br />

ne, où il attendoit, avec : impatience, le Roi- de France, pour faire<br />

enfemble quelque Entreprife importante for les In^èks. Comme<br />

f Empereur, 6c le Roi de Jérufalem y n^ïgoQroient pas les ef* ':<br />

forts qu'avoit faits le Prince d Antioche, pour engager Louis à<br />

faire k guerte dans le voifinage dé fes Etats, 6c qu'fls ^élien?*<br />

doient, quô le Comte de Triplly qui n'étoit pas moins avide de<br />

s'agrandir, n'en fit autant de fon côté, fls îui envoïèrent, en qiia*<br />

fité d'Ambafïàdeur, FuLCHasR, Patriarche de Jêrvfefienty pour<br />

fefetticiter de fe rendre danscette Capitale ,1e plus promtement qu'fl<br />

lui feroit poffible- Le Roi de Fraticcy qui n'avoit pas moins de<br />

paffion d'y arriver. Se d'éloigner k Reine fèn Epoufe d^<br />

lien, OÙ elle atoit aulfi pris des engagemcais, qui lui étoient défagréÊèksvprda<br />

fi'fort fa marclie, qu'fl arriva beaucoup plutoC<br />

qu'on n'^roit ofé- f efpérer.<br />

R i. Voi-î<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong><br />


132 H I S T O I R E G E' N E' R A L E<br />

Voilà comment les deux plus grarrds^ Princes de VEurope eu^<br />

rent le chagrin d'entrer dans la Terre-Sainte, dépouifles de k<br />

plus grande partie de leurs formidables Armées, de tous leurs<br />

préparatifs de guerre. Se des fuperbes équipages qu'fls avoient tir<br />

rés de leurs Etats ; maflieur, que ks François, auroient évité,<br />

s'ils avoient fuivi les fages confeils de ROGER, Roi de Sicile y quiy<br />

pour les garantir de la perfidie de l'Empereur EMANUCL, Se des<br />

Grecs, dont il connoiffoit la haine invétérée contre les Latins,<br />

avoit offert fes Ports,6c.fes Vaifteaux, pour les paffer en Pa*<br />

kftine.<br />

Cependant, comme ces deux Monarques fouhaitoient également<br />

d'emploîer le peu de forces, qui leur reftoient, à l'accom*pliffement<br />

de leur Vœu, 6c à l'avantage des C^r^//^^ de la<br />

Palefeinty Tiprtw lès premiers CompUmens de civilité, qu'ik fe<br />

rendirent réciproquement, Se après avoir vifite le Saint Sépulcre, &<br />

fes autres Lieux Saints de Jérufalem y ils convinrent, avec le<br />

€Mfea Roi BAUDOUIN, de tenir une Affemblée générale k Acre y où<br />

umtk. ^^^^ ^^^ Princes, ks Barons, Se SeigneufS du Roïaume, pouvoient<br />

jeanifA- fe rendre plus facflemént, afin de coÈfulter avec eux, fur les<br />

epimlon" Entreprifes, qui feroient ks plus avantageufes aux intérêts com-<br />

^^^ muns, 6c à leur propre fureté;<br />

Cette Affemblée fut la plus célèbre 6c la plus augufte, quir<br />

fe foit jamais tenue en Paleftine. L'Empereur CONRAD y<br />

affifta en perfonne,avec tous les Prélats,/Princes, 6e Barons de<br />

rEmpire,qui étoient reftes auprès de lui;de même que leRoî dei^r^wf^,avec<br />

k Comte de Dreux y fon Frère, THÊ'ODORIC ou TIERRI y<br />

Comte de FlandreSy avec un grand nombre d'Evêques ,.6c de principaux<br />

Seigneurs de fon Roïaume, les Cardinaux: TH E o D i N, 6r<br />

GUI de Provence y le premier Légat du St.. Siège,, dans fArmée:<br />

de f Empereur, 6e l'autre dans celle de Fiance, BAUDOUIN, Roi<br />

de J^ufakm, k Reine MELISE^NE, fa Mère, le Patriarche<br />

FouLQUER, les Archevêques-, 6e Evêques de la PalefeinCy avec,<br />

tous ks Çpmtes, 6c.Barons de cet Etat, RAYMOND de PODIO,.<br />

Mai-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DB JE'RUSALEM. Lïv. IV. CH. L 133<br />

Maître des Hofpitaliers, Se ROBERT BOURGUIGNON , Maître des<br />

Templiers y avec plufieurs autres Seigneurs, tant dOrient y que Rifoiutitn<br />

d Occident. Ily fut réfolu d'attaquer les Sarrafins de Damas y '^'«««^«f»'<br />

comme ks Ennemis les plus voifins, 6c les plus redoutables, fins'rf*<br />

qu'euffent les Chrétiens de la Terre-Sainte y quoiqu'fls euffent ^^"^^^^<br />

été peu auparavant unis avec eux, contre SANGUIN , Soudan<br />

de Muffiil<br />

Pour cet effet, on donna k Rendezwous général à Tibéria^<br />

' de y où tous ces Princes fe rendirent, avec leurs Troupes, au<br />

Mois de Mai de l'Année 114.7. ou felon d'autres, 4.8. Ils en "4».<br />

partirent en bon ordre y vers la fin du même Mois, 6c marchèrent<br />

de même, jufqu'aux déUcieufes Campagnes y qui environ*<br />

nent la ViUe de Damas.<br />

Le jeune Roi BAUDOUIN , qui commandoit f Avant-Garde, 6c<br />

qui joignoît à. k feifveui! de l'âge, 6c à fa valeur naturefle, un<br />

ardent defir de fe fignaler, dans une occafion Vi intéreffante<br />

pour lui, 6c à la vue de l'Empereur, Se du Roi de France y<br />

dont l'approbation lui étoit fi chère, attaqua les Infidèles retranchés<br />

dans ks Jardins, comme on en étoit convenu dans<br />

le ConfeiU avec beaucoup d'ardeur. Se de courage. Cependant<br />

, malgré fa bravoure, 6c cefle qu'fl infpiroit à-fes Soldats, par<br />

fes befles adions, il y fut arrêté long-tems. Il ne pût même<br />

ks forcée, fans le fecours de f Empereur, qui s'avança avec fes<br />

Troupes, pour le foutenir. Les Damafquins furent alors contraints<br />

d'abandonner les Jardins, pour fe retirer dans la Vifle.<br />

Toute l'Armée Chrétienne campa, avec beaucoup de commodité,<br />

le long de la Rivière, où elle trouvoit abondance de fourage<br />

, Se quantité de rafraichiffemens.<br />

Ils formèrent k fiége de la Place, 6c fauroient emportée, sugeier'<br />

s?ils avoîent continué à la batre de ce côté-là;, mais l'avarice y parliî*''<br />

6e la jaloufie, paffions auffi dangereufes,que condamnables, fi- Jj^jf.<br />

cent tout d'un coup clianger ces bonnes difpofitions, 6c ruïnè-<br />

R 3. renc<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


in HISTOIRE GE'NE'RAprofitsr decette fkufle<br />

démardi% qui étoit confomie à. leur intention, ils fe feflirent<br />

d!abond du*bon Pofte, queles Chrétiens venoient d'abandonner y<br />

65 k fortifièrent fî-bkn., qu'on n'entreprit plus de les en chaf*<br />

iièis. L'Empereur:, Se le Roi de i^r/mce, connoiffent, par la for*<br />

ce des Miiraifles, 6c la bonté des-Tours, dont k Vflle étoît<br />

(Rendue, du côté cm fls venoient de pa&t. Se par l'incommodité<br />

de kur nouveau Camp., où ils ne trouvaient pks ni eau,<br />

ni rafraichiffemens,: qu'ils> étoient k dupe de k traliffon des<br />

Levée du SeigocuTs de Syrie^y en conçurent tant dci dépit, 6c d'indigiaation,<br />

qu'ils levèrent incefkmment k fiége, pour s'en re^<br />

tourner à Jérufalem,<br />

Le Roi BAUDOUIN ks fuivit, auffî innocent ,'que mortifié dc<br />

k mauvaife foi des Grands du Pays, auxfentimens^defquek fl<br />

avoit déféré, comme ks autres, fens pouvoir s?i|naginer,.qu'fls<br />

feffcnt capabks d^ne conduite fi indigne de,leur Naiffance, &<br />

fi contraire à leur Religion. Le<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JERUSALEM. LIT. IV. CH. L 13^<br />

Le reffentiment de ces deux Monarques, contre fes Orientaux^ ji^^i^ j^<br />

fut fi vif, qu'fls ne voulurent plus entendre ptiier, ni de l'Entreprife<br />

dAfcaloney qu'on kur propofa, 6c qui n^auroit pas été<br />

plus avantageufe , que cefle de Damas, ni d'-aucUne autre.<br />

L'Empereur partit même peu de jours après, pour retourner en<br />

Allemagne; 6e, quoique k Roi de l^r^w^ s'arrêtât encore quelque<br />

tems dans k Pakfiine y il ne voulut Jamais rien entreprendre<br />

, contre les Infiàèks.<br />

Ces deux Monarques, à kur retour en Eurêpe, firent des ra- ^^^^ *<br />

ports fi défàvantageux des Chrétiens de k Terre-Sainte y qu'fls e^^\^<br />

raflentirent entièrement fardeur , 6c k lèle qu'auroient eu les ^^^*<br />

autres Princes de ks fecourir. Ce fut dans cette maÉteureufe LOUÏS en.<br />

Expédition, jqu'AME'IIL Comte de Sa^yey qui avoit pris Ja ^^^^^'<br />

Croix y Se fait ce Voïage, -mourut, fekn GUICHENON, dans k<br />

Vifle de Nicofie en Chypre y où ce Prince avoît paffé, ou par<br />

curiofité, ou parce qu'ail y fut jette par -qtf^ue Tempête.<br />

Le peu de pf«ogtès, que firent ces deux grandes Armées de<br />

Croifés, qui avoient à kur tête ks deux plus puiffans Princes<br />

de la Chrétienté y Se qui faifoient trembler tout VOrient y au feul<br />

bruit de leur approche, réduifit ks affaires des Chrétiens de ce<br />

Pays-là dans un état beaucoup pks déj^orabk,qu'eflesn^étoknt<br />

auparavant. Après le départ des Allemands Se des François y<br />

non feulement les 7bT^,6cks iS^rr^^j,reprirent courage,mais<br />

fe croïant en état de tout entreprendre, fls commencèrent à<br />

ks inquiéter de tous côtés.<br />

NORADIN,profitant de leur foibleffe, entra, avec une puif&n- NoRADnr,<br />

te Armée, dans la Principauté d Antioche y où îl s'empara du ^^ndpavc<br />

fort Château de Neppa, Il défît, 6c tua, en Bataflfe rangée, fe t^d'An-<br />

Prince RAYMOND , qui étoit àHé pour fecourir cette Place ; ravagea<br />

toute cette Principauté, jufî^'aux Côtes de k Mer; Se auroit<br />

peut-être emporté k Capitale de cet Etat, -qui fe tromoit<br />

privée de fon Prince, iSe dégarnk de Gens de guerre, fî fe Roi<br />

BAUDCttJiN> fur favis qu'fl reçut des pit^s d^s Infidèles y 6c da<br />

maî-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


136 H I S T O I R E G E' N E' R A L E<br />

malheur de ce pauvre Pays, ne fe fut mis promtement en campagne,<br />

avec les Chevaliers de VHôpital y Se du Temple y 6c toute<br />

la Nobleffe du Roïaume, pour aller s'opofer à kurs progrès.<br />

Mais, foit que NORADIN ne voulût point rifquer ion Armée, ou<br />

qu'fl voulût conferver le riche butin.qu'fl venoit de faire, fl évita<br />

le combat. Il fe contenta de bien munir la Fortereffe d Arène<br />

y ou dAréthufe, qu'fl avoit aufli prife, 6c marcha<br />

vers Damas y dont fl vouloit s'emparer, auffi bien que des<br />

Pays, qui appartenoient aux Chrétiens. BAUDOUIN, de fon côté,<br />

ne jugeant point à propos de le pourfoivre, prit le parti de<br />

profiter de fon éloignement, 6c attaqua le Château d Arène y<br />

dans fefpérance de recouvrer cette Fortereffe. Mais, après favoir<br />

batue plufieurs jours, fans aucun fuceès, 6c reconnoiffant,<br />

qu'fl y confumeroit inutilement fes-meflleures Troupes, fl en<br />

abandonna l'entreprffe, pour afler confoler, 6e raffurer les peuples<br />

dAntioche, en mettant cette Place en état de défenfe, en cas que<br />

les Infidèles tentaffent de f attaquer. Il follicita fortement la Princeffe<br />

CoNsi ANCE , Veuve du Prince RAYMOND , à laquelle k<br />

Gouvernement en étoit demeuré, de fuivre les fages, 6e prudens<br />

avis de quelques Perfonnes d'expérience, qu'fl lui indiqua,<br />

Se d'éviter au contraire les confeils de quelques autres, dont k<br />

vanité, 6e l'infuffifance, lui étoient connues. Enfin, après avoir<br />

exhorté ks Habitans à fe bien tenir fur leurs gardes, 6c à être<br />

fidèles à cette Princeffe, il en prit congé, Se s'en retourna à<br />

Jérufalem y où fe prefence n'étoit pas moins néceffaire.<br />

Retour de BAUDOUIN , quî étoit Un Prînce rempfi de zèle, 6c de coura-<br />

DOUIN à ge, ne voïoit qu'avec doukur,la perte inévitable des Pays,qui<br />

leS!^ avoient coûté tant de peines, 6c de fang à fes Ancêtres. Il<br />

avoit le cliagrin de trouver les Chrétiens d Occident dégoûtés,<br />

II50. P^^ ^^^ ^^^^^^ défàvantageux de ceux de la féconde Croifade y<br />

Se infenfibles aux malheurs de ceux de la Paleftine. Afin donc,<br />

d'affurer par lui-même, autant qu'fl le pourroit, k confervation<br />

du Roïaume de Jérufalem y fl penf^ aux moïens d'enlever<br />

aux<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


BE JE'RUSALEM. Lïv. IV. &. L 13?<br />

aux Irfiàèks la Vflle dAfcalone, dont la garnffon ravagepit<br />

continuellement les Campagnes de fes Sujets, 6c tenoit en fujettion<br />

les Pkces dc fa dépendance, qui en étoient voifines.<br />

Pour f entreprendre avec plus de commodité, il fit ajouter un nouveau<br />

Fort aux trois, que le feu Roi, fon Père, avoît &it confbnîre »<br />

aux environs de cette Place. Il choifit le même endroit, où étoit<br />

autrefok fituée la Vifle de Gaza, ou Gazara, ancienne Satrapie<br />

des Pbiliflins. La quantité de marbres. Se autres matériaux,<br />

qu'on trouva dans fes ruines, fit bien comprendre l'importance<br />

dont elle avoit été ; Se les fources d'eau vive, qui y étoient<br />

en abondance, faciUtèrent extrêmement la çonftrudion de cette<br />

Fortereffe, dont le Roî confia k garde aux Chevahers du Tempk.<br />

Ils k munirent parfaitement de tout ce qui étoit néceffaire,<br />

6e refferrèrent fi bien la Vflle dAfcaloney que k Garnifon<br />

Sarrafine n'ofoit plus en fortir, pour faire des incurfions, comme<br />

auparavant. Qui plus eft, ces Ghevaflers faifoient eux-mêmes<br />

de fi vigoureufes forties, que le Soudan, qui rekvoit fouvent k<br />

Garnffon de cette Place, par de nouvefles Troupes qu'fl y envoyoit<br />

dEgypte y au travers du Défert, fut contraint de les faire<br />

paffer par Mer, où fes Bâtimens étoient fouvent pris, par<br />

ks Flottes Chrétiennes y Se k ViUe réduite à ime extrême difette<br />

de vivres.<br />

Mais, quelque favorables que fuffent ces di^wfitions, pour D(/r««V<br />

la Conquête que BAUDOUIN méditoit, deux accidens fâcheux ^' f^jk<br />

en retardèrent f entreprffe. De retour à Jérufalem , fl écouta ^^^*<br />

tjuelques efprits inquiets, 6c mal-intentionnés, qui lui perfiiadérent,<br />

que l'Autorité de k Reine,fa Mère,étoit trop grande,6c<br />

qu'Efle difpofoit feule du Gouvernement de l'Etat, qui devoit<br />

déformak n'appartenir qu'à lui, 6e fans aucun partage.<br />

Ces dffcours envenimés caufèrent une teUe difcorde, entre k , .<br />

Mère, Se le Ffls, que kurdéfunion penfe tout bouleverfer. Ce- treieBm,<br />

pendant, après plufieurs conteftations, ils convinrent enfin de^jj,<br />

partager k Roïaume, 6c que les Vflles de 3}r, 6c de Ptolomaih<br />

S dc.<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


l|S%-: Htï ST^:I R E-G E'N «'R'Al. E<br />

âty d^eureroknt au pouvok du Roi,.. 6c zeÏLeéde Jérufalélfll<br />

Se de Napoubufey à la Reine. .<br />

Article UI, Gette, dernière Ville ,. qui eft fancienne Sishen <br />

Enfàiîs de JACOB,, qui en mailacrèrent, dans une nuit, tous<br />

Situation ks Habîtans mâles, avec EMOR^kur Roi, Se SICHEN, fon Fils,<br />

louie^aw-" dans le fort mêi^e de leur maladk, caufée par la Circoncifion,<br />

cheh^ ^^ pour-fe vanger dé la violence, que ce dernier avoît faîte à DÎNA,<br />

kur Soeur, eft.auffi la même Ville qu'ABiME'LEiCyFils naturel de<br />

V GE'DE'ON,fit rafer quelques Xiècles après^6e fur les ruïnes delaiquefle<br />

fl filfemer du fel. JE'RO^BOAM la fit enfuite rebâtir^ 65<br />

nommer Mamortay enfuite Naples; Se elle s'appefle aujourd'hui<br />

Napoulqufe. Efle fe trouve fituée dans la Province de Samarie y<br />

qu'on pf^tend avoîr été ainfi nommée^ à caufe des Colonies Affi"<br />

riefines, que SENÎÎACHI;RI;B , Roides Cbaldéens, y eavoïa pour tenir<br />

ks Juifs en bride. Ces fojets étant enfuite devenus ennemis des<br />

Origtney ^ûîfsy flsen furent^appellés Samaritains, qui fignffie Gardiens ; c'eft<br />

catimlu pourquoi, lor^u|,:ksry«^yôukient.iiljurier JESUS-CHRIST, ils<br />

Sui^* f appélloknt 5Àî»z


èE JE'RUSALEM. Ur. IV. Ci t "^^<br />

kurs affaires particuUères, mais encore ceUes de tous les Cè^^tiens<br />

de la Terre-Sainte. Ges remontrances les portèrent enfin<br />

à quitter le parti de la Reine, Se à introduire le Roi, fon Ffls, dans<br />

la Vifle; ce qui obUgea cette Princeffe à fe retirer promtement<br />

dans la Tour de DAVID i oùefle efpéroit de pouvoir fe foutenir; Retraîtede<br />

mais y deftituée de forces, elle fut hienfeôt obligée de fe foumet- dan/iT *<br />

tre àla difcrétion dû Roi, qui, par la médiation de tout ce2°^[^*<br />

qù'fl y avoit de confidérable dans l'Etat, 6c pour mettre fin à<br />

un fcandale capable de faire triompher les Infidèles y voulut bien<br />

lui rendre la ViUe de'Napoukufey à condition qu'Elfe ne fe mçkroit<br />

plus des affaires du Gouvcrn^nent, ni de cefles de la Couronne.<br />

Gé fut-là k première affaire fâclieufe, qiû) retarda î'utfle,<br />

6c néceffaire , Entreprffe d'^^^z^îw^.<br />

La féconde fut la néceff^té ,dans kquefle fe trouva ,prèfqu'enmême-tems'^ce<br />

Prflice, d'afler fecourir le Comté dEdeffe y c^ étoit<br />

dans un état déplorabk, par la mért du Comte ^SSELIN , kquel<br />

avoit été pris .dans une embufcade,-^-6c conduit prffonnier à<br />

Alep y où il avok péri dans les fers. NORADIN étoit entré dans<br />

cette Principauté d'un côté, pendant,que k Soudan dleoniunn^<br />

entra de fautre, avec un nombre prodigieux de Cavalerie. Ces deux<br />

."^Princes infidèles,' y mettoient tout à feu 6c à fang. Ce deraièf<br />

s^empara même des meilleures Fortereffes, fans que la Comteffe,<br />

à qui le Gouvernement en étoit^demeuré, pût rien faire, pour<br />

arrêter k cours de leurs ravages. ; BAUDOUIN accourut promtement<br />

à fon fecours, avec toutes les forces de fon Roïaume; mais<br />

voïant 5 qu'il îui étoit impoffibk de défendre cette Province, contre<br />

deux fi puiffans Ennemis, parce que fon élpighéînent de JE'-<br />

RUSALEM, '^6cle peu de tems,qu'fl avoit, ne lui permettoient pas<br />

de conferver'fun de ces deux Pays, fens rffquer f autre, fl confeilla<br />

à la Comteffe,^'6e à fes Enfans, ; qui s'é^ièntrètirés à i'ttrheffel,Vû\&-de<br />

leur dépendance, daccepter les offres d'EMANuëL,<br />

-Empereur de Confiantinople. GePrince kur avoit oifçrt d'unir kPays<br />

S. 2 dEdeffe<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


i4b H f S T' O I R E^ G r N F R A L E<br />

dEdeffe à fon Empire, dès qu'il avoit apris le rifque qu'fl courroit,<br />

de tomber au pouvoir des Infidèles.<br />

EMANUCL propofa à cette Dame de lui donner la poffeffion<br />

de plufieurs Terres, dans un Pays auffi abondant, 6c plus tranquik,<br />

que ne fétoit le Comté d" Edeffe y à condition pourtant<br />

de lui remettre les Places, qui reftoient encore en fon pouvoir.<br />

EUe Se fes Enfans acceptèrent ce parti, fans balancer, aimant<br />

beaucoup mieux, que ce Monarque Grec en fût lui même pof^<br />

feffeur, que de f expofer à l'invafion des Barbares. L'Ade de<br />

l'Echange en fut paffé, en prefence du Roi, des Barons de k<br />

Paleftine y qui l'accompagnoient, 6e des Seigneurs Grecs y qui<br />

fe trouvèrent dans un corps d'Armée, que l'Empereur av-^.<br />

defîùné à défendre cette Province. i<br />

Peu de jours après cette convention, le Roi BAUDOUIN confîgna<br />

lui-même aux Députés de f Empereur EMANUCL k Ville de<br />

Turbeftely celles d^Antapy Revende], Rancolety BytCy Samofa^<br />

te y & divers autres Lieux; ce qu'fl exécuta avec affez de tran-<br />

Noradin quîUté. Le Soudan dîconium y auffi bien que NORADIN, aïant<br />

danrf'ico- quîtté k Campagne, pour fe retirer dans Edeffe y Se dans les<br />

^tet^ent autres Fortereffes, dont ils s'étoient emparés, de crainte que<br />

àans fArmée Grèque y Se la Latine y ne s'unîffent enfembk, 6c ne les<br />

refferraffent dans quelque endroit,d'où ils auroient eu de la peine<br />

à fe tirer, d'autant plus que ces Barbares y quoique de même<br />

Religion, Se affez unis dans cette Expédition, euffent<br />

d'aflleurs des intérêts, qui leur donnoient également de la défiance.<br />

^ Si les Officiers de fEmpereur EMANUCL eurent la fatkfadion<br />

de terminer fi heureufement une affaire, qui intéreffoit fi fort<br />

kurMaître, ils eurent prefqu'en même-tems le déplaifir |de voir<br />

'déferter la plupart des Habitans des Vifles,dont ils venoient de<br />

prendre poffeffion. Le Roi BAUDOUIN, touché de compaffion<br />

'jpour ces pauvres Peuples, voiUutUien les conduire, quoîqu'avec<br />

beau.»<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


- DE JE'RUSALEM. : Lïv; IV. Cn. l 14,1<br />

beaucoup d'incommodité,6c à travers mflle dangers, en Ueu de<br />

fûrete. Ces Peuples, qui ne croïoient pas ks Grecs affez vafl.<br />

lans, ni affez courageux, pour ks mettre à couvert de finfulte<br />

des Infidèles, Se les garantir de devenir bien-tôt leur proie, fe<br />

chargèrent, avec précipitation, de ce qu'ils avoient de plus précieux;<br />

Se, avec leurs Femmes, .6c leurs Enfans, ils aflèrent fe<br />

réfugier dans k Camp Latin , qui fe trouva bien-tôt rempli<br />

d'une~infinité de perfonnes, de tout âge, de tout fexe, 6c de toute<br />

condition, accablés de douleur de quiter leur Patrie, Se les<br />

Biens qu'ils y poffédoient. Un fpedaek fi touchant attendriffoit<br />

jufqu'au moindre des Soldats, qui tous cherchoient à les<br />

foulager dans leur difgrace,- Se augmenta la pitié de BAU­<br />

DOUIN, natureflement généreux. Se magnanime,<br />

Jl divifafon Armée, en quatre Corps, 6e prit lui-même k con- chrétiens<br />

duîte de f Avant-Garde. 11 donna l'Afle droite aux Templiers, 6c la c^its '<br />

gauche aux Hofpitaliers. Le Comte de Tripoli conduifoit l'Arrière- ^^ ?*'^-<br />

Garde, dans laquelle fe trouvoit k Nobkffe de la Principauté<br />

d"*Antioche, On pkça, par ordre du Roî, tout ce Peuple infortuné<br />

, avec fon bagage, au miUeu de fArmée, ne doutant<br />

point que NORADIN, qui poffédoit Edeffe y ne mît tout en ufage,<br />

pour f inquiéter dans fa marche, fur tout lors qu'fl feroit informé<br />

du grand nombre de perfonnes inutfles, Se embarraffantes, dont<br />

il s'étoit chargé.<br />

En effet, à peine fut-il parti de Turupany qui n'eft qu'à<br />

deux Ueues de Turbeffely qu'on commença à découvrir les Infidèles<br />

y qui s'avançoient, pour attaquer fArmée Chrétienne y<br />

qu'ils cotoïèrent toujours jufqu'au Château dAatap , fans pourtant<br />

pouvoir f înlulter, ni lui nuire.<br />

Conune cette Fortereffe étoit une des plus confidérables du<br />

Comté dEdeffe, EMPHROI de Thoron , Connétable de Jérufalem,<br />

Se ROBERT SOURDEVAL, fun des plus puiffaiïs Seigneurs<br />

di Antioche y tous les deux auffi ambitieux, qu'imprudens, fans<br />

confidérer k bonne foi du Traité qu'on venoit de conclure avec les<br />

S 3 Grec^y<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


;44« H tSrrT 0 1 RE . G E' N E' R A L E<br />

,: Grecs y fe pitéfentèrent également; au Roi, fun après fautre J<br />

pour lui en demander k poffeffion,-6c faffurer, qu'ils fe faifoient<br />

fort de s'y maintenir, avec kurs feules forces. Maîs ce<br />

Prince, plus irrité ^que fatisfak ,d^ leur vanité^ fans même dai-<br />

. gner leur faire aucune xréponf^,, CQnfigna. d'abord cette Pkce<br />

., .2iux Qrecs y comme fl favoit fait de toutes les autres; enfuite de<br />

quoi, à la vue, 6c4nalgré toutes les tentatives des Ennemis, fl<br />

^ continua fa marche, avec tant d'ordre,"6c de précaution, qu'fl<br />

- fut jmpoffitïk aux Troupes de N o R A D I N de l'interrompre.<br />

. Ge ne fijt pas néaniijQÎns, fans beaucoup foûfrk.de k quantité<br />

., de flèches que leroient les Bar^res. EUes pénétroient môme, juf^<br />

.tju'aux Chariots, Se aux Bêtes deK:harge, qui en furent fi couvertes<br />

, qu'en entrant dans k Principauté.;Â^«^/ô^fe , elles rei-<br />

•^ fembloient à des Porcs-Epics. BAUDOUIN eut pourtant'la confolation<br />

d'y conduire fon, Jtrmée, 6ç.le§JBabitans du Comtéd^E^<br />

deffcy fans avoir perdu un feùî homme.<br />

?E^effë P^ fut-là, que, " pour couronner une# belle œuvre, ce grand<br />

hien rf^M^ «Prince s'apliqua avec une ardeur, Se une bonté inconcevable, à<br />

fn^urs,^ donner à ces exilés volontaires tout ce qui pouvoit adoucir leur<br />

Bourgeois 4nifère affreufe, ,6c leur faire oublier la perte,de leurs,Biens,..&<br />

che. de leur»Patrie. Les Seigneurs,î^6ç,les Bourgeois dAntioche, y<br />

V contribuèrent, avec d'autant plus dépkifir, que les fréquentes<br />

courfes des ^Infidèles dans leur..;Province, où fls n'épargnoient<br />

rien, en avoient confidérablement diminué k^ Habitans.<br />

Artkieiv. Pendant^.^e'^AUDOuiN faifoit des adions héroïques, dans le<br />

CovûtédÈdéffey 6c dans k Principauté d'^/2/?ev^^, le Roïaume<br />

de Jérufalem y ^^dént ce Prince ne pouvoit prefque jamais<br />

s'éloigner, iàns courir quelque rffque, ^penfa être furpris d'une<br />

.manière bien fâclieufe, à l'occafion de deux Frères Turcs, nomj<br />

mes les JoRAQjjiNS. Leur Père avoit été Seigneur de Jérufalem<br />

y toriqu'ALî^ D E'LI. Général du Calfe dEgypte, reprit cette<br />

ViUe, r 6e la remit de nouveau fous la Domination des Sarjrafins:<br />

«liangement, arrivé peu de te^s avant que "GoDEiiROi<br />

" - ' ' • ' .^ . - • ,<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JË'RÙSALÈ^l^LIv:ÏV; G!H.L 14^::<br />

^ • •<br />

de BOUILLON , Se les autres Princes Vrôifés ,* en fiffent la Con^<br />

quête.<br />

Les JoRAQUi^, foUicités par leur vieille'Mère, qui, ne pou-^^"«<br />

vant fouffrir cette ùfurpation, leur reptochok fi fouvent leur là-nommés les<br />

cheté," Se leur peu de cOurage^J-qu'efle les porta enfinrà affem- £,^^"Jt"^'<br />

bkr quantité de Turcs y Se d Arabes y du Défert où fls s'étoient >r/;r


144 HISTOIRE G E'NE'RALE/<br />

ces de quelques vieux ChevaUers de V Hôpital y Se du Temple l<br />

qui étoient demeurés à la garde de leurs Maifons, Se qui fe comportèrent'fî<br />

efficacement dans cette périlkufe conjondure,<br />

qfffls engagèrent les Habitans à fe mettre en état de fe bien défendre.<br />

Ils leur infpirèrent même le courage de ne point atten-<br />

«Tdél*^ dre, dans kurs murs, les coups de ces Barbares y 6c de leur en<br />

route. porter eux-mêmes dans leur propre Camp ; de forte que, par<br />

les feges confefls de ces jnêmes Chevaliers, fls furprirent les InfiHèieSy<br />

Se les mirent en déroute, dès le premier choc.<br />

La terreur, qu'fls avoient caufée auparavant aux Chrétiens ,<br />

ks faifît eux - mêmes, jufqu'à les forcer de fe précipiter dans<br />

ks Rochers , qui font du côté de Jérico , où le chemin eft<br />

encore aujourd'hui fî étroit, fî efcarpé , Se fî rapide ', que<br />

les perfqnnes qui y paffent avec tranquilité, 6c fans aucun embaras,<br />

ont bien de la peine à s'en tirer ; enforte qu'fl n'eft<br />

pas forprénant, fi , dans une teUe occafion, vu le defordre,<br />

Se k confufion , il y pérît un fi grand nombre d Infidèles.<br />

Car ceux qui avoient cru trouver leur falut dans la Plaine,<br />

où les Habitans de la ViUe, contens de leur Vidoire, ne jugèrent<br />

pas à propos de. les pourfuivre, n'eurent pas un meiUeur<br />

fort. Ils gagnèrent du côté du Jourdain , 6c donnèrent juftement<br />

dans fArmée du Roi, qui venoit de Napouloufe. Ils furent<br />

tous tués, ou noies dans ce Fleuve: leur défaite fut fi<br />

grande. Se fi complette, que le même Archevêque de Tyr affure,<br />

que, dans cette Journée, qui fut le 23. Novembre de l'An<br />

f^eftu iï^2. OU félon d'autres Auteurs, le 4. Décembre, en compnombrede<br />

tant ccux quî fe précipitèrent, qui furent maffacres, ou noïés,<br />

fl y périt plus de cinquante-mille Barbares,<br />

Il feroît difficile d'exprimer la joie que le Roi, les Seigneurs,<br />

• 6c tous les peuples reffentirent d'un fi grand avantage, & d'une<br />

protedion fî vifible du Dieu des Armées y qui avoit voulu aveugler<br />

les Infidèles y Se permettre, qu'une poignée de gens fans expérience<br />

les épouvantât, 6c ks mît en déroute. Auffi, après<br />

lui<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE'RUSALEM. LIV. IV. CH. L ^ 14,1<br />

'lui cn avoir rendu de très-humbles Adionâ de grâce, tant au<br />

Camp, que dans k Vflk, BAUDOUIN, profitant de fardeur que<br />

cet heureux fuceès avoit infpiré à fes Troupes, fans s^arrêter à<br />

Jérufalem y les conduiOt à Afealomy oùll fit ravager toute k<br />

Campagne, pour prélude du fiége de cette Place, qu'fl méditoit<br />

depuis long-tems.<br />

Les AfcaloniteSy qui^ malgré les Fortereffes qu'on avoit conduites,<br />

pour les tenir en bride, n'avoient pas kiffé de faire<br />

quelques courfes for les terres des Chrétiens , furent alors<br />

très - confternés , foit que k nouvefle de la défaite des J o- '<br />

RAQ.UINS les eût abatus, ou que le manque des renforts,<br />

qu'ils recevoient ordinairement dEgypte, les eût découragés<br />

, ils virent fArmée Chrétienne détruire leur Gran- io"ites^<br />

ges , 6c leurs Hameaux ; couper leurs Arbres ; arracher ^^*'^"^ "'<br />

kurs Plantes , Se détruire entièrement leurs Campagnes , uws camfens<br />

ofer fortir de leurs muraifles, ni faire aucun mouvement, J^^"o/êr<br />

pour arrêter des ravages, qui leur étoient. d'un préjudiceV'«^»'^<br />

mfini.<br />

C'eft pourquoi, BAUDOUIN, qui n'avoit penfé d'abord, qu'à<br />

faire le dégât de leurs Campagnes, jugeant de leur confternatîon,<br />

par la lâcheté de leur conduite, réfolut de ne plus tarder<br />

à ks affiéger dans les formes. Il fit camper fon Armée devant<br />

la Place , envoïa des Détachemens fe faifir des paffages , i/^ftaio.*<br />

par où efle pouvoit être fecourue, fit en même tems travafller °®'<br />

aux chofes nécefkires pour la bien battre, 6c envoïa avertir le^<br />

Barons du Roïaume de fon Entreprife, afin qu'fls vinffent incef^<br />

famment le joindre, avec, kurs Troupes.<br />

Tous les Seigneurs, qui fouhaitoient auffi paffionnément, que<br />

le Roi, de chaffer les Infidèles d'une Vifle, doù fls incommo»<br />

doient fecilement la plus ^ande partie de k PakJHne, fe mirent en<br />

devoir de k bien féconder dans cette grande affaire. Les Prékti<br />

même voulurent prendre part à une Expédition fi intércilanta<br />

Fto-CHJa, Patriarche d^y/r


liÔ HISTOIRE G E'NE'RALE<br />

Tf7' •,. BAUDOUIN , Archevêque de Céfarée ; ROBERT , Archevêque<br />

de Nazareth ; F R E' D E'R i c, Evêque dAcre ; Se G E'-<br />

RARD, Evêque de Sidon y fe rendirent au Camp, auffi bien<br />

que HUGUES d Ibelin y PHILIPPE de Naples y EMPHROI de Thorony<br />

SIMON de Tibériade y GE'RARD de Sidon y Guï de Baruth<br />

y MAURICE de Montréal; Se divers autres Barons, tous<br />

bien accompagnés. Se en très-bon équipage. Leur jondion<br />

augmenta confidérablement l'Armée du Roi. On y tint dabord<br />

*I53. un Confefl général, le 24. Janvier ii)3. dans lequel fl fut<br />

réfolu de bien ferrer k Place, 6c den commencer ks attaques.<br />

?Afca-^ ' AfcalonCy qui eft une des cinq Villes des PhilifeinSy fe troulane.<br />

vefîtuée au pié d'une CoUine^aubordde la Mer, dans kProvin- ^<br />

ce didumée; elle étoit alors extrêmement forte. Les Califes<br />

d* Egypte y quila regardoient comme la clef de kurs Etats de<br />

ce côté-là, n'avoient rien épargné pour la rendre teUe. Outre<br />

les épaiffes, Se hautes Muraflks, flanquées de groffes Tours,<br />

peu diftantes l'une de l'autre, dont elle étoit environnée, elle<br />

avoît des Foffés profonds, Se toutes les autres Fortifications que<br />

les Sarrafins avoient pu conftniîre, pour k mettre en état de<br />

ne point craindre* ks attaques des Chrétiens y qui en effet n'avoient<br />

pu la réduire, quelque tentative, Se quelques efforts<br />

qu'ils euffent faits jufqu'alors, pour en venir à bout.<br />

-Sei BOUT- Ejjg ^toît d^aiUcurs fi peuplée , que k nombre de fes Habrguerris.<br />

taus , k plupart très-aguerris, furpaffoit au double celui de<br />

l'Armée Crétierme y qui faffiégeoit. Les Califes y qui connoif^<br />

foient de quelle importance il leur étoit d'entretenir ces peupks<br />

contens', foudoïoient non feukment leurs enfans mâles dès le berceau,<br />

mais encore les faifoient jouïr de plufieurs belles prérogatives;<br />

de forte qu'il n'eft pas furprenant, fi tant de bons traitemens<br />

, 6e de fi grandes UberaUtés, ks rendoient fidèks à leur<br />

Souverain, Se attachés à fe maintenir dans une ViUe, où fls<br />

^ vivoient avec tant d^agrément. Se daifance.<br />

' Cependant, k Roi s'aperçut bien-tôt, que, fi quelque rai-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JERUSALEM. Liv. IV. CH. I, 14.7^<br />

fon, dont fl n'avoit pu pénétrer la caufe,ks avoît empêchés de<br />

fortir de leur Vifle, pour s'oppofor au ravage de leurs Campagnes,<br />

ils n'en étoient pas moins dflpofés à fe bien défendre. Se<br />

à repouffer tous fes affauts. En effet,la valeur de ce Prince,fon<br />

adivité, en tout ce qui pouvoit avancer le fiége, fardeur qu'fl<br />

infpiroit à tous ks Seigneurs de fArmée , &: l'empreffement<br />

des Soldats à exécuter fes ordres,ne purent rien contre la bravoure.<br />

Se la fermeté des Afcalonites, Le fiége n'étoit pas Lw^ew<br />

plus avancé au bout de quelques mois, que le premier jour qu'fl<br />

l'avoit commencé; tant ces peuples étoient attentifs,6cardens,<br />

à ruiner tous les travaux des affiégeans, 6c à réparer les<br />

^dommages qu'ils en recevoient.<br />

Ils étoient d'aflleurs fi accoutumés à k manière de combatre<br />

des Chrétiens, par les fréquentes occafions qu'ils en avoient<br />

eues, depuis cinquante ans, qu'ils poffédoient le Roïaume de<br />

Jérufalem y que, bien loin d'être étonnés de leurs armes, de<br />

l'ordre,ou de k difcipUne,avec laquelle ils les attaquoient, ils<br />

kur firent tête, avec tant de conftance,6c de fermeté,qu'ils ks<br />

obligèrent bien fouvent à fe retirer avec perte.<br />

Cependant, toutes ces fàcheufes difpofîtiôns, au lieu de rebuter<br />

BAUDOUIN de fon entreprife, ne faffoient qu'augmenter<br />

la paffion qu'il avoît, d'en venir à bout. Animé par f utiUté<br />

qu'en recevroient tous fes Sujets, Se par k gloire particulière<br />

qui lui en demeureroit, il s'avifa de joindre f induftrie à la force.<br />

Il fit travafller, avec beaucoup de dfligence, à k conftruction<br />

d'une Tour de bois. Cette Machine étoit une des plus grandes.<br />

Se des plus hautes qu'on eut encore fabriqué jufqu'alors.<br />

Efle furpaffoit ^i fort k hauteur des Muraflks de k Ville, que<br />

ceux, qui étoient placés dans ce Château mouvant, y lançoîent<br />

avec facilité. Se à coup fur, quantité de pierres, de dards, 6c<br />

de traits, non feulement fur les Infidèles, qiû défendoient ks Remparts<br />

, mais encore fur ceux qui pafïbîent dans les rues ; en forte<br />

que cette furieufe Maciiine devint fi incommode, 6c fi funefte<br />

T 2 aux<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


148 H I S T OIRE G Ë' N E' R A L E<br />

aux aÛi^és, qu'ils reconnurent, qu'efle cauferoit leur perte,<br />

s'fls ne trouvoient k moïen de la détruire..<br />

Pour y parvenir, ils jettèrent, à l'entrée-de là nuit, un<br />

grand tas de bois fec, dans l'efpace qui reftoitvcn^e la Machine<br />

6c leur Muraille, fur lequel fl verfèrent quantité d'hiûk , de<br />

goudron, 6c.de fuif;fls y mirent le feu, qui s'afluma avec tant<br />

de promtitude. Se de violence, qu'fl fut impoffible aux Chrétiens<br />

y Se aux Infidèles même, à qui cet incendie devhitcégakment<br />

préjudiciable, de fétemdre, quelque chofe qu'ils puffeiw:<br />

feire.. Un vent impétueux, qui fe kva fubitement, pouffa-ks<br />

courbfllons de k flamme effroïable de ces amas de bois contre<br />

la Muraifle, dont efle fut fi échaufée Se fî embrafée, pendant<br />

le refte de lanuit, qucyprécifément au point du jour, fl en tombaune<br />

partie, qui fit un .affez grand efpace, poiu c; .:><br />

Un-^bonheur fî'grand, 6c'fî'inefpéré, 6c qui .auroit rendu;<br />

dès-lors les-Chrétiens maîtres de la Place, s'ils y étoient entrés<br />

avec fùnion. Se la prudence néceffaires, dans nne occafion fi<br />

importante, 6c f i déUcate, penfa, au - contraire, - ks obliger à<br />

abandonner un fîége, qui leur coûtoit déjà fî cher.<br />

BERNARD de TREMULAi, Maître des Templiers, qui fe trou^^<br />

voit le plus proche delà brèche, vouloit que les Chevaliers<br />

de fon Ordre euffent f honneur d'être les premiers à réduire les<br />

affiégés, comme fl le croïoit fort aifé; Se y fuivant l'avidité qu'fls<br />

avoit de s'emparer de leurs plus ricfies dépouifles, fl fut affez<br />

imprudent, Se mal-avifé, pour ne faire entrer dans k Ville que<br />

foixante de fes ChevaUers, avec un petit nombre de Troupes;,<br />

comme fi cette poignée de monde eût été capable d'effrayer,<br />

6c de défaire des gens, qui jufqu'alors s'étoient défendus contre<br />

toute fArmée, 6e qui avoient donné tant de marques de courage<br />

6c.de fermeté.. 11 fit plus, fl fe pofta lui-même, avec k"<br />

refte de fon monde, à l'entrée de la brèche,6c empêcha ks autres<br />

Troupes, qui y accoururent, d'y monter. La préfomption, «<br />

oui<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE^RU^SALEM. Liv. IV. Cn: t t^^<br />

ouràvarice,avcugbit le Chef d'une "Religion, kquefle ne devoit<br />

avoir en vue que la gloire 6e favantage commun des Chrétiens y<br />

qui, par la mauvaffe conduite d'un feul homme, perdirent tous<br />

les fruits de leurs travaux ,u 6c fe trouvèrent comme à recommencer;<br />

• En effet, ks /«/îi^^^fc qui reconnurent, que lê petit nombre'<br />

d'affaflkns n'étoit pomt foutenu par d'autres Troupes, les environnèrent,<br />

avec tant de promtitude, 6c de fureur, qu'fls fes*<br />

mirent toùs en-pièces en un moment, 6c travafllèi:en,t,avec tant<br />

de foin, 6c de dfligence, Préparer leur brèche, qu'ils la rétafeUrent<br />

parfaitement, avant même que le Roi fût informé du<br />

trifte accident qui venoit d'arriver. Il en fut d*autant plus touché,<br />

qu'fl fe voïoit par-là retardé, dans la Conquête d'une Place,<br />

qui lui tenoit fi fort à cœur, 6e qfffl fembloit que la fortu*ne<br />

avok voulu lui procurer, par l'ouvrage même de fes propres<br />

ennemis.<br />

Outre ce déplaifir; ce Prmce eut encore là doukur, de voir'<br />

-expofés aux crénaux des Muraifles les corps de tant de braves -<br />

ChevaUers, Se de vaillans Soldats, qui avoient fî malheureufement<br />

péri, pour avoir obéi à leur Chef, Se celui d'entendre les-<br />

Barbares pouffer de grands cris de joie, Se d'aflégreffe. Ils fe<br />

moquoient en effet de luî,6e de fon Armée, par des geftes infâmes,<br />

qu'fls joignoient à mifle paroles piquantes, Se injurieufes.<br />

Ce Prince reconnut encore, avec un double chagrin, le<br />

découragement des OfiSeiers, Se des Soldats, qui étoient plus<br />

dffpofés à abandonner le fîége, qif à chercher les occafîons d'en<br />

venir aux mains avec les Infidèles, dont ils craignoient également<br />

la réfolution, 6c k bravoure.<br />

En effet, k bruit s'étant répandu, dans k Camp, que NO­<br />

RADIN s'étoit emparé du Roïaume de Damas , après la m.ort<br />

d AMARD, qui, en quaUté de Gouverneur de cet Etat, favoit<br />

conferve à fes légitimes Maîtres; 6c qu'après une Conquête fi^<br />

avantageufe, ce Soudan étoit allé affiéger k Vflle de Belline y<br />

T 3 pofTé-'<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


fô H I S T O I R E G E' N F/ R A L E<br />

poffédée par les Chrétiens, il n'y eut que le Maître des Hofpiia^<br />

//>r.f,^qui, animé d'un fincère attachement aubienpubUc, Se<br />

dun ardent défir de réparer le dommage. Se faffront caufé par<br />

f imprudence du Maître des Templiers yls'oppofàt au fentiment de<br />

toute l'Affemblée, qui opinoit pour la levée du fiége, fous prétexte<br />

d'aller s'oppofer aux entreprffes' de NORADIN, dont l'agrandiffement<br />

ne pouvoit être que très-funefte au Roïaume dc<br />

Jérufalem,<br />

Le Maître de VHôpital repréfenta, avec ardeur, k néceffité où<br />

fon étoit de tout fouffrir y pour terminer une Entreprife, dont<br />

£fchr? dépendoit le repos de tous les Chrétiens de k Terre-Sainte, U<br />

tiens à le- fit yoîr, qu'CH l'abandonnant, les Sarrafins y devenus plus fiers,<br />

' Se plus orgueilleux , ne manqueroient pas dt redoubler leurs<br />

courfes, Se leurs ravages, avec encore plus de fureur qu'auparavant.<br />

Il releva la honte qu'il y auroit à décamper de devant<br />

une Place, qu'fls tenoient affiégéé depuis plus de fix mois, Se<br />

qu'ils avoient réduite à une extrême difette de vivres, fens efperance<br />

den recevoir: fl ne faut, kur dît-fl, qu'un peu de pa-<br />

^^'^^^"j"^ tience, pour f arracher aux Infidèles y 6e pour mettre tout k<br />

de i^Hopi- Roïaume à couvert de leurs infultes, de ce côté-là. Ce difcours<br />

vie^dufié' fut proHOucé avcc tant d'ingénuité, Se de force, qu'fl perfuada<br />

^*' enfin le Roi, Se tous les Seigneurs du Confefl,de pouffer,avec<br />

la dernière vigueur, une Entreprife fi avancée, 6c d'où depen-:<br />

doit ou la gloire, ou le déshonneur des Armes Chrétiennes,<br />

On voit par-là, que, fi le Maître des Templiers fit manquer<br />

la prife d'une Vifle fi importante, les feges remontrances de celui<br />

de VHôpital en procurèrent la Conquête. On recommença<br />

donc les attaques, avec tant d'ardeur Se de réfolution ; Se les<br />

Soldats, animés par ks exhortations. Se f intrépidité de leurs<br />

Chefs, firent fi bien leur devoir, qu'après fîx mois, 6c demi<br />

de fiége, ils réduifirent enfin les Afcalonites à capituler avec les<br />

Chrétiens, Ceux-ci de leur côté étoient entrèmement fatigués<br />

de leurs pertes,6ç de tout ce qu'fls avoient fouffert,pendant un<br />

fi<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE'RUSALEM. Liy. IV. CH. L 151*<br />

fi long fiége. Auffi, ne crurent-ils pas devoir réduhe au défefpoir<br />

des gens capables de les arrêter encore long-tems, 6c de leur<br />

faire acheter plus chèrement leur défaite. Ils ne balancèrent pas<br />

à accepter leurs propofitions; 6e, en vertu du Traité qu'fls conclurent,<br />

le 12. Août 11 ^4,. îls entrèrent triomphans dans k Vil- 1154.<br />

le, que les Afcalonites évacuèrent, deux jours après cet accord. SiOTef^'<br />

Ils fe retirèrent, avec leurs Femmes,Enfans,6e Effets portatifs, P^r ca^i^^<br />

à la Vflle de Larizza, dans VArabie déferte, où k Roi çut k<br />

générofité de les fake efcorter, par un Détachement de fes<br />

Troupes.<br />

La prife dAfcalone intéreffoit fi fort ks Peupks de la Paleftine<br />

y qu'fls s'eniprefîerent tous à donner des marques de leur<br />

joie, par des Fêtes, Se des Réjouiffances pubUques. Ceux de<br />

la campagne, en particuUer, reffcntoient un plaifir qu'on ne<br />

peut exprimer; ils fe voïoient en Uberté de cultiver déformak<br />

kur terres, fans craindre davantage, que d'autres en fiffent k<br />

moiffon. Le Roi aïant fait une aquifition que fes Prédéceffeurs<br />

avoient tant fouhaîtée. Se après kquefle lui-même avoit tant<br />

foupiré, fit d'abord purger k Vifle, Se purffier les Mofquées,<br />

dont il fit autant d Eglifes. Le Patriarche, accompagné de tous ^^ww claies<br />

Prélats, célébra k Meffe pontificalement, dans k Cathé- %%"ia<br />

drale, Se entonna k Te Deum, en Adion de grâces. Les Exer- |î^|^ ^'^ **<br />

cices de piété fmis, on n'entendît plus que des cris Se des aela:mations<br />

de joie dans la Vifle, 6c tous les Lieux d'alentour.<br />

BAUDOUIN donna enfuite fes premiers foins à faire réparer<br />

promtement les Murs de k Vifle, à y attirer des gens de toute<br />

forte de profeffions,pour k peupler, 6e à y étabUr un bon<br />

ordre, tant pour la Guerre, que pour la Police. Afin qu'fl n'y<br />

arrivât aucun trouble, dont les Infidèles puffent profiter, fly<br />

mît une forte Garnifon, Se en donna le Gouvernement au BA­<br />

RON dlBELiN. Après cela, fl s'en retourna k Jérufalem, trèsfatisfait<br />

de fon Expédition, Se content du Maître de VHôpHaly<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


ifi lî I € -T^O I R E G r N E' R A-L E<br />

qui| pr fes ppudens avi?? avoic fi fcrt contribué à jûette fa^<br />

meufo Cosquête,<br />

Lea apîaudiffemenii qu§ e§ Chevalier reçut en iSyWf, furent<br />

bleîï-tôt fuivis d'un honneur ? & dun avantage très-confidérabkjpoi^r<br />

tout fon Ordre. Les Princes dQ VEurapCy non moins<br />

fenfîblesqwe ceuK d Outremer à k prife d'.^^/


t»T: JE'RUSALEM. LivI IV. Cn. lï. î^f<br />

«•entre-détruire, fls emploïèrent les Armes, qui leur dévoient uniquement<br />

fervir contre f ennemi commun de leur ReUgion, 6e<br />

de leur Patrie.<br />

D'un côté, les Hofpitaliers, autorifés par la nouvelle Bufle<br />

du Pape , réfofèrent non feulement de payer les dîmes aux<br />

Evêques , mais foutinrent encore, que tous leurs Ecdéfiafliques<br />

, Se autres Vaffaux, ne dévoient plus dépendre de kurs<br />

Paûeurs ordinaires, ni pour k fpirituei, ni pour le temporeL<br />

De fautre côté,les Prélats ne pouvant fouffrù d'être privés des<br />

avantages, 6c des prérogatives, qui étoient attachés à leurs dignités<br />

, armèrent des gens pour foutenir leurs droits ; maîs,<br />

comme ils étoient trop foibles. Se trop peu expérimentés, pour<br />

rien gagner, par la voie des Armes, contre une ReUgion auffi puif^<br />

fente, .6e auffi befliqueufe, que fétoient les Hofpitaliers, fls en<br />

furent très-mal menés, 6c perfécutés jufques dans les EgUfes mêmes;<br />

fiu tout dans celle du Saint-Sépulcre y où, felon GUIL- ^^55-<br />

LAUME de Tyr y on voïoit encore, de fon tems, fofpendues aux<br />

JMuraiUes de ce vénérable Temple, les flèdies que les Hof^taliers<br />

y avoient tirées contre Jes Eccléfiaftiques, pendant f Office<br />

Divin.<br />

Ces violences obUgèrent k Patriarche FULCHER, âgé de près<br />

de cent ans, de s'embarquer au commencement de l'année 1155*.<br />

avec les Archevêques de Tyr y Se de Céfarée y les Evêques de<br />

Sidon y de Ptolomaïde y de Tibériade y Se de Sébaftcy pour en<br />

afler porter leurs plaintes au Souverain Pontife. Mais, comme<br />

VItalie fe trouvoit alors encore plus agitée', que la Paleftine y<br />

Se que le Pape ADRIEN IV. qui avoit fuccédé à ANASTASE ,<br />

étoit également dans de grands embarras, par raport aux guerres,<br />

Se aux féditions, caufées par l'excommunication qu'fl avoit<br />

fulminée contre GUILLAUME Roi de Sicile y le Patriarche, Se les<br />

Prélats, n'eurent pas toute k fatisfàdion,qu'ils avoientefperée,<br />

contre les Hofpitaliers.<br />

Le Saint Père, entièrement occupé dçs troubles du SaintSié-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


Xf4^ H I S T O IRE C F Kt^K^-h E<br />

ge, remit f examen de cettfe affaire à des Avocats ConfflloriauxJ<br />

qjii, après divers plaidoïers , Se conteftations, fe dédarèrent<br />

pour les Hofpitaliers ; foît qu'AoRiEN voulût maintenir ce que<br />

fes Prédéceffeurs avoient fait enTaveur de ces'CJ:ffivaUer&, ou<br />

que, félon le même Ardievêque de Tyr, le Pontife, Se le fecrè<br />

Collège euffent été gagnés par ks^granc^,préfens des ChevaUers ^<br />

on les confirma dans tous leurs Pri viléges. Immunités, 6e Exemp-^<br />

tions, pendant que k Patriarche, 6c les autres Prékts, furent<br />

contraints de s'en retourner, fans aucune liépar^ion des infuU<br />

tes qu'ils en avoient reçues r ,<br />

Cette mortification nç fut pas la feufe, que reçurent ces Ec-t<br />

défiailiques.. Ils eurent encore, en arrivant en Pakfiine y celle<br />

que leurs ennemis avoient confidérablement augmenté leurs ri^<br />

cheffes, 6c leur crédit, Se qu'ils rravaflloknt même à faire de<br />

nouvelles acquifitions ,^pour diminuer encore l'autorité, 6e les ré-*<br />

venus de leurs compétiteurs. ...<br />

¥^c'^ufe Cependant les Hofpitaliers y Se ks Templiers y qui entrete^<br />

Agypte, noient des étions chez tous ks Princes Infidèles du voifînage ^<br />

^r/e SQU- ^^Qj^gj^j- été informés, quele Soudan EBEIS, alors Gouverneur d'E-<br />

Et»eis. gypte y fous le CaUfe, fe moquant du refped, que les Peuples<br />

avoient pour ce Calife, qu'fls nommoient Idole dcSowoermny<br />

favoit njaffacré, Sse s'étoit emparé de fes immenfes tréfors, dans<br />

k deffein d'élever fur le Trône fon Fils Noferaàin; mais que le<br />

foulèvement du Peuple ne lui aïant pas donné k tems d'exécuter<br />

ce grand projet, fl avoit été contraint de s'enfuïr, avec toute<br />

fa famiUe, 6c fes richeffes, pour aller chercher un azile à<br />

Damas.<br />

Maffacre Les ChcvalUers profitèrent ^ à propos de ces avis, qu'ils fe<br />

au Soudan, . • • • .. i o J ,-i /v<br />

^prije de mirent en campagne, joignirent le Soudan, avant qu'il pût ar-<br />

>jorera- ^-^^^^ ^ DamaSy k maffacrèrent avec la plupart de fa fuite, à k<br />

prhsche- referve de Noferadiuy fon Ffls, qu'ils prirent vifs. Ils firent auffi<br />

rHôpUl^, un butin ineliimable; Les tréfors du Roi dEgypte y que ce,Sou*<br />

fempie. ^ cmpoitoit avcc Mr étokntj,fens contredit,ks plus grands,.<br />

kS'<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


»L— ••<br />

DE JERUSALEM: Lir. IV. CH.IL îst<br />

îes iphiè riches, ôc les plus rares de tout VOrient, malgré les<br />

grandes révolutions, qui étoient arrivées.dans ce Roïaume; de<br />

forte -qu'fl n'eft pas furprenant, fi, après une avanture auffi extraordinaire<br />

, qu'heureufe, pour ks Ordres Mflitaires, fls cherchoient,<br />

avec tant d'avidité, à s'en emparer, pour s'agrandir.»<br />

EMPHROI de Thoron y Connétable de Jérufalem y étoit alor»<br />

Seigneur de Belline, 6c fe trouvoit continuellement inquiété par<br />

Noradin y depuis qu'il poffédoit la ViHe de Damas. EMPHROI,<br />

voulant fe foulager des groffes dépenfes, qu'fl étoit obligé de><br />

faire, pour entretenir la garnffon d'une Pkce fi expofée. Se<br />

pourvoir mieux à fa confervation, s'accommoda avec les Hofpi^'<br />

faliers, auxquels fl vendit la moitié de k Souveraineté, à condition<br />

qu'ils y enverroient inceffamment un bon nombre de Troupes,<br />

avec toutes les armes, 6cks munitions néceffaires.<br />

' Comme cette acquifîtkn faifok autant d'honneur aux HofpL<br />

faliers y qu'elle pouvoit kur devenir utile, RAIMOND de PODÏO,<br />

kur premier Maître , y envoïa proitttement plufîeurs de ces<br />

ChevaUers, bien accompagnés, pour en aUer prendre poffeffion.<br />

Se pour y conduire un grand convoi d'armes, 6c de munition©<br />

de guerre, Se de bouche. Cependant la vic humaine étant ordinairement<br />

entremêlée de bonheiu-, Se de difgraces, la fortune<br />

leur fut auffi contraire dans cette expédition, qu'elle kur avoit<br />

été favorable , dans cefle qu'fls avoient faite contre le Soudan iis


iS6 H I S T O I RE G F N & R A .L E<br />

^Jfit^ba- Chevaliers, 6c de Soldats, périrent dans cette fâcheufe rencont^'e j<br />

res fur les Se les Infidèks demeurèrent maîtres de tous les chariots, che*^<br />

li&iV^' vaux, chameaux, 6c bagages, qui compofoient ce convoi.<br />

Une fi grande perte dégoûta fî fort ks Hofpitaliers y qu'ap*<br />

préhendant d'en faire d'autres femblables,. s'ils entreprenoient<br />

de garder Belline, ils remirent à EMPHROI de THORON , la por-<br />

^ tion qu'il kur en avoit cédée, avee autant d'empreffement y<br />

qu'ils avoient eu d'ardeur à f acquérir. Ils s'excufèrent de ce<br />

qu'eUe étoit trop éloignée de kurs autres Châteaux, 6c dirent,.<br />

•qu'ils ne pouvoient,. fans tout rifquer, la fecourir dans les occafions<br />

, ni, par confequent, la conferver ; de manière que la démarche<br />

qu'avoit fait le Connétable, poiu k mettre à couvert ,,<br />

faflUt au contraire en avancer la perte.<br />

Bemn? ^^ ^^^^ 5 NORADIN , prévoïant la confternation, que la défaite<br />

iar Nora- dcs HofpitaHers caufei'oit aux habitans de Belline, alla d'abord,<br />

l'affiéger ;. Mais, comme k déplaifir, qu'ils en avoient reffenti y<br />

n'avoit point diminué leur courage, non feulement\fls repouffèrent<br />

fes premiers affauts, mais ils firent encore des forties,fi bien<br />

concertées, qu'ils lui tuèrent beaucoup de monde, Se lui firent<br />

connoître, qu'fl s'étoît fort trompé, en voulant les furprendre..<br />

Cependant, foit que ces heureux fuceès les rendiffent un peu<br />

trop téméraires, ou que leur ardeur les emportât trop, fls s'en^<br />

gagèrent dans une nouveUe fortk vers k Camp ennemi, Se s'avancèrent<br />

fi loin, qu'ils ne purent plus régagner leur Ville. En^<br />

ce defordre , îls furent fi vivement pourfuivis des Infidèles, qu'fl<br />

leur fut impoffible d'empêcher,, que plufieurs n'y entraffent, pè-,<br />

k, mêle, avec eux..<br />

h!ft,i^ NORADIN, qui favoit parfaitement profiter de tous les avanta*<br />

fjf"T S^> s'avança promtement avec le gros de fon armée, 6c fouf^g^<br />

tint fi bien ceux des fiens, qui y étoient déjà- entrés, que k ,<br />

Ville fut bientôt remplie de maffacres , Se les Peuples fi effrayés<br />

de ce changement de fortune inopiné, qu'au lieu de fe défendre,,<br />

fls ne foogèrent qu'à fuivre,avec précipitation k Connétable,<br />

'<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE'RUSALEM. Liv. IV. CH. H. ist<br />

l)le,6c fon Fils, qui s'étoient retirés dans k Château, dès qu'ik<br />

reconnurent le danger inévitable de la Vflle. En effet, efle ne<br />

tarda pas à fe trouver remplie entièrement d Infidèks, kfquels<br />

pafferent au fïl de l'épée tous ks habitans, qu'ils purent- at-^<br />

traper.<br />

Ils commencèrent enfuite à battre le Château, avec tant de j^^^s ^y^<br />

fureur, Se de viofence, que, malgré fes munitions, 6e fa vi- ^''<br />

goureufe défenfe, fl lui auroit été impoffible de foutenk long^<br />

tems ks affauts continuels de NORADIN, fans la marche forcée,<br />

que fit le Roi BAUDOUIN, pour fecourir cette Place. Ce Prînce<br />

Infidèle fut olfligé à lever k fiége, dès qu'il fut informé de farrivée<br />

de BAUDOUIN. En fe retirant, fl mit lé feu aux maffons,<br />

en attendant quelque occafion plus favOTabk, pour emporter une<br />

Place, dont fl avpit déjà fi fouvent tenté la conquête ; 6e le Roi,<br />

fans autre peine, que celle de voir la défoktion de cette malrheureufe<br />

vilk, y entra pour confoler le Connétabk, 6c fes SU'<br />

jets ; 6c, pour la remettre en état de rendre, à l'avenir, inutiles<br />

les tentatives des Infidèles', îl emploïa toute fon armée à k réparer.<br />

Mais, en agiffant fi généreufement pour favantage du Connétable,<br />

BAUDOUIN manqua de précaution pour lui-même. Se fe<br />

rnit dans un embarras, 6c dans un danger, dont il eut bien de<br />

k peine à fe tirer. Se qui coûta même la vîe à plufieurs des plus<br />

braves de fon armée, Se la liberté aux plus confidérables ;. car<br />

aïant kiffé fon Infanterie à Belline, pour en achever ks fortifications<br />

, 6c y fervir de garnifon , îl s'en retourna avec fa feule<br />

Cavalerie, qu'fl laiffa marcher avec fi peu d'ordre, 6c de difcipUne,<br />

qu'il paroiffoit avoir entièrement oublié k circonfpedion ^<br />

avec laquelle il s'étoit toujours conduit, 6e k vigflance de f enr<br />

nemi, qu'fl avoit à rédouter.<br />

NORADIN, plus avifé, que lui, ne négligea pas une fi beUe<br />

occafion. Au lieu de gagner Damas y où le Roi croïoit, qu'il<br />

s'étoit retiré, il traverfe fî promtement, 6c fi fecrettement le<br />

y ^ Jour^<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


jS^ H ï s TOIRE G Ë'^ E'R A L E<br />

ysardén*, à Ferii^dt, nommé k Guéàe j'oeûby qu'fl furprit^<br />

6c attaqua la Cavalerie Chrétienne, avec tant davantage, qu'il<br />

ne fut point poffibk à ce !l^ince de réunir fes Efcadrons, pour<br />

lui faire tête. l.esSm'rafi/ns]^ enfoncèrent, fans pourtant en<br />

faire un grand maffacre, chacun aïant d'abord cherché fon falut<br />

dans la fuite. Qtiantité des plus liàrdis y périrent. BERTRAND<br />

de BLANGHEFORT , Maitre des Templiers ; OTHO-N , de S.<br />

AMAND, Maréchal de Jjérufalem ; k vafllant HUGUES d'iBE-<br />

UN ; JEAN GRORIOND ; BGUAR de JAPFA ; BALIAN , fon Frère,<br />

^'-plufîeurs autres des principaux Seigrieftrs de U Paleftin<br />

ne y furent farts prifonniers. Ce ne fut que pat un coup<br />

du Ciel, 6e par la vigueur dun excellent cheval , que<br />

le Roi évita un femblabk fort. H gagna le Château de Sa^<br />

fifety d'où fl fe rendit, peu de fours après, à Ptoltmarde y<br />

avec ceux, qui, comme lui, avoient eu le bonheur d'éviter Mmort,<br />

ou f efekvage. '1<br />

La prefence de ce Prince raffura, 6c confok, en quelque<br />

manière, les habitans de cette Place , de la douleur , qu'ils^<br />

avoîent reffentie , en apprenant fa défaite. Comme il étoit.<br />

entrèmement aimé des Peuples, chacun^empreffoit à lui témoigner<br />

fa fatisfàdion de k voir déUvré dun fî grand pérfl,<br />

lorfqu'il fe trouva dans la dure néceffitê de s'y expofer<br />

de nouveaiL<br />

Article IL Le Soudan de Damas, enflé du grand avantage, qu'fl ve-<br />

^e de Bel- noit de remporter, 6c fktté par fefpérance de s'emparer faciïè'smdan<br />

iemtnt de BclUne ydoHt fl fupofa,que le^ murailles ne feroient<br />

^éDamas, poinè^ eucore réparées, retourna d'aborcf devant cette Place^<br />

avec un gros Renfort de Troupes, qu'il avoit fait venir de<br />

Damas y Se qui avoit confîdéraMêment augmenté fon Armée:,<br />

il récommença fes attaques., avec f^us d'ardeur, qu'auparavant.<br />

Le Roi, qui n'avoit pas une moindre paffioh deconle*rver<br />

cette Ville, que ' le Soudan de s'en rendre Maitre, em<br />

ydia promptement avertir k Prince d Antbche y Se k Comte<br />

de<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JE'RUSALEM. Uv. IV. Cn. ÏI. rj$<br />

dé Tripoli y de .joindre leurs Troupes, pendant qu'il affembkfroit<br />

les fîennes, 6c de venir à fon fecours. . .<br />

Il fe mit en marche, accompagné de ces deux Princes, Se<br />

des Ordres MiUtaires, Se afla fe camper, près de Chateauneuf y<br />

fur une hauteur, appeflée Neuve-Garde y d'où ,fl découvrgit à<br />

plein le camp ennemi, duquel fl pouvoit égakment être vu. Le<br />

peu de Cavalerie, qui reftoit à BAUDOUIN, ne lui permettoit pas<br />

de fe trop avancer, crainte de quelque nouvefle difgrace, qui<br />

fauroit mis entièrement iiors d'état de pouvoir rien entreprendre.<br />

Cependant, foit que NORADIN, qui s'étoit imaginé, qu'a^ ^b "^i^^ni<br />

près k déroute, qu'il lui avoit caufée, près du Gué de Jacob,<br />

fl ne feroit de long-tems en état de fe mettre en Campagne,<br />

fût étonné de fon approciie, ou qu'fl ne voulût point rifquer,<br />

par l'incertitude d'une bataille, les avantages, qu'fl avoit remportés,<br />

quoiqu'fl eût déjà fait des brèches aux murailles. Se<br />

réduit la Garnifon, Se les habîtans à fextrémité, fl abandonna<br />

de nouveau le fîége y Se s'en retourna dans fes Etats.. Tant<br />

k manière de faire la guerre en ce tems-là étoit différente de<br />

celle d'aujourd'hui, où lès allées, Se les venues infrudueufès,<br />

du Roi-, 6c de NORADIN, feroient regardées,, comme lâches,6t<br />

efféminées.- .- >,<br />

Le Roi de Jérufalem2 fatisfàit d'avoir obUgé NORADIN, à:<br />

abandonner le fîége, fans tirer l'épée, reprit le chemin de fa<br />

Capitale, où il s'apliqua d'abord à réparer fe- Cavalerie, pour fe<br />

mettre en état d'agir avec plus de vigueur, lors que f occafîon<br />

s'en préfenteroit. Il eut le tems de fexécuter, en tranquflité ,<br />

par la maladie, qui furvint à NORADIN, après la dernière affaire<br />

de Belline: Ce Barbare, après avoîr quelque tems langui à<br />

Damas y s'étoit fait tranfporter à Alep y dans l'efpérance que cet<br />

air épuré lui feroit avantageux.<br />

La longue infirmité de ce Soudan, jointe à farrivée en Paleftine<br />

de T H E'O D o RI c, Comte de Flandres , qui mit pié<br />

à terre à Ba^'uty avec bon nombre de Troupes fort leftes. Se<br />

bien^<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


ï6o HISTOIRE G E' N E' R A L^ E<br />

bkn pourvues, engagea k Roi à fortir dabord, avec toute foii<br />

Armée, pour afler rencontrer ce Comte. Après les accueils, 6c les<br />

civflités, ordinaires, fls partirent enfemble pour Antioche y d'où<br />

BAUDOUIN envoïa preffer les Ordres MiUtaires de venir le joinr<br />

dre, 6c foflicita, en même-tems, THOROS , Prince d Arménie, de<br />

vouloir unir fes Forces aux leurs, afin de ne point perdre une<br />

Nouvelle Qccafion fi favorabk de faire quelque entreprife d'importance fur<br />

mitre ks fes InfidèkS.<br />

Infidèles. TiiOROS, qui ne k défîroît pas avec moins d'ardeur, fe rendit<br />

lui-même avee fes Troupes à Antioche y pù le Comte de<br />

Tripoli y ks Chevaliers de V Hôpital y Se du Temple y étoient<br />

déjà arrivés. D'un commun confentement ils aUèrent affiéger k<br />

Ville de Céfarety que quelques-uns, nomment G E'S A R E'E, Pkr<br />

^c fxif^ede ce fort coufidérable fur le Fleuve Oronte, appelle aujourd'hui Tarr<br />

fut m wn-fac y qui traverfe k ViUe dAntioche. Ils fe fervirent fî utilement<br />

xe^ûMTar-^çg machînes,qu'fls avoient fait conftruire pour la battre, qu'en<br />

peu de jours ils fracaffèrent les muraifles, 6c s'en rendirent les<br />

Maîtres ; Mais elle avoit un fort Château, où la plupart des<br />

habitans fe retirèrent. Les Chrétiens fe difpofoient à l'attaquer,<br />

lorfque le même malheur, qui avoit accompagné toutes leurs en?<br />

treprifes, fit encore'échouer celle-ci.<br />

Soit par prédiledion, ou autrement, le Roi déclara dans un<br />

CJonfefl, que, pour conferver la Ville, dont on venoit de s'emr<br />

parer, fl n'y avoit pas de meifleur moïen que de la remettre au<br />

Comte de Flandres, comme plus en état de k maintenir.<br />

^Jf/l^^,RAIMOND de CHATILLON, qui, à'caufe de fon mariage avec la<br />

le Château. Princcffc CoNSi^ANCE, gouvemoit alors la Principauté dAntioche<br />

y ne s'oppofe pas ouvertement à la propofition de BAUDOUIN ;<br />

mais il fit comprendre, que celui qui pofféderoit Céfarée y feroit<br />

obUgé d'en faire hommage. Se de prêter ferment de fir<br />

délité, au jeune* BoéMOND, fon Beau-Fils, légitime héritier<br />

de la Prmcipauté", dont cette Vflle dépendoit.<br />

i' Le Comte de Flandres y qui ne vouloit reconnoitre daur<br />

tre<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


t)E JE'RUSALEM. Lir. fV. CH. n. i6i<br />

tre fupérieur, que k Roi, méprifa k propofîtion de RAI-<br />

>iavD. Et les autres Seigneurs de l'armée, foît par" jaloufîe,<br />

ou par d'autres motffs, prenant tous part à ce démêlé, ks<br />

uns pour, .les autres contre, fe dégoûtèrent teflement ks uns<br />

les autres, qu'au Ueu de s'attacher férieufement à réduire k<br />

Cliâteau, comme ils fauroient pu facilement, fls fe débandèrent<br />

peu, à peu, 6e s'en retournèrent k Antioche. Ainfî, par une<br />

conduite auffi indigne, que honteufe, fls firent évanouïr toutes<br />

les efpérances, que les Chrétiens avoient conçues de leur union,<br />

Se de leur entreprife, IjtqueUe n'aboutit enfin, qffà la prffe d'un<br />

petit Château, que les Infidèles poffédoient à quatre lieues d'^«tioche,Se<br />

dont les Citoïens incommodoient très-fouvent les Boiuj'<br />

geois de cctte ViUe, 6e ceux de la Campagne.<br />

Voik comment les dflpofitions ks plus favorables. Se k plu- Rtjjexien<br />

part des fecours de Vfyrope de-venoient inutiles ^ux Chrétiens de ^''''"*^'<br />

h Tçrre-Sainte. Il n'eft donc pas furprenant, que les Infidèles<br />

les aïent enfin chaflés d'un Pays, où les paffions, les intérêts,<br />

^c la jaloufie, triomphoient également,.6c où, par une politique<br />

inconcevable, les Souverains fe dépouiflèrent de leurs Vifles, 6c '<br />

de leurs Châteaux ,pour en gratifier des perfonnes, dans des vues<br />

particuUères, ce qui leur faifoit très^fouvent des ennemis plus<br />

redoutables, que les Barbares mêmes. D'aifleurs, ils ne recevoient<br />

de ces perfonnes aucun fecours, fî non, lorfque leurs Ennemis<br />

communs attaquoient quelque endroit, qui ks intéreffoit<br />

tous, Se rarement, lorfqu'fl faloit les attaquer fur leurs propres<br />

terres; fatalité que je Roi BAUDOUIN, Se fes Prédéceffeurs, n'éprouvèrent<br />

que trop fouveat, fans y pouvoir remédier.<br />

Dès que ce Prince, le Comte de Flandres, Se les Ordres Mi- ^ffi


i6^*i H I S T 0.1 R E G F N E' R A L E<br />

fétoit allé affiéger, dès qu'fl fot relevé.de fa maladie. Ilauroir<br />

même réduit les affiégés à fe rendre ,^'fls n'étoient fecourus dans<br />

dix jours. L'armée du Roi aïanÇ paru, avant ce terme, kSou-<br />

Difaite de djin quitta k fiége, pour l'aUer affronter dans k^Plaipe de Puthua<br />

y où il engagea d'abord une bataifle, qui lui fut très-funefte;<br />

puifque k meilleure partie, de fon armée fut taillée en pië-*<br />

ces, 6c fautre obUgée de fe fauver en grand defordre.<br />

Gc Prince Infidèle y qui étoit plus accoutumé à vaincre, qu'ai<br />

être vaincu, fut fi déconcerté de la défaite de fes Troupes, que,<br />

fi le Roi eût été fecondé par les Seigneurs de la Paleftine y qu'fls<br />

avoit inutilement foflicités de le venir joindre, fa Vidoire aurait<br />

été des plus compkttes ; mais, comme les Barons n'étoient<br />

pas fort exads à fuivre fes ordres, 6c qu'fl n'ofoit'trop entreprendre<br />

avecies feules Troupes ; tout l'avantage, qu'fl reiÈfpor—<br />

ta dans cette grande journée, fut,, qu'fl délivra-le Fort de Sué—<br />

Suétideii- fay Se fit ceffen,, pour quelque tems,,k bruit de k guerre, dànS*<br />

fes Etats. i<br />

J^ïaîf^ ^^ fut, pendant: cette tranquiUté, que BAUDOUIN termina^douin,<br />

fôn mariage, qui avoit été traité quelque tems auparavant, avec<br />

doTeCom- T H E'O D o R E C o M NE NE,. Filk de f Empereur de Co^flàntinonène,<br />

F;7 p/^; Gettc Princeffe fut conduite à JérufalemA La cérémonie de •<br />

p_^^re%r de feurs nôccs .fot" célébrée, avec d'autant plus de pompe, 6c de<br />

Bopief"'^ magnificence, que k bruit-de la guerre y avoit entièrement ces-'fé,<br />

6c que chacun s'abandonnoit, fans crainte, à la joie, 6c auplaifir.<br />

de voir la fatisfàdion de leurs Souverains.<br />

II59- Ces Réjouiffances durèrent même affez long-temB. Oh ne fait*<br />

pour quefle raffon l'Empereur EMAN cet S'étoit rendu kAntiochey.<br />

Les uns attribuèrent le voïage dé ce Monarque à quelques affaires<br />

fécrettes, qu'fl vouloit traiter perfonnellèment avec le RoL-<br />

Les autres conjedurerent, que c'étoit par raport à la fatisfac*<br />

tion, qu'fl avoit de vifîter la Reine fa Nièce. Qiioiqu'fl en foit,-.<br />

toute la Cour de Jérufalem fe rendit k Antioche y où les divertiffemens<br />

recommencèrent avec.encore plus d'éclat, que dans la-<br />

Capi-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


h% JERUSALEM. LmTV. CH. t 163<br />

Capitale. On y inventoit tous ks jours difîérens fpeâacles j<br />

pour amufer agréâbkment ces Princes, pendant que les Infidèles<br />

fe faifoient k guerre entre eux, 6c ne penfbknt qu'à s'entre-dé- '<br />

truire; ce qui rendoit plus fenfibks les pkifirs de k Cour, Se<br />

des Peuples, qui, par la continuation de la difcorde de ces Barbares<br />

y demeurèrent auffi, pendant quelques années, dans une<br />

profonde paix ; Au lieu qu'ils auroient dû profiter de la difcorde<br />

de leurs Ennemis, 6crfe fervir de cette occafion pour rétabUr<br />

kurs affaires.<br />

NORADIN s'étoit fî fortement iicharné contre k Soudan dIco- ^i**niumy<br />

qu'il emploïoit toutes fes forces, 6c toute fon induftrie,<br />

pour fe dédommager, fur luî, de la honte,' Se de la perte, qu'il<br />

avoit requë k Puthua. Il eft vrai, que le Roî BAUDOUIN, quoique<br />

hdUqueux, ^ entreprenant, apparemment fatisfàit de ce<br />

qu'on le laiffoit en repos, ne fit alors aucune tentative , p©ur<br />

profiter des embarras, oùfe trouvok fes Ennemis; foit qffil fe<br />

fût un peu trop abandonné aux piaifirs, qui avoient fuivi fon<br />

mariage, ou qù'fl voulût kiffer jouir tranquflement fes Si^ets, de<br />

ce tems paifible, pour fe refaire du paffé.<br />

Les Templiers y que f avarice, 6c la cupidité dominoient, 6c^*''»»«»auxquels<br />

ce tems de paix, 6c de tranquflité, ne xîonvenoit point, xem- *^<br />

parce qu'fls ne faifoient plus, ni courfes, ni butins, pour s'in-P^^"**<br />

demnffer de ne qu'ils avoknt manqué de gagner,firent alors une<br />

adion liien indigne de leur profeffion. Se qui fit extrêmement<br />

crier le Prince, 6c tous les Chrétiens.<br />

NosERADïN, Ffls du Soudan EBEYS , que ces Chevaiiers avoîent<br />

•pris, en s'enfuïant dEgypte à Damas, étoit im jeune Seigneur<br />

de beaucoup d'efprit.Il apprit,pendant fa captivité, à parler,lire.<br />

Se écrire la langue Latine; 6e, après avoir été inftruit des<br />

vérités de la Religion Chrétienne y û demanda à être bâtffé;<br />

Mais les Templiers furent affez cruels, Se inhumains, pour k<br />

vsendre aux Egyptiens y qui le recherchoient, pour fe vanger,<br />

fur lui 3 de f adion crimineik, que fon Père avoît fàke, 6c de k<br />

X s fedi.<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


î6^ H I S T O I R E G E' N E' R AiL E<br />

fédition qu'fl avoît caufée dans Içur Roïaume, voulant fe défrvrer,<br />

difoient-fls, de la crainte qu'ils avoient,* que ce jeune Seigneur<br />

, qui avoit fefprit entreprenant, n'introduifît un jour quelques<br />

Ennemis dans kur Pays, capables d'y caufer de nouvefles<br />


^ 1» JE'RUSALEM. Lïv. FV. CH. III. i6î<br />

posèrent d'attaquer le Roïaume de Jérufalem y afin de profiter<br />

de la confternation que fa perte caufoit à fes Sujets, il fut fi généreux,<br />

qu'fl leur rq>ondjt, que leur affiidion étoit trop jufte,<br />

pour vouloir en tirer avantage, puifqu'fls pkuroient la mort dun Eloges de<br />

Souverain, qui les avoit gouvernés avee tant de douceur. Se dt fa^joTln^<br />

bonté, Se dont ik ne trouveroient jamais d'égal, dans le refte «*«'"•<br />

du monde. Rare exemple de modération dans un Barbare,qui,<br />

malgré fon ambition. Se fon défîr de conquérir, préféroit à fes<br />

propres intérêts k déférence, qu'il avoit pour le mérité 6c la<br />

vertu de ce grand Prince. Son Corps fut tran^:f«rté à Jérufa^<br />

km y Se inhumé dans f Eglife du St. Sépulcre, à côté de fes Prédéceffeurs.<br />

Les pleurs, 6c les regrets, furent beaucoup plus<br />

grands, que k pompe de fes funéraiîks.<br />

Comme fl ne laiffa point d'enfans de THEODORA-, fon Epou- ^Jff^*?^<br />

fe, ALME'RIC, Comte de JAFFA ,fon Frère ,^ prit d'abord l'admî-A>i fv^r<br />

nîftration du Gouvernement. Il fut, peu de jours après, fo-^" °"^^<br />

kmneflement couronné, dans le même Temple, où il reçut le<br />

ferment de fidéUté de tous les Ordres du* Roïaume/ La- Reine<br />

THEODORA COMNE'NE fe retira à Ptolomaïde, d'où Elle fut enle- ^"'^5'<br />

. • myrit de<br />

véè, quelques mois après, par ANDRONIC GOMNE'NE , fon Pa- Théodore<br />

rent, fcélérat fi connu dans f Hiftoire , tant par fes grandes J'a^Andî'o-'<br />

cruautés, que pour avoir ufurpé l'Empire fur ALEXIS II. fon Petit- "'


^^ H I S T O I R E G E' N E' R A L W<br />

pes vivoient, depuis quelques années, ne ks ramolît a<br />

Se ne les mît hors d'état de faire tête aux Infidèles,<br />

lorfque l'occafion s'en pref^teroit, réfolut, peu après fon<br />

courqnnement, de pqrter la guerre en Egypte, Il eSp^<br />

roit de fair^ plus de progrès, que fur NORADIN, contre lequel<br />

toute la valeur 4» Roi) fon Frère, avoit échooé. Il a^<br />

fembla, pom cet (^ffét, tous ks forces du Roïaume: 11 fit de<br />

nouvefles levées; Se y d^ k Mois de Septenibrc de la meaaae<br />

An^îée , accompagt^é des Qi^ea de VHopital, 6c du Temple<br />

y fl partit pour aU^r exécuter fon pro^t ; mais if ne put<br />

traverfer le Péfert, ^i féparé VEgypte de k Paleftine ,f2aas<br />

que lè Calife fût infqrnfié de fa marche , Se de fes deffeins.<br />

Tentative C'eft pourquoî ALME'RIC trouva une Armée ii conabattr^a<br />

tic Mie. avant qu'il pût fortir des fables 4u Défert..<br />

En effet, quelques lâches, 6ç, efiféminés que fiflfent ks GÎ^<br />

•y-\ lifes y celui qui regnoit alors fit fî promtement mettre en<br />

campagne DRAGAN , fon Soudan, à la tête d'une puiffant©' Armée,<br />

qu'fl af&onta les Cfe:^//V«i, vers k moitié du chemin,<br />

ils en vinrent d'abord aux mains,,6c engagèrapÉ la batailk,<br />

dans kquelle, m^^ré l'inadion où les CWi^m^. vivoient depuis<br />

fî long-tems, fls s'aquitèrent fî bien de leur devoir,<br />

jqu'fl fut impoffible ?LUX Egyptiens de leur., réfifter , 6c qu'après<br />

quelques heures d'un combat, auffi fanglant,qffopiniâtre,<br />

ils furent conla-aints de leur céder le Champ de bataflle, 6c<br />

.de fe retu^, avec autant de perte, que de confufion. Les<br />

Sarrafins gagnèrent la Vflk de Belbeis y ou Pluriemy fîtuéeà<br />

f entrée^ de VEgypte y dans Iaquelk DRAGAN, ne s'y croïant<br />

pas encore en fureté, fit d'abord couper les digues, qui retiennent<br />

le bras dv NHy qui fe d^harge près de cette Vilk,<br />

ajin d'inQB4er ks campagnes , 6c dempecher ks Chré^<br />

tiens de s'avancer dans le Pays.<br />

fÉ'^^r A L M ^'R IC, de fon côté, f^t bien aife de borner dors fa Vic-<br />

Aimirir toire ^u gaÎQ de k toaille , 6c de tout le bagage des Egyp^<br />

fiens 9<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


B* JÉ'RtJiSALEM: Ur.t^. Calîl. »«#<br />

tiens y dont il fit grand nombre de prifonnfers , qu'il èm- -^ ^<br />

mena à JérufalerHy très-fatisfait du foccès de Cette ^irémiète<br />

tentative. .<br />

Mais-, fi,- dans cette occafion, k Soudan en fot quite à fîbon<br />

marcliéj parce que lès Chrétiens ne prirent pohît pié en<br />

J^yptey fl eut bientôt à combatre un ennemi plus dangereux,'<br />

Se irréconcfliable. SANNAR,;que DRAGAN avoit eu l'adreffe, quel-^^^J^^J^;<br />

que tems auparavant, de chaffer du pofte de Soudan y pour fe fiance ck<br />

faproprier lui-même, s'étoit retiré à Damas y rempU de haine, ^®'**^'<br />

Se ne refpirartt que vangôànee. Par préfens , ou par fkteries,<br />

il s'étoit fi bien infinué dans les bonnes graèès-'de NORADIN,<br />

qu'fl le porta enfin à lui accorder l'affiftance néceTFaire, pour tirer<br />

raifon de l'afront'qu'il avoît reçu dt fon Concurrent, 6cpour<br />

rentrer dans la dignité qu'fl lui avoit ufurpée. "<br />

NORADIN, dont la foff dé;s'agrandh^ étoit înfàtîablé, en en-' -<br />

voïant une Armée en Egyptéy pour*foutenir SANNAR', penfoit'<br />

beaucoup'plus à fes propres intérêts, ^ qtfau rétabliffement de ce '<br />

Soudan, 6e comptoit de profiter de la difcorde de ces deux Ri-vaux,<br />

pour joindre ce beau, Se fertile, Roïaume aux grandes<br />

Provinces, qu'il avoit déjà conquifes en Syrie y Se dans h Méfopôtamity<br />

même jufques dans la Sycaônie, où, après avoir défkir<br />

Vé Soudan dleotiium en bataifle rangée, fl'S'étoit emparé de la'<br />

meilleure partie de fes Etats.<br />

Le prudent NORADIN choifit, entre fes plus affidés, SYR'ACON ,<br />

auquel il confia ce grand fecret. Celui-ci étoit un Efclave, qui,<br />

avec fon Frère NOGERADÎN,-étôit entré dans la confidence de<br />

fon Maître. Ce Soudan^ ?i'^o\t préféré ces deux Efcla\iés aux<br />

principaux de fe Cour, 6c rerriis au premier lé Commandement'<br />

de fes Armées, Se à fautre lé Gouvernement du Roïaume de"<br />

Damas ; de hrte que SYRACON , bien inftruit des fentimens de fon<br />

Souverain, affembla une puiffante Armée, avec laquelle, accompagné<br />

de SANNAR, qui devoit aider à le conduire en Egypte y<br />

il marcha vers ce Roïaume.<br />

Cepen-<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


4^8 H I ST O I R E G Ê'N E'R A,L E<br />

''Dragln, Cependant, comme flavoit falu du tems à SANNAR, pour<br />

Soudan * obtenir cette affiftance, de même qu'à SYRACON, pour faire ks<br />

uS^' préparatifs néceffaires; DRAGAN,' qiû^ne joùiffoit pas trànquilement<br />

de fon Emploi,craignant toujours, que c-élui qu'fl en ayoit<br />

' dépoffedé n'entreprit de fen chaffer à fon tour, aïa^t été informé<br />

de forage qui le menaçoit, de la'quantité d'ennemis qui alloient<br />

lui tornber fur les bras, 6c du peu de moïens qu'il avoit<br />

de kur réfifter, par raport à .k perte, qu'fl avoit faite de fes<br />

meflleures Troupes, dans la Bataifle du Défert, s'avifa de recourir<br />

aux mêmes Ennemis qui favoient défait, pour tâcher de<br />

fe délivrer des autres. «;!-'<br />

11 .dépêcha promten^nt,des Aïnbaffadeurs au Roi ApiE'Ric,<br />

auqud il,fit de très-grandes offres, à condition qu'il falfifteroit<br />

dans ee preffant befoin, s'engageant de fon côté, à luî rendre<br />

. les fraix de l'armement, 6e à lui payer tous les ans un tribut<br />

confîdérable. ALME'RIC, dont les belles quaUtés étoient affejt<br />

mélangées de défauts. Se fur tout d'une avarice fordide , qui<br />

lm fit commettre bien des fautes, pendant fon Règne, ébloui<br />

d'ailleurs par les offres de DRAGAN, principalement au fujct du<br />

tribut, qui affujettiffok le Roïaume d'Egypte à celui de Jérufa-<br />

Içniy accepta fes offres. Se fe mit, fans balancer, en campa,<br />

gne, avec les Ordres MiUtaires, 6c toutes leurs Troupes, faifent<br />

tous leurs efforts pour traverfer le Défert, avant que SAN^<br />

NAR, Se SYRACON, puffent parvenir aux Confins dEgypte^<br />

"êiS^tra- ^^^^ ^ P^^ malheur pour DRAGAN, fArmée de Nt) RADIN<br />

iSfon. avoit trop devancé celle^s Chrétiens; de forte que, pour lui<br />

difputer l'entrée dans le Pays, fl fut contraint de lui livrer bataflle<br />

avec ks feules Troupes Egyptiennes , qui la foutinrent affe%<br />

bien; mais ce Soudan y fut tué, par la trahifon d'un 3e fes<br />

propres Officiers ; qui peut être en avoit reçu quelque mécon»<br />

Sannar tentement, ou avoit été corrompu par fes Ennemis. SANNAR,<br />

rentre t/ans • n * . o , -riî-ti r. r^<br />

jf4n Gcu- yiUorieux, .s'avança jufqu'aux Poftes du Caire, fit maffacrer tous<br />

wrnemnt. ÇQ^ ç^^r^^ foupçonna pouvoir nuire à fon deffein, 6c rentra dans<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DE JERUSALEM. Liv. I^; CH. IH. . 16^<br />

le 'pofte de Soudan. Le Calife, toûjotirs enfermé dans fon foperbe<br />

Palais, Se auquel on cachoit le rifque que couroient fes propres<br />

Etats, par les qiereUes particuUères, qui y attiroient des Ennemis<br />

capables de les envaliir, paroiffoit indifférent lequeL de<br />

fes Sujets occuperoit ce Pofte, pourvu qu'fl ne fût point troublé<br />

dans fes plaifîrs y qui f attiachoient entièrement.<br />

La joie que reffentoit SANNAR , d'être enfm rentré dans le<br />

Gouvernement d'un Roïaume, auffi confîdérable que VEgypte, Se<br />

dont k perte lui avoit été fî fenfîble, fe trouva extrêmement diminuée.<br />

Il ne pouvoit alors ^ qtfavec beaucoup dc peine, éloigner<br />

SYRACON, qui lui devenoît d'autant plus à charge, après fon rétabliffement<br />

, qu'il favoit ,'que le fervice qu'il venoit de lui rendre<br />

étoît intéreffé, Se qu'fl auroit infailliblement de fàcheufes fuites.<br />

En effet,SYRACON, ceffant d'agir en ami, 6cne penfantplus Syracon<br />

qu'à exécuter les ordres du Soudan fon Maître, s'empara de kpffium.*<br />

Ville de Pélufiumy Place forte, de grande importance, 6c qui<br />

étoit comme la Clef du Roïaume, du côté de la Paleftine, Il<br />

publia même ouvertement la réfolution qu'fl avoit prffe, des'emparei*<br />

de tout le Roïaume.<br />

SANNAR n'avoit point affez de forces, pour fen chaffer. Sui- Amiaffavant<br />

les traces de fon Prédéceffeur, fl envoïa promtement desp^'^Hr.Jar<br />

Ambaffadeurs au Roi de Jérufalem y qui, fur l'avis de la niort |^j""".^<br />

de celui qu'fl alloit fecourir, s'étoit arrêté dans le. Défert, 6c<br />

engagea ce Prince à luî accorder la même affiftance, par l'offre<br />

5 qu'îl lui fit de ratifier toutes les Conditions qu'fl avoit faites<br />

avec DRAGAN ; Se outre cela, de lui faire un Préfent, dont<br />

il auroit Ueu d'être fatisfàit. > *<br />

A L M E'R i c, qui ne vouloît point perdre le fruit, qu'fl s'étoit JrtîckiiL<br />

propofe de tirer de fon Expédition, n'héfita point à renouvefler<br />

k Traité, qu'il avoit fait avec fon Prédéceffeur, Se fe mit d'abord<br />

en marche, pour aller joindre SANNAR, aux Confins de<br />

P Egypte y dans la réfolution de chaffer SYRACON de la Vflle qu'fl<br />

avoit occupée, avant qu'fl eût le tems de fe munir de provifions.<br />

y En<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


iro H I s T Q î R E ,,G E' N E' R A L E<br />

• >><br />

En effet, k dificulté qu'fl eut d'en trouver d^ns un Pays ennemi,<br />

k promt fiége qu'fl eut à foutenir. Se la quantité de monde<br />

qu'fl avpit à nourrir; tout cek fit, qu'fl fe trouva, en peu de<br />

teuis, affamé. Il fut obligé de capituler, 6e.de rendre; k Vilk,<br />

pour s'en retourner à D^wâiJ. , ' .<br />

dff^Nola- Pendant qu'A L M E'R I c forçoit ks Tr.oùpes de N OR A DIN H<br />

din/wr fe défifter de kur Entreprife fur VEgypte, ce Prince Infidèle ypxo-<br />

''^^'' fitant de fon abfence, & voulant fe vanger du fëeours qu'fl avoit<br />

donné à fç» Enneiïvis, a'avapça, avec un Corps d'Année, aux<br />

environs de Tripli, dans le deffein de fe jetter fur cette Viflé,<br />

04 fur quelque autre du voifinage, mou)S fortc,6e moins pour-,<br />

vue. Comme Jf cherchoit plutôt à furprendre, qu'à attaquer àim<br />

les formes ; Se que, tout habilp Capitaine qu'fl fût, il ne laiffoit<br />

pas que de faire des fautes,en attendant quelque occafion favorable,<br />

ileut l'imprudence de camper dans les Campagnes de jBoaaè^, avec<br />

auffi peu de précaution, que s'fl avoit été for fea propres;terres;<br />

comme fî f éloignement du Roi eût dû empêdiet ka autres Seigneurs<br />

du Pays de réprimer fe préfomption.<br />

Il reconnut bientôt, que le danger u'eft jamais^ pks voifîn ^<br />

que lorfqU'on s'en défie le moins. GEOFFRQI MARTEL,Frère du<br />

Xomte d Angoulême y 6e le vieux HUGUES, de LUZIGNAN, fur-<br />

'* nommé le Brun, accompagnés de divers autres Seigneurs i^r^fffffiSySe<br />

d'ime bonne fuite,de gens de guerre,fè trouvoient alc«rs<br />

à Jbtmhe, de retour de leur Pékrinage de Jérufàkm. Ces<br />

Seigneurs, informées par quelques ChevaUers du T(?a!/^Z?, 6c de<br />

VHépitaly qui faifoient leur réfidence en cette Ville, de là négligence<br />

de NORADIN , 6^*de la befle occafion qui fe pȎfcntoit dc<br />

ViBoires^ reuikei fervicc à l'Etat i 6c d'acquérir de k gloire;, guidés par<br />

Us.remper- GCs mêmcs Chevaliers; vers le Camp Sarrafin y faffaiiliîent penr<br />

Noridin ^^^^ ^^ nuit,avec tant dfe cQurage, Se de réfoktioiî, que,malpardssSd-gY^<br />

ïînégaUté de leurs forces, ils en firent un grand carnage ,<br />

françois. avaut même que kur Chef fût en état de s'y oppofer, fe trou^<br />

vant alors, comme k plupart de fon Amiée^enfévelt dans ua<br />

<strong>ΚΥΠΡΙΑΚΗ</strong> <strong>ΒΙΒΛΙΟΘΗΚΗ</strong>


DR JE'RUS ALE W LIV. IV. Cô. HI. x^i<br />

profond fommeil ; de forte que, dans cette étrângâiconfufîon, NO­<br />

RADIN fut prefque le feul qui fe fauva fur une Jument, même à<br />

demi nud, 6c fans armes, tout k refte «des gens aïant été faits<br />

prifonniers, ou péri par le fer des Chrétiens.<br />

Outre k gloire qu'fls acquirent, d'avoir défait un auffi grand<br />

Capitaine que NORADIN, ils eurent encore favantage de s'emparer<br />

de tout fon bagage. - H étoit fî confîdérable, qu'fl enrichit<br />

tous ceux qui fe trouvèrent dans cette Expédition ; 6e les,<br />

Seigneurs JF>vsra|f?m, doublement fatisfaits de leur Pèlerinage, s'en<br />

retournèrent triomphans en Europe y chai*gés de riches dépouAles<br />

des Infidèks. NORADIN reffentit trop vivement la groffe perte<br />

qu'il venoit de faire, Se faffront infîgne qu'il venoit de recevoir<br />

, par fa propre faute, pour ne pas chercher à réparer promtement<br />

fun, Se l'autre. Pour y réùffir, fl engagea, par préfens<br />

, ou par promeffes, quelques Princes Arabes à prendre les<br />

Armes en fa faveur, Se ne tarda pas à former une Armée affez<br />

nombreiffe, qu'il conduifît dans k Principauté d'Antioche y où fl<br />

Rffiégèa le fameux Château dArèneTy fitué, comme nous l'avons<br />

dit, aux confins de cet Etat.<br />

Le grand intérêt, que BoëMOND III. alors Prince dAntioche y<br />

avoit de conferver cette Fortereffe, fit, que, pour fopléer aux<br />

forces du Roi de Jérufalem y qui fe trouvoit encore en Egypte y<br />

il s'adreffa à THOROS, Prînce d Arménie y Se à GALMAND, GOUvernftir<br />