Vie <strong>du</strong> <strong>Lycée</strong> 2 3 La Charte des jeunes <strong>journal</strong>istes L’équipe <strong>du</strong> Journal <strong>du</strong> Liad propose à tous les jeunes <strong>journal</strong>istes de la rédaction une Charte : Moi, jeune <strong>journal</strong>iste : 1 – J’ai le droit à la liberté d’expression garantie par la Déclaration des Droits de l’Homme et la Convention internationale des Droits de l’enfant (Art.13), mais « ma liberté s’arrête là où commence celle des autres ». 2 – J’ai le droit à la liberté d’expression, j’ai donc le droit de recevoir et de transmettre des informations. 3 – Je prends la responsabilité de mes écrits signés ou autres formes d’expression, qu’elles soient signées ou non. 4 – Je m’engage par soucis de vérité à rectifier toute information erronée. 5 – Je dois considérer que la calomnie et le mensonge sont des fautes graves (la diffamation n’est pas autorisée) sans pour autant renoncer à l’expression satirique ou humoristique. 6 – Je veille à ce que mes écrits et toutes mes autres formes d’expression se fassent dans le respect des différences, de la tolérance et <strong>du</strong> vivre ensemble. 7 – Je veille à respecter les règles relatives au droit d’auteur : je n’insère pas dans mon article des textes ou des images sans l’autorisation de l’auteur ni sans mentionner son nom et sa qualité. Donc, je proscris le copier / coller à partir de sites Internet. Chronique Mais oui, mais oui, l’école est finie ... aurait dit Sheila, Il y a quelques temps ! Bien sûr, ce n’est pas vrai, pas réel mais tellement palpable. On touche <strong>du</strong> bout <strong>du</strong> doigt le sable chaud et on rêve déjà de grasses matinées, de farniente, de glaces, bref de vacances ! Bien sûr, on s’empresse de dire à nos élèves, qu’il faut mettre les bouchées doubles, qu’il faut redoubler d’efforts et QUE L’ANNEE N’EST PAS TERMINEE !!! C’est vrai mais ... Seraient-ce les tenues de plus en plus légères flottantes dans la cour, seraitce les arrivées nonchalantes dans les salles de classe ou tout simplement l’apparition <strong>du</strong> soleil qui nous fait soudain ressentir tout cela ? TOUT CELA, quoi ? Soyez plus claire ma douce, je ne vous comprends pas ! Et bien, voilà ! Oui, les vacances approchent à grands pas et avant cela, il y aura <strong>du</strong> travail, des devoirs à faire ou à corriger, des cours à écouter ou à préparer, des conseils de classe à diriger, des dossiers à traiter, des jardins à arroser, des plats à cuisiner, des élèves à surveiller, des salles à nettoyer ... bref, il y aura cette vie au lycée, cette animation permanente, ce va et vient incessant, fatigant mais heureux. Heureux, car nous sommes encore tous là pour l’entendre, pour le sentir, pour le voir. TOUS, EST-CE CELA LA VERITE ? Eh !!! Voilà, bel et bien, ce qui me trottait dans la tête ! Non, et je pense avec cette fin d’année au départ, aux adieux que l’on fera ou que l’on aurait voulu faire. Je pense à ceux qui sont partis trop tôt, au bout de la nuit ! Alors bon vent à vous marins ! J’aimerais vous savoir à l’abri des eaux troubles et tempêtes mais je ne sais que penser de tout cela! Moi, je suis jeune et insouciante, je découvre la vie avec vous, et ce grâce à vous, et je n’ai pas senti le vent tourner. C’est triste une fin d’année scolaire mais en même temps ... C’est bien aussi ... Je me tais à présent, « avec les mots on ne se méfie jamais suffisamment ». Delphine Maniak, professeur de <strong>Le</strong>ttres Rencontre au cdi Droits de l’Homme et Realpolitik En cette fin <strong>du</strong> mois de mars, le lycée a eu l’occasion de recevoir la visite – à sa demande – de François Zimeray, ambassadeur de France pour les droits de l’Homme. Sélectionnés par nos professeurs, nous avons été un certain nombre à avoir la chance d’assister à l’échange qu’il souhaitait avoir. Retour sur son intervention. François Zimeray est ambassadeur de France pour les droits de l’Homme: un titre assez peu commun. Et pour cause, cette frange de la diplomatie française est peu connue. Comme il nous l’explique, la France compte deux types d’ambassadeurs : ceux dits géographiques qui représentent la France auprès d’un autre pays à l’instar de l’ambassadeur de France en Algérie, et les ambassadeurs thématiques, qui sont affectés à certaines problématiques (droits de l’Homme, négociations sur l’adoption, lutte contre le VIH Sida, etc.) et parcourent le monde et les institutions internationales pour faire entendre la voix de la France ; François Zimeray est de ceux-là. Dès son arrivée, il tient à mettre en avant le côté interactif qu’il souhaite donner à cet échange : il n’est pas là pour faire une conférence ou donner un cours magistral sur les droits de l’Homme, mais pour échanger et apprendre. Il a lui-même choisi de commencer son périple algérien par le lycée <strong>Alexandre</strong> <strong>Dumas</strong>, avant de le poursuivre par la rencontre de divers acteurs de la « société civile » : CNCPPDH (Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme), <strong>journal</strong>istes, associations. Après s’être brièvement présenté, M. Zimeray a détaillé son action et celle de son pays pour la promotion et la défense des droits de l’Homme : sensibilisation de la communauté internationale à des dossiers comme celui des enfants soldats, formation obligatoire des diplomates français aux droits de l’Homme, dialogue avec certains pays pour les accompagner dans la voie <strong>du</strong> progrès en la matière. Il raconte certaines de ses différentes missions (Népal, Guatemala, République démocratique <strong>du</strong> Congo), et tient à se détacher de l’image de « la France, pays des droits de l’Homme », insistant sur le fait que ceux-ci sont un patrimoine universel auquel plusieurs nations ont contribué, et insistant sur le fait que compte tenu de l’état des prisons françaises, elle n’aurait de leçon à donner à personne. Très vite, des questions se succèdent à cette brève présentation. De l’avis de l’intéressé, ces questions ont toutes été « vives, critiques, et pertinentes » balayant des sujets aussi vastes que l’accueil de Mouammar Kadhafi en 2007 puis de l’intervention française en Libye, de la suppression <strong>du</strong> secrétariat d’État au droit de l’Homme aux concessions de la diplomatie françaises face à des violations des libertés par la Chine ou par Israël. <strong>Le</strong> conflit israélopalestinien a occupé une part importante de l’échange, faisant dire à M. Zimeray que celuici « occupe, et à juste titre, une place symbolique forte, mais [l’opération Plomb <strong>du</strong>rci de 2008] est loin d’être la plus grave des atteintes aux droits de l’Homme », oubliant peut être un peu rapidement que la genèse <strong>du</strong> conflit ne date pas de 2008 mais d’il y a plus de soixante ans. M. Zimeray, expliquant que pour faire respecter les droits de l’Homme existent deux méthodes, la coercition et la conviction, a lourdement insisté sur l’action <strong>du</strong> réseau diplomatique français (consulats, ambassades, alliances françaises, établissements français, instituts et centres culturels français), le premier au monde, en matière de promotion des droits de l’Homme. De l’avis général, cet échange fût intéressant, ludique, et a permis à tous de découvrir certains aspects de la diplomatie française et internationale, mais nombreux sont ceux qui ont trouvé que M. Zimeray était parfois évasif et consensuel, détournant avec une certaine habileté les questions les plus dérangeantes. Sans lui jeter la pierre, nous dirons que ce sont des qualités indispensables à toute carrière politique, et a fortiori diplomatique. Aghilès Aït-Larbi, TES Dix-sept mois ont passé depuis la venue de François Hollande au <strong>Lycée</strong> <strong>International</strong> <strong>Alexandre</strong> <strong>Dumas</strong> d’Alger. Dix-sept mois à l’issue desquels, à travers le chamboulement de la vie politique hexagonale ces derniers temps, François Hollande a été porté à la plus haute responsabilité de l’État français : la Présidence de la République. L’élection <strong>du</strong> président « normal » (mot d’ailleurs prononcé lors de son déplacement à Alger) apporte une note d’espoir à beaucoup d’humanistes et de progressistes, tant en France qu’ici en Algérie. En effet, la campagne présidentielle française fut suivie par les élèves <strong>du</strong> LIAD avec un grand intérêt, ce qui encourage maintenant à s’interroger sur la situation et le devenir de notre rapport à la France et de notre lien avec elle. Il y a un an et demi, François Hollande était, déjà!, un homme « normal ». Avec recul et diplomatie, il s’était alors prêté au jeu d’une conférence aux élèves <strong>du</strong> LIAD, au cdi, en compagnie d’une délégation de <strong>journal</strong>istes et d’un député européen. Même s’il fut perçu par certains élèves comme élusif, il avait animé avec beaucoup d’in<strong>du</strong>lgence un échange d’une heure avec les élèves de Terminale, qui l’avaient interrogé sur des questions économiques ou politiques relatives à l’actualité de l’époque, pressentant peut-être le destin présidentiel <strong>du</strong> politicien. Ainsi, à l’issue de ce bref entretien au contact de celui qui, dix-sept mois plus tard, deviendra le Chef de l’Etat français, chacun conserve le souvenir d’une personne à l’aura positive. Cette positivité, présente <strong>Le</strong> LIAD est témoin d’un événement important ce jeudi 9 décembre 2010. En effet, le CDI accueille en fin de matinée une délégation d’élus français menée par monsieur François Hollande, maire de Tulle, président <strong>du</strong> Conseil Général et député de la Corrèze, ex premier secrétaire <strong>du</strong> PS (parti socialiste) français, dans le cadre d’une rencontre organisée pour les élèves de Terminale. Loin d’une ambiance comateuse dans laquelle on entendrait les mouches voler, cette rencontre aux allures de conférence de presse s’étale sur une heure environ, pendant laquelle le débat suit le cours des questions posées par les lycéens, tantôt sur l’économie, tantôt sur la politique ou l’histoire, le tout étant orienté vers l’actualité mondiale. Dans l’agitation qui succède à la fin de cet événement, on m’annonce à M. Hollande. Je me présente et toute la panique qui depuis 48 heures m’habite s’envole au contact de ce personnage politique pourtant éminent. Me tendant la main presque amicalement, il m’invite à m’asseoir en s’étonnant de mon jeune âge. Nous nous installons face à face. Jetant un rapide et dernier coup d’œil à ma feuille j’implore les dieux de la rhétorique avant de me jeter à l’eau. J’entame une présentation confuse, alignant dans un ordre précaire mon nom, ma classe et ma nationalité, tout en tentant de mesurer mon souffle et la couleur de mes joues que je sens virer dangereusement à l’écarlate. Puis vient le moment d’aborder mon sujet et de poser mes questions. Par la magie de l’aura apaisante des hommes politiques, je suis d’un coup bien plus sereine, et contre toute attente mes idées sont claires, si bien que je ressens un certain enthousiasme quant à l’exposé des problèmes que je souhaite soumettre à l’avis de M. Hollande. C’est donc dans cette optique de confiance que je me lance dans un monologue engagé. J’explique d’abord qu’étant en classe de 3e je n’ose pas m’aventurer dans des sujets économiques ou géopolitiques moyennement maitrisés à mon niveau. C’est donc sur un problème qui me concerne et qui concerne les collégiens que je m’apprête à entretenir l’homme politique, à savoir la situation des Vie <strong>du</strong> <strong>Lycée</strong> <strong>Le</strong> Président est déjà passé par là également dans les idées soutenues dans la campagne <strong>du</strong> président, nous amènent à espérer beaucoup <strong>du</strong> mandat à venir. <strong>Le</strong> choix de l’optimisme est risqué, mais ceux qui le font remplissent les attentes inhérentes à la politique d’un pays, c’est-à-dire son image pour ses citoyens et pour le monde qui l’entoure. Ainsi, puissent la “justice” et la “jeunesse” s’accorder dans une optique de “rassemblement”, car “le changement, c’est maintenant”. En aparté avec François Hollande établissement français à l’étranger. Une première question est abordée. Une « mise à plat », comme je l’appelle hardiment. Je demande donc à M. Hollande si selon lui, le rôle d’un lycée français à l’étranger se borne à recueillir des élèves de ressortissant français afin qu’ils puissent accéder à un enseignement approprié, ou si parallèlement il sert aussi à promouvoir la francophonie dans le monde. Fort heureusement pour la suite de mon questionnement, sa réponse penche pour la seconde proposition. Il affirme qu’en effet, un établissement d’enseignement français est un rayonnement culturel en lui-même, car l’é<strong>du</strong>cation qu’il offre ne concerne pas seulement les élèves qu’il accueille, mais toute une tranche de la société. Soulagée de cette réponse encourageante, j’enchaîne avec ma seconde question en exposant une problématique. <strong>Le</strong> lycée <strong>Alexandre</strong> <strong>Dumas</strong> se caractérise par la présence à une importante majorité d’élèves de nationalité algérienne (fait qu’apparemment j’apprends à M. Hollande), inscrits là par leurs parents pour favoriser leur ouverture sur le monde grâce à la francophonie. Cependant les frais de scolarité sont très élevés, bien trop selon moi par rapport au niveau de vie local. Monsieur Hollande approuve ce raisonnement, en ajoutant qu’il est vrai que des mesures ont été prises pour alléger le paiement des frais scolarité, mais seulement pour les élèves français de la classe de seconde à la terminale. Il reconnaît qu’il A l’issue de la conférence, j’ai eu la chance de le rencontrer, en aparté, en tant qu’envoyée spéciale pour le Journal <strong>du</strong> Liad. C’est cet article, publié dans le deuxième numéro <strong>du</strong> Journal début 2011, que nous republions aujourd’hui. Nesma Merhom, Seconde 3 y a là une incohérence. Mon instinct <strong>journal</strong>istique se réveille alors, et je rebondis sur cette dernière idée. En tant que futur candidat à la Présidentielle de 2012 (hypothèse basée sur une dé<strong>du</strong>ction d’une logique approximative), Monsieur Hollande est-il disposé à considérer ce paradoxe? Intérieurement je croise les doigts pour que cette demande en porte-à-faux ne s’affaisse pas, et par bonheur elle est accueillie avec un sourire. En bonus j’ai même droit à un projet. M. Hollande émet l’idée d’attribuer des bourses pour le collège et le lycée à l’instar de celles octroyées pour les universités. L’occasion se présente alors pour moi de sortir mon idée relative aux bourses, d’où une seconde problématique (empreinte d’une certaine subjectivité <strong>du</strong>e à mon choix d’orientation): dans le secteur des sciences humaines par exemple, s’engager dans la francophonie est pour un élève algérien une voie à sens unique, car les sciences humaines sont enseignées en arabe en Algérie. Or, il n’est pas assuré de trouver une place en école ou en université. Je propose alors d’intensifier le système des bourses de mérite afin d’assurer un peu plus les élèves désireux de poursuivre leurs études dans les sciences humaines. Une fois de plus mon idée est accueillie avec enthousiasme, et M. Hollande semble adhérer à mes propos. Mes quelques minutes volées sont un succès, et comme je me doute que le temps de mon interlocuteur est précieux, je conclus sur une note plus décontractée. La météo le permettant, j’émets l’hypothèse que M. Hollande a été surpris par la chaleur estivale qui frappe alors le pays (chaleur deux jours plus tard envolée, allez savoir comment), dans un éclat de rire il souligne le contraste avec le froid polaire qui sévit en France et partout en Europe. J’ai à peine le temps de demander s’il est déjà venu à Alger auparavant. Il répond que oui, il y a trente ans. Ça a <strong>du</strong> changer depuis, lance-je alors qu’un agent de la sécurité l’appelle pour le prévenir <strong>du</strong> départ imminent de la délégation. « Nous nous installons face à face. Jetant un rapide et dernier coup d’œil à ma feuille, j’implore les dieux de la rhétorique avant de me jeter à l’eau ». « Pas assez à mon goût! » lance François Hollande en me serrant la main pour me saluer, (et en passant me demander mon nom) avant de disparaître parmi les gardes <strong>du</strong> corps. N.MERHOUM (3.3) Article précédemment publié dans le Journal <strong>du</strong> Liad n°2