Les nouvelles sources du droit commercial ... - unesdoc - Unesco
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REVUE INTERNATIONALE DES SCIENCES SOCIALES<br />
soumise à une épreuve consistant à se frapper en public avec une flèche<br />
empoisonnée ; elle aurait même insisté pour subir cette épreuve, afin de se<br />
laver de tout soupçon et d'échapper à la honte et à l'ostracisme. Maintenant,<br />
la plaignante et l'accusée prêtent serment sur la tombe d'un ancêtre<br />
et la première des deux qui est victime de quelque malheur est considérée<br />
comme parjure. Il n'y a pas de violence physique, mais il n'y a pas non plus<br />
d'accommodement; les deux parties et leurs proches « peuvent continuer<br />
à nourrir leur ressentiment», si bien qu'il y a « discorde perpétuelle» 1 .<br />
Il arrive que l'intransigeance soit absente, même lorsque la crainte de<br />
la sorcellerie est profondément enracinée et sa pratique supposée courante.<br />
Chez les Nootka, « la sorcellerie est la principale forme de criminalité » ;<br />
une maladie inexplicable est régulièrement imputée à la malveillance<br />
d'un sorcier ou d'un ennemi personnel qui s'est acquis les services d'un<br />
sorcier. « Cependant, bien que les parents de la victime soient convaincus<br />
de l'identité <strong>du</strong> chaman ou <strong>du</strong> sorcier, ils ne font généralement rien pour<br />
marquer leur rancune. La vengeance la plus commune consiste à employer<br />
à son tour la sorcellerie contre l'ennemi. » Dans quelques rares cas, le suspect,<br />
sous le coup de la réprobation générale, s'exile volontairement dans<br />
une autre tribu, « craignant peut-être qu'on ne lui fasse <strong>du</strong> mal et probablement<br />
blessé de l'injustice des accusations portées contre lui ». L'extrême<br />
rareté des châtiments violents s'explique par l'absence d'agressivité<br />
des Nootka, qui ont un comportement naturel bien plus paisible que les<br />
Indiens Pueblo, querelleurs (en matière de coutume et de cérémonies)<br />
et constamment en proie aux sorciers 2 .<br />
La mansuétude habituelle des Nootka à l'égard des sorciers n'est évidemment<br />
pas une forme de compromis ou même de tolérance. Mais l'emploi<br />
de moyens occultes étant considéré comme légitime pour conjurer la magie<br />
noire ou triompher d'un groupe hostile, il peut arriver qu'un chef ou un<br />
groupe emploie de tels moyens dans l'intention proclamée de favoriser le<br />
bien-être de son peuple. Une coutume des Indiens Yokut (centre de la Californie<br />
méridionale) illustre bien le caractère ambivalent de la sorcellerie.<br />
Le chef ordonne à son allié, le guérisseur, de rendre malade tout homme<br />
de la tribu qui se dérobe à l'obligation morale de contribuer au financement<br />
des cérémonies traditionnelles. L'ensemble de la population approuve<br />
cette pratique car, s'il est vrai que les alliés s'enrichissent, on estime qu'ils<br />
servent les intérêts de la communauté. En outre, la crainte de la sorcellerie<br />
(de même que dans les tribus <strong>du</strong> sud-ouest des États-Unis) agit comme un<br />
contrôle social pour maintenir les gens dans le <strong>droit</strong> chemin 3 .<br />
Si, en raison de la nature des faits, il ne peut y avoir de compromis entre<br />
les victimes et ceux qui pratiquent la sorcellerie, il peut, en revanche, y<br />
avoir un compromis sur le fond de la question. Dans de nombreuses communautés<br />
en proie à la peur des sorciers, des fétiches et des charmes servent à<br />
i. Fortes 1949, p. 33, 131.<br />
2. Drucker, p. 212-215, 3>3"3I9» 453-<br />
3. Gayton.<br />
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